Harry se sentait encore poisseux de sa récente éjaculation quand il se matérialisa dans la plaine. Avec un rougissement, il se lança un sort de nettoyage et se rendit dans la tente qu'il partageait avec Osiris. Son ami était assis dans le fauteuil du salon, différents tubes à essai posés devant lui. Dans celui du milieu trônait un liquide pourpre soumis à un sort d'analyse.

Osiris leva les yeux vers Harry et son regard le balaya de haut en bas, comme s'il se doutait de ce qui s'était passé quelques minutes plus tôt. Il resta silencieux et reporta son attention sur la fiole en face de lui.

«Nous devrions avoir les résultats dans quelques heures.»

Cela faisait déjà plusieurs jours que Osiris avait fait analyser l'échantillon de sang de Dumbledore.

Amaris entra dans la tente avec sa bonne humeur habituelle.

«Bonjour tout le monde, je vois qu'on est déjà levé! Oh mais je vois que vous faîtes des expériences! S'exclama-t-elle. Qu'est-ce que c'est? On dirait... Du sang.»

Elle vint se placer près d'Osiris pour mieux observer. Un instant fugace, il sembla à Osiris que ses doigts effleurèrent son avant-bras, mais peut-être n'était-ce que le fruit de son imagination. Après tout, il était compliqué de discerner les touchers avec leur uniforme. Déstabilisé, il n'eut pas le temps d'empêcher Harry de répondre:

«Très juste! C'est du sang. Celui de Dumbledore. Nous avons gagné un échantillon l'autre jour et nous voulons l'analyser pour savoir si nous pouvons déceler la moindre trace d'indice sur la façon dont il a été tué...

- Oh vraiment? Impressionnant! Et alors, qu'est-ce que ça dit pour l'instant?

- Ça ne dit rien du tout, nous attendons les résultats, répondit fermement mais calmement Osiris.

- Oh, je vois...»

À ce moment, un compteur apparut à la droite de Harry et se mit à tourner à vive allure. Secrètement, il espérait tomber sur la case bonus car il avait perdu la plupart de ses objets avant d'avoir pu les utiliser. Notamment le bonbon qui donne des ailes, la potion de révélation d'apparence ainsi que sa corne d'abondance qui auraient pu s'avérer utiles. Il ne lui restait désormais qu'une fiole contenant un liquide capable de dévoiler l'équipe choisie par un joueur. Harry ne savait pas encore sur qui l'utiliser. Il avait d'abord pensé à Osiris, bien que l'idée fut vite balayée. Il était impensable que le sorcier ne soit pas dans son équipe. Il y avait aussi Amaris. Mais Harry préférait réfléchir. Il avait le sentiment que le moment n'était pas encore venu.

Un poids dans sa paume le fit revenir à l'instant présent. Une fiole de forme allongée et au liquide argenté s'y trouvait. Il l'a fit rouler entre ses doigts pour voir l'inscription habituelle qui accompagnait chaque souvenir mais celle-ci était vierge de tout titre. Il jeta un regard en biais à Osiris qui hocha simplement la tête. Harry salua donc Amaris et Osiris d'un geste de la main et transplana en direction du bureau de Dumbledore.

Amaris jeta un regard furtif allant de la fiole de sang à Osiris et avec un léger soupir, elle demanda:

«Pourrait-on... Parler?

- Je t'écoute, répondit-il avec lenteur.

- Eh bien... Je ne sais pas comment te dire ça...

- Commence peut-être par t'asseoir, les mots viendront avec plus d'aisance si tu es bien installée, proposa-t-il avec un ton neutre.

- Je- Oui. Merci.»

Elle se dirigea avec hésitation jusqu'au fauteuil face au sorcier. Il l'observa en silence, tentant de deviner ses intentions dans sa démarche pour une fois peu assurée.

«Tu disais donc?

- Je- Écoute, commença-t-elle d'une voix volontairement calme. J'ai la nette impression que tu n'as pas confiance en moi. J'ai raison, n'est-ce pas?

- Je ne vois pas de quoi tu veux parler, répliqua-t-il nonchalamment.

- Je ne suis pas stupide! Cesse de me prendre de haut comme si je n'étais qu'une pauvre gamine de 5 ans, indigne de ta brillante intelligence.»

Osiris haussa un sourcil intéressé.

«Et qu'est-ce qui te fait dire cela, je te prie?

- Toute une ribambelle de détails, mais ce n'est pas important, exposa-t-elle en chassant un insecte invisible du plat de la main.

- Si, au contraire.

- Non. Ce n'est pas ce dont je veux parler.

- C'est pourtant ce sur quoi tu as lancé la discussion.

- Je- Oui, soupira-t-elle. Tu ne me rendras pas les choses faciles, n'est-ce pas? Affirma-t-elle mi-attendrie, mi-blessée.

- De quelles choses parle-tu? Interrogea-t-il sur un ton poli.

- Je vois bien que tu ne me fais pas confiance. Et je ne peux pas t'en vouloir. Mais... comprends bien que je ne vous veux aucun mal, à toi comme à Harry. Et... Ne retourne pas Harry contre moi parce que tu me soupçonne de je ne sais quoi. Je sais que tu tiens à sa protection, mais je te garantis que je n'ai aucune mauvaise intention. Je sais que tu ne m'accorderas pas ta confiance pour autant, mais je tenais à te le dire, finit-elle avec détermination.

- Et pourquoi devrais-je te croire? Demanda-t-il sans animosité.

- Parce que...»

Elle s'arrêta avec une certaine douleur dans la voix.

«Je t'aime Osiris, murmura-t-elle presque avec honte. Et jamais je ne pourrais te nuire.»

Elle compressa ses paupières entre elles sous l'affliction que lui provoquait cet aveux. Osiris la regarda avec une lueur d'étonnement. Se pouvait-il qu'elle dise la vérité? Elle semblait si sincère que c'en était troublant. Mais personne ne pouvait affirmer l'aimer de la sorte, si? Après tout, qu'avait-il de si spécial? Certes, il était observateur et bon en déduction. Mais cela faisait généralement de lui la personne facile sur lequel on pouvait se reposer intellectuellement et qu'on appelait chaque fois qu'on avait besoin de solution à son problème. Cela ne faisait pas de lui quelqu'un... d'aimable. Osiris s'interrogeait sur ce qui pouvait avoir provoqué un tel sentiment. Ce n'est pas comme s'il avait jamais reçu l'amour de quiconque. Il n'était pas quelqu'un à aimer, voilà tout. Et cette déclaration le troublait plus qu'il ne le laissait paraître.

«Je-

- Je sais, le coupa-t-elle. C'est lui que tu aimes. Je n'attends rien de ta part. Je voulais juste... l'exprimer.

- Lui? Demanda-t-il avec un ton qui se voulait détaché, pas certain de bien saisir l'implication de la phrase prononcée.

- Oui, Harry, affirma-t-elle sans hésitation.

- Attends- Penses-tu réellement que j'éprouve quelque chose pour lui?

- Bien oui, cela me semble assez flagrant...

- Permets-moi de te détromper dans ce cas, Harry n'est que quelqu'un que je me dois de protéger et aider, rien de plus, répondit-il sur un ton calme, qui manquait de son aplomb habituel.

- Oh, je vois, déclara-t-elle avec un sourire attendri. Et bien si c'est ce que tu penses... Après tout, tu finiras bien par ouvrir les yeux.»

Elle s'étira et se releva. La rousse fit un bref salut de la tête à Osiris et s'en alla rejoindre sa propre tente.

Osiris restait perplexe face aux paroles de la jeune femme. D'abord, cette prétendue déclaration d'amour, et ensuite, voilà qu'elle remettait en cause les sentiments qu'il nourrissait à l'égard de Harry. Bien sûr, il était conscient d'être profondément attaché et attendrit par le jeune homme, bien qu'indépendamment de sa propre volonté. Il savait qu'il ne voulait que le bonheur de celui-ci et ressentait un fort besoin de protection. Toutefois, on ne pouvait pas appeler cela de l'amour, si?

Non. Cela ne pouvait être vrai. Cela ne ferait qu'apporter des complications dans leur tâche déjà ardue. Il n'avait pas le temps. Il n'avait pas le droit. Osiris ne pouvait se permettre d'aimer.

OoOoOoO

Harry versa le mince filet d'argent dans le bassin de pierre, avant d'y plonger la tête la première.

Il atterrit aux côtés d'un Dumbledore d'une trentaine d'années à la mine sévère et fermée. Cette expression si détonante de sa joie habituelle le mit immédiatement en alerte. Ils se tenaient tous les deux devant une bâtisse à la façade blanche. Sur le balcon étaient soigneusement entreposés des pots à fleurs qui grimpaient sur la rambarde de fer. Le toit était fait d'ardoise et de la mousse sy agglutinait par endroit. Dumbledore entra dans la maison sans même frapper, ce qui provoqua un froncement de sourcil de la part de Harry. Il suivit son ancien directeur jusqu'à l'étage. Il passèrent devant une chambre d'enfant où Harry entraperçu une bibliothèque assez conséquente. Ils arrivèrent à un bureau où une femme aux longs cheveux auburn bouclés et au visage fin était penchée sur une pile de documents. À leur entrée, elle leva vivement la tête.

«Qui êtes vous? Comment êtes-vous entré dans ma maison? Demanda-t-elle d'un ton méfiant.

- Je suis entré par la porte voyons, très chère, expliqua-t-il d'un ton dénué d'amusement. Je me suis permis cette faveur car vous êtes en possession de renseignements dont j'ai besoin, maintenant. Et il se trouve que ma gentillesse a été abusée bien trop de fois pour s'être révélée le procédé efficace à cette tâche. Où est-elle? Interrogea-t-il d'un ton sec en sortant sa baguette.

- Je ne sais pas de quoi vous parlez, répondit-elle en l'imitant.

- Ne faîtes pas l'innocente, asséna-t-il froidement. Où est la pierre de résurrection?

- J'ignore quel est cet objet, maintenant sortez de chez moi où j'appelle les Aurors.

- Endoloris. Où. Est. La. Pierre.»

La femme se tordit sur le sol et poussa un hurlement de souffrance. Sa voix vrillait les tympans de Harry et lui donnait la nausée.

«Je ne sais pas, hurla-t-elle. Je ne sais pas! Je ne sais pas! Je ne sais pas! Répétait-elle en une litanie incessante Je ne sais-

- Avada Kedavra.»

Le sort avait été prononcé avec froideur, sans la moindre trace de chaleur de l'homme que Harry avait connu.

Dumbledore n'adressa pas un regard de plus à la femme qu'il avait injustement assassiné et tourna les talons.

Harry ressortit de la pensine profondément ébranlé. Il avait toujours cru que Dumbledore était le meilleur homme que le monde sorcier ait jamais connu. Qu'il oeuvré pour le bien avec bonté et bienveillance. Mais la scène à laquelle il venait d'assister détonait clairement avec l'image de l'homme qu'il pensait connaître.

C'était un meurtre de sang froid. Motivé par le pouvoir et l'avarice. Une mort injustifiée. La question était: combien d'autres victimes innocentes avaient succombé sous la main du sorcier aux yeux pétillants de malice?


On découvre un Dumby pas tout blanc, hein !

Que pensez-vous que va dire l'analyse de sang ?

Et surtout, que pensez-vous des sentiments d'Amaris pour Osiris ????

Bref.

J'espère vous dire à bientôt !!