Hi guys !
Voici la suite de Perdre, avec le chapitre 7 tout neuf qui vient d'être écrit.
Je sors de la phase " réécriture " depuis le chapitre 6 en devant rédiger entièrement le contenu. Comme expliqué en début de post, cette fanfiction date en réalité d'il y a plusieurs années. Si le fil rouge est entièrement rédigé et attend bien au chaud, je n'avais écrit que cinq chapitres à l'époque (je n'étais donc pas allée bien loin, mdr...) que j'ai dû remodeler, ma plume ayant évolué depuis. Et là... Eh bien c'est forcément plus long. Mais bon, je tiens tout de même le rythme d'un chapitre / semaine au minimum, pour l'instant ! Cela reste raisonnable.
Je vous souhaite une bonne lecture !
P.S. : Quelque chose me dit que le petit Regulus va pointer le bout de son nez, dans ce chapitre... J'dis ça, j'dis rien... ;-)
P.S. n°2 : J'en profite pour remercier Moony'n'Pad'zzz, Katymyny et Jane9699 pour leurs reviews !
Chapitre VII
« Je ne saurais tolérer la présence d'un traitre-à-son-sang dans notre famille, me suis-je bien fait comprendre ?! » Theobald Duchesne
Ce matin-là, un parfum de changement flottait dans l'air.
Octobre venait de défiler à une vitesse vertigineuse, sans que Victoire ne le vît réellement passer. Entre les cours qui avaient repris leur rythme de façon plus sérieuse et soutenue, ses moments passés à la bibliothèque pour ses devoirs et révisions – tantôt accompagnée par Ophelia, tantôt par Severus, et parfois suivie par Anastasiya –, les soirées passées au coin du feu dans la salle commune de Serpentard et les autres occupations possibles pour tout élève de l'école de sorcellerie, les questions et problèmes avec lesquels elle s'était trouvée en prise avaient fini par la laisser souffler. Ou plutôt, elle avait fini par les chasser, préférant se concentrer pleinement sur ses études.
Si la jeune fille s'était considérablement rapprochée d'Ophelia dont la présence lui offrait un havre de paix, elle ne croisait plus beaucoup sa sœur jumelle, Amalia, qui passait son temps à batifoler avec Nérée Avery depuis qu'elle avait décidé de mettre un terme à la relation qu'elle entretenait à distance avec le sorcier de Beauxbâtons. De son côté, Anastasiya se retrouvait très prise par ses devoirs de préfète ainsi que par les entraînements de Quidditch. Flint avait décidé de multiplier les heures d'entraînement afin de mieux intégrer les nouveaux joueurs et mettre en place une stratégie qui était censée – d'après ses dires – mener leur maison à la victoire. C'était ainsi que la sorcière russe revenait épuisée aux dortoirs, se laissant tomber sur son lit chaque soir après avoir lutté avec les rondes nocturnes, les sessions de Quidditch ou encore sa montagne de devoirs qui ne faisait que s'accumuler.
« Tu devrais te ménager un peu, Nastya, lui conseillait Ophelia dans ces moments-là. Si cela continue, l'année prochaine, tu devras abandonner le sport pour passer convenablement tes ASPIC…
- Abandonner le Quidditch ?! s'exclamait alors Ana, indignée. Jamais ! »
Un club de duel avait également été lancé par les professeurs de Sortilèges et de Défense contre les forces du Mal. Seuls les élèves de la cinquième à la septième année étaient autorisés à s'y inscrire, mais les plus jeunes avaient le droit d'assister aux duels de leurs camarades qui étaient encadrés par les professeurs. Victoire n'était pas dupe, tout comme de nombreux autres élèves. Le danger rôdait, à l'extérieur du château, et les professeurs essayaient de mettre en place un dispositif qui permettrait à leurs étudiants d'acquérir des réflexes susceptibles de leur servir en cas de nécessité, une fois qu'ils sortiraient diplômés de Poudlard.
La presse dévoilait des disparitions, de plus en plus nombreuses. Des attaques commençaient à être menées de front contre des nés-moldus et leurs familles. La Marque des Ténèbres apparaissait clairement en photo dans la Gazette du Sorcier ou le Daily Prophet, luisant de son vert vif et diaphane. Les regards se tournaient de plus en plus vers les Serpentards, dont la plupart des familles prônaient la pureté du sang ainsi que toutes les anciennes valeurs et traditions que défendait corps et âme celui qui se faisait appeler Lord Voldemort. Ces derniers, du moins les plus âgés, semblaient plus soudés et complices que jamais, ayant commencé à se réunir régulièrement dans des lieux dont Victoire n'avait aucunement connaissance, tel un véritable cercle fermé où elle et plusieurs autres élèves de sixième ou septième année (y compris Ana et Ophelia) n'étaient pas conviés. Ce qui n'était pas pour lui déplaire, en réalité.
Mais les problèmes étaient loin d'avoir atteint leur apogée, et cela, la jeune fille aurait préféré l'ignorer. La complication prit la forme d'un courrier, distribué lors du petit-déjeuner. Le hibou grand-duc familial laissa tomber une enveloppe rouge vif à la table des Gryffondor, juste devant son frère de première année.
Edouard Duchesne parut d'abord stupéfait à la vue de la missive écarlate. Puis, n'écoutant plus ce que lui racontait son ami Bilius Weasley, il chercha du regard sa sœur à la table des Serpentards, de l'autre côté de la Grande Salle. Cette dernière capta sa détresse et lui intima d'ouvrir immédiatement la lettre avant d'aggraver les choses. Un ordre silencieux, communiqué par le regard, mais que le garçon n'eut aucun mal à saisir.
Déglutissant avec appréhension, il attrapa l'enveloppe qu'il ouvrit comme au ralenti.
EDOUARD THEOPHANE DUCHESNE !
Un silence de plomb s'abattit instantanément dans la Grande Salle tandis que le garçon de première année se tassait sur sa chaise. La voix de Theobald Duchesne reprit plus fort, avec toute l'impériosité dont elle était capable :
TU ES LA HONTE DE NOTRE FAMILLE !
NON CONTENT D'INTÉGRER UNE MAISON REMPLIE DE SANGS IMPURS, DÉSHONNORANT NOTRE NOM, TU TE FAIS DÉJÀ REMARQUER EN T'ACOQUINANT À DES TRAÎTRES-À-LEUR-SANG ET EN TE CONDUISANT DE MANIÈRE TOUT BONNEMENT INADMISSIBLE ?!
MAIS QU'AVONS-NOUS DONC FAIT, VOTRE MÈRE ET MOI, POUR ENGENDRER DE TELS ENFANTS ?!
Les regards passèrent d'Edouard à Victoire, qui serra le poing.
IL S'AGIRA DU DERNIER ECART DE TOUTE TA SCOLARITÉ, MON GARÇON !
S'IL S'AVÈRE QUE TU N'AS PAS COMPRIS LA LEÇON, JE TE FERAIS EXPÉDIER TOUT DROIT À DURMSTRANG !
JE NE SAURAIS TOLÉRER LA PRÉSENCE D'UN TRAÎTRE-À-SON-SANG DANS CETTE FAMILLE, ME SUIS-JE BIEN FAIT COMPRENDRE ?!
Alors que la Beuglante semblait peu à peu se calmer, elle se tourna en direction de Victoire, qui n'avait pas desserré les poings sous la table. La main chaude d'Anastasiya enveloppait l'un d'eux dans un geste qui se voulait apaisant.
Je t'avais pourtant demandé de le surveiller, Victoire.
Nous vous attendrons, Edouard, Regulus et toi, au Manoir des Black pour les vacances de Noël.
Regulus ; je te prie d'accepter de veiller sur eux.
Regulus Black hocha solennellement la tête devant les airs ahuris des élèves qui chuchotaient entre eux, tandis que la Beuglante s'autodétruisait sans plus de cérémonie, en ayant terminé avec le message qu'elle avait à délivrer. Edouard, rouge de honte, jetait des regards nerveux autour de lui. Il finit par se lever pour quitter la Grande Salle à grands pas, seul, sous les murmures des élèves de plus en plus sonores.
Au diable la fierté et les convenances. Victoire enjamba le banc sur lequel elle était encore figée quelques secondes plus tôt pour sortir à la suite de son petit frère, faisant fi des regards et des commérages.
Elle le retrouva aux abords du Lac Noir, jetant rageusement des cailloux dans ses eaux profondes. Après une brève hésitation, elle le rejoignit, s'asseyant dans l'herbe non loin du bord.
« Tu t'y prends mal, lui signala-t-elle dans leur langue maternelle alors qu'il lançait un énième caillou sans faire le moindre ricochet.
- Qu'est-ce que ça peut te faire ?! grinça le première année entre ses dents en poursuivant d'un geste encore plus nerveux.
- Si tu continues, tu vas finir par assommer le pauvre calamar géant.
- Je n'en ai rien à foutre ! » explosa Edouard en se tournant vers sa sœur.
La caillasse qu'il avait jetée dans sa colère prit la direction de la jeune fille, qui dut esquisser un mouvement sur le côté pour l'esquiver. Edouard porta une main à sa bouche, choqué par son propre geste à l'encontre de sa sœur. Aucun mot d'excuses n'en sortit pour autant. Le garçon se contenta d'approcher, se laissant tomber à genoux à ses côtés. Puis il se jeta dans ses bras, ses tremblements de rage muant progressivement en sanglots. Victoire s'accrocha à lui d'une main tandis que l'autre lui caressait tendrement les cheveux.
« Je ne pensais aucun de mes mots, parvint-il à hoqueter entre deux sanglots. Tout ce que j'ai pu te dire… Je n'aurais jamais dû…
- Chut… lui intima doucement Victoire. Ce n'est pas grave.
- Je t'aime, Victoire.
- Moi aussi, je t'aime. Je t'aimerai toute ma vie, quelle que soit la personne que tu deviendras. Sache que je serai toujours fière de toi. »
Victoire arriva en retard au Club de Duel. Elle avait veillé sur Edouard une bonne partie de la matinée, les deux frère et sœur passant du temps ensemble pour la première fois depuis l'arrivée du garçon à Poudlard. La jeune fille comptait sur la compréhension de ses professeurs afin d'éviter une nouvelle missive à l'adresse du manoir familial pour avoir raté l'un comme l'autre les deux premiers cours de la journée...
Lorsqu'elle poussa les portes de la Grande Salle qui avait été réaménagée pour laisser place à la longue estrade du club, l'attention se braqua sur elle et de nouveaux murmures s'élevèrent à sa vue. Se focalisant sur ses amies qu'elle trouva rapidement dans l'assemblée, elle les rejoignit la tête haute et le regard hautain à l'égard de chaque curieux qui la dévisageait, son habituel masque d'héritière sang-pur soigneusement mis en place.
Arrivée à hauteur de ses trois amies, Anastasiya prit sa main dans la sienne et la serra fort. Ophelia, un peu plus en recul, fit de même avec l'autre, sous l'œillade silencieuse d'Amalia.
« Le Professeur Flitwick souhaite lancer un tournoi, chuchota Ophelia près de son oreille. Des binômes s'affronteront sur chaque round seuls les duos vainqueurs verront leur participation se poursuivre au cours des prochaines sessions.
- Pour aujourd'hui, nous allons nous contenter de former les binômes afin que vous puissiez vous inscrire dans les formes, expliqua le petit professeur d'une voix claironnante. Pour cela, nous vous laissons l'heure pour vous mêler un peu entre vous, puis vous exercer gentiment et tester votre capacité à vous accorder au coéquipier choisi. Vous pouvez donc vous affronter en duels amicaux ; les mélanges entre maisons sont évidemment recommandés ! »
D'un coup de baguette, le Professeur Flitwick fit disparaître l'estrade, laissant toute la place nécessaire aux futurs duels de complaisance entre les groupes d'élèves. Ces derniers se mirent à s'élancer les uns vers les autres en quête d'un binôme.
Amalia s'accrocha d'emblée au bras d'Avery, tout sourire.
« Ophia, minauda-t-elle, cela ne te dérange pas, si je ne participe pas avec toi ? »
Ophelia lui renvoya un coup d'œil ennuyé. Elle ne comptait pas demander à sa sœur jumelle de concourir avec elle… Mais bien évidemment, cette dernière pensait qu'elle se cacherait derrière ses robes. Une fois de plus.
« Aucun problème, Amy ! » répondit la jeune fille avec un sourire forcé. « Je pense pouvoir parfaitement me débrouiller sans toi. »
Amalia plissa le nez devant l'air ironique de sa sœur, avant de tirer Avery à sa suite en direction de son groupe d'amis avec lequel elle passait de plus en plus de temps. Victoire, qui n'avait rien raté de l'échange, les suivit attentivement des yeux. Elle aperçut parmi eux Severus et Regulus. Le cadet Black accrocha son regard. Victoire se mordit nerveusement la lèvre inférieure en le voyant amorcer un mouvement dans sa direction.
« Il s'est passé quelque chose avec Amalia ? demanda-t-elle à la jumelle à ses côtés en surveillant la progression du jeune homme vers elles.
- Pas vraiment, non… Elle m'énerve, lui confia Ophelia dans un soupir. C'est comme si j'étais toujours une gamine timide et craintive, à ses yeux…
- Laisse, la rassura Anastasiya. Amalia n'est pas méchante elle est juste… dans son monde ? Surtout en ce moment, poursuivit-elle en faisant mine de vomir. Bon, je suis navrée de vous présenter ainsi les choses, les filles, mais nous sommes trois : l'une de nous devra trouver un autre coéquipier…
- Victoire participera au tournoi à mes côtés, éluda une voix masculine derrière Anastasiya. Si elle l'accepte, bien sûr… » précisa le nouveau venu avec réserve.
Anastasiya se retourna pour se retrouver face à un Regulus Black qui la dépassait d'une tête. Elle ouvrit la bouche pour objecter que son amie était suffisamment grande pour choisir elle-même son binôme mais fut prise de cours par cette dernière.
« J'accepte. »
Ana et Ophelia la regardèrent hébétées. Comment ça, elle acceptait ?!
« Bien, dit Regulus avec un micro sourire. Si tu souhaites t'exercer avec tes amies, cela ne me pose aucun problème.
- Je préférerais, en effet, confirma-t-elle après un bref regard en direction de son groupe d'amis.
- Bon, eh bien, on dirait que la question des binômes est résolue… » marmonna la russe en se positionnant aux côtés d'Ophelia.
Les premiers sorts fusèrent dans la salle. Pour débuter leur entraînement, le quatuor ainsi formé s'était mis d'accord pour procéder par alternance : un premier duo lançait des sorts offensifs classiques, tandis que le second les bloquait ou les esquivait. Regulus profita de la distance maintenue avec les amies de Victoire ainsi que du peu de concentration que le rôle d'attaquant leur conférait pour engager la discussion.
« Je ne m'attendais pas à ce que tu acceptes si facilement, déclara-t-il.
- Moi non plus, admit Victoire après avoir lancé un sort de désarmement.
- Qu'est-ce qui t'a poussé à le faire, dans ce cas ? demanda-t-il avec défiance.
- J'aimerais juste comprendre. »
Regulus arrêta son geste, la baguette tendue en direction d'Anastasiya alors qu'il s'apprêtait à jeter un sortilège. Il fronça les sourcils devant Victoire qui semblait tout mettre en œuvre pour éviter de lui faire face.
« Comprendre ? souligna-t-il, le bras toujours en suspens.
- Bon, Black, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ?! s'exclama Ana à plusieurs mètres.
- Bloclang ! lança-t-il. Qu'est-ce que tu entends par comprendre ? » poursuivit-il baguette baissée, toute son attention reportée sur la blonde à ses côtés.
Victoire ne put retenir un sourire amusé à la vue d'Anastasiya qui ne pouvait plus parler, agitant rageusement les bras en direction de Regulus pendant qu'Ophelia tentait de la calmer.
« Victoire… » soupira Regulus en se pinçant l'arête du nez, « J'ai vraiment du mal à te cerner ces temps-ci. Pourrais-tu faire un effort, s'il te plaît ? Même minime ? »
La jeune fille tourna enfin la tête vers lui, le jaugeant de ses yeux bleu clair. L'amusement qu'ils affichaient quelques secondes plus tôt avait disparu, laissant place à la méfiance que le garçon redoutait d'y apercevoir une fois de plus.
« Un effort ? » répéta la française. « Devenir ton équipière n'en est-il pas déjà un ? »
Touché. Regulus pinça les lèvres mais ne répondit rien, prenant sur lui. Il savait que regagner la confiance de celle qui deviendrait très bientôt sa fiancée ne serait pas des plus faciles mais il espérait qu'elle accepterait au moins de lui parler, même pour la forme. Visiblement, ce n'était pas dans les plans de la jeune fille. Sans parler de son attitude froide ainsi que la distance qu'elle semblait tenter de maintenir entre eux… Cela faisait plusieurs années qu'ils ne s'adressaient plus la parole, cohabitant en tant que vulgaires camarades qui s'ignoraient au sein de la maison Serpentard. Regulus comprenait qu'elle puisse encore lui en vouloir mais depuis quand semblait-elle… avoir peur de lui ?
Il s'apprêtait à lui poser la question mais fut interrompu par l'arrivée de ses deux amies, dont l'une en furie.
« Black ! Comment oses-tu ?! Tu n'es pas censé jeter ce genre de sort ! rugit Anastasiya, indignée.
- Sans rancune, Karkaroff, dit-il en haussant les épaules. L'objectif est de neutraliser l'ennemi, n'est-ce pas ? Tous les coups sont permis.
- Sale petit…
- C'est bon, Ana, temporisa Ophelia en tapotant l'épaule de son amie, ce n'est pas grave. Il a raison : tu ne t'attendais tellement pas à recevoir ce genre de sortilège que tu ne l'as pas vu venir…
- Non, réfuta Ana avec nervosité. Il s'est ramené uniquement parce qu'il préfère discuter avec Vi' plutôt que s'exercer sérieusement !
- Alors c'était très ingénieux. Bravo ! complimenta-t-elle Regulus. Je devrai penser à lancer ce sort plus souvent, moi aussi, pour faire taire Amalia lorsqu'elle m'agace… »
Victoire pouffa de rire, avant de se reprendre devant son binôme qui regardait les trois filles avec intérêt. Ce n'était peut-être pas une bonne idée d'arpenter cette pente glissante devant l'un des membres du groupe d'Avery, avec qui Amalia passait actuellement tout son temps...
« C'est vrai que Dhont peut parfois être un moulin à paroles, acquiesça Regulus avec un sourire en coin. Contrairement à certaines… » ajouta-t-il à l'attention de Victoire qui détourna le regard.
Ophelia se tortilla sur place, mal à l'aise, ayant compris la machination subtile de son camarade de maison. Elle tira sa partenaire par la manche afin de l'éloigner et laisser les deux autres seuls à seuls.
« Bon, avant que Nastya se mette à jouer son rôle favori de harpie vengeresse, je vous propose de changer de façon de procéder : chaque binôme n'a qu'à s'entraîner dans son coin. Cela évitera tout malentendu ! »
Ana allait répliquer quand elle fut entraînée par la jumelle suffisamment loin pour ne plus les déranger. Victoire fit la moue en reprenant position, décroisant les bras, la main serrée sur sa baguette. Elle s'éloigna de Regulus de quelques pas.
« Attaque ou défense ? l'interrogea-t-elle froidement.
- Défense, répondit Regulus. »
La jeune fille hocha la tête avant d'ouvrir l'offensive sans prévenir. Regulus créa spontanément un bouclier sur lequel le sort rebondit. Il esquissa un sourire en coin, traversé par un frisson d'excitation. Regulus adorait les duels. Et il se doutait que son adversaire ne lésinerait pas sur les attaques malgré les consignes du Professeur Flitwick ; les non-dits accumulés avaient besoin de sortir, mais il était évident que Victoire resterait muette comme une tombe. Ses gestes, en revanche, en révéleraient bien plus que ce qu'elle pouvait imaginer…
Un second sort fusa après une courte pause, la jeune fille espérant que son partenaire baisserait la garde dans l'attente. Perdu. Il était plus concentré que jamais.
« C'est tout ce dont tu es capable ? » la titilla-t-il. « Quelle déception… »
Il invoqua un nouveau Protego face au troisième sort. Elle venait de lui lancer un Expulso… Le ton montait, visiblement.
« Moi non plus je ne te comprends pas, Vickie… » lâcha-t-il en référence à leur conversation précédente. « Je ne te comprends plus.
- Furunculus ! »
Sérieusement ? Ils en étaient à ce stade ? Elle le détestait suffisamment pour souhaiter le défigurer en plus de l'envoyer valser contre un mur ?
« Je sais que tu es fâchée, tu sais. Mais je me suis déjà excusé…
- Crache-Limaces ! »
Bon… Elle lui en voulait au point de tenter de lui faire vomir des gastéropodes. Très bien…
« Est-ce que je te fais peur, Victoire ? demanda-t-il finalement.
- Incarcerem ! »
Celui-là, Regulus ne l'avait pas vu venir. D'épais cordages jaillirent pour lui tomber dessus, le ligotant fermement. Il perdit l'équilibre et tomba à la renverse sous l'air satisfait de sa partenaire qui le toisait fièrement. Soutenant son regard d'un air digne malgré sa position de faiblesse, affalé sur le sol, Regulus poursuivit :
« Ou est-ce que je te dégoûte au point que tu ne t'imagines pas une seule seconde épouser un type de mon espèce ? »
Victoire se figea, les yeux arrondis par la surprise. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il lui pose une telle question, encore moins en risquant d'être entendu par tant de monde autour. Elle baissa lentement sa baguette, incertaine quant à la réponse à donner.
« Tu ne me dégoutes pas, le contredit-elle tout de même faiblement, sa voix se perdant dans le brouhaha des autres élèves autour d'eux.
- Mais je t'effraye. »
L'absence de réponse de la part de la française acheva de convaincre Regulus, le laissant pantois face à l'évidence. Il fut toutefois surpris de la voir réduire les quelques mètres qui les séparaient pour se poster devant lui, en silence, avant de s'agenouiller à ses côtés après un bref moment d'hésitation.
Oui, elle avait peur. Il en était sûr et certain. Ses yeux fuyants ainsi que son visage fermé qui tentait de neutraliser sa nervosité la trahissaient.
« Tu sais que je ne te ferai aucun mal, n'est-ce pas ? » s'assura-t-il à voix basse. « Je n'ai jamais voulu te causer du tort. »
Sa stupéfaction amplifia en la voyant commencer à défaire les liens qui l'entravaient à la main, se servant d'un sortilège de découpe pour les rompre et l'en libérer.
« Je n'ai pas peur de toi, Reg… » lui confia-t-elle finalement dans un souffle en faisant glisser les lourdes cordes de son corps. « C'est l'avenir, qui m'effraye… »
Elle le débarrassa du dernier cordage puis lui tendit une main, qu'il saisit. Un petit sourire mutin à peine visible étira les lèvres de Regulus alors que la jeune fille se redressait en le tirant pour l'aider à se relever, sans parvenir à le bouger d'un centimètre.
« Black, râla Victoire, tu ne pèses plus aussi léger qu'à tes huit ans ! Pourrais-tu cesser de jouer les poids morts ?
- Insinuerais-tu que je pèse trop lourd ?
- Bon, trouve une autre main pour t'aider » maugréa la jeune fille en tentant de le lâcher.
Regulus rattrapa les doigts de Victoire qui glissaient des siens, les serrant fermement, avant de se relever par lui-même.
Ce n'était pas étonnant qu'elle ne parvienne pas à le soulever, se dit Victoire. Elle avait toujours été plus grande que lui jusqu'à leur entrée à Poudlard… Avec sa silhouette longiligne, il mesurait à présent une tête et demie de plus qu'elle…
« Ce genre de moment me manque, Vickie, murmura-t-il sans lui lâcher la main malgré les rougeurs de la française. Nos jeux insouciants me manquent.
- Nous ne sommes plus des enfants, Reg, susurra-t-elle en retour, vérifiant que personne ne les regardait.
- Non, c'est vrai. Mais je ne pense pas que les choses aient tant changé. Que tu aies changé, précisa-t-il.
- Que veux-tu dire ? demanda Victoire, les sourcils froncés.
- Tu as toujours ce don de te mettre dans des situations inimaginables, dit-il avec évidence. Mais devine quoi : on m'a chargé de veiller sur toi...
- Je n'ai pas besoin d'une nounou pour me surveiller, Regulus… Merci bien. »
Victoire dénoua leurs doigts avant de lui tourner le dos, faisant signe à ses amies qui semblaient terminer leurs exercices à leur tour. Regulus, comprenant qu'il était peut-être allé trop loin en si peu de temps passé ensemble, lui chuchota à l'oreille avant de rejoindre son propre groupe d'amis qui s'apprêtait à quitter la Grande Salle :
« Sache juste que tu n'es pas seule, Vickie. Je serai toujours là pour toi. Rien n'a jamais changé, pour moi... »
Le soir même, la salle commune de Serpentard n'avait jamais paru aussi vide.
De nombreux élèves de la cinquième à la septième année manquaient à l'appel. Il était rare que les premières années fréquentent la salle commune toute la soirée, préférant se rendre dans leurs dortoirs où ils restaient entre groupes d'amis, sans trop se mélanger.
Serpentard n'avait jamais été la maison la plus chaleureuse et sociable : ce regroupement soudain ne pouvait donc pas passer inaperçu. L'impulsion d'une telle cohésion de groupe avait été lancée vers la fin de l'année précédente, avant de naturellement se poursuivre à leur retour à Poudlard. Au début, les regroupements s'étaient réalisés au coin du feu, les aînés y campant confortablement jusqu'au couvre-feu. Ils avaient visiblement fini par élire domicile ailleurs, à l'abri des regards et des oreilles trop curieuses.
Installée sur l'un des imposants sofas en cuir noir qui avaient été désertés, Victoire avait les yeux rivés sur le plafond. Elle écoutait Amalia d'une oreille distraite, à l'image d'Anastasiya et Ophelia qui jouaient une partie de Jeu d'échecs version sorciers, assises en tailleur sur le divan situé en face. Alors que la jumelle bavarde n'en finissait plus d'étaler ses histoires dégoulinantes de mièvrerie concernant son idylle, sa sœur perdit patience. Après un énième instant de déconcentration, elle venait de se faire voler une Tour par Ana qui ricanait sous cape avec machiavélisme.
« Si Avery est si génialissime, pourquoi n'es-tu pas avec lui en ce moment ? Et puis où est-il, d'ailleurs ? l'interrogea Ophelia en roulant des yeux.
- Si ça se trouve, ton prince charmant est avec une autre fille, lâcha Anastasiya sans quitter le plateau de jeu du regard. Echec. »
Ophelia grimaça. Amalia poursuivit de plus belle, loin d'être vexée par la remarque.
« Nous ne pouvons pas toujours être collés l'un à l'autre, voyons ! Je dois bien passer du temps avec mes amies ! Nous sommes toujours avec les siens…
- Et quels amis… releva Anastasiya avec dédain. Echec. A ta place, je me passerais bien de la compagnie de Wilkes, Mulciber ou Snape. »
Victoire laissa échapper un grognement réprobateur à l'entente du dernier nom cité.
« Désolée, Vi'. Mais tu peux bien admettre que Snape n'est pas la personne la plus amicale qui soit. Echec, signala pour la troisième fois la russe avec un sourire jubilatoire.
- C'est parce que tu ne le connais pas vraiment, le défendit Victoire. Severus paraît rude et insociable au premier abord, mais une fois en confiance, il peut se révéler de très agréable compagnie. Il est mon ami alors respecte-le, s'il te plaît.
- Snape ne parle jamais, confirma Amalia en haussant les épaules. Et il n'a pas l'air de beaucoup m'apprécier…
- C'est peut-être toi qui parles trop, éluda Ophelia, s'attirant un regard noir de sa sœur.
- Oh, au fait ! Victoire ! s'exclama Amalia en se redressant vivement sur son fauteuil, sans répondre à sa jumelle. Quand est-ce que tu comptais nous l'annoncer, espèce de cachotière ?!
- De quoi parles-tu ? »
La blonde n'avait pas cessé d'observer le plafond sur lequel se reflétaient les flammes qui semblaient danser dans l'âtre de la cheminée. Le gémissement de frustration d'Ophelia accompagna sa question tandis qu'Anastasiya annonçait l'Echec et mat signant la fin de leur partie.
« De toi et Regulus, enfin !
- Peut-être parce qu'il n'y a rien à dire ? répondit platement Victoire.
- Comment ça, rien à dire ? Je te signale que toute la Grande Salle a assisté à la Beuglante de ton frère, ce matin ! »
Anastasiya jeta une discrète œillade à la blonde allongée dans le canapé, curieuse de savoir si elle comptait enfin parler aux jumelles de l'arrangement entre les familles Black et Duchesne. Son absence de réaction lui fit comprendre que ce n'était clairement pas le cas.
« C'était on ne peut plus clair, pourtant… insista Amalia.
- Eh bien tu as dû mal comprendre, Amalia. La discussion est close. »
Victoire se leva du sofa d'un mouvement vif avant de se diriger vers l'étagère de la salle commune sur laquelle étaient soigneusement rangés quelques livres de littérature sorcière.
Elle s'était retenue à temps de lancer une remarque cinglante à Amalia, qui l'exaspérait avec ses frivolités dans lesquelles elle semblait s'adonner un peu plus chaque jour. Victoire s'en voulait, à la fois, de ressentir autant d'agacement à l'égard de son amie qui avait toujours fait partie du groupe qu'elles formaient toutes les quatre avec Ana et Ophia depuis son entrée à Poudlard. Elle espérait que ce sentiment ne serait que temporaire, tout comme l'attitude d'Amy qui semblait se dégrader ces derniers temps et qu'elle avait du mal à cautionner, notamment vis-à-vis de sa propre sœur…
Alors que la concernée poursuivait ses babillages auprès des deux autres filles, Victoire sursauta. Un élève de première année venait de lui tapoter l'épaule pour l'interpeler. Le jeune garçon portait sur le bras une minuscule chouette qui hulula d'impatience, tendant machinalement la patte en direction de Victoire comme à une vieille connaissance. Victoire saisit l'enveloppe qu'elle lui adressait d'une main tremblante, reconnaissant la Chevêche d'Athéna qui lui avait si souvent apporté du courrier le mois précédent.
« Où l'as-tu trouvée ? demanda-t-elle au plus jeune alors qu'il caressait doucement la chouette.
- A l'entrée de la salle commune, répondit-il. Je revenais de ma retenue avec le Professeur McGonagall… précisa-t-il, honteux. Il y avait ton nom sur le courrier. J'ai voulu le récupérer, mais la chouette m'a mordu... Je crois qu'elle voulait te le livrer en personne… Alors je l'ai prise avec moi.
- Merci » dit simplement Victoire avec un petit sourire reconnaissant.
Le garçon repartit à l'entrée de la salle commune afin de libérer l'oiseau, sa mission accomplie. Victoire décacheta avec appréhension la lettre, ne sachant que trop bien de qui elle provenait.
Après près de trois semaines de silence, il lui avait enfin réécrit. Et comme toutes les missives précédentes, aucune signature n'ornait celle qu'elle tenait entre les mains…
Tu n'es pas seule.
à suivre...
Katymyny : Coucou, Katymyny ! Excuse-moi pour la fausse joie que l'alerte que tu as dû recevoir après ma mise à jour a peut-être créée... J'ai un peu bidouillé les chapitres de façon à ajouter un avant-propos explicatif juste avant le prologue. De ce fait, je pense que tu as reçu une alerte prévenant d'un nouveau chapitre, celui-ci ayant glissé en huitième position... Je suis donc navrée pour le dérangement ! Heureusement que tu l'as précisé, car je n'y avais pas du tout pensé... Quoi qu'il en soit, je te remercie pour ta lecture jusqu'à présent fidèle, ainsi que pour les mots de réconfort. Tu as totalement raison : un auteur écrit pour lui-même avant toute chose, et s'il peut susciter l'intérêt de ne serait-ce qu'un seul lecteur, c'est toujours ceci de gagné et de motivant ! Je compte bien arriver au bout de cette histoire qui me tient à coeur. :-) P.S.: à chacun(e) son talent ; je suis personnellement très mauvaise en jardinage... j'oublie même d'arroser les plantes intérieures :-( une vraie tête de linotte... Ton jardin doit être très joli ! A bientôt !
