À leur retour au camp, les autres leur jetèrent des regards qu'ils voulaient désintéressés. Loupé. Bofur, n'y tenant plus, se précipita vers Alice. Gandalf aussi s'approcha mais un peu plus posément.

"- Vous vous êtes expliqués ? C'est bon ? trépigna le nain.

- Oui, bien évidemment. répondit Thorin, hochant la tête. Puis, il se tourna vers ses semblables. Je tiens à préciser à chacun d'entre-vous qu'il n'y a plus à douter d'Alice. Quant à l'incident d'il y a quelques jours, elle choisira elle-même quand elle nous en parlera. Vous pouvez retourner à vos occupations."

La Terrienne rougit et remercia le roi d'un regard. Elle s'éloigna alors vers Bilbon qui fumait sa pipe. Elle s'assit à côté de lui, en silence. Un sourire étirait les lèvres des deux compagnons. La blonde donna un coup de coude au hobbit et ce dernier s'étouffa avec la fumée qu'il avalait. La jeune femme éclata de rire et fut vite rejointe par le petit homme. Gandalf, plus loin, secoua la tête. Il marcha jusqu'aux deux amis.

"- Puis-je vous parler, Alice ?

- Oh oui, bien sûr !" accepta la concernée en se levant pour suivre le magicien.

Ils s'éloignèrent du camp pour que Gandalf lui demande quelques informations sur sa vie en Valinor.

"- Vous n'avez rendu visite à personne ? murmura le vieil homme en s'approchant du visage de son apprentie.

- Eh bien, il se peut que j'ai été voir Morgoth, avec Manwë... Vous soupçonnez quelque chose, n'est-ce pas ?

- J'ai bien peur qu'il ait déréglé vos pouvoirs. Il faudra qu'on travaille à les fixer. Vous pouvez retourner avec nos compagnons.

- Je me suis dit la même chose… Merci Gandalf." sourit la blonde malgré la pointe d'angoisse qui la saisissait à la gorge.

Elle avait envie d'aller voir Kíli et Fíli, ces deux cancres lui avaient manqué. Malheureusement, les retrouvailles attendraient. Thorin semblait rabrouer Dwalin. Malgré son attitude, elle ne pouvait lui en vouloir alors elle s'empressa de les rejoindre.

"- Dwalin ? les coupa-t-elle. Je... Je tenais à m'excuser. Vous ne pensiez pas à mal et si je l'avais compris plus tôt, je n'aurais pas réagi comme ça.

- Non, c'est moi... bredouilla le nain au crâne rasé, complètement abasourdi.Je n'aurais pas dû vous accuser ainsi.

- Il n'y a pas de mal. On est quitte alors ?" plaisanta la jeune femme en lui tendant la main.

Le chef s'était éloigné, laissant les deux comparses faire la paix. Dwalin rougissait à vue d'œil en attrapant la main tendue de la demoiselle. Le roi secoua un peu la tête. Le guerrier était toujours gauche avec les femmes, c'était à se demander s'il n'aimait pas les hommes.

"- Elle est étonnante, n'est-ce pas ? le coupa une voix dans ses réflexions.

- Oui, on ne peut en douter. concéda-t-il à son neveu.

- Je crois que Kíli l'aime beaucoup. soupira Fíli en regardant son frère avancer à la rescousse d'un Dwalin qui ne savait plus quoi dire à Alice.

- Qui ne l'aime pas ? enchaîna Thorin sur le même ton. Cette réponse interpella le blond qui se tourna vers son dirigeant.

- Mon oncle ? commença-t-il d'une voix taquine. Tu ne serais donc pas insensible non plus ?

- Fíli ! s'exclama le plus vieux, se détournant du camp. Ne va pas t'imaginer quoique ce soit."

Seul un rire fit écho à ses paroles tandis que le blond s'éloignait vers son frère et la concernée. Le monarque le suivit des yeux et son regard en rencontra un autre si semblable au sien. Alice lui adressait un sourire poli, mais pas moins sincère. Il ne put s'empêcher de lui répondre par une petite mimique. Il sentit ses joues rougir quand les lèvres de la demoiselle s'étirèrent encore plus. Il rejoignit alors Balin et Dwalin, qui avait été libéré par l'arrivée des deux princes. Il ne manqua pas le regard amusé du plus vieux.

"- Thorin... commença-t-il d'ailleurs, un rire dans la voix.

- Non Balin, pas toi. Fíli me l'a déjà dit et non, n'allez pas inventer n'importe quoi. le devança le roi en soupirant.

- De quoi parlez-vous ? s'impatienta le dernier nain qui ne comprenait rien.

- Certainement pas de ta capacité à parler aux femmes ! trancha le souverain en lui lançant un regard éloquent.

- Bien évidemment qu'il ne sait pas parler aux femmes ! s'exclama Óin en passant, sourd quand ça l'arrangeait. Il préfère les hommes !"

Dwalin vira au rouge sous l'exclamation de surprise de son frère et le regard indigné de son roi.

"- Mon frère !

- Pourquoi tu ne nous l'as jamais dit ?" enchaîna le monarque.

Le concerné marmonna quelque chose comme "vie privée, vous regarde pas" en s'éloignant. La rougeur de ses joues redoubla quand il croisa le regard du plus jeune de la Compagnie qui dessinait toujours.

"- Kíli, Fíli, vous prenez le premier tour de garde. Reposez-vous tous, nous allons bientôt entrer dans des terres plus hostiles." leur indiqua Thorin, une fois remis de ses émotions.

Après avoir réparti tous les tours de garde sans en donner à Bilbon, Ori, Alice et Gandalf, il partit s'asseoir sur un rocher pour somnoler un peu. Il ne dormait pratiquement jamais depuis le début de cette quête. Les autres membres de la Compagnie l'imitèrent bientôt. La Terrienne était entre le hobbit et le feu de camp. Non loin de là, Bombur ronflait déjà et les deux jeunes Durin montaient la garde, de l'autre côté du foyer brûlant. Ils se partageaient une couverture.

Au bout d'une bonne heure à se tourner dans tous les sens, les deux plus petits membres de la Compagnie se levèrent non sans lancer un regard rempli de haine à Bombur, lui promettant moult vengeances. Le semi-homme s'éloigna parler à sa ponette Myrtille, si la blonde se souvenait bien. Cette dernière, quant à elle, se dirigea vers Balin qui faisait une ronde autour du rocher.

"- Puis-je vous tenir compagnie, Maître Balin ? lui demanda-t-elle en bâillant. Ce dernier acquiesça avec un sourire.

- Alors, mon gars, on n'arrive pas à dormir ? rit-il, se moquant un peu.

- Non, les ronflements de Bombur sont pires que tout ! grimaça Alice.

- C'est vrai que ce n'est pas pratique. concéda le vieux nain. Je demanderai à Óin de lui trouver un remède.

- Oh vraiment ? Vous êtes un amour Balin !" le gratifia la jeune femme. Elle jurait presque avoir vu des rougeurs sur ses joues.

Un horrible cri de l'autre côté de la falaise les força à se rapprocher du camp où Bilbon semblait avoir une conversation éprouvante avec les princes.

"- Des orcs ! s'exclama-t-il quand ils furent arrivés à leur hauteur.

- Des égorgeurs. Il y en a des douzaines dans le coin. Les Terres Solitaires en sont infestées. lui expliqua calmement Fíli.

- Ils attaquent au petit jour, quand tout le monde est endormi. continua son frère sans se soucier de la pâleur du hobbit. Vite, sans un bruit, sans un cri... mais des mares de sang."

Devant le désarroi du cambrioleur les deux frères échangèrent un regard et pouffèrent de rire discrètement.

"- Vous trouvez ça drôle ! tonna leur oncle, réveillé en sursaut par le précédent cri. Vous pensez qu'une attaque d'orcs est une plaisanterie ?

- On ne pensait pas à mal... bégaya Kíli.

- Non, vous ne pensiez pas ! Vous ignorez tout du monde." coupa court le roi en s'éloignant vers le précipice.

Les deux frères semblaient s'en vouloir au possible. Balin s'approcha un peu plus du feu et entreprit de défaire le malaise qui s'installait lentement. La blonde s'assit sur un petit rocher pour l'écouter.

"- Ne t'en fais pas mon gars. Thorin a plus de raisons qu'un autre de détester les orcs. Après que le dragon eut pris la Montagne Solitaire, le roi Thrór tenta de reconquérir l'ancien royaume des nains : la Moria. Mais notre ennemi était déjà dans la place. La Moria avait été prise par des légions d'orcs conduites par le plus ignoble de toute leur race : Azog, le Profanateur. Le Grand Orc de Gundabad s'était juré d'éliminer la lignée de Durin. Il commença par décapiter le roi. Thráin, le père de Thorin, devint fou de chagrin. Il disparut. Était-il prisonnier ou mort ? Nous n'en savions rien."

Le nain à la barbe blanche fit une pause, voyant les autres se réveiller un à un. Tous connaissaient cette histoire mais les talents de narrateur de Balin et la présence du personnage principal rendaient cela beaucoup plus réel et impressionnant.

"- Ensuite, certains de ses sbires s'occupèrent de Frerin, le frère cadet de Thorin. Il fut empalé sur une lance ennemie, à la vue de tous. Nous étions sans chef, vaincus et la mort nous guettait. Et c'est là que je l'ai vu. Un jeune prince nain affrontait l'Orc Pâle. Il se battait seul contre cet ennemi redoutable, sans arme et sans bouclier. Il n'avait plus qu'une branche de chêne pour se protéger. Azog le Profanateur comprit ce jour-là qu'il ne serait pas si aisé d'éliminer la lignée de Durin. Nos forces se rassemblèrent et repoussèrent les orcs ! Notre ennemi avait été vaincu. Mais il n'y eut ni festins ni chants cette nuit-là. Nous étions accablés de chagrin devant la mort de tant des nôtres, nous étions peu à avoir survécu."

Alice se retint de raconter cette histoire, la bataille d'Azanulbizar, en même temps que le nain. Mais elle ne devait pas la connaître, elle ne leur avait pas encore tout dit. Les nains se levèrent, alors elle fit de même.

"- Et je me suis dit alors... Il y en a un que je pourrais suivre, il y en a un que je pourrais appeler roi."

Thorin se retourna, plein de prestance et de charisme. Roi, c'était bien ce qu'il était, il n'y avait aucun doute. Tout en lui transpirait la royauté. La blonde se sentit frissonner quand il posa les yeux sur elle, même si cela ne dura qu'un quart de seconde.

"- L'Orc Pâle, qu'est-il advenu de lui ? s'enquit Bilbon, bien qu'ayant peur de la réponse.

- Il a regagné furtivement le trou d'où il était sorti. Cet être infâme est mort de ses blessures depuis longtemps." gronda le chef en regagnant la Compagnie.

Balin et Gandalf échangèrent un regard inquiet. La jeune femme se crispa. Ainsi, ils savaient bel et bien que les Durin étaient en danger.

Bilbon semblait rassuré. Les neveux de Thorin s'excusèrent encore et le roi secoua la tête en leur ébouriffant les cheveux. Les nains retournèrent donc dormir ainsi que le semi-homme, avant que Bombur ne ronfle de nouveau. Alice s'approcha du bord de la falaise et plissa les yeux, observant le plateau en face d'elle. Les troupes d'Azog étaient juste là, en face. Elle se retint de justesse de leur faire un signe grossier. Revenant sur ses pas, elle s'approcha du hobbit afin de se recoucher. Elle s'arrêta net car le cambrioleur lui avait volé sa couverture. Elle grinça des dents. Un peu plus loin, un petit rire résonna. La jeune femme, visiblement sur les nerfs, se retourna violemment vers la source du rire en grognant un "quoi" digne d'un certain chef nain en personne. Bofur, étendu quelques mètres plus loin, lui offrit son plus beau sourire.

"- On s'est fait voler sa couverture, à ce que je vois !

- Aha, très drôle. grommela-t-elle, blasée. Tu n'as pas une ou deux autres couvertures à me prêter, par hasard ?"

Elle avait à peine fini sa phrase qu'une masse de tissus la percuta de plein fouet, manquant de la faire tomber. Un autre rire retentit et Alice tira la langue au nain avec le chapeau. C'était le premier avec qui elle avait fait ami-ami après l'incident de l'écurie, laissant immédiatement tomber le vouvoiement. Ce qui avait été imité plus tard par ses autres amis.

Elle tourna sur elle-même, essayant de trouver un nouvel endroit pour dormir. Et à son plus grand bonheur, il n'en restait qu'un : entre le roi et Bofur. Ce dernier tapota le sol à côté de lui. La Terrienne leva les yeux au ciel en se dirigeant vers la place indiquée. Elle lança une couverture à terre, s'allongea et déposa la deuxième sur elle. Bofur la regardait faire alors elle lui fit un signe de tête comme pour lui demander ce qu'il voulait. Le nain farceur secoua la tête et se mit dos à elle. La demoiselle l'imita. Elle rencontra alors un regard d'acier, pénétrant et déstabilisant. Thorin, ne dormant évidemment pas, lui tendait un oreiller. Le sien ayant été lui aussi volé par le hobbit, elle l'accepta. Elle le remercia et lui souhaita une bonne nuit. Le roi ne répondit que par un signe de tête avant de se tourner lui aussi à son opposé. La blonde donna un coup de pied à Bofur, derrière elle, qui pouffait. Son rire redoubla alors d'intensité.

Alice n'avait vraiment pas bien dormi. Bombur s'était remis à ronfler aussitôt qu'elle avait fermé les yeux, Bifur s'était mis à parler dans son sommeil et en plus, elle avait été réveillée toutes les heures par le roulement des rondes. Thorin les avait définitivement réveillés vers 6 heures et elle s'était retenue de lui sauter dessus pour l'étrangler. Maintenant qu'elle chevauchait juste derrière lui, l'idée demeurait tentante.

"- À force de fixer la nuque de Thorin comme ça, on va croire que tu craques pour lui ! lança Fíli, entraînant les rires des quelques nains qui l'entendirent.

- C'est sa nuque que je vais craquer. répliqua la blonde sans même quitter des yeux le souverain, qui sembla frissonner à l'entente de ses mots.

- Je vous entends, vous savez ? rétorqua le concerné avec sarcasme, sans se retourner.

- Je sais, c'est bien pour ça que je le dis." grogna de plus belle la jeune femme.

Cela fit enfin se retourner Thorin qui la regarda de haut en bas, lui faisant froncer les sourcils comme pour le défier. Le monarque, sentant son humeur massacrante, ne fit pas de commentaires et se contenta de hausser les épaules. Elle ne semblait pas du matin. Pour ne rien arranger, la pluie s'invita soudainement. Alice, grâce au ciel, avait une cape molletonnée et imperméable dans son sac. Elle plaignait Bilbon qui n'avait même pas de capuche.

"- Dites Monsieur Gandalf, ne pouvez-vous donc rien faire contre ce déluge ? intervint Dori, la coupant dans ses pensées. Il venait de réajuster la cape d'Ori sur ses épaules, telle une mère, pour la quatrième fois.

- Il pleut, Maître Dori, et il continuera de pleuvoir jusqu'à ce que la pluie cesse. lui répondit le vieil homme, regardant devant lui. Si vous souhaitez changer le temps, il vous faut trouver un autre magicien.

- Il y en a d'autres ? interrogea le hobbit à la droite de la seule femme présente.

- Quoi ?

- Des magiciens.

- Nous sommes cinq. commença l'Istar. Le plus grand de notre ordre est Saroumane, le Blanc. Ensuite, il y a les deux mages bleu. Je ne sais plus du tout comment ils s'appellent. leur confia-t-il.

- Alatar et Pallando. l'aida instinctivement la demoiselle, s'attirant des regards étonnés.

- Eh bien ! Vos connaissances surpassent les miennes ! s'exclama le Magicien Gris en riant.

- Oh, j'ai juste une bonne mémoire. rougit-elle en baissant la tête.

- Comment tu sais ça ? lui hurla Kíli, situé à l'autre bout de la file. Même Gandalf ne le savait pas !"

La jeune femme ne répondit pas et se contenta de rougir un peu plus. Elle qui ne voulait pas trop se faire remarquer.

"- Et qui est le cinquième ? insista Bilbon.

- Aaaah ! Le cinquième, c'est Radagast le Brun.

- C'est un grand magicien ou est-il... plutôt comme vous ? s'enquit le semi-homme. Son amie rit sous cape.

- Je dirais que c'est un très grand magicien, à sa manière. l'ignora le vieillard. C'est un être doux qui préfère la compagnie des animaux à toute autre. Il surveille sans relâche les vastes étendues de forêts très loin à l'Est, ce qui est une excellente chose car le mal cherchera toujours à mettre un pied dans ce monde."

Et la conversation s'arrêta là, l'ambiance maussade reprit de plus belle. Même Fíli et Kíli ne s'amusaient plus. Bilbon amorça une conversation avec Dori sur les traditions naines et bientôt le nain se tourna vers Alice, lui demandant d'où elle venait exactement. Ils étaient tous inconscients du cataclysme que le magicien avait créé dans sa tête avec sa dernière phrase. Elle soupira. Elle s'était beaucoup demandé quand serait le bon moment de leur avouer d'où elle venait vraiment et cela y ressemblait. Elle pensait qu'elle allait pouvoir leur dire progressivement mais sur l'instant, le manque de sommeil la fit divaguer et elle se mit à parler toute seule sans pouvoir s'arrêter, comme si on lui avait jeté un sort.

"- Il est temps que vous sachiez la vérité. En réalité, je ne viens pas de ce monde. lâcha-t-elle, attirant l'attention de toute la Compagnie. Ce sont les Valar qui m'ont fait venir. Je ne m'en rappelle plus trop, mes souvenirs commencent à s'effacer mais je peux vous dire que j'ai été en Valinor où j'ai suivi un entraînement pendant presque deux ans.

- les Valar ! répéta Dori, choqué. Alice hocha la tête avant de continuer.

- Yavanna et Mahal sont pour moi un peu comme des ancêtres très lointains. C'est pour cela que je suis mi-hobbit, mi-naine. Mais il y a une part d'Homme en moi parce que, comme je l'ai dit, je ne viens pas d'Arda mais d'un autre monde où seuls les Hommes existent. Il n'y a pas de hobbits, de nains, d'elfes et la magie, telle qu'elle est ici, n'existe pas.

- Une descendante de Mahal ! s'extasia Kíli. Comme Durin ! Comme nous. Mahal est le...

- Le père des nains, je sais. J'ai eu le temps de converser avec lui sur le sujet. grimaça la jeune femme, se rappelant du jour où Mahal lui avait fait les louanges de ses enfants. Et Yavanna est la mère des hobbits. Vous avez quelques points communs, à vrai dire... souffla-t-elle en se tournant vers Bilbon.

- M-Merci. balbutia-t-il, rosissant.

- Mes parents, mes vrais parents cette fois, étaient donc des Hommesdes plus banals. Je ne les ai pas connus. Chez moi, le monde vous connaît en temps que personnages de livre. C'est pour ça que j'ai retenu vos noms aussi vite et facilement.

- Vous les connaissiez déjà... murmura Balin.

- Vous connaissez donc l'avenir de cette quête ? l'interrogea Glóin.

- Oui, elle le connaît mais je lui ai jeté un sort pour qu'elle ne divulgue rien ! Désolé de vous l'apprendre comme cela, ma chère. l'interpella Gandalf, sans lui préciser que c'était bien évidemment un mensonge. Il espérait juste qu'elle le comprendrait et tiendrait sa langue.

- C'est mieux ainsi. Je ne connais que la version où je ne suis pas. Mon arrivée a peut-être bouleversé des tas de choses déjà."

Elle n'osait pas lever les yeux vers le roi. La peur qu'il ne la croit pas lui tordait l'estomac. Les nains débattaient sur le sujet, certains la croyaient dur comme fer. C'était le cas de Kíli et Fíli, par exemple. D'autres la croyaient en partie car c'était notamment l'aparté avec les Valar qui leur paraissait moins vrai. C'est Dwalin qui posa la question fatidique à leur chef. Thorin était silencieux, droit sur son poney. Il lui fit faire demi-tour, arrêtant par la même occasion la progression des autres équidés. Son regard scruta celui de la concernée qui ne flancha pas. Le nain avait un visage sérieux et Alice se surprit à craindre sa décision.

"- Pourquoi pas ? Son histoire me semble plausible." déclara-t-il enfin.

Puis il reprit la route. Alice soupira de soulagement et Bilbon lui fit une tape dans le dos. Ori leur fit remarquer à tous que la pluie avait cessé. La blonde leva les mains devant ses yeux et vit que la rune du soleil brillait plus que l'autre. Elle fit alors un clin d'œil au hobbit.

Alors que la chevauchée suivait son cours et qu'ils sortaient enfin du petit bois qu'ils traversaient, la jeune femme se sentit heureuse. Vraiment heureuse, comme lorsqu'elle était partie de chez elle pour se mettre en colocation avec son meilleur ami. Elle se sentait à sa place. Les nains l'acceptaient, elle avait des pouvoirs et tout semblait rouler comme sur des roulettes. C'était beaucoup trop calme, quand même…

Et en effet, elle déchanta bien vite quand elle aperçut la ferme en ruines au loin, comprenant que les choses sérieuses allaient commencer maintenant.