Chapitre 10

Il Filgio était l'un des hôtels-restaurants les plus en vue de la capitale. Deux mois de réservation au mieux, des plats dignes de la table du roi, des chambres aussi luxueuses que celle du palais, et des prix à faire peur.

A quatorze heures très exactement, Levy descendit d'une carriole et grimpa les marches d'un magnifique bâtiment blanc et bleu, orné d'imposantes colonnes à l'entrée. Selon ses informations, il y avait près d'une vingtaine d'étages, deux piscines dont une à l'extérieur, un terrain de tennis, et un spa aménagé au sous-sol.

Un portier en livrée la toisa un instant. Levy n'avait pas passé son manteau blanc, elle était en civil. Son regard dédaigneux étudia son haut noir, sa jupe toute simple et ses bas, puis s'intéressa au paquet enveloppé de papier kraft qu'elle tenait sous son bras.

_Je suis attendue. Déclara-t-elle d'un ton glacial.

Le portier ne prit même pas la peine de la saluer, et ouvrit la grande porte sans un mot. Mais elle était beaucoup trop anxieuse pour s'en formaliser. A l'intérieur, l'employé de la réception vint directement à elle. Elle n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche.

_Miss McGarden, je présume ? Veuillez me suivre. Don Forleone prend son bourbon au lounge.

Levy se retint de serrer son paquet contre elle. Elle devait rester détendue. Avoir l'air, du moins... Elle lui emboîta le pas docilement, et l'employé la conduisit à travers une grande salle de restaurant vide, la fit passer par un long couloir dont la baie vitrée donnait sur une luxueuse piscine ornée de fontaines, et finit par s'effacer devant une porte, qu'il ouvrit.

Levy fit un pas, et se raidit. Le salon feutré dans lequel elle venait de pénétrer débordait de testostérone. Il y avait bien une trentaine d'hommes de tous âges, attablés au comptoir, à une banquette, ou bien nonchalamment adossés contre un mur. Les conversations se turent à son arrivée. Au milieu de la salle, Vito Forleone était affalé dans un canapé confortable, un verre à la main, les yeux rivés sur elle.

Tous ces hommes étaient des mages. Elle venait de se jeter dans la gueule du loup.

La jeune fille s'interdit de déglutir. Elle devait rester absolument impassible. Elle ordonna à ses jambes d'avancer, et parvint jusqu'à Forleone sans flancher. Un bon début.

_Miss McGarden. Nous nous rencontrons enfin.

_Allons droit au but. Décréta-t-elle d'une voix fraîche.

Elle s'assit, sans lâcher son paquet enveloppé de kraft. Autour d'eux, les conversations reprirent comme par magie. Derrière Forleone, elle venait d'apercevoir Drusilla DeLuca, le bras droit du Parrain. Elle était la seule femme de l'assemblée, et l'unique personne qui ne faisait pas semblant d'ignorer Levy. Ses formes généreuses étaient enveloppées dans un tailleur d'un blanc immaculé. Elle aurait pu avoir l'air menaçante, mais le gros pansement qui lui couvrait le nez la rendait plutôt ridicule.

_Vous m'avez causé beaucoup de problèmes, jeune fille.

_Vous n'en aurez plus, quand vous serez derrière les barreaux. Répliqua-t-elle sèchement.

Forleone haussa un sourcil.

_Miss McGarden... Avez-vous bien mesuré la situation ? Gajeel Redfox est un mage renommé, pourtant je l'ai mis au pas d'une façon enfantine. Que croyez-vous qu'il va vous arriver, à vous ?

Levy serra les dents.

_Rien. Vous allez non seulement relâcher Gajeel, mais en plus, vous signerez tout ce que je vous demanderai.

Le Parrain se fendit d'un éclat de rire.

_Ne soyez pas sotte. Vous allez me garantir l'effacement de toutes les preuves que vous avez contre moi – preuves qui sont somme toute dérisoires. Et si vous ne le faites pas...

_Si ces preuves étaient dérisoires, vous n'auriez pas peur de moi. Coupa Levy. Mais je ne suis pas là pour négocier. Je venue récupérer ce que vous m'avez pris, et obtenir les aveux dont j'ai besoin.

Forleone plissa les yeux, et fit lentement tinter les glaçons de son verre, sans la quitter des yeux.

_Ma chère, je n'ai qu'à claquer des doigts pour que vous vous retrouviez allongée sur une table.

Combien de mes hommes devront passer entre vos jolies jambes, pour que vous soyez plus docile ?

Levy ne put empêcher tout son sang de quitter son visage. Elle se fit violence pour ne pas bouger d'un seul cil alors que la peur lui broyait le ventre.

Elle ne devait pas céder à la panique, elle ne le pouvait pas. Elle focalisa toutes ses pensées sur son but. La vie de Gajeel dépendait d'elle.

_Je ne vous le conseille pas. Prononça-t-elle d'une voix blanche. J'ai pris une bonne police d'assurance.

Elle tira un minuscule sachet de tissu de sa manche, et le posa sur la table basse. Elle constata avec soulagement que sa main ne tremblait pas, et cela lui redonna du courage et quelques couleurs. Forleone regarda un instant le sachet, puis Levy, qui ne broncha pas. La curiosité l'emporta.

Il se saisit du sachet, et en fit glisser le contenu dans sa main.

_Qu'est-ce que...

C'était petit et blanc. Avec un peu de rose sur les coins. Il y en avaient deux. Perplexe, il fronça les sourcils, et recroisa le regard de Levy. Elle resta impassible, attendant qu'il comprenne.

Cela dura un instant avant qu'elle ne la vit : cette expression de désespoir, cette horreur qui vient avec la prise de conscience. La jeune femme regarda le visage de Vito Forleone se déliter avec un plaisir pervers qui l'effraya. Elle décida alors de donner le coup de grâce, et jeta son paquet sur ses genoux. Forleone rompit le papier kraft avec des mains tremblantes.

Il contenait un ours en peluche bleue, un peu rappé à certains endroits.

Forleone tremblait de tous ses membres. Son visage devenu blanc et flasque était agité de spasmes, ses yeux étaient fous. L'ours en peluche tressautait dans ses mains.

_Non... Vous n'avez... Vous n'avez pas... Non...

Dans le salon, les conversations s'étaient à nouveau éteintes, toute l'attention était rivée sur eux. Les hommes de main devaient se demander comment un petit bout de femme comme elle venait de transformer le Parrain de la mafia en loque, en lui mettant une peluche sous le nez.

Quand Forleone releva la tête vers elle, elle n'éprouvait plus rien d'autre pour lui que de la pitié. Toute peur l'avait quittée. Elle avait d'ores et déjà gagné.

_Vous m'avez pris mon dragon slayer. Prononça-t-elle d'une voix dure. Vous n'auriez pas dû. Et vous allez me le rendre.

Forleone suait tellement que son complet était trempé. Il fit un effort surhumain pour se reprendre.

_Je peux vous faire avouer. Je VAIS vous faire avouer ! Et vous allez souffrir ! Drusi...

_Bien sûr que je finirai par avouer. Coupa-t-elle très vite. Mais combien de temps cela vous prendra-t-il ? Vous n'avez qu'une heure et demie, Forleone. Sylvio n'a qu'une heure et demie. La boite dans laquelle je l'ai enterré est confortable, mais ma bulle d'air ne tiendra pas aussi longtemps. Quoi que vos hommes me fassent, je vous jure que je tiendrai jusqu'à ce qu'il soit trop tard.

Drusilla, qui avait entamé un mouvement vers elle, s'interrompit en regardant son patron. Le vieil homme poussa un gémissement de chien battu, et regarda encore la peluche, ainsi que les minuscules dents blanches.

_Vous devriez vous estimer heureux. Déclara Levy d'une voix glaciale. Votre petit-fils n'a que des dents de lait... Elles repousseront.

Forleone laissa échapper les dites dents à terre. Elle glissèrent au sol avec un tintement. Levy avait l'impression que cette scène lui était familière. Elle avait eu beau l'attendre, cette fois elle ne se sentait plus aussi satisfaite. Elle se leva.

_Une heure et demi avant qu'il ne commence à manquer d'air. Vous devriez vous dépêcher de me conduire à Gajeel.

Il leva les yeux sur elle, complètement hagard. Il sembla hésiter, puis finit par se relever en chancelant. Des murmures s'élevèrent d'un peu partout. Drusilla s'approcha prudemment du Parrain.

_Padron, laissez-boi seule avec elle. Le pressa-t-elle. Je vous garandis gue...

_La ferme ! Rugit Forleone. Vous restez tous là. Personne ne la touche, et personne ne bouge !

Il planta ses yeux dans ceux de Levy, qui attendait. Il écumait comme un bœuf.

_Très bien, miss McGarden. Allons retrouver votre dragon slayer.

OoO

Levy soupçonnait depuis un moment que Forleone avait un héritier caché quelque part. Elle n'avait eu qu'à recouper plusieurs indices pour en avoir la confirmation : les factures de jouets et de livres, et divers autres achats. Forleone avait perdu ses filles dans une guerre de mafiosi, mais l'une d'elle avait justement une liaison avec le fils de l'autre Parrain – celui qui avait voulu évincer Forleone. Elle avait accouché peu avant sa mort, et son père avait immédiatement caché l'enfant afin qu'elle n'entache pas sa réputation. Et puis, les filles avaient été assassinées. Ce petit garçon, Sylvio, avait alors constitué tout l'univers et le futur de Vito Forleone. Il l'avait dissimulé aux yeux de tous, afin que la tragédie ne se reproduise pas.

Jusqu'à ce que Levy mette la main sur lui.

Comme l'avait pressenti la mage des mots, Gajeel était retenu dans le restaurant même, car ils ne quittèrent pas Il Figlio. Forleone ne garda que Drusilla Deluca, et laissa tous les autres dans le salon. Ils longèrent une série de couloirs et de pièces, jusqu'à arriver à un escalier qui s'enfonçait dans le sol. Gajeel était retenu dans une cave.

La pièce était chichement éclairée par quelques lanternes. Ça puait l'humidité et le renfermé, ainsi que le vomi. Et au centre...

Il était attaché, à genoux, sur une roue qui n'en finissait plus de tourner. Levy poussa un cri étouffé.

_Solid Script : Rock !

Son script écrasa toute la machinerie, stoppant net la roue. Elle se jeta sur le dragon slayer inanimé, et commença à défaire les liens qui le retenaient.

_Gajeel... Je suis là...

Il était vraiment dans un sale état. Il n'avait plus qu'un pantalon déchiré, son corps étaient couvert de coups, et il avait dû vomir. Elle s'efforça de ravaler ses larmes, et fit en sorte de le mettre sur le dos.

_Votre veste. Ordonna-t-elle sèchement en direction de Forleone.

_Vous n'y pensez pas !

_Le temps vous est compté.

Forleone émit un grognement, et jeta sa veste en soie à Levy. Elle fit apparaître de l'eau pour la tremper, et la passa doucement sur le visage de Gajeel. Sa main trembla un peu en essuyant le sang qui avait séché, révélant les plaies là où ses piercings avaient été arrachés.

Il entr'ouvrit enfin un œil vitreux et mal en point.

_Le... Levy...

Elle poussa un gémissement, et ne parvint plus retenir ses larmes.

_Je suis là, maintenant. Tout va bien...

Ses deux yeux s'ouvrirent complètement lorsqu'il reprit ses esprits. Deux yeux complètement paniqués.

_Dégage d'ici ! S'écria-t-il d'une voix rauque. Ces types... Ils vont te...

Elle appuya sur son torse pour l'empêcher de faire des mouvements brusques. Son cœur se serra en constatant à quel point c'était facile, tant il était affaibli. Elle prit son visage dans ses mains, et planta bien son regard dans ses pupilles rouges.

_Tout va bien, ils ne s'approcheront pas de moi. Fais-moi confiance ! S'il-te-plaît, calme-toi. S'il-te-plaît...

Il haletait. Levy se força à lui sourire pour lui montrer que tout allait bien. Derrière l'épaule de la jeune femme, il aperçut Drusilla, qui lui lança un regard assassin, mais ne semblait pas la menacer. Gajeel poussa un grognement rauque, et tâcha de se persuader que Levy avait la situation en main. Il ne savait pas comment c'était possible... Mais il n'avait pas d'autre choix. Quand Levy fut certaine qu'il était calme, elle se redressa, puis se tourna vers Forleone.

_Vous allez le porter.

_Pardon ?!

_Il n'est pas aussi lourd qu'il y paraît, et de toute façon, il ne peut pas sortir d'ici tout seul. Vous allez le porter.

Sa voix était sans réplique. C'était le coup de grâce qu'elle voulait donner à l'influence qu'il avait sur ses hommes . Chacun pourrait voir qu'elle l'avait fait plier.

Forleone savait qu'il était pressé par le temps. Il fut contraint de s'exécuter et sortit de la cave en soutenant Gajeel avec l'aide de son bras droit. Levy avait commandé au cocher qui l'avait amenée de rester l'attendre non loin du restaurant.

_Pardonne-moi. Souffla-t-elle à l'oreille de Gajeel. Tu dois tenir encore un peu.

Il poussa un grognement quand elle l'aida elle-même à grimper dans le fiacre. Drusilla allait monter à son tour, mais Levy lui barra la route.

_Forleone nous accompagne seul. Siffla-t-elle. Vous, vous restez ici.

_C'est bon. Fit le Parrain d'une voix nerveuse. Fais ce qu'elle dit.

Le visage de Drusilla se crispa de colère.

_On se reverra, ma betite fée. Et tu feras boins la fière...

_C'est ça. Allez plutôt soigner votre nez. A la prochaine.

Elle claqua la portière, et s'installa sur la même banquette que Gajeel, en face de Forleone. Le cocher fit claquer son fouet, et le fiacre partit. Forleone regarda Levy installer Gajeel sur ses genoux, lui murmurant des mots apaisants à l'oreille.

_Tout ça pour lui... Cracha-t-il. Je dois admettre que je n'aurais jamais cru ça de vous. Sacrifier un enfant pour cet homme...

_La plupart des étrangères que vous réduisez en esclavage sont plus jeunes que ne l'étaient vos filles. Répliqua-t-elle. N'essayez pas de m'apitoyer. Pas en sachant ce que vous leur faites.

Gajeel entr'ouvrit un œil incertain. De quoi parlaient-ils ?

Le silence s'étira. Levy prit son sac, qu'elle avait laissé là, et en sortit une enveloppe très épaisse. Elle en tira une liasse de papiers qu'elle brandit devant Forleone, accompagnée d'un stylo.

_N'oubliez pas le paraphe sur chaque page.

Des aveux complets, qu'elle avait proprement rédigé elle-même, sans rien oublier. De quoi l'envoyer en prison jusqu'à la fin de ses vieux jours.

Forleone les prit d'une main tremblante, et signa tout sans chercher à discuter. Quand il tendit la liasse signée, Levy voulut la reprendre, mais il ne la lâcha pas immédiatement.

_Il... Il a souffert ? Demanda-t-il finalement. Quand vous lui avez... Arraché...

Levy entendit les sanglots percer dans sa voix.

_Je vous ai rendu votre compagnon, mais comment savoir si Sylvio... Enfin, vous ne m'avez donné aucune certitude !

_Autant que vous m'en avez donné pour Gajeel. Répondit-elle d'une voix glaciale.

_Il n'a que six ans ! S'exclama Forleone, la voix étranglée.

Sa voix se brisa finalement. Levy n'en éprouva aucune satisfaction. Elle lui reprit les papiers, et les remit dans l'enveloppe brune. Il enfouit son visage dans ses mains. Les sanglots le secouèrent, petit à petit. Levy le regardait pleurer sans état d'âme, mais sans joie non plus. Elle se contentait de caresser la tête de Gajeel.

Une main se referma sur son poignet, et elle baissa les yeux, rencontrant une pupille rouge qui la détaillait de manière indéfinissable. Levy frissonna. Elle n'aimait pas la façon dont l'œil de Gajeel la regardait à présent. Elle eut ensuite un pincement au cœur quand il s'écarta d'elle pour poser la tête à même la banquette.

Le fiacre s'arrêta à ce moment, et le cocher donna deux coups à travers la paroi pour faire comprendre qu'ils étaient arrivés.

_Le... Le conducteur savait où nous allions ? Comprit Forleone.

Il n'avait pas pensé à ça. Il aurait pu la faire prisonnière au restaurant, pour ensuite interroger le cocher ! Pendant qu'il se ruait hors de la voiture, Levy se pencha et prit quelque chose sous le siège.

Une pelle.

Dehors, Forleone regardait autour de lui, l'air éperdu. Levy avait sciemment choisi l'endroit où devait être bâti le futur parc de fleurs rares de Crocus. Ils étaient devant un chantier ! Toute la terre semblait avoir été retournée récemment, attendant les futures plantations de fleurs et d'arbustes en tous genres. Et ce sur plusieurs hectares.

Levy jeta la pelle aux pieds de Forleone.

_Il vous reste exactement quarante-cinq minutes pour déterrer le petit Sylvio avant qu'il ne manque d'air. J'ai à peine creusé sur deux mètres. Bonne chance !

Elle claqua la porte, et donna deux coups sur la paroi du cocher. Le fiacre s'ébranla, abandonnant Vito Forleone, le parrain de la mafia de Crocus, à sa détresse.

Levy retomba lourdement sur la banquette, aux côtés de Gajeel. Ses genoux s'entrechoquaient violemment.

Elle l'avait fait. Elle était arrivée au bout. Un long silence s'étira. Gajeel avait fermé les yeux, et avait une nouvelle fois repoussé Levy quand elle avait voulu le toucher.

_Son gosse... Dis-moi... qu'il va le retrouver à temps...

La jeune femme bascula la tête en arrière. Elle se sentait exténuée, et la voix de Gajeel contenait cet elle-ne-savait-quoi d'indéfinissable. Quelque chose qui ressemblait à de l'écœurement mêlé de déception et de tristesse.

_Son petit-fils s'appelle Sylvio. Murmura-t-elle. Et il ne le retrouvera pas. Pour la bonne raison que le petit Sylvio est chez lui, à jouer avec ses milliers de jouets, et à faire tourner sa nounou en bourrique.

_Hein ?!

Levy eut un sourire un peu las.

_J'ai demandé à Lily de s'introduire dans le manoir pour prendre son doudou. Personne ne connaît l'existence de cet enfant, à part sa nourrice. Ça a été facile pour Lily, de passer inaperçu sous son apparence de chat... Au moment il entrait dans le jardin, le petit a fait une chute. Deux dents de lait sont tombées, et le temps que la nourrice ne le calme, Lily avait subtilisé le doudou et ramassé les dents. C'est tout.

Un immense et magnifique coup de bluff. Elle était une mage de Fairy Tail. Elle n'enterrait pas de petit garçon vivant, pas même pour sauver l'homme qu'elle aimait. Malgré tout, ce qu'elle venait d'infliger à Vito Forleone était bel et bien cruel : il allait retourner tout le terrain, sans jamais rien trouver. Dans une heure, il serait devenu fou de désespoir. Littéralement.

Gajeel fit un effort surhumain pour se redresser, et regarder la jeune femme en face.

_T'es tellement forte.

Elle le regarda un instant, stupéfaite, avant de craquer. Le fiacre s'arrêta à ce moment, et le cocher lança un « terminus, mademoiselle ! », à travers la paroi, mais elle ne s'en aperçut même pas. Elle éclata en sanglots, et se réfugia dans les bras de Gajeel.

_Tu te trompes ! Hoqueta-t-elle. J'ai eu tellement peur... J'ai eu peur pour toi... Pour ce qu'ils t'avaient fait... Pour ce qu'ils auraient pu me faire... Comment tu peux penser...

Il posa sa main sur sa tête, et lui caressa doucement les cheveux. Il n'avait même pas la force de la serrer contre lui, et il s'en voulait pour ça.

On toqua à la porte avant de l'ouvrir. Un tête de panthère inquiète s'afficha devant eux.

_Gajeel ? Est-ce que...

_Ça va. Fit-il d'une voix pâteuse. Je suis entier.

Il inspira profondément le parfum de Levy, toujours contre lui. Un moment, il avait craint de ne jamais y avoir droit.

_On est entiers.