«Tout près de la cime ouest, il y a une carcasse gelée et desséchée de léopard. Nul n'a expliqué ce que le léopard allait chercher à cette altitude» - Ernest Hemingway


Titre : Les volcans endormis

Chapitre 2 : Un volcan

Paring : EijixAsh

POV : Sing Soo-Ling

Rating : K

Disclaimer : Les personnages et l'univers de Banana Fish appartiennent la brillantissime Akimi Yoshida, et non à mon humble personne

Storytime: Retour de cette merveilleuse section, qui sert à lancer des débats mais surtout à raconter ma vie *-* J'espère que les deux précédents chapitres vous ont plu et que la suite va encore plus vous hyper ! C'est ici que l'histoire commence véritablement ~
Je poste dans un délai rapproché, car c'est le début, mais petit à petit ça sera plus espacé (1 chap/ 3 semaines environ).

Bonne lecture o/


Si j'avais su où ça me mènerait, j'aurais certainement fermé ma gueule. Quoi que je dois reconnaître que je suis un peu faible pour Eiji... Enfin, je ne suis pas le seul hein ! Pourquoi Ibe-san l'aurait trainé avec lui aux USA alors qu'il n'était qu'un gamin naïf ? Pourquoi Yut-Long aurait été incapable de le tuer ? Et enfin, pourquoi Ash, l'aurait laissé… Devenir si proche… ?

On a tous un faible pour Eiji en fait. Tout le monde peut le reconnaître : c'est un ange, voilà tout... Un bienfaiteur. Un ami fidèle. Une perle rare... Et il n'y avait pas de meilleur partenaire pour lui qu'une autre perle rare. Deux êtres faits pour se rencontrer, subitement séparés par une fin tragique…

D'abord Shorter, puis Ash…. Deux amis décédés et maintenant c'est mon autre ami qui se meurt de tristesse. Que je hais assister impuissamment à ce drame… C'est tout juste s'il veut bien admettre qu'il souffre…

Quand je lui ai dit que je savais pour ses lettres, il m'a simplement demandé de les lui rendre, parce qu'il y tenait et aucun autre commentaire. Evidemment j'ai pété un plomb. J'étais prêt à le frapper jusqu'à ce qu'il me dise ce que je devais faire pour atténuer sa peine. Ouais, c'est un peu con j'avoue.

« Sing, ta simple présence me suffit », m'a t-il dit.

- Ouais, tu crois que je vais me contenter de ça ?

Avec le recul, je réalise que j'aurais dû me contenter de ça… Peut-être n'aurait-il pas eu la lumineuse idée de me trainer avec Akira, dans son dernier délire de « veuf » éploré. Et bien entendu, comme c'était lui, je n'ai pas pu refuser… Et me voilà à présent, coincé dans un campement à 4000 m d'altitude, avec une ado malade et une couille à moitié gelée par le froid. Putain...

Sans surprise la petite n'a pas pu aller au bout de l'expédition. Et donc j'ai dû laisser Eiji finir tout seul … l'ascension du Kilimandjaro. Ouais, moi aussi j'aimerais que ce soit une blague… Imaginer Eiji seul dans la tempête avec le vent glacial qu'il y a là-haut… Ça me donne des cheveux blancs rien que d'y penser… Je commence à croire que vivre auprès de lui réduit considérablement mon espérance de vie…

Dans des moments pareils, Ash, je me dis que si t'étais pas déjà mort, je te jure que je te buterais. Mourir ça t'as pas suffi pour ruiner ma vie et celle d'Eiji, même après il faut que tu continues à poser des problèmes.

Sérieusement… Quelles conneries t'as été mettre dans la tête d'Eiji ? Ernest Hemingway ? Les neiges du Kilimandjaro ? Un squelette de léopard ?

Mais fous-toi de ma gueule! Tu crois que j'ai que ça à foutre?! Dans un trou pommé au fin fond de l'Afrique ? Pendant que MON Chinatown est à l'abandon ?! Tout ça pour que TON Eiji - ton ex-je-ne-sais-quoi -, fasse son deuil ? T'as pas l'impression de pousser un peu le bouchon, là?!

Fuck you Ash Lynx! J'espère que tu m'entends bien de là où tu es avec tes amis les anges.

Je fais mon plus beau doigt d'honneur à un nuage qui a vaguement la forme de cet idiot d'Ash, et j'ai l'impression de le voir me répondre avec un rire. A croire que ça te fait un peu plaisir de savoir à quel point tu étais aimé…

Puis soudain, au beau milieu de mon échange musclé en duplex avec le paradis, je suis interrompu par la mioche qui semble s'agiter à côté de moi.

- Qu'est-ce que tu fabriques Akira ? Reste tranquille s'il te plaît, je lui dis d'un ton paternaliste.

- …Je me fais du souci pour Eiji. Il doit grimper la montagne tout seul… Par ma faute.

Sans déconner Ibe-san, ta petite est adorable, mais j'espère que tu paies les heures sup' de baby sitting… Parce que là, je ne peux plus prendre sur mon dos toutes les conneries d'Eiji et d'Ash !

En priant avec peu d'espoir que cette paie fictive, compense le désagrément causé par les deux boulets, je prends une grande inspiration, et déballe mon laïus de grand frère modèle :

- Écoute-moi miss. C'est la volonté d'Eiji de faire ce périple, pour des raisons… que j'ai franchement du mal à saisir… Mais peu importe. C'est son choix. Déjà, il n'est pas seul, il est avec le guide. Et toi tu l'as accompagné jusque-là ! C'est déjà incroyable d'être allée si loin pour une gosse de ton âge. Je suis sûr qu'Eiji est super reconnaissant. Alors si tu veux lui faire plaisir, mange un peu, et requinque toi vite comme ça quand il rentrera il verra que tu es de nouveau en pleine forme. Au moins ça lui remontera le moral de ne pas avoir trouvé le fantôme d'Ash là-haut… Ok gamine ?

Elle me fait un sourire triste, alors je lui tapote la tête comme un petit animal pour continuer à la réconforter.

Bon, maintenant qu'elle s'est calmée, je peux me faire du mouron bien tranquille tout seul. Allongé à même le sol avec mon sac de couchage sous la nuque, je ferme lentement les yeux en imaginant ce qu'Eiji peut bien être en train de faire…

Il doit trembler comme une feuille entre deux énormes bourrasques de vent. Ses jambes lourdes qui avancent mécaniquement par reflex. Son corps épuisé est passé en mode pilote automatique pour venir à bout de ce trek inhumain. Ses cheveux qui fouettent son visage déjà meurtri par les conditions météorologiques extrêmes. Ses lèvres gercées, ses yeux qui pleurent de froid. J'espère seulement de froid putain…

Il doit tellement prendre cher… Je suis impuissant et complètement incapable de comprendre pourquoi il fait cela. Qu'est-ce qu'il espère trouver au sommet? La paix intérieure ? Le deuil ? Le squelette de léopard des neiges dont Ash lui avait parlé? … Je sais pertinemment qu'il n'y a rien de tout ça là-haut. Il y a juste… du vent et… de la neige.

Et c'est moi qui vais le ramasser à la petite cuillère, comme si je n'avais pas déjà assez le cœur brisé pour lui. J'en ai la migraine rien que d'y penser. Allez Eiji, dépêche-toi de revenir, si tu ne veux pas que je crève d'inquiétude avant…

Une sieste. Ouais c'est ça, je vais me faire une petite sieste pour oublier le merdier dans lequel je suis.

Quand soudain j'entends un vacarme retentissant à quelques mètres de moi. Evidemment que mon âme pécheresse ne mérite pas de répit… Je sursaute en ouvrant les yeux d'un coup sec. Une bassine en métal remplie de vivres vient de se fracasser sur un rocher.

- Ah pardon monsieur, dit la voix frêle d'Akira.

- Non c'est de ma faute mademoiselle…

Cette deuxième voix masculine me paraît, elle aussi, étonnamment familière. Alors je me retourne mollement dans la direction du bruit et mes yeux croisent soudain ceux de l'homme qui vient de faire tomber sa bassine.

Je reste une seconde bouche bée. Ou deux. Ou plus. J'ai le souffle coupé. Comme pétrifié par la vision de ce visage oublié après toutes ces années. Mais putain c'est lui. Ça ne peut qu'être lui. Mais qu'est-ce qu'il fout là… !

- C'est toi… ? Cain ?!

- Uh ?! S-… Sing !

Je me lève avec précipitation pour saluer chaleureusement ce vieux confrère que je n'ai pas vu depuis si longtemps. Quand soudain je m'arrête net à mi-chemin, car il y a comme un malaise qui plane dans l'air.

Il me fixe étrangement. Son langage corporel robotique, et cette expression... Je connais cette expression et elle ne me dit rien qui vaille. L'atmosphère s'emplit soudain de notes acides. Serait-ce le délicieux parfum des emmerdes qui arrivent ? Et vu son regard de travers, je commence à me dire qu'elles sont probablement déjà là…

Cain a quitté Harlem peu de temps après la mort d'Ash. Depuis, je n'ai jamais eu aucune nouvelle de lui. Pas un message, ni une lettre, ni le moindre signe de vie. Il a clairement coupé les ponts avec son passé de gangster New-Yorkais. Donc quelque part j'aurais dû m'attendre à ce que ce ne soit pas de joyeuses retrouvailles. S'il en avait eu quelque chose à faire de notre amitié, il se serait manifesté d'une manière ou d'une aut…

Attends. Attends, attends… Non. Non, non. Non, non. Il y a un truc qui cloche. Ce n'est pas normal…

Par quel genre de coïncidence, je pourrais me retrouver au même moment que lui et au même endroit à l'autre bout du monde dans un lieu aussi insolite ?

Pourquoi Cain est-il là ? Qu'est-ce qu'il fout au Kilimandjaro nom d'un chien ? C'est louche. Non, c'est vraiment c'est trop bizarre. Il se passe quoi au juste ? Putain et en plus j'ai laissé Eiji tout seul !

- Cain. Tu peux me dire ce que tu fous ici ?, je demande agressivement

- Ecoute moi Sing, il faut que tu restes calme ok ?

Ça c'est exactement la chose à ne pas me dire si tu veux que je reste calme. Sans hésiter, je choppe hargneusement le col du grand gaillard et l'attire près de moi pour l'intimider. Sa transpiration excessive ne le rend que plus suspect... Il voit que je suis à deux doigts de capoter, et ça lui fait peur. Sans doute parce que mon gabarit à doublé en 10 années, et qu'il sait très bien que même à l'époque, je pouvais déjà l'exploser. Dommage pour lui, cette fois, mon garde-fou est absent. Et comme je m'inquiète pour Eiji, c'est mort, jamais je ne resterais calme.

- Cain. Je t'ai posé une putain de question.

L'ambiance est à couteaux tirés… Et maintenant ses yeux me fuient… Il bafouille, cherche ses mots, avorte des morceaux de phrases. Mais il n'est pas foutu de me donner une seule explication logique à cette situation impossible !

Je le sens mal. Je le sens très mal. Je sens que quelque chose d'énorme est sur le point d'arriver. Et que clairement Cain a quelque chose à se reprocher là-dedans.

- Calme-toi Sing, je peux tout expliquer !

Malgré son inconfort évident, il pose ses larges mains sur les miennes pour tenter de me les enlever avec délicatesse. Cette attitude ne fait que me mettre encore plus hors de moi. Alors je renforce ma prise sur ses vêtements froissés et l'assomme presque d'un coup de boule en collant violemment mon front au sein, sous le regard médusé d'Akira.

- Réponds bordel! Qu'est-ce que tu fous ici ?! Cain !