Alice se débattait avec sa robe derrière le paravent de la chambre d'Arwen. Elle poussa un soupir en constatant qu'elle l'avait enfin enfilée correctement. C'était une robe longue, moulante, noire à bretelles et cintrée à la taille. Le col était rond, près du cou. La doublure extérieure avait de longues manches évasées. Elle était sombre, transparente, avec des croissants de lune et des étoiles dorés la parsemant. La jeune femme se glissa dans ses bottines noires à talons. En avançant dans la chambre, elle eut envie de maudire sa nouvelle amie royale. Elle allait souffrir ce soir avec ces chaussures aux pieds. La brune l'avait coiffée en tirant ses cheveux dans un chignon lâche alors que plusieurs mèches bouclées encadraient son visage. Elle l'avait aussi maquillée très légèrement, avec les moyens du bord. Elle se trouvait magnifique, honnêtement. Arwen l'était tout autant dans sa robe blanche moulante et avec ses cheveux tressés.

"- Tu es magnifique Alice ! s'émerveilla l'elfe en la voyant. Durant les préparations, elles avaient d'un commun accord abandonné le vouvoiement.

- C'est grâce à toi ! Tu es sublime aussi ! la complimenta la blonde, la faisant tourner pour l'admirer.

- Merci mais c'est toi la plus belle ! Certains seront subjugués en te voyant, ça ne fait aucun doute. souffla la brune sur un ton entendu.

- Quoi ? Je ne vois pas de qui tu parles... rougit la Terrienne, se détournant. Arwen éclata de rire.

- Hm, si tu le dis. Tiens ! C'est ton cadeau. Je te le donne maintenant pour qu'il complète ta tenue."

Et la princesse posa sur sa tête un diadème noir, fait de cristaux avec de minuscules paillettes d'or. Elle ne s'arrêta pas là et lui offrit un bracelet de perles noires ainsi qu'une bague de la même couleur, sertie d'un soleil doré. Puis elle lui tendit une paire de boucles d'oreilles : deux croissants de lune dorés pendants au bout de fines chaînes noires. Elle refusa d'abord puis, sous les supplications de la princesse, accepta la parure.

"- C'est parti."

Thorin se triturait nerveusement les mains, derrière son dos. Attendant dans la salle de cérémonie avec les autres invités, il se demandait si son cadeau allait plaire à sa recrue. Pour se calmer, il fit mentalement la liste des personnes présentes. Tous les nains de sa Compagnie étaient là, le cambrioleur et Gandalf aussi. Le Seigneur Elrond, son serviteur Lindir, Elladan et Elrohir, ses fils. Arwen manquait à l'appel, étant avec Alice. Juste devant la piste de danse, il y avait un groupe de musiciens. Du côté du buffet, des cuisiniers et des serveurs se tenaient prêts, quelques gardes par-ci, par-là. En face, il y avait une grande table pour le repas. Enfin, juste à côté des escaliers menant à la porte, il y avait la table des cadeaux. Et des présents, il y en avait beaucoup.

La porte s'ouvrit soudainement sur la fille de leur hôte qui adressa un grand sourire à toute l'assemblée. L'apprentie magicienne apparut enfin et le souverain en eut le souffle coupé. Il n'était pas le seul, d'ailleurs. Un silence presque religieux régnait tandis que tous dévisageaient la nouvelle arrivante, qui semblait rougir de seconde en seconde.

"- Quoi ? souffla-t-elle finalement, gênée. Dites quelque chose..."

Puis Fíli l'applaudit, rejoint aussitôt par son frère. Et Bilbon. Puis Ori, Bofur, Nori... Tous l'accueillirent chaleureusement, quelques nains sifflèrent même. Elle descendit précautionneusement les marches et salua tout le monde, même les musiciens, les gardes et les cuisiniers qui furent étonnés et agréablement surpris quand elle les remercia une bonne centaine de fois pour leur implication.

Des verres leur furent apportés et la soirée débuta. La star du jour allait et venait entre les groupes. La bonne humeur aidant, on assistait à un spectacle unique que la demoiselle prit le temps d'observer. Elrond discutait tranquillement avec Balin, Lindir parlait avec Ori de son travail de scribe. Dwalin, Bifur et Glóin bavardaient avec les gardes elfes, en haut des marches. Le Magicien Gris retenait toute l'attention de Dori et Óin. Bofur tapait la discute aux musiciens en compagnie de Nori qui s'intéressait plus à la décoration qu'à leur conversation. Il fit même un clin d'œil à la jeune femme quand il rangea un chandelier sous sa veste. Elle leva les yeux au ciel et chercha ses deux princes adorés du regard. Elle tomba sur Bombur, à la place. Il était près du buffet et parlait avec le grand chef cuisinier. Elle trouva enfin les deux frères qui plaisantaient avec leurs homologues elfes. Le cambrioleur et Arwen se tenaient dans un coin de la pièce, intimidés.

Alice se dirigea alors vers celui qui, comme à son habitude, ne parlait à personne : Thorin. Elle s'adossa au même pilier que lui, en silence. Elle ne le regardait pas, lui non plus, mais l'ambiance était agréable et reposante. Quelques minutes plus tard, le maître des lieux annonça qu'ils allaient servir l'entrée. Les invités se dirigèrent vers la grande table. La demoiselle se posta devant le roi, main tendue. Le nain la regarda avant de s'en saisir avec un petit sourire.

La princesse elfe lui avait gardé une place à côté d'elle, en milieu de table. Une autre était libre, à côté. L'envoyée des Valar ordonna à son chef de s'y installer, ce qu'il fit après lui avoir tiré sa chaise.

Le repas se passait à merveille. Ils en étaient à la salade et au fromage. Alice était rayonnante et s'efforçait de faire participer Thorin à ses conversations, du moins au début. Puis au fil et à mesure que la soirée avança, il le fit de lui-même. On débarrassa les assiettes et Arwen décréta qu'avant le dessert, il lui fallait ouvrir ses cadeaux. Tous se levèrent, la concernée se dirigeant déjà vers l'étalage de présents.

Elle commença par remercier l'elfe brune devant tout le monde pour la parure de bijoux, puis prit un cadeau au hasard en demandant au propriétaire de s'avancer. Il s'agissait d'Óin. Elle déchira l'emballage avec minutie et découvrit une trousse de secours plus que complète.

"- Ce n'est pas grand chose mais... commença le sourd en baissant la tête.

- C'est super ! le coupa la jeune femme en s'avançant rapidement vers lui pour le prendre dans ses bras. Vous n'avez pas idée d'à quel point cette trousse va sans doute me sauver la vie ! Je suis une vraie catastrophe ambulante."

Suite à cette déclaration, des approbations et des rires fusèrent. Elle passa au cadeau suivant, celui de Bombur. Il était carré et un peu lourd. Quand elle vit ce que c'était, elle lui jeta un regard incrédule.

"- Mais Bombur... Ton livre de recettes, je ne peux pas l'accepter !

- Oh si, tu peux ! J'ai même rajouté quelques recettes elfiques avec l'aide du chef." lui précisa le roux en la serrant un peu trop fort.

Elle le remercia encore avant de se saisir d'un autre paquet. Bifur s'avança timidement en marmonnant.

"- Ce sera très bien même si tu l'as fait en vitesse, Bifur, j'en suis sûre." le rassura-t-elle avec un clin d'œil.

Les figurines en bois lui firent monter les larmes aux yeux bien trop facilement à son goût. Le nain à la hache avait sculpté un chien et un chat. Il lui indiqua s'être rappelé de ce qu'elle lui avait dit sur ses animaux. La discussion remontait à plus de trois mois, elle était impressionnée par sa mémoire. Poisson et Peanut lui manquaient horriblement.

Ce fut au tour de Nori. Son cadeau était rectangulaire et plutôt long. Elle y découvrit avec stupeur un kit de tressage. C'était une idée originale et cela lui fit grandement plaisir. Après avoir gratifié le voleur d'une accolade, elle enchaîna avec le présent de Gandalf. Elle l'examina suspicieusement, sachant que les magiciens avaient parfois des idées farfelues.

"- Rien ne va en sortir pour vous tuer, vous savez ? la taquina l'homme en gris.

- Non, je ne sais pas justement !"

Elle déchira le papier avec un fin sourire. C'était un énorme livre. Elle leva des yeux interrogateurs vers l'Istar.

"- C'est un grimoire. Je crois me souvenir que vous avez encore des pouvoirs à contrôler."

Alice hocha la tête, reconnaissante. Elle ouvrit alors le cadeau du semi-homme. Encore un livre… mais vierge, cette fois-ci.

"- C'est un carnet, pour y congédier tes aventures futures et celle-ci bien évidemment. Tu m'as dit que tu aimais écrire, alors...

- Oh Bilbon ! s'exclama la jeune femme, émue, en l'enlaçant. Merci beaucoup ! Je te promets de le faire !"

Elrond lui offrit une dague datant de la Guerre de la Dernière Alliance et ayant appartenu à Glorfindel, un elfe parti parcourir le monde. Fidèle à elle-même, elle refusa mais le seigneur la convainquit d'accepter. Le cadeau de Lindir était des boules quiès de l'époque. Il n'y eut pas besoin d'explications et ils rirent tous un bon coup. Elle reçut de Glóin un guide pour produire une bonne bière naine. Un livre sur la mythologie nanique rejoignit sa collection, venant de Balin. Dori lui avait préparé un coffret de thés. Elladan avait choisi une écharpe pour accompagner le cadeau d'Elrohir : des chaussettes.

Bofur s'avança quand elle se saisit d'une boite ronde et un peu haute.

"- Qu'est-ce que tu as bien pu me dégoter, là...

- Ahah ! Je suis sûr que tu vas adorer !"

Et en effet, ce fut le cas. La boîte contenait un chapeau identique à celui du nain aux nattes. Elle en fut si touchée qu'elle le serra dans ses bras un long moment.

Il ne restait plus que cinq cadeaux et pas des moindres. Kíli et Fíli semblaient impatients qu'elle ouvre les leurs. Ori était évidemment stressé. Dwalin attendait tranquillement même s'il tapait nerveusement du pied. Thorin, lui, essayait de paraître calme, ce qui faisait encore plus ressortir son appréhension. Alice prit alors le gros bouquet de fleurs qui lui faisait de l'œil en se demandant lequel de ces nains avaient bien pu lui en confectionner un si joli. Elle ne cacha pas son étonnement quand celui au crâne rasé s'approcha, mal à l'aise.

"- Ce sont des dahlias, des amaryllis, des crocus et des gypsophiles. l'informa-t-il en fixant le bouquet.

- Elles sont magnifiques, Dwalin ! le rassura-t-elle en souriant. Les dahlias et les crocus sont parmi mes fleurs préférées."

Le nain lui tapota le dos maladroitement. Elle fit un clin d'œil à Nori au passage, comprenant pourquoi ces deux-là étaient penchés au-dessus des buissons quand elle les avait vus plus tôt. Kíli la supplia d'ouvrir son cadeau. En riant, elle attrapa le petit paquet que l'héritier lui désignait. Elle reconnut une pierre similaire à celle que l'archer devrait donner à Tauriel bien plus tard, lors du voyage. Les écritures étaient cependant différentes.

"- C'est une rune, celle du vent. Avec ta démonstration de la dernière fois, je me suis dit qu'elle te représentait bien." élucida le brun en la voyant l'observer attentivement.

La demoiselle, touchée, le remercia chaudement. Ensuite elle passa à un autre présent, tout aussi intriguant. Il était long et fin. Fíli lui adressa un sourire éclatant quand elle l'ouvrit. Trois flèches noires et finement sculptées reposaient dans un carquois de la même couleur.

"- Fíli... murmura-t-elle en levant la tête vers lui.

- Oui, je sais. Elles sont sublimes !"

La Terrienne lui donna un coup sur la tête qui fit rire l'assemblée, avant de le prendre dans ses bras. Il ne lui restait plus que deux cadeaux : celui d'Ori et celui de Thorin. Le scribe se dandinait de plus en plus sur ses pieds, alors Alice décida de mettre fin à son calvaire. Elle demanda au jeune nain de lui donner son présent, il s'agissait du paquet rectangulaire et plat. Elle devina à la bordure que c'était un dessin. Elle regarda le roux en plissant les yeux. La Compagnie au grand complet était représentée. Elle passa une main sur les visages encrés. Le dessinateur rougit sous les félicitations de son amie qui s'extasia encore un peu devant son talent. Dori était aussi très fier de son petit frère, de même pour Nori.

Il ne restait plus qu'un paquet. L'héritier d'Erebor lui adressa un mince sourire. La demoiselle ne savait pas pourquoi mais elle appréhendait un peu de découvrir son cadeau. On devinait facilement qu'il s'agissait d'une petite boîte. Elle finit par l'ouvrir lentement avant de dévisager le roi, stupéfaite.

"- Est-ce... ce que je pense que c'est ? lui demanda-t-elle, le faisant sourire un peu plus.

- Cela dépend de ce que vous pensez. lui répondit-il, amusé. Elle leva les yeux au ciel.

- C'est un fermoir ? Pour les tresses ?

- En effet. C'est sacré pour les nains. La rune signifie que vous êtes une amie de notre peuple. lui expliqua le monarque, provoquant un hoquet de stupeur parmi le reste de la Compagnie.

- C'est un grand honneur pour quelqu'un qui n'est pas des nôtres d'en recevoir un si spécial, encore plus quand il provient directement du roi. ajouta Balin, dont les yeux brillaient.

- Je... Oh Mahal, j'en perds mes mots. rit l'apprentie magicienne en portant une main à son front. Merci ! Je suis honorée par ce présent si... précieux. Je ferais de mon mieux pour le légitimer, je vous le promets."

Alice s'approcha alors du dirigeant avant de l'enlacer, comme elle l'avait fait pour les autres. Son cœur s'emballa tant qu'elle eut peur que Thorin ne l'entende. Elle ne se doutait pas que ce dernier n'en menait pas large non plus. Après quelques secondes, elle s'en détacha et la fête reprit son cours. Les musiciens jouèrent une douce mélodie en attendant l'arrivée du gâteau.

L'envoyée divine s'excusa auprès de l'assemblée pour aller prendre l'air. Elle sortit donc sur un balcon attenant à la salle. De là où elle était, elle ne voyait pas les autres. Elle s'accouda à la rembarre en soufflant de fatigue. Elle leva les yeux vers le ciel étoilé et un sourire vint étirer ses lèvres. La demoiselle fit tourner le fermoir entre ses doigts un instant et sursauta quand elle sentit quelqu'un s'installer à ses côtés. Le nain regardait lui aussi la voûte céleste. Il dirigea son regard vers la seule femme de sa Compagnie avant de désigner du menton ce qu'elle avait dans la main.

"- Vous voulez que je vous l'accroche ?

- Oui, pourquoi pas." sourit-elle en lui tendant.

Elle lui tourna le dos afin qu'il extirpe une mèche de son chignon, juste derrière son oreille. Alice sentait les doigts du brun qui effleuraient son cou et son épaule tandis qu'il tressait. Après une ou deux minutes, il accrocha le fermoir en bas de la tresse et déclara avoir fini.

"- Que faites-vousici, toute seule ? s'enquit-il en reprenant sa place initiale.

- Je pensais. lui confia la Terrienne avec un doux sourire.

- À quoi ? Si ce n'est pas indiscret. ajouta Thorin en lui coulant un regard en biais.

- À qui serait plus exact. le reprit sa recrue. Elle lui désigna alors une constellation. C'est la constellation du chien. Cette étoile, là, porte le nom de la personne qui compte le plus pour moi.

- Celui dont Elrond a parlé, n'est-ce pas ?

- Oui. C'est aussi son anniversaire aujourd'hui. lui dit-elle en lui faisant face. Je me demande comment ça se passe de son côté, s'il va bien, s'il est avec de bonnes personnes...

- Je suis sûr qu'il va bien, ne vous en faites pas. Il connaissait aussi notre monde avant d'y venir ? se renseigna le roi, curieux et un peu jaloux de la façon dont son interlocutrice parlait de ce fameux ami.

- Oh oui ! rit-elle. J'ai dû lui parler de cet univers des centaines de fois, voir des milliers. Il le connaît aussi bien que moi. Quoique... J'ai peut-être plus de connaissances, en fait !"

Ils rirent ensemble, amusés. Puis la porte derrière eux s'ouvrit et Fíli en émergea. Il marqua un temps d'arrêt, interdit, puis annonça que le gâteau allait être servi et fit demi-tour en vitesse. Thorin présenta alors son bras à la jeune femme qui l'accepta volontiers. Ils rentrèrent donc et on invita la demoiselle à venir couper son gâteau.

Le cuisinier amena le dessert qui était juste immense. Alice pensa même qu'il était plus grand qu'elle, ce qui en soi n'était pas un exploit. Il avait tout d'un gâteau de mariage. Il était blanc, sur trois étages et décoré de fleurs en crème et de perles dorées. Elle remercia chaleureusement le chef elfe qui lui précisa que Bombur avait participé à la préparation. Le nain rougit fortement quand elle lui adressa un baiser volant. Elle prit ensuite le couteau qu'un autre elfe lui tendait et découpa consciencieusement. Elle mit les parts dans les assiettes. Quand il y en eut assez pour les invités, le cuisinier voulut lui reprendre le couteau mais l'apprentie magicienne refusa et exigea qu'on amène autant d'assiettes qu'il y avait de serveurs, de gardes et de musiciens. Après quelques réticences, le chef céda et ainsi tout le monde eut sa part.

"- Chez moi, on a une sorte de tradition. annonça la Terrienne, attirant l'attention de la tablée.

- Et quelle est-elle ? voulut savoir Balin.

- Oh euh... Vous me promettez tous qu'aucun de vous ne va la faire hein ? s'alarma leur camarade en réalisant ce qu'elle impliquait. Elle attendit que tous aient hoché la tête pour continuer. D'accord. Alors dans les événements comme celui-ci, on écrase une part de gâteau par surprise sur le visage de la personne dont c'est la fête.

- Ah bah, on comprend pourquoi tu ne voulais pas qu'on te le fasse ! railla Bofur en riant, bientôt imité par tous.

- C'est une drôle de tradition. commenta Bilbon, très surpris.

- En fait, ce n'est pas une tradition au sens littéral. C'est plus une blague que la majorité des personnes font." éclaira la concernée en entamant sa part.

Le dessert était délicieux et bientôt, il n'en resta plus une seule miette. On débarrassa les assiettes et la musique se fit plus entraînante. Bofur, comme à son habitude, se leva le premier et invita la star de la soirée. Elle refusa d'abord, arguant qu'elle ne savait pas danser puis, sous les supplications du nain et les encouragements des autres, se leva.

"- Bofur ! Je ne connais pas les danses de chez vous ! se plaignit-elle alors qu'il la tirait sur la piste, ce qui était un peu faux car elle en avait appris certaines en Valinor.

- Tu vas apprendre, t'inquiète !"

Le nain à la chapka lui montra quelques pas et Alice fit le rapprochement avec la danse traditionnelle irlandaise. C'était plus facile que ce qu'elle croyait. Bientôt, ils furent rejoints par d'autres danseurs, les princes elfes et nains en tête. La jeune femme enchaîna les danses endiablées pendant deux bonnes heures, tantôt avec un nain, tantôt avec un elfe. Elle en avait accordé un nombre incalculable à Fíli et Bofur. Elle se laissa finalement tomber sur sa chaise en soupirant. Thorin lui donna un coup de coude qui la surprit. Le roi rit discrètement.

"- Je me demandais d'où Kíli et Fíli tenaient leur comportement de gamins, maintenant j'ai ma réponse !

- Je ne vous permets pas... lui signifia le chef d'un ton où se cachait difficilement son amusement.

- Je me permets très bien toute seule !"

Leurs rires se tarirent et un silence s'installa, dérangé uniquement par la musique et les éclats de voix de leurs compagnons. Ils les regardèrent tournoyer joyeusement. Le rythme se fit plus doux à mesure qu'un slow se mettait en place. Les invités retournaient pour la plupart vers leurs sièges tandis qu'Alice se relevait rapidement, faisant sursauter le roi.

"- Vous, vous ne bougez pas ! lui asséna-t-elle avant de partir vers la piste de danse. Hep, hep, hep ! Vous pensiez aller où ? C'est un slow que tout le monde va danser et c'est moi qui fais les couples ! C'est ma journée, je fais ce que je veux. Compris ?"

En un clin d'œil, tout le monde avait un partenaire et les couples flânaient de nouveau. Certains étaient plus gênés que d'autres et la majorité d'entre-eux prêtait à sourire. Bilbon se retrouvait avec Gandalf et la différence de taille était hilarante. Sans surprise, l'entremetteuse avait mis Bofur et Nori ensemble ainsi que Dwalin et Ori. Ces derniers étaient les plus rouges et le tatoué lui avait même adressé un regard noir. Kíli se retrouvait avec Arwen tandis que Balin valsait avec Elrond. La blonde avait joint les deux frères Óin et Glóin. Elrohir promenait Fíli sur la piste, de même pour Lindir et Bifur. Ces deux-là la faisaient rire tant ils étaient différents mais bons danseurs. Bombur dansait avec Elladan, Dori avec le chef cuisinier.

La jeune femme regardait ce petit monde en se retenant de rire, quand une main se posa dans son dos. Elle en avait oublié Thorin mais ne voulant pas qu'il ne s'en rende compte, elle inventa vite une excuse.

"- Je suis désolée ! avoua-t-elle, coupable, tournée vers lui. On dirait bien qu'il ne reste que vous et moi.

- Et vous ne l'avez pas fait exprès, je présume ? soupira le nain, désabusé.

- Non ?" minauda-t-elle, lui adressant un regard angélique.

Le roi sourit en secouant la tête avant de l'emmener sur la piste. Au début, sa cavalière était crispée mais l'expérience de danseur du brun la mit rapidement en confiance. Ils dansèrent quelques slows ensemble avant que Fíli ne vienne demander à son oncle s'il pouvait lui emprunter son amie. La demoiselle ne rata pas le regard qu'ils échangèrent quand le plus vieux tendit sa main à son neveu. Elle attendit que le monarque s'éloigne pour en toucher deux mots au prince.

"- C'était quoi ça ?

- Je ne vois pas de quoi tu parles, Alice.

- Fíli, s'il te plaît. J'ai bien vu le regard que vous vous êtes lancé. Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Rien du tout. grimaça-t-il, gêné.

- Arrête de mentir. Tu n'as pas confiance en moi ou quoi ?"

À ce reproche, le jeune nain grommela et lui demanda de le suivre, ce qu'elle accepta, curieuse de savoir ce qu'il allait lui révéler. Rendus sur le balcon, Fíli se détourna d'elle. Alice posa une main sur son épaule pour l'encourager. Le Durin la serra, puis lui fit face.

"- Ali, je... Voilà, il faut qu-que je te dise que je... Je t'aime."