Une lumière orangée provenait de la Montagne. Sirius grimaçait à la fenêtre. Dehors, une agitation sans pareille régnait. Les habitants criaient, courant dans tous les sens avec des bagages sous les bras. Tauriel était sortie voir ce qu'il se passait et elle ne tarda pas à revenir à l'intérieur avec un visage grave.
"- Le temps presse. déclara-t-elle. Il faut partir...
- On va l'aider !
- Viens mon frère.
- Allez, allez, on y va !
- Ça va, je peux marcher.
-... au plus vite. termina l'elfe en donnant son manteau à Tilda, la plus jeune.
- Nous ne partons pas. décréta Bain. Pas sans notre père.
- Si vous restez, tes sœurs vont mourir. Est-ce ce que ton père voudrait ? lui demanda la rousse en le sondant de ses yeux.
- On y va et vous venez avec nous, ce n'est pas négociable, Bain." l'appuya Sirius en se dirigeant déjà vers l'étage inférieur.
Ils prirent quelques affaires qu'ils chargèrent sur le bateau de la famille. Fíli et Bofur montèrent en premier, aidant les autres. Une fois tous à bord, ils s'engagèrent sur le chemin d'eau qui sillonnait entre les maisons. Un bruit leur fit baisser la tête quelques secondes plus tard. Le dragon venait de les survoler. Ils le contemplèrent tous avec de grands yeux ébahis et effrayés. Il cracha des flammes et ce fut comme si le lac s'embrasait. Le bateau du Maître de la ville leur rentra dedans pendant qu'ils observaient le désastre, manquant de les renverser. Du coin de l'œil, Sirius vit le Maître pousser Alfrid par-dessus le bord et ne put s'empêcher de sourire. Bofur, muni de sa pagaie, essayait de les diriger tant bien que mal. Ils devaient mettre les enfants de Bard à l'abri, c'était tout ce qui leur importait.
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À Erebor, le calme plat régnait. La Désolation de Smaug n'avait jamais aussi bien porté son nom. La Compagnie se tenait sur un promontoire du côté de Dale. Tous regardaient le massacre que Smaug leur avait prédit.
"- Pauvres gens..." souffla Balin, les faisant tous baisser la tête.
Bombur et Ori faisaient partis de ceux qui tremblaient de peur.
Bilbon se détourna de ce spectacle et regarda vers l'escalier qui menait à la Grande Porte. Il vit Thorin. Ce dernier n'avait pas daigné leur accorder un regard depuis le départ du dragon. Pas plus qu'il n'avait montré de compassion envers les gens de Lacville. Alice arriva près du hobbit. Elle regardait elle aussi le roi nain. Bilbon l'admira un instant. Il pouvait voir cette douleur dans son regard, comme si elle savait déjà ce qui arriverait ensuite.
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Durant leur navigation, Tauriel retenait l'embarcation de temps en temps quand le dragon se trouvait sur leur chemin. La cloche de la ville qui résonnait jusqu'alors s'arrêta et, au coin d'une rue, le spectacle qui s'offrit à eux les laissa pantois.
"- Père ! s'exclama Bain, le premier à le remarquer.
- Papa ! hurla une de ses sœurs.
- Il l'a touché ! Il a touché le dragon ! s'écria Kíli qui observait lui aussi Bard, perché en haut du clocher, tirant des flèches sur la bête qui attaquait la ville.
- Non... souffla Tauriel.
- Si, il a atteint sa cible : je l'ai vu ! insista le nain.
- Les flèches ne peuvent percer son cuir. Rien ne le pourra, hélas..."
Sirius reconnut alors la statue devant laquelle ils passaient. Il vit aussi Bain regarder le crochet qui pendait au-dessus d'eux. Tout se passa très vite. Bain s'accrocha à ce dernier, s'extirpant du bateau. Bofur essaya de le rattraper, mais il était trop tard.
"- Qu'est-ce que tu fais ?
- Bain reviens !
- Bain !
- Non !
- Laissez-le ! hurla Tauriel. On ne peut pas revenir...
- Bain... pleura Tilda une dernière fois.
- J'y vais. déclara alors Sirius.
- Qu-quoi ? bégaya Bofur.
- Conduisez-les en lieu sûr."
Et sans plus d'explications, le Terrien se jeta à l'eau. Ses compagnons protestèrent, mais impossible pour eux de le rattraper. Ils le regardèrent rejoindre la rive puis se mettre à courir dans la même direction que le jeune garçon précédemment.
Le disciple des elfes s'engagea dans les escaliers de la tour quelques secondes après Bain. Il les monta le plus vite qu'il put et arriva presque à le rattraper.
"- Papa !
- Bain ! Que fais-tu ici ? Pourquoi es-tu resté ? Tu devais t'en aller !
- On est venu vous aider ! expliqua Sirius en passant sa tête par la trappe.
- Non ! Rien ne l'arrêtera maintenant... se désola le batelier, fataliste.
- Ça, peut-être ! l'encouragea son fils en brandissant la flèche noire.
- Sirius ! Vous repartez ! Emmenez Bain, sauvez-vous très loin. ordonna l'homme en caressant la joue de son fils.
- Pas le temps !" hurla le bouclé.
Le dragon passa au-dessus d'eux, arrachant la toiture du clocher. Bain bascula dans le vide et il serait tombé si le Terrien ne s'était pas jeté pour le rattraper. Bard l'aida à le remonter et ils s'effondrèrent sur le sol. Bain, en état de choc, ne réagit même pas quand son père lui prit la flèche noire des mains.
"- Qui es-tu, toi qui ose me résister ? s'énerva alors Smaug, observant Bard saisir son arc qui se révéla mal en point. Alors ça, c'est dommage... Que vas-tu faire maintenant pauvre archer ? Ils t'ont abandonné... N'espère aucune aide.
- Il a toujours la mienne ! intervint Sirius en se dressant aux côtés de l'homme du lac.
- Ce sont tes enfants ? demanda alors le dragon en avisant les deux jeunes hommes. Tu ne pourras les protéger du feu... Ils vont brûler !"
Bard mit alors au point un système astucieux avec les bouts de son arc cassé et prenant Bain comme stabilisateur. Sirius se mit alors à son côté.
"- Bandez l'arc Bard. lui souffla le Terrien. Je propulserai la flèche avec ma magie pour qu'elle atteigne sa cible avec assez de force pour tuer ce monstre.
- Ne bouge pas... essaya de rassurer son fils le batelier, après avoir acquiescé. Reste tranquille...
- Dites-moi sombres idiots ! Comment pourriez-vous vous mesurer à moi ? Vous n'avez pas d'autre issue que la mort !
- Bain ! l'appela alors le bouclé tandis que Bard repérait l'écaille manquante sur la poitrine de la bête.
- Regarde-moi. lui conseilla son père. Regarde-moi... Un peu vers la gauche. C'est ça."
Et la flèche partit. Le Terrien se concentra et leva les mains droit devant lui. Un champ magnétique invisible s'éleva entre la flèche et lui, il sembla propulser la flèche avec une puissance inouïe, droit sur Smaug. Elle atteignit sa cible avec succès, mais la bête leur rentra dedans, déstabilisée, avant de s'élever dans les airs et d'enfin retomber, inanimée. Pendant ce temps-là, la tour sur laquelle Sirius, Bain et Bard, descendants éloignés d'une même lignée de seigneurs, se trouvaient s'effondra.
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L'impact de la chute de Smaug résonna dans toutes les directions.
"- Qu'est-ce que c'était ? s'inquiéta Ori en se relevant. Que s'est-il passé ?
- Il est tombé, je l'ai vu. répondit Bilbon en s'avançant sur le bord du promontoire. Il est mort. Smaug est mort.
- Par ma barbe, il dit vrai ! Regardez ! Les corbeaux d'Erebor s'en reviennent à la Montagne ! observa Glóin tandis que les nains s'enthousiasmaient.
- La nouvelle va se répandre... Bientôt, tout le monde en Terre du Milieu saura que le dragon est mort !" s'exclama Balin.
L'heure était visiblement aux réjouissances, mais Alice avait du mal à y participer. Thorin n'avait même pas bougé. Aucun sourire n'était venu illuminer son visage. Le nain était simplement reparti en vitesse à la cité.
Une main se posa sur son épaule. Elle se retourna vers Nori.
"- Je suis sûr qu'ils vont bien." lui glissa-t-il avec un doux sourire.
La blonde ne mit pas longtemps à comprendre qu'il parlait de ceux qui étaient à Lacville et plus particulièrement de Bofur et Sirius.
"- Oui, sans aucun doute..."
Elle lui sourit tristement et retourna avec les autres qui riaient.
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Sirius contempla le rivage. Des centaines d'habitants d'Esgaroth s'y étaient réfugiés. Ils criaient, pleuraient. Certains portaient des corps, d'autres des blessés. Il y avait encore des gens dans l'eau. Avec Bard et Bain, il cherchait ses amis et leur famille. Les nains devaient déjà être repartis sur leur bateau vers la Montagne. Il sourit tristement en imaginant la réaction d'Alice en les voyant revenir sans lui. Peut-être qu'elle comprendrait qu'il était toujours en vie s'ils lui disaient qu'il était avec Bain aux dernières nouvelles. Il reprit contact avec la réalité quand une scène attira son attention. Bard venait d'arrêter en plein vol la main d'Alfrid alors que ce dernier s'apprêtait à frapper une femme.
"- J'éviterais de me les mettre à dos, Alfrid. Compris ?"
Bard le poussa légèrement, mais un croche-pied bien placé de son fils mit l'homme à terre.
"- Papa !
- Tu es vivant !"
Les deux filles de Bard se jetèrent dans ses bras. Sirius les observa avec un tendre sourire. Ils étaient touchants à voir. Un homme traversa alors la foule en criant.
"- C'était Bard ! C'est lui qui a tué le dragon ! Je l'ai vu comme je vous vois. Il a abattu la bête, il l'a tuée avec une flèche noire !"
Bard se fit remercier par la foule.
"- Sirius aussi a tué le dragon ! Il a propulsé la flèche droit dans son cœur." intervint Bain, un sourire aux lèvres.
La foule se tourna alors vers le jeune homme et le félicita autant que le batelier. Il rougit et voulut minimiser ses actes. Alfrid se fraya alors un chemin jusqu'à l'archer et lui brandit la main haut.
"- Acclamons le tueur du dragon ! Acclamons le roi Bard !"
Ce dernier retira vivement sa main de son emprise.
"-Je l'ai dit à Maître : ça, c'est un homme de noble lignée ! Un meneur d'hommes !
- Ne m'appelle pas ainsi. Je ne suis pas le Maître de cette ville. Où est-il ? Où est le Maître ?
- Il doit déjà être loin sur l'Anduin avec tout notre argent, ça ne fait aucun doute. lui répondit la femme de tout à l'heure. Tu dois le savoir ! Tu as vidé les coffres avec lui.
- Mais non ! se défendit Alfrid alors que la foule hurlait des injures à son encontre. J'ai voulu l'en empêcher. Je l'ai supplié, imploré...
- C'est honteux ! Fripouille !
- Des mensonges !
- J'ai dit : Maître, non !
- Pendez-le !
- Pensez aux enfants... les implora Alfrid en tirant la jeune Tilda contre lui. Il n'y a donc personne qui pense aux enfants !"
La fille de Bard lui asséna un coup dans le tibia qui lui fit lâcher sa prise sur elle. Sirius lui fit un clin d'œil pour la féliciter et l'enfant lui sourit alors, ses joues rosissant. Alfrid fut attrapé par des hommes qui le soulevèrent et l'emmenèrent à travers la foule jusqu'à ce que Bard s'interpose.
"- Ça suffit ! Lâchez-le ! Lâchez-le ! Regardez autour de vous ! N'avez-vous pas eu suffisamment de morts ?"
Bard remit Alfrid à terre d'un croche-pied quand ce dernier essaya de se relever. Il continua son discours l'air de rien.
"- Il faut s'occuper des nôtres : des malades et des démunis. Ceux qui tiennent debout soignent les blessés. Ceux qui ont encore assez de forces me suivent. Il faut sauver ce qui peut l'être.
- Et ensuite ? interrogea encore une fois la même femme. Qu'est-ce qu'on fait ensuite ?
- On trouve un abri.
- Pourquoi pas Dale ? intervint Sirius à voix basse en suivant Bard.
- C'est une très bonne idée."
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Alice trouva refuge dans la cuisine avec quelques autres nains, au petit matin. Elle attendait l'arrivée des derniers membres de la Compagnie. Balin la regardait tristement et elle ne supportait plus vraiment sa pitié. Elle partit alors se balader en évitant soigneusement les salles d'or.
Elle repensa à la déclaration de Smaug. Se pouvait-il qu'elle soit enceinte ? Il était encore trop tôt pour le savoir. Ce n'était pas non plus le bon moment d'y penser. Une guerre se préparait et le père…
Elle avait entendu ce que Bilbon avait dit aux autres... Que Thorin ne parlait pas, ne mangeait pas et s'était habillé de belles parures... Elle avait secoué la tête.
Elle entendit alors des éclats de voix venant des cuisines, des rires... Fíli, Kíli, Bofur, Óin et Sirius étaient rentrés ! Elle dévala alors les marches pour les rejoindre. Mais elle se figea bien vite en ne voyant aucune tête brune dépasser des autres. L'arrivée de la jeune femme jeta un froid. Les nouveaux arrivants la regardaient tristement. Les autres semblèrent alors se rendre comte qu'il y en avait un qui était aux abonnés absents.
"- Où est Sirius ? souffla la blonde, ses yeux se remplissant de larmes.
- Ali... lui répondit doucement Kíli, avec un regard coupable.
- Où est-il ? articula-t-elle en réponse, avançant dangereusement vers le nain.
- Je... On... bégaya Kíli.
- On ne sait pas. intervint Bofur en enlevant son chapeau.
- Comment ça, vous ne savez pas !? s'énerva alors la Terrienne en les regardant tour à tour.
- Il est parti avec Bain et on ne l'a plus revu. Le dragon est tombé, on était sur la rive avec Sigrid et Tilda, et Tauriel. Elles sont parties les chercher parmi les gens et nous, nous sommes venus ici. expliqua alors Fíli d'une traite, avant de baisser les yeux.
- Vous n'avez pas attendu ? murmura la blonde, passablement choquée.
- Non... concéda Bofur, gêné. On n'y a pas pensé, on voulait juste...
- Vous n'avez pas pensé à un de vos compagnons ! s'écria la demoiselle, maintenant dans une rage folle. Je lui ai demandé de rester avec vous pour vous surveiller et vous protéger et vous, vous l'abandonnez comme un vulgaire... boulet ?"
Aucun nain ne pipa mot. Les responsables gardaient obstinément la tête baissée tandis que les autres regardaient alternativement la Terrienne et le groupe de quatre. Bilbon, lui, ne quittait pas des yeux son amie. Il l'avait trouvée grandement fragilisée depuis son entrevue avec Smaug et l'état de Thorin n'y arrangeait rien. Maintenant, l'incertitude que son meilleur ami soit en vie se rajoutait à l'ardoise et le hobbit avait peur que son amie craque.
Cette dernière n'ajouta plus rien et repartit en vitesse de là où elle venait. Le souverain les appelait en bas. Il ordonna que la Compagnie fouille les tas d'or. Mais c'était comme si Bilbon n'existait pas. Il ne lui demanda pas et ne s'inquiéta pas de l'absence de la femme qu'il était censé aimer. Il ne prononça pas non plus le nom de Sirius. Le hobbit partit donc prendre l'air. Il réfléchissait aux paroles de Smaug et avait l'Arkenstone dans les mains quand Alice déboula juste en face de lui. Il rangea précipitamment la pierre dans son manteau mais vit bien à son visage qu'elle l'avait repérée. Il la vit se diriger en silence vers un rocher à côté de lui. Son visage semblait serein. Elle n'avait pas l'air étonnée non plus.
"- Je comptais lui donner... se justifia le hobbit. C'est juste que...
- Thorin n'est plus lui-même." compléta la blonde.
Elle tourna un visage triste vers lui.
"- Je ne te dénoncerais pas, mais évite de la sortir à tout va.
- Que vais-je en faire ? lui demanda Bilbon, désespéré.
- Tu le sauras le moment venu. Tu n'es pas avec les autres ?
- Thorin ne... Il ne m'a rien demandé...
- Ceci ne m'étonne qu'à moitié. soupira Alice en se prenant la tête entre les mains.
- Il n'a même pas remarqué pour Sirius et...
- Il n'a pas demandé après moi ?" devina-t-elle.
Bilbon lui sourit tristement une fois encore et posa une main réconfortante sur son épaule. Elle la lui serra un instant et inspira pour se donner du courage. La jeune femme partit alors, laissant le hobbit avec ses questions et ses incertitudes.
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Sirius suivait Bard un peu partout. Il resta cependant à l'écart quand il le vit discuter avec Legolas, puis avec Alfrid. Il l'entendit quand il haussa le ton.
"- L'or de cette montagne est maudit ! Nous ne prendrons que ce qu'on nous a promis..."
Legolas revint alors vers lui, certainement pour le mettre en garde. Le Terrien se prit à regretter la présence de Gandalf et encore plus celle d'Alice. Cette dernière lui manquait terriblement.
"- Pourquoi es-tu triste ? intervint alors une petite voix à sa droite.
- Tilda ! s'étonna-t-il. Je ne suis pas triste...
- Si. Je ne suis plus une petite enfant ! J'ai onze ans, tu sais ? Je reconnais quand quelqu'un est triste.
- Onze ans ? Je te donnais moins... remarquale jeune homme, faisant la moue.
- Comme tout le monde. Alors ? C'est parce que tes copains sont partis sans toi ?
- Non ! rit-il alors. Je ne leur en veux pas vraiment. Je les comprends...
- C'est ta copine qui te manque ? Vous êtes amoureux ?"
Sirius faillit s'étrangler avec sa salive. Il vit à son air que la fille de Bard était très sérieuse, il éclata alors de rire.
"- Alice ? Elle n'est que ma meilleure amie. Un peu comme ma sœur, tu vois ?
- D'accord. Ça veut dire que tu es libre. Très bien."
Et l'enfant partit. Le descendant légendaire secoua alors la tête avec un air amusé. Cette gamine venait vraiment de le draguer, et très subtilement. Alice n'allait pas en revenir.
oOo
La Terrienne, quant à elle, avait accepté de suivre Balin dans la salle du trône pour une entrevue avec le monarque. Elle ne savait pas vraiment pourquoi il lui avait demandé de venir, ni pourquoi elle avait accepté. Elle s'était arrêtée dans l'encadrement de la porte tandis que Dwalin et Balin rejoignaient Thorin et Bilbon, sur l'estrade où résidait le trône.
"- Elle est ici dans ces salles... Je le sais... siffla le roi.
- Nous avons fouillé encore et encore...
- Pas comme il faut.
- Thorin. Nous voulons tous revoir cette pierre...
- Et pourtant, elle n'a toujours pas été trouvé !
- Douterais-tu de la loyauté de l'un d'entre-nous ?" s'enquit alors Balin.
Alice se redressa en même temps que le monarque. Ce dernier se tourna vers son conseiller alors que le hobbit et l'ex-magicienne échangeaient un regard lourd de sens.
"- L'Arkenstone est l'héritage de notre peuple. souffla le nain à la barbe blanche.
- C'est le joyau du roi. clama Thorin de sa voix si... particulière, presque reptilienne. Ne suis-je pas le roi !? Je vous préviens : quiconque la trouverait et la garderait pour lui, connaîtrait ma vengeance..."
Le roi quitta la pièce. Balin et Dwalin firent de même dans des directions opposées. Alice et Bilbon emboîtèrent le pas au plus vieux des frères et le retrouvèrent en pleurs dans la bibliothèque. Seul Bilbon s'avança et se révéla au nain.
"- Le mal du dragon. J'ai déjà vu cela. Ce regard, cette obsession... C'est un amour ardent et exclusif, Bilbon. Il a rendu fou son grand-père."
Ces mots brisèrent un peu plus le cœur de la blonde. Exclusif... Le nain ne se souvenait peut-être même plus de l'avoir aimée.
"- Balin... S-si Thorin avait l'Arkenstone... Enfin, si on la trouvait... Serait-ce bénéfique ?
- Cette pierre surpasse tout. C'est le sommet de cet immense trésor. Elle donne le pouvoir à celui qui la possède. Cela le sortirait-il de sa folie ? Non, Bilbon. J'ai bien peur que ça ne l'aggrave. Peut-être vaut-il mieux qu'elle demeure perdue..."
Bilbon chercha des yeux l'avis d'Alice mais quand il leva le regard, la demoiselle avait disparu.
Elle était comme toujours dans les couloirs, réfléchissant aux dires de Balin quand la voix grave de Thorin résonna dans les couloirs. Il les sommait tous de se rendre à la porte. Quand elle l'atteignit, des brasiers s'étaient enflammés en contre bas et en levant la tête, elle remarqua du mouvement dans les ruines de Dale. Son cœur loupa un battement. Sirius se trouvait certainement là-bas.
Et en effet, sans qu'ils ne le sachent, ils s'observaient mutuellement. Le bouclé avait été très heureux de voir que la Compagnie avait survécu.
Le souverain avait donné l'ordre de consolider la porte. Tous participaient sauf la jeune femme, comme toujours. Il ne lui avait même pas accordé un regard. Il se contentait d'aboyer des ordres.
"- Le peuple de Lacville n'a plus rien ! s'énerva Kíli. Ils sont venus chercher de l'aide. Ils ont perdu tout ce qu'ils avaient.
- Ne me dis pas ce qu'ils ont perdu. Je sais très bien quelles épreuves ils traversent. Ceux qui ont survécu au feu du dragon devraient se réjouir, ils ont de quoi s'estimer heureux. lui répondit son oncle. Plus de pierres ! Apportez des pierres à la porte !"
Bilbon s'arrêta. Il regarda les nains obéir aveuglément et une chose le frappa de plein fouet. Thorin n'était pas son roi. Il n'était peut-être d'ailleurs même plus son chef, alors pourquoi lui obéissait-il ? Il n'était pas du tout d'accord avec ses actions, tout comme les autres, mais aucun d'eux ne se rebellait... Sauf Alice. La jeune femme avait le cran de lui tenir tête. Enfin, elle se contentait juste de ne pas suivre les ordres. Et Thorin la laissait faire...
Quelque chose clochait avec le Durin. Et un autre chose n'allait pas avec Alice. Mais quoi ?
