Le lendemain seuls Bofur, Sirius et Alice étaient réveillés. Ils avaient un peu froid car on ne leur avait laissé que leurs plus simples habits, soit des tuniques.

Legolas fit alors son apparition, se dirigeant d'un air hautain entre les cellules pour atteindre son but : les deux Terriens.

"- Le roi veut vous voir. Tous les deux.

- Pourquoi ? s'enquit le bouclé, les sourcils froncés.

- Vous verrez bien."

La captive donna un coup de coude à son compagnon de cellule, lui ordonnant de ne pas en demander plus. L'elfe leur ouvrit donc la porte et les menotta de nouveau. En haut de l'escalier les attendait Tauriel. Sur leur passage, le nain aux nattes les regarda gravement. Peut-être avait-il peur qu'ils les dénoncent...

Le trajet se fit dans le silence. Sirius, à droite, stressait un peu. Ils arrivèrent devant les portes de la salle du trône. Les gardes saluèrent les deux elfes qui les avaient conduits ici et ces derniers prirent congé. Les prisonniers furent alors poussés devant Thranduil.

"- Quels sont vos noms ? demanda leur hôte, après un temps d'observation.

- En quoi ça vous intéresse ? répliqua l'ex-magicienne, fermée à la discussion.

- En rien. Vous n'êtes que d'insignifiants petits êtres qui suivent aveuglément un roi sans royaume après tout." répondit l'autre du tac au tac avec un regard suffisant.

La blonde serra les dents si fort qu'elles grincèrent. Plus pour l'insulte envers Thorin que pour celle qui leur était directement destinée. Son meilleur ami, toujours à sa droite, tirait sa meilleure tête blasée.

"- Il n'y a pas que la Dame de la Lórien qui peut savoir des choses... souffla cependant le seigneur en descendant de son trône. Il ressemblait à une panthère guettant sa proie.

- Oh et quelles choses savez-vous ? grimaça le jeune homme, mécontent qu'on utilise celle qui lui avait auparavant offert l'hospitalité.

- Beaucoup."

Les Terriens échangèrent un regard. Deux options : il savait le minimum ou il savait tout. Maintenant, restait à savoir ce que le grand roi Thranduil voulait.

"- Je vais vous faire une offre. Soit, vous acceptez de vous soumettre à ma volonté et je laisse vos amis rejoindre leur très chère Montagne, soit vous refusez et je vous tue." minauda-t-il, s'étant approché très près d'eux et s'abaissant pour être à leur hauteur.

- Vous n'en ferez rien... commença l'ancien disciple des elfes, un peu pâle.

- Même si c'est la dernière chose qu'on doit faire... gronda la prisonnière, d'une voix basse et menaçante. On ne vous dira rien. Et même si ça veut dire prendre le chemin de la mort, seuls... Il n'y a qu'un roi devant lequel on s'agenouillera, au pied du trône.

- Et ce roi, ce n'est certainement pas vous. ajouta le bouclé.

- Vous donneriez vos vies pour ces nains ? Pour Thorin Écu-de-Chêne ? siffla Thranduil, plus particulièrement à l'intention d'Alice, les yeux lançant des éclairs.

- Ma vie est sienne depuis longtemps. déclara cette dernière, sans détourner le regard des iris bleu de l'elfe.

- Encore quelque chose que je pourrais lui retirer... riposta sournoisement leur interlocuteur.

- Essayez donc et vous verrez que je ne plaisante pas."

Les deux blonds se regardèrent en chiens de faïence pendant de longues secondes.

"- Cette Compagnie est notre famille. Si vous savez autant de choses que vous le prétendez, vous savez aussi que c'est une très mauvaise idée de vous en prendre à nous, ainsi qu'à eux." l'avertit alors Sirius, en apparence très calme.

Thranduil les avait alors considérés longuement avec cet air sérieux et hautain collé à son visage. C'était clairement du bluff. S'il voulait les tuer là maintenant, sans aucune sommation, il n'avait qu'à en donner l'ordre. Mais les deux amis furent plutôt surpris de l'entendre ordonner qu'on les renvoie dans les cachots sans plus tarder.

"-... et nous revoilà. Toujours coincés ici. Désolés d'avoir refusé encore un arrangement, Balin. déclara dramatiquement le brun alors que les nains, maintenant tous réveillés, étaient collés à leurs barreaux, suspendus à ses lèvres après le récit de leur rencontre avec le seigneur des elfes.

- Pas de problème mon gars ! Celui-là n'était pas à notre avantage de toutes façons ! s'exclama le vieux nain en souriant.

- Vous étiez prêts à mourir pour nous ? souffla alors Óin, très ému.

- Faut croire. répondit Alice en intervenant pour la première fois depuis leur retour.

- C'était très noble de votre part. les remercia Dori.

- Très honnête, surtout." corrigea la Terrienne, haussant les épaules.

La discussion continua un peu, puis quelques temps après, la Compagnie redevint morose.

"- Le soleil doit être en train de se lever. déclara Bofur. Ça va bientôt être l'aube...

- Nous n'atteindrons jamais la Montagne, n'est-ce pas ? se lamenta Ori, ruinant le moral de tout le monde.

- Vous n'êtes pas piégés ici, non ! murmura une voix qu'ils bénirent tous.

- Bilbon ! s'écria Balin, vite imité par les autres.

- Mais fermez-la ! chuchota quand même assez fort l'envoyée divine. Vous voulez rameuter Thranduil en personne !?

- Les gardes sont tout près. confirma le semi-homme en libérant Thorin. J'arrive, Nori !

- Et nous alors ?" bouda Sirius.

Ils furent libérés en derniers avec un sourire d'excuse du hobbit. Les nains commencèrent à monter l'escalier mais Alice retint son ami par le bras. Ils n'allaient pas par là.

"- En bas ! s'exclama le cambrioleur. Suivez moi !

- On descend ?" s'étonna Dwalin qui obéit tout de même, suivi des autres.

Le Sacquet les guida dans les caves, où se trouvaient les gardes endormis, des tonneaux et pas d'issue, ce qui agaça considérablement les nains, dont Kíli qui fit la réflexion.

"- Vous devez nous conduire dehors, pas plus loin dedans ! râla Bofur.

- Je sais ce que je fais !

- Chut ! lui cria à la figure celui aux tresses.

- Tout le monde se glisse dans les tonneaux, vite ! leur ordonna le petit homme.

- Vous êtes fou ! Ils vont nous trouver ! le rabroua le tatoué.

- Non mais non, je vous le promets ! Je vous en prie, je vous en prie ! Faites moi confiance ! les supplia leur sauveur.

- Mais allez-y, par Mahal ! marmonna blonde, énervée, tandis que les nains tergiversaient.

- Faites ce qu'il dit." commanda le souverain après avoir échangé un regard avec le hobbit.

Ils s'exécutèrent tous. Sirius filant avec Ori, le plus petit des nains, pour avoir de la place. Alice les regarda et se sentit être tirée en arrière. Deux secondes plus tard, elle se retrouvait dans le même tonneau que le roi. Bilbon les compta.

"- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? s'enquit Bofur alors que des têtes émergeaient du bois.

- Ne respirez plus." dit calmement le semi-homme avant d'actionner le levier.

La trappe s'ouvrit et les tonneaux roulèrent dans un boucan incroyable accompagné de cris. La Terrienne mit sa main devant sa bouche pour ne pas hurler et fit de son mieux pour ne pas se taper contre le roi. Ce dernier se maintenait coller à la paroi du tonneau pour ne pas l'écraser. La chute dura quelques secondes avant que leur habitacle n'entre en contact avec une surface... humide. Le tonneau fut un peu inondé, arrachant un cri de surprise à la jeune femme quand l'eau coula sur elle. Thorin et elle étaient tout devant, ce dernier sortit une main pour se tenir aux parois de la grotte dans laquelle ils étaient tombés, dans le but d'arrêter les tonneaux et d'attendre le cambrioleur.

"- Je crois que je vais vomir. souffla la demoiselle, blanche comme un linge après avoir été ballotté dans tous les sens.

- Vous avez le mal de m... commença le monarque en se tournant vers elle. Sa recrue fut très intriguée par le fait qu'il ne finisse pas sa phrase, mais encore plus quand il détourna rapidement le regard, les joues rouges.

- Bah qu'est-ce qu'il vous arrive ? s'inquiéta-t-elle.

- Votre haut."

La concernée baissa les yeux vers elle-même et rougit autant que le roi. Son haut bleu était trempé et collait parfaitement son corps. Elle entreprit de le décoller du mieux qu'elle pouvait. Elle s'excusa mais retira bien vite ses propos quand elle remarqua le sourire en coin du nain. Elle lui frappa le bras doucement, ricanant elle aussi. Ce fut le moment que choisit Bilbon pour atterrir dans l'eau. Nori le rattrapa et le fit s'accrocher à son tonneau.

"- Bravo, Maître Sacquet ! le félicita le chef, toujours le sourire aux lèvres. Allez, en avant !"

Ils entamèrent alors leur petite croisière. Il ne fallut pas longtemps avant que la première cascade arrive. Et Alice s'accrocha au bord de son tonneau tellement fort que ses jointures en devinrent blanches. Leur tonneau tomba en premier, basculant. Le nain passa un bras autour de sa taille et ils refirent surface ensemble, collés, quelques mètres plus loin. La blonde prit une grande inspiration et maudit à voix basse toutes les divinités qui lui passaient par la tête.

Leur voyage sur l'eau continua et les elfes arrivèrent. Ils donnèrent l'alerte et une grille se ferma au nez du dirigeant alors qu'ils arrivaient pour passer le pont. Le roi râla. Les elfes présents sur le pont dégainèrent leurs épées mais l'un d'eux fut transpercé par une flèche. Les orcs étaient de la partie. Bofur prévint ceux sous le pont qui ne pouvaient pas voir.

Une bataille s'engagea entre les oreilles pointues et les orcs. Bolg était présent. Thorin donna l'ordre de s'amasser sous le pont, mais ils étaient déjà tous serrés. Certains orcs cherchèrent à les atteindre. Il leur était difficile de se défendre car les elfes les avaient dépouillés de leurs armes. Dwalin assomma une des créatures avec son crâne, le hobbit en empala une autre avec Dard. Kíli profita de la cohue pour s'extraire de son tonneau et monter sur le pont. Le tatoué lui balança une épée qu'il avait arraché à un orc. L'archer nain se battit donc pour aller actionner le levier qui leur permettrait de s'évader. Les nains surveillaient ses arrières, surtout Fíli.

L'envoyée des Valar et l'héritier d'Erebor, les plus à l'abri, ne pouvaient que regarder leurs compagnons se battre.

"- Kíli !" hurla le blond et la jeune femme sut que son frère venait de se prendre la flèche empoisonnée.

Elle se mordit les joues et cligna plusieurs fois des yeux pour chasser les larmes qui menaçaient de couler.

"- Kíli..." souffla à son tour le chef.

Ils ne voyaient pas ce qu'il se passait et cela les rendait fous. Ils voyaient cependant très bien Tauriel et Legolas tuer en masse les orcs, donnant au jeune prince l'occasion d'ouvrir la grille. Alice ne comprit cela que quand elle finit une nouvelle fois sous l'eau, mais cette fois-ci, la surprise empêcha Thorin de la maintenir contre lui. Elle sentit un bras la tenir alors qu'elle était encore sous l'eau. Quand elle refit surface, elle tomba nez-à-nez avec Fíli. Ce dernier la fit monter dans son tonneau. Elle n'eut pas le temps de le remercier qu'une flèche siffla à son oreille. Les orcs les poursuivaient, eux-mêmes traqués par les elfes. Certains des nains avaient des armes qu'ils avaient volé à leurs ennemis et n'hésitaient pas à s'en servir. La demoiselle ne se rendait même pas compte de leur agilité tant elle était perdue par sa plongée sous-marine. Elle remarqua cependant l'aîné des princes lui baissant la tête pour donner un coup à un orc avec une arme que Nori venait de lui jeter. Bilbon faisait du rodéo avec un tonneau quelques mètres derrière, Sirius s'en sortait plutôt bien avec Ori. La blonde observa alors un manège plutôt... étonnant. Bombur s'était projeté sur la terre ferme et servait de canon humain. On aurait dit qu'il jouait aux quilles, jusqu'à ce qu'il se transforme en toupie. Alice perdit le fil de son parcours au moment où Legolas sauta sur la tête de Dori et de Dwalin. Une chance pour eux qu'il soit léger. Il traversa la rivière d'une rive à l'autre en jouant à la marelle avec les crânes des membres de la Compagnie. Le souverain lui sauva même la mise en lançant une épée dans l'orc qui menaçait de l'attaquer dans le dos. Ils avaient réussi à s'échapper du territoire des elfes mais la troupe de Bolg continuait de les suivre.

Ils les distancèrent bientôt et purent souffler un peu en se laissant porter par le courant.

"- Des rapides !? Des rapides !? Je n'ai pas signé pour ça, moi ! s'exclama aussitôt la femme du groupe.

- Je crois bien que si !" lui répondit Fíli, grand sourire aux lèvres.

On s'assura que tout le monde soit bien là cette fois. La descendante croisa le regard du cadet des Durin et ne put s'empêcher de s'inquiéter. Elle en oublia momentanément sa tunique presque transparente. Enfin, elle surprit deux ou trois regards de quelques-uns de ses compagnons qui eurent la décence de rougir.

"- Rien derrière nous ? s'enquit alors Thorin quand le courant ne fut plus suffisant pour les pousser et qu'ils durent ramer.

- Rien que je ne puisse voir ! lui répondit Balin. Bofur surgit alors de l'eau.

- Je pense qu'on a semé les orcs.

- Pas pour longtemps. Nous ne sommes plus dans le courant. leur apprit le chef.

- Bombur est à moitié noyé ! fit remarquer Dwalin.

- Tout le monde gagne la rive !" ordonna le roi.

Tous acquiescèrent et ils entendirent un plouf. Sirius venait de sauter à l'eau pour nager vers leur destination, estimant ce moyen plus rapide. Alice avisa sa tenue déjà ruinée et haussa les épaules avant de l'imiter. Elle n'était plus à ça près. Ils arrivèrent quelques minutes avant les nains et en profitèrent pour s'étendre à terre. Quand la blonde releva la tête, Kíli passait à côté d'elle en grimaçant et le tatoué poussait Ori vers la rive. Elle soupira en laissant retomber sa tête sur le sol. Un peu de repos ne serait pas de refus.

"- Debout ! les somma le dirigeant alors que le plus jeune héritier s'était effondré non loin d'eux.

- Kíli est blessé ! l'informa son autre neveu. Il lui faut un bandage.

- Les orcs nous talonnent. On se met en route ! réitéra son oncle, refusant de l'écouter.

- En route pour où ? demanda tristement le nain à la barbe blanche.

- Pour la Montagne, nous sommes tout près. lui répondit Bilbon, comme si c'était une évidence.

- Il y a un lac entre nous et cette Montagne. déclara Alice, fatiguée, relevant l'autre descendant.

- Et nous n'avons rien pour le traverser. ajouta Balin avec un regard de remerciement.

- Alors contournons-le ! proposa l'habitant de la Comté, refusant de s'avouer vaincu.

- Les orcs vont nous rattraper. C'est clair comme du cristal. énonça Dwalin. Et nous n'avons pas d'armes pour nous défendre.

- Bandez sa jambe, vite ! ordonna Thorin, réfléchissant à une solution. Je vous donne deux minutes."

La blonde tourna son regard, comptant ses compagnons. Ce fut quand ses yeux se dirigèrent vers Ori qu'elle le vit, l'homme du lac. Elle lui trouva un léger air de ressemblance avec Sirius. Elle s'en voulut d'avoir oublié pendant un instant ce qu'il se passait. Le scribe tourna lui aussi la tête. Une silhouette menaçante se tenait au-dessus de lui, le visant avec son arc. Dwalin s'interposa et la flèche fila se ficher dans son bâton. L'inconnu pivota, fit sauter le caillou des mains de Kíli alors qu'il allait le lui jeter, et encocha une nouvelle flèche.

"- Refaites ça et vous êtes morts. les avertit-il en promenant sa flèche sur eux.

- Excusez-moi, mais vous êtes de Lacville si je ne me trompe pas. l'interpella Balin, s'avançant vers lui. Le bateau que vous avez là, il ne serait pas à louer par hasard ?"

La question détendit l'archer. Il ne répondit pas et commença à charger les tonneaux dans son bateau.

"- Qu'est-ce qui vous fait croire que je vous aiderai ? demanda-t-il alors que la Compagnie le regardait faire.

- Ces bottes ne sont pas de première jeunesse et ce manteau non plus. observa le vieux nain. Vous avez sans doute des bouches affamées à nourrir ! Combien de loupiots ?

- Un garçon et deux filles. confirma simplement le batelier.

- Et votre femme, j'imagine que c'est une beauté ! enchaîna son interlocuteur.

- Oui, c'était une beauté.

- Je suis navré, je ne voulais pas...

- Oh, ça va, ça va. Assez de politesse ! s'agaça Dwalin, en arrière-plan.

- Qu'est-ce qui vous presse ?

- Ça vous regarde ? répliqua le nain au crâne rasé.

- J'aimerais savoir qui vous êtes et ce que vous faites sur ces terres ?

- Nous sommes de simples marchands. expliqua Balin alors que le batelier s'abaissait à son niveau. Nous venons des Montagnes Bleues et nous allons voir des parents dans les Monts de Fer.

- De simples marchands, dites-vous ? répéta l'homme, ne semblant pas en croire un seul mot.

- Il nous faut des vivres, des outils, des armes. intervint Thorin. Pouvez-vous nous aider ?

- Je sais d'où viennent ces tonneaux. précisa le nouvel arrivant en caressant le bois et la corde abîmés.

- Oui et alors ? insista le monarque.

- J'ignore quelles affaires vous faisiez avec les elfes, mais ça s'est mal fini. Personne n'entre dans Lacville sans l'accord du Maître. Toute sa fortune provient du commerce avec le Royaume des Forêts. Il vous mettra au fer plutôt que d'encourir la colère du roi Thranduil. les prévint-il en lançant une corde au nain à la barbe blanche.

- Offre lui plus. chuchota le Durin à son pauvre ami et conseiller qui réfléchit alors.

- Il doit y avoir un moyen d'entrer dans la ville sans être vu. le devança Alice, s'approchant du nouveau venu, essayant de faire fi de son vêtement toujours partiellement mouillé.

- Oui. sourit son interlocuteur, surpris que ce soit la seule femme du groupe qui marchande leur traversée. Mais pour ça, il vous faut un contrebandier.

- Pour lequel nous payerons le double." lui souffla-t-elle, arrivée à sa hauteur. Leurs regards se croisèrent et il hocha la tête.

Les nains se réjouirent alors. Ils embarquèrent sur le bateau de l'homme. Le négociateur de la troupe félicita la jeune femme pour son talent de persuasion. Elle balaya ses paroles d'un geste de main, gênée. Puis elle partit s'installer avec Bilbon et Sirius, après avoir remercié Fíli pour son sauvetage et glissé deux-trois mots au batelier.

La traversée commença dans le silence. L'air se rafraîchissait dangereusement et le pont du bateau s'était mis à geler. Par chance, les vêtements étaient enfin secs. Ça n'empêchait pas les trois amis de se serrer encore plus, claquant des dents. Il y avait des morceaux de glace dans l'eau et le brouillard empêchait de voir à dix mètres. Quand il se dissipa sur leur passage, révélant les ruines d'une ville, les nains paniquèrent.

"- Attention ! cria Bofur, mais le navigateur les évita de justesse.

- Que cherchez-vous à faire ? Nous noyer ? lui demanda alors Thorin.

- Je suis né et j'ai grandi sur ces eaux, maître nain. Si je voulais vous noyer, je ne le ferais pas ici. lui répondit-il simplement.

- Il m'énerve cet homme du lac, il est arrogant. On pourrait s'en débarrasser en le jetant par-dessus bord. marmonna alors Dwalin à voix basse, provoquant les soupirs des deux plus petits de la Compagnie.

- Bard, il s'appelle Bard ! leur apprit à tous le semi-homme.

- Bah, comment le savez-vous ? s'étonna le nain au chapeau.

- Euh... On lui a demandé ? s'exaspéra Alice, à la place du hobbit.

- Peu importe comment il s'appelle, je ne l'aime pas. s'entêta le baraqué.

- Nous ne sommes pas obligés de l'aimer, seulement de le payer. le rassura son frère, comptant l'argent devant lui. Allez les gars, retournez vos poches !"

La Terrienne fouilla ses poches et en sortit quelques pièces tout en observant Dwalin et leur chef qui conversaient. Balin déclara qu'il manquait dix pièces et Thorin ordonna à Glóin de vider ses poches. Ce dernier s'offusqua en disant qu'il était sur la paille à cause de la quête. Il arrêta vite son monologue en suivant le regard des autres qui s'étaient presque tous levés. La Montagne était en vue. C'était la première fois qu'ils la voyaient d'aussi près, ils touchaient à leur but. Le père de Gimli donna sa bourse entière.

"- L'argent, vite donnez-le moi ! les coupa Bard en s'approchant d'eux.

- Nous vous payerons quand nous aurons nos provisions, pas avant. refusa l'héritier d'Erebor.

- Si vous tenez à votre liberté, faites ce que je dis. Il y a des gardes." les informa-t-il en désignant Lacville qui se dessinait au loin, sinistre.

La Compagnie dut se glisser dans les tonneaux, un par un pour une question de discrétion. Sauf qu'il en manquait un, pour la blonde. Ils n'avaient plus le temps de réfléchir car ils abordaient déjà le premier poste de garde. Bard lui dit alors de se tenir sur le pont et d'avoir l'air le plus naturel possible. La jeune femme sourit, crispée.

"- Qu'est-ce qu'il fait ? s'enquit Dwalin, à l'étroit.

- Il parle à quelqu'un. les informa leur amie, entre ses dents.

- Il nous désigne du doigt ! s'alarma Bilbon. Ils se serrent la main !

- Qu'est-ce que tu dis ? siffla Thorin, oubliant le vouvoiement sous la colère.

- Le scélérat, il nous a vendus !

- Fermez les yeux et la bouche. leur souffla Alice, un vrai sourire aux lèvres en voyant un filet rempli se diriger vers eux.

- Quoi ?"

La tonne de poissons s'abattit sur eux.