Dans Les Bras D'un Autre
Chapitre 9
Naruto ouvrit les yeux sur une pièce remplie d'une lumière blanche intense et aveuglante. Allongé sur une montagne de couverture par terre, il se retourna pour apercevoir son ami à ses côtés, à quelques pas de là. Itachi avait encore les yeux à demi ouverts, fixés sur l'écran de son téléphone, défilant paresseusement le fil d'actualité de ses réseaux.
- Salut, murmura Naruto.
- Bon matin, marmonna Itachi sans même le regarder.
Naruto leva les yeux vers la fenêtre, mais de sa position au sol, il ne put voir que le ciel tout blanc. Ils avaient une partie ce soir et devraient se rendre à l'entraînement bientôt.
Se retournant sur ses coudes, Naruto jeta un œil vers le troisième jeune homme : Sasuke, qui avait pris place sur le canapé, était encore endormi. Emmitouflé comme un petit enfant dans une épaisse couverture, il était profondément assoupi et Naruto le contempla avec tendresse, sentant son cœur se gonfler d'affection.
Il repensa à ses confessions d'hier soir et se dit qu'il avait fallu du courage au jeune homme pour parler de sa mère. Cinq mois après la perte d'une personne si chère… c'était encore tôt et Naruto savait à quel point une telle blessure prenait du temps à guérir. Il se sentait choyé et honoré que Sasuke se soit ouvert à lui. Il le regarda un moment, détaillant ses traits doux et fins, apaisés dans son sommeil… Bon sang, Sasuke était vraiment beau.
Naruto avait encore en tête la fabuleuse photographie du jeune homme, sur laquelle il était souriant, heureux… pas encore blessé par la vie qui, peu de temps après, s'apprêtait à lui flanquer dans la gueule la pire épreuve possible. Naruto eut soudain l'envie de tout faire pour voir Sasuke sourire devant lui. Le faire rire… Cette idée lui donna même de petits papillons dans le ventre.
- On devrait le laisser dormir, lança Itachi à voix basse.
- Il n'a pas cours ce matin ? questionna Naruto.
- Ils ont annoncé la fermeture des écoles, incluant la Faculté. Ça lui fera du bien de faire la grasse mat' !
Surtout que nous avons passé une partie de la nuit à manger de la crème glacée…
Itachi s'extirpa de leur couchette et s'éloigna vers le couloir. Naruto en fit de même, mais fut incapable de détourner les yeux du jeune homme étendu là.
Il avait étonnamment bien dormi, après avoir passé les derniers jours à chercher le sommeil et le repos en vain. En plus des parties de hockey physiquement éprouvantes, les voyages entre les villes, et parfois le décalage horaire, sans parler des changements d'humeur de Sai… Il avait eu bien du mal à reprendre le dessus. Hier soir avait été une soirée franchement agréable, avec son meilleur ami et le frère de celui-ci, et le petit moment avec Sasuke au milieu de la nuit… Y repenser lui donnait des petits papillons dans le ventre. Malgré la coupure de courant qui avait fait plonger la maison dans le noir, Naruto avait apprécié le calme, la paix qui régnait ici, et la simplicité de sa relation avec les frères Uchiwa.
Avec Sai, il se prenait toujours la tête. L'autre était jaloux, perfide, narcissique et possessif. En plus, il ne trouvait jamais le temps pour leur couple. Il promettait des soirées en amoureux, mais chaque fois, c'était un fiasco et Naruto en subissait le contrecoup ainsi qu'une douloureuse déception. La dernière fois restait un souvenir amer en lui – malgré leur engueulade, la promesse brisée de Sai et son échec total à lui offrir une soirée romantique, ils avaient quand même fini sous la couette. C'était la deuxième fois en presque cinq mois que Sai et lui faisaient l'amour… et alors que Naruto éprouvait une profonde et réelle envie de lui, il avait l'impression que Sai s'était dépêché de finir leurs ébats comme s'il s'agissait d'une simple corvée.
« Tu n'es pas obligé de subir son comportement de merde. »
Les propos de Sasuke avaient presque sonné comme une révélation. Naruto y avait vu plus clair, l'espace d'un moment, réalisant qu'effectivement, Sai était un putain de connard.
Mais une partie de lui continuait à s'acharner… et à rester accroché.
Sasuke émergea lentement. La première chose dont il eut conscience, c'était à quel point il avait chaud. Tellement chaud ! Il repoussa la couverture épaisse sous laquelle il était allongé et s'assit sur le canapé. Le salon était vide, mais les couchettes improvisées de Naruto et Itachi étaient encore étalés au milieu du salon. Par la grande fenêtre en face de lui, Sasuke contempla les vestiges de la tempête d'hier : tout était enseveli sous un mètre de neige.
Le jeune homme portait encore le pull de Naruto. Et même s'il avait chaud, il n'avait pas envie de le rendre à son propriétaire.
Il se leva et retrouva son frère à la cuisine, attablé avec Naruto en train de dévorer un super petit-déjeuner démesuré, contenant des œufs, du pain, des saucisses, du bacon et des fruits.
- Hey Sasuke ! s'exclama Itachi en le voyant arriver. Tu as faim ? Y'en a pour une armée ici.
- Visiblement.
Il s'approcha, avec hésitation d'abord, puis prit place à la droite de Naruto. Le blond lui adressa un sourire à faire tomber, et d'ailleurs Sasuke faillit poser ses fesses trop loin du bord de sa chaise, mais se reprit juste à temps pour s'éviter une dégringolade humiliante. Depuis quand était-il aussi maladroit ?
Il avait vraiment besoin d'une bonne dose de réalité – et il pressait d'oublier Naruto pour de bon. Il n'avait pas le droit de continuer à le désirer, de continuer à s'imaginer un scénario qui ne verrait jamais le jour. Alors, il valait mieux faire quelque chose pour remédier à cette… prétendue idylle inopinée et problématique. Et ce même si leur petit moment durant la nuit avait été si parfait.
Toute cette histoire allait finir par lui faire mal, d'une façon ou d'une autre. Après sa mère, il n'aurait pas assez de force pour se remettre d'un autre grand coup.
- Les cours sont annulés, t'as vu l'actualité ? s'enquit Itachi.
- Sérieux ?
- Ouep. J'imagine pas l'état des routes…
Sasuke se leva avant d'avoir commencé à manger et se faufila dans les couloirs à la recherche de son portable, qu'il trouva dans la poche de son manteau.
Il revint s'assoir à table tout en consultant ses messages.
(6 :48) On n'a pas cours, ce matin !
Sasuke regarda l'heure et faillit s'étrangler en voyant qu'il était presque 11 heures.
- Vous m'avez laissé dormir si tard ? s'exclama-t-il en relevant le menton vers les deux autres.
Itachi mordit dans un morceau de pain.
- Et alors ? T'as pas cours !
- Non, mais je ne suis pas en vacances non plus.
Il se reconcentra sur son portable après avoir roulé des yeux.
(10 :51) Désolé, mon idiot de frère m'a laissé dormir…
La réponse de Sakura mit quelques secondes à apparaître.
(10 :52) T'as dormi chez ton frère ?
(10 :53) Ouais. Tu feras quoi, aujourd'hui ?
(10 :53) Étudier, sans doute, et toi ?
(10 :54) Pareil.
Il était un peu soulagé que Sakura ne propose pas un rencard même s'il savait qu'elle le ferait tôt ou tard. En attendant, il fallait qu'il trouve les bons mots pour…
Et puis, pour quoi ? Si c'était une histoire impossible avec Naruto, peut-être était-ce un signe qu'il était à sa place avec Sakura ? Peut-être qu'il était si profondément affecté par la mort de sa mère que ses sentiments s'emmêlaient et ses pensées devenaient un foutoir dans lequel il n'y avait aucun sens. Peut-être que cette étrange attirance envers Naruto n'allait pas durer…
Et son attirance envers Kurama ?
Bon sang tais-toi Sasuke, se réprimanda-t-il. Je n'ai pas besoin d'une migraine à 11 heures du mat' alors qu'il faut que j'étudie toute la journée.
Il consulta ses mails et vit que plusieurs de ses professeurs avaient envoyé un courriel disant que les examens à l'ordre du jour étaient reportés à lundi et que les cours du vendredi seraient aussi levés, en vue des conditions extérieures. Sasuke poussa un soupir – cela lui donnait une journée de plus pour se remettre à jour dans ses révisions.
Sasuke leva la tête lorsqu'il entendit Itachi et Naruto se lever tous les deux. Il jeta un regard curieux vers son grand frère.
- Nous avons un entraînement en vue de la partie de ce soir, annonça Itachi. Fais comme chez toi Sas' et reste aussi longtemps que t'en as envie, la maison est à toi pour la journée !
Sasuke ouvrit la bouche mais se tourna vers Naruto, cherchant ses mots comme un idiot ayant perdu sa langue. Le blond, encore plus beau le matin, lui sourit et provoqua de nouveau ces drôles de sensations dans son ventre.
- Garde mon pull, je te l'offre. La couleur te va mieux qu'à moi !
Soudain, une pensée horripilante le traversa et il ne put s'empêcher de demander :
- Ce n'est pas ton petit ami qui te l'a offert, rassure-moi ?
L'horreur.
- Non, t'inquiète, répondit Naruto. J'ai pensé à le lui donner mais…
Le blond rougit alors, se frottant le derrière de la tête dans une mimique adorable.
- Le bleu ne lui va pas vraiment bien… a-alors que toi, eh bien, c'est… c'est ta couleur. Une couleur qui te va bien ! E-Enfin, bon, tu vois ce que je veux dire !
Itachi fixa Naruto comme s'il venait de lui pousser un œil au milieu du front – Sasuke, quant à lui, le contempla en sentant un mixte d'adoration incontestée et d'amusement. L'idée que Naruto lui ait offert un pull après avoir songé à l'offrir à Sai était… à la fois flatteur et dérangeant. Quoiqu'il en soit, Sasuke chérissait ce vêtement maintenant. Il rougit légèrement à son tour au compliment.
- Merci.
- Bon allez, tu viens, Naruto ? J'ai le pressentiment qu'il faudra le double du temps pour se rendre à l'aréna.
- Soyez prudents, marmonna Sasuke.
- Toujours ! Oh et, Sasuke, t'es gentil et tu nettoies s'il te plaît ? risqua Itachi, ce qui lui valut des yeux noirs de son petit frère.
- Je suis quoi, ta bonne ?!
- Eh bien, t'as l'habitude, tu travailles dans un restaurant !
Itachi s'esclaffa au nouveau regard assassin que lui envoya Sasuke. Il attrapa le bras de Naruto.
- On se casse avant qu'il me lance un couteau ou un truc du genre !
Naruto afficha un autre sourire séduisant (il le faisait exprès ?) avant d'être entraîné par Itachi vers le couloir puis vers le hall.
Son cœur battait la chamade.
Il fallait vraiment qu'il remédie à sa situation…
Il avait décidé d'étudier au café. D'ordinaire, Sasuke préférait le silence à la cacophonie d'un lieu public, mais étrangement, lorsque son frère et Naruto étaient partis, il s'était senti la proie d'un vide si énorme qu'il avait pratiquement couru hors de la maison pour retrouver le monde des vivants.
Pour la première fois depuis… ce qui lui avait semblé une très longue éternité, il avait ressenti une petite étincelle de vie au fond de lui, un regain d'énergie, une envie de se bouger.
Alors, un peu plus tard cette journée-là, Sasuke était installé à une petite table au bord d'une fenêtre, et était en train de bosser sur ses révisions. Le café était complètement désertique en ce lendemain de tempête, de temps en temps quelques clients passaient, mais l'endroit demeurait vide. Mais Sasuke appréciait tout de même l'atmosphère tranquille, le bruit ambiant des couverts, des quelques rares clients qui discutaient tout autour de lui, et bien sûr l'agréable odeur de biscuits, de pâtisseries et de café.
- C'est ici que tu te caches !
Sasuke releva la tête de son cahier de notes, émergeant d'environ trois heures d'études, le cerveau en gelée. Il fronça les sourcils devant le jeune homme qui se tenait debout à côté de sa table avant de réaliser que c'était Suigetsu. Vêtu de son manteau, l'étudiant arrivait de l'extérieur, si on en croyait ses joues roses et la neige sur ses épaules.
- Salut Sui.
- Ça fait longtemps que t'es là ?
- Pourquoi, il est quelle heure ?
- Presque 18 heures.
Sasuke agrandit les yeux. Il jeta un œil à la fenêtre et vit que la nuit était déjà tombée dehors. Il attrapa son portable et vit qu'il avait plusieurs messages dont deux appels manqués de son père. Un doux soupir lui échappa…
Suigetsu se glissa sur le banc face à lui et sourit.
- J'suis avec Karin, elle est à la salle de bain, mais on pensait aller au ciné, ça te dit ?
Sasuke fit la grimace.
- Oh… eh bien…
- Allez, Sasuke. Une soirée entre nous, comme avant, ça fait longtemps. Et ça te fera du bien !
- Et Juugo ?
- Il termine à 18h30 mais il va venir nous rejoindre tout de suite après son quart.
- Je ne sais pas, Suigetsu…
- Écoute, je sais que tu ne vas pas bien depuis le décès de ta mère et je comprends. Je comprends vraiment…
Sasuke se pinça les lèvres en contemplant le visage devenu sérieux de son ami – il était sincère quand il disait comprendre, parce que Suigetsu était lui aussi orphelin. Les moments durant lesquels Suigetsu était sérieux étaient plutôt rares, alors il se contenta d'écouter ce qu'il avait à dire, même si l'évocation de sa mère était douloureuse, comme si on s'amusait à appuyer sur un ecchymose.
Suigetsu le regarda avec inquiétude.
- Tu as besoin de plus de temps ?
- C'est pas ça.
Sasuke joua un court instant avec son stylo, évitant le regard de Suigetsu.
- C'est que… Pas ce soir, d'accord ? Le ciné… J'en n'ai pas vraiment envie. En fait, pas du tout envie.
Karin arriva à ce moment précis. Sasuke leva la tête vers elle tandis qu'elle prenait place près de Suigetsu.
Elle avait de longs cheveux rouges, une frange adorable qui lui donnait un petit air d'écolière. Ses yeux noirs étaient pourtant remplis de malice, et ses lèvres pulpeuses lui donnaient une jolie bouche – à ne pas se laisser tromper, les obscénités qui sortaient de là pouvaient faire rougir les pires délinquants. Elle portait une paire de lunettes qui accentuaient son allure de fille modèle, mais ses amis savaient pourtant que Karin était une vraie rebelle, une insurgée qui ne se laissait jamais contrôler. Elle avait une personnalité aussi flamboyante que ses cheveux.
- Hey, les gars !
Sasuke eut un léger rictus en coin. Karin le considérait comme un toutou – c'était tout juste si elle ne lui pinçait pas les joues chaque fois qu'elle le voyait. Karin était, avec Suigetsu et Juugo, sa plus vieille amie. Son amitié avec elle avait débuté avant son amitié avec Suigetsu, mais au départ, Karin était amoureuse de Sasuke. Comme le trois quart des filles de l'école. Ils avaient à peine 5 ans, c'était la maternelle, et son amour pour lui avait, selon elle, duré jusqu'à leurs 12 ans. Avec la venue de l'adolescence, elle avait de plus en plus perdu de l'intérêt quant à une potentielle relation amoureuse avec lui et ils étaient restés amis.
En réalité, Sasuke la préférait comme telle. Elle était beaucoup plus marrante ainsi. Le plus drôle, ça avait été l'union entre elle et Suigetsu alors qu'elle s'était jointe à Sasuke et Suigetsu en tant que troisième membre de leur petite clique. Sasuke se rappelait les nombreuses colères qui éclataient entre eux. Karin et son caractère de merde, versus Suigetsu et son caractère de merde. En vieillissant, heureusement, leurs liens s'étaient solidifiés et aujourd'hui, leur bande était inséparable. À leur trio improbable s'était joint Juugo, d'un an plus vieux. Sa sagesse avait uni plus que jamais les quatre amis.
- Il passe pour ce soir, lui apprit Suigetsu.
Karin, coquette dans son long manteau rouge, avait appliqué une ligne de khôl sous son regard ainsi qu'un rouge à lèvres.
Elle regarda Suigetsu avant de ramener son attention sur Sasuke, qui gribouillait quelque chose dans son cahier.
- Dommage ! s'exclama la jeune femme.
- Allez-y sans moi, c'est pas grave…
- C'est plus marrant avec toi ! se lamenta Karin.
Sasuke leva un œil vers elle.
- Vous allez regarder un film.
- Je sais. Mais ça te ferait du bien de sortir.
- Vous êtes gentils mais j'ai une tonne d'études, lança Sasuke.
- Tu viens à la fête demain soir ? s'enquit Karin.
- Ouais.
Le sourire de la demoiselle s'élargit.
- Ce sera le moment de s'amuser comme des petits fous, s'écria Karin avec des petites étoiles dans les yeux. Boire comme des idiots, chanter, danser, baiser !
Suigetsu la dévisagea.
- Quoi ? T'as un mec dans la mire ?
- Peut-être une fille, lâcha Karin avec un rictus carnassier.
- Ah bon ? s'étonnèrent Sasuke et Suigetsu d'une même voix.
Karin sourit, le rose aux joues, puis avoua d'un coup :
- Je sais que ce sont des pimbêches et des idiotes sans cervelles depuis le début du lycée, mais… Je crois que j'ai un béguin pour Ino. D-Depuis le début du trimestre… Elle est différente. Plus mature, plus… Séduisante.
- Non ! cria presque Suigetsu, avec un grand sourire dément.
Sasuke observa ses deux amis avec l'envie de rire à son tour. Karin, qui avait été la reine des brutes au lycée, la fille marginale, qui se fichait des opinions, qui s'habillait comme bon lui semblait. Il se souvenait que Sakura et sa bande n'avaient jamais adoré la sienne (excepté Sasuke, qui était demeuré le prince charmant de Sakura et toutes les filles depuis la maternelle) et c'était plutôt réciproque. Entendre Karin dire qu'elle avait un béguin pour Ino était plutôt étonnant. Surtout qu'il n'avait eu aucune idée que Karin était… eh bien, attirée par les filles.
- Tu comptais nous le dire quand, que t'aimes les filles ? questionna Suigetsu.
- Eh bien, maintenant, puisque j'en avais aucune idée ! admit Karin. J'aime toujours les mecs, tu sais, mais… On dirait que ça va dans les deux sens pour moi, quoi.
- Et Ino ? demanda Sasuke.
- Alors là c'est pas gagné, soupira Karin. J'crois qu'elle est hétéro… du moins, à l'entendre parler des mecs…
- On ne sait jamais.
Suigetsu et Karin se tournèrent curieusement vers Sasuke, qui avait lâché cette petite phrase en apparence innocente.
- Pourquoi tu dis ça ? Tu sais quelque chose ? demanda Karin. Après tout, c'est la meilleure amie de ta petite copine.
- Je ne sais rien sur elle, je disais juste que… on ne peut jamais vraiment savoir l'orientation de quelqu'un…
- T'es bizarre depuis quelques jours, accusa Suigetsu en pointant Sasuke du doigt.
Le jeune homme haussa les épaules.
Suigetsu continua de le fixer suspicieusement, si bien que la patience de Sasuke finit par atteindre un point de non-retour. Il glissa une œillade vers Karin, qui venait de leur faire des confidences. Ils étaient entre amis, non ? Il n'avait jamais rien caché à ses amis. Le cœur de Sasuke se mit à faire un solo de batterie, percutant sa poitrine et ses côtes, une incertitude mêlée d'une excitation soudaine le fit se sentir étrangement nerveux. C'était une bonne dose de nervosité, une adrénaline qui le fit se sentir vivant.
- OK. T'avais raison hier, Sui… Il y a un truc.
- Je le savais ! Dis-nous tout ! Tous les détails.
Sasuke leva les yeux au ciel. Karin, curieuse, se mit de la partie.
- Quoi ? Que se passe-t-il encore ? Une histoire croustillante ? Je sais, t'as trompé ta copine ? T'as une autre fille en vue ? Oh la la, cette fête va être épicée à souhait !
- Pas une autre fille…, marmonna Sasuke sans réfléchir.
- …
- …
- …Quoi ?
- Euh… fait, je… suis peut-être… gay.
- T'es sérieux ?
- Oh la vache, lança Karin. Tu as rencontré un mec qui t'a fait perdre la tête, c'est ça, non ? On le connaît ? C'est qui ?
Sasuke soupira. Qu'est-ce qui lui avait pris de raconter ça à ces deux idiots ? Pourtant, la seule chose que cette révélation apporta, autre que l'excitation de ses deux meilleurs amis, c'était un rire au fond de sa gorge, qui résonna depuis son diaphragme et un sentiment d'allégresse. Et un soulagement aussi, même s'il n'avait pas vraiment été inquiet que ses amis ne l'acceptent pas.
- Hum. Sasuke ?
Juugo s'était approché de leur table, vêtu de son tablier d'employé. Karin et Suigetsu se tournèrent vers lui et dévisagèrent le séduisant jeune homme qui l'accompagnait.
- Il y a quelqu'un qui te demande, ajouta Juugo.
Sasuke se frotta le visage avant de rouvrir les yeux. Il regarda Juugo et déglutit difficilement en voyant celui qui se trouvait à côté de lui.
C'était Kurama. Grand, aussi grand que l'était Juugo (et c'était dire quelque chose puisque Juugo était un foutu géant), vêtu d'un magnifique costume trois pièces élégant à souhait, la chevelure brillante et un sourire poli étirant sa bouche sensuelle, il était… à mourir.
- Bonjour, déclara-t-il. Je ne dérange pas, j'espère ?
- Je dois retourner au boulot ! s'excusa Juugo en détalant rapidement.
- N-Non, marmonna Sasuke, conscient des regards complices et malicieux de ses amis.
Il regretta soudain sa confession – pourquoi, pourquoi diable avait-il tout avoué à un moment comme celui-ci ? Et pourquoi fallait-il que cet Apollon le trouve ici ? D'ailleurs, comment avait-il pu le trouver ? Juugo avait dit qu'il l'avait demandé… Ça signifiait qu'il savait qu'il bossait ici.
Sakura.
Sakura avait dû tout raconter à son frère au sujet de son petit ami.
- On partait justement ! s'exclama joyeusement Karin.
- Ouais, on ne voudrait pas rater le film, ajouta Suigetsu.
Ils s'extirpèrent de la table. Karin reluqua sans gêne Kurama, avant de lancer à Sasuke un clin d'œil très peu subtil. Sasuke voulut disparaître sous la table.
- À plus Sas'ke !
- À demain ? insista Suigetsu.
- Ouais. Bye.
Une fois ses amis disparus au bout de l'allée, Sasuke soupira. Il leva un œil vers le jeune homme toujours debout là.
- Je…
- J'espère que je ne te donne pas l'impression d'être un psychopathe et un harceleur, dit Kurama en prenant place face à lui. Je ne t'ai pas suivi, je t'assure.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- J'avais envie de te revoir, c'est un crime ?
- Je sors avec ta sœur.
- T'es gay, n'est-ce pas ?
- Ce ne sont pas tes affaires, se renfrogna Sasuke, piqué. Et maintenant, je dois étudier, alors laisse-moi tranquille.
Kurama n'insista pas. Étonnamment, il agit en gentleman et se pencha pour poser une main sur la sienne. La chaleur de sa paume figea Sasuke dans son mouvement et il ravala sa salive difficilement. C'était… Pourquoi était-ce si difficile de lutter ? L'envie monta rapidement en lui, une sorte de chair de poule couvrit sa peau et il se sentit perdre pied. Comme si, d'une seconde à l'autre, il pouvait oublier toutes ses réserves et accepter les avances de l'autre.
Il remonta ses yeux et croisa ceux de Kurama, si intenses, dans lesquels brûlait un véritable incendie. Sasuke se mordilla la lèvre du bas.
- Arrête de faire ça, sinon je te prends ici.
- Pardon ? grogna Sasuke sans pouvoir s'en empêcher.
- Cette petite bouille… et te mordre les lèvres comme ça.
- Tu es complètement cinglé, en fait.
- Cinglé ? s'amusa Kurama.
Sasuke en eut assez. Il rassembla ses choses rapidement et les fourra dans son sac. Il se leva et s'écarta de la table pour s'éloigner. Mais Kurama se leva à son tour, lui bloquant la route.
Frustré, et excité (mais cette sensation venue des profondeurs, Sasuke s'évertua à la repousser encore et encore), Sasuke dut lever la tête pour retrouver son regard. Il avait ce petit rictus frimeur, comme s'il était tellement sûr de lui. Sûr qu'il réussirait à briser ses défenses et à l'attirer dans ses bras.
Ça n'arriverait jamais. Sasuke n'était peut-être pas attiré par Sakura mais il la respectait. Au fond, si elle ne pouvait pas être sa petite amie, elle serait son amie, non ? Elle était son amie. Et on ne faisait pas ce genre de chose à une amie.
- Cinglé, prononça à nouveau Sasuke. Ça ne va pas dans ta tête de draguer le mec de ta sœur ?
- C'est ce qui rend le jeu plus excitant ! avoua Kurama en se penchant vers lui.
- Laisse-moi tranquille, je ne suis pas intéressé.
Sasuke attrapa son manteau, qu'il avait laissé sur la banquette. Kurama lui attrapa le poignet au vol.
- C'est ce qu'on va voir.
Relevant un énième regard noir au jeune homme, qui était venu jusqu'à son lieu de travail pour lui faire du rentre-dedans, Sasuke finit par s'enfuir sans regarder en arrière.
Il ne vit pas le sourire satisfait du rouquin qui resta là, mains dans les poches, aussi nonchalant et fier que jamais.
A Suivre...
Encore une fois merci pour vos beaux messages :)
J'espère que ça vous a plu !
Bisous et à la prochaine, les choses vont bientôt devenir bien épicés, ne vous en faites pas ;)
Tch0upi