Hello !

Avec un léger retard d'une journée (je tiens à publier le week-end à hauteur d'une fois / semaine...), voici le chapitre 12 ! Au programme, un petit match de Quidditch pour couper un peu des événements précédents qui se sont pas mal enchaînés en l'espace de peu de temps. Toutefois, ce chapitre ne reste pas anodin pour autant, une révélation importante s'y trouvant et d'autres indices quant à la suite (mais aussi aux événements s'étant produits dans les chapitres précédents) étant disséminés ci et là.

Je crains devoir peut-être ralentir le rythme de publication d'ici peu... J'ai enfin obtenu une affectation pour l'année, étant encore un bébé prof et détentrice du titre de titulaire sur zone de remplacement... Ce qui rime avec moins de temps libre, comme pour toute vie active (j'avais l'impression que la mienne était en stand by, depuis deux mois...). J'espère pouvoir rester régulière malgré cela.

Bref, assez de blabla de vie. Place au chapitre ! Bonne lecture ! Je réponds aux reviews du chapitre précédent à la fin de celui-ci ! ;-)


CHAPITRE XII

« Je crois que Flint ne plaisantait pas quand il prétendait que cette année était la sienne. » Nérée Avery


Les jours passèrent, durant lesquels les élèves continuaient de s'interroger à propos de l'agression de Rita Skeeter qui était survenue le soir du trente-et-un octobre.

L'élève n'était pas encore revenue à Poudlard, bien que son état fût stabilisé. D'après les dires des professeurs, Rita se rétablissait convenablement en dépit des dommages corporels subits, ayant rapidement été prise en charge. Elle ne garderait aucune marque physique de son agression. Cependant, la jeune Serpentard de cinquième année restait silencieuse concernant l'incident, et ne se sentait pas encore prête à retourner à l'école de sorcellerie. Ses responsables légaux avaient catégoriquement refusé de signer un droit de recherche avancé qui permettrait au Ministère de la Magie de fouiller son esprit ou d'en extraire le souvenir de cette nuit-là, Rita ne semblant pas prête à subir cette épreuve en plus du reste.

En attendant, l'examen de baguette auquel avaient été soumis les élèves s'était révélé vain, au grand dam des professeurs qui étaient convaincus qu'un élève – si ce n'étaient plusieurs plusieurs – s'avèreraient responsables de l'agression. Rita était arrivée à Sainte-Mangouste les bras et les jambes entièrement couverts de morsures de vipère, qu'un Serpensortia des plus avancés avait fait apparaître. Là encore, la maison Serpentard fut la cible des accusations sans fondement, que les élèves ne cherchèrent même pas à démentir ni à balayer. Pour quoi faire ? Il n'y avait aucune preuve. Si ce ne fut la propre baguette de Rita Skeeter, qui, après avoir elle-même été examinée par une Remontée des Sortilèges de la part du Ministère, avait révélé avoir lancé elle-même le sortilège de Serpensortia qui avait agressée la jeune fille. Soit le responsable avait été suffisamment malin pour voler la baguette de Rita avant de l'agresser avec cette dernière soit l'élève s'était infligé le châtiment seule, ce qui paraissait aussi tordu qu'inconcevable. Et pourtant, Rita n'était pas encline à parler. Elle s'enfermait dans son mutisme et refusait de retourner à Poudlard, sans que l'on n'en sache la raison. Mais ce n'était qu'une question de temps. Les professeurs comme le Ministère en étaient persuadés.

Ce fut ainsi que les semaines défilèrent et que le froid de décembre arriva.

Les élèves avaient entamé une nouvelle routine, jonglant entre les cours, la salle d'étude ou la bibliothèque et la chaleur du foyer de leur Salle Commune. Le parc de Poudlard avait été définitivement déserté, n'étant traversé que par les étudiants devant se rendre dans les serres de l'école pour la Botanique, ou en classe de Soins aux créatures magiques. Les seuls élèves bravant le vent glacial, la pluie ainsi que les maigres flocons fondus tombant ponctuellement demeuraient les joueurs de Quidditch, qui poursuivaient leurs entraînements d'arrache-pied en dépit du temps défavorable, et les plus âgés autorisés à se rendre à Pré-au-Lard lorsqu'une sortie y était organisée le week-end.

Victoire posa le front sur la vitre qui donnait pleine vue sur l'immense parc de Poudlard, assise sur le rebord de la fenêtre au sommet de la Tour de l'Horloge. Elle ramena ses jambes contre elle, continuant d'observer les groupes d'élèves qui se dirigeaient, très nombreux, en direction du stade de Quidditch.

Ce jour-là faisait exception à ce dont l'école était habituée depuis la mi-novembre. Le second match de Quidditch de la saison allait débuter d'ici une demi-heure, opposant Serdaigle à Serpentard. Il s'agissait du premier match que sa maison allait jouer cette année, la confrontation précédente s'étant faite début novembre entre les Poufsouffles et les Gryffondors qui en étaient sortis vainqueurs.

Victoire s'imaginait parfaitement Anastasiya dans les vestiaires, tournant en rond comme un Hippogriffe en cage en attendant l'entrée sur le terrain. Elle lui avait promis d'assister au match, se demandant même comment son amie avait pu en douter une seule seconde. Ces derniers temps, Ana était sur le qui-vive, plus nerveuse qu'elle ne l'avait jamais été. La sorcière russe n'était pas la plus démonstrative concernant ses sentiments et états d'âme, conservant la plupart du temps un air impassible quand il n'était pas hautain. Mais depuis des semaines, nombreuses étaient ses réactions assez étonnantes qui interpelaient Victoire une fois qu'elles étaient à l'abri des regards, dans la Salle Commune ou dans les dortoirs de Serpentard. Anastasiya ne tenait plus en place, ne pouvant pas rester plus d'une minute à ne rien faire. La brune parvenait encore moins à se concentrer sur ses études qu'à l'accoutumée, réprimandée par Ophelia qui désespérait de la voir terminer ses devoirs en temps et en heure. Elle partait parfois s'entraîner seule, la batte et le balai sous le bras, afin de frapper des cognards jusqu'à épuisement. Ses ongles n'avaient jamais été autant rongés. Enfin, les manifestations physiques de l'amitié qu'elle vouait à ses trois colocataires de dortoir n'avait jamais été aussi expansive, ce à quoi ces dernières n'étaient pas réellement habituées, à l'exception de Victoire qui n'était témoin de sa douceur qu'une fois qu'elles se retrouvaient seules à seules toutes les deux…

La sorcière d'origine française n'avait pas osé en parler aux jumelles. Elle savait qu'Ophelia n'en pensait pas moins, ayant capté à plusieurs reprises les regards interrogateurs que cette dernière lançait à leur amie. Amalia, de son côté, n'avait pas l'air au meilleur de sa forme, elle non plus. Victoire avait mis cela sur le compte de son idylle rocambolesque avec Nérée Avery deux personnalités aussi fortes et excentriques ensemble, cela ne pouvait que faire des étincelles, après tout… La blonde était en revanche ravie de constater que les deux sœurs Dhont avaient fini par se réconcilier, parvenant à cohabiter en retrouvant progressivement leur proximité d'antan.

Tout ceci la frustrait un peu, néanmoins. Victoire avait beau jouer les fines observatrices, elle n'avait pour autant pas le temps de se préoccuper davantage des différents soucis que rencontraient ses amies, ayant déjà les siens à gérer. Severus poursuivait ses cours d'Occlumancie, lui ayant rendu compte d'un net progrès dans ses défenses bien qu'elle n'eût pas encore trouvé la bonne stratégie pour se parer sans failles de ses attaques inquisitrices encore heureux qu'il ne fût pas un expert en la matière, sinon, le garçon de septième année finirait par tout savoir de sa vie dans les moindres détails… Entre temps, elle s'efforçait de surveiller de loin son frère en première année à Gryffondor, Edouard, qui semblait s'être relativement calmé depuis la réception de la Beuglante de leur père. Les cours d'Astronomie avaient enfin repris un rythme plus soutenu, l'arrivée de l'hiver raccourcissant drastiquement les journées et étant ainsi plus propice à l'observation des astres sans avoir à attendre une heure trop tardive dans la soirée pour se rendre en classe. Son travail scolaire, qui avait toujours été particulièrement studieux, se répartissait désormais entre la compagnie d'Ophelia pour les devoirs communs, celle d'Anastasiya lorsqu'il fallait booster la russe dans son propre travail laissé à l'abandon, Severus quand Victoire avait besoin d'optimiser sa concentration, et même Regulus pour des sessions de révisions régulières avant les devoirs sur table, ce nouveau compagnon d'étude se révélant particulièrement efficace pour l'interroger de la manière la plus vicieuse qui soit sur les notions qu'elle tentait d'intégrer. Il se permettait même de lui lancer un sortilège de Bloclang – visiblement son préféré – lorsqu'elle s'éparpillait et devenait trop bavarde à son goût. C'était sans compter les exercices quotidiens et les sessions de méditation que lui avaient conseillés – ou plutôt imposés – Severus afin qu'elle parvienne à davantage progresser, demeurant pour le moment une Occlumens débutante…

Toutes ces occupations lui permettaient notamment de se vider la tête et de ne plus penser à la réponse qu'elle avait désespérément guetté durant des semaines. Cela faisait un mois que la Chevêche d'Athéna (il faudra penser à lui trouver un nom…) ne lui avait pas apporté de courrier, pas même un malheureux mot de la part de son mystérieux correspondant. Victoire avait définitivement fait une croix sur l'idée d'un Regulus Black lui rédigeant des mots aussi doux qu'agaçants l'analyse attentive de son parchemin d'Histoire de la Magie avait été la preuve formelle que l'écriture n'était pas la sienne, étant un peu plus petite et écrasée que celle des lettres qu'elle recevait. Elle s'était même résolue à rôder dans les allées de la bibliothèque ou de la salle d'étude lorsque celles-ci se remplissaient, en fin de journée, dardant un œil furtif sur les parchemins des autres élèves en espérant tomber sur une graphie semblable. Elle avait d'ailleurs failli faire une attaque en voyant le devoir d'Evan Rosier qui abhorrait une écriture très similaire à première vue. Mais elle avait vite repris ses esprits en se traitant mentalement d'idiote elle n'avait jamais parlé à Rosier de sa vie, se tenant le plus loin que possible du septième année à l'air austère qui empestait la magie noire à plein nez. Victoire s'était toujours demandé comment Severus faisait pour côtoyer si facilement des individus comme lui ou encore Mulciber, qui entrait dans une colère noire dès lors que l'on osait l'appeler par son prénom qu'il exécrait tant. Non, ce n'était pas du côté des Serpentards qu'elle devait chercher. Et elle aurait dû se faire la réflexion dès le début tant cela se révélait logique…

« Si on m'avait dit que les couleuvres aimaient tant se percher en hauteur, je ne l'aurais pas cru » déclara une voix grave et veloutée, la sortant de ses pensées. « La Tour d'Astronomie, la Tour de l'Horloge… il va falloir redescendre sur terre, à un moment. »

Victoire examina l'élève qui venait d'arriver, soupirant intérieurement. Qu'est-ce qu'il lui voulait, encore… ? Et puis, ne se départissait-il donc jamais de son sourire enjôleur ? Ses yeux gris la happèrent dans un tourbillon de nostalgie. Ils étaient exactement de la même couleur que ceux de son frère, et pourtant, si ceux de l'un, qu'elle côtoyait chaque jour, étaient aussi froid que la glace, les siens se révélaient d'une chaleur ardente, consumant tout ce qu'il avait l'audace de caresser du regard. Y compris les demoiselles de Poudlard en pamoison qui semblaient parfois ridiculement défaillir à sa simple vue. Victoire eut un rictus ironique à cette pensée, se rappelant avec horreur combien Amalia avait loué la beauté de Sirius Black deux ans plus tôt…

« Comment sais-tu que je me rends régulièrement à la Tour d'Astronomie, Black ? » releva Victoire en haussant un sourcil à sa vue.

Touché. Sirius eut un rire embarrassé, se rendant compte de la bêtise qu'il venait de proférer. Il s'éclaircit la gorge.

« Tu suis bien l'option Astronomie, si je ne m'abuse ?

- Oh, donc tu connais mon emploi du temps en plus de potentiellement m'épier. Comme c'est flatteur…

- Aimerais-tu que je te porte tant d'intérêt, Duchesne ?

- Pas même en rêve, hélas. Après tout, une jeune fille de si bonne famille ne peut pas se lier à un individu tel que toi. »

Victoire avait répété les mots que Sirius avait servis au dîner de Slughorn avec plus d'amertume qu'elle l'aurait souhaité. Elle se mordit la lèvre inférieure dans une moue qu'elle tenta vainement de faire paraître désinvolte. Une lueur passa dans le regard de Sirius elle l'avait suffisamment connue pour savoir quelle facette du Gryffondor elle venait involontairement d'enclencher.

« T'aurais-je offensée, princesse ?

- Pas le moins du monde. Et je te prierais de bien vouloir garder tes surnoms ridicules pour tes pimbêches de seconde classe…

- La seule pimbêche que je vois pour le moment, ici, c'est toi, Victoire… Et ça ne te va absolument pas, si tu veux mon avis… »

Victoire arrondit les yeux de surprise, s'attendant à toutes les répliques possibles excepté celle-ci. Ces paroles lui firent étrangement écho à des mots qu'elle avait suffisamment lus et relus pour les connaître presque par cœur…

Elle se leva à la hâte de l'appui de fenêtre, ramassant sa cape d'hiver qu'elle ne prit pas le temps d'enfiler, ainsi que son bonnet vert en laine duveteuse et ses gants fourrés en cuir. Elle s'enroula dans son écharpe de façon désordonnée, puis passa sans un mot à côté de Sirius qui n'avait cessé de l'observer, ayant perdu toute once d'amusement.

Il lui attrapa au dernier moment le poignet, l'arrêtant sur son passage.

« Victoire, tenta-t-il avec douceur. J'ai constaté que tu t'étais rapprochée de Regulus ces derniers temps. Merci de lui avoir pardonné…

- Je vais être en retard pour le match, dit-elle. Si tu veux bien m'excuser. »

Sirius la relâcha, laissant traîner une seconde de trop ses doigts le long de son poignet. Victoire ferma les yeux à la légère caresse, avant de s'éloigner de lui le plus vite que possible. Elle dévala les marches des escaliers de la Tour de l'Horloge pour finir par courir à travers le parc de Poudlard, sentant qu'une fois de plus, elle manquerait à sa parole et serait en retard pour voir Anastasiya jouer…

Sirius, quant à lui, s'avança jusqu'à la place qu'occupait précédemment Victoire, voyant la jeune fille courir à travers la brume qui avait envahi le parc de l'école depuis la tombée de la nuit et sa pleine lune. James devait rejoindre Lily afin qu'elle l'aide pour son devoir de Potions Peter était parti voir le match de Quidditch Remus devrait rester à l'infirmerie quelques heures de plus avant de pouvoir en sortir… Et lui se retrouvait seul dans un château presque désert, avec pour seule compagnie son ennui. Il hésita à rejoindre Peter, se disant qu'analyser le jeu des deux équipes qui seraient les prochaines que sa maison devrait affronter pourrait s'avérer un passe-temps divertissant en plus d'être utile. Mais ses plans changèrent brusquement lorsque son regard tomba sur un petit carnet de cuir, posé sur le rebord de la fenêtre. Devinant que Victoire l'avait oublié dans sa fuite plus que flagrante – elle le fuyait toujours d'une manière ou d'une autre, de toute façon… –, il s'en saisit. Une page semblait avoir été arrachée avant que la française ne la remette certainement à sa place. Avec toute sa curiosité mal placée, Sirius ne put s'empêcher de la déloger du journal, demandant intérieurement à Victoire de le pardonner pour son méfait. La feuille de papier flamba instantanément à son toucher, mais il eut le temps de lire clairement ce que la jeune fille avait écrit dans son Carnet à Souhait.

Qui qu'il soit, s'il ne souhaite pas me répondre, qu'il m'envoie au moins un signe, ne serait-ce qu'un indice. Je ne supporte plus son silence. Il me rend encore plus parano que ses missives irritantes…

Sirius tourna aussitôt les talons pour partir en direction de la volière, le journal enfoui dans la poche arrière de son pantalon d'uniforme.


« Ok tout le monde aujourd'hui a lieu notre tout premier match de la saison, et on va tout déchirer ! »

Demetrius Flint était beaucoup trop enthousiaste. Anastasiya n'aimait pas ça. Son capitaine semblait un peu trop sûr de lui et confiant envers son équipe. Elle ne pouvait toutefois pas lui en vouloir, l'excitation lui ayant parcouru la colonne vertébrale dès l'instant où elle était sortie des vestiaires et avait entendu le brouhaha de leur public déjà installé dans les gradins du terrain de Quidditch malgré le vent violent et la bruine qui s'était mise à tomber. Un sentiment d'adrénaline lui parcourait toujours les veines au moment d'enfourcher son balai, la main fermement resserrée autour de sa batte, prête à dérouiller de méchants cognards face à de véritables adversaires. Mais elle ne comprenait ni comment ni pourquoi le capitaine de l'équipe de Serpentard s'exprimait avec autant de fierté et d'arrogance que s'il avait déjà remporté la coupe de Quidditch.

« Serena, Alexander, n'oubliez pas la nouvelle parade sur laquelle nous avons travaillé les autres équipes ne la connaissent pas, alors on ne la sort que dans le cas où Serdaigle prendrait de l'avance.

- Compris ! répondirent-ils.

- Lestrange, tu es un vrai mur. Et les murs ne laissent rien passer ! Dolohov, je compte sur toi. Moins de force et de spontanéité, davantage de maîtrise. Karkaroff, sois patiente avec lui ne lui envoie pas de cognard dessus s'il réalise une mauvaise action comme lors du dernier entraînement… »

Flint s'attira un regard noir de la part de la batteuse, qu'il fit mine d'ignorer.

« Black… vends-nous du rêve et attrape le vif d'or. C'est tout ce que je te demande. »

L'attrapeur ne répondit rien, se contentant d'observer au loin les gradins bondés du terrain. Flint se râcla la gorge, soudain gêné, avant d'agripper ses deux coéquipiers les plus proches par les épaules. Ces derniers en firent de même, de façon à former un cercle étroit semblable à une accolade collective entre les joueurs.

« Plus sérieusement… commença Flint, faisons simplement de notre mieux. Jouons comme si la vie en dépendait, avec honneur et fierté. Je n'aurais pas pu espérer meilleure équipe pour ma dernière saison. Quelle que soit l'issue de ce match, nous devons rester soudés. L'unité des joueurs est la clé de la victoire, et pas seulement dans le domaine du Quidditch. Ne l'oubliez pas ! »

À ces mots, Anastasiya sentit sur elle le regard brûlant de Rabastan Lestrange, placé à l'opposé du cercle. Lorsque ses yeux rencontrèrent les sien,s doux mais fermes, plus assurés que jamais, le trouble qui l'assaillait depuis des semaines refit surface. Elle tenta de le balayer par l'une de ses habituelles remarques cinglantes.

« Pitié, Flint, pourquoi te sens-tu toujours obligé de la jouer aussi sentimental et mélodramatique… »

Sa remarque arracha un sourire narquois à l'ensemble de ses coéquipiers, y compris Demetrius qui haussa les épaules en ricanant. Au même moment, le coup de sifflet annonçant l'entrée imminente des joueurs sur le terrain retentit. Les Serpentards se placèrent en file indienne, Flint en tête, suivi par les autres poursuiveurs, les deux batteurs, l'attrapeur et enfin le gardien de l'équipe. Un second coup de sifflet se fit entendre, et ils s'élancèrent les uns après les autres sur le terrain sous les hurlements d'une grande partie des élèves des quatre maisons présents dans les gradins. De son côté, l'équipe de Serdaigle en avait fait de même, leur uniforme bleu se mêlant au vert de leurs adversaires tandis que chacun des joueurs volait de part et d'autre du terrain. Anastasiya, en passant près de la tribune où s'était réunie l'ensemble de sa maison, aperçut une longue chevelure d'un blond polaire fouettée par le vent montant les escaliers pour rejoindre le public. Victoire arrivait tout juste à temps pour le début du match… Cette dernière, emmitouflée dans son écharpe vert et argent pour braver le vent qui soufflait violemment, leva brièvement les yeux et lui adressa un signe d'encouragement. Ana bifurqua avec force, s'accrochant fermement à son balai pour ne pas se laisser emporter par les bourrasques, avant de retourner au milieu du terrain où se rendaient progressivement les joueurs dans l'attente du coup d'envoi. Le professeur chargé de l'arbitrage activa la lourde malle placée sur le sol, au milieu des terrain, autour de laquelle planaient les deux équipes, immobiles.

« Les balles viennent d'être libérées ! Et c'est Clark de l'équipe Serdaigle qui réceptionne le souaffle ! » débita l'élève chargé des commentaires du match.

Victoire parvint au niveau des jumelles Dhont, installées tout en haut des rangées aux couleurs de Serpentard. Elle s'assit aux côtés d'Ophelia, saluant les jumelles ainsi qu'Avery qui se tenait aux côtés de la seconde.

« Clark passe à Garcia, qui feint un échange avec Lewis avant de passer de nouveau le souaffle à Clark ! Le poursuiveur se dirige déjà vers les buts de Serpentard, où Lestrange l'attend de pied ferme ! Et… Le tir est détourné par Flint, qui semble presque sortir de nulle part ! Le souaffle est entre les mains de Serpentard qui ne cesse de se le faire passer à toute allure ! Flint à Selwyn ! Selwyn à Flint ! Flint à Wilson ! Davies évite de justesse le cognard envoyé par Dolohov, alors qu'il vient d'en lancer un autre en direction de Black… Karkaroff dévie le cognard envoyé sur l'attrapeur de son équipe ! Mais d'où est-elle sortie, elle aussi ?!

- BIEN JOUÉ ANA ! cria Amalia.

- Quelle rapidité de la part de Serpentard, dont les poursuiveurs n'ont toujours pas laissé le souaffle aux Serdaigles et s'approchent dangereusement de leurs anneaux… ! DIX POINTS POUR SERPENTARD ! »

Des cris enthousiastes s'élevèrent de la tribune de la maison marquant les premiers points. Le souaffle fut immédiatement remis en jeu, en faveur des poursuiveurs de Serdaigle qui débutèrent leur offensive. Pendant ce temps, les cognards volaient de droite et de gauche du terrain, les batteurs de Serpentard tentant de déstabiliser les poursuiveurs adversaires tandis que ceux de Serdaigle semblaient particulièrement viser Regulus Black. Anastasiya dévia un énième cognard fusant vers l'attrapeur, avant de lui lancer :

« Black, je ne pourrai pas surveiller ainsi tes arrières durant tout le match ! Ils veulent ta peau avant que tu trouves le vif d'or, alors par pitié, arrête ta promenade de santé, ouvre les yeux et cherche cette foutue balle !

- Tant qu'ils me visent, ils laissent les poursuiveurs tranquilles, fit calmement remarquer l'attrapeur sans lui accorder un regard, balayant minutieusement le terrain des yeux. Nous gagnons du temps ainsi que des points.

- Pas si Abassi attrape le vif d'or avant toi… maugréa Anastasiya en constatant que tant qu'elle restait très proche de Black, aucun cognard ne lui était envoyé.

- Elle ne l'attrapera pas, assura Regulus. Les passes, Karkaroff, ajouta-t-il dans son dos. Dolohov et toi devriez imiter la stratégie de Flint et ne pas leur laisser main mise sur les cognards.

- Tu veux dire…

- Monopolisez-les ! Ne les envoyez pas en direction des autres batteurs ! »

Un éclair de compréhension traversa Ana, qui fonça droit vers Roy, le batteur de Serdaigle s'apprêtant à réceptionner un cognard d'une seconde à l'autre. Elle lui coupa la route, se dressant devant lui à la manière d'un épouvantard, prenant au dépourvu le garçon de cinquième année qui faillit la percuter. Sa batte se leva avant de frapper avec force le cognard, visant son propre partenaire. Dolohov fronça les sourcils, désorienté et agacé, pensant à une attaque personnelle de la part de sa coéquipière. Sa réaction ne se fit pas attendre dans son énervement, il lui renvoya le cognard encore plus fort. C'est ça, se dit Ana… Enerve-toi, et vise moiFais de moi ta cible

Regulus avait raison la force dévastatrice d'Ernestin couplé à sa propre rapidité et à sa précision ne permettaient plus aux batteurs adverses d'atteindre le cognard pour l'intercepte. Ana esquivait habilement les cognards que lui envoyait, rageur, son partenaire, avant de le prendre dans sa propre ligne de mire pour les lui rendre, pensant parfois presque se décrocher le bras à cause de ses tirs de canonnier.

« Les batteurs de Serpentard s'envoient les cognards l'un sur l'autre depuis quelques minutes !

- Que font-ils… ? souffla Ophelia, désorientée, avant de passer ses multiplettes à Amalia.

- Anastasiya aime provoquer Ernestin, éluda Avery avec un sourire narquois. Ils passent leur temps à se chamailler durant les entraînements d'après ce que me raconte Rabastan…

- Non, Ana ne ferait pas ça uniquement pour le plaisir de le provoquer en plein match, contredit Amalia en observant de plus près à travers les multiplettes de sa sœur. Elle a forcément une idée derrière la tête…

- Elle laisse champ libre à Regulus, conclut Victoire en pointant discrètement l'attrapeur du doigt. Ana détourne l'attention des batteurs en se servant de Dolohov.

- La stratégie se tient, commenta Avery en s'emparant à son tour des multiplettes.

- J'espère juste que Dolohov ne finira pas par l'assommer… »

Les points marqués par les poursuiveurs se resserrèrent entre les deux équipes, les joueurs de Serdaigle pouvant jouer plus librement sans se soucier des cognards qui menaçaient de les mettre hors-jeu. Ces derniers devenaient plus confiants et rapides, décidant de calquer le jeu de leurs adversaires lorsque le souaffle se retrouvait en leur possession pour éviter que Serpentard ne le récupère. Rabastan tentait tant bien que mal d'arrêter leurs tirs, mais les feintes successives de Dorian Clark commençaient progressivement à avoir raison de sa défense. Ceci en plus de l'œil soucieux qu'il gardait sur Anastasiya et Ernestin, qu'il croyait être en train d'essayer de s'entretuer…

« Belle vrille de Regulus Black, qui fonce désormais en piquet droit vers le sol ! Aurait-il repéré le vif d'or ?! Il est talonné par Daisy Abassi… ! Outch...! Abassi a rasé la poussière de près ! Ce n'était qu'une ruse de la part de Black, qui a redressé juste à temps avant de mordre le sol ! Je crois que nous ne sommes pas au bout de nos surprises concernant ce match… OUI ! SERDAIGLE VIENT DE MARQUER ! DIX POINTS POUR SERDAIGLE QUI ÉGALISE ! »

Flint vit rouge. Il réceptionna rageusement le souaffle avant de s'envoler à toute vitesse en direction des anneaux adverses. Il fut étroitement suivi par Serena Selwyn, sa partenaire, qui se posta à ses côtés. Alexander Wilson les rejoignit, se plaçant de l'autre côté du capitaine, les trois poursuiveurs de Serpentard se retrouvant flanc contre flanc, la balle protégée au milieu de leur barrage. Tous les trois fonçaient à la même allure sous les yeux ébahis du public et des autres poursuiveurs qui leur tournaient autour, cherchant à percer l'étrange attaque menée de front. Ils s'approchèrent dangereusement des buts sans que ni Serena ni Alexander ne brisent la défense corporelle exercée autour de leur capitaine. Anastasiya profita du cognard que Dolohov venait de lui renvoyer pour changer la trajectoire de sa cible, l'orientant dans un même temps vers l'un des poursuiveurs de Serdaigle pour l'éloigner du trio. Un déclic se fit dans l'esprit d'Ernestin, qui profita du passage du second cognard perdu pour envoyer ce dernier vers un autre joueur qui tentait de s'approcher de trop près les poursuiveurs de son équipe. Flint ne perdit pas de temps. Après un mouvement furtif, à quelques mètres des anneaux, il freina net sa course en même temps que Wilson. Serena, le souaffle à présent en main, son coéquipier le lui ayant passé sans que personne ne s'en aperçoive, fut la seule à poursuivre, balançant furieusement la balle à travers les buts. Le gardien fut trop désorienté par l'arrêt soudain des deux autres pour réagir à temps le souaffle passa sans même qu'il puisse tenter de l'arrêter. Le triomphe emporta la tribune des Serpentards qui hurlaient de satisfaction, accompagnés par le commentateur qui continuait de détailler chacune des actions des joueurs.

« Je crois que Flint ne plaisantait pas quand il prétendait que cette année était la sienne, admit Avery.

- Pourrais-tu me rendre mes multiplettes, s'il te plaît ? soupira Ophelia qui n'avait plus la main sur son bien.

- Attends… Regulus et Abassi ont trouvé le vif d'or !

- Et dans la confusion, personne ne les a remarqués… railla Amalia en serrant un peu plus le bras de son petit-ami.

- Il y a autre chose qui survole le terrain… déclara Avery en passant les multiplettes à sa copine. Là-bas, regarde ! »

Amalia l'interrogea du regard avant de saisir l'objet pour mieux observer ce dont il parlait. Un minuscule point volait de façon irrégulière à travers les cieux, un peu plus haut, semblant porter un fardeau. Elle fronça les sourcils.

« Ce n'est pas le vif d'or pas suffisamment rapide et trop peu discret. Qu'est-ce que… C'est une chouette ! »

Victoire et Ophelia arrondirent les yeux à l'exclamation, tentant de distinguer l'oiseau à l'œil nu. Chose peu aisée avec les nuages gris qui les surplombaient et la fine pluie qui n'avait pas cessé de tomber. La forme, plus discernable maintenant qu'elle approchait, se laissa porter par le vent et effectua une arabesque pour se réorienter.

« Elle vient vers nous… » murmura Amalia, regardant toujours à travers les multiplettes. L'oiseau vient vers nous !

- C'est insensé, marmonna Ophelia, pourquoi l'un des hiboux de l'école se promènerait en plein match ?

- C'est une Chevêche d'Athéna, informa Amalia maintenant qu'elle la voyait beaucoup mieux. Et elle porte un paquet… »

Victoire sentit son ventre se tordre d'appréhension. Il n'aurait pas osé lui envoyer un courrier en public, n'est-ce pas ? Et encore moins un objet ?! Pas durant un match de Quidditch, à la vue d'une centaine d'élèves dont ceux de sa maison installés dans la même tribune ?!

Et pourtant, la Chevêche d'Athéna ne s'arrêta pas en cours de route. Elle la survola sans même prendre un instant pour se poser, lâchant pile poil son fardeau au-dessus d'elle, de sorte que son colis retombe sur les genoux de la jeune fille sous les yeux médusés des trois autres assis près d'elle, mais également des camarades alentours à qui l'échange n'avait pas manqué.

« Qu'est-ce que c'est que ce délire… » lâcha Amalia, rendant à sa sœur les multiplettes.

Victoire déglutit. Sans répondre à son amie et sous le regard scrutateur d'Ophelia qui était la plus proche d'elle, la sorcière ouvrit d'une main tremblante la lettre, tâchant de la cacher aux yeux des élèves assis derrière elle. Ophelia parvint à la lire mais n'en fut que plus hébétée.

De près comme de loin, connu de toi ou non, que tu l'acceptes ou pas, je veillerai toujours sur toi. Voilà pourquoi tu peux me faire confiance.

Victoire plongea son regard dans ceux de son amie. Ophelia, compréhensive bien que ne comprenant pas réellement de quoi il était question, attrapa sa main qui tremblait toujours. Elle la mena jusqu'au paquet qu'elle aida à défaire. Victoire crut que son cœur allait s'arrêter de battre face à l'objet que son agaçant inconnu lui avait envoyé.

Sur ses genoux se trouvait un vieux livre en langue française, à la couverture anthracite ornée de divers motifs d'ornement couleur argent. Victoire ne pouvait plus détacher les yeux de son titre.

Au Bonheur des Dames.

Au même moment, l'arbitre siffla et les élèves de sa tribune se levèrent dans un triomphe sans nom. Regulus venait d'attraper le vif d'or, signant la fin du match et la victoire de la maison Serpentard.


à suivre...

Katymyny : Très bonnes remarques. Rita n'a pas été agressée par un Epouvantard bien que celui-ci était bel et bien prévu dans le jeu, à l'endroit où Victoire et les Maraudeurs l'avaient rencontré. Ce sont des élèves qui sont à l'origine de ce qui lui est arrivé… Ce qui est pire. oo

Jane9699 : Je ne peux que partager ton point de vue concernant Regulus, Sirius et Victoire. Les deux autres ne se rendaient peut-être pas compte (compte tenu de leur jeune âge et de leur immaturité…) de leur attitude peu respectueuse, en effet, à l'égard de Regulus… Victoire est un peu injuste là-dessus en lui faisant entièrement porter le chapeau. Concernant Lily, elle est loin d'imaginer le retentissement que son pacte avec Ana aura sur cette dernière ainsi que l'évolution de ce personnage et de son destin, par la suite…