Hé bonne année ! Je vous propose de commencer l'année 2022 ... un 22 décembre ! Si c'est pas bien fait tout ça ! haha. Plus sérieusement, à vous qui passez par là, je vous souhaite plein de bonne choses :) . J'espère que ce loooong chapitre vous plaira. Je n'arrive plus à faire court. Il reste trop peut de temps pour développer trop de choses ^^ Je me suis encore laisser entraîner dans les profondeurs de l'âme tourmentée de Daïki... Guilty ! héhé

Bonne lecture !

Ju: Merci pour ta review ! Bravo pour les clins d'œil, tu as trouvé ! ;) Et je te souhaite une merveilleuse année à toi aussi. Bises


22 décembre

Ouch… depuis quand son lit tourne-t-il exactement ? Et pourquoi a-t-il un tambour dans le crâne ? Non mieux … quel jour on est ? Aomine gémit dans son lit. Le réveil est difficile. Ok, comme chaque fois qu'il doit sortir de ses draps. Mais là c'est pire ! Il n'a pourtant pas l'impression d'avoir abusé hier soir, pourtant il se tape une vilaine gueule de bois. Nauséeux, il réussit à se retourner sans libérer le contenu de son estomac. D'un œil vitreux il vérifie l'heure et la date sur son radio réveil. Samedi vingt-deux décembre, treize heures dix-sept. Soit beaucoup trop tôt pour un lendemain de soirée. La dernière fois qu'il a aperçu les chiffres lumineux, juste avant de sombrer comme une pierre dans son matelas, ils affichaient près de cinq heures. Tout en émergeant, prenant peu à peu conscience des différentes sensations désagréables qui le couvent, des brides de sa nuit lui reviennent en mémoires. Expliquant deux ou trois choses. Déjà, la tête de Kise s'affichant en gros plan dans son esprit est un bon indice. S'il y a Ryota dans l'équation, il est tout à coup moins étonné de se trouver aussi mal. Après tout c'est avec lui qu'il avait découvert les joies et les tourments de l'alcool il y a quelques années de ça. Une de leurs bêtises culte qu'ils se rappelleront longtemps … Cette idée lui arrache un rictus malgré son état comateux.

Il se frotte les yeux, histoire de les décoller un peu et se positionne sur le dos pour observer son plafond, se perdre dans la visualisation du film de ses souvenirs de la veille. Donc, Kise… Il se rappelle bien du défilé, très nettement de la salle d'arcade, de la proposition de son ami… et plus vaguement de la soirée qu'ils ont rejoint dans ce club. Même s'il n'en a que des brides, elles montrent toutes la même chose : lui qui s'amuse. En dehors d'un terrain de basket. Incroyable… Il se souvient effectivement d'avoir beaucoup rit. De Kise comme à son habitude et avec lui surtout. De son air choqué, lorsqu'il a découvert que ses hanches qui lui conféraient son agilité légendaire sur le parquet, pouvaient aussi servir sur une piste de danse. Il n'en revient d'ailleurs toujours pas lui-même d'en être arrivé à danser, attirant autant de partenaires que son ami au succès pourtant non négligeable… Le quatrième verre l'avait visiblement totalement désinhibé. Quant au cinquième… il est surement responsable de la boume battant toujours son plein dans sa tête. Malgré la douleur et son état vaseux, Aomine se sent bien. Le cœur gonflé d'attachement renforcé pour blondi et sa capacité à toujours le mettre de bonne humeur, même quand il l'agace. Un talent supplémentaire, indéniable qu'on doit lui reconnaître.

Tiens justement, en parlant de lui… Dans les plis de sa couette il lui semble entendre la sonnerie de son téléphone, étouffée par la couverture. Il le cherche à tâtons et s'en saisit lorsqu'il le retrouve sous l'oreiller. Un message du mannequin l'attend.

- [J'ai passé une trop bonne soirée hier ! Qui aurait cru qu'une larve telle que toi pouvait se transformer en super fêtard ! On remet ça quand tu veux Daïki-chi 😉]

- [La larve t'emmerde ! Et le fêtard te tient au courant de ses disponibilités.]

- [Trop cool ! On pourra embarquer les autres la prochaine fois ! Mais attend… tu ne dors pas ?]

- [T'as de l'espoir ! Non… mal au crâne]

- [T'as bien dit oui toi ! Moi ça va, juste un peu barbouillé.]

Aomine grogne mais il lui concède le point, et envie sa meilleure situation. Sûrement dû à son entraînement plus régulier dans ce domaine-là. Décidément d'humeur amicale, dans un élan d'affection irrépressible, ses doigts pianotent avant qu'il ne puisse trop y réfléchir.

- [Pas faux… et j'ai bien fait. J'ai passé une super soirée aussi.]

- [Smiley émue émoji cœur]

- [Smiley vomit] il aurait peut-être dû réfléchir finalement…

- [Smiley bisous] bin voyons !

- [Émoji fuck] il ne faudrait pas abuser non plus !

- [Smiley choqué smiley en pleure] Kise dans toute sa splendeur…

- [Smiley sourire en coin]

Cet échange le fait marrer. Et a aussi le mérite de le distraire de son mal de ventre grandissant. Il a du mal à savoir si c'est la faim qui le tiraille ou l'alcool qui barbotte encore dans son estomac. C'est vrai qu'il le regrette un peu ce matin mais boire lui avait évité de trop gamberger, l'aidant à profiter seulement de l'instant présent. Oubliant pour quelques heures ce qui le hantait plus férocement chaque jour. Cela dit, difficile de faire autrement avec cet énergumène ! Cette soirée lui a fait un bien fou, et ce matin, enfin… ce début d'après-midi, il mesure combien Ryota lui a manqué. Lui et ses âneries. Le retrouver comme il y a cinq ans, quand ils enchaînaient les quatre-cents coups… ce n'est qu'en redécouvrant cette facette de lui, de leur relation, qu'il réalise tout ce dont il s'est privé. Était ce là le but de Kagami avec ces sorties ? Le trouvait il trop casanier ? Trop ennuyeux ? Il grogne encore… voilà ce qu'il avait essayé de taire, remplaçant le flot de questions par un flot de vodka.

Le temps d'une soirée avec la tornade blonde, il avait réussi à se sortir le rouge de la tête. Mais ce dernier a colonisé tous ses rêves, s'accaparant son inconscient. Et ce matin, malgré sa migraine, il est toujours là. Envahissant son esprit. Il tourne alors le regard vers le sapin et se décide à sortir du lit. Lentement. Il s'assoit d'abord en bordure pour s'assurer que sa chambre tourne moins et seulement quand il se sent assez stable, il se risque à rejoindre l'objet de sa convoitise.

Dans le tiroir vingt-deux, il trouve une commande. Un menu XXXL qu'il connaît bien puisque c'est celui qu'il prend toujours au Maji Burger, invariablement. Un gargouillis sonore répond à une de ses interrogations. Le mal de ventre, c'est de la faim ! La bonne grosse dalle des familles après toutes soirées dignes de ce nom. Est-ce que le tigre avait vraiment pensé à tout ? Au point d'anticiper comment ça finirait avec Ryota ? Où est-ce seulement une heureuse coïncidence ? C'est vrai qu'ils passent pas mal de temps là-bas. Chaque fois qu'ils jouent ensemble, ou presque, ça finit en orgie de cheeseburger.

Il a l'esprit encore embrumé de sa soirée et de sa nuit trop courte, mais il croit comprendre où Kagami veut en venir… Jusqu'à présent tous ses cadeaux lui ont rappelé des souvenirs. Certains plus douloureux que d'autres c'est vrai. Des petits rappels de moments difficiles qu'il a pu traverser, qui lui ont surtout montré qu'ils étaient derrière lui. Enfin il espère… En plus des souvenirs passés, Taïga lui a offert de quoi s'en créer de nouveaux. Plus heureux. Avec ses amis. De précieux moments qu'ils n'auraient sans doute jamais vécus sans les différentes invitations. Et bien évidemment... Il pressent qu'il ne sera pas seul au fastfood. Après Seijuro, Atsushi, Shintaro et Ryota c'est forcément le tour de Tetsu. Particulièrement friand de la boisson à la vanille de l'enseigne où il va justement devoir se rendre.

Il se demande vaguement si Kagami le connaît si bien qu'il a anticipé ses partenaires aux différents événements ou si c'est simplement lui qui en profite pour les voir tous. Un peu comme une quête. Une mission rédemption, d'entretien de leurs liens aussi forts qu'étranges, la recherche de lui-même à travers ceux qu'il a un jour considéré comme son clan. Si tout était calculé, bien évidemment que Kagami a gardé son ombre pour la fin. Sachant pertinemment ce qu'il représente pour lui. Le boss final. Celui qu'il redoute le plus d'affronter. Celui à qui il doit le plus, celui qu'il avait le plus déçu, et certainement le plus blessé aussi. Rien qu'à cette idée sa gorge se noue et son ventre se contracte. Malmenant un peu plus son estomac en vrac.

Jamais lui et Tetsu n'ont discuté de ce qu'il s'est passé entre eux. Et bien qu'ils se voient de nouveau régulièrement, il a toujours l'impression que quelque chose les sépare. Une vitre invisible qui l'empêche de pleinement être avec lui. Un fossé qu'encore une fois, il a peur de franchir, ne sachant s'il est prêt à accepter ce qu'il trouvera de l'autre côté. Avec ce simple menu, peut-être qu'il se fait des films, ou alors il veut tellement y croire qu'il spécule un peu trop. Pourtant il ne peut s'empêcher de prendre ce ticket comme une garantie de la part de Kagami, une invitation cachée à se libérer de ce poids. Si ce Baka pense qu'il peut effacer la distance qui le sépare de Kuroko sans risque, juste comme ça autour d'un burger, alors il doit avoir raison. Après tout, ils font la paire ces deux-là, ombre et lumière… et Tetsu lui fait une confiance aveugle. Au point qu'il aurait pu se confier à son sujet. Comme lui l'avait fait une fois, jalousant leur relation quasi fusionnelle au passage, trahissant sa peine de l'avoir perdu. Il ricane en repensant à la réponse de Taïga face à ses craintes : "tu penses trop Aho… et quand tu cogites trop, tu deviens con !" Lui trop réfléchir ? Il ne voit pas du tout de quoi peut bien parler son rival ! Pas du tout son genre !

Le cœur battant d'appréhension, il s'habille et sort de sa chambre. Pour vérifier sa théorie, il ne contacte pas le fantôme. Persuadé qu'il l'attend déjà. Et s'il se trompe, il l'appellera une fois sur place. Perdu dans ses milles pensés à la seconde, il n'entend pas sa mère l'appeler alors qu'il s'apprête à sortir de chez lui. Il se retourne quand elle lui saisit l'épaule.

- « Hum ? »

- « Ça va mon chéri ? Tu as passé une bonne soirée ? »

- « Ouais ouais ça va. C'était cool. Ryota te passe le bonjour d'ailleurs. »

- « Oh c'est adorable ! Tu lui rendras. » S'enthousiasme sa mère avant de demander : « Tu n'as pas faim ? Il y a des restes si tu veux. »

- « Si mais j'ai envie de burger. Je vais au Maji. Vous avez besoin de quelque chose ? » Propose-t-il.

- « Si tu sors, eh bien oui, j'avais deux trois courses à faire. »

En réponse au sourire maternelle, Aomine étire doucement ses lèvres et attend qu'elle revienne avec la liste desdites courses avant de sortir.

Ça y est, il est devant le restaurant. Il n 'a plus qu'à traverser le passage piéton. Mais d'ici déjà il peut voir que son intuition était la bonne. À sa table fétiche, près de la fenêtre, Tetsu sirote un milkshake, lisant un manga. Il avait beau s'y attendre, il a étrangement les mains moites. Et son mal de ventre s'accentue à cette vision. Sans arriver à distinguer s'il vient de sa faim, raviver par les odeurs alléchantes, ou de son angoisse.

Allez Daïki. Ce n'est que Tetsu. S'encourage t'il en traversant la route. Avant d'ouvrir la porte, il inspire profondément. À l'intérieur, il s'avance vers le comptoir sans un regard pour son ami et donne sa précommande prépayée au serveur. Perplexe, le gars qu'il devine nouveau s'affaire à préparer ses plateaux. Quelques minutes plus tard, une montagne de burgers dans chaque main, il se dirige à la table de Tetsu et s'installe face à lui. Enfournant une première bouchée, pour ne pas dire un sandwich entier entre ses lèvres il marmonne :

- « Yo ! »

- « Bonjour Aomine-kun. Bon appétit. »

- « Merci » Articule-t-il la bouche pleine.

Après l'échange de politesses, Kuroko le laisse manger en silence, retournant à sa lecture. Et il l'en remercie intérieurement. Il avait vraiment besoin de ça ! Sa tête tourne déjà moins et son ventre se détend au fur et à mesure qu'il le remplit. Ne laissant que cette boule pesant sur sa poitrine, celle qui l'écrase toujours en présence du petit gars qui désormais le scrute. Il l'interroge du regard, levant un sourcil.

- « Je pourrais venir la prochaine fois ? » Demande alors Kuroko, en lui montrant une photo de lui et Kise sur son téléphone. Le selfie pris par le blond avant qu'ils ne soient plus vraiment frais...

- « Heu ouais si tu veux... ça s'est fait comme ça, s'était pas prévu. Se sent-il obligé de justifier.

Entre deux crocs il essai de trouver quoi lui dire. Il rumine autant qu'il mastique son sandwich, tournant, ressassant ce qu'il aimerait lui exprimer depuis des lustres et qu'il a enfin l'occasion et le courage de formuler. Puis la remarque de Kagami lui revient… Il pense beaucoup trop. Alors finalement, il opte pour la simplicité.

- « Je suis désolé Tetsu. »

- « Oh ce n'est pas grave, la prochaine fois Aomine-kun. »

- « Non… pas pour la soirée. » souffle la panthère, penaude.

- « Pourquoi alors ? » s'étonne l'ombre.

Il fait la moue, pourquoi est- ce si difficile ? Il sirote un peu de soda pour se donner une contenance, inspire un bon coup et se lance :

- « Pour tout le reste. Je me rends compte que je ne t'ai jamais présenté d'excuse pour ce qu'il s'est passé. J'aurais dû. J'espère que tu arriveras à me pardonner un jour. »

Kuroko le fixe. Son air rêveur laissant soudainement place à un regard flamboyant. Il n'a pas la même facilité que lui à lire dans le langage corporel des gens, mais il le connait assez bien pour savoir que son ami bouillonne intérieurement. En témoigne sa poigne qui se resserre sur son gobelet. Tetsuya a cette mine déterminée qu'il lui connait bien, mais qu'il n'a jamais vu en dehors d'un terrain. Et ça le déstabilise un peu plus. Il attend la sentence, fébrile. Soutenant les pupilles bleu ciel défiants les siennes, orageuses.

- « Alors c'est ça que tu penses ? Que je t'en veux ? » Finit par lâcher Kuroko d'un ton faussement calme.

- « Je… j'en sais rien. Mais tu aurais de bonnes raisons. »

Face à sa culpabilité et ses remords, il voit le fantôme pâlir. Il ne savait pas que s'était possible, mais visiblement si. Kuroko pousse un long soupir en prenant son visage entre ses mains qu'il secoue doucement, entre incrédulité et agacement. Lorsqu'il plante ses prunelles de nouveau dans les siennes, Tetsu est plus calme, et sa sérénité familière l'apaise aussitôt.

- « Évidemment que je vous en ai voulu… Au point de vouloir tout arrêter. Je ne trouvais plus aucun sens à tous ça, à l'équipe. Vous m'avez tellement déçue… »

À ces mots, Aomine baisse la tête. Bordel, il le savait, mais de l'entendre… ça lui fait l'effet d'un coup de poignard dans les tripes. Il est sur le point de se lever pour prendre la fuite, ne pouvant vraiment pas supporter la déception dans ce regard-là, si admiratif autrefois quand une main se pose sur son poing fermé.

- « Mais Aomine-kun… j'ai eu le temps d'y réfléchir. Tu sais, au fond j'étais surtout frustré. J'étais en colère de ne pas pouvoir vous aider. Seul je ne savais pas quoi faire. Je me suis senti tellement inutile, et coupable de vous abandonner ! »

Coupable ?! Il redresse le visage, sous le choc. S'il y en a un qui n'a rien fait de mal, c'est lui ! Que se reproche-t-il au juste ? De ne pas avoir voulu participer à leur décadence ? C'est à son tour de le dévisager, sans rien pouvoir prononcer. Il aimerait protester, lui dire qu'il a tort, mais avant qu'il ne trouve quoi dire, son ami poursuit :

- « Aho… tu n'as pas le monopole… »

- « Je croyais… » Réussi-t-il à dire.

- « Au-delà de la colère et de la déception, j'étais triste. Infiniment triste de ce qui nous arrivait. De ce qui t'arrivait. Moi aussi je suis désolé Aomine-kun. »

Il s'était attendu à tout sauf à ça. Aomine sent l'émotion monter dangereusement. Elle lui serre la gorge et le rend de nouveau muet. S'il essaie de parler, il risque de laisser échapper le sanglot qui menace. Et pour cacher ses larmes brouillant déjà sa vue, il s'effondre sur la table, croisant ses mains derrières son crâne, s'isolant entre ses coudes. Il en laisse s'enfuir quelques-unes mais ravales les autres. S'interdisant d'ouvrir le barrage ici, en public. Parce que si l'immense digue que Tetsu vient d'ébranler finit par céder, il ne pourra pas l'arrêter. Alors il tente de se clamer, de respirer doucement pour imposer à son cœur un rythme plus lent. Il sent alors une présence près de lui. Le cyan a dû se pencher sur la table lui aussi. Son souffle chaud près de son oreille le lui confirme quand il lui murmure :

- « J'aurais dû te le dire avant visiblement… je pensais que tu savais. Que tu avais compris depuis le temps… »

Pour toute réponse il secoue la tête, le front toujours collé au formica de la petite table orange. Non, il n'avait pas deviné… Il est peut-être un As au basket, mais pour ce qui est des énigmes, apparemment, il est à chier ! Une fois le bouleversement contenue et maîtrisé, il se redresse. S'essui les joues d'un revers de la manche de son pull et tente un semblant de sourire. Il lance un coup d'œil furtif à son vis-à-vis et peut apercevoir son émotion malgré ses traits d'ordinaire impassibles. Ils considèrent d'un accord tacite, signé d'un regard, que tout est dit. Et à cet instant, Daïki sait. Il sait que la vitre est brisée, le fossé franchit… ne faudra plus qu'un peu de temps pour finir de le combler, éviter d'y retomber. Avant que le soulagement ne le submerge de nouveau dans une vague d'émotions incontrôlables, il préfère changer de sujet. De sa paille il s'amuse à faire couler son dernier glaçon au fond de son soda, et comme si de rien était, retrouvant son apparente nonchalance, il questionne :

- « Toi et Bakagami… vous êtes proches non ?

- « Heu oui je crois qu'on peut le dire pourquoi ? » demande Kuroko surpris de ce revirement.

- « Bin… je me demandais. Est ce qu'il t'a dit pourquoi il fait tout ça ? »

Pour seul réponse, Tetsu lui sourit. C'est si rare qu'il en reste con. Suspendu à ses lèvres distinctement retroussées. Le temps s'arrête. S'éternise entre eux silencieusement alors qu'il commence à manquer d'air, retenant son souffle …

- « On est le vingt-deux décembre Dai-kun. Si tu n'as toujours pas compris à ce stade, je crains de ne rien pouvoir pour toi. »

Aomine soupire. Frustré. Il s'adosse lourdement à son siège, s'y enfonçant un peu, aspirant rageusement sa boisson, fusillant son vis à vis du regard. Il n'est pas franchement surpris du refus de son ami de coopérer. Il est surtout vexé par la réflexion … L'énigme était-elle si simple que ça ? Aurait-il dû tout comprendre dès le départ ? Était-ce si évident qu'il était passé à côté sans le voir ? Tels les détails d'un trajet quotidien qu'on ne remarque plus, accoutumé à leur simple présence. Ces éléments faisant juste partie intégrante du décor, à leurs places, permanents, rassurants. À moins qu'il ait tout simplement et délibérément préféré ne pas comprendre ? Égaré dans le labyrinthe tortueux de ses réflexions, il en oublie la présence de son ombre. C'est le gargouillis caractéristique d'une fin de milkshake qui lui fait lever les yeux. Il tombe dans ceux de Tetsu qui l'observe. Toujours avec ce discret rictus, l'air des plus bienveillants collé au visage. Quoiqu'un peu trop amusé à son goût lui...

- « Quoi ? » Demande t'il boudeur.

- « Je crois que tu sais… »

À ces mots, il se sent rougir et détourne le regard, sachant pertinemment que ça ne suffira pas à cacher son trouble face au détecteur de mensonge sur pattes qu'est devenu Tetsu. Soudain son cœur s'emballe, lui donnant chaud. Le traitre semble répondre au sous-entendu du fantôme, criant à tout son être l'information qu'il avait secrètement gardé sous scellé. Attendant seulement le bon moment pour se dévoiler. Daïki se gratte la nuque, gêné que le cyan puisse entendre ses pensées ou les deviner à travers ses prunelles embuées. Oui, je crois que je sais…


En voyant l'émotion de sa première lumière, Kuroko avait bien faillit craquer lui aussi. Vu les moments qu'il passait avec la panthère depuis sa défaite, à son plus grand bonheur, il avait eu du mal à croire Kagami lorsqu'il lui avait rapporté les paroles d'Aomine. Sincèrement troublé et concerné par le malaise qui persistait entre eux sans raison, son coéquipier n'avait trahi la confiance de son ami que pour l'aider. Finalement, ça expliquait cette réserve que le fauve semblait conserver malgré tout, cette carapace qu'il avait dû se construire pour se préserver et dont il a encore du mal à se défaire. Aujourd'hui, même si cette vision lui a pincé le cœur, Daïki l'a enlevé, s'est dévoilé et l'a laisser l'approcher enfin. Il espère que cette mise au point rectifiera la situation et l'aidera à se détendre entièrement en sa présence. Comme avant. Quand il n'y avait qu'eux. Les soirs si tard dans ce gymnase abandonné.

Son ami avait des courses à faire, ils ont dû se quitter, mais il est heureux de l'avoir vu. Depuis quelque temps, il est aux premières loges pour voir les changements qui s'opèrent en lui, pour le mieux. Et il en est bien conscient, grâce à Kagami… Cet ange tombé du ciel, qui avait pris sa lutte tellement à cœur, qu'une fois achevée, il l'avait poursuivi. Estimant qu'il n'en avait pas fait assez. En effet, le tigre s'était donné pour mission de sauver Aomine, en plus de son basket. Des mois que son ami travail sur ce projet, qu'il trouve extraordinaire, et pour lequel il a volontiers contribué. Trouvant même là l'occasion de rendre à Daïki les clichés qu'un jour où il lui apportait ses devoirs, il avait subtilisé dans sa corbeille, persuadé qu'il les regretterait. Tout en y ajoutant quelques-uns, qui l'aiderait éventuellement à ouvrir les yeux. Cependant rien n'est moins sûr, car force est de constater qu'Aomine ne parle pas et ne comprend pas le langage subtil. Il lui faut des actes et des mots claires pour les intégrer.

Il n'est pas au courant de tous les cadeaux, et il n'a pas cherché à savoir non plus, bien qu'il soit curieux. Il sait seulement que les résultats se font sentir. Il en a eu la preuve formelle en ce jour. Et puis… certaines choses doivent restées entre eux. Il n'est pas dupe, ses lumières brillent tellement plus quand elles sont ensemble. En fait… Il n'y a que cet Aho qui n'a encore rien compris.


Et voilà pour le 22 ! Un chapitre riche en émotion. On approche du terme !
Alors, vos idées pour les derniers cadeaux ?

Setsuna: Dès ton premier commentaire sur cette fic, tu as mentionné une bonne réponse... Tu m'as fait vriller ! haha xD Mais je ne sais pas si je te compte le point ... "Du coup, j'évite l'idée d'un bon pour un burger au MB XD."