Dans Les Bras D'un Autre

Chapitre 11


you don't ever have to
be stronger than you really are
when you're lying in my arms
and honey
you don't ever have to
be cooler than you think you should
you're brighter than the brightest star

- Lana Del Rey


La soirée allait bon train. Les invités dansaient, tous ces corps se dandinant dans le salon, dans les couloirs, dans la cuisine, la salle à manger, même sur la terrasse dans la cour arrière malgré la neige et le froid mordant (Ino et Sakura avaient fait installer de jolies guirlandes pour attirer les invités, et franchement, faire un tour à l'extérieur faisait un bien fou, quand on y pensait, avec cette chaleur de fournaise qui régnait dedans), commençaient à donner le tournis à Sasuke. L'alcool coulait à flot – surtout dans ses veines.

Il était en train de vider un énième verre (ou alors était-ce le douzième ?), et c'était sans parler de la bière que Suigetsu lui avait apporté. En ce moment, il n'avait aucune idée d'où se trouvait son ami. Même Karin avait disparu. Ino aussi. Sakura était avec des copines au salon. Elle l'avait attiré plusieurs fois à elle pour montrer à ses amies qu'elle avait le « meilleur petit ami du monde », selon ses propres mots.

Sasuke avait également localisé Juugo, dans un coin du salon, discutant avec des étudiants quelconques.

Quant au loup, Sasuke ne l'avait jamais perdu de vue. Kurama s'associait à plusieurs groupes de personnes, discutant aisément avec les uns et les autres. Il semblait très populaire, très aimé aussi, Sasuke n'ayant pas eu de mal à remarquer les œillades féminines qui le reluquaient ouvertement jusqu'à plus soif. La plupart de ces demoiselles d'ailleurs ne manquaient de le reluquer, également. Sasuke était une vue à ne pas sous-estimer. Malgré son attirail un peu négligé de ce soir, qui témoignait de plusieurs mois de dépression et d'isolement et qui se constituait d'un chandail à capuche, d'un jean ordinaire, et finalement d'une paire de converses, Sasuke était un très beau et très attirant jeune homme. Peut-être ne s'en rendait-il pas toujours compte, mais ce soir, les filles un peu pompettes ne se gênaient pas pour le regarder.

Voilà. Le loup était maintenant dans le couloir, appuyé nonchalamment sur un mur, une bière à la main, et discutait avec deux filles et un mec, draguant sans gêne les trois spécimens qu'il avait devant lui.

- Regardez-le, grommela Sasuke en le fusillant du regard de loin. Un vrai coureur.

- Tu parles tout seul ? Ça y est, tu as atteint la folie furieuse ?

Il se retourna et soupira en voyant Suigetsu s'approcher. Il avait deux verres à la main et Sasuke s'empressa de lui en prendre un, qu'il vida d'un trait.

- Woooaah, s'exclama Suigetsu. Doucement, mon vieux. Et ce n'était pas pour toi, celui-là… Oh et y'a ta petite amie qui te cherche.

- J'y vais, marmonna-t-il.

Il s'écarta du couloir en direction du salon, non sans lâcher des yeux Kurama qui, au même instant, leva les siens. Un frisson le parcourut et il crut entendre de nouveau la voix de Karin dans sa tête. Il se souvenait que Karin l'avait encouragé à expérimenter, à s'amuser avec des mecs.

Il avait évidemment suivi ses conseils parce que d'une certaine façon, elle avait raison, et elle avait réussi à le convaincre. Excepté Kurama, Sasuke avait bien remarqué quelques garçons plutôt mignons, mais aucun qui ne lui ait envoyé de signaux révélateurs.

Sakura était au milieu du grand salon et dansait les bras en l'air. Quand elle l'aperçut, elle sourit et l'attira à elle au milieu de tous ces corps.

La musique détonnait, atteignant des décibels obscènes, et Sasuke avait l'impression que si ça continuait, il aurait un sacré mal de tête. C'était d'ailleurs un miracle que les voisins n'aient pas encore perdu patience.

- Tu vas bien ? demanda Sakura en se dandinant contre lui, glissant ses mains sur son torse.

- Parfaitement bien, rétorqua-t-il.

- Au fait, je croyais que Naruto et les joueurs de son équipe devaient venir ce soir ? demanda soudain Sakura.

Naruto.

Il se tourna stupidement et chercha des yeux. Mais Sakura avait raison : il n'était pas là.

- Il… il a sans doute… eu mieux à faire, articula-t-il.

- Tu es tout rouge ! s'exclama Sakura à travers la musique démente. Viens, on va s'éloigner un peu !

Elle attrapa sa main et Sasuke la suivit à travers la maison. Ils se rendirent dans la pièce d'à côté, aussi énorme que le salon. La salle à manger, où trônait une immense table en acajou lustrée, brillante, sur laquelle étaient disposés des verres, des bols de friandises, des téléphones oubliés.

Sakura le tira vers le bout de la table et Sasuke fit face à Kurama, debout dans le coin de la pièce. Il y avait Suigetsu non loin, qui rigolait avec un mec de l'université. Juugo était également là.

- Hey ! s'exclama Suigetsu en bondissant devant eux. On allait commencer un jeu ! Vous voulez participer ?

Kurama, qui détonnait au milieu de tous ces étudiants en feu et excités, avec son allure d'homme d'affaires, souriait légèrement en s'approchant, un verre à la main. Sasuke soutint son regard une nouvelle fois, blasé de le voir à peine grisé, alors qu'il le voyait pourtant avec un verre entre les doigts depuis le début de cette foutue soirée. Était-il invincible ou tenait-il vraiment très bien l'alcool ?

- Quel genre de jeu ? Je peux me joindre à vous ? demanda-t-il de sa voix veloutée et parfaite.

Suigetsu finissait d'installer des verres alignés à chacune des extrémités de la table.

Il revint vers eux avec deux petites balles.

- Ça s'intitule le Beer Pong, on doit chacun son tour lancer la balle dans le verre qui nous fait face. Si on rate, on doit boire un coup ! s'écria Suigetsu, amusé, en indiquant les verres de l'autre côté, remplis de bière.

- Trop cool ! s'extasia Sakura en sautillant. Je commence ! Allez, on s'aligne !

Ils parvinrent à recruter Karin, Ino, et même Juugo accepta de jouer une partie, même si le colosse était difficilement ivre. Sasuke ne l'avait pas encore vu ingurgiter une petite goutte d'alcool depuis le début de la fête. Kurama s'approcha également, posant son verre quelque part derrière.

Sasuke frissonna en le sentant se planter à côté de lui.

- Je suis imbattable à ce jeu, lui apprit-il.

- Jamais joué, bredouilla Sasuke en évitant son regard enflammé.

Kurama se pencha soudain, sa main frôlant la sienne à la hauteur de ses hanches – Sasuke, paniqué, chercha des yeux Sakura, et la vit à l'autre bout de la pièce, la petite balle dans la main, encouragée par les autres joueurs.

- Je vais te montrer comment, tu vas voir, ça va venir tout seul…

Il ravala sa salive et reposa son attention, dans un geste lent, sur lui. Le grand gaillard le sondait du regard, le déshabillant carrément des yeux. Cette sensation chaude l'envahit et Sasuke se dit que c'était sûrement à cause de l'alcool – il était déjà un peu saoul, non ? Et Kurama n'insinuait rien. Il lui parlait de ce jeu. Il venait de dire qu'il lui montrerait comment jouer à ce jeu…

Ça n'avait aucune allusion au fait qu'il voulait, peut-être (définitivement) lui apprendre comment on faisait l'amour avec un mec. L'initier, en quelque sorte…

Concentration, Sasuke ! grommela une voix dans son esprit.

À laquelle rétorqua celle de Karin : Va expérimenter, chéri !

Lorsque vint son tour, il prit la balle avec des doigts tremblants. Tout le monde le fixa, attendant de voir son coup, et au moment où il allait lancer, il sentit la main de Kurama lui frôler les fesses.

Sasuke sursauta durement, s'appuyant lourdement au bord de la table pour ne pas faire une scène, et sa munition s'écrasa lamentablement à côté du verre.

- Raté ! chanta joyeusement Suigetsu. Tu dois boire maintenant !

Kurama avait réussi.

Il était chauffé, maintenant.

Au point d'ébullition.

Tournant son regard noir vers le jeune homme qui souriait innocemment, Sasuke porta ce – quatorzième ? quinzième – verre de la soirée à ses lèvres.


Il n'était plus trop sûr de rien. Ni de l'inclinaison de la pièce, ni du nombre de personnes qui hurlaient autour de lui. Tout tournait, en fait. Sakura, qui se montra drôlement douée pour ce petit jeu, n'avait pas encore avalé une goutte d'alcool. Leur attraction avait emmené encore plus de monde autour de la table et, discrètement, Sasuke s'en était éloigné. Avec la tête qui tournait autant, il valait mieux battre en retraite.

- Hé, voilà les joueurs des Nine-Tails ! s'écria quelqu'un au bout du couloir à ce moment-là.

Sasuke eut un léger sursaut à cette annonce. Tandis que des cris s'élevèrent de nouveau à sa droite lorsque Karin parvint à enfiler deux balles de suite, et que la musique tonitruante, la pièce Shoot To Thrill de AC/DC continuait de résonner à fort volume, Sasuke choisit cet instant pour s'écarter de la foule. Un sourire idiot flottait sur ses lèvres et la seule pensée qui l'habitait désormais, c'était Naruto. Il était venu, après tout. N'est-ce pas ?

Il arriva au salon, puis au hall d'entrée, ayant suivi le troupeau jusque-là. Après tout, les joueurs des Nine-Tails étaient des superstars du hockey, des célébrités, et leur présence était le clou du spectacle. Sasuke se faufila, jouant du coude pour enfin les apercevoir. Cinq mecs de l'équipe étaient présents, Sasuke en reconnut quelques-uns pour les avoir déjà vus auprès d'Itachi ou encore à la télé, en entrevue, ou sur les réseaux sociaux.

Mais aucune trace de Naruto. Sasuke ressentit la déception comme un coup douloureux au creux de la poitrine.

Les pauvres types étaient encerclés, mais semblaient apprécier leur moment de gloire.

- Hey, lança Sasuke. Naruto n'est pas là ?

Un type de grande taille aux larges épaules, et au sourire étincelant, se pencha vers lui pour mieux l'entendre.

- Uzumaki ? Ah non, mon vieux, désolé, il est avec son copain ce soir !

Une nouvelle détonation en lui. En fait, ce fut comme une gifle froide. Cette fois, Sasuke faillit grimacer sous l'effet.

Naruto n'était pas venu parce qu'il était avec son petit ami.

- O-Oh, ok…

- T'es le frère d'Itachi, toi, non ? s'exclama le mec en le pointant du doigt avec un grand sourire.

- O-Ouais.

Mais avant que l'autre n'ait pu commencer une conversation – que Sasuke ne désirait absolument pas avoir à l'instant – le jeune homme s'éclipsa, s'enfuyant à travers la mer d'invités qui occupait la maison et les couloirs comme un étroit tunnel rempli de fourmis qui grouillaient de part et d'autre.

Sasuke trouva refuge au détour d'un couloir un peu moins occupé et se plaqua le dos contre un mur. D'un coup d'œil, il s'aperçut qu'il était devant l'escalier.

Pourquoi était-il si déçu ? Si… frustré d'entendre ça ? Le blond n'avait rien promis et puis, en plus, il ne lui devait rien. Il était avec son copain… ce qui était tout à fait normal.

Normal, mon cul, gronda Sasuke pour lui-même dans ses pensées. Ce mec n'était qu'un imbécile qui ne méritait pas quelqu'un d'aussi génial que Naruto. Point barre.

Bon sang ! Il fallait absolument qu'il arrête. Qu'il tire un trait sur lui. Naruto n'était pas à lui, Naruto appartenait à un autre, Naruto était une fantaisie, un rêve, un trésor conquis par quelqu'un avant lui. Naruto ne serait jamais dans ses bras. Naruto n'aurait jamais envie de lui, il ne se tournerait jamais dans sa direction…

Il fallait qu'il se défasse de cette tentation qui le tenaillait, ce… ce désir à sens unique qui finirait tôt ou tard par lui éclater à la gueule.

Mais comment ? Comment ? Alors que le magnifique blond occupait ses pensées sans cesse ? Naruto était probablement à l'instant précis dans les bras de Sai. Possiblement à s'embrasser. Peut-être même plus… et ça le rendait fou !

Sasuke sentit soudain une vibration dans la poche de son jean. En tirant son téléphone de là, et sans réfléchir puisqu'il était plus ivre qu'il ne l'aurait dû, il décrocha.

- Ouais, qu'est-ce qu'y a ?

La voix grave et profonde de son père retentit dans son oreille :

- Sasuke ? Je t'entends mal, où es-tu donc ?

Merde. Il ne manquait plus que ça.

- Voilà où tu te cachais, petit sournois, s'écria Kurama en surgissant soudain du couloir.

Sasuke tourna la tête, écarquillant les yeux, l'appareil toujours en main et son père à l'autre bout du fil qui devait sans aucun doute entendre la musique qui retentissait à en faire vibrer les fondations de la maison.

- Je… je dois te rappeler, marmonna-t-il.

- Que se passe-t-il, Sasuke ? insista Fugaku, son père. Nous devons parler, et si je t'appelle à cette heure tardive, c'est pour être sûr que tu sois chez toi.

- C'est pas un… un bon moment, Papa, grommela-t-il.

Kurama esquissa un rictus en s'approchant de lui. Sasuke fronça les sourcils, la main tremblante autour de son téléphone, tandis que le jeune homme l'encerclait, le piégeait au mur. La seconde d'après, Kurama se penchait vers son cou pour embrasser sa peau, si sensible à cet endroit.

Sasuke ne put plus penser. Bourré comme il était, il ferma les yeux, réduit à ne plus penser à rien d'autre qu'à la douce sensation de plaisir qui l'envahit. Il ne lutta plus, alors qu'il avait essayé de repousser cet homme depuis leur rencontre. En ce moment, avec l'alcool qui lui grisait les sens, et qui abaissait toute inhibition, et son empressement à oublier Naruto, puis son père qui ne comprenait jamais rien à rien… une sorte de déclic se fit en lui et il envoya tout au diable.

- Je te rappelle, bye ! lança-t-il avant d'appuyer à l'endroit qui mettrait fin à l'appel.

Son téléphone lui échappa et il porta aussitôt ses mains au torse de Kurama.

Kurama mordilla son cou – et Sasuke ne pensa même pas à l'arrêter, afin d'éviter un malheureux suçon que Sakura verrait sans aucun doute. Sa main descendit de sa taille jusqu'à ses hanches, et glissa même à l'intérieur de son pantalon. Il se hissa contre le mur, se tendit comme un arc prêt à casser. Kurama sourit, fier de l'effet qu'il lui faisait, et remonta sa bouche vers ses lèvres. Sasuke n'avait conscience que de cette bouche chaude qui s'apprêtait à l'embrasser et la main aventureuse qui caressait sa peau.

Enfin, ils s'embrassèrent. Son premier baiser avec un mec.

C'était différent d'avec Sakura, plus rude, plus chaud, plus… Définitivement plus excitant. Kurama était grand, musclé, il le couvrait complètement de son corps, et même si Sasuke se sentait un peu comme une proie et que le désir se mêlait à la panique en lui, ce jeu du chat et de la souris l'excitait au plus haut point.

Même s'il ne l'avouerait pas à haute voix, Sasuke trouva que Kurama embrassait comme un Dieu. Alors qu'avec Sakura, c'était toujours de chastes baisers, qui n'allaient jamais plus loin que de simples caresses de lèvres, avec Kurama… c'était profond. Langoureux. Leurs langues se touchèrent, leurs bouches s'ouvraient l'une contre l'autre, c'était sensuel et érotique. Il en avait le tournis, et Sasuke n'était pas sûr que ce soit complètement à cause de tout l'alcool qu'il avait consommé ce soir…

La main dans son pantalon n'avait pas infiltré son caleçon, mais Sasuke avait envie qu'elle le fasse. Confiante, elle alla titiller à travers le tissu son entrejambe et Sasuke réalisa, à cet instant, qu'il était complètement bandé, plus dur que jamais…

- Tu te questionnes encore sur tes préférences ? murmura Kurama.

- P-pas ici…

Kurama grogna, comme un grondement animal, puis lui attrapa le bras dans une poigne presque douloureuse. Sasuke fut alors entraîné dans l'escalier. Kurama, sans aucune gêne, monta les marches vers l'étage supérieur, dont Ino avait expressément interdit l'accès un peu plus tôt. Sasuke ne voyait plus très clair. Excité, étourdi et un peu nauséeux, il suivit malgré lui le frère de Sakura à travers le palier et le couloir sombre de l'étage.

Kurama l'emmena dans une chambre quelconque et Sasuke se sentit soulever de terre avant d'atterrir sur un lit. Kurama grimpa au-dessus de lui et le regarda avec des yeux rendus sombres par le désir enflammé qu'il éprouvait pour lui.

- Merde, Sas'ke, tu es sexy à mourir, tu le sais, ça ? Tu le fais exprès ou t'es juste terriblement attirant ? J'ai eu envie de toi depuis l'instant où je t'ai vu !

Sasuke lui attrapa le cou et l'attira vers lui pour se perdre dans un nouveau baiser – et aussi pour le faire taire. Il entendit Kurama grogner à nouveau, un son qui l'excita étrangement. Il ne donnait pas l'impression d'un amant tout doux, mais Sasuke n'avait plus la présence d'esprit de s'en inquiéter. Son cerveau teinté d'ivresse n'enregistrait qu'une chose, à part cet échange langoureux qu'il avait avec Kurama : Naruto était avec Sai. Loin d'ici, Sai profitait de Naruto en ce moment-même. Profitait de son corps parfait, de ses magnifiques yeux bleus et surtout, surtout, de sa bonté. Ce que Sasuke donnerait pour que Naruto soit au-dessus de lui là, tout de suite. Pour que ce soit Naruto qui le regarde de cette manière, Naruto qui se penche pour l'embrasser, Naruto qui dirige une main sur sa peau et Naruto qui s'apprête à le déshabiller… Il en frissonna violemment.

Et lui, pauvre idiot épris d'un homme inaccessible, devait par tous les moyens se guérir de cet amour insensé et impossible. Si tôt après la mort de sa mère… Sasuke ne pouvait pas… Il n'aurait pas la force de vivre une autre peine. Alors mieux valait tuer ses sentiments dans l'œuf le plus tôt possible, non ?

- C'était un supplice de ne pas te sauter dessus devant tous ces gens, ajouta Kurama, sa voix chaude brisant l'illusion de Naruto à sa place et Sasuke retrouva le visage du rouquin. T'as pas idée comme j'avais envie de te prendre sauvagement ! Te retourner sur cette fichue table à la cuisine et te baiser là, devant tout le monde ! Entendre tes magnifiques cris de plaisir… Oh, toi et moi, on va s'amuser… Je te promets une première fois dont tu vas te souvenir toute ta vie, mon beau !

Sans plus de cérémonie, Kurama attrapa ses hanches et descendit son pantalon d'un coup puissant. Allongé sur le dos, la parfaite proie, immobile, les joues rouges et les yeux vitreux, Sasuke ne put que subir, écoutant ces paroles obscènes sans savoir si ça l'excitait ou le dégoûtait (peut-être un mixte des deux ?). Il observa l'autre lui écarter les jambes et s'allonger sur lui. Était-ce de cette manière qu'il perdrait sa virginité ? Kurama n'était pas un mauvais choix. Il était diablement beau, plutôt sympa, et il semblait savoir s'y prendre.

Il ne portait plus que son caleçon, tandis que Kurama achevait de lui enlever le reste de ses vêtements. Il déboutonna sa chemise, laissant à Sasuke le loisir d'admirer son torse impeccable, musclé et découpé comme une statue dans le marbre.

Il se pencha à nouveau vers lui, les jambes du plus jeune passant autour de son bassin – Kurama l'embrassa de nouveau. Son cœur battait la chamade…

Je vais vomir, pensa Sasuke soudain.

- Kurama… souffla-t-il. Hey, je… je n'ai…

- Je sais que tu es un débutant avec les mecs, t'inquiète pas, marmonna rapidement Kurama.

Deux pensées se livraient batailles en lui : une partie de lui avait envie de continuer, expérimenter, voir où tout ça pouvait mener. Il avait envie de découvrir si le sexe avec un homme était aussi plaisant que l'était cette prémisse… L'autre partie, cependant, était un mixte de nausée, de peur et d'incertitude.

Kurama le fit taire en posant ses lèvres sur les siennes. Il sentit alors le sexe de Kurama contre son ventre. Bandé, évidemment. Et très imposant. Cette constatation lui fit rouvrir les yeux brusquement. Il n'avait jamais réellement pensé à ce détail… Il était lui-même doté d'un membre… normal, ou du moins, c'était ce qu'il croyait. Sakura n'avait jamais exprimé de plainte à ce sujet. Mais désormais qu'il était ici, étendu de façon si vulnérable, les jambes ouvertes, l'idée lui parut moins enchantante. Kurama semblait d'une taille plutôt hors du commun et… Sasuke n'était pas stupide ni même saoul au point où il ignorait que Kurama avait envie de la lui mettre. Son discours d'il y avait quelques minutes était plutôt clair.

- Kurama, répéta-t-il en poussant sur ses épaules.

Le jeune homme avait de nouveau attaqué son cou de baisers mouillés. Son bras l'encerclait, sa main glissant vers l'élastique de son caleçon pour le descendre lentement. Sasuke ferma les yeux, éprouvant un frisson de plaisir en sentant cette main caresser sa fesse gauche.

- Je vais te faire des choses très plaisantes, tu verras, déclara Kurama en se redressant, et il ne laissa pas le temps à Sasuke de répliquer, il fondit une nouvelle fois sur ses lèvres. Tu es si magnifique…

Ses longs doigts pelotèrent sa fesse et le bout d'un index toucha même la peau sensible et serrée de son anus.

Ce fut à cet instant que Sasuke en eut assez. Il poussa un gémissement sonore, se cabrant rudement sur le lit à la suite de cette – presque – intrusion dans son intimité, à ce jour encore jamais explorée. Son genou partit et s'enfonça dans l'estomac de Kurama – ils se séparèrent au moment où la porte de la chambre s'ouvrit.

Sakura entra, mais se figea sur place. Ses yeux s'arrondirent, choqués, glacés. Sasuke se tourna vers elle, pris en flagrant délit. Lui, étendu sur le lit, les quatre fers en l'air, largement écarté et son frère Kurama au-dessus de lui. Encore heureux que Sakura ne voit rien de plus – le sexe de son frère était encore sagement rangé dans son caleçon mais Sasuke savait que quelques malheureuses secondes plus tard, le jeune homme aurait été entièrement dénudé. Elle était déjà assez traumatisée comme ça.

- Sasuke ?! cria-t-elle. Kurama ?

- Putain de merde, ce n'est pas… commença Kurama en se redressant.

Sakura lâcha un cri qui ressemblait plutôt à un gémissement et un sanglot, puis se retourna et repartit d'où elle était venue.

- Merde ! répéta Kurama en se relevant et en sortant du lit.

Sasuke sentit son cœur se serrer douloureusement, l'estomac sens dessus dessous. Il venait vraiment de faire une belle grosse bêtise qu'il ne pourrait pas réparer de sitôt.

Pris d'une brusque nausée, il découvrit par chance une salle de bain attenante à la chambre, à droite du lit. Il se leva en vitesse, mais étourdi, il se prit les pieds dans les draps et fit une chute, se fracassant violemment le front au bord de la table de chevet.


- Sakura, attends ! Sakura !

Les larmes ruisselant sur son visage, Sakura ne daigna pas se retourner, descendit les escaliers à la course pour s'enfuir le plus loin d'ici. Son frère la poursuivait, mais elle avait l'intention de partir sans même le laisser s'expliquer.

Comment expliquer ? Elle venait de surprendre son frère et son petit ami en pleine partie de jambes en l'air ! Elle ne savait même pas ce qui l'habitait, la tristesse, la douleur, ou alors une colère rouge et vive.

Sakura laissa échapper un sanglot sonore, sautant la dernière marche, déterminée à sortir d'ici au plus vite. La douleur, la trahison, en plus de se sentir si humiliée ! Comment ? Comment avait-elle pu être si idiote ? Sasuke… Pourquoi Sasuke lui faisait-elle une chose pareille ? N'était-il pas heureux avec elle ? Était-il tellement bourré qu'il ne savait plus ce qu'il faisait ? La pensée soudaine que Sasuke ait pu être drogué lui glaça le sang, mais elle la repoussa rapidement : Kurama était un idiot fini et un putain d'enfoiré, mais elle savait que son frère n'était quand même pas un violeur.

- Sakura ? s'exclama une voix et, brusquement, une fille apparut devant elle.

Sakura s'arrêta avant de foncer droit sur cette fille. En relevant la tête, elle vit à travers ses larmes le visage confus et affolé de Karin, avec ses affreuses lunettes et sa frange ridicule.

- Hey, ça va ? Qu'y a-t-il, pourquoi tu pleures ?

Karin leva les yeux vers l'escalier, d'où surgit le type du restaurant, cheveux débroussaillés, la chemise ouverte sur son torse. Lorsqu'elle crut comprendre, Karin sentit une profonde et douloureuse culpabilité s'agripper à son cœur. Elle sentit la peine de Sakura la traverser comme des couteaux, perçant sa poitrine de part et d'autre.

- C'est juste… Des putains de traitres et d'hypocrites ! cria Sakura avant de la pousser pour s'enfuir. Oh et dis à ton Sasuke que je ne veux plus jamais le revoir de ma vie !

Karin tenta de la rattraper, mais Sakura, qui avait craché le prénom de son ami comme s'il s'agissait du nom d'une maladie infectieuse, partit à la course à travers la fête qui battait encore son plein. La rouquine se retourna au moment où le mec qui, à en croire la réaction de Sakura, venait de se faire prendre à forniquer avec Sasuke, arrivait près d'elle.

- Elle est partie ?

- Ouais, répondit Karin. On se demande bien pourquoi…

- Bon, je ferais mieux de la rattraper…

Karin le retint en posant une main sur son torse.

- Je crois qu'elle préférerait ne pas te revoir de sitôt ! T'es con ou quoi ?

- Pardon ? C'est ma petite sœur et j'ai merdé, il faut que je la retrouve pour au moins m'assurer qu'elle rentre en toute sécurité !

- Laisse la tranquille, c'est une grande fille !

Le type jeta un regard à Karin, puis fronça légèrement les sourcils.

- T'es une amie de Sasuke, non ? Je t'ai vu la dernière fois, au café.

- Ouais et alors ?

- Il est en train de vomir là-haut et je crois qu'il s'est cogné la tête en tombant du lit.

- C'est maintenant que tu le dis ?! s'écria la jeune femme. Non mais je rêve, ces stupides garçons, faut toujours les surveiller !

Elle laissa cet énergumène derrière et s'empressa de se jeter sur les escaliers, qu'elle gravit à toute vitesse. Qu'avait encore fait son idiot de meilleur ami ? Il a suivi tes conseils et s'est jeté dans les bras d'un mec.

Karin ignora sa conscience et trouva rapidement Sasuke, étalé par terre dans la salle de bain d'une chambre. Son arcade sourcilière droite était ensanglanté et un filet rouge vif avait coulé le long de sa joue.

- Mais qu'est-ce que… ! cria-t-elle en s'agenouillant à ses côtés. Sasuke, qu'est-ce que t'as fait, nom d'un chien ?

Sasuke se redressa quelque peu, souriant vaguement en apercevant son amie. Karin réprima un haut le cœur en sentant l'odeur du vomi, mais aida son ami à s'assoir contre le mur. Il tremblait légèrement.

- Tu ne le devineras jamais, marmonna-t-il avant d'éclater de rire. J'ai… j'allais coucher avec lui… j'allais vraiment le faire, Karin… J'y crois pas… j'en avais envie… vraiment envie… j'crois que j'suis vraiment gay… (Un nouvel éclat de rire) mais Sakura est entrée… et, ooooh, j'ai la tête qui tourne… Je me suis cogné en tombant.

Il rit de plus belle et Karin se leva pour se procurer une compresse d'eau froide. Alors qu'elle fouillait l'armoire, Ino apparut à la porte, l'air étonné.

- J'avais dit personne à l'étage, qu'est-ce qu'il se passe ici ! Qu'est-ce que…

- Il a trop bu, cet idiot, grommela Karin en retournant près de Sasuke. Désolée pour ça, je m'en occupe, t'inquiète.

Ino s'approcha tandis que la rouquine posait la compresse sur son front, plus précisément sur la blessure.

- Il s'est fait mal ? s'inquiéta la blonde.

- C'est rien, protesta Sasuke, qui avait attrapé mollement le poignet de Karin.

- Je peux faire quelque chose ? demanda Ino.

Karin lui coula un regard.

- Si tu pouvais me trouver Suigetsu ou Juugo ? De préférence Juugo, je suis sûre que Suigetsu doit être trop saoul pour ramener Sasuke chez lui.

- Parfait, je reviens tout de suite !

Ino disparut et Karin s'assit près de Sasuke, reposant la compresse de manière protective sur son front.

- Ce n'est pas ton genre de te saouler à ce point-là, dit-elle tout bas.

Sasuke la contempla, ses yeux noirs comme deux puits sans fond. Karin les trouva si vide et si vitreux qu'elle crut qu'il allait s'évanouir, ou qu'il n'était déjà plus là avec elle. À nouveau, la jeune fille se sentit affreusement coupable. Sasuke était encore si vulnérable de la mort de sa mère et voilà qu'elle l'encourageait à se défoncer et à courir dans les bras d'inconnus.

- J'ai fait une grosse bourde… Sakura, elle a tout vu, Karin, tout vu… lâcha-t-il avec un nouvel éclat de rire qui sortit plutôt comme un sanglot.

Karin soupira.

Quelques instants plus tard, Ino réapparut.

- Je n'ai trouvé ni Suigetsu ni Juugo.

- Quoi ? Mais ils sont passés où, ceux-là ? Il faut vraiment tout faire ici !

Karin se releva.

- Viens, à deux, on aura plus de chances de les trouver parmi tous les invités, décréta Karin.

- OK, allons-y, accepta Ino.

Sasuke s'apprêta à répondre qu'il allait bien et qu'il pouvait rentrer chez lui tout seul, mais les deux filles avaient déjà quitté la pièce.

Bon, tant pis. Même pas besoin d'elles… pensa-t-il.

Il soupira et se tortilla sur le plancher pour s'approcher du comptoir, qu'il gravit en s'accrochant au bord. Faiblement, il parvint à se mettre debout, et se pencha pour se rincer le visage à l'eau froide, chose qui lui fit grand bien. Un miroir était placé au-dessus de l'évier et il grimaça en voyant de quoi il avait l'air.

Il avait les joues toutes rouges dû à l'alcool qui bouillait son sang – et aussi, sans doute, par le début de ces sensuels ébats auxquels Kurama et lui allaient s'adonner s'ils n'avaient pas été interrompus. Il rougissait encore à se remémorer les mains de l'autre homme sur lui, sur son corps… cette sensation grisante… Il n'était plus sûr qu'un doute demeure, désormais. Les hommes l'excitaient. Les hommes incitaient ce désir en lui, plus vif, plus fort, plus explosif que tout ce qu'il avait jamais fait avec Sakura. Et il était excité à l'idée de se jeter dans ce nouveau monde de possibilité. Lui qui avait pensé que l'amour était ennuyant et le sexe encore plus « meh ». Il frissonnait maintenant, du bout de ses orteils jusqu'à la nuque.

Sasuke regarda son arcade… Aye. Il leva deux doigts qu'il posa sur sa blessure et sentit aussitôt une migraine pilonner son crâne à cet endroit précis. Peut-être allait-il avoir besoin d'un coup de main pour rentrer, tout bien réfléchi…

« Je devrais peut-être appeler Ita… » songea-t-il. Puis, le jeune homme hocha subrepticement la tête, content de son éclair de génie.

Mais pour l'appeler, il fallait encore qu'il trouve son téléphone.

Sasuke pivota et revint dans la chambre, jetant un regard étourdi sur le lit, et les couvertures déplacées quelque peu à cause de Kurama et lui. Il retrouva son pantalon et le renfila gauchement, manquant tomber une nouvelle fois, et jura contre l'alcool, se promettant de ne plus faire le con de cette manière – il se sentait vraiment comme un imbécile en ce moment, et malgré ce qu'il avait espéré, la douleur dans son cœur n'en était pas apaisée. Elle avait été un peu oubliée pendant que Kurama lui caressait le corps, mais dès qu'il se retrouvait seul, son désespoir revenait le hanter.

Elle me trouverait vraiment pathétique en ce moment, pensa-t-il en finissant par terre, une fois son pantalon enfilé. Mikoto, sa mère, une femme si droite, douce et respectable, qui fonçait dans la vie avec certitude, même lorsque la vie lui avait planté un couteau dans le dos et qu'elle avait appris son diagnostic… elle avait continué à garder le sourire, à être forte. Que penserait-elle de son fils ? Son petit fiston adoré, son bébé, son amour ? Affalé là dans la maison d'une amie, étourdi, ivre, égratigné, à peine capable de gérer comme un adulte ses émotions.

« Parfois ça ne va pas comme on le voudrait, mon chéri, mais l'important, écoute-moi bien… L'important, c'est de lever le menton et trouver le courage de trouver la vie belle malgré tout. Parce qu'elle est belle, la vie, mon trésor. Regarde-toi, mon parfait petit garçon, je n'aurai jamais de toute l'éternité pour exprimer ma gratitude d'avoir fait partie de ta vie, de m'être occupée de toi, d'avoir eu la chance de t'aimer pendant que j'ai pu… de t'aimer de tout mon être, de tout mon cœur et de toutes mes forces. »

Lève le menton bien haut…

Sa voix semblait encore résonner dans son cœur. La sensation froide de la main de sa mère, dans la sienne ce jour-là… Ses doigts frêles…

Sasuke lutta contre le sanglot – il était déjà assez misérable comme ça – et se releva en sentant venir la nouvelle vague de nausée. Il fallait vraiment qu'il appelle Itachi et qu'il lui demande de venir le chercher. Mais son téléphone n'était nulle part en vue.

Sasuke se rappela soudain l'avoir abandonné par terre dans le couloir quand Kurama l'avait embrassé – c'était le moment où son père l'avait appelé. Mince alors…

Le jeune homme entreprit de se rendre à l'escalier, qu'il descendit lentement, voyant l'étage du bas se rapprocher dangereusement et les marches sous ses pieds semblaient danser de façon grotesque et invraisemblable. Il se tint à la rampe et trouva bien vite l'endroit où il était sûr d'avoir laissé son portable, mais il y avait encore autant de monde et Sasuke ne put poser les yeux sur le malheureux appareil. Ne trouvant ni Karin, ni Suigetsu, ni Juugo, ni Kurama, ni Sakura (c'était à prévoir), ni même Ino, Sasuke jura intérieurement.

Il se mit à la recherche de son portable, sûr qu'il ne résisterait pas longtemps à tout cet alcool dans ses veines qui lui donnait envie de s'étendre quelque part dans un coin et s'endormir…

Il tourna le coin d'un couloir plus sombre et buta contre un type.

- D-Désolé, grommela-t-il.

- Ne le sois pas, déclara le garçon, un mec d'environ son âge qu'il n'avait jamais vu.

Il était plus grand. Sasuke le dévisagea sans vraiment penser à quelque chose. Tout ce qu'il enregistra, fut le sourire en coin qui étirait des lèvres minces.

- Je peux t'aider ? T'as l'air troublé.

- Je cherche mon téléphone.

- Je t'offre un verre et après on cherche, ça te dit ?

Sasuke fronça les sourcils, manquant de vomir à la mention d'un verre de plus.

- Sans façons, souffla-t-il.

Il plaqua une main sur le torse devant lui pour le repousser et ainsi continuer son chemin.

Sasuke ne remarqua pas le regard sombre se tourner vers lui et le suivre tandis qu'il s'éloignait…


Karin retrouva Ino au salon. La blonde brandissait un téléphone.

- Je n'ai pas trouvé les amis de Sasuke, mais j'ai trouvé ça ! Je crois que c'est celui de Sasuke, indiqua-t-elle.

La rouquine s'approcha et débloqua l'appareil.

- En effet.

- Tu connais son code ?

- Sasuke n'a pas de secret pour moi, commenta Karin en tapotant l'écran avec des doigts agiles.

- Je me suis dit qu'on pouvait appeler son grand frère, proposa Ino.

- Excellente idée ! acquiesça Karin en souriant à la jolie blonde.


Ça faisait si longtemps qu'ils ne s'étaient pas ainsi retrouvés, si intimement, si amoureusement. Naruto était penché contre Sai, au-dessus de lui sur le lit, et les deux hommes s'embrassaient langoureusement, tous les deux nus. Ils avaient fait l'amour avec une faim intarissable après le repas. Leurs corps étaient agréablement couverts d'une couche de sueur, et leurs lèvres pressées ensemble.

Naruto ne s'était pas attendu à ce genre de soirée quand il avait décidé de rentrer enfin chez lui, après plusieurs jours d'absence. Il avait eu en tête une autre soirée d'engueulade, de silences pesants et de regards tendus. Mais le repas romantique, les chandelles, le sourire de Sai, et maintenant ce bonheur sous la couette…

Un détail taraudait le blond, cela dit. Il avait remarqué un subtil parfum qui flottait près du lit, comme imprégné dans les draps… Il avait tenté de se rappeler si cette odeur était sur Sai – une nouvelle Eau-de-toilette ? – avant qu'ils ne fassent l'amour, mais il ne pouvait s'en souvenir. Mais bien vite, il avait oublié ses soupçons et s'était, une fois de plus, abandonné dans les bras de son petit ami, retrouvant leur vie d'avant, leur proximité et leur amour.

Naruto était en train de l'embrasser dans le cou lorsque son téléphone se mit à vibrer bruyamment sur la table de chevet. Sai émit un grognement et Naruto sourit.

- Oups, désolé, j'ai oublié de le mettre en silencieux !

Il étendit le bras, mais remarqua à la fois l'heure tardive – minuit et demi – et l'identité de l'appelant : Itachi. Naruto sentit son estomac se nouer. Était-il arrivé quelque chose ? Son ami ne l'appelait jamais au beau milieu de la nuit.

- Je dois le prendre, élucida-t-il. Excuse-moi, bébé, j'en ai pour un instant.

Il se redressa, passant à côté du corps de Sai. Celui-ci soupira, mais ne fit aucun commentaire, restant allongé paresseusement tandis que Naruto sortait du lit, aussi nu qu'à la naissance.

- Hey, Ita ?

La voix d'Itachi lui parvenait d'un endroit où de la musique jouait.

- Naruto, je te réveille ?

- Non, je… Héhé, ricana Naruto nerveusement en se passant une main dans les cheveux. Je… Tu ne me réveilles pas. Que se passe-t-il ?

- Je sais qu'il est tard, mais je peux te demander quelque chose ? C'est à propos de Sasuke.

- Vas-y, s'enquit Naruto, sentant soudain son cœur accélérer la cadence à la mention du prénom.

- L'idiot est dans une fête avec des amis, mais apparemment il a beaucoup bu et il s'est frappé la tête en tombant… un truc du genre. Je suis en ce moment à l'autre bout de la ville avec des mecs de l'équipe dans un bar, je serai incapable de me rendre là-bas avant les petites heures du matin. Tu peux aller le chercher ?

Naruto s'inquiéta immédiatement, après avoir entendu Itachi lui apprendre que Sasuke s'était blessé. Son cœur, qui battait encore la chamade, se serra désagréablement à l'idée de le savoir dans le pétrin. En plus, il se souvenait très bien d'avoir promis à Sasuke et à ses amis qu'il viendrait à cette fête.

- Ouais, pas de soucis, bien sûr, tu peux compter sur moi.

- Merci Naruto. Je te revaudrai ça !

Il termina l'appel et se tourna pour voir la figure de Sai dressée dans sa direction.

- T'as entendu ? risqua-t-il, sachant très bien que la pièce était plongée dans un silence profond.

- Hm-hm, acquiesça le brun.

- Le petit frère d'Itachi s'est mis les pieds dans les plats, soupira-t-il. Je… je dois m'assurer qu'il rentre sain et sauf.

Naruto s'attendit à ce que Sai lui pique une crise, mais il ne fit que se rallonger contre l'oreiller.

- Je comprends…

Le blond s'approcha et se pencha pour l'embrasser.

- On se voit plus tard ?

- Tu vas rentrer ou pas ? questionna Sai.

- Dépend, marmonna le blond. Peut-être que je vais veiller sur lui…

- OK, répondit évasivement Sai. Je vais de toute façon essayer de dormir, je bosse demain…

- Merci de comprendre, bébé… T'es génial !

Il s'habilla en vitesse, prit ses clés, son manteau et sortit sans attendre plus longtemps. La nuit était illuminée par la neige qui couvrait la ville, et la lune était haute ce soir-là.

Itachi lui avait envoyé les coordonnées de l'endroit où se tenait cette petite fête par messagerie texte et Naruto s'empressa de monter dans sa voiture pour s'y rendre.

Et tandis qu'il s'installait derrière le volant, deux choses s'imposèrent à son esprit, deux choses qui ne faisaient aucun sens…

La première, c'était que Sai s'était montré exemplaire ce soir, plus compréhensif, doux, attentionné et mature qu'il ne l'avait jamais été en neuf ans de relation.

Et la seconde, c'était qu'il était anormalement excité et pressé de sortir de chez lui pour courir chercher Sasuke… Son cœur battait la chamade, et le visage du jeune homme se dessinait dans son esprit, son timide sourire de l'autre soir, et ses yeux…

Ses yeux qui continuaient de hanter ses pensées.


Sasuke finit par sortir sur la terrasse. S'il était incapable de trouver son téléphone, et donc incapable d'appeler son frère à l'aide, alors il valait mieux qu'il vienne ici se congeler les pensées à l'extérieur. Le froid mordant lui caressa les joues, et les bras, que son pull ne couvrait que jusqu'aux coudes.

Il aurait peut-être dû accepter ce verre de ce type. Parce que depuis que Kurama était parti, la voix de sa mère était restée obstinément dans sa tête. Des souvenirs d'elle, par dizaines, lui revenaient, et il était incapable de penser à autre chose.

Aussi se retrouva-t-il assis au bord du ponton en bois couvert de neige, les genoux redressés contre son torse. Des larmes qu'il ne sut ravaler montèrent à ses yeux et lui glacèrent les joues lorsqu'elles glissèrent sur sa peau…

Sans blague, sa mère aurait vraiment honte de ce pathétique comportement. Elle qui avait bravé la mort avec courage… et lui qui ne pouvait même pas tenir un verre ou deux.

Tremblant et sanglotant, il observa le ciel étoilé en pleurant silencieusement, écoutant la musique étouffée qui provenait de l'intérieur de la maison…


A Suivre...


Je m'émerveille encore de voir que vous aimez autant cette petite histoire !

Et désolée de faire souffrir mon petit Sasu.. Ce n'est pas drôle la dépression TT_TT

Mais Naruto arrive, à la rescousse ! Pensez-vous que Naruto finira par s'éloigner de Sai et comprendre que sa relation ne mène à rien ? Sasuke arrivera-t-il à se frayer un chemin à son coeur ?

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Merci de vos beaux mots !

A bientôt pour la suite... xx

Bisous

Tch0upi