Hey ! Salut, salut, saluuut !

Voici le chapitre n°9, fraîchement terminé et déjà posté ! Je me rends compte avoir été très ambitieuse le concernant... J'ai dû le diviser en deux. Il était BEAUCOUP plus long que les autres précédemment écrits (le double, voire plus, puisque je ne l'ai pas encore tout à fait terminé...), j'ai donc décidé de le scinder pour en poster la première partie ce soir, et la seconde samedi ou dimanche selon le temps que je mettrai pour le finir. Il y aura donc un chapitre 10 d'ici deux jours grand max' qui sortira pour achever cet épisode spécial Samhain, d'où son titre.

Parlons-en, d'ailleurs, de ce chapitre... Je me suis laissée emportée dans une espèce de folie narrative assez inattendue. Je ne sais pas si cela vous arrive, à vous, en tant qu'auteur/rice, mais j'ai parfois l'impression que mon inspiration est semblable aux escaliers de Poudlard... Elle n'en fait qu'à sa tête et il se révèle parfois difficile de la maîtriser... Idem pour les dialogues entre les personnages ou leurs réactions. Pourtant, je vous assure que je suis un fil rouge. Il y a un vrai plan pour cette histoire, plusieurs points à atteindre, mais j'ai tendance à laisser les personnages vivre un peu leur vie comme ils l'entendent... ^^'

Il faut dire aussi que j'ai l'impression de jongler entre insouciance et tragique, querelles enfantines et sujets plus sombres/graves, faux-semblants et sensibilité privée, le noir et le blanc... il est assez difficile de viser dans le mille pour obtenir le gris espéré, finalement.

Bref : je vous laisse constater par vous-mêmes ce que cela donne. J'ai intérêt à mettre un frein, car à ce rythme, le chapitre Samhain ne comportera non pas deux parties, mais trois. Ha ha... ^^'

BONNE LECTURE !

P.S. : Merci à Katymyny, à Jane9699 ainsi qu'à Moony'n'Pad'zzz pour les retours laissés sur le chapitre 8. Katymyny, j'ai pu modifier les chapitres précédents grâce à ta confirmation du problème qui pouvait se poser, alors merci doublement. Jane, quelques réponses à tes interrogations ont été amorcées dans le document précédent, en espérant que cela sera un peu plus clair de ce point de vue. Moony, j'ai préféré te répondre via message privé concernant tes remarques qui m'ont été très utiles. ;-)


CHAPITRE IX

« Êtes-vous sûr que ce jeu de piste d'Halloween était une bonne idée, Albus ? » Minerva McGonagall


Le matin du 31 octobre 1977, personne ne s'était attendu à l'annonce que s'apprêtait à faire Albus Dumbledore, le célèbre directeur de l'école de sorcellerie britannique.

Les élèves étaient entrés au compte-gouttes dans la Grande Salle afin d'entamer un petit-déjeuner sous les récentes décorations d'Halloween qui avaient été installés. De multiples citrouilles grimaçaient au centre des tables, certaines d'entre elles entamant en chœur des chants funèbres. Des chauves-souris traversaient la Grande Salle, frôlant de près les têtes des élèves qui devaient parfois s'abaisser afin de les esquiver. Les bannières des quatre maisons qui resplendissaient habituellement de leurs couleurs rouge, verte, jaune et bleue, avaient laissé place à un mélange d'orange et de noir au centre duquel trônait le blason de Poudlard. De véritables toiles d'Acromentules pendaient du plafond, s'étirant jusqu'aux quatre coins de la salle. Les fantômes s'étaient même invités aux tables des élèves, dispatchés parmi les maisons.

Du haut de l'estrade sur laquelle trônait la table des professeurs, Albus Dumbledore, assis au centre, souriait avec malice. Il but une gorgée de son jus de citrouille avec amusement pendant qu'il observait le jeune Bilius Weasley essayer de sortir de table sans parvenir à décoller ses fesses du banc sur lequel il était installé. Une dizaine d'élèves avant lui avaient tenté de quitter la Grande Salle, ayant terminé leur petit-déjeuner. En vain ; les bancs avaient soigneusement été ensorcelés de sorte à ne laisser partir quiconque serait assis dessus.

« Les derniers élèves viennent d'arriver, Albus » l'informa discrètement Minerva McGonagall en se penchant légèrement vers lui. Dumbledore hocha imperceptiblement la tête avant de saisir sa cuillère. Il tapota de cette dernière le verre vide qu'il venait de reposer, intimant le silence. À l'aide d'un Sonorus, sa voix résonna dans la Grande Salle.

« Chers élèves, je vous souhaite avant toute chose un très joyeux Halloween ! Comme vous le savez déjà, le Samhain est une fête traditionnellement célébrée par les sorciers. C'est pourquoi, cette année, nous vous proposons de fêter Halloween d'une façon des plus inédites pour notre école… »

Des murmures curieux s'élevèrent dans la salle tandis que Dumbledore la balayait des yeux derrière ses lunettes en forme de demi-lunes.

« L'un de nos fantômes a perdu quelque chose de très précieux… » révéla le directeur. « Et nous vous demandons, à vous, chers élèves, de retrouver ce qui lui a été volé… »

Un hennissement strident déchira le silence dans lequel était plongé la Grande Salle. Un cheval ectoplasmique traversa au galop l'un des murs, cabrant devant la table de Serdaigle. L'étalon-fantôme était monté par un cavalier tout aussi fantomatique auquel la tête manquait. Les plus jeunes parurent horrifiés à sa vue, n'ayant encore jamais rencontré de fantôme faisant partie du Club des Chasseurs sans tête.

« Je vous présente Sir Patrick Delaney-Podmore » poursuivit Dumbledore. « Comme vous pouvez le constater, ce fantôme, qui n'est nul autre que le chef des Chasseurs sans tête, semble avoir définitivement perdu la sienne… »

Quelques ricanements retentirent dans la salle. Le directeur de l'école fit signe à l'un des fantômes assis avec la maison Serpentard. Ce dernier soupira avant de sortir de table, volant jusqu'à l'estrade des professeurs pour s'y présenter. Il semblait profondément ennuyé.

« Le Baron Sanglant ici présent a volé la tête de Sir Patrick Delaney-Podmore. Qu'avez-vous à dire pour votre défense, Baron ?

- Je n'ai pas à me justifier, répondit le fantôme. Je ne supporte tout simplement plus les lamentations de Sir Nicholas. Tant que Sir Patrick n'acceptera pas le fantôme de Gryffondor dans son ridicule club sans tête, il pourra dire adieu à la sienne…

- Donc vous ne comptez pas la restituer à son propriétaire.

- Non. Débrouillez-vous pour la retrouver !

- Très bien ; cela suffira, Baron. Je vous remercie pour ces précisions. »

Le Baron Sanglant retourna à la table des Serpentards en marmonnant toutes sortes de plaintes agacées envers Nick-Quasi-Sans-Tête, qui n'avait plus intérêt à lui casser les oreilles au sujet de ce club de malheur qu'il essayait d'intégrer depuis des siècles.

« Votre mission est simple » dit Dumbledore à l'ensemble des élèves qui l'écoutait avec attention. « Enquêtez et retrouvez la tête de Sir Patrick Delaney avant minuit. » Il fit taire les exclamations enjouées des élèves qui s'élevaient déjà des quatre longues tablées. « Que vous soyez seul ou en groupe, libre à chacun de participer à ce jeu de piste qui aura lieu au sein même de l'école. Trois règles seront néanmoins à respecter pour chacun des participants : tout d'abord, seuls les sortilèges mineurs et défensifs sont autorisés ; ensuite, il est formellement interdit de se servir de sa baguette contre un autre élève ; enfin, aucun d'entre vous ne devra sortir de l'enceinte du château. Libre à vous de consulter les fantômes, tableaux et employés de l'école afin d'obtenir des indices... »

Les élèves n'écoutaient déjà plus. La plupart étaient en effusion, attendant avec impatience de sortir de la Grande Salle pour se lancer à la poursuite de la tête du fantôme.

« Jeunes gens… » intervint le directeur sans se départir de son sourire amusé, « Si vous ne me laissez pas terminer, alors vous ne pourrez débuter convenablement votre quête… Voici le premier indice : On n'est pas moins fautif en ne faisant pas ce qu'on doit faire qu'en faisant ce qu'on ne doit pas faire*. Bonne chance !

Le sortilège qui clouait les élèves sur leur banc se leva ; les plus jeunes se ruèrent immédiatement hors de la Grande Salle. Minerva McGonagall les observa sortir, les yeux ronds. Elle se tourna vers le directeur qui semblait toujours analyser chacun des élèves encore présents, à savoir les plus âgés.

« Êtes-vous sûr que ce jeu de piste d'Halloween était une bonne idée, Albus ?

- Ne vous en faites pas, Minerva. Ce genre de défi est le meilleur moyen de travailler en équipe. C'est une aubaine que le Baron Sanglant ait commis son méfait la veille du Samhain et ait accepté de créer ce jeu de piste...

- Mais comment l'avez-vous donc convaincu, Albus…?

- Oh, rien de plus simple, Minerva : le Baron est persuadé qu'aucun élève ne mettra la main sur ce qu'il a caché…

- Et n'avez-vous pas peur d'un quelconque… débordement ?

- Nous serons vigilant à propos des élèves, assura le directeur. Tout ce que nous avons à craindre reste l'affrontement entre le Baron Sanglant et Sir Patrick lorsque ce dernier aura retrouvé la tête… »

McGonagall n'était pas convaincue…

Du bout de la table de Serpentard, Victoire posa le menton sur sa paume afin d'observer le reste de la salle. Les tablées de Poufsouffle et de Gyffondor étaient à moitié désertes, tandis que celle de sa maison restait presque complète. Serdaigle n'avait perdu qu'un quart de ses étudiants, les autres ayant commencé à changer de place pour visiblement mieux se regrouper et commencer à réfléchir à la question en équipe. La blonde darda un œil vers ses camarades de maison, sur lesquelles elle avait pleine vue de la place qu'elle occupait. Individualistes, comme toujours. C'était à se demander si l'un d'entre eux avait écouté le discours de Dumbledore quelques minutes plus tôt…

Victoire comprit sa méprise lorsqu'elle sentit Amalia amorcer un mouvement. La jeune fille venait d'enjamber le banc et s'apprêtait à le quitter. Elle lissa et replaça rapidement ses cheveux coupés au carré en se regardant à travers son gobelet, puis se leva.

« Nérée vient de me proposer de les rejoindre, les autres et lui, pour participer au jeu. Vous vous joignez à nous ? » demanda-t-elle à ses trois amies.

Victoire interrogea du regard Ophelia et Anastasiya qui ne réagirent pas tout de suite. Elle fut la première à répondre : « Cela ne sert à rien que je me lance là-dedans… Je dois me rendre au dîner de Slughorn, ce soir… »

Amalia se tourna vers sa sœur, lui adressant un petit sourire plein d'espoir. Cela faisait des semaines qu'elle n'avait pas réellement passé du temps avec sa jumelle, et elle espérait que cette dernière accepterait l'invitation…

« Sans façon, merci, répondit Ophelia. Tu m'excuseras, Amy, mais je n'ai aucune envie de passer du temps avec Wilkes et sa clique…

- D'accord… J'imagine que si Ophia ne vient pas, alors toi non plus ? interrogea-t-elle finalement Anastasiya.

- Pas vraiment intéressée, non… confirma évasivement Ana. »

La russe n'avait pas lâché des yeux Rabastan Lestrange qui la fixait également, attendant visiblement qu'elle se joigne à leur groupe. Raison de plus pour décliner…

Victoire examina l'ensemble du groupe qui s'apprêtait à se lancer dans l'aventure. Mais combien allaient-ils être, au juste ?! Comme si une équipe d'une dizaine de participants pouvait enquêter correctement !

« Bon, eh bien… À plus tard, je suppose… » dit finalement Amalia avant de leur tourner le dos.

Victoire la regarda rejoindre Avery, le cœur serré. Sa tristesse était clairement visible. La française savait qu'Amalia sentait l'éloignement de sa sœur et en souffrait. Mais elle ne pouvait s'en mêler, comprenant autant la peine de l'une comme l'irritation de l'autre… Anastasiya se racla la gorge une fois leur amie partie.

« Tu ne comptes vraiment pas participer, alors ?

- Non. Je déteste commencer une chose que je ne peux pas terminer…

- Bon, nous devrons nous passer de ton cerveau, dans ce cas… Heureusement qu'il me reste la grosse tête de Dhont…

- Hé ! répliqua Ophelia. Je te signale que tu es bien plus futée que ce que tes résultats scolaires laissent entendre ! Tu es peut-être même un peu trop rusée, dans ton genre…

- Dites-vous que vous réfléchirez toujours mieux à deux qu'en étant douze, glissa Victoire en haussant les épaules. »

La jeune fille se leva à son tour. Elle salua ses amies avant de quitter la Grande Salle en direction de la bibliothèque qu'elle espérait être vide.

Elle ne fut pas le moins du monde surprise en retrouvant Severus, déjà installé à leur table près de la Réserve Interdite. À son arrivée, le garçon leva le nez de son livre, ses longs cheveux noirs lui couvrant les yeux. À travers, Victoire sentit la même hésitation que celle qui la tiraillait. Après un instant de réflexion, elle finit par s'asseoir face à lui.

« Je ne pensais pas que tu viendrais, avoua Severus avant de se replonger dans sa lecture.

- Je ne t'ai pas vu t'éclipser de la Grande Salle, contourna Victoire. Tu es une vraie chauve-souris d'Halloween, en fait. Tu portes des chemises aux manches trop larges pour toi ; tu voles en solitaire et n'acceptes pas d'intrus sur ton territoire ; tu te volatilises en un clin d'œil…

- Merci pour la comparaison des plus constructives, Duchesne.

- Il n'y a pas de quoi, Snape. »

En le voyant poursuivre sa lecture plutôt que la discussion, Victoire commença à douter quant à son choix de l'avoir rejoint. Ses doutes se dissipèrent lorsqu'il ferma son livre pour lancer un Assurdiato puis croiser les bras par-dessus, lui portant toute son attention.

« As-tu réfléchi à ma proposition ?

- Oui. Si je refusais, tu te doutes bien que je ne serais pas ici en ce moment même.

- Mais ? Parce qu'il y a un mais, non ? Je te connais bien, à présent, Duchesne.

- Inutile de rappeler comment et pourquoi, railla Victoire. Effectivement, il y a une condition que je souhaite imposer avant de te laisser le champ libre pour violer mon intimité.

- Pour t'apprendre à contrer les intrusions dans ton intimité, reformula platement Severus.

- Laisse-moi voir la tienne.

- Je te demande pardon ?

- Tu as très bien entendu. Tu as vu plus que tu ne l'aurais dû, Severus. Et tu en verras davantage par la suite, si j'ai bien compris. Je te demande, en gage de confiance, sa réciprocité. Montre-moi l'un de te secrets, quelque chose que personne ne devrait savoir. Nous serons quittes.

- Tu as conscience que c'est pour t'aider, ce que je te propose ? Je ne trouve pas cela très équitable. »

Victoire haussa les épaules sans se démonter. Envers et contre tout, Severus était l'une des personnes en qui elle avait le plus confiance. Si on lui avait dit il y a quelques années qu'elle nouerait ce genre de lien avec le garçon que les autres surnommaient en aparté la chauve-souris de Serpentard, elle ne l'aurait pas forcément cru. Et pourtant, le fait était bien là. Mais ce n'était plus suffisant. Elle avait besoin qu'il lui retourne cette confiance s'ils voulaient que leur projet fonctionne.

« Autre chose, annonça Victoire tandis que Severus secouait la tête, désabusé. J'exige un serment inviolable.

- As-tu conscience de ce que ce type de sortilège représente ? De ce qu'il entraîne ?

- Oui. Et il est hors de question que tu entres dans ma tête sans le serment de ne rien révéler. Je te fais confiance, précisa-t-elle. Mais les paroles ne pourront suffire à ce stade. En contrepartie, je m'engagerai à ne rien révéler de ce que tu m'auras montré en retour.

- Très bien. Quand ?

- Ce soir. Après le dîner de Slug.

- Tu sais qu'il faut un témoin pour lier le serment ?

- Regulus s'en chargera. Puisque c'est lui qui t'a demandé ça, grimaça Victoire, il n'y verra pas d'inconvénient, n'est-ce pas ? »

Severus acquiesça malgré lui. Il se demandait encore dans quelle histoire il s'était embarqué. Cela lui apprendra à accepter d'aider le seul véritable ami qu'il possédait…

Il expliqua à Victoire les principes de la Legilimancie ainsi que la façon de procéder par son utilisateur. L'Occlumancie, point principal de l'apprentissage que devrait subir Victoire, viendrait plus tard. Il était important que sa camarade comprenne le phénomène avant de tenter de s'en parer. Bien que Severus n'était pas très emballé à l'idée de laisser quelqu'un entrer dans son esprit pour jouer les voyeurs, il devait bien se rendre à l'évidence ; Victoire devait expérimenter la Legilimancie si elle souhaitait la comprendre, même l'espace de quelques secondes. Et qui d'autre que lui-même pouvait lui servir de cobaye… Il lui suffirait simplement de baisser ses défenses un court instant.

« Regarde-moi, ordonna-t-il. Voilà, comme ça... Ne me lâche pas du regard. Concentre-toi sur ce que tu recherches. Quel genre d'information ? À quel point souhaites-tu la trouver ?

- Je ne vois rien, pour le moment… À part ton grand nez, bien sûr. »

Severus claqua le plat de sa main sur la table, aussi vexé qu'agacé.

« Tu veux bien être sérieuse deux minutes ?! Évidemment que tu ne vois rien ! La Legilimancie est un art extrêmement difficile à dompter !

- Du calme, Sev. Je plaisantais.

- Ne m'appelle pas comme ça… grogna-t-il. As-tu bien compris tout ce que je viens de t'expliquer ?

- Je pense, oui, affirma-t-elle plus sérieusement.

- Je vais t'aider à entrer dans mon esprit. Ne le refais jamais sur quiconque. Tu ne maîtrises pas cet art ; n'importe qui se rendrait compte de ton intrusion... Ça relève de la Magie Noire, Duchesne. Tu ne pourras voir que ce que je pousserai volontairement vers toi, et parce que je lève complètement mes défenses pour te laisser champ libre.

- Compris. Legilimens.

Victoire se sentit partir avec ce simple mot faiblement murmuré. Ses yeux rivés droit dans ceux de Severus semblèrent s'enfoncer plus loin, beaucoup plus loin, au plus profond des abysses de son esprit.

Elle ne voyait plus ni le visage du garçon, ni ses iris aussi noires que les ténèbres dans lesquelles elle flottait. Des bribes de souvenirs apparurent brièvement, semblables à des flashs qui se succédaient. Dans chacun d'eux, un jeune garçon âgé de onze ans, tout de noir vêtu, était posté aux côtés d'une jolie fille rousse de son âge. Victoire n'eut aucun mal à reconnaître Lily Evans. Les souvenirs défilèrent, tous liés à la préfète de Gryffondor. Chacun semblait banal, ce qui ennuya considérablement la française. Elle savait que Severus avait entretenu une sorte de relation avec Evans, peut-être même de l'amitié. Les images ne trompaient pas ; mais elles n'offraient rien de plus que ce dont Victoire se doutait déjà. Pourtant, la dernière la frappa de plein fouet.

Severus était suspendu dans les airs, à l'envers, devant plusieurs groupes d'élèves hilares qui ne levaient pas la baguette pour l'aider. Le seul qui avait sorti la sienne était son agresseur : James Potter, entouré de ses fidèles acolytes, Black, Pettigrew et Lupin, qui le regardaient et le laissaient faire sans broncher. Toute la rage, la détresse et l'impuissance qu'avait ressenties Severus ce jour-là se répandirent en elle très distinctement. Le sentiment d'humiliation atteignit son apogée à l'arrivée de Lily Evans, qui s'époumonait pour que James Potter lève son sortilège et relâche Severus de son emprise. Ce qu'il fit sous l'investigation de la rousse ; « Un Serpentard sauvé par une Gryffondor, Servilus… Elle a définitivement plus de cran que toi ! Tu as de la chance que Lily ait un si grand cœur… ». Severus s'écrasa au sol. Une douleur vive se répandit dans son bras en même temps que dans son cœur. Tandis que Lily se précipitait vers lui pour l'aider, il la repoussa. « Ne me touche pas, sale sang-de-bourbe ! »

Le monde tourna autour de Victoire, qui se retrouva propulsée dans un autre souvenir. Ou plutôt au centre d'une violente dispute.

« Je t'ai déjà dit que je ne voulais plus te voir, Severus ! Qu'est-ce que tu ne comprends pas ?!

- Lily, je t'en supplie, pardonne-moi… Je ne le pensais pas…

- Comment peut-on proférer de telles paroles sans les penser, Severus ?! Va-t-en ! Laisse-moi !

- S'il n'y avait pas eu cet idiot de Potter, alors…

- Alors quoi, Sev ? Tu ne m'aurais pas insultée en public ? Tu ne traînerais pas avec Mulciber et tous les autres ? Tu ne tremperais pas dans la Magie Noire ? l'enchaîna Lily sans lui laisser la parole.

- C'est vrai que ce que fait subir gratuitement Potter aux gens est tellement plus reluisant, cracha Severus, amer. Tu retournes bien facilement ta veste, Lily…!

- Ne reviens plus jamais me voir. Je ne veux plus jamais t'adresser la parole, Severus ! »

Victoire fut expulsée de l'esprit de Severus. Les images partirent en fumée, remplacées par la lumière vive de l'applique murale qui éclairait leur table. Face à elle, Snape demeurait fermé, impassible. C'était comme si rien ne venait de se produire…

« Severus… souffla Victoire.

- Quoi ? Ce n'était pas suffisamment intéressant pour étancher ta curiosité ? Tu veux en voir d'autres ? lui lança-t-il avec aigreur.

- Je ne…

- C'est bon, Duchesne. Je n'ai pas besoin de ta compassion.

- Merci, dit-elle simplement. De m'avoir fait confiance.

- Tu veux me soumettre à un serment inviolable… Ne me parle pas de confiance, s'il te plaît. La seule personne en qui j'en avais ne veut plus entendre parler de moi à l'heure actuelle. Et c'est mieux ainsi…

- Comment peux-tu dire ça ? s'indigna Victoire. As-tu lâché l'affaire si facilement ? Si tu tenais tant à elle, tu aurais dû remuer ciel et terre pour qu'elle te pardonne ! Elle voulait seulement t'aider, ce jour-là !

- La suite ne te regarde pas plus que ce que tu as vu. Mais tu veux un bon conseil, Duchesne ? Un conseil d'ami… Quels que soient tes liens avec Sirius Black, reste loin de lui. Ce type est exactement comme James Potter : pourri jusqu'à la moelle… »


Lorsque Victoire sortit de la bibliothèque, seule, elle croisa Amalia qui courait dans les couloirs, un immense sourire aux lèvres. La jeune fille, en la voyant, s'arrêta un instant.

« Vi' ! », lança-t-elle, « Nous avons déjà trouvé deux indices ! »

Le sourire rayonnant d'Amalia fut contagieux. Victoire en esquissa un à son tour à la vue de son amie qui semblait s'amuser comme une enfant.

« Si jamais Ophia et Nastya n'ont pas encore trouvé la solution à la première énigme lorsque tu les croiseras, pourrais-tu leur dire d'aller voir Nick-Quasi-Sans-Tête ? C'est lui, le fantôme à aller consulter en premier ! Merci Vi', t'es la meilleure ! »

Amalia repartit comme elle était arrivée, poursuivant sa route avec le même entrain. Victoire en fit de même, avançant vers les escaliers censés l'amener en direction des cachots du château et donc de sa salle commune.

Mais les escaliers de Poudlard n'en faisaient toujours qu'à leur tête. Ils tournèrent de l'autre côté, l'arrêtant face à une porte qui s'ouvrit systématiquement. Depuis quand y avait-il une salle, à cet endroit ?

D'accord… se dit-elle. Ça, c'est vraiment bizarre… Aussi curieuse que perplexe, la jeune fille avança dans l'encadrement pour inspecter la pièce. Une faible lueur éclairait le fond de la salle, dans laquelle la pénombre régnait. Un gémissement se fit entendre. Victoire attrapa sa baguette et avança d'un pas, prête à lancer un Lumos pour mieux voir. Elle sursauta en entendant la porte se refermer derrière elle en claquant. Une forme se hissa dans les airs, traversant la salle à une vitesse éclair. La jeune fille eut à peine le temps de se retourner qu'elle disparut. Un ricanement moqueur retentit. Encore. Et encore. Le rire s'élevait des quatre coins de la pièce en écho alors que la chose rebondissait autour d'elle à toute vitesse. La patience de Victoire atteignit ses limites lorsque la forme la traversa délibérément. La sensation aussi glaciale que désagréable la fit frissonner de dégoût.

« Peeves ! » explosa-t-elle, « Laisse-moi sortir tout de suite !

- Hi hi hi hi ! La petite sorcière ne veut pas rire un peu ? C'est Halloween ! Joue avec moi !

- Peeves… »

Peeves venait de lui lancer une tomate en pleine tête. Il fit mine de s'écrouler de rire, son corps fantomatique flottant par soubresauts dans les airs.

« La petite Duchesne vient d'entrer dans l'arène ! » chantonna l'esprit frappeur. « Elle se prend pour une reine, mais elle fait de la peine ! Regardez-la, elle est dans de beaux draps ! Elle pue le jus de tomate pendant que moi, j'me carapate ! »

Et Peeves disparut, passant à travers l'un des murs avant que le sortilège de Victoire ne le touche. La jeune fille tenta de déverrouiller la porte sans y parvenir. Son Alohomora n'eut aucun effet. Elle soupira. Si tout ceci faisait partie du jeu absurde de Dumbledore, ce n'était vraiment pas drôle…

Elle avança en direction de la lumière qui éclairait une partie du mur par lequel Peeves s'était enfui. En s'approchant, elle constata un message qui semblait y avoir été écrit. Victoire pointa le bout de sa baguette éclairée pour mieux l'observer.

PANEM ET CIRCENSES

Victoire fronça les sourcils. Elle passa les doigts sur l'inscription qui avait été gravée à même le mur. Si ce n'était pas un indice pour le jeu de piste, elle ne voyait pas à quoi cela pouvait servir d'autre…

« Aparecium » formula-t-elle à voix haute, la baguette pointée sur la phrase écrite en latin. Les lettres s'effacèrent une par une, avant de réapparaître pour en former une autre.

DU PAIN ET DES JEUX

Elle comprit qu'il s'agissait de sa traduction. Victoire réfléchit un instant. Du pain et des jeux… Dumbledore avait dit que les participants devaient se tourner vers les fantômes, les professeurs et même les tableaux pour obtenir des renseignements. Tout jeu de piste suivait un cheminement logique ; la jeune fille supposait donc qu'un ordre bien précis de personnages à consulter avait été choisi avec soin. À cela s'ajoutait une certaine difficulté, sinon, le jeu prendrait fin bien avant minuit…

Du pain et des jeux. Peeves ! Il était le seul être dans cette école à tout considérer comme un jeu, y compris la violence. Le seul moyen de le calmer était de le renvoyer habilement vers une autre occupation qu'il jugerait plus intéressante à son goût. Il lançait des projectiles sur les élèves comme pour rire, même de la nourriture. La sorcière venait d'en faire les frais à l'instant… Et il était présent dans la pièce. Cela ne pouvait pas être un hasard. Elle nota précieusement l'information dans un coin de son esprit, certaine qu'elle pourrait servir plus tard à ses amies si elle les croisait. Tournant les talons, elle ne parvint toujours pas à ouvrir la porte à l'aide d'un sortilège. Elle renouvela le sort d'apparition utilisé précédemment. Un grincement sinistre répondit au sortilège ; une seconde porte venait d'apparaître de l'autre côté de la salle.

« Génial… Comme si j'avais le temps de jouer… »

Victoire n'eut pourtant pas le choix : elle s'engouffra à travers l'unique sortie qui lui était présentée. La sorcière déboucha dans un long couloir éclairé par des lanternes murales aux flammes violettes. Il faisait froid. Elle avait l'impression qu'un courant d'air passait à travers les pierres qui constituaient les murs. Examinant la pièce en quête d'une ouverture pour s'échapper de ce traquenard, son regard tomba sur les deux silhouettes qui discutaient à voix basse quelques mètres loin. Même de dos, elle les reconnut immédiatement : Remus Lupin et Sirius Black. Etaient-ils arrivés là en jouant à ce jeu stupide ou avaient-ils été piégés, eux aussi ?

Victoire lâcha un petit cri surpris, s'apprêtant déjà à hurler sur Peeves pour lui avoir fait de nouveau peur en apparaissant devant elle sans crier gare. Mais ce n'était pas l'esprit frappeur, qui se tenait face à elle… Les mots furieux de Victoire furent ravalés par la boule d'angoisse qui commençait d'ores et déjà à se loger dans sa gorge, descendant progressivement jusqu'au creux de son estomac. Tétanisée, elle ne put rien faire d'autre que regarder l'horrible chose devant elle.

Son double, vêtu d'une robe de mariée tâchée de sang, gisait sur les pavés. Au-dessus du cadavre, frôlant le plafond, s'étalait la Marque des Ténèbres qui brillait de son vert phosphorescent. Son cauchemar prenait corps et réalité devant ses yeux. Elle ne pouvait les en détacher, le souffle commençant à lui manquer. Dans la panique, une crise d'hyperventilation débuta sans qu'elle ne parvînt à la contrôler.

Elle se sentit tirée en arrière comme une poupée de chiffon, ne maîtrisant plus son corps. Black venait de l'éloigner de l'Epouvantard tandis que Lupin se plaçait devant elle, attirant l'attention de la créature magique sur lui. Le tableau changea, l'Epouvantard se métamorphosant afin de prendre la forme de la plus grande peur du Gryffondor. Une pleine lune brumeuse flotta dans les airs, sa lumière blanche tranchant avec le violet qui tamisait la pièce. Victoire, dans sa crise, vit Remus Lupin tressaillir un court instant, avant de lancer un implacable « Riddikulus ! » pour se débarrasser de l'Epouvantard qui partit se cacher dans un recoin de la pièce.

Le préfet de Gryffondor inspira profondément avant d'expirer plus longuement, soulagé. Il finit par se tourner vers son ami et la Serpentard que ce dernier tenait toujours, les mains sur ses épaules dans un geste visant à la détendre. Remus haussa un sourcil à la vue de leur proximité qui ne semblait pas tant déranger la copine de Karkaroff. Ou alors, peut-être était-elle vraiment sonnée par ce qu'il venait de se passer…

« Un Epouvantard… dit-il pour briser le silence. Un foutu Epouvantard lâché dans les couloirs de Poudlard…

- Et Dumby qui prétend que seuls les sorts mineurs seront nécessaires pour affronter les épreuves, poursuivit Sirius en riant nerveusement.

- Black, articula Victoire entre deux respirations, pourrais-tu me lâcher, maintenant ?

- Vos désirs sont des ordres, ô grande reine des serpents… se moqua Black en tapotant ses épaules avant que ses mains les quittent. Vous n'oublierez pas d'ajouter ce sauvetage à la liste des choses pour lesquelles Karkaroff et votre humble personne m'êtes redevables, votre majesté.

- Je te remercie, Lupin, dit Victoire en ignorant royalement Sirius. Je n'ai pas su réagir devant… devant ça. »

Remus hocha la tête, compréhensif. Il avait lui-même cru défaillir devant la forme de sa propre peur, il ne pouvait donc que comprendre la réaction de Victoire, qui ne semblait pas encore totalement sortie de sa crise d'angoisse. La respiration de la sorcière française se faisait saccadée mais plus régulière ; Sirius avait réussi à partiellement la calmer, ce qui n'était déjà pas trop mal… Néanmoins, un nouveau problème se présentait : le fait était que la Serpentard avait très probablement aperçu sa pleine lune. Remus ne le releva pas pour autant. Duchesne ne devait pas en mener plus large, les deux garçons ayant clairement vu la Marque des Ténèbres qui l'avait terrifiée un instant plus tôt. Nous sommes quittes, se dit Remus. Ça m'étonnerait qu'elle veuille que l'un de ses copains de Serpentard soit au courant de sa plus grande peur

« Patmol ! Lunard ! » s'écria une voix masculine du bout du couloir. « Ça va ? On a entendu du grabuge, de là-bas ! »

Victoire ferma les yeux, dépitée. Elle recula de quelques pas jusqu'à atteindre les pierres froides du mur le plus proche auquel elle s'adossa, achevant de calmer sa respiration. Il ne manquait plus que Potter et Pettigrew dans la partie. Les deux derniers membres du quatuor endiablé les rejoignirent à grandes enjambées. Quelle ne fut pas leur surprise en retrouvant une élève de Serpentard avec leurs deux amis.

« On dirait que tu as vu un fantôme, Duchesne, dit Potter d'un ton égal.

- Faites-moi sortir de ce jeu insensé, répondit-elle.

- Doucement, continua Potter bras croisés. Si tu me le demandais plus poliment, il serait possible que je t'aide. Mais là, tout ce dont j'ai envie, c'est te laisser croupir ici.

- James… dit Sirius, désapprobateur. Je m'en occupe. Je la reconduis d'où elle vient, et je vous rejoins. »

Victoire comme les Maraudeurs lui lancèrent un regard étonné. Il était décidément très serviable à l'égard des Serpentards, ces temps-ci…

La jeune fille ne se fit pas prier et le suivit tandis qu'il s'engageait dans le couloir d'où venaient Potter et Pettigrew. Ils s'enfoncèrent dans le dédale souterrain en silence, les flambeaux violets les guidant. Victoire n'avait jamais parcouru cette partie du château, auparavant. Elle ignorait totalement où elle pouvait bien se trouver, alors que Sirius marchait sans hésitation, connaissant le château comme sa poche. Il s'arrêta devant l'une des tentures médiévales qui ornaient les murs, au beau milieu du couloir. Elle représentait les fondateurs des quatre maisons de Poudlard, chacun tenant un objet dans les mains. Sur la droite, Godric Gryffondor, en armure rouge et or, brandissait fièrement une épée finement ciselée et aiguisée. Helga Poufsouffle, à ses côtés, tenait à deux mains une épaisse coupe dorée. Rowena Serdaigle, dans ses plus beaux atours, caressait d'une main le diadème serti d'une pierre précieuse qu'elle portait sur le haut du front. Enfin, à l'opposé de Gryffondor, sur l'extrémité gauche de la tenture, Salazar Serpentard fermait le poing sur une chaîne au bout de laquelle pendait un médaillon orné du blason de sa maison, à peine visible à travers la citrine qui composait le bijou. Les Reliques des Fondateurs réunies...

Sirius écarta un pan de la tenture avant de tapoter machinalement les pierres qui se trouvaient derrière, sous l'œil hébété de Victoire. Un passage secret apparut à la grande stupéfaction de la jeune fille.

« Suis le passage, et tu arriveras directement dans les cachots.

- Comment connais-tu ce passage secret, Black ?

- Contente-toi de me remercier… On se voit ce soir à la fête de Slug ? »

Victoire leva les yeux au ciel. Elle ne répondit rien, le remerciant d'un simple signe de tête avant de disparaître derrière la tenture.

Si cette journée continuait sur sa lancée, alors elle allait la rendre folle avant minuit…


à suivre...

* la citation n'est ni de Dumbledore, ni de moi : elle appartient à l'Empereur romain Marc Aurèle. :-)

Katymyny : Super, merci pour ton retour concernant les modifications qui ont été apportées sur les dialogues. Non, les carrés n'apparaissaient pas en review justement ; tout me semblait fonctionnait parfaitement, voilà pourquoi je n'avais aucune vue sur ce que les lecteurs lisaient de leur côté selon le navigateur utilisé... J'irai consulter le service technique que tu m'as renseigné dès que possible pour voir si ce phénomène était normal, bien que la remise en forme actuelle ne me gêne pas si chacun(e) peut la lire convenablement. ;-)