Vous pouvez retrouver ces histoires sur AO3 sous le même nom. Il y a toutes les explications là-bas mais y'en a pas vraiment besoin en soit.
Principe : Drabbles (mais pas que) sur un couple (Kensei/Shuhei) et 26 mots à respecter dans l'ordre (on a pris quelques libertés)
Disclaimer : Rien n'est à moi sauf l'histoire.
Il n'était pas le genre à refuser un défi
La mission avait mal tourné. Ça devait être simple, expéditif même et pourtant… il était là, au cœur de la quatrième, assis sur une chaise inconfortable, à attendre des nouvelles qu'il savait de pas être bonnes. C'était stressant. Plus il y pensait, plus il sentait sa respiration se raccourcir. Sa tête bourdonnait, et quelque chose faisait pression sur ses tempes et sur le haut de son nez, s'étendant sur toute la surface de son front. Il avait déjà eu mal à la tête, mais jamais comme ça. La boule dans sa gorge semblait grossir au fur et à mesure qu'il attendait, prostré sur sa chaise. Déglutir faisait mal. Respirer faisait mal. Réfléchir faisait mal. Il ne pouvait pas s'en empêcher, c'était vital, c'était malsain. Douloureux. Comme des épines qui s'enfonçaient dans son crâne et à l'arrière de sa nuque. S'il ouvrait trop grand les yeux, il pouvait sentir comme des aiguilles lui marteler la rétine et envoyer des décharges de douleur dans tout son corps.
Mais le pire… le pire, c'était tout le reste. Il n'avait rien. Aucune blessure, pas même une égratignure. Rien. Ses quatrième et cinquième siège étaient dans un état critique. Mashiro était toujours inconsciente et son capitaine… dieu, il redoutait sa réaction. Il ne savait pas s'il avait été prévenu. Il ne savait plus rien. Il se souvenait avoir été secouru pour une équipe de la cinquième division, par le capitaine Hirako, mais depuis ça, le vide. Le trou noir. Il ne savait même pas pourquoi leurs deux équipes s'étaient croisées.
Même s'il n'était pas blessé, Shuhei se sentait lourd. Sa poitrine se gonflait difficilement. La douleur dans sa gorge fleurissait aussi dans sa poitrine. Il avait beau frotter son sternum, la sensation ne partait pas. Il n'arrivait pas à la déloger. Il avait l'impression de brûler de l'intérieur. Il ne s'était jamais senti aussi à l'étroit dans son propre corps. C'était la même sensation qu'être sur la pointe d'un ravin. Vous étiez là, et la seule solution pour vous en sortir était de sauter et pourtant… pourtant, il y a cette peur qui vous prend aux tripes et qui vous en empêche. Vous ne pouvez pas. La sensation est glaçante, elle vous paralyse en un instant. Vos membres deviennent raides, votre souffle se raccourcit, le sang tambourine dans vos oreilles et pulse dans vos tempes. Et en un claquement de doigts, en un souffle du vent, vous n'êtes plus bon à rien. La torpeur prend place dans votre corps et vous immobilise. Vous êtes seul face au ravin, il n'y a que vous et le vide, que vous et la solitude, que vous et la peur, vous et cette terreur sur laquelle vous placez difficilement un nom. C'est l'aphasie. Tout devient blanc. Réfléchir est impossible, respirer est impossible, bouger est impossible, vivre semble insurmontable. Vous n'avez pas fait un pas dans le ravin et pourtant, vous tombez. C'est la chute la plus haute et la plus longue de votre vie et pourtant tout ce que vous espérez, c'est que ça s'arrête enfin ; c'est que cette agonie qui a pris place vous libère pour de bon. Parce que tout ce que vous voulez, c'est mourir. Et le ravin et là, noir et profond ; vertigineux, même. Et vous tombez inlassablement, les deux pieds ancrés dans la terre ferme et c'est le pire. C'est le pire, parce que, quoi que vous fassiez, vous ne tombez pas vraiment.
Et le retour à la réalité est dur, implacable. C'est comme, s'écraser au sol, sentir ses os se briser, les larmes dévaler sur vos joues et toujours être en mesure de bouger. La douleur est intenable et vicieuse et pourtant, il n'a rien. Il va parfaitement bien. C'est le mot. Il. Va. Bien.
– Shuhei.
Il lève la tête quand il entend son nom. Son capitaine est là, devant lui, un genou au sol. Il écarte de ses yeux ses mèches brunes d'un simple geste de la main. Le bout de ses doigts caresse son front brûlant. Il n'avait pas remarqué qu'il avait si chaud. C'est à ce moment qu'il essaie de respirer. Il prend une grande bouffée d'air et rien ne se passe. Sa gorge est toujours serrée, sa poitrine lui fait toujours mal, sa tête tambourine toujours et il n'arrive pas à respirer. La panique doit se voir sur son visage. Au loin, il entend Kensei hurler au personnel de venir l'aider nom de Dieu. Il ne se sent pas partir. Pour être honnête, il ne sent plus rien. Alors, il laisse son corps aller en avant et s'écraser contre le torse en face de lui. Il n'y arrive plus. Il se sent vide.
