Dans Les Bras D'un Autre
Chapitre 10
Naruto balança ses gants et jeta son bâton, qu'un des entraîneurs adjoints attrapa au vol. Il continua son chemin dans le couloir depuis la patinoire, jusqu'à la chambre des joueurs et se laissa tomber à sa place, commençant déjà à enlever tout son équipement.
Itachi arriva après quelques minutes, souriant largement, fier des trois buts qu'il avait marqués ce soir. Couvert de sueur, il rejoignit Naruto, qui l'accueillit avec un aussi grand sourire.
- Comment on se sent d'être presque aussi génial que moi pour un soir ? l'agaça-t-il.
Itachi, hilare, frappa dans son poing fermé puis leva la main pour ébouriffer les cheveux blonds du jeune homme.
- La ferme, t'es juste jaloux de ma magnificence !
- Pff, les grands mots, rigola Naruto.
Ils venaient, à nouveau, de remporter une victoire sur l'équipe adverse. Après la journée (et la soirée précédente) qu'il avait passé, Naruto se sentait d'une belle humeur, il avait la poitrine remplie de joie, un sourire de dix kilomètres sur son visage, rouge de l'effort physique des 60 dernières minutes de jeu. Il était gonflé à bloc, ses muscles réchauffés, le sang qui pulsait dans ses veines. Il se sentait invincible, ce soir.
Le coach entra alors dans la chambre.
- On porte un toast à notre fabuleux numéro 9 ! s'exclama-t-il en levant un verre déjà plein.
Tous les mecs de l'équipe se mirent à crier de joie, les rires se mêlant à la cacophonie qui régnait dans la pièce, ainsi que la puissante odeur de testostérone et de sueur, tandis que les joueurs se changeaient.
- Vous avez bien mérité ce repos ! Profitez des dix prochains jours, les gars ! termina Kakashi avant de disparaître avec les autres entraîneurs.
Naruto sourit tandis que d'autres mecs vinrent féliciter Itachi, pour sa performance enlevante de ce soir. Naruto se mêla à quelques-unes des conversations, tandis qu'on se relayait joyeusement le déroulement du match qu'ils venaient à peine de terminer.
Au bout d'un moment, les gars de l'équipe finirent par se disperser dans la chambre, certains se dirigeant vers les douches tandis que d'autres s'attardaient. Itachi fut appelé sur la patinoire pour une entrevue d'après-match avec les médias.
Quand il revint, Naruto était déjà à moitié dévêtu.
- Je vais prendre une douche chez moi, s'exclama-t-il.
Itachi s'assit à côté de lui et entreprit de retirer à son tour plastron, casque, protège-tibias, et tout le reste.
- T'es sûr que ça va de rentrer chez toi ?
- Il faudra bien que j'y retourne, tu sais…
- Ouais, acquiesça Itachi, redressant une jambe pour délasser un patin. Tu sais que tu peux toujours squatter chez moi.
- Merci, Itachi, t'es un vrai ami. Mais ça ira. J'ai eu assez de temps, je crois… Et puis, j'en ai assez de son comportement de petit prince trop gâté. Si Sai me fait chier, je le fous à la porte.
Itachi tourna vers lui un regard agrandi.
- Quoi ?
- Rien. C'est juste… étonnant. Tu vas finir par le larguer, ce moins que rien, ou pas ?
Ce fut au tour de Naruto d'arrondir les yeux, les sourcils froncés.
- D'abord, ce n'est pas un moins que rien. Et ce n'est pas mon intention, non. Du moins… Pas s'il se montre capable de changement. C'est un humain, comme tout le monde, et puis… Après tout, c'est ma faute, si je n'arrive jamais à lui exprimer ce que je ressens et ce que j'attends, il ne peut pas savoir. On n'a pas encore inventé la technologie qui permet de lire dans les pensées de l'autre.
Naruto se pencha pour défaire ses patins, inconscient du regard troublé et inquiet que posa sur lui Itachi.
- Mouais, grommela-t-il. S'tu l'dis.
- Tu feras quoi, ce soir ? demanda Naruto en se redressant et en balançant son équipement dans son large sac de sport.
Il ne restait presque plus aucun mec dans la chambre des joueurs.
- Je vais sûrement sortir avec les gars, lui apprit Itachi. À moins que Sas' ait envie qu'on se regarde un film ou un truc du genre. J'aime pas trop le savoir tout seul ces temps-ci…
- Il a l'air d'aller mieux, je trouve.
- Vraiment ?
- Vraiment, approuva Naruto avec un sourire tendre.
Itachi ne put qu'imiter son ami, content d'apprendre une telle chose. Puis, il eut un rictus mesquin.
- Et toi alors ? s'exclama-t-il en lui donnant une petite poussée sur l'épaule. Tu l'aimes bien, mon p'tit frère, non ?
Itachi avait cru s'étouffer avec sa propre salive hier, quand Naruto n'avait même pas eu une petite gêne avant de donner son pull à un Sasuke frigorifié. Et encore ce matin, lorsqu'il lui avait offert définitivement. Il n'avait pas rêvé le rouge sur les joues de Naruto – rouge qui monta à nouveau à son visage en ce moment.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Tu lui as donné ton pull.
Naruto se détourna, haussant les épaules, une moue renfrognée plaquée sur le visage.
- C'est un vieux pull devenu trop petit.
- Hm-hm.
- Puisque je te le dis !
- OK, lâcha Itachi, un rire au fond de la gorge.
Il se leva, fin prêt à partir, et balança la sangle de son sac sur son épaule. Naruto l'imita.
- Au fait, Itachi, tu sais…
Le blond avait repris son sérieux. Itachi se posta face à lui.
Naruto plongea dans son regard onyx.
- Tu… tu aurais pu me dire que tu avais perdu ta mère. Je suis ton ami, et… je suis aussi passé par là.
Naruto vit, pour la première fois depuis qu'il connaissait l'autre, son regard perdre une partie de sa carapace. De cette vitre épaisse qui avait protégé sa vulnérabilité des autres. Itachi soupira, pencha la tête un instant, avant de relever le menton.
- Je sais, avoua-t-il. Et ce n'était pas pour te le cacher… J'imagine que c'était ma façon de me protéger.
- Tu n'as pas à être fort pour les autres, Itachi, tu as le droit de vivre ton deuil pleinement.
- Je ne suis pas fort pour les autres, rétorqua son ami. Je suis fort pour Sasuke.
- Sasuke n'est pas un petit enfant. Il peut gérer ça… Même qu'il le fait d'une façon plutôt mature et impressionnante.
- Quoi, parce qu'il s'est inscrit en psychologie ?
Ils se mirent en route vers la sortie de l'aréna, marchant côte à côte dans le couloir menant directement au stationnement, question d'échapper aux journalistes.
- Au moins, il est conscient de sa peine, argumenta Naruto.
- Je vois. Bon, d'accord… Et puis t'as raison. T'es pas aussi bête que t'en as l'air, tu sais ?
Ce petit commentaire valut à Itachi un coup sur le torse.
- Qu'est-ce que ça veut dire, ça ?!
Itachi ricana, puis leurs mains se joignirent en une poignée solide.
- Merci d'être un mec aussi génial, Naruto.
Naruto inclina la tête, recevant avec un sourire les éloges de son ami.
Ils arrivèrent au stationnement, où les attendaient plusieurs autres mecs de l'équipe.
- Bonne soirée, mon vieux.
Itachi alla retrouver leurs coéquipiers tandis que Naruto se retourna, se dirigeant vers sa luxueuse voiture sport.
Tout le bonheur des derniers jours, des dernières heures, semblèrent s'évanouir brusquement, quittant son corps comme une toxine qu'il aurait expulser en suant à grosses gouttes.
Et en s'asseyant derrière le volant dans sa voiture, il se donna du courage, se disant que rien de pire que les dernières fois ne pouvait se produire. Et puis, Sai n'était sûrement pas chez lui. À moins que si… Il avait la clé, après tout, et durant les derniers jours, Naruto lui avait laissé le champ libre pendant qu'il squattait chez Itachi.
Le trajet en voiture ne fut pas aussi éprouvant que celui qui l'avait emmené à l'aréna un peu plus tôt, alors que la ville subissait encore les contrecoups de la tempête. Les routes étaient un peu plus dégagées désormais.
Il arriva chez lui et éteignit le moteur. Attrapant son sac, il le traîna jusqu'au pas de la porte, qu'il déverrouilla avec une boule au ventre.
Contre toutes attentes, Naruto trouva sa maison plongée dans une douillette ambiance. Le salon, la plus grande pièce, était éclairée par le foyer moderne encastré sous la télé géante. C'était réconfortant, chaleureux, invitant. Il trouva des chandelles allumées sur la table au centre.
Fronçant les sourcils, un fin sourire s'accrochant à ses lèvres, Naruto prit alors conscience de la délicieuse odeur qui venait jusqu'à lui et qui lui titillait les sens.
Ce fut alors que Sai apparut, arrivant visiblement de la cuisine. Naruto le détailla avec envie, notant la tenue qu'il portait : un pantalon seyant ses jambes, une chemise blanche ouverte sur le haut de son torse. Sai n'était pas le plus bâti des mecs, mais ces vêtements l'avantageaient, et il était sexy à souhait.
Son sourire envoya de douces sensations dans le ventre de Naruto qui, quelques instants auparavant, était pris d'une nervosité sans nom.
- Bonsoir mon amour !
- Hey… répondit Naruto en posant son sac au sol à l'entrée.
Il abandonna ses bottes. Sai était déjà à ses côtés pour lui prendre son manteau. Naruto ne put s'empêcher de s'approcher pour lui dérober un baiser, glissant sa main autour de sa taille.
- Ça va ?
- Mieux que jamais, lança Sai. Ces derniers jours sans toi m'ont vraiment fait réfléchir, tu sais. J'ai été un bel idiot. Mais tu sais à quel point ça me rend fou tout ces types qui tournent autour de toi ! Tu devrais comprendre, toi aussi, que j'agis comme ça par amour…
- Je sais… Tu as raison.
- Enfin, voilà ! Ne nous prenons plus la tête pour des broutilles, t'es pas d'accord ? Et pour me faire pardonner, je nous ai préparés un succulent dîner en tête à tête…
Naruto sourit largement, oubliant d'un coup toutes les atrocités que Sai avait déjà pu dire dans le passé.
- Bon sang ! Je meurs de faim, merci, bébé. Je monte vite fait prendre une douche, attends-moi !
- Laisse tomber, insista Sai en lui prenant la main, le stoppant dans son élan. Nous prendrons une douche plus tard… tous les deux.
La proposition était alléchante. Naruto, aveuglé par la belle allure de ce souper improvisé, accepta, s'abandonnant une nouvelle fois dans les filets de Sai. Il prit la main que son petit ami lui tendit et le suivit à la cuisine.
Il y trouva d'autres chandelles, une ambiance romantique, exactement comme il les aimait…
Alors il se laissa emporter. Il se laissa fondre. Habité par un mixte d'endorphines et de dopamines, que son corps avait produits après le match, qui influençaient hautement son humeur, et après avoir passé de bons moments avec Itachi et Sasuke, Naruto se laissa envahir par la beauté du moment, par ses sentiments, que Sai venait de raviver. Il sourit, heureux pour la première fois depuis un bon moment, et vint s'assoir. Sai lui servit du vin, puis enfin le dîner, qui semblait délicieusement divin…
- Et celle-ci ? demanda Sakura en désignant une robe rose.
Karin, étalée sur le lit, appuyée sur ses coudes, reluqua le vêtement de haut en bas avec un sourcil levé. Après s'être fait une idée, la rouquine remonta son regard vers les yeux émeraude de l'autre jeune femme.
- Tu veux que je sois honnête ?
- C'est pour ça que je t'ai demandé ton avis, tu ne crois pas ! rétorqua Sakura, agacée.
- Elle met en valeur la poitrine que tu n'as pas.
Sakura fit la moue, son regard sévère fusillant Karin. Elle ne l'aimait pas vraiment, cette fille – la vérité, c'est qu'elle ne l'appréciait pas du tout. Mais pour une raison qui lui échappait, elle et Sasuke étaient comme les deux doigts de la main depuis des années. Pendant une longue période, Sakura s'était inquiétée que la rouquine lui volerait le garçon de ses rêves, mais finalement, il fallait bien admettre qu'il n'y avait rien entre elle et Sasuke.
Sakura ne se considérait pas comme une fille insécure, elle était même confiante et sûre d'elle, mais une partie d'elle demeurait inquiète, et vulnérable quant aux garçons. Surtout à celui qu'elle aimait et qu'elle ne voulait pas perdre.
Elle balança la robe rose et croisa les bras, au comble de la frustration.
- Je suis certaine que Sasuke l'aime, cette robe !
- Montre le reste, suggéra Karin en indiquant le sac que Sakura avait rapporté de chez elle – toutes des tenues qu'elle voulait montrer à Sasuke pour la soirée de ce soir.
Sakura soupira. Depuis qu'elle était arrivée, cependant, le jeune homme n'était nulle part en vue. Il l'avait accueillie à l'entrée de son appartement, l'avait conduite à sa chambre, mais avait disparu quelque part et Sakura avait dû faire avec Karin, qui était apparemment en visite chez son copain.
- J'suis pas sûre de celle-là, marmonna-t-elle en tirant vers le haut la dernière pièce.
Une robe noire moulante à col élevé mais aux épaules et au dos dénudés. Karin se redressa, ses yeux au longs cils maquillés de mascara s'écarquillèrent.
- Oh bon sang, Sakura, tu cachais cette petite merveille depuis tout à l'heure ? Et tu te demandes quoi porter !
Sakura rougit doucement.
- Quoi ? C'est…
Karin se leva et s'approcha de Sakura. Elle s'arrêta à quelques centimètres et Sakura l'observa, avec un léger mouvement de recul. Karin sourit tandis qu'elle glissa ses mains autour de son cou pour aller chercher ses cheveux, qu'elle rassembla en un geste subtil et gracieux. Puis, Karin les releva d'une main.
- Tu coiffes tes cheveux vers le haut comme ça et ça dégage la vue sur ton dos. Tu vas être une réelle déesse.
- T'es sûre ? C'est pas trop mon genre…
- Le temps des robes de petites filles est révolue, Sakura, pesta Karin en lâchant sa chevelure, qui s'écrasa en cascade dans son dos. Nous sommes des femmes adultes désormais, oui ou non ?
Sakura dévisagea Karin un instant, avant qu'un léger sourire ne rompe l'expression agacée de son visage.
- Tu… tu crois que Sasuke va aimer ? Il va me trouver sexy là-dedans ?
Karin eut soudain une lueur étrange dans les yeux.
- Oh, chérie…
Au même moment, la porte de la chambre du jeune homme en question s'ouvrit et Sasuke apparut, avec un plateau sur lequel trônaient des verres de jus et un plat de biscuits.
- Désolé, j'avais des trucs à régler avec mon frère au téléphone.
Sasuke se dirigea vers son grand lit, qui prenait presque toute l'espace de la pièce.
- Tout va bien ? demanda-t-il en se retournant tandis que les deux jeunes femmes demeuraient aussi muettes que des statues.
- Oui, lâcha Sakura. Mais je dois y aller.
- Déjà ? s'étonna Sasuke.
Sa petite amie fourra les tenues de soirée dans son sac et s'approcha pour l'embrasser chastement sur les lèvres.
- Je dois me préparer ! Et je crois qu'Ino va avoir besoin de moi pour préparer la maison ! Collations, boissons, déco. Il faut brancher les hauts parleur pour la musique et il faut aussi s'habiller, se coiffer, tout ça…
Sasuke tira son portable de la poche arrière de son jean et fronça un sourcil.
- Il est à peine 16 heures…
- Ouais, je sais, mais les premiers invités risquent de se pointer assez tôt. À plus, mon chéri ?
- Hm-hm, acquiesça Sasuke.
Sakura, sous l'œil de Karin, profita du jeune homme et, d'un geste presque possessif, entoura les épaules de Sasuke avec ses bras puis se hissa pour l'embrasser de nouveau.
Une fois Sakura sortie, Karin se jeta sur le lit en poussant un petit rire. Sasuke se tourna vers elle.
- Qu'est-ce qui est si amusant ? grommela-t-il.
- Que Sakura me considère encore comme de la compétition alors qu'elle sort avec toi et que je ne suis clairement plus amoureuse de toi.
- Oh.
- Et aussi, c'est marrant de vous voir. Sasuke, pourquoi tu continues à sortir avec elle ?
Sasuke s'installa par terre, posant ses coudes sur le lit, et leva la tête vers la rouquine.
- Encore ? T'en as pas marre de te mêler de ma vie amoureuse ?
- Je veux juste comprendre, répondit Karin en roulant sur le ventre pour se placer face à son ami.
- Comprendre quoi ?
- Pourquoi tu sors avec elle, répéta Karin.
- Elle n'est pas si mal…
- Mais tu es gay.
- J'ai dit peut-être.
- Alors qu'est-ce que tu attends ? s'exclama Karin. Va trouver un mec et essaie !
Sasuke, qui avait innocemment tenté d'avaler un biscuit, faillit s'étouffer.
- Que je quoi ?
- Tu ne peux pas en être complètement sûr si tu n'essaies pas, non ? Alors trouve-toi un mec, n'importe qui fera l'affaire ! Ou alors tiens, pourquoi pas ce mec fantastiquement et ridiculement canon qui est venu te rejoindre au café l'autre jour ? Comme ça, tu seras fixé. Vagin ? Pénis ? Tout sera plus clair.
Sasuke ne put s'empêcher d'éclater de rire.
- Karin, si seulement la vie était aussi simple.
- Mais tu en as envie ?
- De quoi, au juste ? De coucher avec toute la ville ?
- Non. Avec un mec. Avec ce mec. C'est qui, au fait ? Tu l'as rencontré comment ? Il est tellement sexy, et il te dévorait du regard, Sasu. Tu ne veux pas te le taper ?
- C'est le frère de Sakura, lâcha bêtement Sasuke.
Karin poussa un grand rire mais se tut quand elle vit que Sasuke ne plaisantait pas.
- T'es sérieux ? Sasuke, attends, t'es en train de me dire que tu as découvert que tu étais gay en flashant sur le frère de ta copine ? Oh bon sang, c'est parfait comme scénario !
Sasuke baissa la tête, le cœur battant.
Non. Pas en flashant sur le frère de Sakura, aurait-il dû dire, pour corriger Karin. Mais il n'avait pas envie de parler de ça avec elle…
Un regard azur lui revint en tête, le beau visage de Naruto, son sourire, sa voix de velours et… et il avait envie de garder le blond juste pour lui, dans son cœur, et ne pas donner à Karin d'autres « histoires » à se mettre sous la dent.
- C'est pas… vraiment ça.
- OK, soit, dit Karin. Revenons à Sakura. Je crois que je sais pourquoi tu sors avec elle.
Le jeune homme leva un œil et un sourcil embêté vers son amie.
- J'étudie en psychologie avec toi, Sasuke. D'ailleurs, j'ai été étonnée que tu change ton inscription à la dernière minute. Vraiment heureuse que tu sois dans mon programme, mais, quand même étonnée. Voilà. Sakura est… elle est l'affection qui te manque depuis la mort de ta mère.
- Pardon ?
- Sakura est douce. Gentille. Adorable. C'est une source d'amour et d'affection féminine… Sasuke, ne me dis pas que tu ne t'en ai jamais rendu compte ? Ce trou qui te perce la poitrine, l'espace qui était rempli par l'amour de ta mère… Tu cherches à le combler. Peut-être inconsciemment… Mais ça t'est sûrement venu à l'esprit que tu n'es pas intéressé à Sakura. Pas comme ça. D'ailleurs, je suis sûre que le sexe est bizarre.
- Le sexe est normal, très correct, marmonna Sasuke, rouge de honte.
Karin inclina légèrement la tête.
- Correct ? Non, non, Sasuke ! Le sexe ne doit pas être correct. Il doit être excitant, passionné, il doit te rendre fou et te ravager le corps comme si un ouragan te passait dessus ! Au point où tu ne sais plus comment tu t'appelles !
- La vie n'est pas un conte de fée, Karin. Ça se passe comme ça dans les livres…
- Alors avec Sakura, ça se passe bien ?
- Elle m'aime bien et je l'aime bien, c'est tout. Et ça n'a rien à voir avec ma mère.
Karin avait vu juste.
Il avait bel et bien accepté les avances longtemps ignorées de la jeune femme parce que son cœur était si profondément vide et souffrant – et qu'il avait cherché à le combler, à le remplir. Quelle autre explication y avait-il ? Même s'il essayait de se convaincre. Mieux valait une relation amoureuse foireuse qu'un néant absolu. Mieux valait quelque chose d'un peu ennuyant… que rien du tout.
Seulement, depuis qu'il avait expérimenté les papillons dans le ventre causés par un simple regard de la part de Naruto… il savait que Sakura, à côté, ne faisait pas le poids.
- Tu sais pourquoi j'ai tiré un trait sur toi ?
Étonné par ce retournement, ce changement de sujet abrupt et soudain, Sasuke fixa son amie toujours sans rien dire, attendant la suite.
- Comment une fille pourrait, en toute connaissance de cause, renoncer à un mec comme toi ? Franchement, Sasuke. Tu es beau à mourir. Un vrai dieu vivant, un ange ténébreux, à faire tomber quiconque poserait les yeux sur toi. Bon, peut-être qu'à part le physique tu peux paraître prétentieux, hautain, arrogant et narcissique, mais quand on apprend à te connaître, c'est tout le contraire. Tu es gentil, au fond, et adorable, et même drôle, et surtout sensible. Alors, pourquoi une fille lâcherait prise, dis-moi ?
- À toi de me le dire, c'est toi qui racontes l'histoire, bougonna Sasuke – mais au fond, il était étonnamment pris de court par les compliments de Karin à son égard.
- Parce que tu es gay, idiot. Si terriblement gay. Je l'ai senti, si on veut, à l'époque. Bon, je ne pouvais en être sûre, mais je l'ai comme… su au fond de moi. J'ai eu des doutes et je me disais que c'était pour ça que tu n'étais attiré par personne.
- Tu fais erreur, je me suis intéressé à Sakura…
- Elle s'est intéressée à toi d'abord, réfuta Karin. Et tu n'étais à ce moment-là pas dans ton état normal. Et très émotionnellement instable et fragile. La mort d'une personne peut nous dérégler le cerveau d'une façon remarquable, figure-toi !
Sasuke fixa longuement Karin sans réagir, débitant à la vitesse de la lumière ses derniers propos.
Était-ce possible ? Que Karin l'ait vu depuis tout ce temps ? Alors que lui n'avait jamais rien su sur lui-même ?
Bon, après tout, il n'avait jamais été intéressé par aucun mec. Avant Naruto.
Et la mort de sa mère avait congelé toute forme de sentiment positif. L'amour, la joie, l'euphorie, l'espoir… La mort de sa mère avait assommé toute émotion, le rendant aussi vide qu'une machine, qu'une coquille abandonnée. Les derniers mois, il n'avait eu de temps que pour son deuil, sa peine… Pas pour des histoires de cœur.
Tu en as envie ? avait demandé Karin.
Elle parlait de Kurama, qu'elle avait vu au café. Mais Sasuke songea plutôt à Naruto.
Et à nouveau, des images illicites grimpèrent à son esprit, envahissant son corps, faisant allumer un brasier dans ses entrailles. Naruto qui l'embrassait. Naruto qui agrippait ses hanches, le pressant contre son corps musclé. Ses mains déshabillaient le sien, plus petit… Elles remontaient le long de son ventre, de son torse, puis elles redescendaient vers ses fesses, qu'elles empoignaient ensuite…
Il s'interrompit à la pensée du corps nu de Naruto. À la pensée de toutes les parties de son corps…
- À quoi tu penses pour être tout rouge comme ça ? s'amusa Karin.
- R-Rien. Alors qu'est-ce que tu suggères ? Je ne peux rien faire, je sors avec Sakura.
- Ce qu'elle ne sait pas ne peut pas lui faire mal. Va expérimenter, chéri. Et après, tu sauras ce que tu désires vraiment. Mais ce que je veux vraiment, c'est que tu t'amuses un peu. Pour une première fois depuis que ta mère est partie, laisse-toi aller.
Un court instant de silence s'appesantit dans la pièce et Sasuke ne chercha pas à le combler.
- Et toi alors ? demanda-t-il en plissant les yeux, jetant un œil joueur à jeune femme. Tu vas tenter ta chance avec Ino ?
- On verra. Si la chance est de mon côté.
- J'ignorais que tu étais attiré par les femmes.
- En ce moment oui, faut croire. On dirait que les mecs ne me plaisent plus.
Karin tourna vivement la tête vers Sasuke, dressant un indexe au bout duquel brillait un faux ongle rouge.
- Sauf pour ton frère ! Rien ne me ferait jamais refuser un rencard ou une partie de jambes en l'air avec cette beauté fatale !
Sasuke éclata de rire.
S'amuser.
Se laisser aller.
Expérimenter.
De cette façon, selon Karin, il saurait ce qu'il désirait vraiment.
Il avait beau être en partie d'accord avec elle, et une grande part de lui avait franchement très envie de trouver un mec qui lui plaisait, le plaquer quelque part, et… voir ce que ça ferait – il y avait Sakura. Et il n'avait pas spécialement envie de lui faire de la peine.
D'un autre côté, n'avait-il pas grandement mérité un peu de folie ? D'amusement ? Karin avait raison, il avait souffert longtemps, il pouvait bien se faire un peu plaisir.
La maison d'Ino était une gigantesque baraque. Son père était un directeur d'entreprise ultra riche et sa mère une fleuriste professionnelle et très aimée, jouissant d'une très grande et large clientèle.
Lorsqu'il arriva, Karin, Suigetsu et Juugo sur les talons, la musique jouait déjà très fort, les fortes basses résonnant et faisant vibrer chaque mur de la maison.
- Entrez ! Entrez ! s'exclama joyeusement Ino, la belle blonde vêtue d'une mignonne robe bleu poudre qui lui arrivait au haut des cuisses et qui dénudait ses épaules. C'est cool que vous soyez venus tous les quatre !
Karin ne s'empêcha pas de reluquer ouvertement la blonde tandis que le quatuor entrait. La rouquine échangea ensuite un petit coup d'œil amusé à Sasuke qui leva les yeux au ciel, non sans lâcher un petit rire.
Suigetsu donna un petit coup de coude à Sasuke.
- Je te parie 10 dollars que Karin va terminer cette soirée dans les bras de sa belle, chuchota-t-il.
Sasuke fronça un sourcil avant de répondre en serrant la main de son ami.
- Vingt, lâcha-t-il.
- Ta copine est à la cuisine, elle sert les premiers verres, lança Ino à Sasuke. Et prépare-toi, elle est à tomber, ce soir.
Sasuke acquiesça et commença à se diriger vers la cuisine, mais Ino l'interpella avant d'éclater de rire :
- Et interdiction formelle de baiser dans les chambres de l'étage !
Sasuke se détourna rapidement tandis que ses amis riaient avec l'hôtesse. Il se dirigea vers la cuisine, rencontrant déjà sur son chemin des dizaines d'invités. Les couloirs de cette grande maison n'étaient pas encore à leur pleine capacité. Sasuke n'était pas friand de grosses fêtes bondées de monde, mais étrangement, il avait envie de s'abandonner, ce soir... et comment mieux le faire que perdu au milieu d'une foule ?
- Sasu ! s'écria Sakura lorsqu'il apparut dans la cuisine.
Il y avait un grand îlot en bois muni d'un comptoir brillant en granit. Un frigo d'une taille hallucinante était inséré entre des rangées d'armoires et un comptoir qui faisait le tour de la pièce. Le décor était à couper le souffle, il n'y avait pas à dire.
Mais ce n'était pas le design moderne et charmant de la cuisine qui lui coupa le souffle – c'était le jeune homme qui se tenait à côté de Sakura et qui l'aidait à verser les cocktails et les boissons dans des verres de carton. Le jeune homme qui, époustouflant dans son costume noir, et la chemise blanche déboutonnée sur le haut de son torse dans une allure de séducteur, et ses cheveux savamment ébouriffés pour créer l'impression sauvage d'un mec qui n'avait jamais connu de peigne. Ou alors un type qui avait passé une nuit passionnée à se faire caresser les cheveux sans cesse…
Le regard qui se positionna aussitôt sur lui et qui rendit ses jambes toutes molles.
Vêtue d'une robe noire qui moulait son corps gracile, Sakura abandonna sa tâche pour se précipiter à son cou.
- Enfin, t'es là ! La fête va pouvoir commencer ! Regarde qui est là, s'exclama-t-elle comme si, d'une façon complètement inusité, Sasuke n'aurait pas remarqué sa présence.
Ce qui était ridicule puisque Kurama n'était pas quelqu'un de subtil ou dont la présence s'effaçait dans un endroit.
Non, au contraire. Dès que Sasuke avait mis les pieds dans la cuisine, il avait senti la tension monter et il avait déjà plus chaud.
Le bras de Sakura se glissa autour de son cou et elle désigna son frère en souriant.
- Il n'avait rien de prévu ce soir et je lui ai proposé de se joindre à nous. Tu vas voir, mon frère est une bête de soirée, il adore faire la fête !
Pour toute réponse, Sasuke s'approcha de l'îlot et déroba un verre. Il ignorait totalement ce qui se trouvait dans ce verre, mais il espérait que ce serait de l'alcool. De l'alcool fort, de préférence.
Et tandis que Kurama esquissait un rictus séduisant, tout en ne le lâchant pas du regard une seule seconde, Sasuke avala cul-sec ce qui s'avéra être de la vodka.
- Ouais, la fête peut commencer, lâcha-t-il d'une voix rauque en soutenant le regard de braise de Kurama.
A Suivre...
Encore une fois merci de vos commentaires, je les lis avec joie ! :) Pour vous remercier, je vous met tout de suite le chapitre suivant... ;)
Bisous
Tch0upi
