Quand Harry arriva dans le salon éclairé, il se dirigea directement vers un des fauteuils et s'y installa confortablement. Rogue en fit de même et croisa magistralement ses jambes devant lui. Harry ne put s'empêcher de trouver le geste particulièrement attirant. Il se rappelait le contact du torse de Rogue sous la pulpe de son doigt. Ses phalanges brûlaient de rencontrer cette peau pâle et la chérir de mille caresses. Harry se demandait que dirait Rogue s'il se levait, là, maintenant, et qu'il assouvissait son désir grandissant.

«J'accepte Potter.»

La voix grave du Maître des Potions le ramena à l'instant présent et Harry secoua sa tête, troublé et horrifié par ses propres songes.

«Vous acceptez? Répéta Harry, incertain.

- Votre proposition Potter. Ou avez-vous déjà oublié? Réglons nos comptes que nos entrevues soient un peu moins horribles que jusqu'ici.»

Harry laissa la réponse de Rogue s'imprimer dans son esprit et repris son sérieux.

«Oh, bien sûr. Ravi que vous ayez accepté. Alors... Par quoi commençons nous?

- Pourquoi me haïssez-vous? Donnez-moi une raison valable. Pas vos excuses bidons, lança rudement Rogue.»

Harry fut pris au dépourvu par la question soudaine. Harry rassembla ses pensées en tentant de rester le plus calme possible.

«Eh bien d'abord, commença-t-il prudemment, vous avez entraîné la mort de mon parr-

- Foutaises. Nous savons très bien vous comme moi que ce n'est pas vrai.

- Mais si-

- Potter. Avec toutes les insultes que je vous ai sorties, êtes-vous mort à l'heure actuelle? Si je vous traitais de lâche, iriez-vous vous jetez du haut d'une falaise? Non. Nous sommes bien d'accord. Je vous avez demandé de ne pas sortir d'inepties... Ce à quoi vous avez visiblement échoué. Tâchez d'être plus efficace Potter, ou nous n'y parviendrons jamais.

- Mais- commença à s'énerver Harry.

- Cessez-donc vos 'mais' à tout va et répondez intelligemment cette fois-ci.

- Peut-être que si vous ne me coupiez pas la parole, je pourrais répondre Rogue! Cracha-t-il finalement.»

Rogue le fusilla du regard mais ne répliqua rien, attendant la suite de la phrase.

«Bien, se força à souffler Harry.»

Il inspira et expira lentement. Et les tremblements de colère s'estompèrent peu à peu au fil de ses respirations.

«Je vous hais parce que... bien parce que c'est tout ce que vous m'avez toujours inspiré je suppose. Je veux dire, depuis le jour même où j'ai mis les pieds à Poudlard, vous n'avez cessé de me pourrir la vie. Ce n'est pas réellement de cette façon qu'on s'attire la sympathie des gens, voyez-vous. Ce qui, m'amène à vous retourner la question Rogue: Pourquoi m'avoir haï depuis le premier regard?

- Moi? Vous avoir pourri la vie? Vous êtes bien ingrat Potter, si je n'avais pas été là, cela ferait longtemps que vous n'en auriez plus, de vie. J'ai toujours eu votre survie sur le dos.

- Vous esquivez la question Rogue. Ce n'est pas ça qui va nous aider.

- Vous voulez savoir pourquoi je vous hais Potter? Parce que vous êtes insupportablement arrogant, prétentieux, pourri-gâté, incapable d'être satisfait, ingrat, vaniteux, la liste est longue. Somme toute, exactement comme votre crétin de Père.

- Je ne suis pas mon père!»

Si Harry appréciait autrefois qu'on le compare à James, c'était une époque révolue. Au départ, il avait l'impression que cela le rapprochait un peu de ses parents, comme si quelque part ils étaient toujours à ses côtés, dans chacun de ses traits. Mais au fur et à mesure, il était exaspéré que les gens voient toujours son père en premier lieu. Il avait l'impression que ce n'était qu'une étiquette de plus qu'on lui collait au front. Et il avait horreur de cela. D'autant plus qu'après avoir plongé dans la pensine de Rogue, il n'était plus si certain que James était l'homme bien que tout le monde décrivait.

«Dîtes donc ça à ce cabot de Black qui avait l'air ravi d'avoir retrouvé son meilleur ami quand il a débarqué de la prison dont il n'aurait jamais du sortir.

- Sirius n'était pas un criminel, répondit lentement Harry.

- Oh vraiment? Vous ne semblez pas convaincu Potter.

- Pourquoi détestiez-vous autant mes parents?

- Votre petite excursion dans ma pensine ne vous a-t-elle pas suffi comme motif Potter?

- Mais vous étiez ami avec ma mère... Non? Elle vous défendait?

- Votre mère ne m'a plus jamais adressé la parole après ce jour-là...

- Oh... Dans ce cas... Pourquoi me détestez-vous, cela ne nous avance pas réellement Rogue?»

L'enfance de Severus tourbillonnait dans son esprit. Il était pris dans les filets de son passé. Si le jour où il avait insulté Lily restait son pire souvenir, c'était parce qu'il symbolisait la perte de sa seule et unique amie, qu'il aimait d'une profonde affection. Cependant, après leur conflit, les offensives des Maraudeurs n'avaient été que plus virulentes et il se rappelait parfaitement... Non. Il ne devait pas penser. C'était trop douloureux.

Malgré lui, le traumatisme lui revenait par flashs indistincts...

La cuvette malpropre d'un cabinet.

Des ricanements.

L'eau qui trouble sa vue et ruisselle sur son visage.

La poigne sur ses cheveux qui se resserre.

Sa baguette. Arrachée.

Son pantalon. Baissé.

Et la douleur. Juste la douleur.

«Rogue? Rogue? Vous allez bien?»

Potter était à ses pieds, sa main appuyait doucement sur celle de Severus, qui elle serrait l'accoudoir avec force.

Potter. À genoux.

Le désir s'intensifia au creux des reins de Severus et il en eut la nausée. Il ne pouvait pas désirer Potter junior qui ressemblait bien trop à son père. Severus avait l'impression de se trahir lui-même.

«Rogue?

- Relevez-vous Potter. Et éloignez-vous de moi, exigea-t-il avec rudesse.

- Je- Oui. Oui, vous avez raison.»

Harry retourna à sa place, presque honteux de s'être laissé aller ainsi. Mais son professeur avait l'air réellement absent pendant quelques instants, comme plongé dans un souvenir trop lointain et pourtant encore bien trop présent. Harry n'avait pu s'empêcher de toucher sa main alors que l'enseignant ne répondait pas à ses appels.

«Excusez-moi Potter, pour ce moment d'absence. Vous étiez si ennuyeux que mon esprit à gentiment pris congé.»

Harry savait qu'il mentait. Mais il ne releva pas. Il était bien trop troublé d'avoir vu son professeur d'habitude si impassible et maître de lui-même laisser entrevoir un court instant de faiblesse. Harry se douta que cela devait avoir un rapport avec son père. Et ce n'était visiblement pas de toute gaieté.

«Je ne suis pas mon père Rogue, déclara-t-il doucement. Je ne sais pas ce qu'il vous a fait. Peut-être même que je ne veux pas le savoir... Mais je puis vous assurer que je ne suis pas lui. Si vous m'en laissiez l'occasion, peut-être pourrais-je vous le prouver?

- Et que faîtes-vous de votre haine si viscérale envers ma personne Potter?

- Je ne vous hais pas vraiment, affirma-t-il en secouant sa tête de gauche à droite. Ce que je rejette, c'est votre attitude envers moi.»

Soudain, cela mit Severus encore plus mal à l'aise. Potter ne pouvait pas dire ça. Il devait le haïr. Il avait tué ses parents après tout. Le gosse serait incapable de le pardonner après lui avoir avouer cela. Il devait le haïr. Cette aversion que Potter avait pour lui, c'était son châtiment. Pour avoir rejoint les Mangemorts. Pour avoir perdu Lily. Pour tous les gens qu'il tuait et torturait. Potter était sa damnation. Il lui rappelait chaque jour ses échecs et ravivait ses souvenirs les plus douloureux de par sa silhouette désagréablement familière. Severus ne méritait pas la pitié de son ennemi. Ce serait comme... Une défaite.

«J'ai tué vos parents. C'est moi qui-

- Rogue, le coupa-t-il en fronçant les sourcils face à l'attitude étrange de son professeur. À moins que vous ayez directement pointé votre baguette sur eux en prononçant l'impardonnable, vous ne les avez pas tués. Et aux dernières nouvelles, c'est Voldemort qui a exécuté cette action. Je ne sais pas de quoi vous vous croyez coupable, mais je vous assure que vous n'y êtes pour rien.

- Vous mentez Potter. Vous ne savez rien et-

- Stop. Vous n'avez pas levé la baguette sur James et Lily Potter. Vous ne les avez pas tués.

- Je suis un Mangemort, annonça-t-il avec un ton fataliste. »

Rogue semblait presque, paniqué? Et cela troublait grandement Harry. Visiblement, le Maître des Potions avait beaucoup de culpabilité en lui. Et Harry souhaitait juste apaiser ce poids visiblement trop lourd qui pesait sur les épaules de Rogue. Malgré que son professeur ne lui inspirait toujours pas grande sympathie, il n'aspirait pas non plus à le voir souffrir de cette façon.

Après un temps d'hésitation légitime, Harry s'agenouilla à nouveau face au Serpentard et posa ses deux mains sur celles de l'espion, le forçant à rencontrer son regard.

«Calmez-vous Rogue. Personne ne vous en veut, si ce n'est vous visiblement.

- Je-

- Écoutez. Je ne sais pas très bien pourquoi vous paniquez tout à coup mais laissez-moi vous dire que tout va bien. Tout. Va. Bien.

- Je ne panique pas, répliqua-t-il d'une voix atone.»

Harry rit doucement, d'un son clair qui fit frissonner Severus.

«Ce n'est pas grave d'avoir des faiblesses vous savez. C'est ce qui nous rend humain après tout. Et ne répliquez pas que vous n'êtes pas humain, je ne vous croirais pas, le gronda faussement Harry.»

Severus observa les émeraudes qui semblaient si apaisantes à cet instant. Elles n'auraient pas dû l'être, il le savait. Et pourtant elle le relaxaient d'une manière inexplicable. Severus se calma et reprit peu à peu ses esprits. Il prit soudainement conscience de leur proximité et des mains chaudes qui recouvraient les siennes.

Severus allait répliquer quelque chose quand leurs uniformes se rappelèrent à eux. Il eut seulement le temps de jeter un dernier regard au Gryffondor qu'ils furent tous deux aspirés à des endroits bien différents.

Quand les pieds de Harry foulèrent l'herbe de la plaine, il ne s'avança pas immédiatement vers le campement d'où le narguaient les tentes bordeaux et kaki agitées par le vent. Il inspecta la fiole entre ses doigts et la fit miroiter à la lumière grise du ciel. Il avait hérité d'un souvenir durant son tour et l'inscription l'intriguait grandement. Avec un dernier coup d'oeil pour les tentes, il transplana finalement. Direction Poudlard. Pressée contre ses doigts, on pouvait lire l'étiquette ornée d'un prénom: Osiris.


Ça y est, on va commencer les choses sérieuses :D

Et pour le snarry, et pour l'enquête !

Ahh, j'ai hâte de vous dévoiler l'histoire d'Osiris ! Même si... Bon. Vous n'aurez qu'une ridicule partie au chapitre suivant.

ON VA VOIR SA TÊTE !

BrEf.

Bonne soirée/journée à vous :)