Après avoir confié le hobbit aux soins de Bofur, Alice fit demi-tour pour retrouver le reste des nains. L'un d'entre eux soupirait qu'ils avaient perdu leur cambrioleur. Encore installé à la table, Thorin discutait à voix basse avec Gandalf. Ils se tournèrent vers elle.

"- Ah, très chère, vous revoilà ! s'exclama le magicien, excessivement joyeux. Comment va notre hobbit ?

- Il est toujours dans les vapes. lui répondit-elle en s'approchant. Les nains la regardaient de travers. Mais ça devrait aller.

- Comptez-vous nous dire à qui est-ce qu'on a à faire, Gandalf ?" cingla Dwalin.

La demoiselle avait beau avoir passé plus d'un an en compagnie de dieux parfaitement calmes et polis, elle n'en restait pas moins farouche. Alors elle s'avança vers le nain au crâne rasé, tellement près qu'elle leva les yeux pour s'adresser à lui.

"- Elle est juste devant vous alors pourquoi ne pas lui demander ? articula-t-elle, plissant les yeux. Le nain parut hésitant.

- Qui êtes-vous ?"

La question ne venait pas de celui auquel elle s'attendait. Alice se tourna alors vers le nain qui avait parlé, qui n'était autre que sa Majesté Thorin. Il l'impressionnait peut-être mais elle n'allait pas le laisser lui marcher dessus.

"- Alice, pour ne pas vous servir. riposta-t-elle sans s'incliner. Apprentie de Gandalf et votre nouvelle meilleure amie. Je pense qu'on va partager un bon bout de route ensemble, pour ne pas dire toute."

Fíli et Kíli, dans un coin de la pièce, se délectaient de la vue de leur oncle passablement dérouté par la demoiselle. C'était divertissant.

"- Vous n'étiez pas prévue. claqua froidement Thorin.

- Oui, mais vous parlez au passé donc maintenant je le suis. le contra-t-elle sur le même ton, sans se départir de son sourire. Gandalf, vous devriez aller voir Bilbon."

Bilbon avait refusé de venir. Gandalf paraissait confiant, la Compagnie semblait partagée. Alice était sereine. Après sa dernière altercation, elle avait signé un contrat en tant que soutien de la Compagnie, puis avait regagné sa chambre sans demander son reste, le chant des nains la faisant sombrer dans le sommeil.

Le lendemain, un certain Magicien Gris la réveilla très tôt, lui annonçant que le petit-déjeuner était servi. Elle avait bougonné pour la forme puis s'était habillée rapidement. En entrant dans la cuisine de Bilbon, elle ne s'attendait pas à ce que Bofur lui saute dessus pour lui fourrer deux pommes et un verre d'eau dans les mains.

"- Mangez ! C'est certainement le dernier repas correct que vous allez prendre. lui dit-il avec un clin d'œil, l'emmenant vers la table.

- Laisse-la respirer. recommanda Fíli au nain, souriant dans sa tasse.Elle vient de se lever.

- Oh, ça ne me dérange pas. Vous vous appelez Bofur, c'est bien ça ? s'enquit la blonde en croquant dans sa pomme, l'air de rien.

- Exact et là-bas c'est mon frère Bombur. Il est un peu gros. Bifur, celui avec la hache dans la tête, est notre cousin. Il ne parle que le khuzdul ancien, on a du mal à le comprendre parfois. Bombur grommela dans sa barbe alors que Bifur lui faisait des signes étranges, s'exprimant indistinctement. Il demande si tu vas mieux depuis hier.

- Bien sûr, oui. Merci de m'avoir rattrapée, d'ailleurs ! sourit la jeune femme en se tournant vers son sauveur, légèrement rouge. Une chose étrange s'était passée. Le temps d'un instant, elle avait cru comprendre ce qu'il lui avait dit. Pour masquer son trouble, elle se tourna vers le nain en face d'elle. Et vous ?

- Moi quoi ? la taquina Fíli. Elle vit son frère, à côté, pouffer dans son bol.

- Je vous demande quel est votre nom, Monsieur le blagueur. répondit Alice, levant les yeux au ciel.

- Fíli, pour vous servir demoiselle Alice. susurra le nain, charmeur, avant de reprendre une voix normale. Et l'imbécile à mes côtés, c'est Kíli, mon frère.

- Je ne suis pas un imbécile. bougonna Kíli. Nous sommes les neveux de Thorin, le...

- Le nain hyper poli et gentil qui semble avoir envie de m'égorger depuis hier ? Je vois qui c'est. le coupa la blonde, sa réplique faisant rire les nains.

- Il n'est pas tout le temps comme ça. intervint celui à la barbe blanche. Parfois, il est vraiment gentil.

- Je n'en doute pas, Monsieur Balin. concéda la demoiselle en attrapant son verre pour le boire d'une traite.

- Ainsi, vous avez retenu mon nom, étonnant. Je ne me souviens pas...

- Gandalf l'a dit quand vous avez parlé de la Grande Porte, il me semble. se justifia la jeune femme. Je retiens vite les noms.

- Oh, il vaudrait mieux ! Les noms de nos compagnons se ressemblent, alors autant les apprendre maintenant. s'immisça le magicien à l'autre bout de la table, un verre de vin devant lui. Alice grimaça. Du vin au petit-déjeuner, on aura tout vu.

- Mon frère s'appelle Dwalin. commença Balin dans le but de lui présenter tous les autres, les pointant tour à tour. Glóin est le frère d'Óin.

- Je note, je note. souffla la blonde en feignant la concentration.

- Les trois nains là-bas, ce sont les frères Ri. Dori est le plus vieux et s'occupe toujours d'Ori, le plus jeune. Celui du milieu, c'est Nori.

- Ne le laisse pas t'approcher, il te fera les poches plus vite que son ombre ! la mit en garde le nain au chapeau.

- Je t'entends, Bofur !" cria le supposé voleur de l'autre bout de la pièce.

S'ensuivit une petite dispute entre les deux où Bofur accusa le nain à la coiffure en étoile d'avoir dérobé un de ses chapeaux préférés. On aurait dit un vieux couple en pleine scène de ménage. D'ailleurs, Dwalin devait le penser aussi puisqu'il mit fin à la querelle en les appelant les amoureux. Les deux nains s'étaient indignés mais Alice n'avait pas manqué le regard amusé qu'ils avaient partagé. Elle ne manquerait pas de leur en toucher deux mots, plus tard. Thorin entra à ce moment-là dans la pièce. L'ambiance ne changea pas, il n'était pas de ces chefs qui imposaient le silence quand ils arrivaient et qu'on craignait. La blonde était soulagée, il était quand même un minimum humain.

"- On part bientôt, sans se presser. informa-t-il. Nous devons prendre les poneys à Bree, en fin de matinée."

Ok, ils partaient à pieds. Très bien. Alice partit prendre son sac, vérifiant par la même occasion qu'elle n'avait rien oublié. En revenant sur ses pas, elle passa devant la chambre de Bilbon. Elle contempla la porte un instant, sachant pertinemment qu'elle le reverrait bien assez tôt. Elle sortit de la maison puisqu'elle était déserte.

"- On a failli attendre !" se plaignit Fíli, comme elle refermait la porte derrière elle. Elle lui tira la langue et ils se mirent tous en route.

L'envoyée des Valar marcha en silence aux côtés des deux princes. Elle observait Bofur et Nori un peu plus loin, tout en écoutant les idioties des héritiers, riant quelques fois à leurs blagues. Ils tentaient de lui faire la conversation mais elle n'était pas décidée à parler, pour l'instant. Elle réfléchissait à la vie qu'elle allait pouvoir inventer quand ils lui poseraient des questions un peu plus personnelles que "vous avez bien dormi ?" ou "vous n'aimez pas beaucoup notre oncle, n'est-ce pas ?"

Ils arrivèrent à Bree en temps et en heure, pour récupérer les poneys. Ils se les répartirent et les chargèrent. La Terrienne se trouvait sur un poney noir, des sabots à la crinière. Il était vraiment élégant.

"- Il n'a pas de nom. Si vous voulez, vous pouvez lui en donner un. la fit sursauter une voix, à l'entrée de l'écurie. Prosper, Prosper Mérimée. l'informa un jeune homme en lui tendant la main.

- Alice. se présenta la jeune femme, étonnée. Il n'a pas de nom ? Pourquoi ? Tous les autres en ont un pourtant.

- Oui, mais on ne donne pas de nom aux poneys noirs. Les gens d'ici disent qu'ils portent malheur. répondit Prosper en caressant l'encolure de l'animal. Si vous voulez mon avis, je trouve ça ridicule.

- Moi aussi. lui sourit-elle. Hm... Black Pearl. Ce sera parfait.

- Black Pearl ? C'est une langue que je ne connais pas, qu'est-ce que cela signifie ? demanda l'homme en fronçant les sourcils.

- Perle noire. lui apprit la blonde, avant de remarquer Bofur qui l'observait depuis la porte. Enchantée de vous avoir rencontré, Prosper ! À bientôt, peut-être.

- De même Alice, à bientôt."

La demoiselle entraîna Black Pearl à sa suite pendant que Prosper s'en retournait au pub. Passante à côté de Bofur, elle fronça les sourcils quand il pouffa. Elle l'interrogea sur les raisons de son rire mais le nain ne répondit rien, se contentant de lever les mains en signe d'innocence. Il fila ensuite vers ses compagnons. La jeune femme soupira et rangea ses dernières affaires dans des sacs accrochés à la selle du poney. En rejoignant le groupe, elle remarqua quelques regards hostiles à son égard. Dori en premier lieu, puis Dwalin et Glóin, Fíli et Kíli semblaient déçus.

"- Vous avez fini de séduire le garçon d'écurie, on peut partir ? grogna Thorin à son encontre. La blonde resta interdite avant de se colorer de rouge jusqu'aux oreilles.

- Je ne séduisais pas le garçon d'écurie ! Il s'appelle Prosper et c'est le fils du gérant du bar ! Il me parlait de mon poney, c'est tout. s'indigna-t-elle en croisant les bras.

- Grand bien lui fasse."

Et Thorin tourna les talons dans un mouvement plein de grâce et de mépris. Quelques nains pouffèrent en le suivant. Alice se renfrogna et monta sur son poney. Elle était en queue de file, toute seule. Les deux héritiers étaient plus en avant, Bofur était avec son cousin et Nori avait remonté le groupe pour se mettre aux côtés de Dwalin. Devant elle, se tenaient Dori et Glóin. Les deux amis parlaient de Bilbon. Nori, à ce moment-là, lança à la cantonade que le hobbit ne viendrait pas, malgré le contrat qui l'attendait sur la table. Bofur, dans sa volonté de vouloir le contrarier, lui dit qu'ils n'avaient qu'à parier. Ainsi, les paris fusèrent. Il y avait d'un côté ceux qui étaient sûrs que Bilbon viendrait. Ils n'étaient pas nombreux : Bofur, Óin, Kíli et Fíli. Pour les autres… Bref, seuls Thorin et Dwalin n'avaient pas pris parti. Ce dernier se tourna vers Gandalf et le consulta. Le magicien paria que le hobbit viendrait, sans grande surprise. Puis Alice apostropha le souverain. Et bien qu'elle n'ait appelé que lui, ce furent tous les regards qui se tournèrent vers elle. Elle remonta alors la file en faisant fi des autres et se posta près du roi.

"- Vous ne pariez pas ? lui demanda-t-elle à voix basse.

- À quoi bon ? Il ne viendra pas, vous allez perdre de l'argent. bougonna-t-il sans même la regarder.

- Qui a dit que je voulais parier de l'argent ? Et si vous en êtes si sûr, pariez donc avec moi, qu'importe le prix. Moi, je pense qu'il viendra. insista la jeune femme en regardant la route. Le nain, qui l'observait du coin de l'œil, ne sut quoi répondre face à son air malicieux. Faisant demi-tour avec son poney, elle lui fit un clin d'œil.

- Pari tenu." accepta Thorin, parlant juste assez fort pour que tout le monde l'entende.

Un grand sourire illumina le visage d'Alice qui ne se retourna même pas.

Ils chevauchaient depuis une bonne heure quand Ori lança soudainement :

"- Je vous l'avais dit, vous vous rappelez ? C'était une perte de temps de venir ici.

- Ça, c'est bien vrai ! confirma Dwalin.

- C'était ridicule, faire appel à un hobbit, un semi-homme. continua le jeune nain, sans retenue, avant qu'un cri ne se fasse entendre derrière eux.

- Attendez ! Attendez !"

Les têtes se tournèrent d'un seul et même mouvement. Le sourire d'Alice s'agrandit.

"- Je l'ai signé. annonça alors fièrement Bilbon, parce que c'était bien lui, arrivé à la hauteur de Balin à qui il tendit le contrat.

- Eh bien, tout me semble en ordre. Bienvenue, Monsieur Sacquet, dans la Compagnie de Thorin Écu-de-chêne. déclara le nain à la barbe blanche. En parlant dudit Thorin, il regardait le hobbit d'un air blasé. Il ne s'adoucit pas quand il posa les yeux sur la seule femme de sa Compagnie, plus loin, qui lui souriait de toutes ses dents.

- Donnez-lui un poney. ordonna-t-il avant de reprendre la route.

- Non, non, ce ne sera pas nécessaire, merci. paniqua le hobbit. Je suis sûr que je peux suivre à pieds. J'ai déjà fait tout un tas de randonnées, voyez. Je suis même allé jusqu'à la Grenouillère wooo..."

Mais trop tard, Fíli et Kíli l'avaient saisi chacun par un bras afin de le soulever pour le déposer sur un poney.

La Compagnie reprit la route.

"- Allez Nori, il faut payer ! lança soudainement Óin. Nori, tellement sûr de son coup, avait parié avec plusieurs nains. Merci mon gars !

- Que se passe-t-il ? demanda Bilbon à Gandalf, alors que plusieurs bourses volaient au-dessus d'eux.

- Ils ont parié sur les chances que vous veniez ou pas. La majorité a parié que non. révéla le vieil homme, comme si ce n'était pas une évidence.

- Et qu'en pensiez-vous ? ne put s'empêcher de le questionner le cambrioleur fraîchement engagé.

- Oh... Ahah, mon cher ami, je n'ai pas douté de vous un seul instant." élucida-t-il en attrapant la bourse de Dwalin qui ronchonnait. Le magicien se pressa de la fourrer dans son sac.

Alice observait le manège de Nori qui tentait de voler la bourse qu'il avait lui-même donnée à Bofur. Le nain n'était pas très discret. Il faisait des zigzags avec son poney derrière celui de sa cible. Bilbon s'exclama alors qu'il fallait faire demi-tour parce qu'il avait oublié son mouchoir. Le nain aux deux nattes, se retournant, leva un sourcil en apercevant Nori prendre un air innocent. Au lieu de faire une quelconque réflexion, il déchira un pan de sa veste et le lança à Bilbon qui le rattrapa, non sans une grimace de dégoût. Bofur décréta que ça ferait l'affaire et Gandalf commença un discours, ou plutôt un sermon, à l'adresse de Bilbon. Il lui faudrait se passer de ses mouchoirs et de bien d'autres choses à partir de maintenant...

Le hobbit chevauchait aux côtés de la Terrienne, raide comme un piquet. En temps normal, elle aurait ri de sa position mais elle n'avait pas la tête à ça.

"- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? s'enquit-il.

- Oh, rien. souffla-t-elle en gardant son regard sur la route.

- Pas à moi, demoiselle... commença Bilbon. Je ne connais même pas votre prénom !

- Alice, enchantée Bilbon. sourit la blonde en lui tendant une main que le hobbit serra. En fait, quand on s'est arrêté pour prendre les poneys à Bree... J'ai discuté du mien avec le fils du gérant et ils ont tous cru que je tentais de le séduire. Dans quel but ? Je n'en sais rien !

- Ce sont des nains. Ils sont très différents de nous. expliqua simplement le semi-homme en haussant les épaules. La dernière remarque fit rire la jeune femme aux éclats. Quelques têtes se tournèrent vers eux mais elle n'y prêta pas attention.

- Nous ? Ainsi, vous pensez que je suis une hobbit ? Pourtant, je n'ai pas de pieds poilus ! plaisanta-t-elle.

- Oui, mais... balbutia Bilbon, cherchant ses mots. Vous êtes quoi alors ?

- Vous n'êtes pas une naine, en tous cas ! s'immisça Bofur en ralentissant pour être à leur hauteur.

- Pourquoi ? grogna-elle alors, n'ayant toujours pas digéré le coup de Prosper. Parce que les naines ne séduisent pas les garçons d'écurie ? Ou plutôt parce que je n'ai pas de barbe ?

- Parce que vous n'avez pas de barbe ! trancha Bofur, saisissant la perche pour se faire pardonner.

- Vous n'avez pas totalement tort. Ma mère était mi-humaine, mi-hobbit de ce que je sais. Et mon père était mi-homme, mi-nain. les informa Alice. Ce qui, en soit, n'était pas vraiment un mensonge.

- De ce que vous en savez ? Vous ne les avez pas connus ? demanda Kíli un peu plus loin.

- Non, ma mère est morte en me mettant au monde. Et mon père est mort quelques années plus tard."

La demoiselle avait sorti ça tellement naturellement que les nains et le hobbit s'étaient sentis gênés. Bilbon avait même dit qu'il était désolé mais elle avait balayé cela d'un geste de la main. Pour ensuite ajouter que des années plus tard, elle en avait fait le deuil.

"- Quel âge avez-vous ? réagit Fíli en rejoignant la petite troupe à l'arrière.

- Fíli ! s'indigna Dori, juste devant. On ne demande pas son âge à une demoiselle !

- J'estime être assez vieille pour participer à cette quête, c'est tout ce que vous devez savoir. riposta la blonde en lui tirant la langue.

- Et votre mari vous laisse vous balader loin de la maison avec des hommes ? lança Glóin, choqué. Alice éclata de rire devant le raccourci que le nain avait fait entre assez vieille et mariée.

- Mon mari ? Mais je ne suis pas mariée ! Et puis même si c'était le cas, je n'ai pas besoin qu'un homme neme dise quoi faire ou ne me prenne en charge. Je me débrouille très bien toute seule. expliqua-t-elle, en fervente défenseure de la cause féminine. La plupart des nains n'en croyaient pas leurs oreilles et le hobbit semblait aussi septique.

- Je ne comprends pas que vous ne soyez pas mariée. dit-il tout simplement. La jeune femme l'invita donc à lui expliquer pourquoi.

- Vous avez du charme. Vous n'êtes pas un canon de beauté, en tous cas chez les nains, mais vous restez très jolie. le devança Fíli, comme si c'était évident. Il fut approuvé par le hobbit ainsi que par Kíli. La concernée rougit et Bofur le fit remarquer à toute la Compagnie.

- Oh, regardez ça ! Elle rougit !"

La blonde était presque sûre que si elle avait été à portée de mains, il lui aurait tiré les joues comme à une enfant. Elle cacha son visage dans ses mains. Quand elle osa enfin regarder entre ses doigts, elle vit que Thorin semblait ravi de son état.

"- Bofur... gronda-t-elle. Ça fait déjà deux fois. Si tu continues à me mettre dans l'embarras pendant cette aventure, je ferai en sorte que tu disparaisses.

- Mais oui, c'est ça demoiselle ! la charriaBofur. Revenons-en à nos moutons. Alors,pourquoi tu n'es pas mariée ?

- J'imagine que c'est parce que je n'ai pas encore trouvé chaussure à mon pied. Tu sais bien, la fameuse personne capable de me supporter pour des années et des années ! clarifia-t-elle en faisant de grands gestes théâtraux pour leur faire comprendre la gravité de la situation.

- Ça viendra, il ne faut pas s'inquiéter mon gars !" lui cria Balin, derrière leur chef. Ce dernier la regardait avec une sorte d'amusement et d'intérêt mal dissimulés.

La jeune femme en doutait vraiment. Sans parler des membres de la Compagnie qui ne voudraient certainement pas d'elle, elle se voyait mal passer le reste de sa vie avec un elfe. Sauf si c'était Legolas. Alors là, volontiers. Bard était aussi un bon candidat, si elle survivait jusque Lacville. Au pire des cas, elle resterait seule.

La Compagnie chevaucha encore quelques minutes avant qu'Alice ne se souvienne de son pari. Alors, avec un aussi grand sourire que la première fois, elle remonta la file de poneys jusque Thorin. Le roi la regarda du coin de l'œil et fit semblant de ne pas l'avoir vue. Mais elle l'appela en lui faisant les yeux doux. Le nain poussa un soupir.

"- Vous vous souvenez, il y a une heure ou plus... On a fait un pari dont le prix était n'importe quoi ? commença la demoiselle, visiblement ravie.

- Oui, allez-y, dites-moi ce que vous voulez qu'on en finisse.

- Erebor. répondit aussitôt la blonde. Thorin écarquilla les yeux et ouvrit grand la bouche. Alice ne put se retenir très longtemps et éclata de rire. Vous devriez voir votre tête ! Un vrai merlan frit, trop drôle ! Non, plus sérieusement, je ne veux rien pour l'instant. Quand j'aurai besoin d'une faveur, je vous le ferai savoir."

Puis, comme à son habitude, elle lui offrit un clin d'œil et fit demi-tour. Cette fois-ci, le monarque sidéré la suivit du regard sans refermer la bouche. Dwalin lui fit la réflexion qu'il allait finir par gober des insectes s'il restait comme ça.