«Es-tu sûr que c'est réellement utile?

- Fais-moi confiance Harry. Je pressens qu'il va se passer quelque chose d'important. Et jamais mon instinct ne me fait défaut. Jamais. Si tu ne me crois pas alors dis-toi que nous y allons simplement en repérage, juste pour prendre connaissance des lieux. Après tout, il serait stupide de le négliger alors que nous venons de débloquer la possibilité de le visiter, n'est-ce pas?

- J'imagine que tu as raison...

- Dans ce cas ne perdons pas de temps et allons-y. De plus, il est évident que c'est une information capitale qui nous servira probablement pour la résolution.

- Mais nous ne savons même pas où nous allons! Tenta-t-il de protester.

- Justement. Nous allons tout faire pour tenter de le découvrir.Tu viens?»

Harry observa la main tendue d'Osiris avec un regard pensif. Finalement, il secoua la tête et attrapa la paume gantée avec reddition.

Ils se matérialisèrent dans une clairière aux arbres jaunis. Le vent faisaient bruisser les feuillages clairs et les oiseaux gazouillaient avec quiétude. Elle était en apparence tout ce qu'il y avait de plus banale, sans aucun signe distinctif particulier. C'est alors que Harry remarqua une pierre blanche incrustée dans le sol, à quelques pas de là. Il la pointa du doigt pour la signaler à son compagnon mais Osiris se dirigeait déjà en direction de la roche. Harry lui emboîta le pas.

Il s'agissait d'un bloc d'une blancheur étonnante pour un minéral, presque comme un fragment de craie poli. Dessus, une fine inscription avait été gravée magiquement en lettres pourpre:

«Ici reposera prochainement le corps du défunt Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore, quand celui-ci aura finalement été retrouvé. Ici aura lieu son repos mérité.»

Un rire nerveux s'échappa des lèvres de Harry.

«Sérieusement?

- Ne néglige pas l'importance d'un tel lieu, je parie que c'est un détail à fournir pour être considéré comme gagnant. Il nous faut juste un indice pour déterminer notre position exacte...»

Osiris releva la tête et inspecta avec vivacité les alentours. Il s'approcha de l'arbre le plus près et toucha l'écorce du bout de son gant. Il ramassa une feuille par terre et l'attira à lui.

«On dirait...»

Il fut coupé par un cri de détresse. Harry sortit sa baguette immédiatement, aux aguets. Osiris était déjà en position de combat, attentif à tout danger potentiel.

Les bruits caractéristiques d'un combat résonnèrent un peu plus loin et Harry s'élança à travers les bois. Osiris tenta de l'en empêcher mais ne parvint qu'à effleurer son bras. Il jura mentalement et s'engouffra à sa suite, le plus discrètement possible.

Harry courait. Il ne savait pas exactement pourquoi il se jetait ainsi au devant du danger. Il avait conscience de son acte irréfléchi. Cependant ses jambes le poussaient toujours plus près des bruits de lutte. Peut-être était-ce parce qu'il y avait un moment qu'il était au repos et que son corps réclamait sa dose d'action? Ou alors était-ce parce qu'il pressentait que des gens avaient besoin de lui? Quoiqu'il en soit, c'est ainsi qu'il fonça dans un des joueurs. Il entraîna le malheureux dans sa chute.

L'inconnu grogna et se dégagea pour se remettre sur ses pieds avec une agilité déconcertante, baguette à la main.

«Potter. Toujours en train de traîner là où il ne faut pas, bien évidemment.J'ose espérer que cette fois, à dépit d'avoir appris les bonnes manières, votre pitoyable mémoire se souvient de moi.»

Harry sentit la rage se répandre dans son être à une vitesse hallucinante pour enflammer chacun de ses muscles. Il se releva vivement et fit face à son ancien professeur, la haine le consumant un peu plus chaque seconde. Cependant, avant qu'il n'ait pu prononcer quoique se soit, une ombre s'interposa entre les deux sorciers.

«Osez toucher à Harry de quelconque façon et je vous fait souffrir de la plus délicieuse des manières.

- Oh mais c'est que Saint Potter s'est trouvé un nouveau petit garde du corps, railla-t-il d'une voix pleine de venin. Et comment s'appelle ce ridicule chien?

- Je ne vous permets en aucun cas de m'insulter de la sorte. Vous ne valez même pas la peine qu'on vous réponde. Cependant, je suis quelqu'un qui a le sens de la politesse, moi. Je vais donc me présenter. Je suis Osiris et si vous ne dégagez pas très rapidement de notre chemin je promets de ne pas être si courtois.

- Mais c'est qu'il est bien dressé dis-donc. Peut-être devriez-vous envisager de vous reconvertir dans le domptage d'animaux Potter, ainsi vous cesseriez d'importuner le monde sorcier de votre foutue célébrité.

- Ma foutue célébrité vous emmerde Rogue! Hurla-t-il, frustré d'être ainsi mis en retrait.

- Ne m'obligez pas à me répéter Rogue. Dé. Ga. Gez.»

Osiris était entouré d'un telle impression de pouvoir à cet instant que Harry en oublia momentanément d'être en colère. Des volutes de magie se répandaient dans l'air par étincelles bleu saphir.

«Vous me paraissez bien sûr de vous Osiris. Mais vous semblez oublier que les sorts offensifs sont fortuits.

- Vous croyez? Répliqua-t-il d'une voix froide, implacable, où l'on décelait une telle amertume que cela en donnait la nausée.»

Rogue ricana d'un rire tranchant et rocailleux.

«Puisqu'il faut laisser passer Potter et son gentil petit chien, il cracha ces derniers mots, alors qui suis-je pour m'opposer à la volonté de Saint Potter? Il est beau le Sauveur du Seigneur des Ténèbres qui nous oblige à baiser ses pieds comme s'ils étaient divins. Vous ne valez pas mieux que lui Potter, vous êtes comme votre père, d'une arrogance immonde. Vous me dégoûtez.

- Je vais-

- Non Harry, Osiris le stoppa d'un geste sec et son ton ne permettait aucune réplique.»

Rogue s'écarta finalement de leur passage avec un ricanement sinistre et un mouvement raide, faisant tournoyer sa cape telle les flammes sombres de l'Enfer.

«Courrez-donc avant qu'il ne soit trop tard Potter. J'ai bien peut que cette fois le Sauveur ne puisse rien pour ces écervelés d'amis.

- Qu'est-ce que vous avez osé-

- Plus tard Harry.»

Osiris saisit son bras avec fermeté et l'entraîna vers la mêlée. Des silhouettes sombres se débattaient sur le sol, visiblement victimes de sorts d'entrave tandis que d'autres joueurs se délectaient de leur situation pitoyable, riant d'une voix cruelle. Ils s'apprêtaient visiblement à s'emparer chacun d'un otage car certains attrapaient leurs prisonniers par les habits afin de les obliger à se relever. Harry eut tout juste le temps d'apercevoir la couleur rousse qu'il avait donné au voile de son ami qu'il s'élança vers les ravisseurs aux côtés d'Osiris.

L'aîné se précipita sur le premier venu et lui décocha un coup de pied circulaire afin de le faire tomber au sol. Il rattrapa la pauvre silhouette du joueur toujours ligoté et le libéra de ses liens invisibles.

«Merci, murmura-t-il d'une voix faible.»

Voyant que Harry s'affrontait aux joueurs à mains nues alors même qu'il n'avait que peu d'expérience dans le combat au corps à corps, Osiris fila jusqu'à lui et vint lui prêter main forte en parant un coup de son avant bras. Il serra les dents sous le choc mais répliqua tout de même avec un joli uppercut dans la mâchoire du concerné qui lâcha Ron.

Le reste de la troupe commençait à transplaner, comprenant l'urgence de prendre la fuite.

«Harry! Il faut aider Hermione! Souffla Ron d'une voix paniquée, à peine fut-il libéré.»

Il pointa une silhouette qui tentait de se débattre de la prise d'un Mangemort. Harry hocha la tête et se tourna vers Osiris pour le remercier. Mais celui-ci était déjà reparti combattre un autre attaquant. Harry se décida finalement à prêter secours à son amie seul quand une roue au cadran sombre fit son apparition à côté de lui. Il jura. Ce n'était vraiment pas le bon moment. Il accéléra l'allure, se dirigeant avec détermination vers l'uniforme qu'il devinait cacher Hermione.

Cependant, il eut à peine le temps de voir que la flèche s'était arrêtée sur la case violette qu'il fut aspiré dans un tout autre lieu, bien loin de la clameur et l'adrénaline des combats.

Harry atterrit dans une pièce au toit vitré. C'était une salle allongée dont le sol était entièrement fait de pierre. Du lierre recouvrait les crevasses de la roche. Il se dégageait du toit une lumière blanche et crue, fort peu agréable.

Il plissa les yeux et remarqua que des lettres violettes s'évaporaient doucement dans une brume scintillante.

«Malédiction»

Comme si Harry avait besoin d'une telle chose dans la situation présente.

Une fiole tomba d'on-ne-sait-où et Harry l'attrapa par réflexe. Elle contenait un liquide à la douce nuance miel. Il fit un instant rouler le récipient entre ses doigts, l'exposant encore et encore à la lumière. Il était encore essoufflé de son récent combat et ne comprenait pas ce qu'il était supposé faire de la potion.

«Buvez, qu'on en finisse.»

Harry sursauta. Il n'avait pas remarqué la silhouette drapée de noir qui se tenait devant lui. Le joueur avait une fiole similaire dans sa main.

«Pensez-vous réellement qu'il faut la boire?

- Que voulez-vous qu'on en fasse? Allez Potter, veuillez-vous dépêcher, certains ont de réelles responsabilités contrairement à d'autres.

- Qui me dit que ce n'est pas du poison?

- Moi. Je suis un Maître des Potions, avez-vous oublié? Ceci n'est pas du poison alors maintenant faîtes-moi l'immense honneur de faire pénétrer ce liquide à l'intérieur de ce trou d'où coulent les inepties qu'est votre bouche que nous soyons libres.

- Alors que fait la potion, ô grand Maître? Le provoqua-t-il alors que la colère et le désir de vengeance s'agitaient en lui.

- Je ne sais foutrement pas. Demandez-donc à Dumbledore. Oh j'oubliais, vous ne pouvez pas! Maintenant buvez et taisez-vous.

- Vous d'abord, déclara-t-il en croisant les bras.

- Je vous rappelle que c'est votre faute si nous sommes dans cette situation. C'est votre tour, non le mien. Alors cessez d'agir comme le gosse que vous êtes et tentez de donner l'illusion que vous avez ne serait-ce qu'un peu mûri!»

Sur ces paroles amères, Rogue avala la potion d'une traite. Et alors...

Rien. Il ne se passa rien.

Harry rit (HAHA) avec nervosité.

«Ça n'a rien changé.

- Je pense que le monde ce serait passé de votre brillante remarque Potter. Buvez ce liquide par Merlin ou je vous étrangle avec.

- Avouez que cela ne vous déplairait pas.

- Potter, menaça-t-il.»

Harry ricana et déboucha la fiole. À son tour, il laissa la substance délicieusement sucrée descendre le long de sa gorge.

Soudain, il fut pris d'une étrange sensation qui fut accompagnée d'un léger 'pop'. Il baissa les yeux en fronçant les sourcils et constata avec stupeur que ses anciens vêtements étaient de retour. Ils lui avaient presque manqués. Même si cela faisait seulement une semaine et quelques qu'ils étaient enrôlés dans le jeu. Il leva un regard perplexe vers Rogue et constata que ses éternelles capes noires étaient de retour. Ce qui, entre nous, ne changeait pas tellement de l'uniforme. Seulement, c'est quand ses yeux rencontrèrent les prunelles glaciales du Maître des Potions qu'il réalisa que leurs masques avaient eux aussi disparus.

Une décharge parcourut l'air alors que leurs regards s'affrontaient silencieusement.

Harry crut d'abord que ce fut la haine qui l'électrisait ainsi et que revoir le visage de Rogue en était l'élément déclencheur. Cependant, il comprit que c'était en réalité bien différent puisqu'un écriteau voletait gaiement dans les airs et que la haine, la véritable, arriva juste après cela.

«Vous êtes désormais liés par un puissant aphrodisiaque qui gagnera en force au fur et à mesure de la partie. Dorénavant, un intense désir physique vous unit réciproquement et il vous est quasiment impossible d'y résister. Plus les jours passent, et plus vous êtes avides du contact de l'autre. De ce fait, une session de 1h par jour est aménagée afin que vous puissiez satisfaire ce besoin tout en restant suffisamment concentrés dans le jeu. Vous retrouverez vos vêtements habituels et seraient capables de distinguer le visage de l'autre, afin d'être certain que ce n'est pas une duperie. Il est important de préciser que le désir est purement physique et n'altère en rien vos sentiments mutuels.Harry James Potter, Severus Tobias Rogue, vous êtes désormais officiellement liés. Et ce, jusqu'à la fin de la partie.»


C'était assez prévisible tout de même, non?

Enfin bref, voilà qui devrait forcer nos deux têtus protagonistes à se rapprocher... du moins physiquement.

Les choses sérieuses commencent !