«Mes chers joueurs, j'espère que vos débuts dans le jeu ne sont pas trop difficiles. Je me permets de vous recontacter pour quelques petites informations de dernière minute -il se peut qu'il y en ait d'autres à l'avenir.
Tout d'abord, comme certains d'entre vous ont pu le remarquer, les barrières de protection de Poudlard ont été temporairement désactivées! Vous pouvez donc y transplaner en toute tranquillité, vous ne serez pas désintégrés! Par ailleurs, vous êtes dans l'impossibilité de vous rendre à votre domicile. Le jeu s'étend sur des domaines bien précis et il vous est impossible de vous rendre autre part. Pour ceux n'ayant pas prévu cette précaution... j'ai bien peur qu'ils nous aient déjà quittés, désartibulés d'une manière plutôt... désagréable!
Ensuite, je dois vous prévenir qu'un charme de Confusion a été placé sur le voile afin de modifier votre voix. Ainsi, même si une personne qui vous est proche se trouve face à vous, vous serez dans l'impossibilité d'identifier sa voix car le charme vous en empêchera automatiquement.
Je me dois également de vous prévenir du fonctionnement des tours. Ces-derniers se déclenchent de manière totalement aléatoire à toute heure de la journée pour chaque joueur à partir de 8h du matin jusqu'à 10h du soir. Ainsi, votre tour peut avoir lieu à 9h37 en même temps qu'un de vos partenaires aussi bien qu'il peut se dérouler à 14h52. Quoiqu'il en soit vous avez droit à un tour de roue par jour. Vous pouvez utiliser le reste de vos journées à élaborer toutes les théories qui vous semblent nécessaires.
Je crois que c'est tout pour l'instant... bonne continuation à tous et à toutes!
Votre très attentionné organisateur. »
Le message s'évapora dans l'air et Harry soupira. Il était retourné à la Tour Gryffondor en compagnie de Ron faute d'avoir une tente pour camper. Heureusement pour les deux amis, le mot de passe de l'année dernière restait inchangé. Harry s'étira et se leva de son lit. Il jeta un coup d'oeil à la salle de bain, se demandant brièvement s'il était en droit de prendre une douche. Il ne voyait pas très bien comment, étant dans l'impossibilité de retirer son capuchon mais il ne pouvait décemment pas rester des jours sans se laver! Si? De plus sa vessie commençait à être douloureuse.
Harry décida de tenter sa chance tandis que le rouquin dormait encore et s'enferma dans la salle d'eau. Il tenta dans un premier temps de déboutonner sa cape mais ses doigts se heurtèrent à des boutons impossibles à faire bouger ne serait-ce que d'un millimètre. C'est comme s'il avaient été taillés dans la cape elle-même. Il tenta ensuite d'abaisser son pantalon... et y parvint. La bonne nouvelle était qu'il pouvait toujours aller aux toilettes.
Après s'être soulagé, Harry tenta encore une fois de retirer son haut. Sans succès.
Il dû se résoudre à retourner dans le dortoir où Ron s'agitait dans son lit.
«Pas possible c'te truc... Peut même p'us manger et dormir tranquillement, ronchonnait-il.»
Il se leva de son lit, la silhouette voûtée avec un air que Harry devinait renfrogné.
«T'en fais pas Ron, je suis sûr qu'on trouvera une solution pour manger.
- Y'a intérêt parce que bordel de merde si on ne peut plus ni dormir convenablement, ni manger, ni se laver, son jeu il va vite dégénérer à l'autre taré.»
Harry se contenta d'observer pensivement la fenêtre. Il est vrai que la situation allait vite tourner au désastre s'ils continuaient sur cette lignée. Et Harry ne donnerait pas cher de sa peau dans deux ou trois jours. Personnellement, sa tenue ne l'avait pas réellement empêché de dormir. Il est vrai que le fait de dormir avec de tels vêtements avait été étrange au début, mais pas désagréable. À vrai dire, la matière était d'une surprenante fluidité et légèreté ce qui la rendait presque indétectable par moment.
Alors que Harry s'apprêtait à consulter son ami pour la suite des opérations, une roue au cadre argentée apparut brusquement dans son champ de vision. Il regarda les couleurs défiler avec un rythme infernal avant de finalement se stopper sur la case d'une rassurante couleur dorée.
Le compteur disparut et laissa entre les mains de Harry une fiole de forme longiligne dans laquelle reposait un mince filet argenté.
Harry jeta un regard éloquent à son ami qui lui répondit par un haussement d'épaules blasé.
«J'imagine que tu devrais aller dans le bureau de Dumbledore avec ce flacon. Je t'attends ici. Allez, dépêche-toi et reviens vite, qu'on trouve le moyen de manger.»
Harry opina et sortit d'un pas pressé de la pièce.
Il serpenta parmi les couloirs jusqu'à la familière gargouille gardant l'entrée du bureau. Et lança pensivement:
«Sucrées sont les sucreries citronnées.»
La statue pivota et Harry pénétra dans le bureau. Il ne perdit par de temps et se dirigea directement vers le bassin de pierre. Il ouvrit le flacon et le versa avec prudence dans la pensine. Harry prit ensuite une grande inspiration avant d'y plonger la tête la première.
Harry atterrit dans un petit jardin clôturé et à l'abri des regards. La pelouse y était verte et drue et des marguerites parsemaient le sol d'un tapis de fleurs blanches. Une légère brise agitait doucement les branches des arbres alentours.
Harry remarqua alors un homme qui lui faisait dos, assis sur une chaise en bois. Harry décida de s'approcher et découvrit un jeune sorcier à la chevelure aussi rousse que les Weasley et aux yeux bleus pétillant d'un air familier. Harry reconnut Dumbledore qui tenait sur ses genoux une enfant à la peau pâle et aux cheveux blonds. Son teint semblait si blafard qu'on avait l'impression de voir chacune de ses veines sous sa peau diaphane. Elle souriait faiblement en regardant les fleurs qui mouchetaient l'herbe.
«Dit, tu m'emmèneras dehors avec toi un jour?
- Tu sais bien que je ne peux pas, répondit-il d'un air pensif.
- Mais c'est injuste! Je veux sortir! Je ne suis plus un bébé! Pourquoi Maman me garde-t-elle enfermée?
- Écoute, je viens de me rappeler de quelque chose de très important. Je dois y aller. Nous verrons ça plus tard, d'accord?»
En parlant Dumbledore s'était levé et avait chassé l'enfant de ses genoux. Il lui tournait maintenant le dos et s'éloignait à grands pas vers une petite maisonnette.
«Attends Albus! Reviens! Tu m'avais dit-
- Oui, je reviendrais vite, promis.»
Et Dumbledore s'engouffra dans le bâtiment, laissant la petite fille seule au milieu des fleurs.
Harry fut éjecté du bassin de pierre et en resta haletant. Finalement, sa première impression venait d'être confirmée: pour résoudre cette énigme, il ne faudrait pas fouiller le présent mais le passé du défunt directeur, bien plus loin que ce que voulait le montrer la façade du directeur bienveillant. Harry se rendait soudainement compte qu'il ne connaissait absolument rien de l'homme. Il ignorait même qui était cette petite fille sur ses genoux, bien qu'il supposa que c'était sa soeur. Dumbledore avait-il seulement une famille? Cette idée lui laissa un goût étrange dans la bouche. Une impression d'amertume plutôt mal venue.
Tout à ses réflexions il manqua une fois de plus le bruit de la porte. Finalement ce fut un petit toussotement méprisant qui le fit revenir sur terre.
«Monsieur Potter. Quel déplaisir.»
Avec un mouvement qui manquait de fluidité, Harry sortit sa baguette et la pointa sur le nouveau-venu.
«Rangez-moi donc ce ridicule petit morceau de bois dont vous ne méritez même pas la possession. Si j'avais voulu tenter quoique se soit, j'aurai eu amplement le temps au vu de votre lenteur de réaction.
- Qui êtes vous? Demanda-t-il avec insolence en gardant sa prise sur sa baguette.
- Je vous ai dit d'abaisser cet engin Potter. Êtes-vous sourd en plus d'être empoté?
- Vous ne m'avez pas répondu.
- Et je n'ai pas à le faire. Je ne vous dois rien Potter.
- Que me voulez-vous?
- Ce que je vous veux Potter? Mais c'est que la célébrité vous rend totalement égocentrique! Le monde ne tourne pas autour de vous et je ne fais certainement pas partie de toutes ces groupies prêtes à vous lécher les bottes au moindre regard. Remballez votre ego et votre foutue baguette et cessez de me faire perdre mon temps.
- Ce n'est pas moi qui vous ai attaqué par surprise! Rétorqua-t-il vertement.
- Attaqué? Vous voulez rire? Je suis simplement entré dans la pièce. C'est vous qui êtes en train de braquer votre stupide bout de bois sur moi. Dois-je vous rappeler, Monsieur Potter, que les sorts d'offense sont strictement interdits?
- Qui êtes vous bon sang?!!
- Oh, voyez-vous cela, l'enfant choyé du monde sorcier nous pique une crise. Mais vous êtes tombé sur la mauvaise personne Potter, je ne céderai pas à vos ridicules caprices enfantins.Maintenant fermez ce trou qui vous sert de bouche et tâcher de refréner les inepties qui en sortent. »
Harry prit un instant pour réfléchir, prendre du recul sur le soudain de la situation. Cette façon de lui parler avec autant de dédain et de mépris... Il n'y avait qu'une personne pour lui parler ainsi...
«ROGUE?!
- Lamentable Potter. N'importe qui aurait trouvé plus vite (NDA: moi j'en connais qui avaient deviné XD).»
Harry sentit cette bouffée de haine caractéristique qui l'envahissait dès qu'il était face à son odieux professeur de Potions. Ce même concentré de rage qui le prenait chaque fois depuis la mort de Sirius. Toute sa sixième année, ce sale traître était resté hors d'atteinte, confortablement protégé par son statut de professeur. Il tenait enfin sa revanche. L'occasion dont il avait tant rêvée. Sa main trembla de fureur sur sa baguette.
«Vous, cracha-t-il d'un ton venimeux.
- Qu'ai-je donc fait au pauvre petit Survivant? Est-ce parce que je ne l'ai pas choyé comme les autres que je sens tant de mépris dans ce simple mot? Mais je n'ai que faire de votre mépris Potter, ricana-t-il.
- Je vous hais! Hurla le Gryffondor en s'approchant dangereusement, baguette levée.
- Je vous retourne le sentiment.
- Je vais vous-
- Oui, dîtes-moi, qu'allez-vous donc faire Potter? Me répéter que je suis un traître? Me cracher toute votre haine? Tout cela parce que ce sale cabot qui vous servait de parrain est mort? Rendez-vous à l'évidence Potter et cessez de rejeter le blâme sur le premier venu. Si Black est mort c'est uniquement votre faute. C'est vous qui avez aveuglément cru cette stupide vision falsifiée. Vous qui avez foncé tout droit dans un piège. Vous qui l'avez forcé à se déplacer alors même qu'il était en sécurité. Regardez la vérité en face Potter. Vous avez tué Black. Faîtes un peu preuve de réel courage, vous le parfait Gryffondor, et prenez vos responsabilités en main au lieu d'accuser à tort. Les gamineries sont terminées Potter. Nous sommes en guerre je vous rappelle. Il serait temps de cesser les querelles cupides d'adolescents pourris-gâtés. Grandissez et apprenez de vos erreurs, Monsieur le Sauveur.»
Rogue n'avait pas cillé d'un poil tandis qu'il débitait son discours d'une voix acerbe. Ses paroles avaient au moins eu pour effet d'immobiliser Harry un temps durant. Cependant, cela ne dura pas bien longtemps car la haine revint avec une force dévastatrice. Comment osait-il l'accuser d'avoir commis un crime dont il était innocent? C'était lui le meurtrier et il allait payer pour la mort de Sirius.
Harry reprit son avancée avec une détermination farouche et Rogue secoua la tête dédaigneusement.
«Pitoyable.»
Avec un dernier ricanement désabusé, il disparut dans une envolée de capes noires.
Harry regarda l'espace où se trouvait son professeur quelques instants plus tôt. Fureur et dégoût se mêlaient farouchement dans son esprit à vif.
Il avait fuit.
Le lâche. Ce sale traître avait osé le planter ainsi.
Il allait payer. Et Harry veillerait personnellement à ce qu'il reçoive le traitement qu'il méritait.
Qui a dit que ça allait être facile entre les deux là ? Pas moi !
Bon, voici un premier aperçu des sentiments que nos deux petits protégés nourrissent l'un envers l'autre. On a du travail ! Enfin surtout moi...
J'espère que ce chapitre vous aura plu !
À une prochaine,
Lueur Fictionnelle
