"- Ainsi donc, c'était vrai. déclara Elrond, les yeux rivés sur Alice et sur les signes qui luisaient au creux de ses mains.

- De quoi parlez-vous, mon cher ami ? le sollicita Gandalf, intrigué.

- Des nouvelles nous sont parvenues, il y a de cela quelques mois. Elles venaient de la Lothlórien. annonça le seigneur. De Dame Galadriel, pour être plus exact."

Une rumeur s'éleva chez la Compagnie, certains jetaient des regards inquiets à la demoiselle. L'Istar pria Elrond de lui dire quelles étaient ces fameuses nouvelles. Au lieu de répondre, l'elfe les invita tous à le suivre dans un de ses salons pour y être plus confortable. Les nains le suivirent, curieux, tandis que la jeune femme ne bougeait pas, interdite. Bilbon lui tira alors le bras en lui souriant de façon apaisante. Ils prirent tous place sur les sièges tandis que leur hôte se tenait au milieu de la pièce.

"- Connaissez-vous l'histoire d'Indrahil et de Chiriopée ? commença-t-il par demander. La plupart des nains et le semi-homme répondirent par la négative. Certains, comme le magicien, Balin et Thorin, se redressèrent sur leur fauteuil.

- Ce sont des étoiles vénérées le jour de Durin, non ? se renseigna Dwalin, auprès son frère.

- C'est normal qu'ils ne la connaissent pas, cette histoire n'est plus contée chez les nains depuis des siècles ! Seuls les membres de la famille royale peuvent peut-être être au courant. Pour les autres, ce ne sont que des noms d'étoiles.

- Je le sais bien, Gandalf. répondit calmement l'elfe. C'est pourquoi je vais vous la conter. Comme vous le savez tous, Aulë, ou Mahal pour vous, créa les nains en commençant par Durin qu'il façonna avec la terre et le fer. Seulement, Ilúvatar ne lui avant pas donné son accord, il lui ordonna donc de les détruire. Yavanna, créatrice des hobbits, s'interposa. Ému par ce geste, Mahal la prit pour épouse. Cette partie de l'histoire, tout le monde la connaît. Mais la deuxième partie est passée pour légende il y a de cela longtemps. Ensemble, Yavanna et Mahal eurent deux enfants : Indrahil, un garçon, et Chiriopée, une fille. Tous deux naquirent en même temps. Et alors que les Valar étaient occupés avec la naissance des deux nourrissons, Morgoth, jaloux de la réussite du couple car lui n'avait réussi qu'à créer les gobelins, lança une malédiction sur les jumeaux. Ils étaient destinés à mourir aux premiers cris de leurs futurs enfants. Personne n'était au courant et quand les enfants devinrent adultes, ils quittèrent le Valinor pour se diriger vers la Terre du Milieu. Leur objectif était de rejoindre Durin dans la Moria. Ils prirent la décision de parcourir le monde avant. Leurs pas les menèrent sur les plaines du Rohan, le pays des chevaux. Là-bas, ils rencontrèrent un frère et une sœur fermiers, Gideon et Azaël. Ils tombèrent amoureux. Les jumeaux s'installèrent donc avec eux. Quelques années plus tard, Chiriopée et Azaël tombèrent enceintes en même temps. Lors des accouchements, tout se passa bien mais une fois le travail fini et comme la malédiction l'avait prédit, les enfants des Valar moururent. Leurs âmes se transformèrent alors en étoiles et brillent depuis dans le ciel.

- C'est d'une tristesse... souffla Bilbon, touché par la destinée des enfants de la créatrice de son peuple.

- Excusez-moi, mais je ne vois toujours pas le rapport avec moi. intervint Alice, sincèrement désorientée.

- Lors de votre arrivée en Valinor, Mahal et Yavanna se sont présentés comme vos ancêtres n'est-ce pas ?

- À peu près, pourquoi ?

- C'est la suite de mon histoire. reprit Elrond. Les lignées des jumeaux perdurèrent. Ils étaient des guerriers et des guerrières. Certains avaient même acquis des capacités magiques extraordinaires. Puis vint la Guerre de la Dernière Alliance. Celle où les hommes et les elfes, rejoints plus tard par les nains, étaient opposés ensemble aux forces du mal contrôlées par le lieutenant de Morgoth, Sauron. À la fin de celle-ci, la trace des lignées de Chiriopée et d'Indrahil fut perdue. La rumeur se répandit, Sauron les auraient décimées sur ordre de Morgoth lui-même, reprenant le cours de sa malédiction. Mais certains sages pensèrent autrement. Ils racontèrent que Mahal et Yavanna avaient supplié Ilúvatar d'épargner leur descendance en souvenir de leurs enfants morts. Ilúvatar aurait alors accepté et transféré le dernier survivant de chaque lignée vers un autre monde. En échange, il pouvait les ramener sur la Terre du Milieu quand il le voulait, à condition qu'ils aient la même date de naissance. Depuis, les nains considèrent cette histoire comme une légende, même s'ils vénèrent toujours les deux étoiles. Seuls les plus avisés savent la valeur des descendants de ces lignées.

- Vous voulez dire que j'en suis une ? souffla Alice, abasourdie. Les nains la regardaient avec admiration et consternation.

- En effet. affirma le Seigneur Elrond.

- Cela expliquerait pourquoi tu peux comprendre Bifur quand il parle le khuzdul ancien... supposa Fíli, ce qui était plausible.

- Dame Galadriel a vu dans son miroir votre arrivée, descendante de Chiriopée, ainsi que celle du descendant d'Indrahil." lui apprit le maître des lieux.

Cette déclaration fit l'effet d'un coup de poing dans l'estomac de la jeune femme. Elle se leva soudainement et s'approcha à grands pas de l'elfe.

"- Quelqu'un d'autre de mon monde est ici ?

- Oui, c'est ce que je dis.

- Où est-il ? Qui est-il ?

- Je ne sais pas mais vous devriez le connaître. Les descendants des deux lignées sont toujours restés proches. Même si la lignée d'Indrahil s'est mêlée à celle de grands seigneurs des Hommes, effaçant peu à peu les traits typiques des nains et des hobbits... Connaissez-vous quelqu'un que vous appréciez tel un frère et qui a la même date de naissance que vous ?"

Un voile passa devant ses yeux et elle se sentit faible, soudainement. Elle s'appuya sur l'accoudoir du fauteuil du cambrioleur. Si elle connaissait une telle personne ? Oui. Absolument.

Le Seigneur Elrond lui adressa un signe de tête avant de les congédier tous, leur conseillant de se reposer avant le repas. La Compagnie sortit alors de la salle et suivit les elfes qui les menèrent dans leurs appartements. Lindir, qui marchait devant, demanda à Thorin, ses neveux, Balin, Bilbon et Alice de le suivre à l'étage du dessus. Le semi-homme et le nain à la barbe blanche séjournaient dans la première chambre, puis le chef de la Compagnie était seul dans la suivante, Fíli et Kíli ensemble dans celle d'après et enfin la blonde avait la dernière du couloir et ne perdit pas de temps pour y entrer. Elle était somptueuse, lui rappelant un endroit qu'elle avait déjà vu. Valinor… L'escale à Fondcombe était le meilleur moment pour s'entraîner avec Gandalf et chercher des réponses quant à ses nouveaux pouvoirs.

Mais elle verrait ça plus tard car là, elle avait déjà remarqué la baignoire dans la salle adjacente. Elle prit le temps de déposer toutes ses armes, ce qui prit de longues minutes vu leur nombre et toutes les cachettes dans sa cape. Comment avait-elle pu cacher son épée aussi longtemps d'ailleurs ? Après cela, elle détacha sa cape, ouvrit l'armoire pour la ranger et tomba nez à nez avec une bonne dizaine de robes. Des étoiles dans les yeux, elle approcha une main avant de se raviser. Elle devait se laver avant tout sinon elle risquait de les salir. Elle fouilla dans son sac et en sortit des sous-vêtements. Après cela, elle s'enferma à double tour dans la salle d'eau. Elle ouvrit l'arrivée d'eau et se déshabilla. Des serviettes étaient posées sur un petit meuble ainsi qu'un gant de toilette, du shampoing et du savon. Quand la baignoire fut remplie elle se glissa dedans. La brûlure de l'eau lui détendit aussitôt les muscles. Elle soupira d'aise. Elle prit quelques secondes de répit avant de se saisir du shampoing et d'entreprendre de décrasser sa petite touffe de cheveux. Elle avait remarqué que plus les jours passaient, plus ses cheveux se ternissaient avec la poussière, etc. Elle avait donc hâte de retrouver ses mèches blondes. Une fois l'opération terminée, elle s'attaqua à son corps. Le savon sentait la cerise. Elle frotta ses membres courbaturés mais quand elle passa le gant sur ses côtes, elle s'arrêta. Une vive douleur venait de la transpercer. Baissant le regard vers son côté droit, elle remarqua un hématome de la taille d'une pomme s'étendant au niveau de ses côtes flottantes, soit les dernières. Elle irait en parler à Óin dès qu'elle le pourrait, enfin s'il ne se résorbait pas avant. Fermant les yeux, elle se rallongea dans son bain et s'assoupit quelques minutes plus tard.

Elle courrait aussi vite qu'elle le pouvait, supportant le froid mordant. Ravenhill était en vue et elle devait absolument y aller. Elle avait perdu trop de temps. Quand elle y arriva, elle se figea. Fíli gisait sur le sol dans une mare de sang. Sa main se posa inconsciemment sur sa bouche alors que les larmes lui montaient aux yeux. Un cri la sortit de son état de choc. Tauriel. Kíli. Il était déjà trop tard pour eux deux. Elle se précipita alors dans les escaliers. Il fallait qu'elle sauve le roi, qu'elle sauve Thorin. Elle ne s'arrêta pas en voyant le corps sans vie du neveu brun de ce dernier, à l'étage. Elle n'avait pas le temps de s'apitoyer sur son sort. Elle suffoquait, les larmes dévalant ses joues. Elle avait l'impression que plus elle en montait, plus il y avait d'escaliers. Elle ne put retenir un cri d'effroi, arrivée en haut. Azog transperçait le souverain de son épée. Son cri cessa. Elle n'arrivait plus à respirer. Elle porta les mains à sa gorge, l'air lui manquait. Sa vue se brouilla. Elle entendait des cris, une ou plutôt deux voix masculines. Elles criaient son nom. Puis soudainement l'air envahit ses poumons.

"- Alice ! Par Durin, ne refais plus jamais ça !" lui hurlait quelqu'un en lui posant une serviette sur les épaules.

Devant elle, il y avait une porte. Celle de sa chambre à Fondcombe. Elle tourna la tête et rencontra les prunelles brunes de Kíli qui lui parlait. Elle ne comprenait pas un traître mot de ce qu'il lui disait. De l'autre côté de la baignoire, il y avait Lindir. L'elfe semblait inquiet. Derrière elle, les mains toujours sur ses épaules au-dessus de la serviette, se trouvait quelqu'un. Elle n'avait pas besoin de se retourner pour savoir que c'était un certain prince blond. Se rendant soudainement compte qu'elle était nue, elle rougit.

"- Sortez. souffla-t-elle, mortifiée.

- Tu ne vas pas recommencer ? s'inquiéta le nain brun.

- Non, je veux juste m'habiller Kíli." lui répondit la blonde, incapable de le regarder dans les yeux.

Les trois hommes, comprenant sa volonté, quittèrent la pièce en lui signalant qu'ils l'attendaient dans sa chambre.

La jeune femme s'autorisa à poser la tête contre le rebord de la baignoire. Un cauchemar, ce n'était qu'un cauchemar. Elle s'étonnait aussi de ne pas en avoir eu avant. Elle sortit de l'eau gelée et remarqua sa peau fripée où aucun bleu ne figurait. Elle devait être restée là longtemps. Elle se sécha rapidement et s'habilla de ses sous-vêtements ainsi que d'un simple t-shirt blanc et d'un pantacourt marron clair mis à disposition. Elle rejoignit sa chambre où l'elfe avait laissé les deux nains seuls. À peine eut-elle refermé la porte que le plus jeune lui sauta dessus.

"- Je peux savoir ce qui t'a prit !? s'exclama-t-il en saisissant ses poignets.

- Je me suis endormie, Kíli. Ça arrive à tout le monde. rétorqua son amie en détournant les yeux. Elle se dégagea ensuite de son emprise pour s'approcher de l'armoire.

- Tu étais au fond de l'eau ! explosa alors Fíli, se levant de son lit et la faisant violemment sursauter. Et on n'arrivait pas à te faire remonter comme si... Comme si tu voulais y rester ! L'eau te clouait au fond de la baignoire, comment c'est possible ?

- Je ne sais pas... murmura-t-elle. Elle se sentit trembler, contre sa volonté.

- Fee... entendit-elle Kíli murmurer à son frère. Ne lui crie pas dessus."

Le blond s'approcha alors doucement d'elle. Leurs regards se rencontrèrent. Les yeux de Fíli s'étaient adoucis et il lui tendit la main. Alice hésita avant de finalement se précipiter dans ses bras. Elle s'excusa à voix basse. Kíli, vexé d'être mis de côté, se jeta sur eux les faisant rire.

"- Bon, ce n'est pas tout ! se reprit soudainement la blonde en se reculant. Mais qu'est-ce que vous veniez faire dans ma chambre ? Et qu'est-ce que Lindir faisait avec vous ?

- C'est lui qui est venu nous chercher. Il a dit qu'il ne te trouvait pas dans ta chambre et que tu n'avais pas répondu quand il avait tapé à la porte de la salle de bain. Il pensait que tu étais avec nous. Du coup, on est venu aussi vite qu'on a pu et l'elfe a ouvert la porte avec une clef. lui expliqua Fíli en s'appuyant contre un mur.

- Je ne te dis pas le choc qu'on a eu quand on t'a vue sous l'eau ! Pendant un instant, on a cru que tu étais... Enfin, tu vois...

- D'ailleurs. toussota Alice, rouge de gêne. Si vous pouviez éviter d'en parler aux autres... Je ne suis pas sûre d'être à l'aise avec le fait qu'ils sachent que vous m'ayez vue... Hm, nue."

Cette déclaration fit rougir un peu plus les trois protagonistes et la demoiselle crut même voir Kíli secouer la tête comme pour chasser des images pas très catholiques de son esprit. Ils acquiescèrent cependant. Fíli lui apprit que Lindir venait pour lui dire que le repas serait servi dans une heure et demie. En entendant cela, la jeune femme écarquilla les yeux. Elle chassa alors les frères hors de sa chambre sous prétexte qu'elle avait besoin de temps pour se préparer.

Malheureusement pour eux, ils n'avaient pas fait un pas vers leur propre appartement qu'une voix les arrêta.

"- Puis-je savoir ce qu'il s'est passé ?"

C'est avec un sourire crispé aux lèvres que les princes se retournèrent lentement vers la personne.

Quelqu'un vint taper à la porte d'Alice une heure plus tard. Elle était déjà prête et attendait tranquillement sur son lit. Elle se souvenait très bien d'une discussion qui remontait au tout début de l'aventure et qu'elle avait surprise. Les nains discutaient d'elle, la pensant endormie ainsi que le magicien et le hobbit. Kíli avait déclaré la trouver plutôt gentille. Glóin avait alors acquiescé avant de dériver vers son apparence. Dori ne la trouvait pas féminine et Dwalin avait ajouté en riant qu'elle ne correspondait pas aux critères de beauté naniques. Elle avait serré les dents en entendant que les autres étaient plutôt d'accord. Les deux princes avaient alors pris sa défense en disant qu'elle était mignonne, quand même. Mignonne... En se rappelant de ça, elle eut un petit rire. Ainsi donc ils pensaient que tout ce dont elle était capable, c'était d'être mignonne ? Ils allaient voir.

Avec un grand sourire, elle ouvrit la porte. Lindir, parce que c'était lui, ouvrit la bouche tel un poisson hors de l'eau. Elle attendit quelques secondes avant de claquer des doigts devant lui. Elle adorait déjà l'effet qu'elle faisait. Si un elfe était aussi facile à impressionner, les nains allaient en tomber de leurs chaises.

"- Oh, euh, si vous voulez bien me suivre mademoiselle... Le buffet n'attend plus que vous.

- Oh super ! Je soignerai mon entrée, dans ce cas." sourit-elle en lui faisant un clin d'œil.

À quelques couloirs de la salle, elle entendait déjà les hurlements de ses compagnons. Elle leva les yeux au ciel, la discrétion n'était vraiment pas leur fort. Lindir lui ouvrit la porte et, quand elle fut en vue de tous, le silence se fit dans l'assemblée. Elle posa les yeux sur Gandalf qui lui fit un grand sourire auquel elle répondit. Elle entendit alors un "woah" qu'elle crut provenir d'Ori.

Elle était vêtue d'une robe bohème vert olive lui arrivant aux pieds, fendue des deux côtés, laissant entrevoir ses sandales. Elle était centrée à la taille et avait des longues manches évasées. Ses plus si courtes mèches blondes étaient bouclées pour l'occasion et elle portait quelques bijoux : son collier offert par les Valar, deux ou trois bracelets et une bague en argent. Le Seigneur de Rivendell se leva et l'invita à sa table avec l'Istar et le roi. Elle accepta et avança pour s'asseoir. En passant à côté de la table du reste de la Compagnie, elle offrit un très grand sourire à Dwalin et un encore plus grand aux princes. Bilbon lui fit un signe de tête, souriant lui aussi.

Elle s'assit entre son chef et Elrond.

"- Si je puis me permettre, vous êtes très élégante. la complimenta alors ce dernier.

- Je vous remercie Seigneur Elrond. le gratifia-t-elle avant d'ajouter un peu plus fort. Cela faisait un bon bout de temps que je n'avais pas reçu de tels compliments."

À l'autre table, ils chuchotaient à son propos. Cette phrase les amena tous au silence, encore une fois. Ils avaient vite compris qu'elle les avait bien entendus ce soir-là. Le buffet commença alors. Depuis son entrée, la jeune femme sentait des regards posés sur elle. Elle ne voulait cependant pas se retourner pour voir qui la regardait aussi intensément. Mais elle avait bien remarqué Thorin, juste à côté d'elle, qui ne la lâchait pas des yeux.

"- Je peux savoir pourquoi vous me regardez ainsi ? lui chuchota-t-elle, fixant son assiette.

- Elle vous va bien. répondit simplement le roi, sans la regarder aussi.

- Q-quoi ? bégaya la nouvelle arrivante en levant subitement les yeux.

- La robe. soupira-t-il comme si c'était évident. Elle vous va bien. Vous êtes jolie.

- Oh. Merci... Vous êtes pas mal non plus. lui confia Alice, les joues roses, avant de fermer les yeux face à ce qu'elle venait de dire. Le nain eut un petit rire qui fit l'effet d'un tsunami dans le ventre de sa voisine.

- Merci. Oh et... Je suis au courant pour l'incident de tout à l'heure... reprit le monarque en rougissant un peu. La blonde était maintenant plus rouge que la barbe de Glóin.

- Fíli et Kíli ? présuma-t-elle, les yeux obstinément fixés sur la table.

- Hm oui, en partie. Je les ai entendus parler avec Lindir et... je les ai vus sortir de votre chambre.

- Super... marmonna la demoiselle. Vous êtes le seul au courant ?

- Oui, bien sûr. Ne vous inquiétez pas, nous ne le répéterons pas."

Ils s'intéressèrent soudainement à la discussion de Gandalf et Elrond, sans se douter un seul instant qu'ils étaient au centre d'une conversation à la table de leurs compagnons.

"- Vous avez vu, il l'a faite rougir ! murmura Ori, tout excité. De quoi pensez-vous qu'ils parlent ?

- Il a dû lui faire un compliment sur sa tenue. rétorqua Balin en souriant doucement. Aucun d'eux ne remarqua le regard gêné que se lancèrent les princes.

- Thorin faire un compliment ! s'esclaffa Dwalin en riant.

- Oh, regardez ! Il rougit lui aussi ! intervint Bofur sur le ton de la conspiration.

- À vrai dire, ils ressemblent tous les deux à des tomates !" s'enthousiasma Óin, attirant l'attention des deux concernés qui leur jetèrent des regards suspicieux.

Les nains toussotèrent en reprenant leur calme. Ori s'empara d'une feuille de salade dans son assiette avant de soupirer.

"- Goûte. l'incita Dori. Juste une bouchée.

- J'aime pas la verdure... déplora tristement le scribe.

- Où est la viande ? s'alarma Dwalin après avoir retourné le contenu de son assiette.

- Est-ce qu'ils auraient de la purée ?" espéra Ori.

À la table d'honneur s'invitèrent trois elfes d'une grande beauté chacun. Ils saluèrent chaleureusement le magicien et s'inclinèrent un peu devant Thorin. Ce dernier leur fit un signe de tête en fronçant les sourcils, ne savant pas qui ils étaient. Alice, elle, les avait reconnus en une fraction de seconde et était très impressionnée.

"- Thorin, Alice. entreprit de les présenter Gandalf, les désignant. Ce sont les enfants du Seigneur Elrond : Arwen, Elladan et Elrohir.

- Enchantés. répondirent les nouveaux arrivants en chœur.

- De même." répliqua le nain froidement.

Le repas était d'un ennui mortel à leur table. Ils discutaient épées et l'envoyée des Valar s'excusa bientôt pour rejoindre ses amis. Elle avait envie de rire avec eux. Justement, ces derniers s'esclaffaient encore et cela semblait être au détriment de Kíli.

"- Qu'est-ce que j'ai loupé ? demanda-t-elle avec un grand sourire en se faisant une place entre Bofur et l'archer.

- Kíli a un faible pour les elfes mâles. répondit aussitôt Dwalin, juste en face, faisant éclater les nains de rire encore une fois.

- Kíli ? s'exclama Alice, faussement étonnée. Tu aurais pu me dire que tu étais de ce bord-là, tous mes espoirs sont réduis à néant !

- C'est comme ça que vous dîtes, chez toi ? De ce bord-là ? s'enquit Bilbon, à côté de Balin, une fois que l'hilarité des nains se fut tarie. Le vin des elfes l'avait visiblement aidé à abandonner enfin le vouvoiement avec son amie.

- Oh, c'est une expression. expliqua la Terrienne, un peu gênée. Elle ne savait pas grand chose des opinions à ce sujet en Terre du Milieu. Quand une personne aime ou est attirée par quelqu'un du même sexe, on dit qu'il/elle est homosexuel/le. Enfin, c'est une orientation parmi tant d'autres... Comme le fait d'être attiré par les deux sexes, on dit qu'une personne est bisexuelle. Et vous ?

- Chez les nains, il n'y a pas de mot pour le décrire. Nous le disons, c'est tout. la renseigna Balin.

- De même pour les hobbits.

- C'est courant alors ? s'étonna l'apprentie magicienne. Elle avait bien remarqué que Bofur et Nori se tournaient autour mais elle ne savait pas que c'était accepté pour autant.

- Oh oui, très ! La plupart des nains sont, comment vous dîtes, bisexuels, c'est ça ? l'informa Glóin.

- Oui, c'est ça. C'est dû au manque de naines ? Donc certains d'entre-vous..." insinua la jeune femme, après l'affirmation à sa question, jonglant du regard entre Bofur et Nori.

Thorin leur sauva la mise en passant à côté d'eux, l'air passablement agacé. Après un regard à la tablée, Alice lança qu'elle s'en occupait. Elle rejoignit le nain accoudé à la rambarde du balcon.

"- Que se passe-t-il ? s'enquit-elle en s'appuyant à son tour, observant le soleil couchant.

- Il se préoccupe un peu trop de notre quête... grogna le roi sans même la regarder.

- Notre ? reprit son interlocutrice en se tournant complètement vers lui, un sourire plaqué au le visage. Vous me considérez donc comme un membre à part entière de cette Compagnie ?

- Vous avez battu Fíli. élucida simplement le nain. Et, même si ça me coûte de l'avouer, vous êtes plutôt douée avec des armes.

- Que de compliments ! rit-elle. À l'entente de ce son si particulier, le cœur de Thorin chauffa. Elle se tourna vers le nain blond susnommé. Mais sans vouloir offenser votre neveu, il me fait moins peur que Dwalin.

- Vous avez peur de Dwalin ? la questionna le monarque, franchement surpris, en se tournant lui aussi vers la Compagnie.

- Qui n'a pas peur de Dwalin ? répliqua la blonde en souriant alors que Bofur montait sur la butte entre les deux tables qui leur étaient réservées. Ce que je veux dire, c'est que je redoute plus ses capacités guerrières que celles de Fíli.

- Je comprends." sourit-il devant le spectacle que leur offrait le nain à la chapka.

Du coin de l'œil, Alice vit Elrond éviter une pomme de terre, ce qui la fit rire. Les nains reprenaient la chanson de Bofur tout en lançant de la nourriture un peu partout. La jeune femme surprit même Thorin à taper du pied et son sourire s'agrandit. Le roi méritait ce petit moment de répit.

La fête continua un peu mais leur compagne de route s'excusa assez tôt pour aller se coucher. Les émotions de la journée l'avaient épuisée. En se dirigeant vers sa chambre, elle repensa à ce que lui avait dit l'elfe brun plus tôt... Ainsi donc, il y avait quelqu'un là dehors qu'elle connaissait et qu'elle aimait apparemment comme son frère. Elle ne savait pas où il était, ce qu'il faisait, s'il allait bien mais ce qui était sûr, c'était que la blonde avait extrêmement hâte de le revoir.