La troupe des nains se confondit en cris et en fracas métallique. Thranduil s'avança avec ses rangées d'elfes, ordonnant à Bard de rester à l'écart. Gandalf et les ex-membres de la Compagnie restèrent avec lui. Des béliers surgirent alors des rangs des nains. Alice les regarda avec admiration. Elle ne put retenir une grimace d'angoisse en voyant les elfes bander leurs arcs.

"- Thranduil, c'est de la folie !" s'exclama le Magicien Gris, se frayant un chemin parmi les oreilles pointues.

Mais le roi n'écoutait rien. Les flèches volèrent vers les nains, mais ces derniers ripostèrent avec de grandes paraboles qui tournoyaient sur elles-mêmes, brisant les flèches. Elles s'écrasèrent sur les elfes, blessant la plupart, et en tuèrent quelques-uns sur le coup.

"- Alors, comment vous les trouvez nos moulinettes ? Crapules ! s'esclaffa Dáin.

- C'est complètement idiot ! Ils s'entre-tuent pour de l'or, à la demande d'un roi qui les regarde mourir du haut de son perchoir !" ragea Alice en frappant le sol de son pied.

Personne ne lui répondit, tous étant occupés à regarder la seconde tentative des archers elfes, qui connut le même sort que la première. Les béliers arrivèrent bien vite devant les soldats de Thranduil. Ces derniers formèrent un mur par-dessus lesquels les cavaliers nains sautèrent, perçant les rangs de leurs ennemis. Sirius risqua un coup d'œil vers la Montagne et constata une sorte d'incompréhension dans les yeux de la Compagnie. Un bruit sourd retentit soudainement, stoppant tous les combats. Nains, hommes, elfes et tous les autres tournèrent leur regard vers la provenance de ce son.

"- Les grands mange-terres..." soufflèrent la Terrienne et Gandalf d'une même voix.

En effet, quelques secondes plus tard, tous découvrirent d'énormes vers dont les gueules étaient faites de mandibules, sortant des pans des collines à l'horizon. Une voix résonna dans la vallée, suivie d'un cor. C'était du noir parlé, la langue des orcs.

"- Des hordes sauvages nous attaquent ! déclara alors Dáin, donnant des ordres en khuzdul à ses troupes. On se bat jusqu'à la mort !"

Les nains des Monts-de-Fer coururent au devant du danger, au devant des colonnes d'orcs surgissant des tunnels des mange-terres.

"- Les elfes ? Ne vont-ils pas se battre ?" s'enquit Bilbon sans quitter les nouveaux arrivants des yeux.

Sirius et Alice échangèrent un regard alors que les nains reprenaient la même formation que face aux elfes, quelques secondes plus tôt. La jeune femme darda son regard sur Thranduil, si bien qu'elle vit sur son visage l'instant même où il décida de venir en aide au peuple ennemi du sien. La blonde sourit alors au hobbit en dégainant son épée, vite imitée par son meilleur ami.

"- Un dernier conseil ? lui souffla le brun à ses côtés, contemplant les elfes qui sautaient au-dessus des nains.

- Si tu crois toujours en une quelconque divinité là-haut, mets toi à genoux et prie pour nous."

Ils se regardèrent avec des visages fermés et sérieux. Armes en mains, ils s'élancèrent à leur tour dans la bataille.

Ils se mêlèrent aux nains quand ils donnèrent l'assaut à la suite des elfes, suivis de près par Dáin. Rien ne comptait plus que de détruire de l'orc à cet instant. Des trolls se mirent à les attaquer. Du coin de l'œil, les deux Terriens remarquèrent les troupes ennemies qui se dirigeaient vers la ville ainsi que les hommes de Bard la rejoindre par un autre côté.

Pas le temps de s'attarder plus, ils étaient encerclés. Leurs dos se heurtèrent et d'un commun accord silencieux, ils décidèrent de la stratégie à adopter : ne pas se décoller. Sirius n'avait pas vraiment l'expérience nécessaire, il n'avait jamais vécu de combat rapproché avec autant d'ennemis. Alice connaissait déjà un peu mieux le sujet. Ils attaquèrent alors, tranchant tout ce qui était à leur portée. Cependant, ils ne virent pas le troll monté par un orc qui s'approchait dangereusement d'eux.

"- Derrière vous ! s'écria une voix grave roulant les "r".

- Merci ! souffla Sirius une fois éloigné du danger, reconnaissant Dáin.

- De rien petit gars !"

L'échange ne dura pas plus longtemps, les trois guerriers retournant à leurs occupations. Alice entendit tout de même le nain jurer à la mort de son cochon.

"- Où est Thorin ? On a besoin de lui ! Où est-il ? cria alors le seigneur, désemparé.

- Il reste terré dans la Montagne. lui répondit la blonde. Le mal du dragon s'est emparé de lui.

- Vous semblez bien le connaître, jeune fille. considéra le nain à la crête rouge.

- Nous faisions partie de sa Compagnie. l'informa Sirius en arrachant son épée du corps d'un orc.

- Très bien. Si ce que vous dites est vrai, espérons qu'il reprenne vite ses esprits. pria le nain, remerciant d'un hochement de tête les Terriens qui venaient de le protéger d'un assaut déloyal.

- Oui, espérons-le." murmura la demoiselle en se protégeant de son bras face à un coup de hache bien placé.

oOo

Thorin était à ce moment-là bien loin du compte. Il demeurait assis sur son trône. Dwalin vint le trouver, accablé par son comportement.

"- Depuis quand abandonne-t-on les nôtres à leur sort ? Thorin, ils meurent dehors !

- Il y a d'innombrables salles sous la Montagne que nous pouvons fortifier... susurra le roi sans aucune considération pour son ami. Rendre impénétrables, oui ! Oui, c'est ça... Il faut déplacer l'or, le mettre à l'abri dans les profondeurs.

- Tu n'as pas entendu !? s'énerva le nain au crâne rasé. Dáin est encerclé ! Avec Alice et Sirius ! Ils se font massacrer, Thorin...

- Beaucoup meurent lors d'une guerre, la vie a peu de valeur. Mais un trésor comme celui-ci ne se mesure pas en vies perdues. Ce trésor vaut plus que tout le sang versé !

- Tu es là dans cette vaste salle avec une couronne sur la tête... ricana amèrement Dwalin. Pourtant, tu n'as jamais été aussi peu digne de respect.

- Ne me parle pas comme si j'étais un tout petit seigneur nain, comme si j'étais toujours Thorin Écu-de-Chêne... lui répondit-il d'un ton larmoyant. Je suis ton roi !"

Il tira son épée de son fourreau mais fut emporté par son poids.

"- Tu as toujours été mon roi ! Tu le savais autrefois... Tu ne vois pas ce que tu es devenu.

- Va t'en. Sors d'ici. Avant que je ne te tue."

Les deux nains se regardèrent sans vraiment se voir. Le grand guerrier Dwalin était au bord des larmes face à ce roi de pacotille. Il fit demi-tour, résigné.

Thorin, lui, partit dans la Galerie des Rois. Sur le sol recouvert d'or, il ne put empêcher les voix de l'assaillir en voyant son reflet. Celle de Dwalin, la sienne, Balin, Bard, Gandalf, Bilbon, Alice... Elles avaient toutes une chose en commun : elles lui rappelaient qui il était vraiment et tout ce qu'il avait pu dire et faire de mal depuis la reconquête d'Erebor. Il se vit enseveli par l'or, luttant pour respirer et c'en fut trop. Il balança sa couronne sur le sol, reprenant son souffle comme s'il sortait d'un terrible cauchemar.

oOo

"- On se replie ! On se replie vers la Montagne ! ordonna Dáin.

- On se replie !" répéta un nain.

Les deux Terriens suivirent de près le seigneur. Et heureusement pour lui, car une flèche lui arriva droit dessus et si la demoiselle ne s'était pas jetée sur lui, il l'aurait prise en pleine poitrine. Sirius renvoya magiquement la flèche à son propriétaire.

"- Je vous dois une fière chandelle, demoiselle !

- C'est tout naturel, seigneur !" lui répondit la blonde avec un sourire.

Ils étaient acculés. Cependant, la jeune femme ne pouvait s'empêcher de sourire : Thorin allait les rejoindre d'un moment à l'autre. Azog donna l'ordre à ses troupes de les anéantir. Mais un cor, grave et puissant, résonna. La porte derrière eux vola en éclats. La Compagnie en sortit en hurlant, provoquant le recul des ennemis.

"- Tous avec le roi ! Tous avec le roi ! hurla Dáin alors que son cousin passait entre lui et les Terriens.

- Du bekar !" s'époumona le souverain.

Et dans un cri de guerre légendaire, les nains reprirent le combat. Alice et Sirius n'étaient pas en reste. La Compagnie au complet, ou presque, était au même endroit. L'ex-magicienne suivait du coin de l'œil Ori qui appliquait à merveilles ses conseils, non sans remarquer qu'il tenait une des haches de Dwalin. Ce dernier apparut soudainement dans son champ de vision, lui envoyant un clin d'œil. Il se battait aux côtés de son frère, de Glóin et d'Óin. Les frères et cousins Ur faisaient un massacre à sa gauche. Bofur sauva d'ailleurs Nori en lançant une hache dans le crâne d'un orc qui le menaçait de son sabre. Il rendit la pareille en sauvant Ori de la même façon et ce dernier renvoya la hache à Bofur qui fut très surpris. Le voleur ricana alors dans son coin.

Devant les Terriens, Thorin et ses neveux formaient eux aussi un trio redoutable, secondé par Dáin. Alice se concentra de nouveau sur ses ennemis. Ils iraient bien. Du moins, pour le moment.

Un orc surgit dans son dos, passant une lame autour de son cou. Elle eut le réflexe de la bloquer avec la sienne pour éviter l'égorgement. Un couteau vint se ficher dans le front de son assaillant. Elle leva la tête et croisa le regard du monarque. Il y avait une petite accalmie de leur côté.

"- Merci...

- Je suis désolé. répondit aussitôt le nain, avançant à grandes enjambées.

- Je sais."

Ils se regardèrent dans le blanc des yeux, s'y noyant mutuellement. Ils étaient si proches... Alice se jeta sur ses lèvres. Thorin la serra contre lui, répondant avec tout son amour.

"- Je t'aime. lui avoua alors la blonde quand ils se séparèrent.

- Alors épouse-moi."

La jeune femme releva le regard vers le roi, incrédule. Il sortit une bague de sa poche et la lui tendit. Elle était très belle, en or rose surmontée d'une gemme blanche.

"- Thorin...

- Je t'aime, Alice. Et c'est peut-être la seule et dernière occasion de le faire.

- C'est d'accord.

- Vraiment ? s'étonna le nain.

- Oui. Mais il faut que quelqu'un prononce le mar-...

- Dáin !

- J'ai tout entendu, je fais ça vite ! cria Dáin au loin. Roi Thorin, fils de Thráin et demoiselle Alice, je vous déclare mari et femme !"

Les deux nouveaux époux s'embrassèrent très rapidement, un groupe d'orcs s'approchant d'eux. Ils furent séparés. La blonde rejoignit Sirius et quand un bélier se présenta devant elle, elle prit les rennes et le chevaucha.

"- Dis à Thorin que je suis désolée. confia-t-elle à son meilleur ami. Et souviens-toi de ce que je t'ai dis.

- Sois prudente." lui ordonna le brun, acquiesçant tout de même.

La jeune femme ne dit rien et partit au galop avant qu'un nain ne la remarque. Le bouclé la regarda partir avant de se faire accoster par Fíli et Kíli qui l'entraînèrent vers un char d'assaut.

Thorin chercha du regard sa belle avant de se faire rejoindre par son cousin.

"- J'arrive ! Thorin, cousin ! T'en as mis du temps."

Les deux nains s'enlacèrent.

"- Ces salopards sont trop nombreux, Thorin. J'espère que tu as un plan.

- Oui, nous allons les priver de leur chef. grogna le roi en tournant le regard vers Ravenhill.

- Azog. comprit Dáin.

- Je vais détruire cette vermine ! confirma son cousin en montant sur un bélier.

- Thorin, tu ne peux pas faire ça ! Tu es notre roi...

- C'est pourquoi je dois le faire.

- Et comment comptes-tu te frayer un chemin seul contre tous, jusqu'à Ravenhill ?"

C'est le moment que choisit le char d'assaut piloté par Balin pour s'arrêter à leurs côtés. Il y avait aussi Dwalin, Fíli, Kíli et Sirius à bord.

"- Ça fait longtemps que je n'ai pas fait ça ! s'enthousiasma le nain à la barbe blanche.

- À Ravenhill ! lança Thorin en partant.

- Cramponnez-vous !

- Vous êtes une bande de fous furieux, ça me plaît ! Puisse Durin vous sauver tous..." pria Dáin en les regardant partir.

oOo

Alors qu'elle passait par les collines éloignées, près de la ville, Alice croisa Legolas et Tauriel qui revenaient de Gundabad. Les deux elfes la questionnèrent du regard.

"- Dites à Gandalf que je suis à Ravenhill !" leur cria la blonde sans se stopper. Rien ne la détournerait de son objectif.

oOo

Pour le Terrien, la première partie du trajet se passa relativement bien jusqu'à ce que des orcs et des wargs ne les poursuivent sur l'eau glacée de la rivière. L'un d'eux emporta un premier bélier et la décision fut prise de continuer en chevauchant les montures. Fíli partit en premier, puis Kíli, Sirius et Dwalin. Balin resta en arrière, couvrant leurs arrières. Ils réussirent à rattraper Thorin qui avait pris un autre chemin.

"- En avant ! leur indiqua-t-il.

- On te suit !" confirma Dwalin.

Ils tuèrent quelques orcs en passant, Sirius se concentrant à l'extrême pour diriger le bélier dans la bonne direction.

oOo

Bilbon les avait vus. Il s'empressa de trouver le Magicien Gris.

"- Gandalf ! l'appela-t-il, lui désignant du doigt les nains sur les béliers. C'est Thorin.

- Et Fíli, Kíli... Sirius et Dwalin. Il a choisi ses meilleurs guerriers.

- Pour faire quoi ?

- Pour couper la tête du serpent.

- Gandalf ! l'apostropha une voix à sa droite.

- Legolas ! Legolas Vertefeuille ! le salua-t-il, très heureux de le voir.

- Il y a une seconde armée. l'informa l'elfe.

- Quoi ?

- Bolg commande des troupes d'orcs de Gundabad, ils seront bientôt là.

- Gundabad... C'était leur plan dès le départ... comprit le magicien. Azog attaque nos forces, ensuite Bolg et ses troupes déferlent du Nord.

- Du-du-du Nord ! paniqua Bilbon. Où est le Nord exactement ?

- À Ravenhill...

- Ravenhill ? Mais Thorin est là-bas... Et Fíli, et Kíli, ils sont tous là-bas.

- La fille qui les accompagnait aussi." intervint alors Tauriel, surprenant Bilbon mais pas Gandalf qui semblait déjà le savoir.

Le semi-homme et l'Istar discutaient sur qui devait aller les prévenir, tandis que les elfes partirent voir leurs semblables qui se retiraient sur ordre de Thranduil.

oOo

Alice, entre temps, était parvenue aux pieds de la cachette d'Azog par un chemin détourné. Elle entama l'ascension des collines adjacentes à la forteresse en ruines, passant par les hauteurs pour éviter que les orcs ne la repèrent. Son plan était d'attendre l'arrivée de ses compagnons en haut de Ravenhill pour que les troupes ennemies descendent par les escaliers pour chercher Fíli et Kíli, que Sirius devait sauver, laissant Azog seul. Elle espérait juste que ce dernier s'en tiendrait au plan...

oOo

Sirius, de son côté, se faisait un sang d'encre pour son amie. Quand Alice était venue lui exposer la situation et ce qu'elle comptait faire, il savait déjà. Tout comme il savait déjà qu'il lui obéirait quand elle lui avait dis qu'elle devait sauver Thorin. Ce qui signifiait, en réalité, qu'elle allait se sacrifier pour que le roi vive, pour que le nain qu'elle aimait survive. Le Terrien l'avait compris depuis qu'il les avait rejoints et qu'il avait surpris le regard que la blonde posait sur le chef de la Compagnie. Ce regard qui criait qu'elle l'aimait et qu'elle mourrait pour lui. C'est pour ça qu'il avait accepté car, d'aussi loin qu'il puisse se souvenir, ce regard jamais elle ne l'avait posé sur quelqu'un auparavant. Et comme sa meilleure amie estimait que le roi valait la peine de se sacrifier pour lui, Sirius avait suivi son avis. Il sauverait Fíli et Kíli, retarderait Thorin en bas de la forteresse pendant qu'Alice livrerait le combat de sa vie. Le dernier.

Durant tout le temps que dura l'ascension de la Terrienne, les nains avaient eu le temps d'arriver au pied de la forteresse. Ils y trouvèrent une petite troupe d'orcs qu'ils entreprirent d'éliminer.

Azog devait être le dernier des siens à s'engouffrer dans les ruines pour capturer Fíli et Kíli, la blonde espérait arriver à temps.

Quand ils eurent abattu les derniers orcs se trouvant en bas de la forteresse, les cinq guerriers tournèrent sur eux-mêmes, cherchant les ennemis du regard.

"- Où est-il ? demanda Kíli, avisant le poste de commandement d'Azog, désert. Ça a l'air vide, j'ai l'impression qu'Azog a fuis !

- J'en doute fort..." le contredit son oncle.

Alors que Thorin venait d'ordonner aux deux frères de fouiller les tours, Sirius se dressa devant eux, la tête basse.

"- Sirius ? l'appela Kíli alors qu'il échangeait un regard surpris avec son frère.

- Je suis désolé... murmura le brun, relevant les yeux pour les river sur ses compagnons. Je ne peux pas vous laisser faire ça. Je lui ai promis de vous empêcher d'y aller...

- Mais de quoi tu parles ? questionna Fíli, les sourcils froncés. À qui as-tu promis cela ?

- Alice... Elle m'a dis que c'était un piège. Azog vous attend là-dedans. Je devais vous retenir ici pour lui laisser le temps." leur expliqua le jeune homme, de nouveau sûr de lui.

Derrière lui, il semblait y avoir du mouvement dans la tour. Des orcs venaient de sortir sur l'esplanade au centre de la forteresse, sans leur chef. Ils les observaient.

"- Lui laisser le temps de quoi ?" s'inquiéta Thorin, s'avançant vers le Terrien.

Ce fut le moment que choisit Dwalin pour les informer qu'une armée de mercenaires gobelins approchait. Les Durin et Sirius échangèrent de longs regards, puis rejoignirent le guerrier chauve dans la bataille.

oOo

Quand Alice arriva finalement au sommet de Ravenhill et que ses yeux se posèrent sur la créature qu'elle abhorrait le plus d'entre les mondes, elle sentit une nouvelle détermination l'envahir. Ses yeux gris, qui avaient par tant de fois exprimé un amour sans limite, reflétaient en cet instant un désir de vengeance sans faille. C'était un sentiment de haine pure qui les habitait, un de ces sentiments qui ne trouvent d'apaisement que dans la mort. L'Orc Pâle sembla le comprendre puisqu'il perdit son sourire mesquin pour prendre la menace qu'elle représentait au sérieux. Et ce fut presque simultanément, comme d'un commun accord, que les deux ennemis s'élancèrent l'un vers l'autre dans un cri de rage.

oOo

Bilbon surgit derrière Kíli et Fíli, alors que Dwalin abattait le dernier gobelin.

"- Thorin ! s'exclama-t-il, attirant l'attention de tous.

- Bilbon !

- Il faut vous en aller, vite ! Azog a une autre armée qui attaque par le Nord, cette tour va être totalement encerclée, il n'y aura aucune issue. expliqua le hobbit, essoufflé.

- Nous touchons au but ! se réjouit Dwalin. Cette saleté d'orc est là-dedans ! Il faut continuer.

- Non, c'est ce qu'il veut... Il veut qu'on y entre. Alice a raison, c'est un piège... l'arrêta Fíli.

- D'ailleurs où est-elle ? interrogea le hobbit, tournant son regard vers ses compagnons.

- Elle n'est pas ici. l'informa Kíli, les sourcils froncés.

- Mais Tauriel et Legolas l'ont vue sur un bélier. Elle leur a dis qu'elle venait ici. le contredit Bilbon, la mine contrariée.

- Elle est partie devant. souffla Sirius, observant pensivement le haut de la tour, d'où les orcs commençaient à s'activer pour descendre.

- Mais qu'est-ce qu'elle est venue faire , bon sang !? s'exclama Fíli, très inquiet.

- La même chose que vous. Couper la tête du serpent." lui répondit-il tristement avec un sourire d'excuse.

Au même moment, des cris résonnèrent dans l'air. Tous reconnurent leurs possesseurs. Les nains et le hobbit arboraient des mines horrifiées. Avec empressement, ils s'élancèrent tous vers l'entrée des ruines de Ravenhill où les orcs les attendaient. Thorin semblait hors de lui. Il tranchait, découpait, déchirait chaque ennemi qui se présentait devant lui. Mais même s'ils étaient d'excellents guerriers, les membres de la Compagnie se firent vite surpasser en nombre. Heureusement pour eux, ils furent soutenus par deux guerriers aux oreilles pointues qui semblaient extrêmement soulagés de les trouver là, en bon état.

"- Tauriel ! se réjouit Kíli, en voyant la rousse se jeter sur le dos d'un orc qui menaçait de tuer Dwalin.

- Kíli." lui sourit l'elfe.

À sa droite, Legolas leva subtilement les yeux au ciel. De même pour Fíli. Thorin ne semblait même pas les avoir remarqués. Son seul et unique but était de retrouver son épouse qu'il venait à peine de demander en mariage. Sirius se battait avec autant de rage, même si au fond de lui il savait. Il avait senti la détermination de la jeune femme quand il avait croisé son regard avant qu'elle n'attrape le premier bélier venu et s'en aille. Alice se battrait jusqu'à la mort. Et c'était la seule chose qui l'attendait, en haut de cette forteresse.

Ils furent séparés. Kíli, Legolas et Tauriel d'un côté, Fíli et Sirius d'un autre et enfin Dwalin, Bilbon et Thorin montèrent l'escalier.

Le premier groupe fut retenu par un adversaire plutôt coriace : Bolg. Il envoya valser Tauriel contre un mur en arrivant par surprise devant elle, mais il fut maîtrisé par Legolas ce qui permit à Kíli de lui asséner le coup de grâce très rapidement. Le nain le transperça de son épée, en plein cœur.

Fíli et Sirius avaient fini par atteindre l'étage en dessous de celui du chef, du guerrier chauve et du hobbit. Il n'y avait plus d'orcs. Ils entendaient les pas précipités des deux elfes et du prince nain dans l'escalier alors qu'ils les rejoignaient. Fíli posa le pied sur la première marche. Un cri de douleur déchira l'air, glaçant le sang de toutes les personnes présentes dans leurs veines. Le Terrien sentit son cœur s'arrêter. Thorin venait de hurler à s'en briser les cordes vocales. Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose. *(bonus 28)

Et cela, les deux frères l'avaient compris. Ils s'élancèrent dans les escaliers, suivis un peu plus loin des deux elfes à la mine sombre. Sirius s'effaça et s'assit sur les marches, le regard lointain.

Il ne savait pas combien de temps il était resté là mais il avait vu Gandalf passer à côté de lui, posant sa main sur son épaule dans un geste qui se voulait réconfortant, probablement. Puis les autres nains de la Compagnie arrivèrent. Balin, trop effrayé à l'idée que son ami et roi ait pu mourir, ne lui accorda même pas un regard et emprunta l'escalier en vitesse. Ce fut comme un électrochoc. Le jeune homme se leva, faisant sursauter Bofur qui arrivait de l'étage du dessous. Il gravit les marches quatre à quatre. Le spectacle qui s'offrit à lui le fit presque rire jaune. Azog gisait là, mort. Une épée plantée dans le cœur et une autre lui traversant la tête. Mais aucun autre cadavre. Aucune trace d'Alice. Enfin, au premier abord.

Azog, ou ce qu'il en restait, était étendu là, au milieu d'une mare de sang qui détonait avec la transparence de la glace. Des traînées de noir et de rouge se mélangeaient, leur quantité ne laissant pas de doute quant au destin de leurs possesseurs respectifs. Une forme se dessinait, à quelques pas du cadavre de l'Orc Pâle. Les contours d'un corps se devinaient, comme si quelqu'un avait brûlé à cet endroit-même et que le vent avait déjà emporté les cendres avec lui. Peut-être était-ce la foudre qui avait frappé, personne ne saurait jamais. Il n'y avait plus que les lignes brouillonnes et calcinées d'une petite silhouette. Alice, certainement.

Tout ce qu'on retrouva d'elle, à proprement parlé, fut sa bague de fiançailles, reposant à côté de la dépouille de l'Orc Pâle. Balin l'avait reconnue quand il s'était approché du cadavre alors que Thorin, écroulé au sol, sanglotait le prénom de la disparue et que les autres membres de la Compagnie surgissaient par l'escalier. Sirius avait rejoint le nain à la barbe blanche, livide, et s'était abaissé pour ramasser le bijou. C'était tout ce qui lui restait de son amie, de sa meilleure amie. Il s'était avancé vers le souverain. Le monarque avait levé les yeux vers lui, ses deux neveux, à ses côtés, aussi en pleurs. Le brun lui avait tendu la bague en silence et le roi nain s'en était saisi lentement. Le Terrien, se détournant, s'était approché du bord de la falaise d'où l'on voyait le champ de bataille encore fumant, et sur lequel se posaient les aigles récemment arrivés avec Radagast et Beorn. Une fissure dans la glace révélait l'eau qui coulait en cascade.

Le sentiment qu'il n'y avait pas eu d'autre issue possible l'envahit, empêchant ses propres larmes de couler.