Chapitre 12
Gajeel envoya une escouade au manoir de Forleone par acquis de conscience. Mais Levy était persuadée qu'il était vide, désormais. Ils prirent une cinquantaine de mages pour assaillir Il Figlio. Il leur ne leur fallu que deux secondes pour constater que le restaurant était entouré par un mur de runes. Le temps que Gajeel ne percute le mur en question, pour être précis.
Tandis que Gajeel se massait le nez en jurant, Levy s'approcha et fit courir ses doigts sur le mur invisible, faisant apparaître les symboles. Elle fronça les sourcils.
_Simplistes. Commenta-t-elle.
Elle se tourna vers Gajeel.
_ Elles ont été tracées dans la panique, et ça se voit. Je te parie ce que tu veux qu'ils en auront mis partout à l'intérieur. Ils essaient de repousser l'inévitable.
_Tch !
Il croisa les bras en serrant les dents. Il comptait sur le fait que Levy couvre les sorties avec quelques hommes, pas qu'elle se mette en danger en entrant là-dedans. Mais s'ils avaient besoin d'elle pour défaire des runes, c'était cuit.
_Heu... Capitaine, un instant !
Un soldat-mage s'avança vers eux avant qu'elle ne commence.
_Vous aviez dit qu'il faudrait tous les hommes disponibles... Mais l'officier Fumio est toujours absent, depuis...
_On s'en fout, il viendra pas. Coupa Gajeel. Tu peux commencer. Ajouta-t-il à l'adresse de Levy.
La jeune femme blêmit. Fumio était toujours autour d'elle, à lui tourner autour avec ses boissons chaudes. Beaucoup de choses s'étaient produites en trop peu de temps, elle n'y avait pas fait attention, mais à présent que le soldat relevait son absence, elle lui sautait au visage.
« Il s'approchera plus jamais de toi ».
Elle fixa un instant ses yeux dans ceux de Gajeel, et il soutint son regard. Elle déglutit, et prit une grande inspiration pour calmer la nausée qui menaçait de l'envahir. Finalement, elle parvint à chausser ses lunettes et à s'atteler à la tâche.
Cela lui prit cinq minutes pour faire disparaître les runes. Gajeel prit la tête, et ils franchirent la porte, où ne se tenait plus aucun employé en livrée. Levy s'avança tout droit devant la volumineuse porte en chêne qui donnait sur la grande salle du restaurant, la main devant elle. Comme prévu, elle rencontra encore un mur magique. Gajeel plissa les yeux.
_Vu les odeurs qui restent et les respirations que j'entends, ils sont nombreux, là-dedans.
_J'espère que tu as suffisamment récupéré. Murmura-t-elle, en se penchant sur les runes.
Trente seconde plus tard, le mur s'effaça. Gajeel prit doucement le bras de la jeune femme et l'attira sur le côté.
_Pas la peine de prendre des risques. Grogna-t-il.
_Mais...
Sans crier gare, il glissa un doigt sous son menton pour lui relever la tête, et l'embrassa.
Levy n'eut pas conscience du profond silence qui tomba autour d'eux. Elle entr'ouvrit les lèvres, instinctivement. Il s'écarta presque aussitôt, la laissant écarlate et incapable de parler.
_Tu bouge pas d'ici tant qu'on a pas fait le ménage à l'intérieur.
Il tourna à peine la tête derrière lui.
_On se grouille ! Rugit-il.
Les mages-soldats arboraient des expressions allant de la gêne à la consternation. Ils sursautèrent lorsque Gajeel abattit son poing sur la porte et entra en trombe dans la salle. Levy, encore rouge de confusion, évita soigneusement de les regarder lorsqu'ils passèrent devant elle.
_ Ça ne te ressemble pas, ce genre de démonstration en public ! Lança Lily, alors qu'ils se jetaient dans la mêlée.
Ils étaient un peu plus nombreux que Gajeel ne l'avait estimé. Une bonne quarantaine de mages, tous armés jusqu'aux dents.
Parfait.
Il balança un pilier dans un type, et contra un sabre avec son bras recouvert d'acier.
_Gihi ! Elle vaut largement la peine que je change quelques habitudes.
Et tellement plus, se dit-il en se souvenant de ses lèvres si douces.
Son bras-épée balaya deux idiots qui s'étaient lancés sur lui. Ça allait être vite réglé. Il constata, non sans satisfaction, que l'entraînement des mages-soldats s'avérait payant. Les mafieux ne faisaient clairement pas le poids.
En fait, ils étaient même assez médiocres. Quelques instants plus tard, en contemplant tous leurs opposants à terre, Gajeel ne put s'empêcher de se dire que c'était trop facile. Quelque chose clochait. Drusilla n'était même pas dans les parages. Il balaya les types du regard, et en saisit un qui avait encore l'air de pouvoir parler.
_Aucun de vous n'était vraiment valable. Où sont les autres ? Les lieutenants de Forleone, et Drusilla DeLuca ? Grogna-t-il.
_On... On sait pas. Articula l'homme. DeLuca nous a ordonné d'attendre ici. On a obéi.
_Une diversion ? Marmonna Lily.
Gajeel ouvrit les doigts et se détourna tandis que l'homme basculait à terre.
_Possible. Que quelqu'un aille chercher...
_Capitaine, Miss Mcgarden n'est plus dans le couloir !
OoOoO
D'accord, Gajeel lui avait demandé de rester dans le couloir. Ordonné aurait été plus juste, d'ailleurs.
Mais les deux mages-soldats qu'elle avait réquisitionnés pour parcourir les lieux l'avaient appelée alors qu'ils venaient juste de grimper au premier étage de l'hôtel.
_Miss Levy ! Entendit-elle au-dessus du grand escalier. Venez vite, c'est affreux !
Son cœur bondit dans sa poitrine, et elle se précipita dans l'escalier, gravissant les marches aussi vite que ses petites jambes le lui permettaient.
Un des mages lui faisait signe dans le couloir tapissé de moquette. Il lui désignait une porte ouverte d'une main tremblante. Levy déglutit et s'avança lentement.
_C'est ignoble, ce qu'ils lui ont fait ! S'écria son compagnon, en sortant d'un pas furieux.
Il s'écarta pour la laisser entrer, et se détourna pudiquement. Visiblement, ils tenaient tous les deux à lui laisser de l'espace. La jeune femme retint son souffle avant de pénétrer dans la pièce.
Ce n'était pas une luxueuse chambre d'hotel, mais une simple petite remise de blanchisserie. Dans un coin, sur un simple lit de camp, une forme couverte de bandages gémissait doucement.
Son visage était tuméfié, mais elle l'identifia sans mal.
Fumio.
Levy arriva à sa hauteur. Elle le contempla un instant, la tête complètement vide. Il respirait faiblement. Ses bras et ses jambes étaient entièrement plâtrés, mais une couverture jetée en travers de son corps masquait le reste des dégâts.
Une paupière se souleva, et un œil se fixa sur elle. Il entr'ouvrit la bouche pour parler, mais Levy se refusait écouter la moindre de ses paroles. Elle se pencha sur lui.
_Vous avez été capturé par les hommes de Forleone, qui vous ont torturé. Un seul mot contre Gajeel, et c'est moi qui vous achèverai.
Elle se redressa lentement avant de faire volte-face et de sortir. Elle prit une grande inspiration. Elle devait s'efforcer de cacher tout le dégoût que lui inspirait cet individu.
_Emmenez-le et assurez-vous qu'on prenne... Soin de lui. Dit-elle entre ses dents.
Les mages-soldats crurent qu'elle était furieuse. Fumio avait été aux petits soins pour elle depuis son arrivée, pour eux, il était logique qu'elle soit particulièrement remontée en le voyant dans cet état.
Ils ne pouvaient pas savoir... Pourtant les signes étaient évidents, se dit-elle avec amertume. Ils s'imaginaient vraiment que si Forleone était responsable de toutes ces blessures, il aurait pris la peine de le faire soigner ensuite ? Même si elle-même était surprise de le voir en vie. Elle aurait pensé que Forleone n'allait pas s'embarrasser d'un blessé. « La mort vaut mieux que la défaite ». avait-il déclaré peu après la disparition de sa famille, suivie par celle de son rival.
Elle se figea.
« La mort vaut mieux que la défaite ».
Une bouffée d'horreur la submergea. Forleone savait qu'il allait perdre. Et il allait agir en conséquence ! La jeune fille avait été obsédée par l'idée de lui faire payer ses crimes, mais à présent, une seule chose lui venait à l'esprit : que Forleone se donne la mort... En emportant son petit-fils avec lui.
Elle devait l'en empêcher à tout prix !
Elle parcourut tous les couloirs de l'hôtel au pas de course, et s'apprêtait à aller dans les étages quand elle tomba sur une porte couverte de runes.
Le niveau était un peu plus élevé que les précédentes. Elle mit environs dix minutes à les faire disparaître, et ouvrit la porte à la volée pour pénétrer dans une salle de réception.
Dans laquelle se trouvaient une bonne vingtaine de mafieux.
