Sirius suivait toujours Bard, sans rien dire. Tout comme Alice, il agissait comme un fantôme, une âme en peine. Aucun d'eux ne se sentait complet.
"- Alors, cette nuit de garde ? s'enquit le batelier auprès d'Alfrid.
- Tranquille Messire, rien à signaler. Rien ne m'a échappé...
- Excepté une armée d'elfes, apparemment." se moqua le bouclé tandis que Bard avançait au milieu des troupes.
Il le suivit jusqu'à une route où une chariote arrivait, précédée du roi de Mirkwood.
"- Seigneur Thranduil. le salua l'homme du lac. On ne s'attendait pas à vous voir.
- J'ai appris votre détresse."
Les réfugiés se précipitèrent sur les vivres que la chariote transportait.
"- Vous nous sauvez ! Je ne sais comment vous remercier.
- Votre gratitude n'a pas lieu d'être. Je ne suis pas venu pour vous, je suis venu reprendre un bien qui m'appartient. Il y a des gemmes dans la Montagne que je convoite moi aussi. Des gemmes blanches, brillantes comme des étoiles.
- Attendez ! Vous feriez la guerre pour une poignée de gemmes ? l'apostropha Bard alors que le seigneur elfe s'apprêtait à reprendre la route.
- L'héritage de mon peuple ne saurait être abandonné.
- Dans ce cas, nous sommes alliés. Nous avons nous aussi des droits à faire valoir sur les richesses de la Montagne. Laissez-moi parler à Thorin...
- Vous voulez tenter de raisonner le nain ?
- Pour éviter la guerre, oui."
Sirius suivait tranquillement cet échange. Bard partit presque aussitôt pour Erebor. Il lui ordonna de surveiller le camp, ainsi que les elfes. Même si le jeune homme mourrait d'envie d'aller voir si Alice allait bien, il accepta.
oOo
Thorin passa gracieusement au milieu de la Compagnie qui continuait son chantier. Il leur ordonna de le suivre sur les remparts, ce qu'ils firent tous, même la seule femme du groupe. Ils découvrirent alors les lignes d'elfes sur la façade de Dale et le cavalier qui s'approchait d'eux. Ce n'était pas Sirius, au grand damne de la blonde.
"- Je vous salue Thorin, fils de Thráin. C'est une joie inespérée de vous trouver en vie.
- Pourquoi venez-vous aux portes du Roi sous la Montagne armé pour la guerre ?
- Pourquoi le Roi sous la Montagne se retranche-t-il ? Comme un voleur dans son antre ?
- Peut-être est-ce parce que je m'attends à ce qu'on me vole ?
- Seigneur, nous ne sommes pas venus vous voler, mais chercher un accord équitable. Ne voulez-vous pas en parler ?"
Le roi consentit à descendre jusqu'au trou dans la paroi d'où il pouvait voir Bard et discuter avec ce dernier.
"- Je vous écoute. déclara-t-il une fois rendu là-bas.
- Au nom du peuple de Lacville, je vous demande de tenir votre promesse de donner une part du trésor à ces gens pour qu'ils puissent reconstruire leur vie.
- Je ne traite avec personne quand une troupe armée se tient devant ma porte. répondit calmement le roi.
- Cette troupe armée attaquera la Montagne si nous ne trouvons pas un arrangement.
- Et vos menaces ne m'influenceront pas.
- Et votre conscience ? Ne vous dit-elle pas que notre cause est juste ? Mon peuple vous a aidé et protégé, et en retour vous ne lui avez apporté que la ruine et la mort !
- Si les hommes de Lacville nous ont aidés, ce n'est que dans l'espoir d'avoir de l'or !
- Un marché a été conclu !
- Un marché ? Quel choix avions-nous à part brader nos droits pour des vivres et des couvertures ? Mettre en gage notre avenir en échange de notre liberté ! Vous appelez ça un marché honnête ? Dites-moi, Bard, le tueur de dragon, pourquoi respecterais-je de telles conditions ?
- Parce que vous avez donné votre parole ? Cela ne signifie rien ?"
Thorin se retourna contre la pierre, se soustrayant aux yeux de son interlocuteur. Tous les nains de la Compagnie se trouvaient devant lui, attendant sa réaction. Bilbon observait de loin.
"- Partez, avant que nos flèches ne volent !" ordonna le roi.
Bard fit demi-tour, cependant une voix l'interpella des remparts.
"- Bard ! Attendez, Bard !" l'appelait Alice, d'une voix désespérée.
La Compagnie se concentra pour entendre ce qu'ils se disaient, mais ils suivirent tous leur souverain quand ce dernier s'élança dans les escaliers.
"- Alice ! s'étonna le batelier qui ne l'avait pas remarquée plus tôt. Quelle charmante surprise de vous voir là.
- Est-ce que Sirius... ? lui demanda alors la jeune femme au moment où Thorin atteignait les remparts.
- Il va bien. déclara le batelier avec un sourire. Il est avec moi à Dale. Sans son aide, Smaug serait encore en vie. Il est autant tueur de dragon que je le suis. Souhaitez-vous que je lui transmette un message ?"
La demoiselle souriait grandement et s'apprêtait à répondre quand une main la saisit violemment. Le visage déformé par la colère du monarque entra dans son champ de vision.
"- Il est avec l'ennemi maintenant. Si vous communiquez avec lui de quelque manière que ce soit, je vous jette par-dessus les remparts." grogna-t-il à voix basse, même si tout le monde l'entendit parfaitement.
Les membres de la Compagnie le regardaient, indignés. Les neveux de Thorin semblaient même prêts à intervenir d'un moment à l'autre. Ils n'en eurent pas besoin car la Terrienne se libéra de la poigne de fer de leur oncle en un clin d'œil.
"- Jetez moi aux loups et je reviendrai en chef de meute. répliqua-t-elle froidement. Et ce n'est vraiment pas ce dont vous avez besoin, là, maintenant."
Le Durin recula de quelques pas, comme sonné, et la regarda parler avec Bard d'un œil noir.
"- Dites lui de continuer comme ça, qu'il s'en sort très bien, et que je suis fière de lui.
- Ce sera fait. Au revoir, Alice.
- Au revoir, Bard."
La blonde ne le regarda pas s'éloigner et préféra partir au plus vite. Elle sentait toujours la pression qu'avait exercée Thorin sur son bras. Aucun doute qu'un hématome serait là le lendemain. Le reste de la Compagnie, quant à elle, rejoignit le chef.
"- Qu'est-ce que vous faites ? demanda alors Bilbon, désabusé. Vous vous lancez dans une guerre ?
- Ça ne vous regarde pas. lui répondit tranquillement Thorin.
- Excusez-moi, mais au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, il y a une armée d'elfes là dehors ! Sans parler des centaines de pêcheurs en colère. s'exclama alors le hobbit, s'attirant tous les regards. Nous... Nous sommes inférieurs en nombre.
- Plus pour longtemps... déclara malicieusement le monarque.
- Ce qui veut dire ? s'enquit Bilbon.
- Ce qui veut dire, Maître Sacquet... qu'il ne faut jamais sous-estimer les nains.
- Difficile quand on ne les estime déjà pas du tout !" résonna la voix d'Alice de très, très loin.
Thorin n'y prêta aucune attention.
"- Nous avons repris Erebor. Maintenant, nous la défendons." dit alors solennellement le nain, avant de descendre les escaliers.
Les nains et Bilbon échangèrent des regards contrariés. Balin détourna même les yeux. Thorin avait changé, l'ancien lui-même avait disparu en même temps qu'il avait trouvé tout cet or et effacé Alice de sa vie.
oOo
Sirius regarda anxieusement Bard rentrer à Dale et échanger avec Thranduil. Il y eut un bruit sourd et il vit que la tête d'une des statues qui gardaient l'entrée d'Erebor était tombée, détruisant le seul accès à la porte.
Dans les deux camps, le temps était à la préparation de guerre. Bard distribuait des armes qu'il trouvait dans Dale, Thorin habillait ses guerriers avec les meilleures armures. Alice se dirigea machinalement vers le bruit quand elle surprit une discussion.
"- Les amis sincères sont rares. J'ai été aveugle... Maintenant, je vois clair. On m'a trahi ! grondait un certain nain.
- On vous a trahi ? répéta Bilbon.
- L'Arkenstone... L'un d'entre eux la détient. L'un d'entre eux est un félon...
- Thorin, votre quête a abouti. essaya de le raisonner le hobbit. Vous avez repris Erebor, n'est-ce pas suffisant ?
- L'un des miens m'a trahi... s'entêta le Durin.
- Thorin, vous avez fait une promesse aux habitants de Lacville. Ce trésor, a-t-il plus de valeur que votre honneur ? Notre honneur, Thorin, j'y étais moi aussi. J'ai donné ma parole.
- Et je vous en suis reconnaissant. C'était un geste noble, mais le trésor de la Montagne n'appartient pas aux gens de Lacville. Cet or est à nous... Et à nous seuls. Je jure que je ne me séparerais pas d'une seule pièce d'or, pas de la moindre parcelle..."
Les nains passèrent alors entre eux. Bilbon les suivit, laissant ainsi Thorin seul dans sa folie. Enfin presque. Alice s'avança jusqu'au roi une fois que les autres furent partis. Elle ne savait pas comment l'aborder. Il ne lui avait rien donné pour se protéger, contrairement aux autres. Elle ne se plaignait pas de son équipement dont la moitié provenait des Valar et qu'elle avait réussi à conserver. Mais un geste pour montrer qu'il tenait toujours à elle...
"- Je suis désolé."
La demoiselle releva la tête brusquement, se faisant presque mal. Le nain la regardait. Il lui parlait même. Elle crut voir l'ancien Thorin, le sien, se tenir devant elle. Il lui désigna de la tête la salle des armes.
"- Il y a quelques équipements pour toi, nous n'avons pas réussi à trouver une armure complète à ta taille mais ce sera déjà un avantage."
La jeune femme hocha la tête lentement, ses yeux se remplissant de larmes. Le souverain sembla vouloir faire un geste dans sa direction, mais il se ravisa et s'en alla. L'ex-magicienne se rattrapa à une des colonnes du couloir. Il y avait toujours de l'espoir.
oOo
Sirius sentit son cœur faire un bon quand il entendit de la bouche de Bard le message de sa meilleure amie. Mais il fut encore plus content quand il reconnut la voix de Gandalf au loin.
"- Qui commande ici ? tonna le magicien.
- Qui êtes-vous ? lui demanda Bard en s'avançant vers lui, vite suivi du bouclé.
- Gandalf !
- Sirius ! Ah, mon bon ami !"
Après quelques présentations, ils retrouvèrent Thranduil sous sa tente. Sirius les écouta parler des orcs sans intervenir. L'elfe semblait bien peu soucieux des avertissements de l'Istar. Bard avait l'air d'y croire, mais c'était un dirigeant très récent et peu entraîné à prendre des décisions. Gandalf semblait avoir vieilli d'un coup quand le Terrien regardait bien. Le batelier se tourna alors vers lui, cherchant une quelconque approbation. Il hocha la tête imperceptiblement. Ils se séparèrent alors.
oOo
Alice attrapa Bilbon au détour d'un couloir ce soir-là. Elle vit la peur et l'hésitation dans ses yeux alors elle le prit dans ses bras et lui chuchota cette phrase avant de le pousser vers la sortie :
"- Je serais toujours de ton côté. Fais ce qui te paraît juste."
Le cambrioleur avait alors filé, sans se retourner. Elle ne le suivit pas. Elle savait ce que Bofur allait lui dire, ce que le hobbit allait lui répondre. *(bonus 27)
Elle déambula, comme à son habitude, dans les couloirs. Elle voulait graver les images de cette cité une dernière fois dans son esprit avant la bataille qui s'approchait. Elle repassa par les forges, la Galerie des Rois, la Grande Salle de banquet, la bibliothèque et même la salle du trône. Elle ne croisa personne. Ils étaient tous dans les cuisines. Elle sourit doucement.
oOo
Sirius se contentait comme toujours d'écouter passivement les discussions. Il serra tout de même les dents quand Thranduil donna l'ordre de tuer tout ce qui bougeait sur la Montagne. Gandalf s'emporta à l'encontre de Bard.
"- C'est une bataille qu'ils ne peuvent gagner...
- Ça ne les arrêtera pas ! intervint une voix qu'il ne connaissait que trop bien. Vous pensez que les nains vont se rendre ? Non, ils vont se battre jusqu'à la mort pour défendre leurs biens.
- Bilbon Sacquet. s'étonna Gandalf.
- Bilbon !" s'exclama Sirius en le prenant dans ses bras.
Le semi-homme fut invité à se rendre sous la tente de Thranduil. Quand il posa l'Arkenstone sur la table, le bouclé s'approcha. Il écouta d'une oreille distraite la déclaration du petit homme jusqu'à un certain passage.
"- Pour Thorin, cette pierre compte plus que tout."
Il n'intervint pas mais voulut rattraper Bilbon pendant sa discussion avec Gandalf, après leur petit rassemblement.
"- Il n'y a pas de Compagnie. Plus maintenant. Je n'ose penser à ce que fera Thorin en découvrant vos agissements.
- Je n'ai pas peur de Thorin !
- Eh bien, vous devriez ! Ne sous-estimez pas le pouvoir maléfique de l'or. L'or qu'un grand serpent a longtemps couvé. Le mal du dragon envahit le cœur de tous ceux qui s'approchent de la Montagne. De presque tous..."
L'ancien disciple des elfes ne se manifesta pas et fit demi-tour, il n'avait plus envie de poser ses questions. Thorin devait avoir complètement oublié Alice à l'heure qu'il était.
oOo
Le lendemain, une troupe d'elfes attendait bien sagement la Compagnie en bas des remparts. Les nains et la blonde les scrutaient attentivement. La tension était palpable. Et avançant aux devants de tous : des cavaliers. Bard et Thranduil. Une fois rendus au bas de la porte, Thorin leur tira une flèche qui atterrit juste devant les sabots du cheval de l'homme du lac.
"- Je logerais la prochaine entre vos yeux." les avertit-il, bandant de nouveau son arc, déclenchant les rires de ses paires.
Un simple micro-mouvement de tête de Thranduil indiqua à ses archers de bander les leurs et la réaction fut automatique chez les nains d'Erebor, tous se baissèrent sauf le roi. Alice, en bord de rempart, n'esquissa aucun mouvement non plus. Thranduil ordonna alors de baisser les armes à ses guerriers.
"- Nous sommes venus vous dire qu'un paiement de votre dette a été offert et accepté. annonça-t-il alors.
- Quel paiement ? Je ne vous ai rien donné. Vous n'avez rien.
- Nous avons ceci. déclara alors Bard en brandissant une pierre blanche resplendissante.
- Ils ont l'Arkenstone... reconnut alors Kíli. Voleurs ! Comment avez-vous obtenu l'héritage de notre maison ? Cette pierre appartient au roi !
- Et nous la lui rendrons de bonne grâce. consentit Bard en la rangeant dans son haut. Mais avant cela, il doit honorer sa parole.
- Ils nous prennent pour des idiots... C'est une ruse, un vil mensonge. L'Arkenstone est dans cette montagne ! C'est une feinte !
- C-ce n'est pas une feinte... bredouilla alors le hobbit, récemment apparu à leurs côtés comme par magie. C'est la vraie pierre. Je la leur ai donnée.
- Vous... souffla Thorin en se tournant pour contempler le semi-homme.
- Je l'ai prise comme la part qui me revient.
- Vous voulez me la voler...
- Vous la voler ? Non, non... Je suis un cambrioleur, mais un cambrioleur honnête. Je suis prêt à ne rien réclamer en échange.
- À ne rien réclamer ? Aha, ne rien réclamer... rit le nain, amer. Vous n'avez rien à me réclamer, misérable nabot !
- J'ai voulu vous la donner... expliqua Bilbon après que son interlocuteur ait jeté son arc à terre. Plusieurs fois, j'ai été tenté.
- Mais quoi, sale voleur ?
- Vous avez changé Thorin. répliqua le cambrioleur. Le nain que j'ai connu à Cul-de-Sac n'aurait jamais trahi sa parole, n'aurait jamais douté de la loyauté des siens !
- Ne me parlez pas de loyauté ! Jetez-le des remparts !"
Le temps sembla suspendu après la requête du roi. Même Bard et Thranduil regardaient les nains sans savoir ce qui allait se passer. Aucun d'eux ne réagit.
"- Vous êtes sourds ? reprit-il en empoignant son neveu Fíli, qui se libéra très vite. Je vais le faire moi-même ! Soyez maudit !"
Au moment où il allait attraper Bilbon, une main tira ce dernier hors de sa portée. Alice se dressa devant lui, lui jetant un regard de défi.
"- Vous ne le toucherez pas. le mit-elle en garde.
- Tu étais au courant ? siffla Thorin après l'avoir sondée du regard.
- Oui. Depuis le début. confirma la blonde sans une once d'hésitation ou de remords.
- Toi aussi, tu m'as trahi ! vociféra le roi en faisant un pas dans sa direction, plus que menaçant.
- Non ! s'écria alors Fíli, vite aidé par la plupart des nains pour garder éloigné son oncle des deux membres non-nains de la Compagnie.
- Soyez maudits ! Vous et le magicien qui vous a imposés dans cette Compagnie !" hurla le monarque en se débattant.
Il réussit à attraper d'une main la gorge de la jeune femme et de l'autre, l'épaule du hobbit qu'il plaqua contre la paroi.
"- Si vous n'aimez pas mon cambrioleur et mon apprentie, ne les abîmez pas ! Renvoyez-les moi, je vous prie !" l'apostropha une voix en contre-bas.
La Compagnie eut la surprise de voir Gandalf et Sirius fendre l'armée des elfes jusqu'aux deux cavaliers.
"- Vous donnez une bien piètre image de Roi sous la Montagne, Thorin fils de Thráin."
Ces paroles firent l'effet d'une douche froide pour le nain et il lâcha ses deux prisonniers qui s'effondrèrent simultanément sur le sol. Le hobbit, à cause du choc, et l'humaine, à cause du manque d'air. Le monarque avait failli l'étrangler. Bofur releva Bilbon et le poussa vers la corde qu'il avait utilisé pour partir la nuit précédente. Fíli fit de même avec la jeune femme qui lui lança un regard d'excuse.
"- Je ne veux plus avoir affaire au magicien... commença le Roi sous la Montagne.
- Sauvez-vous ! les encouragea le nain au châpeau.
- Et aux traîtres de la Comté et de je ne sais où !
- Sommes-nous d'accord ? interrogea Bard tandis que Bilbon descendait en rappel et qu'Alice faisait de même en s'aidant de la roche. L'Arkenstone en échange de ce qui a été promis ?"
Thorin sembla s'agiter, il faisait les cent pas. La Terrienne atteignit finalement Gandalf et surtout Sirius, dans les bras duquel elle se jeta. Bilbon les rejoignit quelques secondes plus tard.
"- Pourquoi devrais-je acheter ce qui m'appartient de plein droit ?
- Gardez la pierre. conseilla alors Thranduil au batelier. Vendez-la. Ecthelion du Gondor vous en donnera un très bon prix.
- Je vous tuerai ! J'en fais le serment ! vociféra le roi nain. Je vous tuerai tous !
- Vos serments ne valent rien. le tacla l'elfe. J'en ai assez entendu."
L'ordre fut donné aux elfes de bander leurs arcs de nouveau. Gandalf tenta sa chance.
"- Thorin ! Déposez les armes ! Ouvrez ces portes. Ce trésor vous mènera au tombeau !
- Thorin... enchaîna alors Balin. Nous ne pouvons gagner cette bataille...
- Quelle est votre réponse ? requit alors Bard. Voulez-vous la paix ou la guerre ?"
Un corbeau vint se poser devant l'interpellé alors que celui-ci semblait en pleine réflexion, enclin à rendre les armes. Il tourna son regard à l'ouest.
"- Je veux la guerre." déclara-t-il solennellement.
Au même moment sur le flanc ouest de la Montagne, des pas se firent entendre dans une symphonie de métal et de cris.
"- Pied d'Acier..." souffla la blonde.
La Compagnie exultait sur les remparts. Bard et Thranduil repartaient vers leurs hommes. Les elfes se tournèrent et avancèrent vers la nouvelle armée. Un nain se détacha du cortège. Bilbon, Gandalf et les Terriens suivirent le mouvement.
"- Eh Thorin ! salua-t-il, des cris lui répondant.
- Pied d'Acier est venu !
- Qui est-ce ? demanda alors le semi-homme. Il n'a pas l'air très content.
- C'est Dáin, Seigneur des Monts de Fer. Le cousin de Thorin. l'éclaira Alice.
- Ils se ressemblent ?
- J'ai toujours trouvé que Thorin était le plus raisonnable des deux." confia le Magicien Gris avec un regard entendu.
Toutes armées s'immobilisèrent. Dáin continua d'avancer sur son cochon de combat jusqu'à un rocher.
"- Bien le bonjour ! lança-t-il à la cantonade. Comment allons-nous ? J'ai une petite proposition à vous faire, si vous voulez bien m'accorder quelques instants. Pourriez-vous envisager de foutre le camp !? Vous tous et tout de suite !
- Ne bougez pas ! ordonna Bard tandis que ses troupes reculaient sous la peur.
- Même pas peur, même pas impressionné. souffla Sirius, faisant rire son amie.
- Allons, voyons Seigneur Dáin. l'interpella le magicien en s'avançant, suivi des deux descendants; Bilbon étant caché par les hommes.
- Gandalf le Gris. le salua-t-il. Dites à cette meute de s'en aller ou j'inonderais le sol de leur sang !
- Il n'y a nul besoin d'une guerre entre les nains, les hommes et les elfes. Une légion d'orcs marche sur la montagne ! Retirez votre armée !
- Je ne me retirerais devant aucun elfe et encore moins devant ce perfide roitelet ! s'entêta le nain en montrant Thranduil du bout de son marteau. Il ne veut que du mal à mon peuple. S'il choisit de se tenir entre moi et les miens... Je fends sa jolie petite tête en deux ! On verra s'il sourit encore !
- Dáin, attendez !" l'appela désespérément Gandalf alors que le concerné repartait vers ses troupes.
Les nains d'Erebor l'acclamaient avec force. Thranduil proposa de les laisser s'avancer pour voir jusqu'où ils iraient. Il avait un sourire mesquin qui fit grimacer Sirius.
"- Je m'en bas l'œil de tes menaces, compris princesse aux oreilles pointues !?" lui renvoya Dáin.
Alice rit sous cape. Bien envoyé !
"- Vous entendez les gars ? C'est parti ! Donnons une bonne raclée à ces saligauds !"
