Bard revint sur le bateau et ils se remirent en route, les nains se plaignant.

"- Silence ! dit-il en frappant du pied le premier tonneau à sa portée. Nous approchons de la douane."

La jeune femme paniqua un peu passer Alfrid allait être difficile. Il allait probablement lui poser des questions.

"- Halte, contrôle de marchandise ! intervint un homme que le navigateur semblait connaître. Documents, s'il vous plaît ! Ah, c'est toi Bard !

- Bonjour Percy ! le salua le batelier.

- Quelque chose à déclarer ?

- Rien ! Sinon que je suis gelé, fatigué et pressé de rentrer.

- Tout comme moi. répondit l'homme en s'en allant dans le poste, il ne semblait même pas avoir remarqué la passagère. Et voilà, tout est en ordre !

- Oh non. le coupa un autre homme en prenant le billet qu'il tendait à son ami. Voyons, voyons. Chargement de tonneaux vides venant du Royaume des Forêts. Seulement, ils ne sont pas vides. N'est-ce pas Bard ? Si je me souviens bien, tu es enregistré en tant que batelier, pas en tant que pêcheur."

Il se saisit d'un poisson, découvrant l'œil d'un nain.

"- Ce ne sont pas vos affaires. répliqua froidement son interlocuteur.

- Faux ! Ce sont les affaires du Maître, donc ce sont aussi mes affaires.

- Oh, voyons Alfrid, un peu de cœur ! Il faut que les gens mangent !

- Ces poissons sont illégaux ! déclara le susnommé. Videz les tonneaux par-dessus bord !"

Des hommes en armure exécutèrent ses ordres.

"- La population est aux abois, les temps sont durs. La nourriture est rare. essaya de plaider Bard.

- Ce n'est pas mon problème.

- Quand les gens sauront que votre Maître rejette des poissons dans le lac, quand les émeutes commenceront... Ce sera votre problème alors ? les interrompit Alice, s'étant rapprochée d'eux.

- Arrêtez ! ordonna Alfrid après avoir regardé tour à tour les deux personnes qui lui tenaient tête. Toujours à défendre le peuple, hein Bard ? À protéger les petites gens. Ils ne jurent que par toi, batelier, mais ça ne durera pas.

- Si tu le dis.

- Et qui est cette sublime créature avec toi ? demanda soudainement le fauteur de trouble, se passant la langue sur les lèvres dans un geste pervers.

- S'il continue de la regarder comme ça, je lui mets mon poing dans la figure. grogna Dwalin, approuvé à voix basse par les autres.

- Oh, je te présente Alice, ma... commença Bard sans réfléchir. Paniquant, il jeta un regard à la concernée qui lui vint en aide.

- Fiancée ! Sa fiancée. s'exclama soudainement cette dernière en lui prenant le bras. N'est-ce pas ?

- Maligne, la gamine ! ricana Glóin, se délectant de la tête des hommes du lac.

- Oh oui ! Ma fiancée. confirma le navigateur après un moment de stupéfaction.

- Vous pourriez être sa fille. commenta Alfrid avec une moue dédaigneuse.

- Comme je pourrais être la vôtre. riposta la blonde en le fixant. Mais que voulez-vous, j'aime les hommes mûrs !"

Certains pensèrent fortement à Thorin, à la suite de cette phrase. Leur rapprochement n'était pas passé inaperçu et seul un idiot estimerait que ces mots avaient été prononcés innocemment.

Finalement, Alfrid laissa passer le bateau, non sans reluquer la demoiselle au passage.

"- Ça a été vite en besogne entre nous dites-donc ! blagua leur passeur, revenu à proximité des tonneaux où se trouvaient toujours les nains, Sirius et Bilbon.

- Ne m'en parlez pas. À ce qu'il parait, j'attends déjà notre enfant ! répondit la jeune femme en riant.

- On ne vous dérange pas, par hasard ? grommela Fíli.

- Si, laisse moi parler à mon futur mari tranquille. asséna son amie, donnant un coup au tonneau dans lequel il se trouvait. Et le poisson mort, c'est censé être silencieux."

L'ordre fut donné de lever la herse, Alfrid lançant quelques menaces à Bard quand ils passèrent à côté de lui.

"- Nous savons où tu habites !

- C'est une petite ville, Alfrid ! Tout le monde sait où tout le monde habite."

Ils naviguèrent quelques minutes de plus dans les rues étroites de la ville flottante. L'archer du lac finit par s'arrêter dans une ruelle et en profita pour vider les tonneaux de leur contenant, les renversant. Les nains se relevèrent prestement, certains surgissant de leur cachette avant que leur nouvel ami n'ait eu le temps de les allonger.

"- Ne me touchez pas. grogna d'ailleurs Dwalin à son encontre.

- Tu n'as rien vu, ils n'ont jamais été là. souffla l'ex-magicienne à un homme qui les observait, lui glissant une pièce dans les mains.

- Je te fais cadeau du poisson." ajouta Bard en les dépassant.

La Compagnie attendit le batelier sur un chemin en bois. Ce dernier les devança et partit à grandes enjambées.

"- Restez groupés. leur ordonna-t-il. Suivez-moi.

- Quel est cet endroit ? interrogea Bilbon alors qu'ils arrivaient dans un marché.

- Ça, Monsieur Sacquet, c'est le monde des Hommes. cracha Thorin.

- Gardez la tête baissée et avancez.

- Dépêchons !" les pressa un nain, derrière Sirius et Alice.

Les habitants de Lacville leur jetaient des regards étonnés et bientôt ils furent repérés par la garde.

"- Halte ! Eh ! leur cria un soldat.

- Sauvons-nous ! leur glissa alors le roi tandis que les autres s'agitaient.

- Au nom du Maître de Lacville, j'ai dit halte !"

Mais rien à faire, les nains et le cambrioleur se faufilaient déjà dans les allées, entre les étalages des marchands. Les Terriens avaient eu la bonne idée de reculer contre un mur. Le jeune homme qui avait sa taille normale, soit un bon mètre soixante-dix, passait inaperçu et la blonde ne ressemblait en aucun point à une naine ou à une hobbit hormis la taille. Elle pouvait facilement être prise pour une femme de petite taille ou, au mieux, à une enfant. Les gardes leur passèrent donc devant sans les voir. Ils assistèrent au manège de leurs camarades sans y prendre part, un fin sourire aux lèvres. Ils virent ainsi arriver le chef de la garde et son second, les habitants faisant comme si de rien n'était pour dissimuler la Compagnie.

"- Que se passe-t-il ici ? demanda le haut-gradé en s'avançant. Restez où vous êtes, personne ne bouge.

- Braga, Satni. les salua alors Bard, s'avançant à leur rencontre.

- Vous ? Qu'est-ce que vous manigancez ? le suspecta le soldat.

- Moi ? Rien. Je ne manigance rien. se justifia le batelier alors qu'une femme faisait tomber son pot de fleur sur la tête d'un garde qui se réveillait déjà.

- Ouais..."

L'homme le dépassa en lui donnant un coup d'épaule. Il s'engagea dans une autre allée où les habitants firent de nouveau de leur mieux pour cacher les soldats assommés.

"- Eh Braga. l'interpella le navigateur, tenant une robe dans ses mains. Votre femme serait jolie là-dedans.

- Vous connaissez ma femme ? s'étonna le garde.

- Aussi bien que tous les hommes de cette ville." répondit simplement Bard avec un air innocent.

L'homme lui arracha le tissu avant de le jeter. Il s'en alla et l'archer relâcha sa respiration qu'il ne se souvenait même pas avoir retenue. Cependant, il la sentit se couper de nouveau bien vite quand Braga s'adressa à quelqu'un derrière lui.

"- Et vous, la petite demoiselle, je ne me souviens pas vous avoir déjà vue ici... dit-il à l'intention d'Alice. Cette dernière, loin de paniquer, prit un air étonné avant de sourire en coin.

- Peut-être est-ce parce que vous n'avez jamais assez baissé la tête, monsieur."

Les soldats de la garde eurent un pouffement de rire et leur chef les réprimanda du regard. Ils finirent par s'en aller pour de bon. Bard attendit avant de faire sortir les nains du marché pour les amener chez lui. En les rejoignant, Fíli et Kíli tapèrent dans la main de la blonde, apparemment ils avaient retenu sa leçon sur comment faire un check.

La Compagnie avançait en file indienne dans les rues étroites et sinueuses de Lacville, un silence presque religieux les entourant. Soudain, un garçon surgit devant eux, interpellant leur guide.

"- Papa ! Notre maison, des gens la surveillent."

Le passeur se mit à réfléchir en avisant ses accompagnants. Un plan fut mis en place. Les nains passeraient par les latrines, de même pour Bilbon. Sirius et Alice, ayant tous deux étaient déjà vus sur le marché, suivraient le batelier et son fils et passeraient par la porte. Il y eut quelques protestations mais un regard réprobateur de la femme du groupe mit fin aux rebellions.

Les deux Terriens prirent une caisse pour imiter leurs hôtes. Ils entrèrent à la suite du plus jeune et descendante retint un rire quand Bard siffla les hommes dans la barque en bas de chez lui, leur lançant une pomme.

"- Dis au Maître que j'ai fini ma journée."

Une fillette appela son père quand il entra à leur suite.

"- Où étais-tu ? lui demanda-t-elle en le prenant dans ses bras.

- Père ! s'exclama une deuxième, plus vieille. Te voilà, j'étais inquiète.

- Tiens, Sigrid. sollicita l'interpellé après l'avoir serré dans ses bras, lui tendant son sac. Bain, fais les entrer."

Aussitôt dit, aussitôt fait, le garçon s'en alla par les escaliers tandis que les deux filles considéraient les étrangers avec étonnement et curiosité.

"- Les filles, je vous présente Alice et Sirius. Alice et Sirius, je vous présente mes deux filles : Tilda et Sigrid.

- Qui est-ce ? questionna Tilda alors que les deux Terriens les saluaient d'un signe de tête poli. Personne n'eut le temps de répondre puisque Dwalin fit son entrée, vite suivi du reste de la Compagnie.

- Papa, pourquoi y a-t-il tous ces nains qui sortent de nos toilettes ? s'étonna l'aînée.

- Ils vont nous porter chance ?" ajouta la benjamine.

L'envoyée divine lui jeta un regard amusé et détourna les yeux pour observer ses compagnons. Thorin lui renvoya un regard noir alors qu'elle se retenait de rire de sa mine de chien mouillé. Bard les informa alors qu'il allait leur prêter des vêtements tandis que Bain et Sigrid distribuaient des couvertures.

"- Ils ne sont peut-être pas à votre taille mais ils vous tiendront chaud. les prévint le batelier alors que Tilda ramenait lesdits habits.

- C'est gentil, je vous remercie." lui souffla le hobbit en claquant des dents.

Alice regarda ses comparses se changer et surprit le regard intéressé que la plus vieille des filles lança à un Fíli torse nu. Sigrid croisa son regard et rougit aussitôt. La blonde nota ça dans un coin de sa mémoire et continua son petit tour d'horizon. Kíli avait l'air de souffrir mais supportait tant bien que mal la douleur. Dwalin aidait Ori à se défaire de son haut qui lui collait à la peau, Bofur et Nori se chamaillaient. Óin, Bifur et Bombur discutaient dans un coin. Ils prenaient tous un peu de repos dans cette course effrénée contre la montre. Le chef venait d'enfiler un gilet rouge, trop grand pour lui, quand leurs regards se croisèrent. L'ancienne élève de Gandalf sentit son cœur louper un battement lorsque le roi nain se contenta de détourner le regard vers la fenêtre sans prendre la peine de répondre à son sourire. Sirius, qui avait suivi l'échange, fronça les sourcils.

"- Une arc-lance de nains... souffla le Durin avec admiration tandis qu'il regardait toujours par la fenêtre. Bilbon et son amie se glissèrent à côté de lui pour voir ce dont il parlait.

- On croirait que vous avez vu un fantôme. commenta le semi-homme en soufflant sur sa tasse de thé fraîchement préparée.

- C'est le cas. s'immisça Balin. La dernière fois que nous avons vu une arme comme celle-ci, une ville était en flammes. C'était le jour où le dragon est venu. Le jour où Smaug a détruit Dale. Girion, le Seigneur de la ville, rassembla ses archers pour tirer sur la bête. La peau d'un dragon est résistante, plus résistante que n'importe quelle armure. Seule une flèche noire, tirée par une arc-lance, pouvait transpercer ses écailles. Mais très peu de ces flèches furent fabriquées. La réserve s'épuisait, alors Girion fit une dernière tentative.

- Si les hommes ce jour-là avaient atteint leur cible... Ça aurait changé bien des choses. déclara sombrement Thorin. Alice retint ses critiques et se mordit la langue.

- Vous parlez comme si vous y étiez. intervint Bard.

- Tous les nains connaissent cette histoire. se contenta de répondre le monarque.

- Vous savez donc que Girion a touché le dragon et délogé une écaille sous son aile gauche. Un dernier tir et il aurait tué la bête. s'emporta Bain avant de se faire surprendre par le rire de Dwalin.

- Ça, c'est un conte pour enfants, rien de plus. commenta le nain au crâne rasé.

- T'inquiète pas petit, les nains ont du mal à accorder du crédit àd'autres peuples que le leur. le consola la Terrienne, s'attirant des regards inquisiteurs dont elle ne se soucia pas plus.

- Vous avez pris l'argent. Où sont les armes ? l'ignora royalement le chef.

- Attendez." déclara simplement le batelier avant de s'éloigner.

Alice soupira et chercha des yeux son blond préféré. Elle le trouva sans surprise aux côtés de Kíli, mais il semblait concentré sur autre chose que son frère. Elle sourit et s'approcha silencieusement de lui.

"- Elle est jolie, n'est-ce pas ?" lui souffla-t-elle, le faisant sursauter.

Le nain la regarda comme si un troisième œil venait de lui pousser en plein milieu du front et reporta son attention sur Sigrid.

"- Je dois l'admettre. consentit-il après hésitation. Mais elle doit être vraiment très jeune. Trop pour moi, sans aucun doute.

- Oh, je t'en prie Fíli. le rabroua la demoiselle en levant les yeux au ciel. L'âge, ça ne veut rien dire. Et puis, elle n'a pas l'air d'avoir moins de 18 ans, soit l'âge de la majorité chez les Hommes. Enfin, du moins sur Terre...

- Quand tu parles d'âge, tu ne parles que pour mon frère ou tu fais aussi référence à notre oncle ?" intervint le plus jeune des Durin avec un sourire en coin.

Il s'attendait à une réaction plutôt virulente mais, à la place, son amie se contenta de baisser la tête.

"- Kíli ne voulait pas te blesser, Ali. l'excusa son aîné en échangeant un regard confus avec le concerné.

- Ce n'est pas lui. soupira la blonde. C'est votre idiot d'oncle. Je ne sais pas ce qu'il se passe. Ça allait très bien, même plus que très bien, entre nous jusqu'à ce qu'on rencontre Bard.

- Qu'est-ce qu'il a fait ? s'enquit Sirius qui s'était rapproché après avoir remarqué la mine triste de son acolyte.

- Rien. C'est ça le pire. murmura Alice en se passant une main sur le visage. Il se contente de me jeter des regards noirs sans me décrocher un seul mot, même quand je lui lance ouvertement des piques pour le faire réagir. Quand je lui souris, il s'empresse de détourner la tête..."

Kíli passa un bras autour des épaules de la jeune femme pour la ramener contre lui, discutant silencieusement avec son frère et le disciple des elfes. Ils ne comprenaient pas le comportement de Thorin. Ça se voyait comme le nez au milieu de la figure que la Terrienne lui plaisait, c'était bien pour ça qu'ils avaient décidé tous les trois de tout faire pour les rapprocher. Les trois complices se tournèrent d'un même ensemble vers le chef de la Compagnie. Ce dernier ne daignait même pas s'inquiéter de l'état de la demoiselle tandis que Dwalin, à côté de lui, leur demanda d'un mouvement de tête si elle allait bien. Le monarque lui murmura quelque chose avant de se diriger tranquillement vers l'arrière de la maison.

Le tatoué leur fit alors signe de venir. Les princes s'excusèrent auprès des Terriens avant de rejoindre leur oncle, accompagnés de Balin pendant que le frère de ce dernier surveillait les alentours.

"- Demain commence les derniers jours de l'automne. commença le roi, les bras croisés sur sa poitrine.

- Le jour de Durin tombe après-demain. ajouta le nain à la barbe blanche. Nous devons atteindre la Montagne avant.

- Et si on n'y arrive pas ? s'inquiéta Kíli. Si on ne réussit pas à trouver la porte secrète à temps ?

- Alors cette quête aura été inutile." conclut son aîné.

Ils n'eurent pas le loisir de pousser leur discussion car Bard revint en posant un lourd paquet sur la table. Il l'ouvrit pour dévoiler les armes qu'il avait ramené. Les nains furent déçus et ne tardèrent pas à le faire savoir. Se saisissant d'un harpon, Thorin sentit la colère monter en lui.

"- Qu'est-ce que c'est que ça ? interrogea-t-il le batelier.

- Une fourche-croche, faite avec un vieux harpon.

- Et ça ? s'enquit le plus jeune héritier, ayant en main un gros marteau.

- Un brisoir, c'était une tête de marteau de forgeron."

Dwalin et l'héritier d'Erebor échangèrent un regard mauvais.

"- C'est un peu lourd, c'est sûr. Mais si vous devez vous défendre, ce sera toujours mieux que rien.

- Nous avons payé pour des armes. vociféra Glóin à son encontre. Des armes forgées, des épées, des haches !

- C'est une blague ! s'exaspéra Bofur en relançant ce qu'il tenait sur la pile d'outils, vite imité par les autres.

- Vous ne trouverez pas mieux, si ce n'est dans l'armurerie de la ville. leur apprit l'homme. Toutes les armes forgées y sont gardées sous clef."

Alice et Sirius ne manquèrent pas le regard intéressé que partagèrent une nouvelle fois le chef et son second.

"- Thorin. l'appela Balin. Prenons ce qu'on nous propose et partons. Je me suis débrouillé avec moins que ça, tout comme toi. Allons-nous en !

- Vous n'allez nulle part. les coupa leur hôte, d'un ton sans appel.

- Qu'avez-vous dit ? le menaça Dwalin.

- Des espions surveillent la maison et probablement tous les quais et les docks de la ville. Vous devez attendre la nuit."

Les nains poussèrent des soupirs à fendre l'âme. Thorin et le tatoué continuaient de s'échanger des regards. Kíli s'assit prudemment sur le rebord d'une fenêtre en s'appuyant sur un bâton. Alice savait que Balin avait fait une énorme erreur en prononçant le nom de leur chef, ainsi elle ne s'étonna pas quand elle vit Bard tourner son regard vers la Montagne Solitaire, un éclair de compréhension dans les yeux. Elle ne se formalisa pas non plus quand il ordonna à son fils de les empêcher de partir avant de filer en ville.

Ce que Bain ne réussit pas car, en dépit d'avoir attendu la nuit, le leader décréta qu'ils s'en allaient pour l'armurerie de la ville.

"- Bard a dit... commença Sirius, les regardant bêtement prendre leurs affaires.

- Je me fiche bien de ce que cet homme du lac a dit, mais restez ici si sa parole vous est plus précieuse que la mienne. lui grogna le souverain.

- Ce n'est pas ce qu'il a dit. Descendez de vos grands chevaux, je vous interdis de lui parler comme ça. s'interposa la recrue féminine alors que tous s'arrêtaient pour les observer.

- Je ne crois pas vous avoir sonnée, non plus. persifla le nain, des flammes dansant dans ses yeux.

- Et je ne crois pas vous avoir autorisé à me parler sur ce ton, pour commencer."

Les deux fortes têtes se faisaient maintenant face, se rapprochant dangereusement. Heureusement pour eux, Bain intervint en les voyant sur le départ.

"- Vous ne pouvez pas partir ! s'exclama-t-il en se positionnant devant la porte.

- Allez, pousse toi mon garçon." lui dit Dwalin d'un ton bourru en l'écartant du passage.

Thorin se détourna de la jeune femme, non sans lui avoir lancé un dernier regard assassin, et suivit le tatoué. La Compagnie complète lui emboîta le pas. Ils se firent les plus discrets possible et atteignirent leur destination sans encombres. Alice et Sirius suivaient loin derrière.

"- Dès que nous avons les armes, nous filons vers la Montagne." exposa le chef à voix basse avant d'envoyer Nori sur l'échelle humaine que constituaient les autres.

Bilbon fut le suivant. La blonde refusa de s'avancer et son meilleur ami fit de même. Le roi ne les attendait même pas, de toutes façons. Ils restèrent à faire le guet au coin de la rue. Ils entendirent très clairement Kíli tomber dans les escaliers et ne purent retenir ni l'un, ni l'autre une grimace de douleur. L'alarme fut donnée par les hommes du lac et Dori hurla de fuir, mais trop tard. Derrière les deux Terriens, arrivaient déjà des gardes qui les menacèrent de leurs lances. Les descendants soupirèrent simultanément, n'essayant même pas de se défendre. Les gardes se saisirent d'eux et les menèrent sur la grande place de la ville, devant les appartements du Maître. La foule se rassemblait sur leur passage tandis que les nains grognaient des insultes à leurs geôliers, enfin surtout Dwalin. Le Maître surgit alors des grandes portes de sa demeure.