Harry se réveilla de bonne heure. Il avait mal dormi. Cette enquête le travaillait plus qu'il ne voulait bien le laisser entendre. Et il avait l'horrible impression de stagner, sans jamais parvenir à faire avancer les choses. De plus, l'avancée inconnue de son ennemi l'angoissait. Il n'avait aucun moyen de se situer et par rapport à lui et par rapport au jeu en lui-même. Peut-être était-il loin de la vérité? Ou peut-être était-elle à portée de main? Il était si difficile de savoir. L'avenir du monde reposait sur un hasard brumeux.
Il soupira et s'assit sur son lit. Harry observa la silhouette endormie d'Osiris. Il laissa la respiration régulière le détendre. Au moins il avait Osiris. C'était le seul élément qui lui permettait de se savoir pas totalement perdu. Osiris était un sorcier intelligent bien qu'il soit plutôt mystérieux. Harry avait sa chance avec lui.
Il observa encore un instant son compagnon de voyage. Harry se demandait comment était-il dorénavant. 10 années s'étaient écoulées depuis le souvenir qu'il avait visionné et Harry s'interrogeait sur l'impact temporel qu'avait eu cette durée sur le visage de son ami.
Après un dernier regard, Harry sortit de la chambre, il allait bientôt être l'heure de sa rencontre avec Rogue et il souhaitait prendre un encas avant de partir. Harry se rendit dans la cuisine et fut surpris d'y trouver Amaris qui était installée à table, soufflant pensivement sur une tasse de thé fumante.
«Bonjour Amaris, déjà réveillée? Demanda-t-il nonchalamment en préparant son propre petit-déjeuner.
- Oh, bonjour Harry, je ne t'avais pas vu... répondit-elle mollement.
- Tout va bien? S'inquiéta-t-il.
- Oh, oui oui ne t'en fais pas, j'étais simplement perdue dans mes pensées.
- Ah... Et quelles étaient-elles?
- Rien de bien important, assura-t-elle en chassant un insecte invisible du revers de sa main.
- Je me demandais l'autre jour, ta famille ne te manque pas? l'interrogea-t-il en prenant place à ses côtés.
- Ma famille? Je n'ai pas de famille, répondit-elle avec amertume. Je n'ai jamais connu mon père. Il n'a jamais voulu entendre parler de sa fille. Quant à ma mère, elle a été tuée quand j'avais 10 ans.
- Mais- Comment as-tu fait pour vivre toute seule?
- Je ne l'ai pas fait. J'ai été envoyée dans un orphelinat malfamé. Les gens affirmaient qu'une gentille famille viendrait nous chercher. Tu parles. Qui aurait voulu des gosses sales et en mauvaise santé que nous étions? Personne. Et de toute manière je ne voulais de personne. Moi ce que je voulais, c'était ma mère. Mais un connard l'a lâchement tuée.
- C'est terrible... Je suis désolé, je ne sais pas quoi dire...
- Ne le sois pas, je suppose que toi aussi tu sais ce que ça fait de ne pas avoir de parents... Mais bon, je ne suis pas la plus à plaindre. Heureusement, j'ai rencontré quelqu'un qui m'a beaucoup aidé. Une vraie pépite cette fille, je ne la remercierai jamais assez pour tout ce qu'elle a fait.
- Et vous avez gardé contact?
- Bien sûr. Quoique avec le jeu nous n'avons pas beaucoup eu de temps pour nous... Elle me manque.
- Je suis certain que tu pourras bientôt la revoir.
- Encore faudrait-il que la partie avance.. où en es-tu, toi, représentant de la lumière?
- Je... Je suppose que j'avance. Lentement, mais sûrement.
- Dumbledore était vraiment un allumé. Ce n'est pas humain de te laisser te démerder en te mettant une pression pareille sur les épaules.
- Dumbledore fait ça pour notre bien à tous, répondit-il d'une voix neutre.
- Bien sûr. Et si Voldemort gagne, tu m'expliques ce qu'il aura fait excepté précipiter notre chute?
- Je-
- Ouais, pour le plus grand bien mon oeil. Il peut se la mettre où je pense sa phrase à la con.
- Nous devons faire confiance à Dumbledore. Sinon nous ne nous en sortirons pas, répliqua-t-il d'un ton atone.
- Qui essaies-tu de convaincre ainsi? Toi ou moi mon cher Harry? Lui demanda-t-elle avec indulgence.
- Je- Je dois y aller... Une obligation. À tout à l'heure.»
Harry quitta la cuisine sans attendre la réponse de la rousse. Ses doutes à propos de Dumbledore avaient été ravivés par Amaris et la sensation était fort déplaisante. Il marcha le long de la plaine pour tenter de se calmer. Il se força à respirer avec régularité.
Il se sentait un peu mieux quand la brume blanche l'emporta.
Harry atterrit une fois de plus dans la pièce à la l'aspect chaleureux. Il alla s'installer dans le fauteuil qu'il commençait à considérer comme sien. Rogue en fit de même face à lui et les deux sorciers ne s'autorisèrent à se regarder qu'une fois confortablement assis.
Severus était confus quant à ses sentiments pour le garçon. La veille, Potter avait fait preuve d'une telle compréhension à son égard que c'en était troublant. Cette attitude avait touché Severus plus qu'il ne voulait l'admettre. Il s'en voulait de s'être montré si faible face à Potter. Et la bienveillance avec laquelle avec il avait été reçu lui faisait presque honte.
Il leva les yeux et aperçu le gosse qui le dévorait du regard. Severus se sentit soudain encore plus mal à l'aise et ferma soigneusement son visage. Le plus dérangeant était sûrement que la lueur qui animait les yeux de Potter faisait écho à son propre désir.
«Pensez-vous que nous céderons?»
Severus fut pris au dépourvu par la soudaine question du jeune homme. Son ton semblait dénudé d'amertume et réellement interrogatif. Severus détestait le terrain glissant sur lequel Potter les amenait. Le gosse semblait avoir perdu toute sa hargne depuis la dernière fois. Bien sûr, c'était en partie pour cela qu'ils avaient discuté de leur différents. Et sur le coup, il avait semblé à Severus que c'était une bonne idée et que cela rendrait ses journées moins exécrables. Seulement, il n'appréciait pas la tournure des événements et se demandait si la haine n'était pas préférable à l'inconnu sur lequel ils s'aventuraient. Severus appréhendait quelque peu les conséquences d'un tel changement, surtout quand on savait qu'ils étaient dorénavant liés par une puissante attraction physique.
Par automatisme, Severus se renfrogna et son visage se fit plus dur dans un mécanisme de défense.
«Pourquoi Potter, souhaiteriez-vous que nous cédions? Railla-t-il avec un sarcasme acéré.»
Harry l'observa un instant. Severus chercha le jugement dans son regard mais il n'y en avait aucune trace. Harry le contemplait en silence, la tête légèrement penchée. Severus pris grand soin de durcir ses traits en une carapace impénétrable, comme chaque fois qu'il se sentait en position de faiblesse.
«Pourquoi faîtes-vous cela?»
Ses traits se crispèrent un peu plus.
«Quoi donc Potter? Cracha-t-il.
- Ça, répondit-il avec douceur en le désignant.
- Pourriez-vous aligner plus d'une syllabe Potter pour tenter de m'expliquer votre raisonnement absurde?»
Harry observa le masque de Rogue se durcir au fil des secondes. Mettre les choses à plat avec son professeur l'avait aidé à faire le point et évacuer la haine injuste qu'il portait à l'homme. De plus, il y avait eu cet instant où Rogue lui avait parut profondément humain. Profondément blessé. Et ce tableau l'avait heurté d'une façon inexplicable. Il avait compris que si Rogue était si acerbe c'était un réflexe inconscient de protection. Et une si grande hargne cachait sûrement une intense douleur. Ce qui poussait Harry à vouloir découvrir l'homme qui se terrait sous sa carapace de mépris.
«Vous vous réfugiez dans la haine dès que vous vous sentez en position de faiblesse. Mais être humain n'est pas une faiblesse Rogue.
- Ça l'est quand vous êtes au service d'un puissant Mage Noir. En tant qu'espion qui plus est.
- J'imagine que vous n'avez pas tout à fait tort... Mais je ne suis pas Voldemort.
- Quelle perspicacité Potter, vous m'étonnez.
- Donc vous n'êtes pas tenu d'agir ainsi en ma présence, continua-t-il sans tenir compte de la remarque.
- Parce que vous pensez réellement que c'est aussi simple que cela? Pensez-vous qu'il suffit d'une belle parole de votre part pour que toutes mes défenses s'abaissent? Si c'est le cas, vous êtes réellement stupide Potter.»
Harry secoua la tête d'un air navré. Il se leva, contourna la table basse qui les séparait et vint se placer face à Severus.
«Tout ce que je souhaite, c'est vous faire comprendre que je ne vous veux aucun mal. J'aimerais que vous puissiez être vous-même en ma présence. Cela doit être épuisant de maintenir ce mépris en permanence.
- Comme vous êtes charitable Potter, ricana-t-il.»
La vérité était que les paroles de Harry le touchaient d'une manière qu'il refusait d'analyser. Et ces yeux trop clairs qui le fixaient avec bienveillance étaient bien trop convaincants. Harry esquissa un faible sourire et Severus sentit un étrange sentiment lui nouer l'estomac. Il sentait ses défenses s'étioler au fil des secondes et il ferma les yeux dans un besoin urgent de s'évader, ne plus subir la douce pression du regard d'émeraude.
«Vous devez avoir tant souffert...»
Une main vint effleurer sa joue.
«Je suis désolé... souffla Harry.»
La pulpe de son pouce vint caresser la peau pâle. Severus se retint à grande peine de ne pas approfondir le contact avec la tiède peau sur sa joue. Il rouvrit les yeux pour apercevoir que Harry s'était encore approché et qu'il détaillait son visage avec minutie.
«Ce n'est pas votre faute. Cessez de vous sentir coupable, répondit-il d'une voix dénuée de mépris.»
Harry ne répliqua rien et se contenta de continuer sa contemplation des sombres prunelles de l'homme. Son corps tout entier lui criait de prendre possession des lèvres fines à sa portée. Le regard de Harry dériva vers celles-ci. De légères gerçures parsemaient la peau rosée. Inconsciemment, Harry se pencha vers elles. Son souffle se mêla à celui de Severus alors que sa tête s'inclinait doucement.
Severus regarda avec une certaine panique son élève plonger vers ses lèvres closes. Et le pire était sans doute qu'une part de lui n'aspirait qu'à ce que leurs bouches se scellent enfin. Ils étaient si proches...
Mais Severus ne pouvait pas. Il posa une main sur le torse de Harry pour le stopper dans son élan.
«Arrête Harry. Arrête avant de faire quelque chose que tu regretteras.»
Sa voix était grave et douce. Harry se délecta de son inflexion dénuée de mépris. Avec lenteur, Severus força Harry à se reculer.
«Je ne le regretterai pas, affirma-t-il après s'être reculé légèrement.
- Ne dis pas de sottises. Nous savons tous deux que ce n'est pas vrai..., déclara-t-il avec une pointe de douleur involontaire.»
Cette vérité avait quelque chose de blessant sans que Severus ne parvienne à expliquer pourquoi. Harry ne répondit rien et réfléchit à la teneur des propos de Severus. Après tout, n'avait-il pas raison? N'était-ce pas qu'un effet de la potion qui le poussait à agir ainsi? Quand le charme s'annulerait, aurait-il réellement regretté ce baiser?
Le snarry devient de plus en plus présent ! On va y arriver un jour !!
Autrement, on commence un peu à creuser le personnage d'Amaris !!! Je me rends compte que tous mes OC c'est merdique niveau de la famille...
Bref. J'espère que ce chap vous a plu !
