Arthur pensait que c'était le moment où Alfred était le plus beau.

Allongé sur le sol de la chambre, les pieds appuyés contre la porte qui donnait sur le balcon. Les rayons orange, rouges et violets du soleil tombant sur son corps, illuminant sa peau comme un arc-en-ciel ombragé. Ses lignes de bronzage sont nettes et absolument désopilantes. Une casquette de baseball des Yankees posée de travers sur sa tête, une sucette aux lèvres et une bouteille de Coca non finie à côté de lui. Vêtu de son boxer et de sa peau bronzée, il fixait le plafond d'un air absent. Ses doigts s'emmêlaient distraitement dans les cheveux d'Arthur tandis qu'il appuyait sa tête sur son ventre et observait les détails de son visage. Même s'il ne pouvait pas voir Arthur le regarder, il pouvait néanmoins sentir son regard. Alors qu'ils reposaient fatigués et chauds d'amour. C'est là qu'Alfred était le plus beau. Arthur ne pouvait pas détacher son regard. Il voulait tendre la main et boire cette bouteille de coca, lécher la sucette, voler la casquette d'Alfred et la mettre sur la sienne pour sentir qu'ils pouvaient la partager ensemble. Il tendit le bras et attrapa l'autre main d'Alfred, celle qui n'était pas perdue dans les cheveux d'Arthur, et il ajusta leurs doigts ensemble.

"Combien de personnes ont déjà séjourné dans cette chambre, à ton avis?" Demanda Alfred. Sa voix était basse, traînante, les mots légèrement flous. Elle se déplaçait dans la pièce comme un papillon novice dans le monde du vol.

"Je ne sais pas. Ça dépend de depuis combien de temps cette grenouille gère cet endroit."

"Probablement des centaines. Des milliers. Des millions."

"Je n'en suis pas si sûr."

"C'est une chambre tellement agréable à vivre. Elle a une vue imprenable sur le coucher de soleil et le lac..."

"Yeah."

Il aimait la façon dont le ventre d'Alfred vibrait contre sa joue quand il parlait. C'était doux, chaud et apaisant. Il aurait pu s'endormir, si seulement il n'était pas si désespéré de continuer à regarder Alfred.

"Tu crois que des gens ont déjà fait l'amour dans ce lit?" Dit Alfred.

"Probablement."

"Des hommes? Des femmes? Les deux?"

"Les deux."

"C'est une sensation bizarre."

"De quoi?"

"D'avoir fait l'amour dans le même lit qu'eux."

"Pourquoi?"

"Je ne sais pas. C'est comme si on avait partagé quelque chose de vraiment intime avec eux. Comme si on se rencontrait, on se sentirait vraiment proches."

"Tu es vraiment bizarre."

"Tu dis toujours ça."

"Parce que c'est vrai."

"Mais pas suffisamment bizarre pour que tu ne veuilles pas me baiser."

"Putain, bien sûr que je veux bien te baiser. Tu es un excellent coup."

"Tu as toujours su que tu étais gay ?"

"Peut-être."

"Peut-être?"

"Je n'y ai jamais vraiment pensé. Mais je suppose que je le savais. C'était juste une partie de moi, quelque chose sur laquelle je ne me concentrais pas mais qui existait en moi."

"Tu n'as jamais songé à ta propre orientation sexuelle?"

"Je n'avais jamais pensé à quoi que ce soit de sexuel jusqu'à ce que je rencontre François."

"Whoa, sérieux?"

"Oui. C'était mon premier amour."

"Jamais?"

"Jamais." Arthur aimait la façon dont Alfred caressait ses cheveux. En rythme, il démêlait ses cheveux avec ses pouces, ses index et ses paumes calleux. Saisissant ses doigts, Arthur sourit. Alfred était toujours plein d'énergie, toujours à courir partout, toujours bruyant. Le crépuscule semblait le rendre fatigué. Il clignait lentement des yeux au plafond, ne remettait pas sa casquette en place quand elle commençait à glisser, pouvait à peine serrer les doigts d'Arthur en retour. Il bougeait si innocemment, si merveilleusement.

"Et après lui?"

"Lorsque j'ai percé dans l'industrie du mannequinat, tu peux imaginer l'accès que j'avais."

"Aux belles personnes, tu veux dire."

"Oui. Je n'ai jamais été attiré par aucune de ces femmes."

"Donc tu as juste pensé que tu étais gay."

"Comme je l'ai dit, je n'y ai jamais songé. Ce n'est pas comme ça que j'y pense."

"Comment, alors?"

"Je tombe amoureux d'une personne, pas de ses organes génitaux ou de son identité sexuelle."

"C'est bien, je suppose. C'est toujours de l'amour? Jamais juste une aventure?"

Arthur haussa les épaules.

"J'en ai eu quelques-uns. Mais je n'aime pas ça."

"Oh."

"Et toi?"

"Je pense que j'aime tout le monde."

"Vraiment."

"Yeah. Je veux dire, je n'aime pas que les mecs et je n'aime pas que les filles."

"Tu aimes les flirts, je suppose."

"En général," dit Alfred calmement. Puis il serra la main d'Arthur et, bien qu'il ne le regardât pas, Arthur put voir le sourire sur ses lèvres humides et heureuses. "Plus vraiment maintenant."

"Non?"

"Nope. En plus, tu es de loin ma prise la plus sexy."

"Tu peux écrire mon nom dans ton journal et mettre une étoile à côté."

"Quand es-tu tombé amoureux de moi?"

"Euh?"

"Comme, à quel moment as-tu décrété que tu m'aimais? Peu importe ce que ça veut dire."

"Je ne pense pas qu'il y ait eu un moment précis. Oh, peut-être quand on s'est faufilé hors de l'hôpital."

"J'ai réalisé que j'étais amoureux de toi quand je t'ai vu pleurer. Tu te souviens?"

"J'essaie de ne pas y penser."

"Je détestais tellement ça, et je voulais tellement l'arrêter, que je me suis dit que ça devait être de l'amour."

"Conclusion raisonnable."

"I love you, Arthur."

"Prouve-le."

"Je te donne ma sucette."

"Je suis convaincu."

Arthur se redressa et saisit la sucette directement des lèvres d'Alfred. Il la mit dans sa bouche, ferma les yeux et se contenta de sentir la peau d'Alfred. Il écoutait les grondements silencieux de son estomac, se demandant pourquoi ils avaient décidé de venir sur le sol plutôt que sur le lit. Les draps étaient trop sales ? Trop chauds ? Trop confortable, peut-être ? Le sol lui faisait un peu mal au dos. Ça lui donnait une raison de se rapprocher d'Alfred, peut-être. Ou peut-être voulaient-ils simplement être étranges et s'allonger sur le sol, écouter Ben Howard et sucer des sucettes et les doigts de l'autre.

"Will you be there when the day's done, will you be there," chanta-t-il, "under the same sun?"
(Seras-tu là quand la journée sera finie, seras-tu là sous le même soleil?)

"Comment en est-on arrivé là, Al?"

"Je n'en sais rien."

"Je devrais être à Londres."

"Je devrais être à Big Apple." (The Big Apple est l'un des surnoms pour la ville de New York.)

"On ne devrait probablement pas être ensemble."

"Mais nous le sommes."

"Je t'aime. Mais le dire semble étrange."

"C'est bon. Peut-être que si tu le dis plus souvent, ça cessera d'être étrange."

"Ne perdra-t-il pas son sens?"

"Je ne pense pas. Il y a différentes façons de dire je t'aime, de toute façon."

"Ah bon?"

"Ouais. Comme, tu es très beau quand tu te réveilles le matin."

"Envoie-moi un message quand tu rentres."

"Je peux te brosser les cheveux?"

"Tiens, prends une cigarette."

"Fuis cet hôpital avec moi."

"Roulons pour toujours."

"Ton accent sonne comme une symphonie."

"Je veux te voler ton boxer."

"Ne lâche pas."

"Sois prudent."

Ils riaient maintenant. Des gloussements silencieux, épuisés, qui volaient leurs dernières énergies. Arthur avait presque fini la sucette, son esprit tournait et était étourdi par les innombrables façons dont il aimait ce garçon.

"Est-ce que je suis vraiment beau quand je me réveille le matin?" S'entendit-il demander.

"Comme un Dieu."

"Tu sais à quoi ressemble un Dieu?"

"À toi."

La respiration d'Alfred devenait plus lente, plus régulière, sa voix dérivait comme une chanson lointaine.

"Tu t'endors?"

"Tu ne veux pas que je m'endors?"

"On devrait aller au lit?"

"Non. J'aime bien être ici. Je peux mieux entendre la musique."

"Yeah?"

"Je veux savoir ce que ça fait de se réveiller avec toi dans mes bras sur le sol."

"Tu es si bizarre."

"Mhmm."

Arthur céda parce que, inexplicablement, il ressentait la même chose. La musique sonnait bien mieux depuis le sol. Il souleva sa tête du ventre d'Alfred et rampa jusqu'à lui. Il retira la sucette de ses lèvres et la fourra dans l'ouverture de la bouteille de coca, puis il enfouit son visage dans le cou doux et chaud d'Alfred. Il glissa son bras sur le torse d'Alfred et pressa ses jambes contre les siennes.

"On devrait prendre la couverture, cependant. Sinon tu vas tomber malade," chuchota Alfred.

"Mm."

Il se redressa et tira la couverture du lit sans bouger. Il la posa sur eux, puis il tourna son visage et embrassa le front d'Arthur. Il ne retira pas ses lèvres. Il enroula son bras autour du corps recroquevillé d'Arthur et commença à s'endormir.

"Enlève tes lunettes, love."

"D'accord."

Ils s'endormirent ensemble.

"Lovely as you are," chanta Ben Howard. "Lovely as you are, lovely as you are."
(Charmant comme tu es, charmant comme tu es, charmant comme tu es.)


Au milieu de la nuit, entre deux à quatre heures, Arthur se réveilla, comme il le faisait parfois. Ses habitudes lui disaient de se lever et d'aller à la salle de bain -débarrasse-toi de cette sucette, gros lard- mais il ne pouvait pas bouger ses membres. Il n'avait pas l'énergie pour se lever du sol. Et il avait froid. Il réalisa qu'Alfred ne le tenait plus, peut-être éloigné par les mouvements naturels du sommeil. Il n'aimait toujours pas ça. Dans l'obscurité, enveloppé par la douce musique qui continuait à jouer, il se hissa vers son compagnon, son partenaire, son amant, impatient de sentir ses bras l'envelopper. Quand il revint enfin vers Alfred, étendu sur le sol et gémissant doucement dans son sommeil, il remarqua quelque chose d'étrange. Ils avaient oublié de fermer les stores, et le clair de lune s'infiltrait dans l'obscurité. Dans cette lumière argentée, il vit des larmes scintiller sur les joues d'Alfred. Mais Alfred était, sans aucun doute, endormi. Arthur ressentait un tiraillement dans son estomac, un pincement au cœur, en regardant ces larmes innocentes couler sur ces joues innocentes.

"De quoi rêves-tu, love ?" Murmura-t-il contre le cou d'Alfred. "Ça doit être un cauchemar."

Il se pencha et embrassa chacune de ses larmes.

"Tout va bien," continua-t-il. Il se blottit contre le torse d'Alfred, embrassa son épaule et prit sa chaleur silencieuse. "On fait tous des cauchemars."

Comme si Alfred pouvait entendre la voix d'Arthur dans ses rêves, il se retourna et entoura de ses deux bras le corps délicat d'Arthur, le serra contre sa torse, laissa ses lèvres s'écraser sur le front d'Arthur.

"Souviens-toi juste que je suis là, même si tu ne peux pas me voir."

Arthur se cramponna et se concentra autant qu'il put sur les battements du cœur d'Alfred. Comme une horloge, une bombe à retardement, des vagues s'écrasant contre le flanc d'une falaise. Un monde entier qui explose et renaît en un instant, c'était le cœur d'Alfred.

"Tu peux me serrer dans tes bras pour traverser tous tes cauchemars."

Il sentait le bonheur, les nuits d'été et les sucettes à la fraise.

"Je ne peux pas promettre que je n'aurai pas les miens, cependant. J'espère que nous ne ferons pas ces affreux cauchemars en même temps, nous ne pourrons pas nous aider mutuellement."

Il s'endormit en se demandant si Alfred l'avait déjà tenu comme ça, pendant qu'il dormait, et lui avait chuchoté qu'il l'aimait quand il ne pouvait pas l'entendre.

"I love you."

Je t'aime.


Ils passèrent le jour suivant au lac, Alfred nageant librement tandis qu'Arthur s'accrochait à lui pour sauver sa vie. Ils étaient à l'aise et ne sentaient aucun fardeau sur leur dos, si ce n'est le même bagage qu'ils portaient toujours avec eux; il n'y avait personne d'autre pour les embêter. Ils étaient seuls l'un avec l'autre et heureux et ils souriaient comme si c'était la fin du monde et qu'ils n'avaient pas d'autre choix que de sourire.

"Tes dents sont de travers," dit Alfred à un moment donné.

"Tu penses ça parce que tu es américain."

"Et tu as un écart entre tes deux dents de devant."

"Ton cerveau a quelques lacunes."

"Aw, allez, tu sais que je te trouve magnifique."

François et Antonio les invitèrent à dîner ensemble, dans un bon restaurant à dix minutes de l'auberge. Ils les rejoignirent, malgré les protestations timides d'Arthur, et leur conversation fut animée et romantique. Ils parlèrent de la magnificence du lac, de la façon dont ils avaient construit cette auberge ensemble, de tous les gens qu'ils avaient vus entrer et sortir de cette ville. François essayait d'évoquer le passé, de raconter des histoires nostalgiques de ses ébats à Londres avec Arthur, mais Arthur ne voulait pas le laisser faire. Sous la table, tandis qu'il utilisait son autre main pour fumer une cigarette, Arthur effleurait les doigts d'Alfred. Ils se taquinaient, se frôlaient les jambes, retenaient leurs rires. Ils passèrent l'après-midi à se promener dans la ville, à récupérer la voiture d'Alfred chez le garagiste et à la ramener à l'auberge, à graviter vers le lac pour regarder le soleil se coucher sur les eaux tandis qu'Arthur s'asseyait sur le ponton et qu'Alfred tirait sur ses jambes dans l'eau, à faire un tour dans les boutiques et les magasins d'antiquités qui parsèment cet endroit.

"Cette cravate fait ressortir tes yeux," dit Arthur, en tenant une cravate bleue contre la poitrine d'Alfred.

"Oh yeah?"

Alfred prit la pose, la main au menton, le regard tourné vers le haut, les lèvres inutilement pincées.

"Comment c'est, M. Modèle fantaisie?"

"Laisse tomber, wanker."

Ils se tenaient la main en marchant. Ils ne se souciaient pas beaucoup de ce que les autres pensaient. Arthur ne s'en souciait certainement pas. Il avait été sous les feux de la rampe suffisamment de fois pour savoir que se soucier de ce que les autres pensaient n'était guère productif. Il croyait fermement que c'est la perception que l'on a de soi-même qui nous définit.

Au souper, Alfred et Arthur se sont disputés.

Ils avaient déjà eu des conflits auparavant -des conflits occasionnels, fugaces, qui n'avaient que peu ou pas d'importance- mais jamais de dispute. Là, c'était une dispute.

Tout a commencé quand Alfred a demandé à Arthur pourquoi il ne mangeait pas. Ils avaient décidé de souper dans leur chambre à nouveau, puisqu'ils étaient fatigués et peu enclins à dépenser beaucoup plus d'argent. Un plat chinois à emporter, ce qu'Arthur avait expliqué à Alfred qu'ils avaient aussi à Londres.

"Il y en a plein," ajouta-t-il.

Mais à présent, ils étaient assis à la table du balcon, Alfred avait presque terminé sa deuxième assiette et Arthur prenait son repas sans faire d'effort.

"Hey," dit Alfred d'une voix étouffée, "Tu ne manges pas?"

"Non. Je n'ai pas faim. Peut-être que si j'ai un petit creux plus tard..."

"Mais tu n'as pas mangé depuis le dîner. Tu dois avoir faim."

"Je n'ai pas besoin d'être quoi que ce soit. Je n'ai juste pas faim, d'accord?" D'une certaine manière, le ton inconscient mais exigeant d'Alfred l'irritait. Il mit une cigarette dans sa bouche et l'alluma. Alfred le regarda fixement, avala sa bouchée et posa ses baguettes.

"Juste un petit peu. J'ai fait tout le chemin jusqu'au magasin pour l'acheter," insista-t-il. Arthur soupira en expirant la fumée de ses poumons.

"Désolé, princess, mais je n'ai vraiment pas faim."

Pour prouver son point de vue, de la manière la plus immature qui soit, Arthur tint sa cigarette d'une main et repoussa son assiette de l'autre. Comme un enfant qui désobéissait à sa mère.

"Wow," grommela Alfred. "Tu n'as pas à être si ingrat."

Arthur détestait ce mot. Presque plus que tout.

"Et que connais-tu de la gratitude? Ne me sors pas ces conneries."

"Tout ce que je dis, c'est que tu pourrais être un peu plus reconnaissant. Ou tu aurais pu me dire que tu n'avais pas faim, et je—"

"Tu n'avais cas pas prendre la peine de me donner quelque chose," interrompit Arthur. "Je suis désolé d'avoir gâché ta soirée."

"Arthur, voyons."

"Voyons quoi."

"Ne sois pas comme ça. Tu n'as pas besoin de prétendre que tu n'as pas faim avec moi. Tu sais que je—"

"C'est drôle. Tous les Américains sont comme ça?"

"Comme quoi?"

"Vous pensez tous que le monde tourne autour de vous? Il ne s'agit pas de toi, Alfred. Je suis désolé de t'avoir fait marcher jusqu'au restaurant chinois. Je suis désolé d'être un salaud si peu reconnaissant. Mais je ne fais pas semblant de ne pas avoir faim pour toi, parce que je me fous complètement de ce que tu penses. Je n'ai juste pas très faim, putain."

Sa voix était devenue plus forte qu'il ne l'avait voulu. Alfred le regardait fixement, les yeux écarquillés derrière ses fines lunettes carrées. Comme s'il venait d'être giflé. Arthur se leva de table, repoussant sa chaise avec un crissement, et tira une nouvelle bouffée de sa cigarette.

"Tu penses que juste parce que j'ai dit que je t'aime quelques fois, cela signifie que chaque putain de chose que je fais est pour toi? S'il te plaît, Alfred, ne te flatte pas."

"Arthur."

"Mange tout toi-même, je ne vais pas en prendre."

Arthur pensait que c'était la fin. Il avait blessé Alfred, il allait rentrer à l'intérieur et finir de fumer, il allait se coucher et au milieu de la nuit, quand il serait excité et affamé d'amour, il s'excuserait.

Ça ne se passa pas du tout comme ça.

"Hey!" Alfred se leva de table, lui aussi. Sa chaise était encore plus bruyante que celle d'Arthur. Arthur se retourna pour lui faire face. "C'est quoi ton problème?"

"Mon problème? C'est toi qui as un problème, tu penses que tout tourne autour de toi."

"Ce n'est pas ce que je voulais dire et tu le sais. Pourquoi ne peux-tu pas accepter que je m'inquiète pour toi et suivre mes conseils?"

"Tu peux être aussi inquiet que tu veux, ça ne fait aucune différence pour moi."

"Donc tu ne te soucies pas du tout de ce que je pense?"

"Non. Je m'en fous de ce que les gens pensent."

"Maintenant, tu mens carrément. Tu te soucies tellement de ce que les gens pensent."

"Tu ne sais rien de moi."

"Je sais que tu te soucies beaucoup trop putain."

"What?"

"Tu ne fais que te concentrer sur ce que les autres pensent! C'est pour ça que tu as fini à l'hôpital en premier lieu, n'est-ce pas?"

Alfred aurait aussi bien pu planter un pieu dans le cœur d'Arthur. Cela le transperça, faisant exploser chaque partie de son corps dans une douleur ardente. Sa vue se brouilla et il se sentit étourdi. Triste, en colère, déprimé, furieux, un tourbillon de tous les sentiments horribles qu'il n'a jamais eu. Il se détourna, incapable de regarder un instant de plus le visage d'Alfred, en colère et recroquevillé. Il avait envie de vomir, vraiment vomir.

"Putain, Arthur, je suis désolé..."

"Au moins, je suis honnête avec moi-même!" Cria Arthur. Il avait laissé la colère prendre le dessus sur lui. De toutes les émotions, la colère était celle qui gagnait. La douleur et la colère. "Je n'ai pas fini à l'hôpital à cause d'un rêve tordu que j'ai fait comme toi."

Alfred cligna des yeux, interrompu au milieu de ses excuses. Arthur regrettait de l'avoir dit, mais tout ce qu'il pouvait voir maintenant était rouge.

"Je connais mes limites. Je n'ai pas l'illusion d'être un grand champion, ou quoi que ce soit d'autre dont tu parles toujours."

Stop, Arthur.

Ça suffit.

"Si quelqu'un se soucie de ce que les autres pensent, c'est bien toi!"

"Comme si tu savais quoi que ce soit de mes rêves! Tu ne penses qu'à toi, enfermée dans ta stupide salle de bain avec tes stupides chocolats et tes stupides cigarettes."

Alors qu'Alfred criait, Arthur rentra en trombe à l'intérieur. Il se dirigeait vers la salle de bain. Pour être seul là-bas avec ses chocolats et ses cigarettes.

"Tu vois? Exactement comme ça! Tout le temps!"

"Tu devrais être content de te débarrasser de moi, puisque je ne fais que cracher sur tes grâces et vomir dans tes toilettes."

Arthur aurait dû savoir que le tempérament d'Alfred était comme ça. Cela allait bien avec le reste de sa personnalité volatile et passionnée. Il claqua la porte derrière lui, s'assit par terre et serra ses genoux contre sa poitrine. Il alluma une autre cigarette. Il pouvait entendre les pas lourds d'Alfred de l'autre côté.

"Arthur!" Alfred frappa contre la porte.

"Va te faire foutre, pétasse. Tu as tes précieux punching-balls pour te tenir compagnie, non?"

"Bien! Pourris là-dedans pour ce que j'en ai à battre."

Arthur commença à sangloter quand il entendit la porte claquer. Il n'y avait même pas de quoi vomir dans son estomac.


TRADUCTION Lovely As You Are de SadLesbianPrincess
Originale /works/7689145/chapters/17516257?view_adult=true