La pierre rendait son dos douloureux et les muscles de ses jambes se faisaient engourdis. Il voulait bouger. Et pourtant il restait immobile. Parce que le moindre mouvement briserait ce vœu de silence et d'immobilité dans lequel il s'était muré.
«Potter. C'est ridicule. Cela ne peut plus durer.»
Il l'avait fait. Rogue avait finalement osé. Il avait brisé cette sphère de sécurité. Harry se crispa alors que les pas du Mangemort claquaient sur le sol.
«Allez relevez-vous et venez vous asseoir au lieu de vous morfondre sur le sol.»
L'écho des pas se rapprocha. Un courant d'air vint effleurer son visage. Puis une main toucha son épaule. Ce fut le geste de trop. Harry s'écarta vivement, ses habits râpant la pierre froide.
«Ne. Me. Touchez. Pas.»
Harry jeta un regard noir à Rogue qui s'était figé. Le professeur de Potions approuva sèchement et lui tourna le dos pour prendre place dans le fauteuil le plus proche avec une raideur inquiétante.
Severus se pinça l'arrête du nez et lança d'une voix irritée:
«Venez donc Potter, je ne vais pas vous manger.
- Je n'en serais pas si certain à votre place, répliqua-t-il avec affront.»
Le plus triste dans l'histoire, c'est que le gosse avait raison. Il suffisait de le voir quelques instants plutôt, quand Severus avait été assez fou pour céder à l'envie de toucher son épaule. Toutefois, Potter pouvait toujours courir pour que Severus l'avoue de vive voix.
«Cessez-donc vos âneries, ce n'est pas bon pour votre dos de rester recroqueviller ainsi.
- Et peut-on savoir depuis quand vous souciez-vous de ma santé Rogue?
- Oh par Merlin, faîtes comme bon vous semble Potter, ce ne sont pas mes affaires, soupira-t-il exaspéré.
- Tout à fait. Cela ne vous regarde aucunement, approuva Harry en prenant place dans le fauteuil face à lui.»
Désormais, il ne restait plus qu'une ridicule petite table basse entre eux. Et il semblait à Severus que la proximité nouvellement acquise ne faisait que renforcer son attraction pour Potter. Et plus il observait la peau dorée de Potter, plus il voulait ardemment la toucher. Il détourna le regard du garçon avec dégoût et honte.
La veille, il torturait la meilleure amie du gosse et aujourd'hui, il aspirait à posséder son corps. Il était rebutant. Un monstre de la pire espèce.
«Et maintenant?»
Harry se sentait inconfortable dans son fauteuil. Pas que celui-ci eut été désagréable. Non, le rembourrage était plutôt moelleux. Cependant, cette situation le mettait mal à l'aise. Et le désir qui pulsait dans ses veines y était pour beaucoup.
«Maintenant quoi Potter? Répondit-il sèchement.
- Que fait-on?
- Que voulez-vous qu'on fasse?»
Une pensée inappropriée traversa brièvement l'esprit de Harry avant qu'elle ne soit vite chassée par le dégoût.
«Ne pourrait-on pas... Parler... Comme des gens civilisés?
- Tiens donc, votre désir de m'insulter aurait-il disparu Potter?
- Non. Il faut dire que vous n'arrangez pas les choses vous aussi.
- Excusez-moi d'exister Monsieur Potter.
- Ce n'est pas- Vous êtes réellement insupportable vous savez?
- Je sais Potter... Je sais, lâcha-t-il avec un ricanement amer.»
Et le condensé d'amertume qu'il percevait dans la voix de Rogue fit frissonner Harry. De quoi, il ne savait pas exactement. Mais c'était fort désagréable.
«Vous ne voulez pas qu'on règle nos comptes une fois pour toute? Parce que vu comme nous sommes partis, autant tenter de s'entendre un minimum. Aussi ardue soit cette tâche.
- Que cherchez-vous à obtenir Potter?
- J'aimerais que toutes mes journées cessent d'être pourries par votre foutue présence!
- Je crains fort que cela soit impossible. Il fallait le dire à Albus avant que celui-ci ne décède dans de mystérieuses circonstances.
- Ce n'est pas ce que je voulais dire et vous le savez, rétorqua-t-il en passant une main irritée dans ses cheveux.
- Alors dans ce cas éclairez-moi de votre si brillante lanterne, ô enfant chéri et Élu du monde sorcier. Je n'attends que cela. Voyez-vous, je trépigne d'impatience, railla Rogue.»
La colère fit bondir Harry de son siège et sous l'impulsion, il franchit les quelques pas qui le séparaient de Rogue. Il s'appuya avec brutalité sur les accoudoirs du siège, surplombant le plus âgé de toute sa hauteur.
«Ne vous avisez plus de m'interpeller de la sorte, ordonna-t-il en pointant un index sur la poitrine d'un Rogue impassible. Je n'ai pas choisi ce surnom ridicule et haïssable. Je ne suis en aucun cas responsable de la stupidité de la société magique.»
Prenant soudainement conscience de leur proximité, Harry se recula vivement. C'était d'ailleurs une très bonne initiative car déjà leurs uniformes se rappelaient à eux, signant la fin de leur rencontre quotidienne.
Avant que la brume ne les aspirent tous deux à des endroits différents, Harry eut tout le même le temps d'ajouter:
«Et la proposition tient toujours Rogue. Réfléchissez-y.»
Harry fut ballotté de façon fort peu agréable au pied de la colline bien connue. Une roue se matérialisa alors dans l'air au moment où ses pieds effleurèrent le sol. Il commença à remonter la pente alors qu'elle entamait sa rotation infernale. La petite flèche s'arrêta sur la case dorée et une message de fumée s'inscrivit dans l'air alors qu'un papier atterrissait entre les mains de Harry.
«Vous êtes dorénavant en possession de l'objet: Clé codée.»
Le message s'évapora dans l'air, laissant entrevoir les silhouettes des deux tentes de campement. Harry rangea le papier dans sa bourse avec empressement, se jurant de l'examiner en compagnie d'Osiris.
C'était ainsi depuis que les autres avaient rejoint la troupe. Ils prenaient soin de s'isoler pendant leurs tours respectifs et débattaient du peu d'informations qu'ils avaient. Il fallait avouer qu'elles étaient plutôt maigres. Ils avaient eu droit à quelques potions de soin, dépensées presque instantanément pour soigner Amaris, et quelques indices qui les poussaient à se rendre chez Abelforth prochainement. Mais autrement, ils n'avaient pas grand chose...
Quand Harry atteignit les tentes il remarqua que Hermione l'attendait à l'entrée de celle-ci. Les autres étaient visiblement encore en train de dormir.
«Bonjour Harry, le salua-t-elle chaleureusement. Comment s'est passée ton entrevue avec ton mystérieux inconnu?
- Bien. Je te remercie.
- Ça te dit une petite balade dans les bois en attendant que les autres se réveillent?»
Harry n'était pas bien sûr d'en avoir envie mais il ne se voyait pas non plus refuser la proposition de la brune. Il opina et elle le rejoignit. Il s'enfoncèrent ensemble dans la forêt.
«Pourquoi cette subite envie de balade? Demanda-t-il innocemment.
- Rien de spécial, pourquoi?
- Oh je t'en prie Hermione, je suis capable de voir quand tu me caches quelque chose, rétorqua-t-il avec un ton qu'il se força à être léger.
- Tu me connais trop bien, soupira la brune avec un petit air dramatique. Bon eh bien, pour être honnête avec toi, quelque chose me chagrine. Depuis que nous avons débarqué, j'ai l'impression que toi et Osiris êtes très distants. Je veux dire, cela fait presque 1 semaine que nous sommes parmi vous maintenant. Et nous nous isolons tous quand vient notre tour. Nous ne partageons aucune information. Je trouve que cela crée comme une gêne entre nous... Mais tu sais, je suis ta meilleure amie, tu peux tout me dire. (L'auteur hait profondément cette phrase) Alors Harry, répond-moi sincèrement, y a-t-il quelque chose que tu saches à propos de toute cette enquête que tu nous aies tu?»
Harry ne répondit pas, perplexe. Cela ne ressemblait pas à son amie de jouer de sa confiance pour obtenir des informations. C'est ce qui renforça son sentiment d'alerte.
«Non Hermione. Je regrettes. Il n'y a rien que je ne puisse te dire. Mais tu dois l'entendre, non? Toi qui est toujours si compréhensive...
- Ça suffit! Cesse-donc de te payer ma tête sale gosse. Tu refuses de parler, bien. Tu en paieras le prix.»
'Hermione' écrasa sa main sur son avant-bras gauche et une part de lui hurla à Harry de retourner le plus vite possible à la tente. C'est d'ailleurs ce qu'il fit sans plus attendre: il se mit à courir de toutes ses forces. Il entendit un rire dément retentir quelque part derrière lui, ce qui le urgea d'accélérer. Les bois défilaient sous ses yeux tandis qu'il tentait de retrouver son chemin. Finalement, il déboucha sur le campement où tous l'attendaient, Osiris à leur tête.
En effet, le joueur était pleinement éveillé lorsque les deux sorciers étaient partis faire leur promenade. Osiris avait donc décidé de les suivre de loin et quand il avait pressentit que cela déraperait, il était retourné au campement et avait éveillé les autres.
«Elle... Hermione... Pas elle... Mangemorts... La Marque... Ils arrivent! Ahana-t-il.
- Je sais Harry... fuyez. Fuyez tous. Vous n'êtes pas assez préparés à vous battre. Je vais les retenir le temps que vous rassembliez les affaires. Ensuite, vous transplanerez. Je ne veux prendre aucun risque vous concernant.»
Ses paroles furent accompagnées d'un ricanement lointain et de l'écho distinct de paroles chantonnées:
«Potter! Potter! Viens donc te battre. Mais oui, où est donc passé le courageux petit Gryffondor? Tu ne voulais pas venger ton parrain? En plus, j'ai une petite surprise pour toi Potter. Un répugnant petit cadavre à t'offrir. Un de plus, ricana-t-elle.
- Je vais-
- Tu ne vas rien du tout, le coupa-t-il sèchement. Tu viens nous aider à rassembler les affaires.
- Mais Osiris-
- Je sais. Mais ce n'est pas le moment. Allez Harry, l'encouragea-t-il d'une voix plus douce.»
L'aîné sortit sa baguette, tapota la tente de ses trois amis à différents endroits tout en récitant une formule. Celle-ci se replia et Ron la glissa dans sa bourse. Ginny et Luna transplanèrent d'un commun accord. Ron, lui, attendit, voulant découvrir l'identité de celle qu'il avait cru être son amie. Un crac sonore les accompagna alors que Osiris s'empressait de faire de même avec leur tente. Tandis qu'il lui restait encore quelques instants, Harry vit celle qui s'était faîte passer pour Hermione cette dernière semaine durant. Derrière elle se trouvait un joueur à l'épaule ornée d'une émeraude. Et à la suite de celui-ci, il reconnut le voile aux flammes noires striées d'argent. Un corps gisait dans ses bras. Et Harry était effrayé de l'identité de la personne alors même qu'un puissant désir l'envahissait.
«Alors Potter? On ne dit plus rien? Finalement, les Gryffondor ne sont pas si courageux. Tout dans les paroles, rien dans les actes. Comme la nuit où j'ai tué ce traître de Sirius, tu es incapable de faire quoique se soit alors que cette fois-ci, c'est la dépouille de ta meilleure amie que je te ramène!
- Vous allez-, s'exclamèrent en même-temps Ron et Harry.
- Les garçons, les retint Osiris.
- Severus. Donne leur donc leur si précieuse amie.»
Rogue s'exécuta et fit rouler le corps ramolli de Hermione à leurs pieds. Osiris attrapa le corps de la jeune fille et l'entendit pousser un faible gémissement qu'il camoufla bien vite de sa voix.
«Ron. Prends-la. Et va-t-en.»
Le rouquin restait figé alors que les Mangemorts s'amusaient visiblement de la scène.
«Fais ce que je te dis, il n'y a pas de temps à perdre!
- Je... Oui. D'accord. Oui. Je vais le faire.»
Il prit Hermione dans ses bras avec maladresse et tous deux transplanèrent.
«Bien. Maintenant Potter, il est temps de parler. Tu ne te cacheras pas éternellement derrière ton petit Osiris-chéri.Il est temps de-
- Merci Bellatrix. C'est un travail admirable que tu as fait là. Cependant je prends la relève, intervint Voldemort.
- C'était donc toi, hein, Bellatrix? Le coupa Osiris.
- Co-
- J'aurais dû m'en douter, toujours prête à lécher les bottes ignobles de ton Maître. Mais ne vois-tu pas qu'il n'a que faire de toi?
- Comment oses-tu insulter le Maître de la sorte!! Tu vas payer!»
Elle se précipita sur lui et lui enfonça sa baguette dans la gorge. Elle sortit un poignard de sa ceinture et Osiris sourit sous son masque.
«Enfin un vrai combat. Depuis le temps que je l'attendais.»
Osiris envoya balader l'arme de son avant-bras. Il se dégagea de la prise de la brune. Celle-ci ricana.
«Oh mais tu auras ton compte toi aussi, en attendant, j'ai des comptes à régler avec Potter.»
Elle se tourna vers le jeune sorcier alors que son poignard se rappelait à elle. Elle allait se jeter sur lui avec un air vorace quand Osiris courut, fourra la tente, Amaris et un bout de papier dans les mains de Harry. Il le poussa alors qu'il se retournait pour continuer le combat et éviter la lame tranchante qui se dirigeait droit vers lui.
«Osiris!
- Harry. S'il te plaît, urgea-t-il.
- Mais-
- Harry!»
Le brun finit par céder et déplia le bout de papier entre ses doigts. Il prit connaissance de l'adresse et serra Amaris contre lui. Et avec un dernier regard pour ses ennemis, il transplana, loin de la clameur des combats.
