La vie avait repris son cours suite au départ des aigles.

La Compagnie avait monté le camp en haut du Carrock, malgré les protestations du nain au crâne rasé qui disait que c'était un endroit plutôt exposé. La fatigue étant trop importante, personne ne l'écouta et certains s'allongèrent tranquillement. Ils n'avaient plus de paquetage, juste leurs vêtements et leurs armes. La nuit se levant, le froid se fit ressentir. Thorin accorda à Glóin d'allumer un feu et tous se rassemblèrent autour. Les frères Ri serrés les uns contre les autres, les cousins Ur aussi. Fíli et Kíli se tenaient près de leur oncle sous leurs capes qu'ils avaient jointes, le père de Gimli et Óin ensemble, Balin et Dwalin de même. Gandalf se tenait à bonne distance des autres pour fumer sa pipe, il lança à Bilbon et Sirius une couette assez grande pour deux.

Alice promena son regard sur l'assemblée avant de s'éloigner lentement vers le bord de la falaise. Elle s'assit, les pieds dans le vide. Elle frissonna. Sa cape demeurait sur ses épaules mais ce n'était pas celle qui était rembourrée. Elle rabattit tout de même sa capuche pour protéger sa nuque de la brise et faire cesser ses tremblements. Balançant ses jambes, la blonde frotta ses mains entre elles. Elle les mit au niveau de son visage et observa ses paumes. Les symboles perdaient de leur intensité. Les Valar devaient faire de leur mieux pour inhiber les pouvoirs que Morgoth lui avait donné. Bientôt, elle ne pourrait plus contrôler les éléments et aider ses amis.

C'est peut-être mieux ainsi, se dit-elle en soupirant. La future ex-magicienne observa la plaine en contrebas, quelques instants. Une masse vint alors s'abattre sur ses épaules, manquant de la faire basculer en avant. Heureusement pour elle, suite à son petit cri de surprise, deux mains s'étaient posées sur ses épaules pour la maintenir en place. Elle leva la tête pour croiser le regard gris d'un roi qu'elle connaissait bien. Elle porta sa main droite à son cœur en respirant bruyamment.

"- Vous êtes au courant que vous avez failli me tuer, là ? Deux fois de suite en plus ? lui demanda-t-elle pendant qu'il s'asseyait à sa droite, un fin sourire aux lèvres.

- Et vous, vous savez que si vous tombez malade, vous risquez aussi de mourir ? Si l'hypothermie ne vous emporte pas avant, bien sûr. D'ailleurs, qu'est-ce que vous faites là ?Vous n'alliez quand même pas sauter ? lui répondit-il, son regard caressant l'horizon.

- Non ! Je... réfléchissais. bégaya-t-elle, détaillant la cape en fourrure du roi sur ses épaules. Merci, mais vous devriez la reprendre. Je m'en voudrais si le grand Thorin Écu-de-chêne attrapait un rhume à cause de moi.

- Votre température corporelle est plus basse que la mienne. Je survivrai. assura-t-il, très confiant. Sa recrue lui donna une tape sur l'épaule en s'insurgeant. Ouch !

- "Je survivrai", gnagnagna... imita-t-elle. Une tape et vous perdez votre bras.

- Je ne vous permets pas ! s'offusqua le brun, la mine faussement outrée.

- Oh, mais je me permets très bien toute seule, merci !"

Ils rirent un peu et, à l'entende de ce son si singulier sortant de la bouche de Thorin, le cœur de la jeune femme rata un battement. Elle le fixa, la bouche entrouverte, le souffle coupé. Cependant, elle se reprit quand elle croisa son regard et rougit instantanément. Le dirigeant surprit ce geste et s'apprêtait à dire quelque chose quand des murmures et des ricanements lui parvinrent. En effet, essayant d'être discrets, la plupart des membres de la Compagnie les espionnaient.

En première ligne, Fíli et Kíli se mirent à siffloter, l'air de rien, quand les concernés se retournèrent. Sirius fit un clin d'œil à la blonde qui secoua la tête, désabusée. Tous repartirent alors se coucher, pris la main dans le sac. Dwalin et son frère avaient ce sourire qui signifiait "j'avais raison" et que le souverain semblait bien connaître.

Quand le calme fut revenu, de longues minutes plus tard, le chef se leva et tendit la main à sa recrue. Elle s'en saisit et il la releva. Ils rejoignirent le camp. La vision qui s'offrit à eux fit s'arrêter net la demoiselle, un tendre sourire aux lèvres.

Ori avait atterri à côté du tatoué, ce dernier ayant passé un bras autour de ses épaules. Un peu plus loin, Nori et Bofur étaient entrelacés. Balin et Dori discutaient à voix basse en couvant les deux couples du regard.

Thorin entraîna alors la descendante légendaire à côté du hobbit et du disciple des elfes, la prenant par le bras.

"- Vous allez mourir de froid si je vous laisse seule alors allongez-vous. lui commanda-t-il, doucement mais fermement.

- Est-ce un ordre ? s'amusa-t-elle, s'exécutant tout de même. Vous m'ordonnez de dormir avec vous ?

- Croyez-moi. soupira le nain, s'asseyant à ses côtés. C'est pour votre bien.

- Ou pour le vôtre ?" osa l'héritière de Mahal et Yavanna, s'allongeant dos à son interlocuteur.

Il y eut un silence si long qu'Alice pensa que le roi l'avait abandonnée à son sort. Un léger ricanement lui indiqua que non. Elle était presque sûre qu'il secouait la tête, le sourire aux lèvres, tandis qu'il s'installait à sa droite, rabattant la couverture sur eux par la même occasion. Ils étaient proches sans être collés et ça ne suffisait pas à faire cesser les tremblements de la Terrienne. Elle se mit à claquer des dents. Thorin soupira dans son dos et la tira d'un coup sec pour la coller à lui. Elle n'osa pas bouger pendant quelques minutes, mais finit par se détendre grâce à la chaleur du monarque. Le bras du nain reposait tranquillement sur sa hanche. L'envoyée divine pesa le pour, le contre et se retourna quand même. Elle ne leva pas les yeux vers le visage du brun, embarrassée. Le bras sur sa hanche remonta pendant que le fils de Thráin se penchait un peu plus vers elle. Une main s'enfouit dans ses cheveux, lui procurant un violent frisson. Le nez de l'apprentie magicienne se posa sur la base du cou de son vis-à-vis qui frissonna à son tour, certainement à cause de la froideur du corps collé au sien. Le Durin exerçait de légers mouvements dans sa chevelure, replaçant la tresse, qu'elle avait toujours depuis son anniversaire, derrière son oreille. La jeune femme, somnolant déjà à cause du cruel manque de sommeil et de l'odeur envoûtante du chef qu'elle respirait à plein poumons, ne répondit que vaguement au "bonne nuit" du nain et sombra immédiatement après.

Gandalf couva du regard les deux silhouettes endormies, un doux sourire aux lèvres.

Le réveil fut des plus brutaux. Ils n'avaient pas instauré de tour de garde, l'homme en gris se portant volontaire pour surveiller d'un œil distrait les alentours. Ils auraient peut-être dû. Ça aurait évité au pauvre Sirius de se faire menacer d'être jeté du haut de la falaise par une drôle de créature bleue. Le jeune homme avait été réveillé en sursaut par une main s'abattant sur son pied et le traînant hors de la couverture qu'il partageait avec Bilbon, vers le bord du Carrock et à une vitesse folle. Le hurlement qu'il avait poussé, ajouté au réveil tout aussi brusque du semi-homme, avait achevé de donner l'alarme. Tous s'étaient redressés et menaçaient à présent la créature. L'Istar leva les mains pour indiquer à la Compagnie d'abaisser leurs armes et s'avança vers la chose.

"- N'approchez pas ! grogna cette dernière avec un drôle d'accent. Vous connaissez la règle, Magicien Gris.

- Nous ne faisions qu'une pause, comprenez nous. Nous nous sommes fait attaquer par des gobelins et des orcs...

- Gandalf, qu'est-ce que c'est ? s'enquit le cambrioleur, à la fois apeuré et curieux.

- C'est un Azuli, un gardien du Carrock. élucida le magicien, ne quittant pas des yeux le visage horrifié du captif qui semblait sur le point de fondre en larmes.

- Et quelle est cette règle dont il a parlé ? se renseigna à son tour Balin.

- Aucun Homme ne doit poser pied sur le Carrock, car il y a longtemps, certains ont essayé d'y construire une forteresse. Les Valar n'ont pas apprécié ce comportement belliqueux.

- Qu'est-ce qu'il se passe si jamais...?

- Il est jeté du haut du promontoire. Rien n'arrête un Azuli. souffla le vieillard du bout des lèvres.

- Je vais mourir... gémit Sirius.

- Une dernière parole ? s'amusa la créature, un rictus mauvais aux lèvres.

- Alice ! s'écria alors Mithrandir. Vous pouvez le rattraper avec vos pouvoirs, non ?"

L'apprentie magicienne fut alors au centre de l'attention et mit un certain temps avant de réagir.

"- Non, je ne-je ne peux pas. murmura-t-elle, les yeux rivés sur son meilleur ami.

- Quoi ? Mais pourquoi ? s'étonna Kíli en fronçant les sourcils.

- Mes pouvoirs... Je ne les ai plus... expliqua-t-elle en montrant ses paumes où les symboles ne brillaient même plus.

- Il semblerait que ton temps sur Arda soit écoulé... minauda l'Azuli en se tournant vers le bouclé, très pâle.

- Non, non ! Attendez, attendez s'il vous plaît ! paniqua le vieil homme en s'avançant précipitamment.

- Il faut faire quelque chose, Gandalf ! s'énerva Dwalin. Il ne connaissait pas plus que ça le garçon, mais la perte d'un membre allait affecter la Compagnie.

- Et quoi ? Un Azuli n'est pas sensible à mes pouvoirs et il poussera Sirius si on s'en approche." s'agaça l'interpellé, qui réfléchissait à toute vitesse.

Pendant ce temps, Alice, qui s'en voulait de ne pas pouvoir aider son ami, s'était discrètement faufilée jusqu'à Fíli. Elle plongea la main vers la ceinture de l'héritier pour se saisir d'une sorte de poignard. Elle réussit sa besogne sans avoir été repérée et commença à se décaler pour avoir un angle de tir. Au moment où les nains se rendirent compte que leur représentante féminine ne se trouvait plus derrière Thorin et Dwalin, un couteau fila se planter entre les deux yeux de l'Azuli. Ce dernier s'effondra immédiatement en poussant un râle et Sirius s'éloigna lentement du cadavre sans le quitter des yeux. L'attention se reporta sur celui qui avait lancé la dague et les regards tombèrent sur la blonde. Elle s'avança vers la carcasse et récupéra la lame ensanglantée. Elle l'essuya dans l'herbe avant de la rendre à l'aîné des princes.

"- Désolée. lui dit-elle avec un petit sourire.

- Mais ne t'excuses pas, c'était génial Ali ! s'exclama le blond en retour, rangeant son arme à sa place.

- Ouais, génial ! répéta l'ex-prisonnier en la serrant dans ses bras. J'ai bien cru que j'allais y passer, merci ma sauveuse !

- C'était un joli lancé. concéda Dwalin en lui envoyant une claque sur l'épaule.

- Nous ferrions mieux de partir avant que d'autres de ces créatures n'arrivent. intervint Mithrandir.

- Parce qu'il y en a d'autres ?" s'insurgea le jeune homme aux cheveux bouclés.

Sa réaction fit rire toute la troupe et Alice se hissa sur la pointe de ses pieds pour lui ébouriffer les cheveux. Le souverain donna l'ordre de lever le camp et tous s'y attelèrent. Les capes et couvertures furent rangées, les armes misent à leur place et ils entamèrent la descente du Carrock.

Étonnamment, il y avait des escaliers qui menaient tout en bas, mais ils étaient vraiment petits. Ce n'était pas un problème pour les nains qui étaient habitués à ce genre de chemin, l'Istar lui aussi semblait à l'aise, à l'inverse des trois derniers membres de la Compagnie qui n'avaient pas encore entamé la descente. En effet, ils se regardaient tous les trois pour savoir qui serait le premier à risquer sa peau. Le dernier à s'être lancé étant Fíli, il se retourna pour voir où ils en étaient. Il fut très surpris de voir que personne ne le suivait. Il remonta alors la volée de marches qu'il venait de descendre.

"- Qu'est-ce que vous faites ? leur demanda-t-il en fronçant les sourcils.

- J'ai le vertige. annonça aussitôt Sirius.

- Mes pieds sont trop grands pour les marches. enchaîna Bilbon.

- Euh... Je n'ai pas trop confiance..." hésita finalement la jeune femme.

Le jeune héritier sourit et secoua la tête. Il invita ensuite le Terrien à passer devant lui pour être en sûreté, conseilla au cambrioleur de descendre juste avant le précédent, mais de côté pour ne pas glisser. Une fois qu'ils eurent tous deux commencé à descendre, il se tourna vers la blonde et lui dit de le suivre. C'est suivant cette formation qu'ils progressèrent pour rejoindre le reste de la Compagnie qui avait pris de l'avance. Quand Sirius et le hobbit rattrapèrent les derniers de la file, certains étaient déjà sur la terre ferme. Alice et Fíli pointèrent leurs nez quand ils furent tous en bas. Thorin les regarda arriver d'un mauvais œil.

"- Bah alors ! s'amusa Bofur. Qu'est-ce que vous faisiez ? On s'inquiétait, nous.

- J'ai glissé. leur confia la demoiselle, le rouge aux joues.

- Elle a carrément dévalé les marches, oui ! corrigea le premier fils de Dís, un peu en colère. Elle s'est même ouvert le genou !"

La concernée soupira que ce n'était rien et qu'ils n'allaient pas s'arrêter pour ça. Óin la gronda en disant qu'une blessure mal soignée pouvait bien vite s'infecter et devenir encore plus handicapante. Elle se laissa donc faire sans oser jeter un regard au souverain, car c'était clair, là, elle laissait la possibilité aux orcs de les rattraper.

Son genou fut désinfecté et bandé, elle serra d'ailleurs les dents pour s'empêcher de se plaindre du picotement. L'alcool était difficile à supporter quand tout ce qu'on avait connu était la biseptine, tout à fait indolore.

Le chef, d'une voix dure, avait aussitôt demandé à ce qu'ils reprennent la route. Alice avait baissé la tête et s'était mise en marche, boitant juste derrière Ori et Glóin. Elle était suivie de Dwalin et Dori.

L'envoyée divine soupira, la route allait être longue sans ses précieux acolytes à ses côtés. Elle avisa rapidement où se trouvaient Bilbon, Sirius, les deux princes et le couple Nori et Bofur. Le Sacquet était tout devant avec Gandalf et le roi, le bouclé discutait avec Óin de remèdes médicinaux quelques rangées derrière eux, les héritiers conversaient à voix basse en bout de file et le couple se chamaillait à côté de Bombur et Bifur, juste deux rangs devant elle. La descendante légendaire se sentit très seule et enfonça ses mains dans ses poches pour se donner du courage.

Ils marchèrent longtemps. Même quand la nuit se leva, ils marchèrent encore. Alice n'avait pas décroché un mot de la journée et personne n'avait essayé de lui parler. Certains se plaignaient de la marche imposée de Thorin, mais la blonde comprenait. Les orcs avaient des montures, eux étaient à pieds. Mais les nains avaient beau affirmer qu'ils étaient les êtres les plus robustes de la Terre du Milieu, elle savait qu'ils avaient aussi conscience de la force de leurs ennemis sur ce terrain. Azog ne devait pas avoir besoin de beaucoup de sommeil, voir pas besoin du tout. Cependant, la Terrienne savait aussi qu'épuiser la Compagnie n'allait pas être bénéfique.

"- On devrait s'arrêter. avait-elle alors déclaré, couvrant les murmures ambiants.

- Ils vont nous rattraper. grogna le monarque sans même se retourner.

- Ils le feront. acquiesça la jeune femme. Surtout si nous ne sommes plus capables d'avancer à cause de la fatigue."

L'homme en gris l'appuya. Thorin s'arrêta, les yeux fermés. Il capitula alors, mais ordonna qu'ils se remettent en route le lendemain matin, dès les premières lueurs du jour. Tous acquiescèrent, bien trop heureux de ne pas passer la nuit à marcher.

Une fois de plus, à la nuit tombée, le roi vint se coucher près de la blonde. Cette fois-ci, c'est elle qui initia le contact en se glissant dans ses bras. Elle tremblait de froid et claquait des dents mais, surtout, la présence du nain lui était rassurante.

Le manège se répéta les jours suivants, à la seule différence qu'ils s'arrêtaient de plus en plus tard et se levaient de plus en plus tôt. La menace planant toujours sur eux, les compagnons ne se parlaient plus trop, gardant leurs forces pour avancer. Les moins entraînés et les moins sportifs commençaient à tomber de fatigue. Le guérisseur devait s'appuyer sur son frère, Dwalin portait de temps en temps Ori sur son dos. Kíli traînait Sirius derrière lui, le forçant à garder le rythme, Gandalf poussait le cambrioleur quand ce dernier ralentissait. Alice, elle, se forçait d'elle-même à tenir le coup, sollicitant son genou blessé. Elle faillit même marcher sur les talons de Bofur, juste devant elle, qui n'avançait presque plus. Il faisait sombre. Ils étaient tous épuisés.

"- Il nous faudrait un bon coup d'adrénaline pour se remotiver, pas vrai les gars !" plaisanta le nain aux nattes, se remettant au pas.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Un hurlement se fit entendre au loin. Un hurlement de warg. Tous s'arrêtèrent, se fixant.

"- Cinq kilomètres. déclara sombrement le tatoué, reposant Ori sur le sol.

- Je dirais plutôt trois." le corrigea Alice.

Mithrandir les mena alors vers des collines, les forçant à trottiner derrière lui. Ils se retrouvèrent dans une sorte de cuvette et se mirent à réfléchir à une solution. Il n'y avait aucun doute sur le fait que les orcs les auraient rattrapés d'ici le lever du soleil. La décision fut prise d'envoyer Bilbon en reconnaissance au sommet d'une de ces buttes de terre. Le hobbit y resta quelques minutes, assez longtemps pour que son amie s'inquiète. L'angoisse fut à son apogée quand elle vit la tête qu'il faisait en revenant vers eux.

"- La horde est proche ? s'enquit Thorin en le voyant.

- Trop proche. À deux lieues, pas plus. Mais ce n'est pas le pire...

- Les wargs ont flairé notre odeur ? questionna à son tour Dwalin.

- Pas encore, mais ça viendra. Nous avons un autre problème.

- Ils vous ont vu ? demanda le vieillard, l'air blasé.

- Hein ?

- Ils vous ont vu. soupira à nouveau le vieil homme.

- Non, ce n'est pas cela...

- Ah, que vous avais-je dit ? Discret comme une souris ! sourit le vieux alors que le reste de la Compagnie se réjouissait. L'étoffe d'un cambrioleur !

- Écoutez-moi, je vous en prie, écoutez-moi ! s'agaça ledit cambrioleur.

- Wow, les sourds de service, je crois qu'on vous cause ! les rappela à l'ordre Alice, haussant la voix.

- Merci. J'essaie de vous dire qu'il y a autre chose là-haut !

- Quelle forme cela avait-il ? se renseigna le magicien, soudainement sérieux. Comme un ours ?

- Oui, oui, mais plus gros. Beaucoup plus gros. répondit le petit homme, l'air passablement étonné.

- Vous saviez pour cette bête ? s'exclama Bofur. Il continua quand Gandalf se détourna, répondant silencieusement à la question. Il faut rebrousser chemin !

- Et tomber aux mains des orcs ?

- Il y a une maison. intervint le Magicien Gris, s'attirant de nouveau toute l'attention. Pas très loin d'ici... où nous pourrions trouver refuge.

- La maison de qui ? interrogea le Roi sous la Montagne, plutôt méfiant. D'un ami ou d'un ennemi ?

- Ni l'un, ni l'autre. Il nous aidera ou il nous tuera. martela l'Istar.

- Oh bah super, c'est joyeux cette perspective, dites-donc ! ironisa Sirius, anxieux de nature.

- Je ne te le fais pas dire... lui souffla sa meilleure amie, un fin sourire aux lèvres.

- Quel choix avons-nous ?" déclara un Thorin fataliste alors que la Compagnie hésitait.

Soudain, un autre rugissement retentit, les faisant tous sursauter.

"- Aucun."

Ils se mirent alors à courir, Gandalf les encourageant à le suivre.

Le soleil pointait déjà le bout de son nez. Ils traversèrent des terrains divers comme des champs de fleurs, de la plaine ou de la forêt, à une vitesse incroyable. Alice avait même entendu Kíli dire que c'était beau par ici. Ce fut dans la forêt que les choses se compliquèrent.

Un cor de chasse résonna et ils se stoppèrent tous, observant la troupe d'orcs qui les surplombait du haut d'une pente. Il ne fallut pas longtemps pour que la peur ne les pousse à se remettre en route. Ils sortirent du bois et la maison dont parlait Mithrandir fut en vue. Bombur remonta toute la file, faisant momentanément s'esclaffer la jeune femme. Les deux descendants étaient bons derniers. Ils n'étaient même pas encore dans le jardin clôturé quand Thorin poussa tous ses subordonnés pour ouvrir la porte.

Un ours venait de surgir derrière eux et Gandalf les exhortait à accélérer. Les autres membres de la Compagnie les encourageaient de loin, l'inquiétude peinte sur leurs visages. Et ce qui devait arriver, arriva : Sirius se prit les pieds dans une racine. L'envoyée des Valar était pétrifiée, regardant alternativement son ami à terre et l'animal sauvage qui continuait de les charger. Les cris de panique de ses compagnons lui parvinrent aux oreilles et tout ce qu'elle trouva à faire fut de s'avancer jusqu'au jeune homme et de lever une main, comme pour demander à l'ursidé de s'arrêter. Action très risquée et stupide selon les spectateurs, mais qui fonctionna. La bête freina à deux mètres d'eux, reniflant furieusement. Le silence régnait au sein de la Compagnie.

"- On ne vous veut pas de mal." précisa posément la demoiselle en s'accroupissant pour être à la hauteur de l'animal.

D'une tape sur l'épaule, elle indiqua à son compagnon d'infortune de se lever lentement. L'ours grogna et se rapprocha lentement.

"- On va s'en aller et vous laisser tranquille, d'accord ?"

Sirius et Alice se mirent à reculer lentement vers l'habitation mais l'ours grogna.

"- Ok, ok ! Il faut vraiment qu'on entre chez vous pour échapper aux orcs. S'il vous plaît, Monsieur Beorn..."

Le susnommé s'arrêta, comme très étonné du patronyme que celle qui lui faisait face avait employé. Il baissa la tête et fit demi-tour, s'en retournant vers la forêt. Les deux Terriens restèrent interdits quelques instants, puis échangèrent un regard avant de se mettre à courir vers la maison.