Vairë venait à peine de laisser Alice, qu'une flèche siffla en passant près de son oreille. Elle vint se ficher dans l'une des colonnes derrière elle. Elle se retourna vers la provenance du tir et son agacement revint au galop quand elle découvrit deux Valar avec des sourires moqueurs et éclatants aux lèvres. Ne pouvant se retenir, elle les apostropha.

"- Hey ! Vous trouvez ça drôle ? Parce que moi non, c'était dangereux. elle croisa les bras sur sa poitrine.

- Plutôt oui ! Et ne t'inquiète pas, mon beau-frère est un pro !" riposta Tulkas.

La demoiselle ne put s'empêcher de se dire que ce dieu devait être le petit dernier de la famille, le genre qui est resté un enfant dans sa tête. Oromë devait penser la même chose puisqu'il lui donna une tape derrière la tête en levant les yeux au ciel.

"- Cette après-midi, c'est le commencement de ton entraînement." lui indiqua Oromë avant de faire demi-tour et de partir. Le deuxième dieu lui conseilla de les suivre si jamais elle voulait trouver la table du déjeuner.

Elle avait cette fois-ci passé le repas avec Tulkas, Ulmo et Nessa. Ces deux derniers étaient vraiment gentils, quoiqu'un peu réservé en ce qui concerne le Vala des mers.

Une fois rassasiée, Tulkas et Oromë l'avaient entraînée dans un coin reculé des jardins et lui avaient expliqué que la leçon du jour consistait à éviter les attaques. Ils s'étaient alors mis au travail.

Quelques semaines étaient passées depuis son arrivée et Alice s'impatientait d'aller sur Arda. C'était peut-être enrichissant de travailler avec les différents dieux mais rien ne valait le terrain. Elle avait hâte de tester ses nouvelles compétences.

Tulkas et Oromë lui avaient appris à se battre pendant des jours grâce à un entraînement plus que complet et épuisant. Parer, esquiver, contrer, attaquer à revers, viser, attaquer... Grâce aux deux Valar, elle avait appris à manier plusieurs armes comme la hache, l'épée, l'arc, la lance et tout ça de manière ambidextre. Oromë lui avait appris à chasser, même s'il contrôlait les flèches pour éviter de tuer les animaux de Yavanna. Il lui avait aussi appris à passer inaperçue. Nessa, la femme de Tulkas, lui avait enseigné à tenir le rythme d'une course rapide et l'endurance. Profitant de cela, elle lui avait montré quelques pas de danses des différents peuples d'Arda.

Son entraînement ne s'était pas arrêté là. Tous les dieux y avaient mis du leur. Vairë lui avait raconté les principaux événements historiques au travers des livres de la bibliothèque et des tapisseries qu'elle tissait dans le palais de Námo. En passant par les elfes Ñoldor et Sindar ainsi que les histoires de Fingolfin, Fëanor et Eärendil. Mais aussi celle de l'apparition de la lune et du soleil, la submersion de l'île des hommes rebelles : Númenor, la création des Balrogs et des dragons, l'histoire des Maiar comme Sauron et celle des Istari...

Après, la Vala lui avait conseillé de rendre visite à Estë. Cette dernière lui avait d'abord inculqué comment mettre à profit chaque minute pour se ressourcer et se reposer, même pendant un effort physique. Puis, avec l'aide de Yavanna, elle lui indiqua comment reconnaître les herbes et les plantes aux vertus médicinales, étant aussi guérisseuse. Yavanna avait poursuivi par la connaissance de la nature et tout ce qu'elle pouvait lui amener de bon, de nutritif ou relaxant. Elle lui apprit aussi de nombreux noms d'animaux. Par la suite, la Terrienne se rendit chez Vána.

Cette dernière ne pouvait rien lui apprendre si ce n'est comment rester jeune, ce qui n'intéressait pas Alice. Cependant, elle l'invita à se balader dans les jardins d'Irmo. Les oiseaux et les fleurs les avaient suivies. Ce fut un moment de paix incroyable.

La blonde était un peu désappointée en se rendant au cours d'après, avec une famille un peu macabre. Elle rencontra donc Nienna, Vala du deuil et son frère Námo, Vala de la mort. Ces deux-là éclairèrent un point sombre qui subsistait dans l'esprit de la jeune femme. La question suivante : une fois la quête finie, que lui arrivera-t-il ? Avec un tendre sourire, Nienna lui expliqua d'abord, qu'en tant que déesse du deuil, elle était chargée d'éviter sa mort. Elle était sommée de surveiller son état et d'alerter Estë, la guérisseuse, si jamais elle était blessée. Námo prit la suite des explications et lui confia qu'une fois morte, elle serait renvoyée en Valinor. Elle garderait l'accès au côté divin. Elle passerait donc sa vie entière sur Arda, à l'époque où elle atterrirait.

Le frère des deux dieux l'emmena voir Varda, leur reine. Avec son aide, Irmo lui enseigna la signification des rêves. Varda lui expliqua que les rêves pouvaient être influencés par le placement des étoiles et astres puis lui apprit leur positionnement et à en déduire les présages.

Par la suite, la demoiselle avait fait une pause de quelques jours. Il lui restait à voir Ulmo, Manwë et Mahal. Ce dernier l'évitait depuis peu et ne faisait que de la regarder de loin, sous le regard désolé de Yavanna. La jeune fille trouvait cela curieux. Elle s'était posée des questions mais avait remis ses demandes d'explications à plus tard quand son entraînement avait repris.

Elle fut surprise de découvrir Manwë devant sa porte ce matin-là, avec dans les mains un croissant. Quand elle l'eut avalé, il lui tendit une gourde d'eau. Le dieu n'avait pas décroché un mot durant le chemin. Ils se trouvaient actuellement dans l'un des endroits les plus somptueux des appartements divins. Au milieu de la pièce se trouvait un trône démesuré, sûrement à la taille habituelle du souverain. Toute la pièce avait des reflets bleu clair et en regardant par une fenêtre, on pouvait voir qu'elle se trouvait au sommet d'une montagne blanche comme neige.

"- Savez-vous où nous sommes Alice ?" questionna le Vala.

La susnommée secoua la tête de gauche à droite pour lui signifier que non, elle ne savait pas. Il était l'un des seuls à encore la vouvoyer, comme Mahal. Et étrangement, cela la gênait plus venant du second que du premier.

"- Nous sommes au Taniquetil ou autrement appelé "haut sommet blanc", en quenya. Et ceci est mon trône. Voyez-vous, je vous ai amené ici car peu de personnes peuvent passer le pas de la porte. Ces derniers doivent posséder des capacités magiques exceptionnelles. Nous sommes là précisément pour que vous trouviez vôtre pouvoir au plus profond de vous et que vous l'éveillez. Je vais donc vous laisser ici afin que vous méditiez, comme Estë vous l'a si bien appris. Quand vous aurez trouvé ce que vous cherchez, ne vous inquiétez pas je le saurai et je viendrai vous voir."

Alice, ahurie, le regarda partir. Elle en avait plus qu'assez de méditer et de se reposer. Elle aurait vraiment tout donné pour participer à un nouvel entraînement de combat épuisant ou même à un des entraînements de course de Nessa… Et qu'est-ce qu'il entendait par magie ? Voulait-il lui faire comprendre qu'elle était un genre d'Istar comme Gandalf ? Qu'elle allait avoir un bâton et pouvoir faire des trucs de dingue comme lui ? La jeune femme se laissa tomber au sol, autant en finir au plus vite et avoir des réponses. Il lui fallut plus d'une heure afin de se sentir ne serait-ce que reposée. Sa respiration était lente et son esprit vide. Elle se concentra et essaya d'imaginer à quoi pouvait bien ressembler de la magie pure. Pour elle, c'était comme une boule de lumière blanche éblouissante cachée au creux de sa poitrine, entre ses deux rangées de côtes.

De l'autre côté de la ville divine, du nom de Valmar, les Valar étaient en grande discussion.

"- Tu dois lui dire, Mahal. Elle se doute déjà de quelque chose. soupira Vairë en direction du barbu. Celui-ci avait la tête dans les mains.

- C'est sûr que la façon dont tu te comportes avec elle, ne peut que l'intriguer. renchérit alors Tulkas en haussant les sourcils.

- Je ne sais pas comment m'y prendre... murmura le forgeron.

- Tu lui dis clairement, sans ambiguïté et au passage, tu lui expliques à quelle quête elle devra participer et ce qu'elle devra faire." intervint Manwë, revenant du Taniquetil.

Mahal hocha la tête et Yavanna lui prit la main. Elle avait aussi une part de responsabilité dans les préoccupations de son mari.

Cela faisait maintenant deux heures et Alice était entrée dans une espèce de transe. C'est là qu'elle la sentit. Une chaleur se répandait doucement dans son être et envahissait chaque parcelle de sa peau. Un sourire prit place sur le visage de la Terrienne et elle ouvrit les yeux. Son attention se plaça directement sur ses mains où le creux de ses paumes brillait. En levant la tête, elle tomba sur des yeux d'un marron chocolat. Manwë avait un léger sourire et il hocha la tête quand elle tendit ses paumes vers lui. En silence, il l'invita à le suivre vers la salle où se déroulaient les repas. Ses paumes scintillaient toujours et en voyant cela les Valar arrêtèrent leurs activités. La surprise passée pour les premiers, ils se mirent à applaudir. Pour la première fois, la blonde se sentit rougir. Son regard se tourna automatiquement vers la table des quatre dieux qui l'avaient accueillie et elle fut contente de voir de la fierté dans tous les regards, même dans celui de Mahal. Manwë l'invita alors à se sustenter avec sa femme et lui. Elle accepta sans hésiter.

À la table de Manwë et de Varda, étaient aussi présents Varda, Vairë et Ulmo. Alice fut mise au courant que son apprentissage magique allait débuter avec ce dernier qui lui apprendrait à manier l'eau. Enfin, quelques bases. Elle apprit aussi qu'elle n'aurait pas de bâton et qu'elle se servirait principalement de ses mains. Varda lui raconta que le Taniquetil avait encore un rôle à jouer dans l'histoire des Valar. Selon la légende quand Morgoth reviendra à la fin du monde, Manwë descendra de son trône pour le réduire au néant. Eru fera alors entendre la dernière musique des Ainur qui façonnera Arda définitivement. La blonde fut subjuguée et ne put s'empêcher de demander où était exactement Morgoth à l'instant où ils parlaient.

"- Je vous montrerai après le repas." lui annonça alors le souverain divin.

Comme dit plus tôt, il la mena à la bibliothèque. Elle leva un sourcil quand le dieu ouvrit une porte dissimulée en plein dans le mur. Elle comprit à son regard grave que si cette porte était cachée, elle devait le rester. Manwë entra et Alice se précipita sur la porte pour la retenir, la galanterie avait visiblement ses limites. Il faisait sombre jusqu'à ce que le dieu allume des bougies rien qu'avec sa pensée. La pièce était ronde et les murs noirs. Il n'y avait rien, aucun meuble, aucune fenêtre... Puis soudain, un léger tremblement de terre se fit ressentir et une colonne émergea du sol, au centre de la pièce. Incrustée dans cette colonne, se trouvait une alcôve et dans cette alcôve...

"- Ne me dîtes pas que c'est un Palantír?" laissa échapper la blonde, sous le coup de la surprise.

Personne ne lui répondit. Le Vala posa la main sur la sphère et l'invita à faire de même. Alice hésita un instant et l'imita. À peine avait-elle touché l'objet que la pièce se mit à virevolter autour d'elle. Elle atterrit alors au milieu d'une cellule.

" - En réalité, je suis dans la cellule et vous, vous êtes dehors. objecta une voix.

- J'ai pensé à voix haute ? Et puis d'abord où et qui êtes-vous ? commença à paniquer la jeune fille, tournante sur elle-même.

- Si tu es là, c'est que tu as demandé à me voir sombre idiote !" s'emporta l'inconnu.

Une ombre se rapprocha dangereusement des barreaux et la demoiselle put bientôt distinguer une forme voûtée. La chose releva la tête et la blonde porta une main à sa bouche. La peau de l'homme était blanche, presque grise, et il semblait avoir au moins 80 ans. Ses yeux étaient fous mais elle remarqua une ressemblance avec ceux de Manwë. Elle hoqueta alors de surprise.

"- Vous êtes Mor... Melkor, enfin, je veux dire... Vous êtes Melkor ?

- Bravo, quelle perspicacité ! Et toi, qui es-tu ? Tu dois être importante pour que mon frère accepte de... Oh, je vois. Ainsi donc, tu es fille de Valar..." reprit l'homme en souriant étrangement.

Alice s'était reculée et avait ouvert la bouche pour répondre mais quelqu'un le fit à sa place.

"- Arrête de sonder son esprit, Melkor. Elle voulait savoir où tu étais, je lui ai montré et maintenant nous partons."

En disant cela, Manwë l'avait poussée vers le fond de la pièce et la jeune femme y distingua le second Palantír. Y mettant sa main, elle entendit une dernière remarque de Morgoth que ce dernier avait murmurée.

"- Es-tu sûre de pouvoir les sauver tous, Terrienne... ? "

Manwë était remonté. Il décida d'accélérer la fin de son entraînement. Alice n'osa rien dire quand ils pénétrèrent dans le pavillon où les dieux discutaient tranquillement. Cependant, les discussions cessèrent bien vite quand le monarque traversa la pièce, entouré d'une aura noire.

"- Ulmo ! Mahal ! Il est temps de s'y mettre. vociféra-t-il en passant. La blonde s'arrêta net à côté du Vala des mers.

- Vous avez été voir Morgoth, n'est-ce pas ? lui demanda ce dernier. Elle le regarda et hocha lentement la tête. Elle ne s'attendait pas à ce qu'on lui hurle dessus.

- Quoi !? J'espère que tu rigoles là ! Je n'y crois pas. Morgoth est l'être le plus maléfique que ce monde n'ait jamais porté et tu vas le voir de ton plein gré ? J'ai du mal à croire qu'on soit par-..."

Mahal se tut et se pinça l'arête du nez en se rendant compte de ce qu'il avait failli dire. Alice ne bougeait pas, la bouche entrouverte. Et alors qu'elle s'égosillait, les dieux quittèrent la pièce en vitesse.

"- Pardon ! Excusez-moi, mais je ne suis pas sûre de vous avoir très bien comprise Aulë. elle utilisait ce nom juste pour l'énerver. Vous, vous êtes mon parent !? Et qui d'autre ? Qui ! en voyant Yavanna dans un coin de la pièce elle la pointa du doigt. Vous aussi, c'est ça ? Vous êtes donc mes parents !? C'est ce que vous avez sous-entendu, n'est-ce pas ? Des parents que j'ai attendu toute ma vie !"

De grosses larmes roulaient le long de ses joues et bientôt l'air vint à lui manquer. Yavanna se précipita vers elle et lui saisit le visage en lui ordonnant de respirer. La jeune fille se débattit mais en se plongeant dans ses yeux, elle se calma instantanément. La Vala la prit dans ses bras et elles tombèrent au sol. Derrière elles, Mahal se rapprocha et vint poser une main sur l'épaule d'Alice et l'autre sur celle de sa femme.

"- Nous devons t'expliquer certaines choses. D'accord ?" l'informa Yavanna. Elle acquiesça.

C'est ainsi que la jeune femme se retrouva dans leur chambre, à discuter. Yavanna et Mahal lui expliquèrent alors qu'ils n'étaient pas exactement ses parents biologiques mais ses plus vieux ancêtres et que c'était pour ça qu'elle avait eu des facilités à apprendre tout ce qu'elle savait aujourd'hui et à s'adapter en Terre du Milieu. La "famille" apprit donc à se connaître avant qu'Alice, se sentant très fatiguée par cette journée riche en émotions, aille se coucher.

Le lendemain, ainsi que les jours qui suivirent, Ulmo tenta de lui apprendre à manier l'eau. Il commença par lui montrer comment faire tourner l'eau dans un verre grâce à sa magie. L'apprentie concentrait l'énergie qui lui traversait le corps et la projetait dans le verre, créant de mini-vagues. Elle faisait énormément de progrès, elle avait entendu Ulmo le confier à Nessa et Tulkas, la semaine suivante. Elle savait soulever l'eau, la multiplier et l'envoyer sur quelque chose avec une force surprenante. Elle avait même détruit une colonne du pavillon. Cependant, un soir, elle avait surpris une conversation entre Varda et son mari :

"- Il faut que Mahal lui apprenne rapidement ce qu'il doit lui enseigner car la quête va bientôt commencer... se tracassait Manwë.

- Il le fera. En parlant de ça, est-ce que tu lui as dit de quoi il en retournait ?

- Non, j'ai oublié.

- Manwë... s'était exaspérée sa femme. Tu n'es pas sérieux, il faut qu'elle se prépare. Tu ne peux pas repousser indéfiniment ! Il reste moins d'une sem...

- Varda. Je pense qu'elle est assez prête et je crois même qu'elle sait déjà dans quelle quête elle va atterrir et ce qu'elle devra y changer. l'avait coupée son mari. Varda resta interdite un instant.

- C'est Morgoth n'est-ce pas ? Qu'est-ce qu'il lui a dit ? l'avait-elle interrogé, posant une main sur son bras.

- Il m'a demandé si j'étais sûre de pouvoir les sauver tous. était intervenue la concernée, en sortant de derrière la colonne où elle était. Puis elle avait repris. J'aimerais vous dire que oui mais je peux juste vous promettre que je ferai de mon mieux pour les sauver, tous les trois."

Les deux dieux avaient hoché la tête et après s'être inclinée, Alice était retournée à ses appartements.

Ce soir-là, la demoiselle devait retrouver Mahal juste avant le repas pour une dernière mise au point, à propos de l'apparition du feu. Les Valar avaient pensé qu'elle mettrait plus de temps à le maîtriser que l'eau puisqu'elle devait le créer pour l'utiliser. En réalité, elle n'avait mis que quelques heures. Mahal avait presque sauté de joie. Il en avait profité pour lui montrer comment polir des armes. Elle y repensait en arrivant au banquet. Mais dans la salle, comparé aux autres soirs, il n'y avait rien ni personne. Elle se retourna et découvrit Yavanna et sa sœur qui refermaient la porte derrière elles. La première avait une pile de vêtements dans les mains et Vána déposait un sac à l'entrée. Toutes deux avaient le regard triste.

"- C'est pour ce soir, ça y est ? entama la jeune femme.

- Oui, tu ne pouvais pas rester là une année de plus. plaisanta Vána en essuyant une larme.

- Déjà un an ? souffla Alice, choquée.

- Presque deux. Tu auras 21 ans dans cinq mois et l'anniversaire de ta date d'arrivée est...

- Dans sept mois... compléta-t-elle. Elle releva la tête et leur offrit un sourire. Je suis prête."

Les déesses l'aidèrent à s'habiller. Elles avaient très bon goût. Elle avait des bottes marron clair qui lui montaient en haut des genoux et qui se fermaient à l'arrière avec un lacet. Son pantalon était près du corps et marron foncé. Elle avait une chemise blanche à manches longues et évasées puis resserrées aux poignets. Le col était froissé et se fermait avec trois boutons en bois. En dessous du dernier bouton, commençait son corset marron clair dont les lacets étaient devant. Par-dessus, elle enfila un veston noir en daim et le resserra à la taille à l'aide de ses sangles. On lui mit ensuite une cape sur les épaules. Noire, elle n'avait qu'une attache au niveau du col et s'agrémentait d'un capuchon qu'elle pouvait rabattre jusque devant ses yeux. Mahal et Oromë entrèrent alors et la première chose qu'ils firent fut de la prendre dans leurs bras.

"- On t'apporte tes armes et tiens, je t'ai confectionné des gants, enfin des mitaines. Pour que le pommeau des armes ne te brûle pas et pour tirer à l'arc."

En même temps qu'il parlait, Mahal lui enfila les gants noirs rembourrés de fourrure grise. Elle lui sourit. Oromë lui tendit un arc en ébène avec des flèches du même bois. Le carquois était, quant à lui, de chêne avec une sangle de cuir. Elle le passa par-dessus son épaule. Ensuite, Mahal lui tendit une épée légère et elle reconnut ce qui en composait le pommeau. Une dent de dragon. Elle pensait que cela s'arrêterait là mais simultanément les nouveaux arrivants lui tendirent deux petites lames jumelles avec des manches en bois, pour Oromë, et deux petites haches en acier, pour Mahal.

"- Laissez-moi deviner, il y a des rangements dans ma cape ? soupira la jeune femme en secouant la tête mais toujours souriante.

- On l'a un peu... améliorée." avait alors répondu Vána, fière d'elle.

Alice rangea donc les deux haches dans la doublure de sa cape, près de ses hanches et les deux lames dans son dos. Cela lui rappelait un certain nain blond. Alors qu'elle avait fini, elle se rendit compte que les Valar étaient tous là. Varda lui tendit son sac et en l'ouvrant elle vit qu'ils avaient tous mis du leur pour lui préparer. Elle reconnut des potions et des plantes d'Estë, un carnet vierge avec l'initiale de Vairë. Il y avait un coquillage dans lequel on entendait la mer, Námo et Nienna lui avaient offert le sac en lui-même. Irmo lui avait offert un attrape-rêves fait du bois de ses jardins. Tulkas et Nessa lui avaient préparé des réserves de nourriture. Alice avait découvert la passion pour la cuisine du couple un matin, en les voyant amener les pâtisseries. Il y avait aussi des vêtements de rechange. Ils avaient vraiment pensé à tout.

Manwë s'approcha d'elle et se mit à sa hauteur. Il lui mit un collier autour du cou et des boucles d'oreille dans la main, des anneaux en argent simples et vraiment petits. Le collier était fait d'une chaîne en or blanc où pendait un croissant de lune, noir.

"- Les boucles d'oreille s'accrochent en haut des oreilles pointues que tu vas avoir quand on t'aura changée. C'est mon cadeau et le collier est notre cadeau commun. Mahal l'a forgé en y mettant l'essence de chaque Vala présent. lui expliqua-t-il.

- Merci, merci à tous... Mais qu'entendez-vous par me "changer" ? s'inquiéta la demoiselle.

- Ne t'en fais pas, ce n'est presque rien. Tu auras juste des oreilles légèrement pointues et tu vas rétrécir. Tu feras la taille moyenne qu'aurait une personne mi-naine, mi-hobbit puisque tes ancêtres sont Yavanna et Mahal. la renseigna Nessa.

- Pas de pieds démesurés et poilus… et pas de barbe ? Ni de moustache ? Rassurez-moi. souffla-t-elle en direction du couple. Ils secouèrent la tête négativement. Ok, alors ça me va. On peut y aller."

Manwë murmura quelque chose et en moins d'une seconde, elle dut lever les yeux pour le regarder. Elle était vraiment minuscule. Devant elle, un portail semblait ouvert. C'était une brèche parcourue d'électricité qui fendait le mur blanc. Elle s'avança et se retourna vers le groupe qui la regardait avec des sourires aux lèvres et quelques larmes pour certains.

"- Vous allez me manquer. Mais j'espère ne pas vous revoir de sitôt, sans vouloir vous offenser.sa phrase suscita quelques rires. À dans très longtemps, alors." souffla-t-elle avant d'entrer dans la brèche.