Ils ont roulé pendant environ quatre heures avant que les choses ne se gâtent et que la Thunderbird d'Alfred ne décide de se rebeller, peut-être en désaccord avec le long voyage inhabituel auquel elle avait été soumise.
Mais ce furent quatre heures qu'Alfred -et, il l'espérait, Arthur- n'oublierait jamais.
Il y avait quelque chose de spécial à ne faire que conduire. Depuis que les voitures ont été inventées, conduire à l'infini était devenu un symbole de liberté, d'indépendance, de romance sans fin. Il s'était toujours imaginé pouvoir prendre la route et conduire où bon lui semblait, sans se soucier de quoi que ce soit. Bien qu'il y ait encore quelques soucis et quelques fardeaux, c'était une liberté comme il n'en avait jamais ressentie. Il avait plaisanté avec ses amis du secondaire sur la possibilité de faire un voyage à travers le pays. La Route 66 et tout le reste. Mais ils ne l'ont jamais fait et depuis qu'il s'était plongé dans sa vie d'entraînement intense et de combat, il n'avait jamais eu cette chance de liberté.
Arthur était là, ce qui rendait la chose encore meilleure. La musique rock jouait tout le long du trajet, le soleil d'été brillait sur eux, tandis qu'Arthur chantait, mangeait des ours en gélatine, fumait des cigarettes et racontait des blagues qui passaient au-dessus de la tête d'Alfred.
"Toc toc," dit Alfred.
"Qui est-ce?"
"Bouh."
"Bouh qui?"
"Hey, c'est juste une blague, ne pleure pas!"
"C'est complètement nul," se moqua Arthur. "Laisse-moi te raconter une vraie blague. Pourquoi l'homme chauve a-t-il peint des lapins sur sa tête?"
"Hum. Parce qu'il est expressif?"
"Parce que de loin, ils ressemblaient à des lièvres."
Alfred ne dit rien. Il essaya de rire, vraiment, mais même après avoir compris la blague, il n'arrivait pas à trouver le moindre souffle de rire en lui. Il se contenta de regarder Arthur et de pincer les lèvres. Puis il haussa les épaules.
"Tu ne comprends pas l'humour britannique, c'est tout," grommela Arthur. Puis il vola l'ours en gélatine qui était dans la main d'Alfred.
Ils parlaient de beaucoup de choses. Le fait d'être sur l'autoroute, alors qu'il n'y avait pas de bruit, qu'ils roulaient à toute allure, que le toit était baissé et que les Beatles jouaient à fond, était étrangement propice à une conversation authentique et facile. Alfred ouvrait sa bouche parce que, pour une raison ou une autre, Arthur écoutait. Alfred pouvait dire, même s'il ne regardait pas directement dans les yeux d'Arthur, même si Arthur ne participait pas directement à la conversation, qu'il écoutait. C'était juste quelque chose qu'il pouvait sentir. Et il le ressentait surtout lorsqu'il tournait la tête toutes les quelques minutes pour jeter un coup d'œil à son compagnon. Les pieds sur le tableau de bord, les lunettes de soleil scintillantes, les mains tapant contre ses cuisses au rythme de la musique. À un moment donné, il passa la tête par-dessus la fenêtre et regarda par-dessus son épaule, les tronçons de route qu'ils laissaient derrière eux. La forme de son cou, la courbe de son épaule, l'enchevêtrement de ses cheveux et le pli de ses lèvres étaient de si petits détails époustouflants qu'Alfred était étonné de sa propre capacité à les distinguer. Il ne pouvait pas oublier le goût, la sensation du baiser d'Arthur sur ses lèvres. Mais ils n'en avaient pas parlé. C'était probablement mieux comme ça.
Alfred n'avait jamais vu Arthur aussi énergique depuis qu'il était monté sur son lit pour couvrir le détecteur de fumée, il y a environ deux semaines, la première nuit où ils s'étaient rencontrés. Cela semblait si loin, n'est-ce pas?
Je ne peux pas le connaître depuis si longtemps, non?
Comment... comment avons-nous atterri ici, encore?
Moi, conduisant sur l'autoroute vers nulle part. Lui, une image parfaite sur la place du passager.
Les gens normaux ne sont pas comme ça, hein?
Alfred était si intensément heureux qu'il était capable de repousser la vision effrayante du visage d'Ivan Braginsky dans les labyrinthes obscurs du fin fond de son esprit.
Mais sa chance finit par tourner lorsque le moteur de sa voiture se mit à cracher et à caler sur l'autoroute.
"Shit," grogna-t-il.
"Quoi? Il se passe quoi?"
Au lieu de répondre, Alfred réussit à faire passer la voiture de la voie de gauche à celle de droite, hors du chemin des autres automobilistes, juste avant que la voiture ne cesse complètement de fonctionner. Elle émettait des sons terriblement tristes, et cela faisait battre le cœur d'Alfred de façon inconfortable.
"Putain, je viens de la sortir!" cria-t-il en se frappant la tête contre le volant. En continuant comme ça, il réussit à actionner le bouton pour remonter le toit et à prendre quelques grandes respirations. Ils n'étaient sortis que depuis quatre heures et la voiture était déjà hors d'usage.
"Peut-être devrait-on vérifier le problème nous-mêmes?" Suggéra Arthur. Alfred avait presque oublié qu'il était là, et sa voix, enrouée par les années de cigarette, le ramena à la réalité qu'il n'était pas seul et qu'il devait se ressaisir.
"Yeah, bonne idée. Tu peux rester dans la voiture si tu veux."
"D'accord."
Alfred sortit de la voiture et se dirigea vers le capot. Ils étaient déjà bien plus au nord de New York City, entourés de collines verdoyantes et d'arbres en fleurs et d'un monde complètement différent de la ville animée dans laquelle ils avaient été piégés auparavant. L'air était plus frais, il n'y avait pas autant de voitures et tout semblait plus calme. Tout sauf son moteur qui fumait.
Il remonta dans la voiture en soupirant et en affichant son anxiété sur son visage. Il ne pouvait pas le cacher, même un peu.
"Alors?" Demanda Arthur. Il avait posé ses pieds et levé ses lunettes de soleil.
"Eh bien," commença Alfred, "Le moteur est pratiquement inutilisable. Je ne peux pas te dire pourquoi ni comment, mais je suppose que j'ai fait quelque chose de grave dans mon passé pour mériter ça, qui sait? Peut-être que c'est le karma pour t'avoir kidnappé."
"Ça ne m'étonnerait pas."
"Donc, pour faire court, la voiture ne va pas bouger de cet endroit sans être remorquée."
"Très bien. Appelle qui tu veux, alors. Ils peuvent remorquer la voiture jusqu'à l'atelier de réparation le plus proche."
"Yeah, bien..." Alfred prit son GSM et le fixa. Désespérément. Sans espoir. "Il n'y a pas de réseau ici."
"Oh."
"Yeah."
"On peut marcher jusque-?"
"Quoi, tu veux dire 15 miles?"
"Oh."
"Yeah." Alfred pencha la tête en arrière et regarda le toit de la voiture. "Je veux dire, c'est faisable, mais ça prendrait au moins deux heures et demie."
"J'imagine." Arthur regarda par la fenêtre et pinça les lèvres. "Des idées?"
"Eh bien..."
Deux minutes plus tard, Alfred était debout sur le bord de la route, le pouce tendu, et Arthur était assis à côté de lui sur l'herbe avec leurs petits sacs. C'était la meilleure chose qu'Alfred ait pu trouver et, pour être honnête avec lui-même, il avait toujours eu envie de faire de l'auto-stop. Il afficha son plus beau sourire et laissa sa main se balancer de haut en bas, tendue pour que tout le monde puisse la voir. Il n'y avait aucun espoir pour lui de réparer la voiture à ce stade - il connaissait les étapes, mais il n'avait aucun des matériaux de réparation dont il avait besoin. Sans dépanneur et avec un long chemin à parcourir sur l'autoroute, Alfred et Arthur avaient décidé que c'était le moyen le plus efficace, même si cela signifiait se soumettre à des inconnus potentiellement dangereux (bien que généreux).
"On peut alterner quand tes bras sont fatigués," dit Arthur. Il serrait ses jambes contre sa poitrine, le menton sur ses genoux, l'air très ennuyé et fumait une cigarette. C'était un bon look pour lui.
"S'il te plaît. Comme si ça pouvait arriver à un héros comme moi."
"Va te faire foutre."
"L'Amérique est pleine de gens sympas. Quelqu'un va certainement venir nous chercher."
"Si tu le dis."
Il faisait encore jour, il faudrait donc attendre un moment avant de devoir commencer à marcher pour quitter l'autoroute avant la nuit.
Alfred n'était pas sûr du temps qu'il avait passé à lever son pouce, passant d'un bras à l'autre, souriant et saluant comme s'il était une sorte de célébrité. Il recevait quelques sourires en retour, quelques signes de la main, quelques regards d'excuse, mais toujours personne ne s'arrêtait. Cela devenait mentalement épuisant. Arthur semblait fatigué (ils n'avaient pas beaucoup dormi la nuit dernière) et leurs conversations étaient courtes et léthargiques. Au moins, le temps était agréable et le paysage était magnifique.
Une heure plus tard, une petite Peugeot 208 bleu foncé passa et, à la vue d'Alfred, maintenant fatigué, et d'Arthur, somnolent et recroquevillé, se gara et s'arrêta lentement. L'énergie d'Alfred lui revint et il poussa un cri d'excitation.
"Oui! Tu vois? Je te l'avais dit!"
"Merveilleux. Maintenant aide-moi à me lever avant qu'ils ne changent d'avis."
Ils prirent leurs sacs et se dirigèrent vers l'endroit où la voiture s'était arrêtée après qu'Alfred se soit assuré que la Thunderbird était verrouillée et qu'ils avaient tout ce dont ils avaient besoin. Avant de monter dans la voiture, il frappa à la vitre du siège passager, teintée pour que les passagers ne soient pas visibles. Ils baissèrent la vitre et Alfred se pencha en avant tandis qu'Arthur attendait à quelques mètres de là.
"Hi," salua Alfred avec un sourire. "Merci beaucoup de vous être arrêté."
"Bien sûr, chéri. Tu es si mignon que je n'ai pas pu m'en empêcher."
L'homme qui parlait était à la place du conducteur, une main sur le volant et l'autre sur le levier. Alfred n'avait jamais vu quelqu'un qui se déplaçait aussi bien que l'eau, les mouvements fluides et rythmés. L'homme avait des cheveux blonds chatoyants attachés en queue de cheval désordonnée mais élégante, des lèvres brillantes de gloss rose, des yeux bleus chaleureux. Il portait une chemise à col violet ouverte sur la poitrine et rentrée dans un pantalon noir moulant, un pendentif en forme de drapeau français et des boucles d'oreilles en or massif.
"Qu'est-ce que tu racontes? C'est moi qui t'ai dit de t'arrêter," dit l'homme assis à côté de lui. Un homme plus foncé mais plus brillant, aux cheveux bruns négligés, à la peau olivâtre et aux yeux presque aussi verts que l'herbe d'été. Son sourire était ensoleillé et contagieux. L'homme blond parlait avec un fort accent français, bien que sa voix soit douce et musicale, tandis que l'homme aux cheveux bruns parlait avec un autre type d'accent- espagnol, peut-être? L'entrelacement de leurs voix était vraiment magnifique, pensa Alfred.
"Dans tous les cas, nous sommes heureux de vous aider," dit le Français d'un geste de la main. "N'est-ce pas, Antonio?"
"Claro. Plus on est de fous, plus on rit."
"Où allez-vous les gars?"
"Lake Placid," répondit le Français. Son sourire était très simple. "Environ une heure au nord. C'est le plus loin qu'on puisse vous emmener."
"Super. Hey, Arthur! Que penses-tu de Lake Placid?"
"Ça a l'air placide."
"Très bien. Je suppose qu'on va au Lake Placid," Alfred sourit. Mais lorsqu'il se retourna vers les hommes dans la voiture, le Français avait les yeux écarquillés et semblait à la fois cacher un sourire et résister à la tentation de crier.
"Arthur?" répéta-t-il. Il tendit la main et remua les doigts. "Chéri, qui est ton ami?"
"Hey, Arthur, viens te présenter."
Arthur plaça son visage à côté de celui d'Alfred. Mais avant même qu'il ait pu dire un mot, la couleur disparut de son visage, sa mâchoire resta ouverte et ses mots semblèrent le quitter. Il fixait le visage du Français comme s'il avait vu un fantôme et était complètement terrifié.
"F...François?!" cria-t-il finalement. Le Français, en réponse, esquissa un sourire exalté d'une oreille à l'autre et bondit légèrement sur son siège.
"Arthur! Mon choupinou! Oh là là, le monde est petit, n'est-ce pas?"
"Beaucoup trop petit, si tu veux mon avis! Pourquoi fallait-il que ce soit toi parmi tous les autres?" Cria Arthur. Il était tellement en colère, tellement énervé, qu'Alfred pouvait voir la tension dans ses tempes et sa mâchoire.
"Vous vous connaissez tous les deux, alors?" Demanda Alfred avec précaution. Le tempérament d'Arthur s'était enflammé et il ne voulait pas marcher sur des mines terrestres.
"Oui, en effet," François fit un clin d'œil. "Arthur et moi étions autrefois les amoureux les plus passionnés."
"Ta gueule, bâtard!"
Antonio semblait tout aussi surpris, confus et amusé qu'Alfred.
"Oh, mais Arthur, n'avons-nous pas passé les jours les plus exaltants ensemble?" François rayonnait. Il plissait les lèvres, clignait ses longs cils et parlait d'une voix rêveuse. "Ne me blesse pas de cette façon, mon amour!"
"Non. Je te hais. Al, on ne va pas avec eux. On va attendre les prochains idiots qui passeront par là."
"Mais—"
"Je ne roulerai pas avec cette grenouille, même si je dois passer la nuit à dormir sur le bord de la route."
"Arthur! Allez. Même si vous avez eu une relation, tu ne peux pas juste enterrer la hache de guerre? Passer à autre chose?"
"Ne t'en fais pas, adorable enfant," l'interrompit François. Il s'adressait maintenant à Alfred. "On a enterré la hache de guerre il y a longtemps. N'est-ce pas, Antonio?"
"Je l'espère," rit Antonio. Il se pencha sur le siège et embrassa légèrement les lèvres de François.
"Tu vois! Rien à craindre. Lake Placid semble bien, de toute façon."
Arthur croisa les bras et détourna le regard, rougissant à présent énormément et faisant la moue comme un enfant qui pique une crise. Alfred avait instantanément commencé à aimer ce beau couple facile à vivre, conduisant leur petite voiture mignonne et prenant ces auto-stoppeurs désespérés. Il aimait le son de leurs voix, leur façon de parler et l'éclat généreux et gentil qu'ils avaient tous les deux dans les yeux. L'un bleu, l'autre vert, comme deux pièces assorties dans une parure de bijoux. Il voulait rouler avec eux. Et il voulait quitter l'autoroute et faire remorquer sa voiture rapidement.
"Allez, s'il te plaît? S'il te plaît? S'il te plaît?" À chaque mot, Alfred se rapprochait du visage d'Arthur, joignant ses mains et faisant sa tête de chien battu. Celle à laquelle très peu de gens étaient connus pour résister.
"Non."
"Oh, Arthur, fais-le au moins pour ce précieux garçon," roucoula François.
"Ta gueule."
"C'est seulement une heure," souligna Antonio. "Ça sera vraiment très rapide. Tu pourras même faire la sieste si tu veux!"
"Non."
"Pleeeeeaaaseeeee?" le supplia Alfred. Arthur avait évité son regard, mais lorsqu'il jeta un coup d'œil à l'expression pathétique et larmoyante d'Alfred, il laissa échapper un soupir, roula des yeux et décroisa les bras.
"Fine! Mais c'est seulement parce que je t'en dois une," grommela-t-il.
"Oui!"
"¡Estupendo! Grimpez."
Ils jetèrent leurs sacs dans le coffre et s'assirent à l'arrière de la voiture, Arthur derrière François et Alfred derrière Antonio.
"J suis Alfred. Alfred F. Jones," sourit-il. Il pouvait croiser le regard de François dans le rétroviseur. "Enchanté de vous rencontrer. C'est vraiment très gentil de votre part."
"Oh là là, tu es une beauté," gloussa François. Alfred sentit ses joues devenir chaudes lorsque le Français se retourna sur le siège du conducteur et approcha son visage. Les yeux rivés sur ceux d'Alfred, il prit sa main et l'embrassa, laissant ses lèvres s'attarder. "Enchanté, chéri."
"D-de même."
"Pas de problème, Alfred," continua François. Puis François mit la voiture en marche et ils continuèrent sur l'autoroute. "Mon nom est François Bonnefoy. Appelle-moi François. Et voici mon conjoint, Antonio Carriedo."
"Vous allez faire un petit voyage au Lake Placid?"
"Non, nous possédons une auberge là-bas," dit Antonio.
"Oh. Cool." Il se déplaça dans son siège et jeta un coup d'œil à Arthur. Il avait l'air très différent assis sur la banquette arrière de cette voiture que sur le siège passager de la Thunderbird. "Alors, toi et Arthur, vous étiez vraiment...?"
"Oui, j'en ai peur," rit François. "On s'est rencontrés quand je vivais à Londres pour un petit moment. Ce n'était pas très long, mais nous avons eu une aventure, comme on dit."
"J'ai essayé de l'effacer de ma mémoire, mais d'une manière ou d'une autre, tu continues à apparaître dans ma vie," soupira Arthur.
"Il est un peu dramatique, n'est-ce pas?" François fit un clin d'œil dans le miroir. "Nous sommes en fait de bons amis depuis lors."
"Tu as une définition tordue de l'amitié, frog."
"Tu as toujours aimé ce nom d'animal."
"Va te faire foutre."
"Le monde est petit," rit Alfred.
"Comment vous connaissez-vous?" Demanda François. Alfred et Arthur se regardèrent anxieusement.
"Il était ici pour un shooting et on s'est rencontré dans un bar," mentit Alfred. Autant il portait son cœur sur la main, autant il était un excellent menteur. "On a décidé qu'on avait tous les deux besoin de s'éloigner, et nous voilà."
"Intéressant. Arthur n'est pas du genre à s'ouvrir facilement. N'est-ce pas, Arthur?"
"Peut-être que tu penses ça parce que je te déteste."
"Ce n'est pas ce que tu disais quand on était au lit ensemble."
"Va te faire enculer, espèce de singe mangeur de fromage."
"Ow, mon Coeur."
Antonio et Alfred riaient, et Alfred se sentait à l'aise. Des moments comme celui-ci étaient ce qu'il recherchait dans son voyage d'évasion. Il aimait Coach, et aimait être près de lui, mais Coach lui rappelait trop son passé, son présent, ses échecs. Rencontrer des étrangers, rire avec eux, était une expérience différente dont il avait désespérément besoin. C'était exactement ce dont il avait désespérément besoin.
Tous les quatre restèrent silencieux pendant quelques minutes, écoutant une musique classique granuleuse s'élever de la radio.
"Que fais-tu, Alfie?" Demanda finalement François. Alfred fut d'abord déconcerté par l'utilisation de ce surnom, mais il aimait la façon dont il sonnait sur la langue française de François. Antonio s'adossa à son siège et ferma les yeux en souriant doucement, tandis qu'Arthur s'appuya contre la vitre, persistant dans son attitude grincheuse.
"En fait, je suis un lutteur de l'UFC," dit Alfred. "Tu connais le MMA?"
"Bien sûr. Je ne regarde pas, hélas. Mais c'est excitant. Tu dois être très fort et puissant."
"Eh bien, je suppose..."
"Tu dois avoir du talent pour aller avec ces traits ciselés. Pas besoin d'être modeste, chéri. Je n'y connais rien, alors tu pourrais me dire que tu es le meilleur du monde et je n'en saurais rien."
Alfred pouvait voir le sourire de François à l'éclat de ses yeux dans le miroir. Mais les mots avaient quand même touché quelque chose de sensible dans son cœur. Il sourit, se tut, regarda les arbres qui défilaient.
Pendant l'heure qui suivit, ils firent une conversation oiseuse. Antonio dormait, mais Alfred remarqua que sa main tenait celle de François même dans son sommeil. Il était clair alors qu'Arthur et François avaient vraiment enterré la hache de guerre depuis longtemps.
Arthur restait silencieux et bouillonnant, et cette vue suffisait à faire frissonner les lèvres d'Alfred. Il avait envie d'embrasser à nouveau ces lèvres pulpeuses, cette joue écrasée contre la vitre, ce cou pâle qui avait paru si parfait tendu hors de sa voiture.
Environ une heure plus tard, ils quittèrent l'autoroute et entrèrent dans le village coloré et montagneux de Lake Placid.
TRADUCTION Lovely As You Are de SadLesbianPrincess
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