Chapitre 2
_C'est une blague ? Rugit le dragon slayer, hors de lui.
Le petit mage se recroquevilla.
_Je suis désolé, capitaine... Mais c'est comme ça. On pensait avoir un stock suffisant, mais pourtant...
_Et il est passé où le stock, au juste ?
_Je ne sais pas ! Protesta le pauvre soldat. Je ne sais vraiment pas...
_Gajeel, calme-toi. Ordonna Lily. Dans combien de temps le labo pourra-t-il en refaire ?
Leur interlocuteur déglutit, son regard affolé ne quittant pas Gajeel.
_Je pense... S'ils s'y mettent maintenant... Nous devrions refaire le stock la semaine prochaine...
Gajeel écrasa son pilier dans un mur.
_Faites plus vite que ça ! Hurla-t-il.
Le petit soldat sursauta, et faillit éclater en sanglot. Gajeel sortit de la pièce avant de devenir vraiment violent.
Ils venaient de rentrer. Le gérant de la Dolce Vita était dans la salle d'interrogatoire. Mais s'il ne crachait rien de compromettant dans les quarante-huit heures, Jura avait annoncé qu'il serait relâché. Gajeel venait d'apprendre qu'il n'y avait plus de sérum de vérité dans les murs du Conseil Magique. Or, ce sérum était justement central dans tous les interrogatoires ! La coïncidence était quand même remarquable.
Il serra les dents, et tâcha de se calmer. Le problème principal n'était même pas que le type serait relâché, mais qu'ils allaient perdre toute chance de retrouver les filles.
Il arrivait vers le bureau de Levy, quand il croisa Fumio dans le couloir, l'air très soucieux.
_Capitaine Redfox ! Je suis soulagé de vous voir... Miss Levy vous écoutera peut-être.
Gajeel haussa un sourcil, invitant Fumio à en dire plus.
_Je viens de passer la voir... Tout son bureau est sans dessus dessous. Elle s'écharne à étudier tous les départs de la capitale, ainsi que les rapports des capitaineries. Elle est déjà très fatiguée, et... Elle est complètement...
_C'est bon, j'ai compris.
Il tourna les talons, devant le regard stupéfait de Fumio.
_Mais... Vous n'allez pas lui parler ?! Elle va se ruiner la santé pour rien, et il n'y a que vous qu'elle écoute ! Capitaine ? Capitaine !
Gajeel repartit sans répondre. Les poings serrés, et le regard dur.
Il n'y avait plus de serum de vérité ? Qu'à cela ne tienne. Il utiliserait la bonne vieille méthode.
OoOoO
Un peu plus tard, il poussa la porte entr'ouverte du bureau de Levy. La pièce était jonchée de papiers de toutes sortes. Elle était assise par terre, la tête basse. Elle regardait autour d'elle d'un air vide.
La porte grinça, mais elle ne bougea pas. Quand elle parla, Gajeel tressaillit tellement sa voix était brisée de fatigue.
_Elles n'ont pas pu quitter la ville. Déclara-t-elle, sans même tourner la tête. J'ai épluché tous les registres des sentinelles sur les sept portes de la capitale, j'ai réuni tous les rapports de capitaineries, j'ai tout recoupé. Elles sont toujours quelque part.
_Levy...
_Je voulais frapper vite et fort, pour sauver le plus de filles possible. Je n'arrive pas à croire que le premier coup soit aussi...
_Levy.
Elle finit par le regarder. Ses yeux étaient brillants de larmes.
_Il a craché le morceau.
OoOoO
Levy avait été prévenue que le sérum de vérité avait été épuisé. Elle avait regardé Gajeel avec suspicion en apprenant qu'il avait réussi à obtenir les informations qu'il voulait.
_Comment as-tu fait ?
_T'inquiète. Il est entier. T'as pas besoin d'en savoir plus.
Levy se résolut à élucider le mystère plus tard. Le temps pressait considérablement. Ils avaient réunis le double des soldats-mages, et étaient repartis en direction de la zone industrielle. Bien sûr, le hangar indiqué par le gérant n'était pas au nom de Forleone, mais la mage des mots ne doutait pas de pouvoir faire le lien entre l'homme de paille et l'homme de l'ombre.
_Nous y sommes !
Levy coula un regard à Gajeel.
_Je ne sais pas comment tu as obtenu ses aveux, mais j'espère qu'ils sont fiables. Parce que si jamais il a décidé de nous faire perdre du temps, nous ne retrouverons pas ces filles.
_Tu crois que j'y ai pas pensé ? Grogna-t-il. Je te garantis que les infos sont bonnes.
Levy hocha la tête. La moitié de l'escadron fut sommé d'encercler le hangar, et Gajeel enfonça la porte le premier.
Il était occupé par une bonne douzaine de voitures de luxe, sur lesquelles travaillaient des hommes en bleus de travail.
_C'est quoi, ce bazar ! Glapit l'un d'eux, en se dirigeant vers les nouveaux venus.
_Conseil Magique. Vous êtes le responsable, ici ?
L'homme, qui arborait une épaisse moustache et un teint buriné, se raidit immédiatement. Il attrapa un chiffon dans un coin et essuya ses mains pleines de cambouis.
_Si on peut dire, ouais... Mais y'a pas de mages, ici. Et les voitures fonctionnent à l'énergie cristalline, pas à la pompe magique. J'vois pas c'que l'Conseil Magique vient faire là.
_Dites à vos hommes de se réunir dans un coin, et que personne ne sorte. Fouillez les voitures !
Les soldats obéirent, et s'attelèrent à la tâche.
Levy se mit à parcourir le hangar d'un côté, et Gajeel de l'autre. Visiblement, il ne contenait que des voitures. Le sol était en terre battue, et ne pouvait pas cacher de trappe. Les murs de pierre recouverts de chaux ne contenaient pas d'ouverture autre que la porte qu'ils avaient franchi.
_Rien ici !
_Là non plus.
_Pas dans celle-là.
Levy se mordilla les lèvres. Le hangar était vaste, mais quelque chose clochait. De l'extérieur, elle était certaine qu'il était bien plus grand. Plus long... Elle s'arrêta à l'autre extrémité, Gajeel à ses côtés.
_Elles sont là. Déclara-t-il. Je les entends...
Il entendit aussi le déclic de l'arme à feu.
Levy fut plaquée contre la paroi pile au moment où la mitraillette balayait le mur. Les balles rebondirent sur la peau d'acier de Gajeel avec un bruit infernal. Écrasée entre son torse de métal et la pierre, Levy ne voyait rien. En revanche, elle entendait distinctement les bruits de combat autour d'eux.
_Vas-y ! Hurla-t-elle. Va les aider !
_T'es pas bien ?! Pas question que je te laisse !
Les tirs se concentraient sur eux. Levy comprit que c'était elle qui était visée. A l'instant où Gajeel se dégagerait, elle serait criblée de balles. Mais leurs hommes avaient besoin d'aide ! Le dragon slayer était sans aucun doute capable de mettre fin à cet affrontement en moins d'une minute. Elle se mit à réfléchir à toute allure.
_Gajeel, je compte jusqu'à trois, et tu t'écartes. Fais-moi confiance... S'il-te-plaît. Appuya-t-elle.
Elle ne pouvait pas voir son visage, mais elle le sentit au contraire se resserrer contre elle.
_Capitaine, je vous couvre tous les deux ! Dégagez-vous de là !
Fumio accourait vers eux. Sa magie consistait à faire durcir l'air qui l'entourait pour en faire des masses solides. Les balles s'enfoncèrent dans la masse qu'il compactait devant Gajeel, cessant de rebondir sur lui.
_VAS-Y !
Le temps qu'elle hurle, il n'était déjà plus là. Les masses d'air de Fumio n'étant pas destinées à durer, elle traça aussitôt un script « wall » qui la mit à l'abri des balles. Coincée entre son script et le mur de l'entrepôt, Levy ne put qu'entendre les bruits de combat cesser progressivement. Gajeel était redoutablement efficace, dans ce genre de situation. Elle inspira profondément, soulagée.
_Levy ! Ça va ? S'exclama Panther Lily, en apparaissant brusquement devant elle.
Elle hocha la tête, et s'extirpa pour contempler le champ de bataille.
La plupart des voitures étaient en piteux états. Mais comme les hommes présents dans l'entrepôt ne pratiquaient pas de magie, ils n'avaient pas pu résister bien longtemps aux soldats-mages du Conseil.
En particulier à un certain Dragon Slayer, fort énervé de voir sa partenaire prise pour cible. A ses pieds, un homme gisait, les bras brisés entre deux mitraillettes. Il gémissait de douleur.
_Ça lui apprendra. Grogna Gajeel, en se détournant de l'homme avec un souverain mépris. Et on a pas terminé.
Sans prévenir, il abattit son pilier sur la paroi contre laquelle il avait plaqué Levy. La pierre était épaisse, mais elle ne lui résista pas longtemps. Et bien sûr, le mur ne donnait pas sur l'extérieur. Gajeel acheva de créer une ouverture, et s'écarta en faisant signe à Levy de regarder.
L'espace était plus étroit que ce qu'elle pensait, et la seule lumière provenait d'un tout petit lacrima incrusté dans le mur. Recroquevillées contre la paroi, les filles se pressèrent les unes contre les autres.
Elles étaient trois.
