"- Soyez sur vos gardes. Nous allons entrer dans les Terres Sauvages. Balin, tu connais ce sentier, guide-nous. "

Bilbon se retourna une nouvelle fois pour contempler Fondcombe. Le calme de la cité allait lui manquer. Sans compter Alice qui n'avait pas pris la route avec eux... Il espérait juste qu'elle les rejoigne plus tard avec Gandalf, dans les montagnes comme l'avait précisé ce dernier. Le hobbit secoua la tête après une énième remontrance de Thorin et se remit en route.

Alice et Sirius avaient quitté Rivendell depuis une demie-journée. Cela les inquiétait de ne pas rattraper la Compagnie. Soit ils marchaient très vite, soit il leur était arrivé quelque chose. Aucun d'eux ne se doutait qu'en réalité, le problème se trouvait de leur côté.

"- Donc tu étais chez les Valar... bâilla le jeune homme. La chance !

- Exact, c'était plutôt cool. Et toi alors, tu étais où ? s'enquit son amie en se frottant les yeux.

- En Lórien. J'ai appris quelques trucs avec les elfes.

- Avec Galadriel ?

- Oui mais elle était souvent occupée, tu sais... Tu ne trouves pas que ça sent bizarre ? remarqua le brun, se stoppant soudainement.

- Si, maintenant que tu le dis... Je me sens étrange, en plus...

- Comme lourde et fatiguée ?

- Ouais... souffla la blonde en s'asseyant, les yeux déjà fermés par le sommeil. Sirius cherchait du regard la source de leur malaise.

- T'endors pas... essaya de lutter le garçon mais il était déjà assis à ses côtés.

- Hm, hmmm...

- Je crois... que… des gens... au loin..."

* (bonus 15)

Ce n'est que cinq jours plus tard, voyant au loin le pied des montagnes, que Bilbon angoissa sérieusement. Le conseil auquel le magicien et la Terrienne devaient assister n'avait pas pu durer tout ce temps. La Compagnie était sur une petite plaine, située juste avant le premier sentier vraiment escarpé. Kíli était agité depuis deux jours, comme sur ses gardes. Tout le monde l'avait remarqué et cela inquiétait vraiment les deux autres Durin.

"- Ne vous retournez pas, mais je crois que nous sommes suivis. déclara l'archer à la pause du midi alors qu'il scrutait l'horizon.

- Tu crois ou tu es sûr ? lui demanda alors son oncle dans le silence pesant qui suivit ses paroles. Ceux à côté du brun essayaient d'être discrets dans leurs observations des alentours tandis que ceux face à lui se retenaient avec peine de regarder.

- Il a raison. affirma Dwalin, bien vite appuyé par Bifur en Khuzdul. Ça bouge dans les bosquets.

- J'ai vu deux ou trois têtes dépasser des herbes au Nord Ouest. enchérit Bofur, fin chasseur à la vue aiguisée.

- Ils savent qu'on les a repérés. souffla Fíli, le nez dans son bol.

- Des archers ? questionna Dori, anxieux. Kíli secoua la tête. Tant mieux.

- Ils envoient quelqu'un. s'agita Bombur en plissant les yeux.

- Homme ou femme ? Armé ? s'enquit Thorin, nerveux quant à la tournure des événements. Il pensait au fait qu'Alice devait les avoir rejoints depuis déjà quatre jours.

- Homme et je pense que c'est un prisonnier. Il a les mains liées dans le dos. les renseigna Nori. Brun, cheveux bouclés et plutôt jeune. Il regarde sans cesse derrière lui.

- Soit il a vraiment peur, soit il y a d'autres prisonniers. analysa Óin.

- Ils sont sortis de leur cachette." annonça le seul blond, le regard mauvais.

Si leurs ennemis se laissaient voir, cela voulait dire qu'ils n'en avaient plus rien à faire qu'ils les repèrent. La Compagnie se tourna d'un même ensemble pour les toiser. Ori et Bilbon se retrouvèrent d'instinct derrière les plus forts guerriers.

"- Une cinquantaine d'hommes. Pas grand chose. déclara le nain au crâne rasé.

- Ils sont armés. contra son frère, un minimum apeuré.

- Le gamin, il a de sacrées balafres." siffla Glóin entre ses dents.

La vue de ce pauvre garçon ainsi mutilé tordait l'estomac du semi-homme. Si ces hommes lui avaient fait ça, qu'allaient-ils bien pouvoir faire d'eux ?

Les nains attendirent en silence que le jeune homme arrive jusqu'à eux. Balin l'accueillit. Il tremblait comme une feuille.

"- Ça va mon grand ? s'assura le nain à la barbe blanche alors qu'il le faisait s'asseoir.

- Je- s'il vous plaît... bredouilla ce dernier sans les regarder dans les yeux. La panique s'emparait de lui.

- Calme-toi. lui conseilla Fíli. Comment tu t'appelles ?

- Sirius. souffla le prisonnier, ce qui fit tiquer le roi qui s'approcha à grands pas de lui.

- Comme l'étoile dans la constellation du chien ? le questionna-t-il expressément.

- Alice ? se contenta de répondre l'autre, l'espoir dans les yeux. L'entente de ce prénom fit relever les têtes de toute la troupe.

- Oui, Alice. répéta le monarque.

- Vous la connaissez ? Vous êtes la Compagnie de Thorin Écu-de-chêne ? s'agita le bouclé en se relevant.

- Thorin en personne. le présenta son plus jeune neveu.

- Il faut que vous nous aidiez ! Ils-ils ont Alice, elle est là-bas avec eux !

- Wow wow wow... Respire et explique-nous. le pria Nori en le poussant pour qu'il se rassoit. Qui sont-ils ? Qu'est-ce qu'ils veulent ? Depuis combien de temps vous êtes avec eux ?"

L'angoisse de retrouver leur compagne de route dans le même état que ce garçon se faisait sentir Bilbon se triturait les mains, Fíli faisait les cent pas.

"- Des criminels réfugiés dans la Bruinen. Les elfes ont refusé tout commerce avec eux alors en vous voyant sortir de Rivendell, ils ont cru que vous aviez des marchandises. Et comme Alice et moi on vous suivait de près, ils ont pensé qu'on était de votre groupe. Ils nous ont kidnappés il y a cinq jours, on venait de sortir du premier sentier dans les hauteurs de la cité. Depuis, ils essaient de nous faire avouer qu'on fait parti du groupe de marchands... On leur a dit non mais ils nous ont quand même amenés ici. Ils m'ont envoyé pour vous dire que si vous vouliez la récupérer, il allait falloir payer sinon...

- Sinon quoi ? le pressa Kíli, deux fois plus inquiet qu'avant en entendant le discours de l'ex-otage.

- Sinon ils la garderont parce qu'ils manquent de femmes dans leurs tribus... murmura le nouvel arrivant, à deux doigts de vomir en pensant à cette possibilité.

- Jamais." grogna Dwalin.

Alice, de son côté, émergea du dernier coma que ces sauvages lui avaient infligé. Un coup bien senti à la tête. Elle se retint de grogner quand la douleur la transperça. Elle ne voyait pas Sirius. La panique commença à la gagner. Fort heureusement, elle aperçut en contre bas ses sauveurs qui faisaient chemin vers sa position.

Elle se sentait un peu coupable d'avoir confié à son meilleur ami qu'elle avait des pouvoirs trop cool maintenant qu'elle avait été incapable de les utiliser pour les sortir du pétrin...

Thorin et la Compagnie faisaient face à des monstres. De loin, ils avaient l'air plus petits et moins musclés. Et, surtout, on ne voyait pas leurs visages peints et leurs sourires diaboliques.

"- Vous devez vraiment y tenir, à la jolie demoiselle, pour venir nous voir dites donc... sourit celui qui semblait être le chef. Il fit un signe pour qu'on lui amène la fille. Ce fut fait par un colosse qui la traîna par les cheveux jusqu'aux pieds du leader qui prit le relais, relevant sa tête -toujours grâce sa chevelure- pour diriger son visage vers ses compagnons. Alors qui est-ce ? La putain de la bande ? Vous nous excuserez, on vous l'a un peu abîmée..."

Ses paroles entraînèrent des rires gras dans ses rangs tandis que sur les visages de la Compagnie, on ne voyait que de la haine. Leur apprentie magicienne avait la lèvre inférieure fendue, un bleu au niveau de son œil, ainsi que d'autres coupures sur le visage et notamment une en haut de la joue. Elle saignait aussi de la tempe. C'était tout ce qu'ils pouvaient voir à cause de ses vêtements et de ses mains attachées dans son dos. Le sang de sa lèvre coulait le long de son menton et de sa gorge au vu de comment l'homme lui tenait la tête levée. Ses yeux gris balayèrent l'assemblée et s'ancrèrent dans ceux de Thorin. Alors que le commandant des sauvages allait lui saisir la mâchoire pour inciter le roi à répondre à ses provocations, un grand sourire étira les lèvres de la captive, faisant s'ouvrir un peu plus la plaie s'y trouvant. Elle lui mordit la main.

Le geste surprit tout le monde mais eut l'effet escompté. Le chef poussa un cri peu viril et lâcha les cheveux de sa prisonnière.

Les nains réagirent plus vite que les criminels et se jetèrent sur eux, Bilbon y compris.

La bataille qui s'en suivit fut brève. La Compagnie se déchaînait contre ces barbares qui avaient osé lever la main sur leur Alice. Après une petite dizaine de minutes, Dwalin acheva le dernier opposant dans un cri de rage.

Le cambrioleur libéra son amie et l'aida à se lever. La blonde s'autorisa à sourire mais son visage se transforma vite en grimace quand la douleur de sa cheville se réveilla. Elle grogna un peu avant de se rattraper au nain le plus proche, soit Fíli.

"- Alice ! Ça va ? Tu as mal quelque part ? s'inquiéta le blond en la soutenant, attirant l'attention des autres.

- J'ai mal partout mais je crois que là, c'est ma cheville qui me fait défaut. confia la nouvelle arrivante en acceptant de s'asseoir.

- Il faut dire que tu te l'ais bien tordue hier. intervint Sirius.

- En quoi faisant ? se renseigna Óin, déjà occupé à l'ausculter.

- Tentative d'évasion. sourit fièrement la demoiselle. Aie !

- Arrête de gigoter, t'auras pas mal. la nargua Kíli en lui ébouriffant les cheveux.

- Tu vois ce que j'ai dû supporter tout ce temps ? lança la Terrienne à l'adresse du dernier arrivé.

- Tu n'avais pas l'air de t'en plaindre quand tu me racontais tes aventures pourtant... la taquina-t-il, lui faisant un clin d'œil.

- D'ailleurs, excusez-nous, mais peut-on avoir plus d'informations sur ce jeune homme ? s'enquit Fíli, un air sérieux plaqué sur le visage. La jeune femme se releva avec difficulté et sautilla à cloche-pieds jusqu'au concerné.

- Oh ça, c'est Sirius. L'autre Terrien. Dis bonjour ! l'encouragea-t-elle en lui donnant une claque dans le dos.

- Bonjour ? tenta-t-il avec un sourire maladroit, ce qui fit rire la Compagnie. Alice vit Thorin froncer les sourcils et ouvrir la bouche.

- Et c'est le seizième membre de cette joyeuse Compagnie ! Et non ce n'est pas négociable. lança-t-elle à l'adresse du roi. Puis elle se dirigea vers lui et, plus bas, ajouta : Vous me devez bien ça, c'est ma récompense pour le pari d'il y a cinq mois."

Le nain opina de la tête, les lèvres pincées, et donna l'ordre de se remettre en route. L'envoyée des Valar, à l'arrière, faisait déjà les présentations, grimpée sur le dos de Dwalin.

"- Ça va, je ne suis pas trop lourde ? lui demanda-t-elle.

- Un vrai poids plume ! rigola le nain en retour. Je me demande comment tu fais pour ne pas t'envoler à chaque fois que tu utilises tes pouvoirs.

- Bonne question. consentit l'apprentie magicienne. Bon, Sirius, je te présente nos chers compagnons mais on va y aller doucement sinon tu vas t'emmêler les pinceaux.

- Je te rappelle que tu n'arrêtais pas d'en parler dans notre monde ou...? s'amusa le bouclé.

- Chut ! rougit-elle, gênée, provoquant les rires des nains les plus proches. Alors, celui qui me porte c'est Dwalin. Il a l'air un peu brute mais il est très gentil en vrai, n'est-ce pas ?

- Tu vas voir, toi, si je suis très gentil... grogna ce dernier.

- Oh, oui. L'épisode de la forêt au tout début, c'est ça ?

- Yep. Ah, la belle époque. J'ai l'impression que c'était hier. Enfin, passons. Les deux zigotos ici présents sont Kíli et Fíli. Ils sont très énergiques et un peu chiants sur les bords.

- Zigotos ? s'étonna le premier, n'ayant pas compris.

- Chiants ? s'indigna son frère.

- J'ai beaucoup entendu parler de vous. confia Sirius en riant. Surtout l'histoire avec F-...

- PASSONS AU SUIVANT. l'interrompit soudainement Alice en lui faisant les gros yeux.

- Vous voulez attirer toutes les créatures des montagnes ou quoi ? l'apostropha Thorin, en tête de file.

- Vous criez plus fort que moi donc je vous retourne la question !" lui répondit la jeune femme sur le même ton.

Le roi soupira tandis que ses subordonnés riaient tranquillement. Les présentations continuèrent. La Compagnie finit par trouver un endroit calme où se poser avant de reprendre la route le lendemain. Óin en profita pour soigner un peu mieux les blessures des deux Terriens, qui disparaissaient déjà comme par magie.

"- Alice ? appela une voix à la droite de la Terrienne.

- Bilbon ! Ah, qu'est-ce que je suis contente de te revoir ! s'exclama-t-elle en se mettant difficilement debout pour prendre le hobbit dans ses bras.

- Doucement, par Yavanna, ne va pas te faire plus de mal... s'alarma son ami en la soutenant.

- T'inquiètes, dans deux jours il n'y aura plus rien. se disant, elle fit un clin d'œil à Sirius en face d'elle. J'espère que ces goujats ont été aimables avec toi…

- Oh oui, oui... souffla le Sacquet en tournant les yeux vers le souverain sans pouvoir s'empêcher.

- Qu'est-ce qu'il a dit ?"

Le petit homme raconta alors comment s'étaient passés ces derniers jours au sein de la Compagnie et les petites réflexions du chef nain. L'envoyée divine fronça les sourcils, mécontente. Elle allait le disputer en bonne et due forme quand la discussion des autres s'orienta vers son ancien coloc' et elle.

Fíli et Kíli venaient de s'asseoir autour du feu et l'aîné apostrophait le Terrien pour en savoir un peu plus sur la femme de la bande. L'attention se tourna donc naturellement vers eux.

"- Elle n'a pas trop parlé d'elle, c'est ça ? s'amusa le bouclé.

- Non et si ça pouvait continuer comme ça... les coupa la jeune femme en se rasseyant avec Bilbon.

- Ça sent le croustillant tout ça ! se réjouit Bofur en se frottant les mains.

- Oh, allez... Je peux raconter quelques trucs... la supplia Sirius, désireux de se faire accepter par la Compagnie. La blonde soupira en levant les yeux au ciel.

- Bon, d'accord. Mais je te préviens : la moindre anecdote qui me parait un peu trop limite, j'en fais pareil pour toi. Deal ?

- Deal. accepta-t-il, un sourire carnassier aux lèvres. Bon, qu'est-ce que vous voulez savoir ?

- Tout à l'heure, tu as dit qu'elle parlait souvent de nous. C'est vrai ?

- Tout le temps ! s'esclaffa le brun. Elle adore cet univers.

- C'est qui son personnage préféré ? s'enquit le nain à la chapka, curieux.

- Je ne sais pas si j'ai le droit de le dire... hésita le Terrien en se tournant vers la concernée qui avait l'air de réfléchir.

- Je vous aime tous, sachez-le. entama-t-elle en se mordant la lèvre. Mais je dois avouer avoir une légère préférence pour un personnage. Et je parle bien de personnage hein, c'est-à-dire que mon opinion est basée sur le livre et uniquement le livre... Donc ne vous emballez pas. Surtout vous deux-là... gronda-t-elle à l'intention des deux princes qui se dandinaient déjà.

- Bon dis-le, ça devient long là ! la pressa le dernier recruté, très pressé de voir la réaction de la personne concernée.

- Oui, oui ! Ça m'arrache presque la bouche de le dire... Monsieur Sourire, là-bas. grommela-t-elle avec une moue dédaigneuse, désignant Thorin de la tête qui faisait semblant de ne pas écouter.

- Je le savais ! s'écria Kíli en sautant de joie. Le monarque, très surpris, regardait maintenant la blonde avec les sourcils froncés. Cette dernière avait la tête entre ses mains et devait s'en mordre les doigts.

- C'est bon, vous êtes contents ? Maintenant, arrêtez de gesticuler partout comme des enfants. ordonna-t-elle fermement en se levant, stoppant nets les nains qui piaillaient joyeusement sur cette nouvelle.

- Wow, quelle autorité... siffla Nori, admiratif.

- Elle est née pour ça. lança Sirius en haussant les épaules.

- C'est-à-dire ? s'enquit Balin, intéressé.

- Sir-... tenta de l'arrêter la concernée, un peu paniquée.

- Elle a un peu de sang bleu."

La concernée se tapa la tête avec la main avant de remercier ironiquement le jeune homme. Les questions fusèrent après un blanc. Comment était-ce possible ? Quel lien avait-elle exactement avec la royauté ? Pourquoi ne l'avait-elle pas dit plus tôt ? De quel rang était-elle ?

"- Je vais vous expliquer, d'accord ! La famille de mon père est originaire d'un minuscule pays, dans mon monde, qui est une royauté. Le roi est mon arrière-arrière grand oncle ou un truc du genre. Enfin, c'est un degré très éloigné. Je ne vous l'ai pas dit parce que je n'y ai pas pensé d'abord et ensuite, je n'en voyais pas l'intérêt. De toutes façons, je ne veux pas de traitement de faveur."

Les nains hochèrent la tête. Les princes regagnèrent leurs places tout en continuant de discuter à voix basse. Alice les regardait suspicieusement. Elle sentait le mauvais coup arriver mais ne pouvait pas encore savoir quoi. Puis le calme regagna progressivement le camp et les discussions reprirent toutes tranquillement. Bientôt, ils mangèrent et se couchèrent. La demoiselle et Sirius ne se quittaient plus d'une semelle, attisant un peu la jalousie des deux héritiers qui avaient pris la jeune femme sous leur aile depuis le début. Un autre nain observait en silence les deux Terriens endormis à un mètre de lui, enfin, surtout la fille. Alors comme ça, il était son personnage préféré ?

"- Vous devriez dormir, ce n'est pas très bon de se torturer les méninges éternellement. s'éleva une voix qui le surprit.

- Je croyais que vous dormiez... lui répondit-il honnêtement alors qu'elle n'avait même pas pris la peine d'ouvrir les yeux.

- Oh, je sais bien. Il n'y a que dans ces moments- que vous osez poser votre regard sur moi plus de cinq secondes." chuchota-t-elle pour que personne d'autre n'entende. Elle ouvrit les yeux et planta son regard dans celui acier de son interlocuteur.

Le roi ne trouva rien à rétorquer, souffla du nez et détourna même le regard quelques secondes. Il avait envie de lui dire que c'était faux et qu'il ne la regardait pas dormir tous les soirs mais c'était mentir et sa recrue avait le nez fin quand il s'agissait de mensonge. Alors il se contenta de rentrer dans son jeu.

"- Si vous savez que je vous regarde, c'est que vous aussi vous m'espionnez.

- Exactement." assuma-t-elle pleinement, encore à la surprise du nain.

Elle lui fit un clin d'œil en souriant avant de se retourner vers le jeune homme derrière elle pour dormir. Thorin fixa son dos pendant quelques minutes, se concentrant pour distinguer sa respiration entre celle des autres et quand celle-ci se fit plus profonde et régulière, il s'autorisa à fermer les yeux.

Balin, de garde cette heure-là, observa l'échange en silence et même sans avoir pu distinguer les dernières paroles, il savait que c'était une discussion importante qui orienterait les destins de ces deux têtes de mule. Il se réjouissait cependant de la tournure des événements. Il était temps que son chef prenne du temps pour lui et profite de sa vie. Il avait déjà bien travaillé pour son peuple.