Dans les bras d'un autre
Chapitre 17
- Qu'est-ce que tu veux dire, tu es à l'extérieur de la ville ? s'exclama Naruto.
- J'avais un imprévu à régler pour mon boulot, répondit Sai vaguement. Je suis désolé d'apprendre que tu es blessé, chéri, mais je ne peux rien faire pour l'instant. En plus, c'est toi qui as dit que tu rentrerais à la maison, c'est toi qui as oublié que ton équipe avait des matchs à jouer à l'étranger. C'est toi qui ne serais pas rentré, si tu n'avais pas eu ton accident !
Sa voix semblait à des kilomètres, et même si c'était peut-être dû à la ligne téléphonique et le pauvre service qu'il avait ici à l'hôpital, Naruto avait un désagréable sentiment que ce n'était pas la cause de la distance entre Sai et lui. C'était un gouffre qui déchirait son cœur depuis trop longtemps, et il commençait à en avoir assez.
- Tu es juste parti, comme ça, tu sors de la ville sans m'en parler ?
- Je t'ai dit que c'était un imprévu !
- Et tu reviens quand ?
Sai demeura silencieux si longtemps que Naruto eut envie de lancer son portable à travers la pièce. Ses doigts étaient serrés autour de l'appareil.
Naruto serra la mâchoire.
- Tu vas me répondre ou quoi ?
- Putain de merde, Naruto, tu n'es pas ma mère ! Je ne suis pas obligé de tout te dire.
- Non, je suis ton petit ami et je crois que je mérite de savoir !
- Et moi, tu m'en parles de ton boulot ? Tu sais que je déteste te savoir au milieu d'une équipe remplie de mecs et pourtant depuis le début de notre relation je dois rester sage et ne jamais dire un mot. J'accepte tout sans rechigner ! Tu es injuste Naruto !
- Ce n'est absolument pas la même chose, nom d'un chien, Sai !
Et comme si tu ne rechignais pas, toi aussi ! songea Naruto sans pourtant le verbaliser.
- Si, c'est la même chose. Alors fais-moi confiance ! Je te dis que je suis au travail, bon sang.
Lui faire confiance.
Comme je t'ai fait confiance auparavant ?
Ça lui semblait drôlement difficile. Naruto inspira profondément avant de soupirer. Son cœur battait la chamade, mais la colère était plus prenante en lui, plus dominante. Il eut besoin d'un long moment pour retrouver sa voix, si long qu'il craignit que Sai ait déjà raccroché.
- Et… tu crois pas que tu peux faire une exception et rentrer ? Je… j'ai besoin de toi, Sai. J'ai vraiment besoin de mon petit ami, avec moi, à mes côtés…
- Et voilà que tu recommences à jouer au bébé, cracha méchamment Sai et ses paroles heurtèrent Naruto violemment.
- …Quoi ?
- Je ne suis pas en ville, chéri, tu dois pouvoir comprendre ça, non ?
- Et ton boulot est plus important que moi, je présume ?
- Oh arrête d'être si mélodramatique !
- Très bien, alors excuse-moi de t'avoir dérangé… Oh, dans ce cas, je n'ai qu'à appeler Sasuke. Il était là y'a une minute, parce qu'il s'inquiétait pour moi, figure-toi ! Je suis sûr qu'il voudra me tenir compagnie dans un moment comme celui-là, où j'ai besoin de réconfort. Où j'ai besoin de ne pas être seul… Il n'est pas un putain de lâche et un trou de cul, lui, au moins !
Naruto n'arrivait pas à croire sa propre audace, mais étrangement, c'était grisant et excitant de lâcher son venin ainsi. Les paroles de Sai venaient de le blesser, il avait mal de les avoir entendues, même si au fond de lui, il n'était pas surpris d'entendre de telles choses de sa bouche et, encore plus vrai, il avait plus envie de voir Sasuke en ce moment que son propre petit ami.
- Putain, je le savais ! s'écria Sai à l'autre bout du fil. Tu as envie de le baiser ! Je l'ai toujours su !
- Bordel, Sai ! Avoir envie de réconfort ne signifie pas avoir envie de baiser, tu t'entends au moins ? Et puis, merde, si tu tiens vraiment à me chercher alors oui, OUI, j'ai envie de le baiser, t'es content ?! C'est ça que tu voulais entendre ?
Avant d'entendre la réponse de Sai, Naruto termina l'appel et balança son téléphone plus loin sur le lit, où il s'échoua quelque part au bout de ses pieds.
Ses mains tremblaient. Des larmes s'étaient accumulées dans ses yeux, et il ignorait si c'étaient plutôt des larmes de douleur ou de colère. Sans doute un peu des deux.
- Monsieur ? parvint une voix à la porte de sa chambre.
Il leva la tête et regarda l'infirmière.
- Tout va bien ? J'ai entendu votre voix se lever et…
- Ça va. Je me suis brouillé au téléphone.
- Je préférerais que les appels téléphoniques soient faits le jour, pour éviter de déranger les chambres à côté…
- O-Ouais, bien sûr, désolé.
- Vous devriez vous reposer, maintenant, monsieur.
L'infirmière repartit et Naruto tâcha de faire ce qu'on lui demandait. Se reposer, d'accord, c'était une bonne idée. C'était tout ce dont il avait envie, après tout, il était exténué. Ce match avait été plus rude et violent qu'il ne l'avait prévu, et cet incident brutal l'avait cloué sur ce lit d'hôpital. Il était sûr qu'avec un peu de repos, tout irait bien, et il aurait quelques semaines de congé dû à sa commotion cérébrale.
Ce n'était pas sa tête qui faisait mal. Certes, il avait une migraine terrible, mais son cœur le faisait plus souffrir…
Naruto s'allongea sur le lit et remonta la couverture, luttant contre les larmes qui s'accumulaient dans ses yeux. Il se sentait idiot de pleurer encore pour ce salaud de Sai, mais il ne pouvait s'en empêcher. Chaque fois c'était la même chose. Le brun savait exactement où frapper pour faire saigner, il savait exactement quels mots prononcer pour tourner le couteau dans la plaie.
Et le seul réconfort qu'il put trouver en ce moment, tout seul dans cette chambre d'hôpital alors que son petit ami était il ne savait où avec il ne savait qui, c'était…
C'était Sasuke. Même s'il était dans une passe difficile, même si chaque fois qu'il le voyait, Sasuke semblait si fragile et toujours à moins d'un petit souffle de vent de s'effondrer, Naruto avait trouvé ce soir qu'il était si fort et si… solide. Il avait envie de tomber dans ses bras et de pleurer sur son épaule. Il n'en avait pas cru ses yeux quand il les avait ouverts tout à l'heure et qu'il avait vu que Sasuke se tenait là, près de lui. Il était venu jusqu'ici en pleine nuit dès qu'il avait appris par Itachi ce qui s'était passé. Des papillons dans son ventre s'étaient manifestés, comme s'il était une adolescente devant son premier béguin. Il s'était senti tout retourné et heureux, stupidement heureux, de savoir que le jeune homme se trouvait là.
« Je n'aurais pas pu dormir sans savoir si tu allais bien… » avait-il dit. Sa voix basse, grave et douce, résonnait encore en lui.
Naruto écouta les battements de son cœur. Violents et excessifs quelques instants plus tôt quand il parlait avec Sai, ils étaient désormais plus calmes. Son cœur battait quand même avec une excitation étrange, mais c'était franchement plus agréable, il n'avait plus l'impression qu'il allait exploser de colère. Sai allumait un incendie violent en lui, un feu destructeur, tandis que Sasuke, lui… Sasuke lui tendait une flamme qui le gardait en vie, qui le réchauffait au lieu de le brûler vif.
Que devait-il faire à présent ? Naruto tenta de s'éclaircir les idées et de réfléchir correctement. Sasuke ne le rendait pas indifférent, et il le savait. Maintenant que ceci était établi et qu'il en avait douloureusement conscience, qu'allait-il se passer ?
Des larmes coulèrent sur ses joues à la pensée de rompre avec Sai, une bonne fois pour toutes. Ça faisait mal, parce que le jeune homme était une partie de lui, de sa vie depuis si longtemps.
Mais Sai était parti, il était à l'extérieur de la ville pour son soi-disant boulot, il se fichait d'être avec lui dans un moment où Naruto avait besoin de sa présence, et en plus Naruto ne savait pas s'il devait le croire… Après tout, le jeune homme avait été malhonnête autrefois. Il avait été malhonnête et infidèle. Et puis, ne disait-on pas menteur un jour, menteur toujours ?
Est-ce que Sai était vraiment si bon pour lui ? Que ferait-il sans lui ? L'avenir le terrifiait. Être seul… comme il avait été seul autrefois…
Naruto tâcha de s'endormir. Et le visage de Sasuke, sa présence, son aura… permit au blond de s'assoupir doucement, le faisant basculer dans un sommeil sans rêves.
Le lendemain, Sasuke eut bien du mal à se concentrer sur sa journée. Heureusement, il avait – par quel miracle, il ne le savait pas – réussi à dormir comme un bébé après être rentré de son escapade à l'hôpital, et ce malgré le fait qu'il ne s'était pas senti fatigué et qu'il avait la tête remplie du beau blond.
Il s'était préparé aveuglément, l'esprit à mille lieux, songeant à Naruto, encore et encore. D'ailleurs, en mangeant ses céréales, il avait consulté ses réseaux sociaux et avait facilement trouvé la vidéo montrant l'extrait du match au moment où Naruto se faisait violemment frapper à la tête dans une bousculade accidentelle. Il en avait presque renversé son bol de lait : la collision était brutale, et le corps de Naruto s'était effondré sur la surface glacée comme une marionnette brisée. Bon sang ! Sasuke en avait senti son corps frissonner jusqu'à la moelle. Après l'accident, les joueurs des deux équipes s'étaient jetés dans une marée de coups de poings et d'insultes, même si à première vue, c'était bel et bien un accident. La vidéo ne durait que de courtes secondes et Sasuke n'en vit pas davantage. De toute façon, il en avait assez vu.
- Ça va, mon vieux ? demanda Suigetsu en le voyant arriver dans la salle de classe, vers 8 heures.
- Hn...
- Toujours aussi causant ? s'amusa son ami.
- J'essaie de me concentrer, on a un exam' je te signale.
- Ah ! s'exclama Suigetsu. Eh bien pour une fois, j'ai étudié !
Sasuke riva un regard étonné vers son ami, prenant place et sortant sa trousse de crayons.
- Quoi ?
- Ben quoi ? Ça te surprend tant que ça ?
Sasuke eut un rictus.
- Un peu, oui, pour être honnête.
- OK, monsieur le génie qui se donne des grands airs, bougonna Suigetsu, nullement vexé et ne prenant ce ton théâtrale que pour agacer Sasuke. Et toi, alors ?
Le jeune homme esquissa un sourire à son tour, détaillant l'expression de Sasuke qui, lui, grimaça sous l'attention exagérée.
- Tu as l'air… bizarre. Je ne dirais pas préoccupé mais… tu as l'air moins… comme s'il y a un truc cool qui t'es arrivé… Et que…
Sasuke soupira.
- Tu peux être plus clair, Sui ?
- Je sais pas ! Tu as seulement l'air moins abattu que d'habitude.
- Merci.
- Je veux dire… Roooh ! Et si tu me dis ce qui s'est passé au lieu de me laisser deviner ?
Sasuke haussa les épaules, s'affaissant dans son siège et croisant les bras. La salle autour d'eux commençait à se remplir petit à petit.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- Bon alors dans ce cas, parlons de la fête de samedi… Apparemment, tu t'es saoulé et tu aurais trompé ta copine…
Sasuke tourna la tête et dévisagea l'autre.
- Me regarde pas comme ça, c'est Karin qui me l'a dit !
- Elle est pas gênée, elle !
- C'est pas si grave, Sas', tu étais probablement complètement bourré. Et puis, ne t'en prends pas à Karin, elle ne l'a pas révélé à toute la ville, juste à moi. Quoique, ça risque effectivement de faire le tour de l'université, tu sais comment ça se passe…
- Sui, c'est pas… c'est pas aussi simple, ok ?
- Tu es amoureux de ce mec, c'est ça ? murmura Suigetsu.
Sasuke fronça les sourcils.
- N-Non, répondit-il.
- Alors…
- Pas de lui.
Suigetsu s'interrompit, embêté. Il leva un sourcil, mais Sasuke poursuivit, la tête baissée, comme s'il s'apprêtait à avouer un secret honteux.
- Je suis amoureux d'un autre…
Sasuke inspira profondément.
- Un homme déjà en couple.
Les yeux de Suigetsu s'agrandirent légèrement, mais avant qu'ils ne puissent continuer leur discussion, le professeur entra dans la salle et demanda aussitôt à ce que les conversations cessent. L'examen allait commencer sous peu.
Sasuke se détourna et scella ses lèvres, le cœur battant la chamade d'avoir enfin osé avouer tout haut ce qui était vrai. Ses sentiments existaient depuis un moment déjà, et il avait voulu jouer aux aveugles. Depuis que Anko lui avait dit cette phrase, hier, il ne cessait d'y penser et d'y repenser et même s'il avait voulu la nier, il ne pouvait tout simplement pas.
Il était tard lorsque Sasuke sortit enfin de son dernier examen de la journée, le lendemain. Épuisé, le manteau déjà enfilé et le sac accroché à son épaule, il marchait dans le couloir presque désert de la fac, quand il aperçut Sakura au loin. La jeune femme marchait dans sa direction, mais en le voyant, elle écarquilla les yeux et s'enfuit par la première porte.
- Attends !
Sasuke se précipita et la poursuivit, sortant dehors, où une bourrasque glacial lui souffla au visage. Il enfonça son bonnet sur sa tête et parvint à rattraper son ex avant qu'elle ne traverse la rue.
- Sakura, attends…
- J'ai pas envie de te parler ! s'écria-t-elle en se tournant vers lui.
- Juste cinq minutes, s'il te plaît…
- C'est déjà bien trop long.
- Sakura, insista Sasuke en s'étirant pour lui attraper le bras alors qu'elle se détournait une nouvelle fois.
La jeune femme pivota en poussant un soupir, qui se changea en grognement.
- Je t'en prie… Laisse-moi parler et écoute seulement, tu n'es pas obligée de m'adresser la parole.
- Bien, grogna-t-elle. OK, alors vas-y ! Mais tu as deux minutes top chrono, pas une seconde de plus.
Sasuke ravala sa salive, pétrifié par les yeux foudroyants de la jeune femme. Il n'avait jamais vu tant de colère eu eux, mais il y voyait aussi de la douleur et… Il avait causé cette douleur. C'était de sa faute. Qu'il ait bu ou pas. Qu'il ait été saoul ou pas, en pleine possession de ses moyens ou pas, il n'avait aucune excuse.
- Euh, O-Ok, écoute…
Il souffla, le cœur battant et les mains tremblantes.
- Hum… Je suis juste désolé. Je… Pardonne-moi de t'avoir trahie et trompée. De t'avoir fait du mal. J'ai vraiment été un imbécile et… Je te demande pardon.
Son discours aurait pu tomber dans l'oreille d'un sourd. Sakura le fixait sans même donner un signe qu'elle écoutait tout ce qu'il baragouinait. Son cœur battait fort et vite, il était sincèrement navré d'avoir fait du mal à une fille innocente et gentille. Il n'arrivait à peine à comprendre ses propres pensées, son propre cerveau. C'était comme si les derniers mois, il les avait passés dans un brouillard opaque.
- En réalité, j'aurais dû mettre les choses au clair depuis le début. Sakura, tu mérites de savoir que je n'étais pas amoureux de toi… J'étais juste un pauvre idiot qui en a profité sans même réaliser qu'au final, tu en serais blessée…
Elle ne réagit pas. Pas même l'ombre d'une petite larme, ou le tremblotement d'une lèvre, qui montrait qu'elle était émotive face à ses paroles… Non, Sakura était une statue de glace devant lui. Vêtue de son manteau, d'un bonnet qui écrasait ses cheveux roses, son visage légèrement rougie par le froid, elle était plus droite que jamais et le fixait de haut. À moins que ce soit vraiment juste Sasuke qui se sentait aussi petit et imbécile…
Le jeune homme attendit encore un moment, mais décida, après de longues secondes éprouvantes, qu'il avait assez torturé Sakura comme ça. Il tourna les talons et s'éloigna, mais la voix de la jeune femme l'interpella :
- Tu sais c'est quoi, ton problème, Sasuke ?
Sasuke se retourna et jeta un regard à l'autre. Sakura n'avait pas bougé, elle le fixait ardemment avec les sourcils froncés. Non, mais j'imagine que tu vas me l'apprendre ? songea-t-il en se pinçant les lèvres : il était inutile de jeter de l'huile sur le feu.
- Tu as mal, je comprends ça… Sauf que tu t'auto-détruis de façon exponentielle et tu vas finir par frapper un mur. Moi, je… je t'aime, Sasuke. Mais visiblement, nous ne sommes pas faits l'un pour l'autre. Et ça va. Un jour, je vais m'en remettre. Je vais pleurer un bon coup et petit à petit, je recommencerai à m'intéresser à d'autres mecs. Mais toi, Sasuke… tu dois recommencer à vivre. Sinon, tu vas finir par te noyer. Tu es en train de te noyer, tu le sais, au moins ?
Sasuke se mordit la lèvre plus violemment, essayant de tempérer les remous que les mots de Sakura créaient en lui.
- Je ne crois pas que c'est ce que ta mère aurait voulu pour toi. Je dis ça comme ça, tu en fais ce que tu veux…
Sakura posa un dernier regard sur lui, puis se retourna et partit, laissant le jeune homme tout seul sur le campus, alors qu'une neige lente se mettait à tomber.
Sasuke, abasourdi par les déclarations de la jeune femme, se contenta de la fixer alors qu'elle devenait une petite silhouette au loin. Il fit ensuite quelques pas, s'approchant d'un cercle lumineux d'un réverbère, et s'arrêta un instant, s'adossant à celui-ci.
Tu es en train de te noyer.
Ce n'est pas ce que ta mère aurait voulu pour toi.
Sasuke revit, en pensées, les couloirs blancs et sobres de l'hôpital ce jour-là. Ses pas précipités qui résonnaient dans l'allée. L'odeur de désinfectant à mains, les geignements des malades – il revit une infirmière avec une grande aiguille, les robes de chambre blanche que sa mère portait jour après jour…
Il poussa un soupir et se passa une main sur la figure.
Et s'évertua à rentrer chez lui.
La nuit suivante, il dormit plus mal que jamais. Cauchemar après cauchemar, il se réveilla en sursaut et en sueur vers 3 heures du matin. Toutes ces pensées d'hôpitaux, de sa mère, l'avaient fait replonger… Il fallait bien que tôt ou tard, sa visite à l'hôpital fasse des siennes dans son esprit tourmenté.
Il tenta de se rendormir, mais ses yeux demeuraient ouverts, alors il se résolut à se lever. Il arpenta son appartement, vêtu que d'un trop large tee-shirt qui appartenait autrefois à Itachi. Il passa à la salle de bain et se passa le visage à l'eau, se sentant étrangement fiévreux. Il ne manquerait plus qu'il couvre une grippe…
Après quoi le jeune homme se dirigea vers le salon où il se laissa tomber sur le canapé. Il aurait peut-être dû allumer la télé, regarder ce qui passerait, mais Sasuke se sentait amorphe, vide et incapable de se concentrer, alors il resta là à fixer l'écran noir, au milieu du noir total, étreignant un coussin contre son torse. Ses pensées en profitèrent pour recommencer à jouer à saute-mouton dans sa tête. La voix de Sakura se superposait, et il se repassait leur altercation…
Elle n'avait pas eu l'air trop fâchée… Blessée. Humiliée.
Et c'était sûrement pire.
Il était presque 5 heures du matin lorsque Sasuke leva sa carcasse pour aller chercher un pot de crème glacée. Il planta une cuiller dedans sans prendre de bol et retourna s'écraser au salon. En train de te noyer. En train de te noyer. De te noyer…
C'est couché en boule sur le canapé qu'il se réveilla vers midi. Le soleil brillant pénétrait par la fenêtre derrière lui et éclairait l'appartement d'une grande luminosité. Sasuke se redressa lentement, confus, pas certain de ce qui s'était passé, mais lorsqu'il posa un œil sur le pot de crème glacée sur son torse, la cuiller sur sa cuisse et ses vêtements tout tachés de la crème fondue, il sut qu'il avait vraiment touché le fond. Mitigé entre une envie d'hurler ou de pleurer, Sasuke s'apprêta à se lever lorsqu'on frappa à la porte.
Il demeura immobile un moment, priant pour que l'imbécile qui cognait à sa porte soit frappé d'une malédiction ou qu'il parte au plus vite. Mais trois autres petits coups furent donnés et Sasuke grommela dans sa barbe inexistante avant de se lever, tout dégoulinant de crème glacée. Il se rendit à la porte et ouvrit violemment la porte, agacé au plus haut point.
- Quoi ?! C'est pas possible de…
Il s'interrompit net, cependant, quand il posa les yeux dans ceux d'un bleu ciel hallucinant de Naruto Uzumaki. Le beau joueur de hockey se tenait là sur le pas de sa porte, vêtu d'un manteau qui seyait sa longue silhouette. Le vêtement semblait donner à ses épaules plus de volume, et son visage… Il provoqua à Sasuke de drôles de remous dans son estomac.
Les lèvres de Naruto se recourbèrent tandis qu'il reluquait l'étonnante allure de Sasuke.
- Hey… Ça va ? Tout est sous contrôle ? lâcha-t-il en désignant sa dégaine.
Et parce que le blond le regardait avec tout sauf du jugement… Parce que Naruto était juste si pur et dénué de méchanceté…
Sasuke ne put faire autrement. Plutôt que hurler ou pleurer comme il en avait eu envie quelques secondes plus tôt, il éclata de rire.
Un rire d'enfant, le premier vrai rire de gamin, poussé par ses entrailles, né d'un réel sentiment de joie et d'amusement…
Le premier depuis la mort de sa mère.
A suivre...
Hey !
Désolée pour ce long retard ! J'ai eu une petite panne d'inspiration... mais voici la suite. :) J'espère que ça vous plait toujours !
Bisous et à bientôt !
Tch0upi
