Après avoir aperçu le Tigre, revenons en à la Panthère et sa découverte du jour... J'espère qu'elle vous perdra moins que lui ;)
Bonne lecture !
19 décembre
Voilà plusieurs jours qu'il l'a remarqué. Ce tiroir tout fin, tout en longueur, tout à la base du sapin. Il n'a aucune idée de ce qu'il peut contenir, et aujourd'hui il va enfin pouvoir lever le mystère. Dans un geste à l'antipode de l'élégance, Daïki saisit la ceinture de son pantalon et tire dessus pendant qu'il sautille sur un pied, pour faire passer l'autre dans la jambe de tissu récalcitrante. Une fois vêtu, il fourre un pan de sa chemise dans le bas de son uniforme en s'approchant du calendrier. De sa main gauche il retire la barre de céréales d'entre ses dents pour en avaler une bouchée, tandis que de la droite il tire sur la petite poignée du tiroir. Avant de saisir l'enveloppe kraft tout juste révélée, reposant au fond du casier, il enfourne le dernier morceau de son substitut de petit déjeuner et en jette l'emballage dans sa corbeille à papier, sans pouvoir s'empêcher de casser la ligne de son poignet dans ce geste de lancer, effectué tant de fois qu'il est devenu inné. En s'essuyant brièvement les doigts sur son pantalon, il suit du regard la trajectoire de son ballon de fortune, plus pour la satisfaction de le voir entrer dans le panier imaginaire que par crainte d'avoir manqué sa cible. Et c'est un nouveau panier pour l'As du jeter d'ordure ménagère ! Plus deux points pour le tri sélectif et le droit d'ouvrir l'enveloppe contenant son cadeau en guise de récompense pour cette glorieuse victoire. Trop fort ! Jubile-t-il en prenant ladite pochette, satisfait.
Sans maintenir le suspens plus longtemps, Daïki attrape le contenue de l'enveloppe et l'en libère. En le découvrant, ses yeux s'écarquillent et il manque de peu de s'étouffer dans son hoquet de surprise. Impossible ! Il tombe littéralement à la renverse, rattrapé de justesse par la chaise de son bureau où il s'affale, sous le choc.
Voilà ! C'est ce genre de cadeaux-là qui le font turbiner à plein tube ! Qui lui mette la cervelle en vrac, et ébranlent ses certitudes. Évidemment qu'il est content, et qu'il adore cette attention qui tape dans le mille encore une fois. Mais ça le laisse tellement perplexe d'imaginer que Kagami ait pu choisir celui-ci, pire encore… qu'il soit allé l'acheter ! Qu'il n'arrive même pas à oublier ce détail pour se concentrer sur Mai-chan en mère Noël, posant très suggestivement en couverture du magazine… le numéro spécial fin d'année en édition collector, qu'il n'avait même pas réussit à se procurer ! Lui son plus grand fan. Pourtant la sublime créature qui semble le regarder amoureusement, aurait soit quarante de fièvre, soit allumé un feu de cheminée avec tous les arbres du pôle nord pour ne pas avoir froid dans cette tenue. Si l'on peut appeler les micros morceaux de tissus reliés par des ficelles pailletées (Noël oblige), une tenue. Mais non, aucun des effets habituels qu'elle a sur son corps ne se manifestent.
Ça le tarabiscote vraiment trop pour se laisser émoustiller. À tel point qu'il n'ouvre même pas le catalogue pour le feuilleter. Parce que si tous ses potes, le plus prude inclut, Aka Mido-Karma avait fini par abandonner toutes protestations lorsqu'il sortait un magazine pornographique. Considérant sûrement depuis le temps qu'ils étaient une simple extension de sa main gauche, comme le ballon de basket était devenue celui de sa main droite. Bien évidemment, comme toujours depuis qu'il le connait, même dans ce domaine Bakagami fait figure d'exception. Râlant inlassablement et obstinément avec véhémence chaque fois qu'il le voyait avec. Le traitant d'obsédé sexuel « pas trop logique » ou « pathologique ». Un des deux. Difficile à comprendre le tigre quand il cri. La dernière fois qu'il avait osé en sortir un pendant la pause d'un de leur match, le fauve en furie avait bien failli le mettre en pièce. Lui et son précieux. Il avait dû courber l'échine et montrer patte blanche pour espérer reprendre la partie et sauver son bien. Rien que le souvenir de son regard brûlant de rage, crépitant d'éclairs prêt à le carboniser sur place d'un battement de cil le fait tressaillir. Non, il n'a pas peur de Kagami ! Mais ce mec-là, il ne fallait pas trop le faire chier… pousser la bête dans ses retranchements, il avait appris à ses dépens que ce n'était jamais une bonne idée. À trop tirer sur la queue du tigre, même pour jouer, on finit par se faire mordre. Même lui, l'agilité et la vitesse incarnée… et ce jour-là, bon sang… il ne l'avait jamais vue si hors de lui. Pourtant il est devenu un expert à ce petit jeu. Et il lui semble que son rival voit leurs querelles perpétuelles de la même façon. Un simple jeu. À qui fera sortir l'autre de ses gonds le premier. Une sorte de duel tacite où chacun comptait ses points en mijotant déjà sa revanche. Mais étrangement, quand il s'agissait de Mai-chan, Kagami ne jouait plus. Ça il l'a bien compris. Alors c'est en toute légitimité qu'il se demande... S'il déteste tellement le voir rêver, bave aux lèvres devant ses formes hypnotiques... POURQUOI diable lui offrait-il ce recueil d'images obscènes de son idole !? Ou alors… il se trompe et Baka n'a rien à voir avec ça ?
Rhaaaaa mais il va finir par devenir dingue ! Il soupir de frustration en se pinçant l'arête du nez. Totalement perdu. Il en est à se demander si c'est une sorte de test. Encore un truc sadique sorti de l'esprit imprévisible de son pote. Inquiet à cette idée il observe sa chambre, suspicieux. Est ce qu'il l'observe ? A-t-il des espions ? Bordel, voilà qu'il vire parano… Aomine se risque tout de même à admirer l'objet du délit posé sur ses genoux. Il est tiraillé. Un truc gênant bourdonne dans le fin fond de son esprit, lui alourdissant l'estomac et obstruant sa gorge. L'obligeant à déglutir. Sensation très désagréable qu'il connait par cœur. Tel le vieux doudou qu'on traine depuis si longtemps qu'on ne se voit plus sans, mais qui devient encombrant quand on a passé l'âge. La culpabilité. Et de l'autre côté… la tentatrice curiosité. Ses doigts le brûlent d'ouvrir le magazine. Cette diablesse l'invitant d'un clin d'œil sournois à le faire sans attendre. Alors pourquoi se sent il comme Eve sur le point de cueillir la pomme interdite ? Ce n'est pas son premier porno pourtant ! Et il a vu des choses bien plus discutables et répréhensibles que des photos de charmes sur internet…
Une alarme, le dernier rappel du départ le tire de sa réflexion et c'est presque avec soulagement qu'il abandonne son siège et ses interrogations pour aller en cours. Il hésite un instant, puis finit par ranger la revue dans le tiroir dix-neuf. Il se rassure en se disant que c'est pour ne pas risquer de se le faire subtiliser par son capitaine. En effet, Wakamatsu adore se servir de ses bébés comme otage pour le contraindre à venir s'entraîner. S'il peut préserver au moins celui-là… Pourtant, même s'il ne cède pas à la tentation, réussissant le défi lancé par le père Noël, passant ce foutu test de pureté haut la main, il y a encore cette sensation de malaise. Sans pouvoir mettre de mots dessus, ça lui fait l'effet d'un caillou dans ses godasses. D'une aiguille dans son talon. Et s'il voulait être honnête avec lui-même, il en chercherait l'origine, laissant sa peur de découvrir une vérité qu'il n'est pas prêt à admettre de côté.
Sur le chemin pour le lycée, loin de s'estomper, sa confusion prend de l'ampleur. S'il est bien de Kagami, c'est un très beau cadeau, sachant tout le bien qu'il pense de son habitude. Il a dû faire preuve d'une grande abnégation juste pour lui faire plaisir. Et bien sûr que ça le touche. Il a même très envie de le remercier. Pourtant, portable à la main prêt à écrire, il retient son geste. Pourquoi lui dire merci seulement pour celui-ci ? Devait-il le faire pour tous les autres ? Il ne veut surtout pas lui faire croire qu'il n'a aimé que celui-là ! Or il se voit mal le remercier vingt fois de suite… en retard ! Ne devrait-il pas attendre de le voir, ou d'ouvrir la dernière case pour lui exprimer sa gratitude, pour tous les cadeaux ? Il soupir de nouveaux, en rangeant son téléphone dans sa poche, désorienté.
Finalement, après y avoir bien réfléchi, toute la journée en fait… Aomine est plutôt content d'avoir entraînement cet aprèm. Il va pouvoir se défouler. Décharger sa frustration et sa colère. Ouais, en quelques heures sa confusion a muté en sévère contrariété. Parce que l'air de rien, en voulant lui faire plaisir, Bakabruti le gâche totalement justement : son plaisir… Non mais comment est-ce qu'il va pouvoir se palucher tranquillement avec Mai-chan, sans penser à lui et son geste si généreux !? Putain mais ce genre de chose ne se fait pas entre potes ! Les pornos sont de l'ordre du personnel et de l'intime ! Ça ne se partage pas ! Comme si lui apportait des revues au gout de Kagami pour qu'il fasse mumuse avec ! Oh mais attendez... C'est exactement ce qu'il a fait… Dès qu'il a appris que le tigre n'en possédait aucune. Et merde !
Encore plus énervé par cette pensée, contre lui-même cette fois, il accélère la cadence, préférant se jeter à corps perdu dans l'entraînement. Quitte à mourir de fatigue pour la deuxième fois da la semaine. Et dans sa course folle, dans un éclair de perspicacité, il se fait la réflexion aussi débile que pertinente que Kagami, le père Noël et Lucifer en personne possèdent une caractéristique commune des plus dérangeante, pour ne pas dire troublante… la couleur rouge.
Je suis franchement étonnée que personne n'ait vu venir celui-ci ! xD
Je pensais qu'il serait proposé, mais tant mieux pour moi ! :D
À bientôt pour la suite !
