Hey !

La suite est arrivée ! \ô/

Après le chapitre précédent dont la première partie était peut-être un peu déprimante (loin de moi l'envie de partir dans le mélodrame, pourtant, je vous assure !), nos personnages semblent se sentir un peu mieux dans leur petite tête et leurs baskets cette fois-ci. Enfin, " baskets "... Je ne suis pas certaine qu'ils en portent à Poudlard...

Une petite ellipse y est peut-être pour beaucoup aussi.

J'ai l'honneur d'annoncer l'arrivée de celui qui vous faisait trépigner d'impatience : notre Severus Snape international ! Quoi ? Comment ça, ce n'est pas à lui que vous pensiez ? Moi, j'attendais l'entrée en scène de ce personnage avec impatience !

Quelque chose me dit que les Maraudeurs seront un peu plus présents, eux aussi...

Eh non, toujours pas d'interaction Victoire-Regulus en vue... Mais cela finira par arriver. Très bientôt. ;-)

Je vous souhaite une agréable lecture !

Disclaimer : L'univers de Harry Potter appartient à J.K. Rowling. Je n'ai fait qu'y mêler mon imagination débordante, et y ajouter quelques personnages (OC). J'ai également pris quelques libertés pour attribuer des prénoms à des personnages dont nous ne connaissons que le nom de famille dans la saga, en tâchant de leur conférer un maximum de crédibilité...


Chapitre V

« Fais très attention aux sujets que tu abordes, Duchesne. Tu es l'une des seules personnes ayant droit de t'asseoir à cette table, parce que je te tolère. Il serait dommage que tu n'en fasses plus partie. » Severus Snape


Il était inhabituel de trouver la bibliothèque de Poudlard remplie d'étudiants à une heure si matinale, dès son ouverture. Il l'était d'autant plus lorsqu'il s'agissait d'un dimanche matin de fin septembre, durant lequel les élèves pouvaient profiter de leurs derniers instants de paisibilité au soleil, qui laisserait très vite place à la pluie d'automne ainsi qu'aux piles de devoirs à réaliser enfermés dans le château. C'était sans compter la reprise des entraînements de Quidditch et des sélections qui devaient avoir lieu ce jour-là.

Victoire ne fut donc pas le moins du monde étonnée lorsqu'elle entra dans la bibliothèque déserte de tout élève. Elle salua Madame Pince sur son passage, puis s'enfonça à travers les rayonnages pour se diriger directement vers les tables les plus reculées des lieux, situées juste à côté de la Réserve Interdite. Comme elle s'en doutait, elle y vit la personne qu'elle avait espéré trouver.

« Bonjour, Severus, dit-elle d'une voix claire tout en posant son sac la table. Cela te dérange, si je m'assieds ici ? »

Severus Snape lui accorda à peine un regard avant de répondre par ce qui ressemblait davantage à un grognement qu'à des salutations ou à une éventuelle acceptation. Victoire, par habitude, s'installa face à lui, déballant ses affaires en prenant garde à ne pas bouger les siennes pendant qu'il écrivait sur son parchemin. Après avoir soigneusement tracé le point final de son devoir, quelques minutes plus tard, Severus Snape releva la tête de son parchemin pour voir la Serpentard de sixième année plongée dans son manuel de Potions.

« Laisse-moi deviner... » commença-t-il. « Tu as besoin d'aide pour ton devoir, une fois de plus. »

Victoire lui adressa un sourire gêné, avant de secouer la tête pour le contredire. Sous l'œil interrogateur de Snape, elle garda le silence quelques instants, réfléchissant à la façon dont elle pourrait lui exposer sa proposition sans essuyer un refus de sa part. Elle finit par se mordre la lèvre inférieure, avant de se jeter à l'eau.

« Accepterais-tu de m'accompagner au Club de Slug, le dimanche 31 octobre ? »

Severus ouvrit des yeux ronds.

« Peux-tu répéter ? »

Victoire soupira. Evidemment, il ne la prenait pas au sérieux...

« J'aurais besoin que tu sois mon cavalier lors du dîner d'Halloween organisé par Slughorn, reformula-t-elle.

- Pourquoi n'y vas-tu pas avec Regulus ? » répondit Snape, aussi gêné qu'elle.

Victoire s'écroula sur la table, la tête entre les bras. Severus haussa un sourcil.

« Pourquoi irais-je à ce dîner avec Regulus Black ? marmonna la jeune fille d'une voix étouffée.

- Demande-toi plutôt pour quelle raison tu irais avec un autre que ton fiancé. »

Victoire releva précipitamment la tête. Elle plissa les yeux et analysa Severus d'un air dubitatif.

« Comment sais-tu cela ? Par pitié, ne me dis pas que tout le monde est déjà au courant...

- Je suis le seul, la contredit Severus en ouvrant son propre manuel de Potions. Regulus sait que nous travaillons régulièrement ensemble depuis quelques années.

- Je ne vois toujours pas pourquoi il aurait jugé utile de t'en parler, répliqua platement Victoire.

- Tu l'évites, Duchesne. Même moi, je l'ai remarqué. C'est pour dire...

- Tu sais que tu es désagréable quand tu deviens bavard, Snape ? Je crois que finalement, je préfère tes silences pesants. »

Snape ne répondit rien, se contentant de griffonner sur son manuel.

« Donc, c'est non ? Tu refuses ma proposition ? »

L'absence de réaction de son camarade de septième année lui tira un nouveau soupir. Alors qu'elle balayait des yeux les divers ouvrages que Snape avait posé sur la table ronde, son regard accrocha la une d'un petit journal aux allures de Gazette des Sorciers. Reconnaissant immédiatement Les Potins de Poudlard, la gazette de l'école qui existait depuis un peu plus de deux ans, elle se hâta de la saisir. Severus Snape lui fit les gros yeux.

« Repose ça.

- Pourquoi ? s'enquit la jeune fille en tournant la page. Il s'agit du nouveau numéro. Je ne l'ai pas encore lu... Hé, mais, attends... ! Ce ne serait pas Evans, en photo à la une ?! »

Snape leva les yeux au ciel avant de retourner à l'annotation de son manuel, marmonnant des paroles qu'elle ne comprit pas. Victoire, curieuse, lut l'article en question.

La Lionne sort les crocs !

C'est ce que nous pouvons affirmer à la suite du scandale engendré par Lily Evans, septième année de Gryffondor et Préfète-en-chef, qui a attiré l'attention sur elle pas plus tard qu'hier matin !

Une rage occasionnée par la remontrance d'un professeur ? Le stress des ASPIC qui monte subitement alors que l'année ne fait que commencer ? Ou encore un certain nombre de points ayant déjà été retirés aux rouge et or ?

Laissez-moi vous mettre dans la confidence : rien de tout ceci ! Si ce n'est une amourette naissante entre James Potter, le capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor, et Holly Dawkins, mignonne et discrète Poufsouffle de sixième année. Mais que vient donc faire Lily Evans dans cette histoire, me demanderez-vous ? Croyez-moi, fidèles lecteurs : vous n'êtes pas prêts pour les révélations que je m'apprête à vous faire...

La Gryffondor aurait sauvagement attaqué Holly Dawkins au détour d'un couloir du cinquième étage, à l'abri des regards ! Consciente et honteuse de son acte plus que prémédité ? Cela ne fait aucun doute...

Cependant, un détail semble ne pas coller aux actes de Lily Evans : qui à Poudlard n'est-il pas au courant que la Gryffondor envoie sur les roses James Potter depuis leur rencontre ? Cette attitude désintéressée ne serait-elle en réalité qu'une couverture visant à cacher ses profonds sentiments envers l'un des garçons les plus adulés par la gent féminine de l'école ? La raison de s'en prendre à la nouvelle conquête de James Potter nous paraît on ne peut plus claire !

Ah, La jalousie...

Et comme dans tout duel, un vainqueur subsiste : si Evans a éprouvé la satisfaction d'envoyer sa rivale tout droit à l'infirmerie, on ne peut pas en dire moins de Dawkins lorsque l'on sait que Potter se trouve en ce moment même à son chevet pour la réconforter.

Pendant que le Blaireau danse, la Lionne fulmine.

R. Skeeter

« Sérieusement ? pouffa la blonde. Lily Evans, attaquant « sauvagement » une autre élève au détour d'un couloir ? Et pour les beaux yeux de Potter, en plus ? Quelles sornettes... »

Severus grogna à l'entente du nom de Potter. Ou à celui d'Evans, elle n'en savait rien.

« C'est inconcevable, poursuivit Victoire. Du grand Skeeter, une fois de plus. Elle ne sait décidément pas tenir sa langue, celle-là... »

Si Severus pensait paraître impassible, il était loin du compte. Victoire perçut son trouble, caché sous l'intense concentration à laquelle il se soumettait. Ses yeux clignaient dans une espèce de tic nerveux.

« Dis, Severus... Vous ne vous adressez vraiment plus la parole, Evans et toi ?

- Fais très attention aux sujets que tu abordes, Duchesne. Tu es l'une des seules personnes ayant droit de t'asseoir à cette table, parce que je te tolère. Il serait dommage que tu n'en fasses plus partie.

- Je pensais qu'après tout ce temps passé ensemble, tu commencerais à me considérer un tant soit peu comme ton amie, Severus... »

Alors que la jeune fille rangeait ses affaires et s'apprêtait à partir, Severus la considéra. Munie d'un unique manuel, n'ayant prévu ni parchemin ni plume pour écrire quoi que ce soit, il était évident qu'elle n'était pas venue le retrouver là dans le but de travailler. Le septième année se pinça l'arête du nez un instant et, la voyant lui adresser malgré tout un signe amical de la main, il lâcha :

« Je t'attendrai devant la salle commune, le 31 octobre. Tu auras intérêt à être à l'heure. »


Ophelia Dhont était en retard. Elle courait en direction du terrain de Quidditch, sur lequel de nombreux élèves de Serpentard devaient déjà être regroupés afin de participer aux sélections de l'équipe pour l'année.

Anastasiya et elle étaient pourtant parties avec de l'avance, la russe se montrant des plus stressées concernant les fameuses sélections. Seule membre féminin de l'équipe de Quidditch de Serpentard et batteuse de surcroît, elle savait qu'elle aurait tout intérêt à défendre sa place si elle souhaitait conserver son poste, durement obtenu l'année précédente. La russe espérait également que cette nouvelle saison permettrait à une autre fille d'entrer dans l'équipe, cette dernière étant la seule des quatre à rencontrer autant d'a priori dans le recrutement de joueuses. Ophelia avait observé Anastasiya faire les cent pas tout le début de la matinée, jusqu'à ce que la brune ne tienne plus en place et décide de prendre l'air non loin du terrain en attendant que l'équipe de Gryffondor termine ses propres sélections. Dans son appréhension, Ana avait oublié ses gants de vol. Elle s'en était aperçue en panique dix minutes avant la fin du créneau horaire réservé par les Gryffondor, et avait missionné Ophelia pour retourner les chercher en vitesse dans leurs dortoirs.

Ophelia avait toujours été la plus empathique des jumelles Dhont. Bon nombre la connaissant affirmerait qu'elle aurait davantage eu sa place à Poufsouffle plutôt qu'à Serpentard, où elle était entrée afin de suivre sa sœur qu'elle ne lâchait pas d'une semelle à l'époque de leur répartition. D'autres l'auraient plutôt vue sertie des couleurs de Serdaigle de par sa sagesse, son grand sens de la réflexion ainsi que son amour pour l'érudition.

Ce fut par son sens indéfectible de l'amitié qu'elle s'était élancée vers le château, pour mieux en revenir avec la paire de gants de son amie. Elle courait aussi vite qu'elle le pouvait, bien que ralentie par son essoufflement qui témoignait d'un net manque d'activité physique dont elle ne s'était plus préoccupée depuis plusieurs années. Elle regretta presque avoir arrêté les cours de danse à son entrée à Poudlard. Idiote, se flagella-t-elle intérieurement, de la danse, sérieusement... Depuis quand y a-t-il des clubs de danse à Poudlard...

Elle ne vit que trop tard la porte des vestiaires qui s'ouvrait à volée, s'abattant sur elle. Sans avoir le temps de l'éviter, elle se la prit de plein fouet.

« Mais qu'est-ce que... Oh, merde ! Je suis vraiment désolé ! s'exclama une voix masculine.

- Cornedrue, qu'est-ce que t'as encore fait ?!

- Rien de volontaire ! J'ai ouvert la porte et elle était là, je ne l'avais pas vue... »

Ophelia, dans l'impact, avait été propulsée vers l'arrière et était tombée sur les fesses, ce qui avait à peu près amorti sa chute. En revanche, la porte avait percuté son visage, qu'elle cachait à deux mains. Elle n'entendit pas la suite des paroles des garçons qui se tenaient devant elle, aussi navrés que honteux de l'avoir blessée, trop concentrée sur la douleur qui lui irradiait le nez. Elle ne perçut pas immédiatement non plus le bruissement de l'herbe alors que l'un d'eux s'était accroupi à ses côtés afin de s'assurer de son état. Lorsque Remus Lupin lui attrapa délicatement les poignets pour écarter ses mains de son visage, elle crut mourir de honte de se retrouver ainsi face à lui.

« Tout va bien ? l'interrogea-t-il, soucieux. »

La voix douce du garçon et ses yeux bleu-gris rivés dans les siens lui firent perdre le peu de moyens qu'il lui restait.

« Je crois qu'elle s'est pris un coup sur la tête... dit faiblement Peter Pettigrew à ses amis.

- J'aurais plutôt dit dans la tête… » rectifia Sirius en grimaçant.

Tandis que Remus Lupin avait sorti un mouchoir de sa poche pour l'appuyer contre son nez en sang, lui maintenant doucement la tête de l'autre main, James Potter s'approcha et se baissa à son tour au niveau de la Serpentard.

« Je sais que tout le monde sait que je n'aime pas vraiment les serpents, mais je te jure que je ne l'ai pas fait exprès...

- James... grogna Remus sans la quitter des yeux.

- Je te demande pardon, finit par dire le brun à lunettes. Tu comptais participer aux sélections de Serpentard ? »

Il tenait entre les mains la paire de gants d'Anastasiya qu'elle avait lâchée dans sa chute. Ophelia déglutit avant de prendre la parole pour la première fois depuis l'incident, pressant contre son nez le second mouchoir que Lupin venait de lui donner.

« Non, ils sont à Anastasiya Karkaroff. Elle les a oubliés, alors je suis allée les chercher. Leurs sélections ont déjà dû commencer...

- Ah, oui, Karkaroff, lança Sirius Black en hochant la tête avec compréhension. Sacrée batteuse ! Pour une Serpentard, ajouta-t-il sous le regard perçant de Potter et de Pettigrew.

- Je dois me dépêcher... »

Ophelia amorça un mouvement pour se relever, mais elle fut arrêtée par Remus. Il lui attrapa les épaules pour l'aider.

« Nous t'accompagnons à l'infirmerie, déclara-t-il.

- Mais, je dois aller...

- L'un de nous ira apporter à ton amie son équipement.

- J'y vais ! se dévoua spontanément Sirius. »

Ophelia regarda l'aîné Black partir en courant, la paire de gants en main, en direction du terrain de Quidditch où des joueurs commençaient à s'élever dans le ciel, perchés sur leurs balais. La jeune fille n'eut d'autre choix que celui de suivre les trois autres Maraudeurs jusqu'à l'infirmerie, escortée par Potter et Lupin qui la tenaient chacun d'un côté, le préfet affirmant qu'un examen était prioritaire étant donné le violent coup à la tête qu'elle venait de recevoir.

Si on lui avait dit un jour qu'il lui suffirait de se prendre une porte en pleine figure pour que Remus Lupin la remarque et lui adresse la parole, elle ne l'aurait pas cru. Ou alors, elle aurait tenté l'expérience un peu plus tôt.


Du haut des gradins installés sur le terrain de Quidditch de l'école, Victoire fit signe à Anastasiya qui s'était déjà élancée dans les airs, sur son balai, afin d'effectuer quelques tours de vol en attendant que tous les prétendants aux postes désormais libres dans l'équipe soient prêts. Suite au départ de trois joueurs qui avaient terminé leur scolarité, le second poste de batteur, celui d'attrapeur et l'un de ceux des poursuiveurs étaient désormais vaquant. Le capitaine de l'équipe, Demetrius Flint, allait devoir redoubler de vigilance au cours de cette phase de recrutement. Choisir des joueurs fiables et suffisamment bons dans le domaine se révélait nécessaire s'il espérait remporter la coupe de Quidditch avant de quitter Poudlard à son tour.

Anastasiya volait de part et d'autre du terrain, visiblement impatiente. La blonde, seule dans les gradins, lui fit signe d'approcher en comprenant son état d'anxiété poussé au paroxysme. Il ne lui fallut qu'une poignée de secondes pour la rejoindre.

« Nastya, que t'arrive-t-il ? Tu ne tiens pas en place !

- Ophelia n'est toujours pas revenue, lui expliqua la russe du haut de son balai. Elle était partie chercher les gants que j'ai oubliés comme une idiote. Tu ne l'aurais pas croisée, par hasard ?

- Non, je viens tout juste d'arriver. Je n'ai pas passé la matinée avec les jumelles. D'ailleurs, où est Amalia ?

- Sûrement en train de roucouler avec son nouveau petit-ami dans l'un des recoins du château, ou qu'en sais-je. Seule Ophelia était avec moi, avant son départ pour les dortoirs.

- Elle ne devrait plus tarder, la rassura Victoire. Commence sans les gants, tant pis. Tu es une guerrière fais-leur tâter de ta batte !

- Et comment ! répondit Anastasiya plus enthousiaste. Mon futur coéquipier a intérêt de savoir viser, sinon, je me verrais dans l'obligation de lui montrer à quoi ressemble un cognard perdu ! »

La batteuse de Serpentard redescendit sur la terre ferme à l'appel du capitaine, laissant Victoire à nouveau seule. Ophelia ne semblant toujours pas les rejoindre, et les explications de Flint risquant de prendre un peu de temps, la jeune fille sortit de la poche intérieure de sa cape la lettre reçue le matin même, qu'elle n'avait toujours pas pris le temps de lire.

Vierge de toute signature à l'image des précédentes qu'elle avait reçu courant septembre et qui se comptait à présent en dizaine, elle la déplia pour y découvrir la même écriture soignée aux lettres anguleuses qui commençait à lui devenir familière.

Ma douce Serpentard,

Tu sais comment faire languir les hommes !

Je te vois lire mes messages, les uns après les autres, et pourtant, tu sembles rester de marbre face à mes belles paroles. Mon ego surdimensionné s'en verrait presque blessé...

Ma lettre débute à peine, mais je sais que je t'agace déjà : je t'imagine les sourcils froncés, tes si jolies et désirables lèvres pincées sur le côté, sans parler de tes joues s'empourprant de gêne au moment même où tu liras cette dernière phrase...

Trêve de plaisanteries.

Au jeu des faux-semblants, tu es vraiment très douée, tu sais. Je t'applaudis avec sincérité.

Comment fais-tu, pour sembler si lasse à la réception de ton courrier au petit-déjeuner, puis finalement t'empresser de relire en toute intimité les phrases que je prends soigneusement le temps de t'adresser ? Tes talents de comédienne sont exceptionnels.

Admets-le, Victoire. (Cela ne te dérange pas que je t'appelle Victoire ?) Tu aimes lire mes lettres. Tu les attends, chaque matin, et je suis le seul à percevoir ta déception lorsque tu te rends compte que ce jour-là, tu n'en recevras pas. Mais n'es-tu pas fatiguée par cet intarissable monologue ? Ne souhaiterais-tu pas m'écrire en retour, rien que pour me dire à quel point je suis détestable, et m'intimer de te laisser en paix ?

Une voix suave coupa Victoire de sa lecture.

« Que fais-tu là, seule, à lire une lettre dans les gradins, Duchesne ? »

Elle leva la tête, baissant précipitamment le bras dont la main tenait la lettre pour la cacher au nouveau venu. À quelques mètres d'elle, les cheveux mi-longs encore humides de sa précédente douche prise dans les vestiaires, Sirius Black l'observait d'un air narquois. Un sourire espiègle étirait ses lèvres, tandis que ses yeux gris, dans lesquels tombaient quelques mèches rebelles, la fixaient avec attention.

« Aurais-tu un admirateur secret ?

- Rien qui te regarde, Black. »

Il haussa les épaules sans se départir de son sourire impertinent.

« Je crois que ton amie a besoin de ceci, déclara-t-il en lui tendant la paire de gants d'Anastasiya.

- Pourquoi est-ce toi qui me les apporte ? s'étonna la jeune fille en les récupérant. Qu'avez-vous fait à Ophelia, toi et tes horribles copains ? »

Sirius se mit à rire face à la méfiance de la Serpentard.

« Je t'en prie, évite de me faire passer pour un abominable personnage alors que je viens rendre service à la maison que je déteste le plus dans cette école. Ton amie va bien. Elle a seulement foncé dans la porte des vestiaires.

- Quoi ?! s'écria Victoire en se levant du banc. Où est-elle ?!

- Du calme, lui intima Sirius en la saisissant par les épaules. Elle est à l'infirmerie. La seule chose qu'elle a de cassé est probablement son nez. »

Il appuya sur ses épaules pour la faire rasseoir sur le banc. Le regard mauvais qu'elle lui lança en retour l'amusa davantage.

« Elle va bien, ajouta-t-il. Les gars sont avec elle.

- Est-ce censé me rassurer ? lança-t-elle sèchement.

- Je te rappelle que ce sont les Serpentards qui sont réputés pour leur sournoiserie.

-Parce que des Gryffondors qui s'amusent à préparer de mauvais coups pour nuire à autrui sont plus fiables et loyaux, peut-être ?

- Ce sont juste de grands enfants un peu idiots, la corrigea Sirius d'un ton léger. Bien, ma bonne action de la journée est accomplie, poursuivit-il en tournant les talons pour repartir. Tu diras à Karkaroff de penser à me remercier pour mon acte de charité, à l'occasion.

- Dans tes rêves, Black.

- T'ss, t'ss, t'ss... persifla-t-il. Tu salueras à ton admirateur secret de ma part, au passage. Il a bien du courage... »

Sur ces dernières paroles, Black repartit comme il était venu. Victoire fulminait. Non mais pour qui se prenait-il, cet abruti ? Si elle ne l'avait pas connu avant Poudlard et n'avait pas grandi aux côtés des frères Black durant une grande partie de son enfance, elle les haïrait, lui et sa désinvolture des plus détestables.

Anastasiya, qui avait assisté à la scène de loin, s'empressa de la rejoindre juste avant le top départ des sélections. Quelle ne fut pas la surprise de la batteuse lorsqu'elle aperçut son équipement oublié dans les mains de son amie, qui lui expliqua rapidement ce qui venait de se passer.

« Attends, je crains mal comprendre : Ophelia a réussi à se fracasser le nez contre une porte de vestiaire elle est en compagnie du gars de ses rêves à l'infirmerie et Black a gentiment pris le relai pour m'apporter mes gants ? Il y a un truc qui cloche, non ? C'est un peu trop beau pour être vrai.

- Black a dit que tu devras le remercier pour son « acte de charité », « à l'occasion ».

- C'est bien ce que je disais, marmonna-t-elle. Trop beau pour être réel… »


Lorsque Ophelia rejoignit ses amies pour le repas du soir, dans la Grande Salle, elle ne fut pas étonnée des regards sur elle, ainsi que des remarques murmurées sur son passage tandis qu'elle se dirigeait vers la table de la maison Serpentard. Si Madame Pomfresh l'avait gardée en observation toute la journée et avait soigné le plus gros des plaies qui étaient apparues sur son front, tout comme son nez qui avait effectivement été cassé, elle ne devait pas être des plus agréables à regarder. Une chaleur désagréable émanait toujours de l'os qui avait été remis en place, et une fine cicatrice lui barrait le front après que l'une de ses plaies, plus profondes que les autres, eut été recousue.

Amalia siffla d'admiration lorsque sa jumelle s'assit à la table.

« Jolies marques de guerre ! la complimenta-t-elle.

- Arrête, ce n'est pas drôle... Tout le monde me regarde.

- Ne t'en fais pas, quand Evans fera son entrée dans la Grande Salle, tout le monde aura oublié ta tête de balafrée, glissa Victoire sans cesser de beurrer sa tartine.

- J'ai tellement hâte de voir ça ! » s'exclama Amalia qui se trémoussait d'impatience.

Victoire leva un œil dépréciateur vers elle.

« J'ai raté quelque chose ? s'étonna Anastasiya.

- Tu n'as pas dû voir passer Les Potins de Poudlard, aujourd'hui, dit Amalia. Je crois qu'Avery en a un exemplaire sous la main. Nérée ! »

Leur camarade de sixième année, assis quelques mètres plus loin, se tourna vers elles en même temps que les autres Serpentards qui les séparaient à table. Ophelia se tassa sur sa chaise à la vue de la dizaine de paires d'yeux qui les regardaient, alors qu'Amalia se penchait un peu plus pour mieux voir le garçon.

« Est-ce que tu aurais encore ton Potins de Poudlard ?

- Qu'est-ce que tu m'offres, en échange ? demanda Avery avec un clin d'œil, sous les rires gras des autres garçons attablés autour d'eux.

- Le meilleur rencard de ta vie… » répondit Amalia sans se démonter.

Le journal de l'école atterrit devant eux, jeté par Edvin Wilkes.

« Je crois que c'est avec moi que ta petite-amie ira finalement en rendez-vous amoureux, Avery. »

Amalia leva les yeux au ciel, avant de tendre l'exemplaire du micro-journal à Anastasiya et Ophelia. La russe se racla la gorge Amalia l'interrogea du regard.

« Avery, hein ?

- Et alors ? Lis-ça, plutôt. Je peux t'assurer que ce ragot est bien plus trépident que ma vie amoureuse ! »

Anastasiya parcourut des yeux l'article de Rita Skeeter, l'élève à l'origine de la parution des Potins de Poudlard, avant de le tendre à Ophelia avec des yeux ronds. Cette dernière finissait à peine de le lire quand le brouhaha émit par les discussions des élèves s'interrompit subitement.

Lily Evans venait d'entrer dans la Grande Salle, mais elle avait cessé sa progression dès lors que le silence s'était installé parmi les élèves de toutes les maisons, qui la dévisageaient. La Gryffondor ne se laissa pas pour autant intimider. Sans bouger, elle sonda attentivement la foule du regard, jusqu'à repérer Rita Skeeter qui tentait de se cacher derrière ses énormes lunettes rectangulaires. Lily l'affronta du regard, et, après une promesse silencieuse de revanche, elle partit s'asseoir à la table des rouge et or, la tête haute.

« Je ne porte pas spécialement Evans dans mon cœur, mais elle a du cran » admit Amalia.

« Vous avez vu la façon dont elle a regardé Skeeter ? » « Pour se prend-elle, cette sang-de-bourbe ? » « A croire qu'être préfet-en-chef confère tous les droits ! » « Quel courage ! A sa place, je me serais cachée dans les toilettes de Mimi Geignarde... » « Skeeter abuse, elle est allée trop loin... » « Vous croyez vraiment que Lily serait capable de tant de violence ? » « Skeeter mérite une bonne leçon, cette fois... »

Victoire se leva.

« Où vas-tu ? la questionna Ophelia en voyant son assiette encore pleine.

- Je n'ai plus faim. »

La blonde quitta la Grande Salle d'un pas précipité, fuyant les éclats de voix insupportables qui tournaient en boucle dans le réfectoire, et se dirigea vers la volière du château. Lorsqu'elle eut terminé de gravir les marches qui la séparaient de ce qu'elle cherchait, elle tourna sur elle-même afin de la repérer.

Là, entaillé à même la pierre, une large fissure s'étendait le long du mur. Elle s'en approcha, puis tenta d'insérer ses doigts fins dans la fente pour en vérifier la profondeur. Elle réitéra l'opération en y glissant cette fois-ci une enveloppe, invisible à quiconque viendrait se servir des hiboux de l'école.

« Ne souhaiterais-tu pas m'écrire en retour, rien que pour me dire à quel point je suis détestable, et m'intimer de te laisser en paix ?

Pour cela, tu n'as qu'une chose à faire. Rends-toi à la volière : il y a une brèche, entre les pierres, suffisamment large pour y cacher un parchemin. Je t'offre l'occasion de mettre fin à cet échange à sens unique.

Que choisiras-tu ? De tout arrêter, ou de laisser fondre ton masque de glace pour accepter de me parler ? »


à suivre...

Je remercie beaucoup Katymyny pour ses reviews (ainsi que les nombreuses fanfictions partagées), tout comme Jane9699 et Moony'n'Padzzz qui ont également laissé une petite trace de leur passage. ;-)

D'après les stats, de nombreux visiteurs fantômes cliquent sur le lien de cette histoire et vont même au bout de leur lecture, à savoir le dernier chapitre en date. Même si vous ne vous manifestez pas (encore ?), je tiens à vous remercier également pour votre intérêt / curiosité / lecture !