Bonjour / bonsoir !
J'espère que vous allez bien !
Voici le chapitre 8 fraîchement terminé et publié sur la lancée. Un délai un peu plus long séparera probablement cette publication de la suivante... J'essaye de laisser 7 jours de battement max. entre chaque chapitre. Mais le planning des jours prochains sera un peu chargé ; j'essayerai de poster malgré tout le chapitre 9 lors du week-end des 30-31 octobre.
En plus, devinez quoi : ce chapitre sera consacré à Halloween ! Cela ne tombe donc pas si mal, niveau timing ! (-:
J'ai conscience que le rythme auquel s'écoule l'histoire est peut-être un peu long, pour le moment, niveau chronologie. J'avais besoin de ce laps de temps afin de poser toutes les bases de l'intrigue : d'ici quelques chapitres, cela devrait se débloquer un peu et avancer davantage niveau timeline / ellipses temporelles. Sachant que j'aimerais aller jusqu'en 1981 avec cette histoire, cela risquerait d'être long si je consacre à chaque fois dix chapitres pour seulement deux mois ha ha. Mais il faut ce qu'il faut, n'est-ce pas ?
Petite question toute bête, mais importante : voyez-vous correctement les tirets utilisés pour marquer les changements de locuteur lors des dialogues ? Une autre plateforme sur laquelle je publie rencontre des problèmes avec ces derniers, et apparemment, selon le navigateur utilisé par le lecteur, ils peuvent ne pas être visibles... N'hésitez pas à me faire remonter l'info si jamais un problème du genre se pose également de votre côté ! Je vous en remercie par avance. ;-)
P.S. : Merci à Katymyny ainsi qu'à Jane9699 pour leurs reviews. Si je ne réponds pas à une review en fin de chapitre comme je le fais habituellement concernant Katymyny, c'est que cela a été fait directement par messagerie !
Je vous souhaite une agréable lecture !
Chapitre XVIII
« C'est toujours difficile pour un cadet de famille sang-pur de se faire rappeler qu'il n'est que le dernier choix. » Severus Snape
Dans la pénombre du hall d'entrée de Poudlard, Lily Evans éteignit le sortilège lumineux qui émanait de sa baguette avant de la coincer entre ses dents. Ses deux mains libres attachèrent rapidement sa longue chevelure rousse en une queue de cheval haute afin de les dégager de son visage.
Sa corvée de surveillance terminerait d'ici une demi-heure, et la préfète de Gryffondor avait hâte de retrouver le confort de son matelas ainsi que la chaleur de ses couvertures pour une bonne nuit de sommeil méritée, bien que courte. Se souvenant devoir rejoindre son binôme, le préfet de Serdaigle, afin de faire un point sur leur ronde de ce soir-là avant de pouvoir rejoindre leurs salles communes respectives, Lily reprit sa baguette en main.
Une masse la frôla, passant à côté d'elle dans le noir et le silence le plus complet, lui arrachant un hoquet de surprise. La préfète réagit instantanément : elle lança un Lumos informulé en tendant la main vers la chose – ou plutôt la personne – qui l'avait effleurée en espérant l'attraper.
Rien. Le hall était vide. Etrange… Peut-être était-ce un fantôme qui passait par là, ne l'ayant pas vue dans l'obscurité. Toutefois, un détail attira son attention. Le bout d'une chaussure apparaissait à quelques mètres d'elle. Un élève se plaquait dos au mur, tentant de se cacher de la préfète à en juger la position. Lily fronça les sourcils. Soit l'élève était très mauvais en sort de désillusion, soit il s'agissait d'autre chose. Elle entendit des chuchotements nerveux alors qu'elle s'approchait du mur, près des escaliers par lesquels l'élève semblait avoir voulu se diriger. Il n'est pas seul…
« Inutile de te cacher plus longtemps » déclara la préfète en pointant le bout de sa baguette illuminée vers lui. « Je te laisse cinq secondes pour révéler ton identité. »
Le silence le plus total lui répondit, ce qui l'agaça fortement.
« Cinq » décompta-t-elle un peu plus fort. « Quatre. Trois. Deux… »
Un bruissement de tissus se fit entendre, et une cape brodée de fils d'argent tomba lourdement au sol, laissant à découvert l'explorateur nocturne un peu trop téméraire. Ou plutôt les explorateurs, pris la main dans le sac.
Devant elle se tenaient les Maraudeurs dans leur totalité. James Potter la regardait avec un air de chien battu, cachant visiblement quelque chose dans son dos. Sirius Black fusillait Peter Pettigrew du regard, ce dernier se tassant pour se faire oublier Lily, en les examinant, comprit qu'il était celui qui les avait fait repérer. Remus Lupin, l'autre Préfet-en-Chef qui n'était pas de ronde ce soir-là, affichait un air coupable, détournant les yeux pour ne pas affronter sa collègue.
« Pourquoi est-ce que je ne suis pas étonnée ? » dit Lily en poussant un long soupir. « Et qu'est-ce que c'est que ce truc ? »
Elle se baissa pour ramasser la cape étalée au sol. James réagit au quart de tour, affolé, et s'abaissa vivement lui aussi pour la récupérer avant que la préfète ne mette la main dessus. Elle lui lança une œillade aussi ennuyée que perplexe, apercevant une étrange carte dans la main qu'il cachait quelques instants plus tôt.
« Confisqués, Potter ! lâcha-t-elle, cinglante.
- Quoi ?! s'écria-t-il. Mais non !
- Comment ça, non ? Tu te fiches de moi, là, Potter ?
- Tu ne peux pas faire ça, Lily ! » l'implora-t-il.
Il se tourna vers ses trois amis qui n'en menaient pas plus large.
« Elle ne peut pas faire ça ? demanda James en s'adressant à Remus.
- Je suis Préfète-en-Chef, Potter. Non seulement je vous retire dix points chacun, mais en plus, vous allez gentiment me donner tout ce précieux matos qui vous permet visiblement de rôder la nuit dans le château. Et ce n'est pas négociable, ajouta-t-elle.
- Si on remet la cape, on peut s'enfuir sans qu'elle nous voie… murmura Peter à James avec espoir.
- Dans tes rêves, Peter. Bouge d'un seul millimètre et je te pétrifie sur place. Peut-être que vous m'échapperez sur le moment, mais j'ai suffisamment de mémoire pour m'en souvenir demain ! Et toi ! blâma-t-elle l'autre préfet, je savais que tu les laissais faire n'importe quoi… Mais de là à participer à leurs coups foireux ! Tu me déçois énormément, Remus !
- On ne préparait pas de coup foireux… tenta faiblement James.
- On faisait juste une petite balade nocturne : trois fois rien ! » poursuivit Sirius en levant les mains innocemment.
Lily se pinça l'arête du nez. Ces quatre-là étaient incorrigibles… Elle qui pensait qu'ils avaient fini par mûrir, avec les années…
Un miaulement sourd retentit dans le couloir, les figeant. Quelques secondes plus tard, Miss Teigne apparut aux côtés de Lily, miaulant de plus belle.
« Eh merde… pesta Sirius.
- Eh bien, ma belle, qu'avons-nous là ? » articula la voix jubilante d'Argus Rusard, le concierge de Poudlard.
L'homme s'avança en claudiquant jusqu'à arriver à hauteur des cinq élèves hors des dortoirs. Il passa en revue chacun d'entre eux, non sans être fier d'avoir mis la main sur le quatuor infernal de Gryffondor.
« Voyez-vous ça, dit-il. La bande de Monsieur Potter au grand complet… Et vous, commença-t-il en direction de Lily, vous…
- Je faisais ma ronde, crut-elle bon de rappeler en désignant son insigne. Je suis Préfète-en-Chef.
- Ah, oui. Voilà qui change pas mal de choses… répondit le concierge, semblant réfléchir. Pourquoi n'avez-vous pas raccompagné ces vauriens jusqu'aux dortoirs ? l'accusa-t-il.
- C'est ce qu'elle était justement en train d'essayer de faire, la défendit James. Monsieur » ajouta-t-il sous le regard perçant de Rusard.
Lily tourna des yeux ronds vers le garçon. Mais à quoi jouait-il ?!
« Vous dites que Miss…
- Evans, compléta-t-elle.
- …Que Miss Evans était en train de vous punir et de vous ordonner de repartir à la tour de Gryffondor ?
- Oui, acquiescèrent en chœur les garçons.
- Bien. Très bien. Hors de ma vue ! Tous ! Et vous aussi, Miss ! Mais avant cela, vous allez me faire le plaisir de me remettre les objets que vous transportez avec vous.
- Je ne…
- Donnez-moi ça, ordonna Rusard en tendant la main vers James Potter. Non, non, non… je ne parle pas que de ce vieux parchemin. L'autre aussi !
- Cette cape est la mienne, Monsieur, intervint Lily à la surprise des garçons. Potter l'a ramassée lorsque je l'ai perdue, au moment où je les ai coincés, tout à l'heure. »
Elle ne sut qui de Rusard ou de ses camarades l'observaient avec le plus d'incrédulité. Elle poursuivit. Au point où elle en était…
« Il s'agit d'une vieille cape me servant pour un devoir de Métamorphoses, inventa-t-elle. Je l'ai prise avec moi car je dois la remettre à Ian McGregor, le préfet de Serdaigle chargé de la patrouille ce soir. Nous travaillons ensemble sur ce projet. »
Argus Rusard plissa les yeux. Lily espérait que son piètre mensonge suffirait à convaincre le Cracmol, d'autant plus s'il ne se tenait pas au courant des cours et des programmes de ses collègues enseignants. Au vu du petit sourire en coin qu'arborait James Potter, les yeux étincelant d'une lueur nouvelle, elle s'était peut-être montrée plus persuasive que prévu…
« Potter » grogna Rusard, « rendez-lui sa cape à votre camarade. Ce n'est pas la peine de venir réclamer ceci » poursuivit-il en agitant la Carte des Maraudeurs comme un trophée.
Rusard raccompagna les cinq élèves jusqu'au portrait de la Grosse Dame dans un silence de plomb. Lily n'avait pas cherché à rejoindre Ian elle était en retard, et elle se doutait que le Serdaigle avait dû rentrer depuis un moment en ne la voyant pas arriver. Après une dernière myriade de reproches et menaces de punitions de toutes sortes de la part du concierge, les Gryffondor entrèrent dans leur salle commune.
James Potter s'écroula fatalement dans l'un des fauteuils.
« Par Merlin, souffla-t-il, on a eu chaud…
- Rappelez-moi qui a eu cette idée fabuleuse, dit Remus qui parlait pour la première fois.
- Je me décharge de toute responsabilité, répondit Sirius d'un air innocent. Cela aurait pu plus mal se passer…
- Plus mal se passer ? croassa Peter. Il a la Carte des Maraudeurs !
- La quoi ? réagit enfin Lily.
- Ça n'a pas d'importance, coupa Remus. Merci, Lily.
- Ne me remercie pas trop vite, Lupin. Ta présence avec ces trois-là ce soir ne restera pas impunie.
- Je pense que je l'ai mérité… admit le préfet, penaud.
- C'est pas le tout, mais je vais me coucher, les informa Sirius après un bâillement sonore. Bonne nuit, Lily-Jolie ! »
Lily lança un regard noir à Sirius alors que ce dernier riait, suivi par Remus qui la salua à son tour et Peter qui lui adressa un hochement de tête. Ne restait plus que Potter. Fabuleux… se dit-elle. Ce dernier se redressa en position assise, dardant un regard pénétrant sur elle. Elle rougit, mal à l'aise.
« Merci, Lily. Pour la cape. Tu n'étais pas obligée de... Enfin, tu sais.
- C'est bon, Potter. Tu avais l'air tellement angoissé à l'idée qu'on te confisque ce bout de chiffon…
- Ce n'est pas un simple bout de chiffon, s'offusqua-t-il en souriant malgré tout.
- Non, en effet. Je pense bien tenir entre les mains l'arme de tous vos crimes, dit-elle d'un ton exagérément dramatique.
« Je dirais plutôt notre complice » rit le garçon à lunettes.
Il se leva pour se poster devant elle, gardant une distance d'un bon mètre. Passant nerveusement une main dans ses cheveux, les ébouriffant encore plus qu'ils ne l'étaient déjà, il tenta :
« Si tu veux bien me la rendre…
- Non. »
Il soupira, puis plongea ses yeux dans les siens. Ce vert hypnotique le tuerait de désir, un jour.
« Arrête de me regarder comme ça…
- Comment ? s'amusa-t-il.
- Tu le sais très bien…
- Je ne peux pas m'en empêcher » éluda-t-il en haussant les épaules avec désinvolture.
Et pourtant, les sentiments qui se lisaient dans ce regard n'avaient rien de désinvoltes. Lily préféra dévier le sujet.
« Je vais garder la cape, Potter. »
Il la dévisagea un instant, avant de lui sourire d'un air qui se voulait charmeur.
« Serait-ce pour garder un petit bout de moi avec toi, Evans ?
- Quel imbécile… marmonna Lily en secouant la tête. Ça vous évitera surtout à tes petits rigolos de copains et toi de sortir en pleine nuit le reste de l'année ! »
A ces mots, le masque séducteur de James fondit pour laisser place à une lueur de réelle inquiétude. Lily fronça les sourcils à sa vue. Qu'est-ce qui pouvait bien le contrarier à ce point ?
« Hé, relax, Potter ! Je vais te la rendre, ta précieuse cape... Après les ASPIC, lorsque nous quitterons Poudlard…
- Je préfère que tu sois celle qui l'aies entre les mains plutôt que Rusard, se résigna James. Mais je souhaiterais quelque chose en échange, Evans, ajouta-t-il en vrillant ses yeux dans les siens.
- Je suis préfète, Potter. Ce n'est pas censé être négociable. Mais je t'écoute… capitula-t-elle devant son visage réellement défait.
- Accompagne-moi à la soirée de Slughorn, demain. S'il te plaît.
- Potter…
- Laisse-moi finir, l'interrompit-il. Je te demande juste d'accepter de me supporter le temps d'une soirée. Que nous y allions ensemble ou non, nous y sommes tous deux attendus. Laisse-moi te prouver que je peux être bien plus que cet imbécile puéril pour lequel tu me prends. Et si vraiment tu ne changes pas d'avis à mon sujet au terme de la soirée, je te jure de ne plus rien tenter à ton égard.
- Tu me laisserais tranquille, après ça ? demanda Lily, sceptique.
- Oui. Je te le promets.
- C'est d'accord, accepta-t-elle. Je peux bien faire un effort… Ne te réjouis pas trop vite, Potter ! l'arrêta-t-elle face à sa mine enjouée. Je t'enlève tout de même dix points pour ton escapade foirée. »
Anastasiya envoya violemment valser un cognard d'un coup de batte bien placé. Ce dernier se dirigea droit vers Ernestin Dolohov, le cinquième année de Serpentard qui avait été recruté par l'équipe sur le second poste de batteur. Le garçon, campé dans les airs sur son balai qui paraissait trop petit pour son gabarit aussi grand que massif malgré son jeune âge, le lui renvoya plus fort.
Flint observait attentivement l'échange pendant que dans son dos, les deux autres poursuiveurs mettaient à jour des techniques de passes avec le souaffle, tentant en même temps de vaincre le barrage du gardien. Agrippant le manche de son balai, il s'approcha lentement des batteurs.
« Moins fort et plus précis, Dolohov ! recommanda-t-il à la nouvelle recrue. Anastasiya frappe peut-être moins fort que toi, mais elle est d'une précision redoutable. Tes muscles sont ta force, mais tu dois apprendre à viser correctement si tu souhaites vraiment devenir un as dans la manche de notre équipe.
- Compris » maugréa Dolohov de mauvaise grâce, vexé.
Demetrius Flint opéra un rapide demi-tour avant de s'envoler vers les anneaux du terrain, desquels Rabastan Lestrange, son comparse de septième année et gardien de l'équipe, lui envoya le souaffle au vol. Flint le rattrapa sans aucune difficulté avant de scanner des yeux le terrain. Le dernier membre de l'équipe, vêtu de son uniforme sportif aux couleurs vert et argent de leur maison, arrivait tranquillement au milieu du terrain, balai à la main. Une fois près du coffre de Quidditch, il en libéra le vif d'or qui disparut instantanément.
Voyant le nouvel arrivant enfourcher son balai sans se presser, Flint balança le souaffle à Serena Selwyn, la nouvelle poursuiveuse – et seconde fille à avoir réussi à intégrer l'équipe de Serpentard… – avant de descendre en piquet vers le sol. Parvenu à sa hauteur, planant de façon à le surplomber de deux mètres, il toisa l'attrapeur.
« Tu es en retard, Black. »
L'attrapeur haussa un sourcil à la remarque. Sans répondre, le balai coincé entre les cuisses, il attrapa les mèches de cheveux sombres qui lui barraient le visage pour les nouer vers l'arrière à l'aide d'un catogan.
« C'est la troisième fois ce mois-ci, insista Flint avec une pointe d'agacement.
- Je le sais, dit Regulus en décollant à sa hauteur.
- Les raisons pour lesquelles tu n'es pas à l'heure ne me regardent pas, Black, mais ta présence n'est pas indispensable dans l'équipe…
- Alors trouve un remplaçant » répondit Regulus en le défiant froidement de ses yeux d'acier.
Il planta là Flint, filant à toute vitesse en quête du vif d'or. Demetrius retourna avec les poursuiveurs sans lâcher Regulus du regard, appréciateur quant à la vitesse et la légèreté avec laquelle le cadet Black volait sur sa Flèche d'Argent. Il aurait bien mis sa menace à exécution dans le cas où les retards de Black ainsi que son arrogance se poursuivaient dans les semaines à venir encore fallait-il trouver un autre attrapeur à la hauteur…
A la fin de l'entraînement, l'ensemble de l'équipe redescendit sur la terre ferme. Flint les examina avec fierté. Si avec cette équipe de choc il ne remportait pas la coupe de Quidditch pour terminer en beauté sa scolarité à Poudlard, il ne comprendrait définitivement pas. Il avait craint que le renouvellement de l'équipe pose problème, trois postes s'étant libérés à la fin de l'année précédente avec le départ d'un poursuiveur, d'un batteur qui faisait des merveilles et de leur attrapeur suffisamment adroit pour avoir réussi à attraper plusieurs vifs d'or au cours des matchs qu'il avait joué. Mais les nouveaux arrivants lui semblaient plus que prometteurs, s'intégrant parfaitement à leur équipe.
L'une des grandes surprises s'étaient par ailleurs avérée être Serena, la seconde fille à les avoir rejoints en l'espace de deux ans. Cette dernière s'était largement démarquée lors des sélections… Flint avait dû convaincre les autres garçons de la recruter, tenant le pari qu'elle réussirait mieux que n'importe quel autre prétendant au poste de poursuiveur à leur faire gagner des points précieux lors des futurs matchs. La jeune fille semblait déjà épanouie parmi eux, et surtout auprès d'Anastasiya Karkaroff, leur sulfureuse batteuse avec qui elle devenait de plus en plus complice. Solidarité féminine, sans doute… se dit Flint.
Ernestin Dolohov, le petit-frère de son camarade d'année, Antonin, pourrait lui aussi devenir un sérieux atout s'il suivait davantage ses directives ainsi que celles de sa coéquipière. Fierté masculine oblige, le colosse de cinquième année rechignait à écouter une fille qui était pourtant (pour le moment) meilleure que lui sur le poste le plus violent du Quidditch… Mais Flint avait confiance. Il savait que Dolohov finirait par se dérider au fil des entraînements, et à progresser. Sa force brute pourrait alors égaler celle de son prédécesseur.
Enfin, le capitaine de l'équipe de Serpentard n'aurait pas pu rêver mieux que recruter Regulus Black en tant qu'attrapeur. Ce dernier n'avait, dans un premier temps, pas été intéressé par ce poste. Il était venu postuler en tant que batteur, mais Flint l'avait immédiatement stoppé dans sa démarche. Premièrement, il voyait très mal Black jouer en partenariat avec Karkaroff les deux ne se seraient pas entendus sur le long terme, étant aussi orgueilleux l'un que l'autre... Le cognard aurait sûrement fait plus d'allers-retours entre eux plutôt qu'être envoyé vers les autres équipes… Ensuite, l'autre Black était le batteur de l'équipe de Gryffondor, leur plus grande rivale. Flint voyait encore moins Regulus affronter Black l'aîné sur le terrain soit il l'aurait mitraillé de cognards sans se soucier du reste du jeu, soit il aurait au contraire sourcillé à l'idée de lui en envoyer ne serait-ce qu'un seul. Enfin, Demetrius avait réussi à placer une pique bien placée qui avait achevé de le dissuader dans son choix : « Est-ce par complexe d'infériorité que tu souhaites devenir batteur, Black ? Ton frère est très bon sur ce poste, chez les Gryffondor. Peut-être souhaites-tu te prouver quelque chose en le surpassant ? » Son ton narquois avait agacé Regulus, qui s'était apprêté à faire demi-tour et repartir. Flint l'avait toutefois retenu avec ces mots : « Batteur n'est pas un poste qui te conviendra, Black, crois-moi. Toi, c'est attrapeur, que tu devrais être. Pouvoir jouer en solitaire sans qu'on te dicte ce que tu as à faire... Réfléchis : tu aurais le pouvoir de mettre fin au jeu en l'espace d'un instant... Un mouvement et tout se termine. » Regulus avait accepté de relever le défi au grand bonheur du capitaine. Mais Flint aurait préféré que le garçon s'avère plus malléable…
« Bien, tout le monde ! » s'exclama-t-il à l'encontre de tous les joueurs. « Vous avez mérité un peu de repos. On remettra ça mercredi en fin d'après-midi ! »
Les joueurs disposèrent, se dirigeant en groupe vers les vestiaires pour prendre une bonne douche avant de rentrer au château pour réellement démarrer leur week-end. Les membres masculins entrèrent par la première porte, tandis que les deux filles s'en allaient vers une entrée disposée quelques mètres plus loin.
Rabastan Lestrange, dernier à entrer, s'adossa un moment à la porte ouverte du vestiaire des garçons, considérant la batteuse de l'équipe qui avait commencé à tirer sur l'élastique qui retenait sa lourde masse de cheveux noirs. Se sentant épiée, Anastasiya tourna la tête vers lui. Elle se sentit rougir en voyant le séduisant septième année qui la dévisageait de ses yeux bruns où brillait la flamme taquine habituelle qu'ils arboraient lorsqu'il s'adressait à elle.
« Tu refuses toujours que l'on se rejoigne dans les vestiaires, Karkaroff ? » s'enquit-il avec un sourire innocent.
Ana rougit de plus belle. Maudits soient-ils, lui et son air faussement angélique. Maudites soient ses iris qui lui rappelaient les savoureux chocolats chauds d'hiver. Maudite soit sa chevelure brune habituellement si bien coiffée qui avait été ébouriffée par le vent, le rendant encore plus tentateur. Maudit soit son uniforme de Quidditch qui moulait ses jambes puissantes et son torse musclé, révélés par le manteau qu'il avait délibérément détaché.
Le jeune homme haussa un sourcil suggestif, attendant sa réaction.
Reste calme, Ana… Ne montre surtout pas à ce goujat l'effet qu'il te fait…
« La réponse reste inchangée, Lestrange. C'est non ! »
Elle s'empressa d'entrer les vestiaires des filles, claquant la porte en entendant le rire du septième année. Elle se déshabilla à la volée en ignorant une Serena étonnée avant de filer vers les douches, s'aspergeant du jet brûlant qui s'échappait du pommeau qu'elle venait de furieusement activer du poing. C'était plutôt d'une douche froide, glaciale, dont elle aurait eu besoin…
Une demi-heure plus tard, remise de ses émotions, Anastasiya sortit des vestiaires en compagnie de sa coéquipière, en pleine discussion à propos des BUSES qu'elle avait passées l'année précédente et que Serena devrait affronter à la fin de sa cinquième année.
En route pour le château, elles furent interrompues par l'apparition d'un petit oiseau en papier qui voletait joyeusement autour d'elles. La russe reconnut l'origami enchanté et s'en saisit. Elle l'ouvrit.
Mission P,B,L,P : accomplie
Mystère résolu. Ils ne causeront plus aucun problème.
L.E
Ana sourit. Lily Evans savait tenir parole. À son tour, de tenir la sienne…
« Ton air béat me fatigue, Cornedrue » lâcha Sirius Black à son ami alors qu'ils étaient attablés avec les deux autres membres de leur petit groupe à la table de Gryffondor pour le déjeuner. « Tu souris bêtement depuis que tu t'es levé ce matin… c'en est presque effrayant ! »
Le sourire de James s'élargit encore plus alors qu'il repensait à son entrevue nocturne avec Lily. Il irait au dîner de Slug avec Lily. Elle avait accepté… Il n'en revenait pas. Peut-être avait-il bien fait de lui lâcher la grappe pendant un moment, finalement…
Peter se râcla la gorge avant de prendre la parole à son tour, inquiet.
« Nous n'avons plus ni la cape, ni la carte... Comment peux-tu être aussi heureux ? Comment allons-nous faire ?
- L'amour est plus fort que tout, Queudver ! commenta triomphalement Sirius alors qu'il remplissait son assiette.
- On ne dirait jamais que nous venons de faire perdre quarante points à notre maison, ni que nous avons perdu les deux seuls objets qui vous permettaient de… de faire vous savez quoi, contra Remus dans le plus grand des calmes en dépit de sa contrariété. J'espère que Rusard ne m'a pas reconnu ; sinon, je peux dire adieu à mon insigne…
- Ne t'en fais pas, Lunard… il ne se souvenait même plus que Lily était la Préfète-en-Chef… Et elle me rendra la cape à la fin de l'année. C'est tout ce qui m'importe, dit James en haussant les épaules.
- Tu lui fais confiance aussi aveuglément ? questionna Peter.
- Bien sûr ! répondit James, c'est Lily !
- Et pour ta Poufsouffle ? demanda Remus en jetant un œil à la table de ces derniers. Est-ce qu'elle est au courant que tu comptes aller à une soirée privée avec une autre fille qu'elle ?
- J'ai rompu ce matin. »
Sirius, qui portait sa fourchette à sa bouche, suspendit son geste. Il se tourna vers le brun à lunettes assis à ses côtés.
« Attends, quoi ?
- Je n'ai pas envie de la faire souffrir, fit James comme si cela sonnait comme une évidence.
- Je ne sais pas ce qui est le pire… réfléchit Sirius. Cacher à sa petite-amie que l'on sort avec une autre le temps d'une soirée, ou la larguer exprès pour aller au dîner avec l'autre…
- C'est vrai qu'en termes de la relations sentimentales, tu es un expert, Patmol… » ricana James en lui assénant une tape dans le dos.
Remus et Peter rirent également devant l'air faussement vexé de Sirius.
« As-tu seulement déjà réellement aimé l'une des filles avec qui tu es sorti, Sirius ? se permit de lui demander Remus.
- Quelle réponse souhaites-tu entendre, Lunard ? Mensonge ou vérité ?
- Hé, regardez ! s'exclama la voix d'un élève un peu plus loin à leur table. Skeeter a déjà écrit un nouveau numéro ! »
L'attention des Maraudeurs fut entièrement détournée par la nouvelle. James, qui ressentait toujours la même rancœur (inavouée) envers la Serpentard qui s'était amusée à déblatérer des immondices à propos de Lily, tendit le bras pour voler la mini gazette que son camarade de quatrième année venait d'ouvrir sous les protestations de ce dernier.
Sur qui cette couleuvre avait-elle encore fait baver son encre ?
Il parcourut les titres en vitesse sans prendre le temps d'en lire le contenu. Incident en classe de Potions, Comment l'équipe de Serpentard a-t-elle recruté sa nouvelle poursuiveuse ? : nous vous révélons tout !, Aileen O'Ryan : une tentative ratée pour devenir un animagus, Pourquoi Peeves en veut-il tant à Connor Smith ?...
James sentit Sirius se figer à ses côtés. Les familles Black et Duchesne : une union prochaine ?
Il était inutile de lire le contenu de l'article. Les photos accolées de Regulus Black et de Victoire Duchesne parlaient pour elles-mêmes.
Sirius leva les yeux des visages de son frère et de celle qui était, il fut un temps, son amie, avant de chercher ces deux-là à la table des Serpentards, située de l'autre côté de la Grande Salle. Rien ne laissait suggérer une quelconque union entre eux. Victoire déjeunait avec son petit frère, étrange tache rouge et or au milieu du vert des serpents, son groupe d'amies à leurs côtés. Regulus, quant à lui, était entouré de ses éternels acolytes que Sirius avait toujours trouvé louches : Servilus, Lestrange, Dolohov, Avery, Mulciber et compagnie…
Le Gryffondor sentit une pression amicale s'exercer sur son épaule ; James venait d'y poser la main. Le brun se pencha vers lui et lui murmura discrètement :
« Tu n'as jamais vraiment aimé un seul de tes innombrables flirts, mon frère. Mais tu ne me feras pas croire que tu n'as jamais été amoureux… »
De l'autre côté de la Grande Salle, à la table des Serpentards, Anastasiya lança un Incendio au torchon qui servait de gazette de l'école, s'attirant les regards des autres étudiants mais aussi des professeurs. Elle n'en avait que faire. Jusqu'à présent, Rita Skeeter avait jonglé dangereusement avec les limites à ne pas franchir. Cette fois, elle avait dépassé les bornes.
La russe jeta une œillade haineuse à la pseudo-journaliste de l'école toujours en quête de potins. Celle-ci soutint son regard, passant une main dans ses boucles blondes et relevant ses horribles lunettes sur le haut de son nez.
Skeeter pouvait bien écrire tout ce qu'elle souhaitait à propos d'Ana. Mais il était hors de question que ce cafard s'attaque à l'un de ses proches. Et encore moins à Victoire…
Caché sur son éternelle table ronde au fin fond de la bibliothèque de Poudlard, Severus Rogue rédigeait nerveusement son devoir d'Histoire de la Magie. Il attendait l'arrivée de Victoire qui se faisait attendre.
La sixième année était devenue l'une des personnes avec laquelle il passait le plus de temps en-dehors du groupe de camarades de Serpentard auquel il était associé. Elle avait pris l'habitude de le rejoindre à la bibliothèque de plus en plus régulièrement, les deux élèves appréciant la présence calme et silencieuse de l'autre. Il leur arrivait bien évidemment de discuter, mais Victoire Duchesne avait rapidement compris que Severus avait besoin de s'enfermer dans sa bulle, n'étant ni le plus grand des bavards, ni la personne la plus à l'aise en ce qui concernait les relations sociales. Cela semblait parfaitement convenir à la jeune fille, qui lui avait rapidement fait confiance malgré ses airs austères qui ne faisaient qu'amplifier depuis qu'il avait rompu tout lien avec Lily. De son côté, Severus sentait qu'il pouvait avoir confiance, lui aussi, en la sorcière d'origine française, contrairement à un bon nombre de ses autres camarades de Serpentard. Plus il apprenait à connaître Victoire, plus il se demandait par ailleurs ce que la jeune fille faisait dans cette maison…
Le poids du sac rempli de livres posé sur la table la fit trembler ; Severus grogna en voyant sa plume dévier sur son parchemin. Une excuse rapide fut formulée par l'arrivante avant que cette dernière ne se laisse tomber sur sa chaise.
L'heure avait sonné. Il était temps d'accomplir ce que Regulus lui avait personnellement demandé. Mais Severus ne savait ni comment exposer les choses, ni comment convaincre la jeune fille d'accepter sa requête. Et puis d'ailleurs, pourquoi était-ce à lui que Black avait demandé ce service ?
Parce qu'il est l'un des seuls que tu considères comme ton ami – et réciproquement –… se dit Snape. Et parce que sa future fiancée t'accorde sa confiance…
Serait-ce encore le cas, d'ici quelques minutes ?
« Tu as l'air un peu contrarié, Severus, déclara Victoire, soucieuse. Si tu regrettes d'avoir accepté pour demain soir, nous pouvons…
- Non, non. Ce n'est pas du tout ça, l'interrompit Severus. Mais je dois te parler sérieusement. »
Victoire l'interrogea du regard, ses grands yeux bleus arrondis par la surprise. Il était rare que Severus amorce la discussion par lui-même, et encore plus pour préciser vouloir « parler sérieusement ». Cela ne disait rien qui vaille à la jeune fille.
Son appréhension amplifia lorsque le septième année lança un Assurdiato afin d'être sûr que personne ne les entende.
« Tu m'inquiètes, Severus…
- Je ne sais pas du tout comment amorcer le sujet, alors je vais aller droit au but. Regulus n'est du tout serein, ces derniers temps.
- Si c'est l'article de Skeeter qui le tourmente, qu'il se dise que personne ne la prend au sé-…
- Non, la coupa Severus. Skeeter n'est qu'un détail de plus que les autres élèves ne comprendront probablement pas. Mais n'importe qui venant d'une famille sang-pur peut aisément deviner ce qui se trame depuis la Beuglante envoyée par ton père.
- Mais qui est-ce que cela pourrait bien intéresser ? ricana Victoire de mauvaise grâce. De nombreux mariages arrangés ont fini par ne pas aboutir, et nous ne sommes même pas encore fiancés ! Tout cela ne se rattache qu'à un ancien contrat établi entre la famille de Regulus et la mienne !
- Regulus ne t'en parlera pas, mais il se fait chambrer ces derniers temps. Du moins, les autres lancent parfois des piques très subtiles insinuant qu'ils ont compris la situation… Ils testent ses limites en se servant de toi, termina Severus.
- Ils testent… ses limites ? répéta Victoire, ne comprenant pas. Mais qu'ai-je à voir là-dedans ?
- Tu sais de quoi je parle, insista Severus. Ils essayent de voir jusqu'à quel point Regulus est capable de garder son sang-froid. C'est un petit jeu qui a été lancé depuis un moment, auquel chacun de nous est soumis…
- C'est ridicule, persiffla Victoire en roulant des yeux. Et je ne vois pas en quoi me citer réussirait à sortir Regulus de ses gonds…
- C'est toujours difficile pour un cadet de famille sang-pur de se faire rappeler qu'il n'est que le dernier choix.
- Je te demande pardon ?
- Cesse de jouer les idiotes, Duchesne, râla Severus. Un tel contrat liant deux familles sang-pur concerne avant tout les aînés, tout le monde le sait. Si Sirius Black n'avait pas pris la porte, c'est lui que tu aurais fini par épouser. »
Victoire resta coite, regardant bêtement Severus.
« Cela ne signifie rien…
- Duchesne… soupira Severus en se passant une main lasse sur le visage. Le mariage arrangé vous concernait Sirius Black et toi, et ce depuis ta naissance. Black a officiellement rompu ce contrat en quittant la demeure familiale l'été dernier. Regulus me l'a dit.
- Oh.
- Oui, « oh ». Je ne dis pas que Regulus ne souhaite pas t'épouser, poursuivit Severus. Mais il a conscience de la situation fragile, tout comme les autres s'en doutent, eux aussi. Et cela pourrait poser problème pour plus tard… surtout au vu des réactions déjà amorcées par nos pairs.
- Que puis-je faire pour éviter que Regulus ne se retrouve embarrassé ?
- Je ne te parle pas d'une situation embarrassante, Victoire ; mais d'un véritable danger que vous encourez tous les deux. »
Victoire frissonna. Severus paraissait on ne peut plus sérieux. C'était aussi la première fois depuis qu'ils se côtoyaient qu'il l'appelait par son prénom…
« Regulus aimerait que je vérifie quelque chose, si cela ne te dérange pas. Il aurait aimé le faire par lui-même, mais cela se révèle impossible pour le moment.
- Severus, tu me fais peur… murmura la jeune fille.
- Est-ce que tu me fais confiance, Victoire ? »
Elle plongea ses yeux clairs dans ceux abyssaux de Snape. Parfait, se dit-il. Ne bouge pas…
« Oui, finit-elle par répondre. Je te fais entièrement confiance, Severus.
- Alors pardonne-moi pour ce que je m'apprête à faire. »
Victoire écarquilla les yeux, ne comprenant pas ce qu'il voulait dire sur le moment. Severus en profita pour maintenir le contact visuel, s'enfonçant peu à peu dans les méandres de son esprit. Il survola quelques pensées furtives. N'ayant aucun mal à pousser les portes de sa conscience, il poursuivit plus loin son exploration en remontant dans les souvenirs de la jeune fille. Ceux de la veille. Ceux datant de la semaine précédente… Il arriva devant une porte, plus éloignée, qu'il eut un peu plus de mal à pousser. Il était temps que son amie se rende compte de son intrusion jusqu'alors dissimulée…
Victoire fronça les sourcils, une douleur la tiraillant soudain. Elle sentit la présence parasite dans sa tête alors que ses yeux étaient toujours plongés dans ceux de Severus. Elle tenta de la repousser, en vain. Avec horreur, des images qui dataient de quatre ans plus tôt, alors qu'elle était entrée à Poudlard depuis plusieurs semaines, prirent place.
Son moi âgé de treize ans se tordait de douleur, allongé sur l'immense tapis persan du salon du manoir familial. Une horrible brûlure la consumait de l'intérieur, irradiant ses membres jusque dans les veines alors que Theobald Duchesne pointait sa baguette sur elle. Les cris de l'adolescente se mêlaient à ceux de sa mère, qui suppliait son époux d'arrêter la punition. Dès que le père de famille eut enfin baissé sa baguette, levant le sortilège de Doloris, il s'approcha de sa fille qui gisait à plat ventre sur le sol, le corps secoué par des sanglots. Il se baissa à sa hauteur, lui caressant tendrement les cheveux. « Tu ne reverras plus Sirius Black, Victoire. Je te l'interdis, m'entends-tu ? Tu ne lui parleras plus. Tu ne l'approcheras plus. Ce sera comme si ce traitre-à-son-sang n'avait jamais existé. »
C'en fut de trop pour Severus. Il quitta immédiatement l'esprit de Victoire, dont les larmes coulaient déjà. Que venait-il de faire ?
« Victoire, je…
- Que m'as-tu fait… ? » hoqueta-t-elle.
Elle porta une main tremblante à sa figure, essuyant les larmes traitresses qui dévalaient ses joues.
Elle avait l'impression de revivre ce feu insidieux qui lui avait rongé les membres ce jour-là.
« Cela s'appelle la Legilimancie, lui confia Severus. Certains sorciers peuvent pénétrer ton esprit comme je viens de le faire ; tous tes souvenirs et tes pensées sont alors à leur merci… »
Legilimancie. Alors voilà ce dont Ana lui avait parlé. Ce que son frère, Igor, lui avait fait subir tout l'été. Quelle horreur…
« Je te faisais confiance, Severus... dit-elle faiblement, n'osant plus le regarder. Pourquoi m'avoir fait ça… ?
- Parce que tu ne peux pas rester ainsi, sans aucune défense pour repousser ce genre d'intrusion. Je ne suis pas suffisamment bon dans le domaine pour pénétrer l'esprit de quelqu'un qui pratique l'Occlumancie, mais le tien est un véritable livre ouvert. Tu dois apprendre à le protéger.
- Combien de souvenirs as-tu vus ?!
- Un certain nombre. Tu ne t'es aperçue de ma présence qu'avec le dernier.
- Oh, Merlin…
- Victoire, répéta Severus. Regulus aimerait que tu apprennes l'Occlumancie. Il n'en sait lui-même pas encore suffisamment pour te l'enseigner, alors il m'a demandé de le faire.
- Tu voudrais m'apprendre à faire… ça ?
- Seulement à créer les défenses nécessaires pour fermer ton esprit. Je l'enseigne à Regulus depuis quelques mois, précisa-t-il.
- Je ne sais pas…
- Duchesne, tu n'as pas le choix. Tu sais ce qu'il risquerait d'arriver si quelqu'un de malintentionné voyait ce que j'ai vu dans ta tête.
- Traitre-à-ton-sang… murmura Victoire, davantage pour elle-même. Répèteras-tu à quelqu'un ce que tu as vu, Severus ?
- Jamais. Je t'en fais le serment. »
à suivre...
Réponse à la review de Katymyny : Salut, Katymyny ! Ta review me montre que ce que j'essaye de faire passer à travers Perdre et ses personnages se déroule a priori comme prévu, ce qui me rassure. Tu m'as appris une expression québecoise que je ne connaissais absolument pas, ha ha ! Jolie variante de l'expression que l'on emploie en France. Concernant la photo, je tâtonne pas mal... elle risque de changer à nouveau en cours de route ^^'. J'espère que ce chapitre-ci t'a plu. A bientôt !
