Thorin s'éveilla en grognant. Le lit était froid. Trop froid. Il tendit le bras à la recherche de celle qui avait partagé sa nuit la veille et ne rencontra que les draps. Il ferma fort les yeux et soupira en les ouvrants. Alice avait filé. Il se releva et chercha un quelconque mot lui expliquant la situation, mais rien. Il remarqua alors que la porte était toujours fermée de l'intérieur. Fronçant les sourcils, il fit le tour des fenêtres et en découvrit une ouverte. Il sourit malgré lui.

Il se laissa aller contre le mur, rejetant la tête en arrière et contemplant le plafond. Cette nuit avait été tout simplement la meilleure de son existence. Mais il n'avait pas le temps de s'attarder dessus car c'était le jour-j et l'heure du départ approchait à grands pas. Un bruit de course effrénée dans le couloir le fit se relever prestement et il ouvrit la porte.

Les deux Terriens se précipitaient dans leurs chambres pour récupérer les affaires qu'on leur avait prêté. Depuis la veille, ils portaient tous les vêtements de l'armée de Lacville. Les nains étaient sur le départ. Aucun d'eux n'avait prêté attention aux deux Terriens qui avaient déboulé d'ils ne savaient où.

Le monarque sortit de sa chambre alors que la porte de celle d'Alice se refermait violemment. Il leva un sourcil suspicieux et se décida à descendre rejoindre le reste de la Compagnie pour donner le départ.

Quand il entra dans la salle, il ne manqua pas les regards de Balin et de Dwalin, ainsi que ceux que ses neveux promenèrent sur lui avec malice.

"- Alors Thorin, bien dormi ? demanda innocemment Fíli, regardant ses ongles.

- Je suppose que oui. grogna-t-il en réponse sans même lui accorder un regard, les autres riant sous cape. On y va."

Et le roi nain sortit de l'auberge, les joues légèrement rouges, suivi de ses soldats. Il y avait déjà une foule amassée près du quai et se frayer un chemin était difficile pour des personnes de leur gabarit.

"- Vous savez qu'il nous en manque un ? lui demanda alors Bilbon, inquiet. Où est Bofur ?

- S'il n'arrive pas, nous partons sans lui. décrétra le chef.

- Il le faut si nous voulons trouver la porte avant la nuit. l'appuya Balin, avec un air sérieux. Nous avons déjà pris assez de retard."

Alice et Sirius sortirent à ce moment-là de l'auberge. Il fallait qu'ils se dépêchent s'ils voulaient prendre le bateau. Cependant, le jeune homme s'arrêta net. Il devait rester ici. Il fit alors un sourire contrit à sa meilleure amie qui lui indiqua rapidement où trouver Bofur et s'en alla après une dernière accolade. Elle devait rattraper les nains si elle ne voulait pas qu'ils partent sans elle, ce que Thorin était très fortement capable de décider. Elle arriva au moment où le nain refoulait Kíli.

"- Pas toi. Nous devons y être au plus vite et tu nous ralentirais.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Je viens avec vous. lui répondit son neveu plus que pâle et incrédule.

- Non." lui ordonna son oncle, fermement.

Il y eut un moment de flottement où les deux s'observèrent sous l'œil inquiet de Fíli.

"- Je veux être là quand la porte s'ouvrira, quand nous découvrirons les salles de nos pères, Thorin. s'emporta le jeune nain.

- Kíli. Reste ici, repose toi. lui conseilla son oncle, lui caressant les cheveux d'un geste affectif. Tu nous rejoindras quand tu seras guéri."

Puis le chef se retourna vers la Compagnie, déjà embarquée sur les canaux. De nouveau, les uns et les autres se jetèrent des coups d'œil et Óin sortit du navire.

"- Je reste avec lui. décréta-t-il, d'un ton sans appel. Mon devoir est d'être auprès du blessé.

- Mon oncle. interpella alors Fíli. Les récits de la Montagne ont bercé notre enfance. Des récits que tu nous as faits ! Tu ne peux pas le priver de ça.

- Fíli...

- S'il le faut, je le porterai ! s'entêta le nain.

- Un jour, tu seras roi, alors tu comprendras. Nous ne pouvons compromettre cette quête par égard pour un nain, même si c'est mon parent."

Alice, toujours derrière lui, grinça des dents. Elle avait déjà envie de lui exploser la tête contre le sol. Le blond remonta alors sur le quai mais Thorin lui saisit le bras.

"- Fíli, ne fais pas l'idiot. Ta place est dans la Compagnie.

- Ma place est auprès de mon frère."

Son oncle le lâcha. La jeune femme en profita pour glisser deux trois mots au blond sur le fait que Sirius et Bofur allaient rester avec eux et qu'il fallait qu'il garde un œil sur Kíli. Fíli ne chercha pas à comprendre et hocha la tête. Il avait depuis longtemps compris que la blonde leur cachait des choses. Il se fiait à ce qu'elle disait, peut-être même plus qu'à ce que disait son roi, son propre oncle.

Alice embarqua rapidement tandis que le son des trompettes résonnait dans la ville. Elle priait maintenant pour qu'ils s'en sortent tous.

Simultanément, Sirius attendait le réveil du nain au chapeau, dans la salle de banquet de l'auberge. En entendant les instruments qui annonçaient le départ de la Compagnie, le nain sursauta, se cognant contre la table sous laquelle il dormait.

"- Aie ! Par ma barbe, c'est déjà l'heure..."

Sans même remarquer le Terrien, le nain aux nattes attrapa un verre d'alcool qui traînait là et le but cul-sec avant de se précipiter dehors. Le bouclé leva les yeux au ciel en souriant puis lui emboîta le pas, le suivant dans sa course effrénée à travers la ville.

Ils arrivèrent juste à temps pour voir le bateau s'en aller au loin. Bofur soupira et en se tournant il tomba sur Fíli, Kíli et Óin ainsi que le descendant derrière lui.

"- Ah ! Vous aussi vous avez loupé le bateau ? demanda-t-il en souriant.

- Kíli !" s'exclama soudainement le blond en retenant son frère qui tanguait dangereusement.

Les gardes se mirent à chasser les villageois tandis que le Maître de la ville rentrait chez lui. Fíli se décida à traîner son frère pour demander de l'aide, mais tout ce qu'il obtint fut d'être chassé avec les autres. Ils errèrent un peu dans les rues avant que Sirius ne les convainquit d'aller voir Bard.

Ils allèrent donc chez lui et Bofur tapa à la porte.

"- Non. J'en ai fini avec vous, allez vous en ! lui cria alors le batelier.

- Non, non, non ! refusa le nain à la chapka en retenant la porte que l'homme allait leur claquer au nez. S'il vous plaît, personne ne nous aidera. C'est Kíli, il est malade. Très malade."

Le navigateur remarqua alors le teint blafard du susnommé et consentit à les faire entrer.

La Compagnie naviguait depuis maintenant une bonne heure et les rives de leur destination se dessinaient au loin. Alice n'avait adressé la parole à personne, se contentant d'ignorer les regards goguenards de ses compagnons. Elle ne savait pas quoi penser du comportement de Thorin qui ne lui avait même pas accordé un regard. Peut-être était-il vexé de s'être retrouvé seul au petit matin ? Ou peut-être que cela n'avait eu aucune signification, aucune importance pour lui... ?

Ils mirent pied à terre trop rapidement au goût de la blonde qui angoissait de plus en plus. La délégation gravit tranquillement le flan de la Montagne, en silence. Ils se laissaient tous guider par leur chef, Balin et Dwalin qui étaient les seuls à avoir connu Erebor au temps de sa grande époque. L'ex-magicienne faisait route aux côtés de Nori qui semblait inquiet pour Bofur. Elle lui posa une main réconfortante sur l'épaule et le nain la remercia d'un sourire.

"- Quel silence... souffla Bilbon.

- Ça n'a pas toujours été ainsi. lui expliqua le nain à la barbe blanche. Jadis, ces pentes étaient couvertes de forêt, les arbres étaient pleins de chants d'oiseaux.

- Détendez-vous, Maître Sacquet. intervint alors Thorin. Nous avons des vivres, des outils et nous avançons vite."

Il sembla apercevoir quelque chose au-delà de la roche qui leur faisait face et se précipita sur un promontoire, vite imité des siens. En effet, devant eux se trouvaient les vestiges d'une ville.

"- Quel est cet endroit ? s'enquit Ori, impressionné.

- Autrefois, c'était la ville de Dale. l'éclaira Balin, la voix grave. Aujourd'hui, c'est un champ de ruines.

- La désolation de Smaug. annonça Alice, d'un ton imperturbable, sans quitter du regard la cité détruite.

- Le soleil sera bientôt au zénith. enchaîna le seul héritier de Durin présent. Nous devons trouver la porte secrète avant la nuit, en route !

- Un instant ! le héla Bilbon. Nous sommes bien au promontoire ? Gandalf voulait qu'on le retrouve ici, en aucun cas nous ne devons...

- Vous le voyez ? le coupa le roi. Nous n'avons pas le temps d'attendre le magicien. Nous ferons sans lui. Venez !"

Le semi-homme sembla peser le pour et le contre, tout en admirant la vue. Son amie le poussa alors légèrement devant elle, lui souriant doucement. Le hobbit avança alors, rapidement, pour rattraper la Compagnie.

Les enfants de Bard n'étaient pas là et encore heureux, sinon ils auraient pu être traumatisés. Óin avait découvert la blessure de Kíli et une odeur nauséabonde avait envahie la maison, manquant de faire vomir Sirius. Ce dernier, contrit, se retrouvait obligé de rester à la fenêtre pour ne pas rendre son petit-déjeuner. Le guérisseur décida d'essayer chacun des remèdes qu'il lui restait en priant qu'un d'eux fonctionne.

Le Terrien se flagellait mentalement. Comment Alice voulait-elle qu'il tienne un rôle dans cette bataille s'il n'arrivait même pas à supporter la vue d'un malade ?

Une nouvelle heure venait de s'écouler quand Thorin rappela Dwalin et Glóin, partis en éclaireurs trouver l'escalier qui les mènerait à la porte cachée.

"- Rien ! s'exclama le tatoué.

- Si cette carte dit vrai, la porte se trouve juste au-dessus de nous. déclara le monarque.

- Là-haut !" s'écria Bilbon, désignant un point dans la Montagne.

Tous le rejoignirent en vitesse pour contempler de quoi il s'agissait.

"- Vous avez une bonne vue, Maître Sacquet." le félicita le chef en souriant largement.

Alice marmonna dans sa barbe inexistante que c' était très visible comme accès, ils étaient juste aveugles. Mais elle ne s'attarda pas non plus et suivit le hobbit pour commencer l'ascension de la Montagne. Ce qui fut une entreprise épuisante. À sa grande surprise, Thorin lui succédait dans la file. La jeune femme ne pouvait s'empêcher de froncer les sourcils et de se concentrer pour ne pas se retourner afin de l'insulter de tous les noms d'oiseaux imaginables. Chaque respiration basse et profonde du nain lui ramenait des souvenirs de la nuit précédente. Elle secoua la tête. Ils étaient arrivés à destination et le roi rayonnait dans la lumière déclinante du jour de Durin.

"- Ça doit être ça. dit-il en observant la roche devant lui. La porte secrète. Que tous ceux qui ont douté de nous se repentent !"

Il sortit la fameuse clef de sa poche et la brandit aux yeux de la Compagnie. Tous l'acclamèrent hormis le hobbit et la Terrienne qui se contentaient d'observer. Ce n'était pas leur moment.

"- Bien. Nous avons une clef donc, il y a une serrure quelque part. claironna Dwalin en tâtant la pierre.

- Wow. Je ne m'en serais jamais doutée ! le taquina la blonde en le regardant faire.

- La médaille de l'intelligence ?" lui souffla Bilbon, faisant référence à ce qu'elle avait dit à Cul-de-Sac des mois auparavant.

Cette simple phrase suffit à la rendre nostalgique et elle prit rapidement le cambrioleur dans ses bras. La quête touchait à sa fin et avec elle, sa mission.

"- La dernière lumière du jour de Durin brillera sur la serrure." souffla Thorin en contemplant le soleil couchant.

Mais le jour déclinait rapidement et avec lui, montait l'angoisse des nains. Alice suggéra à Nori d'aller aider Dwalin dans ses recherches, ce que le chef sembla accepter. Le roux tapotait la pierre avec une cuillère -la blonde haussa un sourcil en voyant l'outil- tandis que le grand guerrier poussait de toutes ses forces. Le souverain les pria de se presser. Les nains s'énervaient entre eux et sur la roche. Tout le monde s'inquiétait. L'Écu-de-Chêne ordonna finalement de défoncer la porte.

"- Ça ne sert à rien ! s'exclama la blonde, ne supportant plus le bruit des haches contre la pierre.

- Elle a raison. soupira Balin, dépité. La porte est scellée, on ne peut pas la forcer. Une puissante magie la protège."

Le soleil disparut au loin, derrière des monts, emportant avec lui l'espoir des nains et surtout celui de Thorin. Le nain semblait déboussolé, regardant la carte fixement, répétant les runes traduites par Elrond. Le Sacquet semblait au bord des larmes.

"- Qu'est-ce qui nous a échappé, Balin ? demanda le monarque.

- Nous avons perdu la lumière. Il n'y a plus rien à faire. Nous avions une seule chance. Allons nous en les gars, c'est fini...

- Un instant, où allez-vous ? les interrogea Bilbon alors que les nains faisaient tristement demi-tour. Où vont-ils ? Vous ne pouvez pas renoncer ! Pas maintenant ! Thorin ? Vous ne pouvez pas..."

Le nain laissa lentement glisser la clef au le sol. Il plaqua la carte contre le semi-homme, le dépassant ainsi que la Terrienne. La jeune femme s'avança pour ramasser la clef, la donnant à son ami et se mit en haut du chemin.

"- Vous n'êtes qu'une belle bande de nains un brin idiots et un peu défaitistes sur les bords, je dois l'avouer. glissa-t-elle avec un fin sourire, les stoppant tous. Ce n'est pourtant pas si difficile à comprendre ! Mais vous abandonnez sans chercher. La dernière lumière du jour de Durin, ce n'est pas celle du soleil... mais celle de la lune."

Au même moment, le faisceau lumineux de l'astre transperça les nuages et vint éclairer la pierre. Une grive se mit à tapoter la roche et Alice vint observer la serrure.

"- Revenez ! La serrure !" s'écria Bilbon avant que la clef ne lui échappe des mains.

Elle aurait fini en bas de la Montagne si une botte ne s'était pas posée dessus, la retenant. Thorin s'abaissa pour la ramasser avec précaution. Ils étaient tous revenus en un temps record. Le roi glissa la clef dans la serrure et la déverrouilla. Puis poussant sur la roche, une porte s'ouvrit.

"- Erebor... souffla-t-il.

- Thorin." sanglota le nain à la barbe blanche derrière lui, ému.

Les deux vieux amis entrèrent tous les deux dans le couloir.

"- Je reconnais ces murs, ces couloirs, cette roche. dit doucement l'héritier en caressant la pierre. Tu te souviens, Balin ? De grandes salles où l'or étincelait...

- Je me souviens."

Sa voix cassée par l'émotion fit frissonner la blonde. Elle laissa les nains suivre leur chef à l'intérieur avant d'entrer avec Bilbon.

"- Ici se tient le Septième Royaume du peuple de Durin. lut Glóin, les écritures gravées dans la roche, au-dessus de la porte. Puisse le cœur de la Montagne unir tous les nains dans la défense de ces lieux.

- Le trône du roi. décrit Balin à l'intention du Sacquet qui regardait la gravure.

- Et c'est quoi ça ? Au-dessus ? lui demanda le hobbit en retour.

- L'Arkenstone. déclara solennellement le vieux nain.

- L'Arkenstone. répéta Bilbon. Qu'est-ce que c'est ?

- Ça, Maître Cambrioleur, c'est ce pour quoi vous êtes là." élucida Thorin.

Alice se fit minuscule, se désolidarisant de son ami au vu de l'attention que tous lui portaient à présent.

À quelques dizaines de kilomètres de là, Sirius paniquait. Óin avait essayé tout ce qu'il avait pu pour soulager Kíli, mais le prince continuait de se tordre de douleur.

"- Tu ne peux vraiment rien faire ? lui demanda désespérément Fíli alors que Bofur amenait un nouveau bol de remède.

- Il me faut des herbes, quelque chose pour faire tomber la fièvre ! lui répondit le soignant.

- J'ai de la morelle, de la camomille... énonça Bard qui fouillait ses tiroirs.

- Ça ne me sert à rien ! Vous auriez de la fleur des rois ?

- Non, c'est de la mauvaise herbe. On la donne aux porcs. expliqua le batelier.

- Mauvaise herbe ? Aux porcs ? répéta Bofur. Très bien ! Tu ne bouges pas !"

Le nain au chapeau fila par la porte alors que Fíli et Óin se jetaient des regards désabusés. Le jeune nain se débattait et ils avaient beaucoup de mal à le tenir sur la table. Le blond fut très surpris en voyant deux mains maintenir le bras gauche de Kíli en place. En relevant les yeux, il croisa le regard déterminé de Sirius. Le nain le remercia silencieusement. Le Terrien se faisait violence pour aider son frère et il appréciait le geste.

Balin emmena Bilbon dans les couloirs de la Montagne Solitaire pour qu'il puisse accomplir son rôle. Alice les avait regardés s'éloigner, faisant de son mieux pour ne pas montrer son inquiétude. Le reste de la Compagnie attendait tranquillement devant la porte que le hobbit revienne. Le vieux nain les rejoignit quelques minutes plus tard, il semblait triste.

"- On l'envoie à la mort si Smaug est toujours là... souffla-t-il en s'asseyant.

- En soixante ans, il a eu le temps de mourir non ? essaya de se rassurer Ori.

- Un cracheur de feu ne meurt pas comme ça, mon gars. lui répondit Dwalin, fataliste.

- Il va réussir. déclara Thorin. Il faut avoir foi en notre cambrioleur."

Alice ne releva pas, elle n'écoutait pas. À vrai dire, elle se concentrait pour sentir les vibrations du sol qui lui indiqueraient les mouvements du dragon bien vivant sous ses pieds. Et en même temps, elle maudissait les Valar qui devaient manger du pop-corn en les regardant se mettre en danger.

"- Tu en penses quoi toi ? vint la sortir de ses pensées, la voix de Nori.

- Hm ? marmonna-t-elle, voyant que tous attendaient une réponse de sa part et que même le roi avait tourné son regard vers elle. Pardon ? Je ne faisais pas attention.

- À ton avis gamine, Smaug est mort ?" lui demanda Dwalin.

Au même moment, elle ressentit de légères secousses. La voix du dragon faisait vibrer le sol.

"- Non." répondit-elle honnêtement, sans donner plus d'explications.

Elle détourna le regard vers Lacville. La Compagnie s'était tue. Les nains avaient toujours en tête que leur camarade pouvait toujours savoir ce qui allait se passer et ne pas le leur dire.

Alice réalisa alors que Bilbon réutilisait le stratagème qu'elle avait elle-même utilisé face au Roi Gobelin, en complimentant Smaug pour faire diversion. Cette pensée lui arracha un sourire. Qui se fana très vite. Un grondement surgit des entrailles de la Montagne, faisant se relever les nains en quatrième vitesse.

"- Qu'est-ce que c'était ? s'enquit Ori. Un tremblement de terre ?

- Ça, mon gars, c'était un dragon." déclara sombrement Balin, qui avait silencieusement partagé l'avis de la blonde.

Cette fatalité agita les nains. Thorin semblait de nouveau en proie à un grand tourment. Alice soupira encore une fois. Elle était fatiguée de toute cette pression qui pesait sur ses épaules. Et la présence d'un certain nain ne soulageait pas son esprit... Elle se leva à son tour et pressa l'épaule d'Ori en lui souriant. Le jeune nain était effrayé. Il était trop jeune pour se trouver là. Mais ne l'était-elle pas tout autant ? N'était-ce pas injuste ?

Bard avait fini par appeler ses enfants à la rescousse et ils s'affairaient à préparer le dîner pour tout le monde dans l'espoir de redonner de la force à Kíli quand la maison trembla. Tous redressèrent la tête, s'immobilisant.

"- Papa ? interrogea Sigrid, inquiète.

- Ça vient de la Montagne. les informa Bain après avoir jeté un regard par la fenêtre.

- Vous devriez nous laisser. leur conseilla alors Fíli. Prenez vos enfants et sauvez-vous !

- Et aller où ? répondit fatalement le batelier. Il n'y a nulle part où aller.

- Nous allons mourir papa ? questionna alors la plus jeune des filles.

- Non, chérie.

- Mais le dragon... Le dragon va nous tuer ! insista l'enfant.

- Pas si je le tue avant." annonça l'homme en se saisit d'une flèche noire dissimulée dans les poutres de la maison.