Les paroles de Severus avaient quelque peu apaisé Harry. Bien que le doute restait omniprésent, il l'appréhendait dorénavant de façon plus sereine. Toutefois, cela faisait plusieurs jours qu'une gêne persistait entre Osiris et lui. Et Harry sentait que celle-ci ne s'atténuerait pas tant qu'il n'aurait pas eu une petite discussion avec le concerné. C'est pourquoi, alors qu'ils étaient tous deux affairés au repas de midi, Harry débuta avec une légère hésitation :

« Tu ne crois pas qu'on devrait parler...

- Je crois surtout que tu en as besoin, je me trompe ? Demanda-t-il avec indulgence et bienveillance.

- Non. Bien sûr que non... Tu es toujours aussi diablement perspicace, murmura-t-il pensivement.

- Je t'écoute, l'encouragea à Osiris avec douceur.

- Je... Depuis le début tu affirme être de mon côté et vouloir tout faire pour m'aider, pas vrai ?

- Oui. »

La réponse était concise. Mais elle n'avait pas besoin de plus de mots pour transmettre toute sa sincérité.

Il y eut un bref silence durant lequel une roue bien connue fit son apparition aux côtés de Harry. Pressé par l'arrivée imminente de son prochain tour, Harry demanda avec un certain empressement :

« Donc tu me dirais si c'était toi l'assassin de Dumbledore, pas vrai ? »

Il y eut un silence. Durant lequel la roue acheva sa rotation infernale. Avant d'être embarqué, Harry eut le temps de percevoir un faible :

« Oui. Bien sûr que je te le dirais. »

Il sembla à Harry que la phrase se prolongeait mais il n'eut pas le temps de l'entendre.

Harry atterrit alors dans une sombre pièce circulaire aux torches diffusant une lumière bleutée. Un endroit en tous points similaires à celui dans lequel il avait fait la rencontre d'Osiris. Harry devina qu'il était tombé sur la case « Rencontre ». Le jeune n'était tombé que peu de fois sur cette case. Pour être honnête, une fois seulement si on excluait celle-ci. Harry savait que Osiris était tombé bien plus régulièrement sur cettz possibilité. D'ailleurs, l'aîné en était chaque fois ressortit relativement vainqueur de par son aisance à manier ses mots. Seulement Harry n'était pas Osiris. Il n'était pas certain de pouvoir rivaliser avec son adversaire. Surtout si celui-ci était un Mangemort de l'équipe émeraude.

C'est donc avec un léger tremblement que Harry dégaina sa baguette et la pointa sur la silhouette noire du joueur. Cependant son geste fut en quelque sorte vint puisque son adversaire était déjà sur lui, l'attirant dans une étreinte pleine de ressentiment.

« Oh Harry cela fait tellement du bien te de revoir. »

Le concerné chancela légèrement sous le poids qui l'écrasait.

« Tour va bien ? Tu n'as pas eu de quelconque problèmes ? Et l'enquête ? Ça avance ? Oh, il faut absolument que je te parle de quelque chose, j'ai fait une découverte importante ! Figure-toi que j'ai appris que-

- Stop ! Qui êtes-vous !? Demanda Harry en repoussant le joueur anonyme.

- Que suis-je bête ! Comment ai-je pu oublier ces fichus uniformes ! J'étais tellement contente de te revoir que ça m'est passé par dessus la tête. Il faut dire que cela fait depuis le début du jeu que nous ne nous sommes pas vus... C'est Hermione, Harry. La vraie cette fois-ci...

- Et comment puis-je en être certain ? Interrogea-t-il, suspicieux. Il s'était fait avoir une fois, pas deux.

- Pose-moi une question, n'importe laquelle. Que seule Hermione pourrait savoir. J'y répondrais. »

Harry se sentit bête de ne pas avoir pensé à ce moyen plus tôt. Peut-être cela aurait permis de démasquer Bellatrix quand elle avait prétendu être Hermione avant d'en arriver à de telles extrémités.

Le Gryffondor prit un temps pour réfléchir. Quel fait Hermione connaissait-elle dont personne d'autre n'était au courant ?

« En troisième année, après que nous ayons été voir Ron à l'infirmerie du fait de sa morsure à la jambe par Sniffle, qu'avons-nous fait ?

- Nous avons remonté le temps afin de sauver Buck, Sirius, nous-même de Remus transformé en loup-garou. C'est aussi à ce moment que tu as lancé ton Patronus depuis l'autre rive, pensant que c'était ton père qui venait à ton secours... »

Harry sourit sous son voile, cocha la case « Pacifique » pour donner la nature de l'échange et s'avança pour prendre la sorcière dans ses bras.

« Mione, tu m'as manqué ! J'ai bien cru que tu étais morte... Comment as-tu fait ? Ron a su te guérir ?

- Oui. Il a été très patient tu sais, il m'a veillé avec beaucoup de bienveillance. Quand je reprenais conscience, je lui indiquais les potions a fabriquer, ce qu'il a fait avec le plus grand soin. Tu serais surpris de ses talents en potion !

- J'en connais un autre qui serait surpris, ricana Harry en pensant à son amant.

- Qui ?

- Oh non rien, oublie, déclara-t-il, embarrassé. Tu disais donc avoir fait une importante découverte ?

- Oui. L'autre jour, j'ai obtenu une fiole de souvenir qui m'a permis de visualiser l'existence du fils a-

- Osiris ? C'est cela n'est-ce pas ?

- C'est... Exact, affirma Hermione avec surprise. Comment as-tu deviné ?

- C'est mon ami. C'est avec lui que je campe. Tu ne t'en souviens peut-être pas mais c'est lui qui t'as sauvé la vie et te faisant transplanter avec Ron...

- Tu... Habites avec lui ? Demanda-t-elle d'un air étrange.

- Habiter est un bien grand mot... Mais oui.

- Harry... Visiblement, c'est quelqu'un que tu estimes mais je me dois de te mette en garde. Il est fort probable que ce soit lui l'assassin de Dumbledore.

- Et pourquoi lui ? Ne put s'empêcher d'interroger Harry d'un ton venimeux bien qu'il avait ses propres doutes à ce sujet.

- Dumbledore lui disait tout. C'était le seul dont il n'aurait jamais douté. Et vu la puissance de Dumbledore c'est visiblement un proche qui a pu l'assassiner de la sorte.

- Je sais... J'ai déjà envisagé cette possibilité... Mais il fait tellement pour m'aider... C'est un très bon ami. Et puis, sa contribution à l'enquête à toujours était bénéfique. Il est d'une perspicacité remarquable.

- D'une perspicacité remarquable, tu dis ? Harry, ne t'es-tu jamais dit que ce n'était peut-être pas par ses déductions mais par son savoir que l'enquête avançait ?

- Tu insinues que-

- Qu'il t'a probablement mené en bateau depuis le début. Écoute Harry... Je ne sais pas qui est cette personne. Elle est sûrement très... Bien. Et tu sembles lui porter une confiance aveugle.

- Je ne suis pas aveugle. Je peux très bien me débrouiller tout seul, répliqua-t-il, vexé.

- Ce n'est pas ce que je dis, le rassura-t-elle en secouant la tête. Juste... Méfie-toi de lui, d'accord ?

- ... D'accord.

- Merci, souffla-t-elle soulagée.

Il lui fit un petit signe de la tête, lui montrant que ce n'était rien. Puis il la quitta en lui promettant de faire de son mieux pour arranger la situation au plus vite, tout en lui demandant de passer le bonjour à Ron. Elle le salua et chacun partit vaquer à ses occupations respectives.

OoOoOoO

Quand Harry débarqua dans le salon où avait lieu ses rencontres quotidiennes avec Severus, son estomac grondait famine.

Peut-être cela expliquait-il la jolie table soigneusement dressée qui apparut dans un coin de la salle, dans le dos du canapé. Sur une nappe nacrée étaient posées des bougies parfumées de couleur rouge qui diffusaient une lumière tamisée. Une rose blanche trempait dans un vase au centre de la surface. Tout autour étaient entreposés divers toast, confiture, assiettes d'œufs, bacon... De quoi faire un copieux petit-déjeuné anglais.

Severus haussa un sourcil.

« On vire au Poufsouffle romantique ? »

Harry rougit sous la remarque mais ne perdit pas le nord pour autant.

« De qui tu parles, toi ou moi ? Se moqua-t-il.

- Stupide Gryffondor, comment oses-tu- commença-t-il en venant attraper les hanches de son amant.

- Et puis quoi Severus ? Qu'est-ce que tu vas faire ? Le taquina Harry. »

Severus sourit narquoisement et prit possession des lèvres de son Gryffondor avec sensualité. Un de ses longs doigts fins vint effleurer avec malice le renflement déjà présent au niveau de l'anatomie du jeune sorcier en raison du puissant sort d'attraction auquel ils étaient soumis. Avec un geste brusque mais calculé, Severus prit à pleine main le sexe tendu qui se pressait douloureusement contre le tissu. Harry gémir contre ses lèvres, cherchant instinctivement plus de contact. Alors que Harry allait déboutonner la chemise de son amant, celui-ci se recula brutalement. Créant un manque qui fit grogner Harry de la perte.

« Alors, on le mange ce petit-déjeuner ? Il me semblait avoir entendu ton estomac réclamer. »

Severus s'assit avec agilité et élégance dans une des deux chaises. Il croisa ses jambes sous la table et se tourna vers Harry, un air faussement innocent sur le visage.

« Qu'attends-tu ? »

Harry le dévisagea longuement. Il soupira et vint s'installer face à son amant.

« Tu es diabolique Severus.

- Je sais, répliqua-t-il avec un fin sourire narquois. »

Harry soupira, l'amusement se mêlant progressivement à sa frustration. Il se saisit ensuite de toast, d'œufs brouillés et de bacon et entama son repas. Severus en fit de même avec un naturel décontracté.

« Tu as des projets pour l'après-guerre ? Demanda Harry sur le ton de la conversation. Je veux dire, tu comptes retourner à Poudlard pour y enseigner les Potions ou faire autre chose ? »

Severus le dévisagea prudemment. Il y eut un temps de latence ou on entendit plus que le tintement des couverts contre l'assiette avant qu'il ne déclare finalement avec lenteur :

« J'avoue ne pas y avoir réfléchi.

- Ah bon ? Tu ne t'es jamais imaginé ce qui se passerait une fois tout ça terminé ?

- Disons que j'avais d'autres... Éléments qui m'occupaient suffisamment l'esprit pour ne pas penser à l'avenir. »

Severus tut le fait que s'il n'avait aucune réponse à fournir au jeune homme, c'était tout simplement parce qu'il ne pensait pas survivre à la guerre. Du moins auparavant. Maintenant il y avait Harry. Et cela ouvrait de nouvelles possibilités pour l'avenir.

« Je vois...

- Et toi ?

- Moi ? Encore faudrait-il que je survive... Je vois d'ici la une des journaux : Celui-qui-a-survécu nouvellement Celui-qui-a-vécu. »

Severus le foudroya du regard, ne semblant pas beaucoup apprécier la plaisanterie.

« Oh ça va, si on ne peut plus rigoler de sa propre mort...

- C'est quelque peu complexe quand celle-ci signifie également la déchéance du monde, Potter, répliqua-t-il d'un ton froid.

- Je sais, je sais... Je suis désolé. »

Severus but une gorgée de son thé.

« Au final, tu n'as pas répondu à ma question Severus. Que penses-tu faire après la guerre ? Je sais que tu n'y as pas réfléchi mais tu peux le faire là, maintenant. Qu'est-ce qui te passe par la tête ?

- Je pense, commença-t-il avec prudence, que retourner enseigner à Poudlard ne sera pas dans mes projets. Avec la... bsence, d'Albus, la vie au château ne sera plus pareille. Et puis, il n'y aura plus de vieux fou pour me contraindre à rester. Donc je suppose que je m'en irai. Pour faire quoi ? Je n'en ai aucune idée. Je pourrais peut-être ouvrir un magasin de Potions. Nous verrons bien une fois le temps venu, conclut-il posément. Mais toi non plus tu n'as pas répondu à ma question. Quels sont tes projets futurs ?

- Je croyais vouloir devenir Auror. Mais je ne le pense plus. Ce métier me paraît trop éreintant. Si je survis, »

La condition piqua Severus d'une douleur vive, bien que fugace.

« Je pense tenter de trouver un travail paisible, qui le permettra de mener une existence confortable et reposante. Quoi, je ne sais pas encore. J'imagine que je trouverai le temps venu. Et puis, surtout... J'aimerais- »

Harry s'arrêta brutalement, comme s'il était sur le point de sortir une énormité. Il secoua la tête.

« Rien, oublie.

- Pourquoi, aurais-tu des choses à cacher ? Un amant secret ? Railla-t-il avec une pointe de venin.

- Mais non, rien de ce genre, où vas-tu chercher tout ça ? Souffla Harry.

- Continue donc ta phrase puisque tu n'as rien à cacher. »

Harry soupira en jouant avec ses œufs d'un air pensif. Puis son regard s'ancra dans celui de Severus, profondément sérieux. Peut-être même un peu inquiet.

« Penses-tu qu'il y ait un avenir pour nous ?

- À moins d'une mort brutale et prématurée je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas continuer de vivre.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire. Et tu le sais. Penses-tu que nous ayons un futur ensemble ? »

Severus baissa les yeux sur son assiettes afin de couper sa tranche de bacon.

« Je ne sais pas. Je pense que notre... Relation fonctionne principalement parce que tu es coincé avec moi. En besoin d'affection et de sexe. »

Il jeta un regard appuyé à l'entrejambe de Harry.

« Mais une fois toute cette mascarade terminée tu seras libre de l'emprise du sortilège. Libre de moi. Et au vu de ton âge, il ne serait pas étonnant que tu décidés d'aller voir ailleurs. Après tout, je ne suis pas certain que vivre avec un vieil homme acariâtre, Mangemort de surcroît, soit dans tes projets de vie paisible, n'est-ce pas ?

- Donc, tu penses que, nous deux, c'est juste... Une passe ? Demanda Harry incrédule et inquiet.

- En quelque sorte, oui. Tu te laisseras de moi et passeras à autre chose.

- Mais toi Severus, te lasseras-tu de moi ?

- Je suis plus vieux, constata-t-il comme si cela était la clé même de toutes les interrogations possibles. »

Harry ne savait pas vraiment comment interpréter cette réponse. Aussi choisit-il de répondre aux incertitudes de Severus.

« Pour être franc, te laisser filer n'était pas dans mes projets. En fait... Je comptais t'inclure dans ma vie tranquille justement. Je pensais... Enfin... J'aurais voulu... Te demander si on ne pourrait pas se trouver un chez nous. À toi et moi. Enfin, euh, tu vois quoi. Mais j'avais peur que tu ne veuilles pas t'encombrer d'un Gryffondor agité alors je me suis stoppé dans ma phrase...

- Tu voudrais... Habiter avec moi ? Questionna-t-il d'un ton neutre.

- Hem... Oui. Mais si tu ne veux pas ou je ne sais pas trop si tu préfères qu'on reste à distance ou si tu ne veux simplement plus de moi parce que, parce que je ne sais pas moi ou alors si tu- euh, enfin bref, si tu ne veux pas c'est pas grave, finit-il gêné.

- Qui suis-je pour m'opposer à la volonté d'un Gryffondor têtu ? Soupira-t-il avec un air vaincu.

- Non mais, je ne voudrais pas te forcer-

- Ne sois pas stupide, le coupa Severus avec fermeté.

- Alors c'est ok ? Tu souhaite réellement poursuivre notre relation après la guerre, qu'on vive ensemble ?

- C'est ok, déclara-t-il avec un petit soupir. »

Un grand sourire illumina le visage de Harry, diffusant une douce chaleur dans la poitevine de Severus. Et même s'il était beaucoup moins expressif à ce sujet, intérieurement, Severus était touché par la proposition du jeune homme.

Le brouillard qui entourait l'après-guerre s'était éclairci. Il y avait maintenant un avenir qui attendait Severus et Harry au bout du chemin tortueux et sanglant. Et c'était un avenir radieux, qui n'attendait qu'eux.


Il reste plus que 3 chap après celui-ci... Et le prochain s'annonce long. Et fort en rebondissements je l'espère. Donc, tenez-vous prêts.