Gandalf mena un petit groupe de nains dans la caverne. Thorin, Dwalin, Bofur, Glóin et Nori y étaient descendus. À la grande surprise d'Alice, les neveux du roi étaient restés en haut. Bilbon était assis sur un rocher à sa droite et, après s'être assurée qu'il n'avait pas besoin d'elle, elle se dirigea vers Fíli et Kíli. Les deux avaient remarqué qu'elle approchait. Le plus jeune l'accueillit avec un grand sourire qui disparut quand elle s'arrêta face à lui, les bras croisés.

"- Qu'est-ce que j'ai encore fait ? soupira le nain. Fíli ricana.

- Vous pensez que vous pouvez vous permettre ce genre de comportement ? cingla-t-elle, son ton faisant taire les deux héritiers. Plus loin, Balin et les autres nains observaient le spectacle.Puis-je savoir ce qui vous a pris d'envoyer Bilbon tout seul face aux trolls et de vous enfuir après ? Vous êtes des guerriers ou quoi ? Non ! Ne répondez pas, je ne veux pas savoir. C'était une idée incroyablement stupide et dangereuse. Si vous vous avisez de recommencer, je vous éclate la tête contre un rocher, c'est clair !?"

Les deux frères, pétrifiés devant ce bout de femme en colère, hochèrent la tête rapidement. Avec les flammes qui dansaient dans ses yeux, il fallait reconnaître qu'elle ressemblait plus à un dragon que Smaug lui-même.

"- Et ça vaut pour chacun des membres de cette Compagnie !" ajouta-t-elle alors, haut et fort.

Les autres eurent la même réaction que les princes. Alice partit alors rejoindre le hobbit. Ce dernier lui balbutia que ce n'était pas la peine qu'elle les gronde de la sorte. En retour elle lui lança un regard appuyé, signifiant qu'elle ne voulait pas de protestations. Elle s'était inquiétée pour lui. Les deux Durin auraient fait plus le poids que lui, face aux horribles créatures. Quelques minutes passèrent où les deux plus petits membres de la Compagnie fixaient le sol en silence. Puis deux paires de bottes entrèrent dans leur champ de vision. Ils levèrent la tête en même temps.

"- Monsieur Socquet... commença Kíli, droit comme un piquet, en se triturant les mains.

- Sacquet. le corrigea son frère, n'en menant pas large non plus.

- On est désolé de vous avoir laissé seul face aux trolls.

- Oui, terriblement désolé. On n'a pas réfléchi...

- Ce n'est pas grave. les coupa Bilbon avec un petit sourire. C'est du passé et tout le monde est là, non ? Les poneys sont sains et saufs, c'est l'important."

Le sourire des deux frères réapparu, ils se tournèrent vers Alice. Cette dernière les regardait avec une pointe de fierté. Elle se leva et, sans crier gare, les enlaça tous les deux. Les héritiers rougirent mais répondirent aussitôt à l'embrassade.

"- Tu n'es plus en colère contre nous ? la questionna Kíli quand elle les eut lâchés.

- Non, je suis fière de vous. Vous vous êtes excusés. lui confia-t-elle en souriant.

- Baruk ihf naga toula tita ! Birst duh Thorin zu gata urfht ! lui dit alors Bifur, qui passait, en riant. Puis il partit vers les autres nains. Balin semblait trouver ses paroles très hilarantes.

- Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. souffla la blonde, horrifiée par ce qu'elle venait d'entendre.

- Qu'est-ce qu'il a dit ? l'interrogea le hobbit.

- Qu'ils devraient m'appeler tata parce que je ressemble à leur oncle quand je leur hurle dessus.

- Depuis quand tu parles le khuzdul ancien ?" tiqua Fíli en fronçant les sourcils.

Elle n'eut pas le temps de lui répondre, le groupe de nains remontait à la surface. Profitant de cette diversion, elle s'éclipsa discrètement en direction du semi-homme.

"- Ah Bilbon. Tenez, elle est à votre taille. les interpella Gandalf en tendant une épée au concerné. Le cambrioleur s'en saisit alors.

- Je ne peux l'accepter. murmura-t-il en la tendant de nouveau au magicien.

- Bilbon, il s'agit d'une lame elfique. Ce qui veut dire qu'elle émet une lueur bleue quand des orcs ou des gobelins sont dans les parages.

- Je ne me suis jamais servi d'une épée. contra-t-il, vaguement paniqué.

- Et j'espère que ça n'arrivera jamais. lui avoua l'Istar. Mais si ça arrivait, rappelez-vous ceci : le vrai courage n'est pas de savoir quand supprimer une vie...

- Mais quand en épargner une." finit son élève en posant une main sur l'épaule du hobbit.

Bilbon baissa les yeux sur son épée, convaincu. Ce serait, au moins, un bon moyen de défense.

"- Quelque chose approche ! les alerta Thorin, plus loin. Il chercha des yeux ses neveux et fut rassuré en constatant que la fille était plus ou moins près d'eux.

- Gandalf... souffla le Sacquet.

- Restez groupés ! s'écria celui-ci tandis que Fíli se rapprochait d'eux dans un geste protecteur. Dépêchez-vous ! Prenez vos armes !"

Le nain les poussa vers le reste du groupe. Tous s'étaient amassés près du chef, armes au poing. Alice souffla un bon coup en dégageant les pans de sa cape afin de dégainer son épée. Fíli loucha sur le pommeau avant de lui demander où elle l'avait rangée tout ce temps.

"- Et encore, tu n'as pas tout vu. lui glissa la blonde avec un clin d'œil.

- Ne t'inquiète pas… Moi aussi, j'ai des petits secrets." la nargua-t-il, sur le même ton.

Bientôt, ils entendirent un grand bruit en provenance du bois. Une voix s'écria "Voleurs ! Au feu ! Assassins !" tandis qu'un traîneau surgissait d'entre les feuillages.

"- Radagast ! C'est Radagast le Brun ! annonça l'homme en gris, rangeant son épée. Qu'êtes-vous donc venu faire ici ?

- Je vous cherchais, Gandalf ! répliqua le nouveau venu, alarmé. Il se passe des choses. Des choses très alarmantes !

- Mais encore ?"

Radagast prit une inspiration en levant son doigt mais rien ne sortit de sa bouche. Il se figea, laissant la conversation en suspens. Cela se répéta plusieurs fois jusqu'à ce qu'il dise que son idée avait disparu.

"- Je l'avais là, sur le bout de la langue ! se lamenta-t-il. Le deuxième Istar approcha alors sa main de sa bouche et en extirpa un insecte.

- Phasme." constata la Terrienne, impressionnée.

Les nains étaient estomaqués, enfin pour la plupart. Le hobbit arborait, quant à lui, un air dégoûté que l'on ne pouvait lui reprocher. Fíli, dans son dos, restait stoïque. Les deux magiciens s'éloignèrent alors pour parler. La majorité des nains les observaient en silence. Alice, s'étant assise, s'apprêtait à piquer un petit somme pour rattraper sa nuit blanche quand un certain nain blond la contourna, la menaçant de son épée. Elle loucha sur le bout de la lame avant de lever les yeux vers son propriétaire.

"- En garde ! ordonna-t-il simplement, le sourire aux lèvres.

- Fíli. soupira la jeune femme, se levant tout de même. Tu ne crois pas que le moment est mal choisi ?

- Dis plutôt que tu as peur parce que tu sais que tu vas mordre la poussière !" ricana le nain en se reculant.

Leurs compagnons formaient un cercle autour d'eux. Kíli et Bilbon, au premier rang, étaient prêts à encourager leur poulain respectif. Dwalin, Balin et Thorin observaient de loin.

"- 5 pièces sur Fíli ! s'exclama alors Nori.

- Je te suis, 5 pièces sur Alice. lança Bofur. Les paris fusèrent, majoritairement en faveur du prince. En entendant cela, la demoiselle s'enflamma.

- Prépare-toi à partager Bofur, on va ramasser gros." jura-t-elle à ce dernier.

Elle tira alors son épée de son fourreau, pour la deuxième fois en dix minutes, et la fit tournoyer entre ses mains. Óin les prévint tout de même, il ne fallait pas qu'ils se blessent. Puis il rajouta à l'intention de Fíli que seule l'épée était autorisée. Les duellistes se mirent à tourner en rond tandis que Bofur déclarait le début du combat.

"- Fíli va la réduire en miettes. jubila Dwalin.

- Je ne parlerais pas trop vite si j'étais toi, mon frère. lui conseilla Balin, un fin sourire aux lèvres.

- Ils ne jouent pas dans la même cour. Je fais confiance aux capacités de Fíli. Nous l'avons entraîné, après tout." s'exprima alors sereinement le souverain.

Le premier coup tardait, les nains s'impatientaient. Fíli s'élança finalement, levant son épée au-dessus d'Alice. Elle esquiva sans problèmes et posa son pied sur la lame du nain, la maintenant au sol. Il ne put résister à la pression qu'elle exerçait et lâcha son arme qui tomba. Il esquiva le coup d'épée circulaire que tenta de lui asséner son opposante. En une roulade, il avait récupéré sa lame. Leurs épées s'entrechoquèrent. Un coup un peu plus violent du prince la désarma. L'envoyée des Valar vit là une belle occasion de feinte. Elle ne bougea pas, laissant l'héritier menacer sa gorge. Des exclamations retentirent, plutôt joyeuses. Fíli lui lança un sourire en coin. Elle lui en renvoya un encore plus éclatant. Se déplaçant rapidement sur le côté, elle lui attrapa le poignet qui contrôlait son épée. Elle le plia de façon à ce qu'il en lâche le pommeau, passa en vitesse dans son dos et remonta son poignet entre ses omoplates. Les genoux du nain plièrent d'eux-mêmes sous la douleur. Il laissa même échapper un râle. Le silence se fit dans l'assemblée. La blonde s'abaissa au niveau de l'oreille du blond et lui susurra :

"- Alors mon prince, résigné à abandonner ?

- Jamais." grogna Fíli en serrant les dents.

Mais malheureusement pour lui, il fut contraint d'accepter sa défaite. Les nains sifflèrent d'admiration devant la victoire de leur compagne de route. Elle rougit d'ailleurs en baissant humblement la tête. Alors que Fíli se relevait, l'apprentie magicienne lui tendit son épée avec un sourire. Il l'accepta et l'attira dans une accolade. Il la félicita mais fut interrompu par l'arrivée de Kíli qui lui hurla dessus pour sa soit disant médiocrité. La gagnante s'éloigna tranquillement vers le hobbit, riant de plus belle. Bilbon lui sauta dessus avec des yeux brillants.

"- On est riche ! s'écria un nain en la saisissant par les épaules. Elle reconnut Bofur quand ce dernier lui enfonça sa chapka sur la tête.

- N'oublie pas que la moitié me revient, justement !" le mit-elle en garde, riant toujours. En réponse, elle reçut une bourse remplie de pièces.

Dwalin boudait, claquant sa langue sur son palais. Balin observait la scène avec amusement. Thorin ne savait pas quoi en penser. Il était curieux. La jeune femme semblait pleine de ressources et très mystérieuse. Il sentait naître en lui un certain intérêt envers sa recrue. Il secoua la tête, il ne devait pas se laisser distraire.

Leur petit moment de distraction fut vite écourté par un hurlement animal. Bilbon se colla un peu à son amie. Fíli, comme à son habitude, se rapprocha d'eux. Cette fois-ci, il était accompagné de Kíli.

"- C'était un loup ? se décida à demander le cambrioleur devant le silence des autres. Y a-t-il des loups dans le coin ?

- Des loups ? Non, il ne s'agit pas d'un loup..." lui apprit sombrement Bofur.

Une bête surgit alors de derrière eux, fonçant droit sur l'Écu-de-Chêne qui la tua d'un coup d'épée dans le cou. Une deuxième arriva derrière lui alors qu'il peinait à retirer sa lame du cadavre de la précédente. Kíli lui ficha une flèche entre les deux yeux et Dwalin l'acheva à la hache.

"- Des éclaireurs wargs ! ragea le chef, son visage déformé par la colère. Ça veut dire qu'une bande d'orcs n'est pas loin !

- Une bande d'orcs ? répéta le hobbit, alarmé.

- À qui avez-vous parlé de cette quête, en dehors de votre clan ? demanda avec empressement le Magicien Gris, s'étant rapproché du roi.

- À personne. répondit-il simplement, désemparé.

- À qui l'avez vous dit ? insista violemment le vieillard.

- À personne, je le jure ! s'emporta alors Thorin. Au nom de Durin, qu'il y a-t-il ?"

Devant l'absence de réponse de son pseudo professeur, Alice se décida à prendre la parole.

"- Par Mahal, Gandalf dites-lui ! s'exclama-t-elle, surprenant les autres.

- Me dire quoi ? s'impatienta le nain, fronçant les sourcils.

- Nous sommes pourchassés. déclara-t-elle sombrement.

- Il nous faut quitter cet endroit. réagit aussitôt Dwalin.

- Impossible ! s'écria Ori en déboulant de derrière les rochers avec Bifur. Nous n'avons pas de poneys, ils se sont enfuis !"

Cette déclaration fit soupirer d'agacement Bilbon qui tourna vers son amie un regard apeuré, un instant plus tard.

"- Je vais les lancer à mes trousses. intervint Radagast, déterminé.

- Ce sont des wargs de Gundabad, ils vous rattraperont. le rabroua Gandalf comme s'il était complètement idiot.

- Ce sont des lapins de Rhosgobel ! réfuta son homologue. Qu'ils essaient donc pour voir.

- Je ne suis pas sûr... hésita le semi-homme.

- C'est une super idée. le coupa la blonde, lui jetant un regard appuyé. Allez-y !"

Radagast ne se fit pas prier. Après un dernier signe de tête envers les deux magiciens de la Compagnie, il lança son traîneau vers la plaine. Et c'est ainsi que leur course effrénée débuta.

Ils traversaient la plaine, se cachant derrière des rochers quand la troupe d'orcs passait près d'eux pourchassant toujours Radagast et ses lapins. Alice était devant avec Bilbon et Gandalf. Le hobbit peinait à avancer, il n'était pas très sportif. Elle non plus ne l'était pas avant son entraînement, c'est pour ça qu'elle le comprenait et l'encourageait. Thorin passa devant eux avec d'autres nains. La Terrienne attrapa alors le poignet du semi-homme, l'obligeant ainsi à suivre la cadence. Ils firent soudainement demi-tour quand les wargs passèrent devant eux sans les voir. Radagast se débrouillait comme un chef. Ils s'arrêtèrent derrière un rocher pour laisser passer les ennemis. Ori, ne comprenant pas, continua sur sa lancée. Fort heureusement, le monarque le rattrapa et le plaça derrière lui. La jeune femme reprit sa respiration qu'elle ne se souvenait même pas avoir retenue.

"- Tu t'inquiètes pour Ori, maintenant ? s'enquit Fíli, à sa droite, pas le moins du monde essoufflé.

- Je m'inquiète pour chacun d'entre-vous, Fíli."

Le nain n'eut pas le plaisir de lui répondre car la course folle reprit de plus belle. Ils passèrent alors devant le souverain qui se tenait à côté de l'Istar. Étant les derniers, ils entendirent Thorin lui demandait où il les emmenait. Alice, trouvant que c'était le cadet de leurs soucis, attrapa le bras du monarque de sa main vide, le forçant à entamer la course avec elle. Elle le poussa pour qu'il avance avant de lui hurler que tout ce qui importait était que ce soit en sécurité. Le roi lui lança un regard noir mais ne répondit pas.

La Compagnie fut bientôt forcée de se cacher derrière un autre rocher. Malheureusement pour eux, un orc était en haut de ce dernier, droit sur sa monture. Le dirigeant, à la droite de sa seule subordonnée féminine, ordonna à Kíli de bander son arc. Remarquant le geste, elle dégaina le sien sous l'œil ébahi des autres. Kíli lui sourit avant de faire un décompte. À trois, ils se décollèrent tous les deux de la pierre pour tirer sur leur ennemi. Kíli visa le warg tandis que l'archère tua l'orc d'une flèche. Ils tirèrent une deuxième fois mais la bête rugit en tombant. Dwalin, Thorin et Bifur l'achevèrent. Mais trop tard, ils étaient repérés. Les hurlements des wargs le leur firent immédiatement savoir.

"- Fuyez, vite !" leur ordonna le magicien.

Alors qu'ils courraient encore à travers les plaines, on aurait presque pu entendre la musique épique qui accompagnait leur épopée. Montant une bute, Glóin déclara que leurs ennemis arrivaient. Bilbon peinait à reprendre son souffle et cela ne fit qu'augmenter sa panique. Gandalf les guida alors dans une autre direction. Ils le suivirent tous sans hésiter. La blonde pouvait sentir le regard protecteur de Fíli dans son dos, bien qu'elle lui ait mis la raclée de sa vie moins d'une heure plus tôt. Elle se retourna et lui sourit, il lui renvoya. Ils s'arrêtèrent brusquement. La Compagnie était cernée, il en arrivait de tous les côtés.

"- En voilà d'autres ! hurla Kíli, plus loin à la droite d'Alice.

- Kíli ! Alice ! Tuez-les ! exigea le monarque. Automatiquement, les deux archers décochèrent leurs flèches.

- Nous sommes cernés ! crut leur apprendre Fíli.

- T'en as d'autres comme ça, Fíli ? Tu pensais qu'on n'avait pas vu peut-être ? lui cria la demoiselle, sur les nerfs. Échapper à des trolls ? Facile. Battre Fíli ? Pas si compliqué. Mais des wargs montés par des orcs ?

- Ils approchent ! ajouta un nain, peut-être Dwalin.

- Où est Gandalf ? s'alarma l'autre archer.

- Kíli !

- Il nous a abandonnés !" déclara de but en blanc le nain au crâne rasé, s'arrêtant près du roi.

Un orc s'approchait d'Ori avec sa monture. Le nain lui envoya une pierre dans la tête avec sa pauvre arme qu'était son lance-pierre. L'apprentie magicienne, l'apercevant du coin de l'œil, hurla son prénom. Dwalin s'approcha alors du scribe, le mettant en sécurité derrière lui. Thorin hurla qu'il fallait tenir. La jeune femme, en continuant de tirer, s'assura que le cambrioleur était aussi en sécurité, près de Bofur. Avec Kíli, ils ne s'arrêtaient pas et leurs carquois étaient presque vides. Un cri résonna au centre de la Compagnie.

"- Par ici, pauvres fous ! les enjoignit Gandalf, apparaissant au milieu des rochers.

- Suivez-moi !" s'exclama le souverain, battant en retraite vers lui.

Les nains sautèrent dans le trou, à commencer par Bofur. Bilbon le suivit. Puis Balin, Glóin, Ori... Le roi se retourna pour tuer un warg alors que Bombur descendait à son tour. Fíli stoppa son amie dans sa tuerie et l'entraîna à sa suite vers leur cachette. Ils attendirent cependant que le frère du premier soit près d'eux. Thorin lui hurlait d'ailleurs de se sauver alors qu'il continuait de tirer ses flèches. Ce que Kíli fit, rapidement. Alice sauta alors, suivie de près par les deux princes et leur oncle. En bas, Bofur s'était occupé de la relever. Elle se précipita vers le plus jeune des héritiers pour lui dire de ne plus jamais refaire ça. L'archer lui répondit par un petit sourire taquin alors qu'elle l'enlaçait. Un cor retentit au-dessus d'eux et des bruits de bataille se firent entendre. Un orc roula à leurs pieds, provoquant un mouvement de recul. Par chance, il était déjà mort lorsqu'il toucha le sol. Le chef se baissa et retira une flèche qui était plantée dans son cou.

"- Les elfes. déclara-t-il en la jetant vivement au sol.

- Je ne vois pas où mène ce passage ! les interpella Dwalin, au fond de la sorte de caverne. Devons-nous le suivre ?

- Nous le suivons, bien sûr ! s'exclama Bofur, s'improvisant soudainement chef. Les nains le suivirent tous, même Thorin.

- Je pense que c'est plus sage." souffla le magicien alors que seuls les deux membres non-nains de la troupe l'écoutaient.

Bombur devait être poussé à chaque passage étroit et Alice remercia le ciel de ne pas être derrière lui. Jamais elle n'aurait eu la force de le faire.

"- Gandalf, où sommes-nous ? se renseigna le hobbit, s'arrêtant un instant. Au dessus d'eux, il y avait une crevasse permettant d'apercevoir le ciel.

- Vous sentez ? fut la seule réponse du grand homme.

- Oui ! On dirait de... On dirait de la magie.

- C'est exactement ce que c'est. Une très puissante magie. lui apprit son amie en lui lançant un sourire espiègle.

- Il y a de la lumière plus loin." résonna la voix de Dwalin, les forçant à se remettre en route.

La Compagnie déboucha sur un promontoire où une vue magnifique les attendait. Bilbon en eut le souffle coupé. Les larmes montèrent aux yeux de la Terrienne, elle qui avait tant rêvé dans son autre vie de voir un jour Rivendell.

"- La Vallée d'Imladris. leur présenta Gandalf, derrière eux, d'une voix forte. Dans la langue commune, on la connaît sous un autre nom...

- Fondcombe. finirent d'une même voix le semi-homme et la jeune femme.

- Ici se trouve la dernière Maison Simple à l'Est de la mer. continua le vieil homme tandis que les nains s'agitaient.

- C'était votre plan depuis le début ! tempêta Thorin en se tournant vers lui. Trouver refuge chez notre ennemi !

- Vous n'avez aucun ennemi ici, Thorin Écu-de-chêne.

- La seule animosité dans cette vallée est celle que vous avez apporté avec vous. ajouta son élève qui les observait en silence, les bras croisés.

- Vous croyez que les elfes nous encourageront à poursuivre notre quête ? décida de l'ignorer le roi. Ils voudront nous en empêcher.

- Sans aucun doute, mais nous avons besoin de réponses à nos questions. Si nous voulons réussir, il nous faudra faire preuve de tact. expliqua le magicien à l'intention de toute la Compagnie. De respect et d'une bonne dose de charme. C'est pourquoi, vous devez me laisser parler, moi."

Alice crut rêver quand il lui adressa un regard entendu à la mention de charme. Tout le monde accepta quand même ses recommandations et ils entamèrent la descente du sentier abrupte. La blonde n'avait pas le vertige, heureusement puisque la balade dura une bonne heure avant qu'ils atteignent enfin une plateforme qui ressemblait à une entrée. Ils attendirent quelques minutes devant des escaliers avant qu'un elfe brun ne s'avance vers eux, et plus particulièrement vers Gandalf.

"- Mithrandir ! l'interpella-t-il avec un grand sourire.

- Ah ! Lindir ! le salua chaleureusement l'Istar avant de s'avancer vers lui, sous les murmures des nains.

- Nous avons entendu dire que vous aviez traversé la vallée. commença Lindir en elfique.

- Je dois parler au Seigneur Elrond.

- Le Seigneur Elrond n'est pas ici.

- Pas ici ? Où est-il ?"

Et alors même que Gandalf finissait sa phrase, un cor, le même que celui qu'ils avaient entendu dans la vallée, retentit. Il y eut un mouvement de panique chez les nains quand ils virent arriver une garde de chevaux. Thorin ordonna de serrer les rangs et les deux plus récents membres de la Compagnie se retrouvèrent au milieu de la troupe. La jeune femme poussa un soupir. Les cavaliers les encerclèrent et les nains se mirent à grogner. À qui pensaient-ils faire peur ?

"- Gandalf ! apostropha alors le seul cavalier sans casque.

- Seigneur Elrond ! Mon ami ! Où étiez-vous ? s'enquit Mithrandir en elfique.

- Nous avons chassé une bande d'orcs qui venait du Sud. Nous en avons vus un grand nombre, près du passage caché. exposa-t-il, enlaçant alors le magicien. C'est étrange que des orcs s'approchent si près de nos frontières. Quelque chose, ou quelqu'un, les a attirés par ici.

- Ah, il se peut que ce soit nous. déclara l'ami de l'elfe alors qu'ils se tournaient tous deux vers la Compagnie, dont le chef s'avança alors.

- Bienvenue Thorin, fils de Thráin. l'accueillit alors le seigneur elfe.

- Il ne me semble pas vous connaître. riposta froidement le nain en levant les yeux vers lui.

- Vous me rappelez votre grand-père. J'ai connu Thrór quand il était Roi sous la Montagne.

- Ah oui ? Jamais il n'a parlé de vous."

Alice retint un commentaire. Ce nain était-il donc incapable de faire de la diplomatie et d'être un poil poli ? Elrond s'exprima en elfique, le fixant.

"- Qu'est-ce qu'il a dit ? s'emporta Glóin. Est-ce qu'il vient de nous insulter ?

- Non Maître Glóin, il vient de nous inviter." le corrigea le magicien.

Les nains se consultèrent par groupes de deux, laissant Alice et Bilbon de côté.

"- On utilise les toilettes et on s'en va." crut même entendre la première, de la part de Dwalin ou Thorin.

Glóin déclara que dans ce cas, ils y allaient. Elrond appela alors quelques elfes et les chargea de leur montrer leurs appartements. Ils se mirent ensuite en chemin. Seulement, la troupe se figea lorsqu'une exclamation de surprise survint de derrière eux. C'était Lindir qui désignait la jeune femme du doigt, une expression choquée au visage.