«Prêt Harry?»
Ledit Harry jeta un bref regard à l'homme qui lui tendait le bras, les pans de sa cape volant légèrement, agités par la brise automnale.
«Bien sûr, accepta-t-il un sourire heureux sur les lèvres.»
Et les deux sorciers disparurent dans un crac sonore sublimé par une envolée de robes magistrale.
Ils réapparurent dans un endroit sombre où la poussière maculait l'atmosphère, la rendant difficile à inhaler. Les murs et le sol était sales. Mais malgré cela, pas une seule fissure ne décorait le bâtiment. Après tout, c'était tout de même la prison où l'on gardait un puissant et dangereux mage noir!
Un garde les apostropha immédiatement et leur demanda d'une voix sèche:
«Que faîtes-vous ici? Qui vous a donné l'autorisation d'entrer?
- Nous venons voir Grindelwald. Pour le plus grand bien.»
À la dernière phrase le garde sembla se détendre. Et, après un dernier plissement des paupières, il fit signe aux visiteurs de le suivre. Ils s'engouffrèrent dans les dédales crasseux derrière la robe sombre du sorcier.
Au bout de plusieurs minutes, ils s'arrêtèrent finalement devant une cellule où gisait une silhouette squelettique sur une couchette miteuse.
«Vous avez de la visite, Grindelwald.»
Le corps frêle se déroula et laissa place à deux iris grises encadrées par de longs cheveux argentés. L'homme avait la peau abîmée et ridée. Pourtant, un grand sourire fendait son visage, ce qui lui donnait une allure encore plus effrayante. Autrefois, ce sourire devait être assez charismatique, songea Harry. Mais dorénavant, on aurait plus dit qu'un poignard déchirait la peau fripée du sorcier.
«À qui ai-je donc l'honneur? Interrogea-t-il d'une voix rocailleuse.
- Osiris, lâcha l'aîné d'une voix confiante. Je suis accompagné de Harry Potter.
- Le fameux Harry Potter. Petit protégé d'Albus. J'ai ouïe dire de toi quelques fois par des conversations entre les gardes. Ta célébrité traverse même les murs de ma cellule miteuse.
- Justement. Nous venons au sujet d'Albus.
- Ah oui? Ce bon vieux Albus. Et que vous a-t-il dit? Se souvient-il de moi? A-t-il renié nos jours de gloire?
- À vrai dire, il a refusé catégoriquement de dire quoique se soit à votre sujet.
- Cela ne m'étonne guère de sa part. Je crois que quelque part il avait honte de moi. Honte du lien qu'il entretenait jadis avec ce si mauvais sorcier. Honte d'avoir partagé ses idéaux. Honte d'avoir entretenu une complicité presque parfaite avec lui. Honte d'avoir pu être dupé ainsi. Honte de m'avoir abandonné. Honte d'avoir été lâche. Honte de m'avoir rencontré. Honte de m'avoir aimé. Oui. Albus avait honte de moi. Pourtant je n'ai jamais ressenti cela pour lui. Il était indéniablement puissant et je regrette que nos pas aient pris des chemins si différents. Nous étions si parfaits. Si puissants. Mais il a préféré aider ces moldus plutôt que moi. Il a choisi son camp. Je me demande si la fragile Ariana n'était pas morte, où serions-nous aujourd'hui? Sûrement au sommet de notre apogée. D'ailleurs comment se porte-t-il ce vieux fou? Où en est-il avec les Reliques? Pourquoi n'est-il pas avec vous? Et quelles sont ces tenues ridicules que vous portez? Avez-vous peur que je vous contamine d'une quelconque maladie? Railla-t-il dans une quinte de toux.
- Albus est mort.
- Mort? Oh dîtes-moi donc qui a eu l'habilité de le tuer que je le ou la félicite!
- Nous ne savons pas. C'est en partie pour cela que nous nous trouvons ici.
- Comment ça vous ne savez pas? Êtes-vous si incapables de nos jours au point d'ignorer l'assassin du Grand Albus Dumbledore? C'est ridicule. Il doit bien y avoir des indices quelque part. Il suffit de creuser un peu. Mais vous Osiris, qui êtes-vous au juste? Une sorte d'Auror?
- Non. Je suis un proche d'Albus. Je cherche à découvrir les circonstances de sa mort.
- Oh. Je vois. Proche comment? Albus m'aurait-il remplacé après mon enfermement?
- Remplacé? Vous et Albus étiez amants n'est-ce pas?
- Exact. Je suis surpris de la lenteur de votre esprit. Pas très futé pour un Auror.
- Pour vous répondre, je ne suis pas l'amant Albus, pas plus que je ne suis Auror.
- C'est vrai. Connaissant Albus il attachait une ridicule valeur sentimentale à notre relation. Je ne comprends toujours pas ce que vous faîtes ici.
- Nous voulons des informations.
- Parce que vous pensez réellement que j'ai des informations sur la mort de ce bon vieux Albus? Avez-vous seulement regardé autour de vous? Comment pourrais-je être au courant de quoique se soit?
- Parlez-nous de sa jeunesse.
- Pourquoi je m'évertuerais à tirer sur ma voix pour vous?
- Parce que nous sommes votre seule compagnie depuis un bon bout de temps.
- C'est assez juste. Bien qu'il y ait eu cette jeune femme l'autre jour... habillée tout aussi ridiculement que vous. Peut-être devriez-vous lui demander d'ailleurs, elle semblait assez vive d'esprit. Elle pourrait vous aider.
- Ou nous poignarder... Passons. Dîtes-nous... Quels étaient les centres d'intérêts d'Albus?
- Je vais vous parler d'Albus. Je veux juste savoir une chose.
- Je vous écoute.
- La baguette, l'a-t-il gardée?
- Quelle baguette?
- Celle en bois de Sureau. Mais je parie que vous le saviez. Cessez de vous dépeindre plus naïf que vous ne l'êtes réellement Osiris.
- Oui. Il l'a gardée.
- Ah, sacré Albus. Moins humble qu'il se disait l'être. Mais soit. Parlons de lui puisque c'est ce que vous désirez. Albus était un jeune homme avec une grande vivacité d'esprit. Je crois que jamais je n'ai rencontré d'homme aussi perspicace. Nous nous sommes tombés dessus un peu par hasard. Et il y a eu cette sorte de connexion immédiate entre nous. Je ne pourrais pas réellement vous décrire le pourquoi du comment, ce que je sais c'est que nous avons été attirés l'un par l'autre de façon inexorable, comme deux aimants. Et nous nous sommes aimés. Une peu comme ce coup de foudre dont les moldus content les bienfaits dans leur livres puériles. Excepté que Albus et moi c'était plus que cela. C'était électrique. Nos magies ont crépité dans l'air ambiant et nous ont liés d'une manière mystérieuse. C'est ainsi que notre relation a commencé. Ce n'était qu'un malheureux coup du sort. Il était ambitieux Albus. Au moins autant que moi si ce n'est plus. L'histoire se plaît à me décrire comme le Grand Méchant et Albus le Sauveur Immaculé de la Liberté. De belles façades tout ça... Albus a toujours eu horreur de se salir les mains. Il était bien plus facile de laisser les autres se faire prendre. J'ai porté le blâme pour nombre de ses actes. Je ne sais pas si c'était par déni ou couardise -bien que cette dernière ne fasse pas réellement partie de son langage- mais Albus détestait reconnaître ses torts. Il était bien plus que le vieux sorcier qu'il vous montrait. Il ne faut pas se fier à l'éclat de malice qui pétillait dans son regard bleu. Albus était capable de cruauté froide. Finalement ses bons sentiments pour un trop grand nombre de gens ont fini par dénoter de leur sincérité. Je pense que vous perdez votre temps à chercher des réponses dans ma cellule miteuse. Albus n'aurait jamais disséminé des indices dans cette part de lui qu'il souhaitait ardemment oublier. Si vous voulez mon avis, vous l'avez la solution. Juste sous votre nez. Elle est tellement évidente que personne n'y songe. Dissimulée à la vue de tous. Mais bon, cette histoire ne me concerne pas. Je crois avoir suffisamment parlé. Il est temps pour moi de reprendre mon sommeil agité. Belle journée Messieurs et n'attendez pas trop longtemps pour dévoiler la solution mon cher Osiris. De ce que j'ai compris de la jeune femme, le temps vous est compté.»
Il leur offrit un sourire sinistre avant de se rouler en boule à nouveau. Harry était perplexe. Que voulait-il donc sous-entendre dans ces derniers mots? Il n'eut pas le temps de formuler sa question à voix haute que Osiris prit son bras et le ramena à leur campement.
Osiris le traîna par le bras jusqu'au salon et tous deux s'échouèrent dans un fauteuils. Harry ouvrit la bouche pour prendre la parole mais fut coupé par Osiris:
«La Baguette. As-tu entendu l'importance qui s'en dégageait?
- Mais-
- C'est clairement le point le plus important de son discours. Le reste n'est que des paroles en l'air brodées pour nous faire perdre notre temps et nous manipuler. Il savait de toute évidence pourquoi et comment nous étions parvenus jusqu'à lui, je suis certain que cette jeune femme le lui a expliqué. Il était évident qu'il prenait un malin plaisir à nous mener par le bout du nez. Mais je suis convaincu que l'important reste la Baguette et les Reliques...
- Mais il a tout de même-
- Écoute Harry. Je sais que ce qu'il a dit doit sûrement soulever des interrogations chez toi. Mais tu ne dois pas oublier qu'il était réputé pour être un excellent manipulateur. De plus, je t'assure que je te suis entièrement fidèle. Mais il ne faut pas perdre notre temps et analyser ses paroles tant qu'elles sont encore fraîches dans notre esprit. Tu veux bien mettre tes doutes de côté pour l'instant? Je te jure de répondre à tes interrogations plus tard.»
Le jeune Gryffondor hocha la tête, un peu dérouté par la précipitation soudaine de cet homme si calme.
Cependant il avait confiance en l'homme. Il savait qu'il aurait dû aiguiser sa méfiance mais il lui était impossible d'être soupçonneux. Osiris était une telle source de réconfort et de stabilité qu'il ne pouvait se permettre ses doutes malvenus. Il était son seul repère et seul refuge pour l'instant. Osiris était son unique espoir et Harry ne pouvait s'autoriser à la détruire. Peut-être même qu'il ne le voulait pas.
Je vous offre donc la petite interview de Grindelwald.
Et je vous repose la question de quelques chapitres auparavant: QUE PENSEZ-VOUS D'OSIRIS ?!
