Bonsoiiiiir ! Je m'excuse pour cette longue attente. Mais ce chapitre final m'a pausé quelques soucis (je crois qu'au fond, je n'avais pas très envie de finir cette fic ^^ ) ... Sans compter que je suis tombée malade, une belle bronchite qui m'a empêché de me pencher dessus plusieurs jours de suite :/ ...
Enfin bref ! Voici la suite comme promis :) Et du coup... Ce dernier chapitre est en deux parties. Voici la première ;)
Bonne lecture !
24 Décembre (1/2)
Daïki s'éveille en douceur. Il se sent tout cotonneux, encore vulnérable aux émotions de la veille, étrangement vide et lourd à la fois. Sa nuit a été profonde et sans rêves, réparatrice, apaisante. Lui apportant tout le repos nécessaire. Bien qu'il en ait passé une partie à discuter avec Satsuki. Qui a fini par rester dormir ici après qu'ils aient passé la journée ensemble, comme ça arrivait souvent quand ils étaient plus jeunes.
Une fois que les larmes se sont taries, il lui a tout raconté, ou presque. Il a tenté de lui expliquer ce qui l'a mis dans cet état, omettant quelques détails dans sa confusion. Au fur et à mesure de son récit, il a pris conscience de combien toute cette aventure l'a chamboulé. Bien plus qu'il n'avait voulu se l'avouer. D'en parler lui a fait énormément de bien. De simplement pouvoir partager ce secret devenu trop lourd pour lui seul lui a permis de prendre du recul, d'y voir plus clair dans ce mélange d'émotions inconnues et oubliées. D'enlever le caillou coincé dans sa chaussure… Et puis, il a tendance à omettre que sa meilleure amie le connait bien elle aussi… parfois mieux que lui-même. Anticipant ses mécanismes de pensées, comprenant ses non-dits, devinant ses ressentis. Elle l'avait seulement écouté, posant quelques questions, s'abstenant de tout jugements. Commentant parfois son exposé, l'aidant à comprendre ses propres réactions. Mettant la lumière sur ce qui était encore un peu trouble, dédramatisant ce qui était effrayant.
En ouvrant les yeux, il ne la trouve pas à ses côtés. En prêtant attention, il ne l'entend pas non plus à l'étage du dessous. Par reflexe, il attrape son téléphone, et prévenante comme toujours, Satsuki lui a laissé un message :
- Satsuki – 8h36 [Coucou Daï-chan. J'espère que tu as bien dormi, je n'ai pas voulu te réveiller. Désolé j'ai dû partir tôt, j'avais promis à Sei-chan de l'aider pour ce soir. À tout à l'heure ?]
- Daïki – 9h47 [Hey… Oui, comme un bébé. Ah oui c'est vrai… J'avais complètement oublié. À plus et … merci pour hier…]
- Satsuki – 9h48 [Tant mieux :) Quand tu veux mon chat… XOXO]
Satsuki… Qu'est-ce qu'il deviendrait sans elle ? Il n'ose même pas l'imaginer. L'idée lui est tout simplement inconcevable et insupportable.
En sortant de son lit, il passe à côté du sapin, lui adresse un regard anxieux et sort de sa chambre. Il veut faire durer, il n'est pas prêt à ce que tout se termine, ou que tout commence… Et surtout, il est mort de soif ! Dans la cuisine il se sert un grand verre d'eau, qu'il doit remplir et descendre une seconde fois pour se désaltérer entièrement. Ensuite il grignote un morceau, il n'a pas spécialement faim mais ça apaise un peu son appréhension. C'est le premier lundi des vacances, et pourtant il se sent exactement comme un dimanche soir, ou comme avant une rentrée des classes clôturant des vacances particulièrement sensationnelles. Cette nostalgie grisonnante qui vous laisse à fleur de peau et vous empêche de pleinement profiter du dernier jour, drapé de morosité, l'esprit embrouillé de ce qui vous attend après : le vide. Et le cœur trop plein de souvenirs qui ne sont déjà plus que ça... Sensation douce-amère que d'être coincé entre l'avant et l'après. Entre expectative et mélancolie.
Après avoir vaguement bavardé avec ses parents, notamment sur le fait qu'ils appréciaient d'avoir eu Momoï pour le diner, et qu'elle leur avait manqué, il ne voit plus rien pour le distraire de ce qu'il repousse depuis le réveil. Alors il s'en retourne dans sa chambre, pour affronter son arbre magique une dernière fois. Campé devant lui, il l'observe un moment, s'imprégnant du moindre détail, s'enveloppant de la moindre particule de féérie qui semble voleter autour de lui dans les rayons du soleil traversant ses rideaux mal fermés. Son regard passe de case en case, se remémorant leur contenues, ses précieux trésors, jusqu'à la dernière. Tout en haut, camouflée dans l'étoile dorée surplombant le sapin. Pour l'atteindre, il lève le bras et tire l'ultime tiroir. Trop haut pour qu'il puisse voir l'intérieur, il se cache tout de même les yeux de son autre main, pour maintenir le suspens le plus longtemps possible. Jusqu'à la dernière seconde. Il se dresse sur la pointe des pieds, et de ses doigts il tâtonne le fond du casier. Un instant il le pense vide, ne trouvant rien, puis il effleure quelque chose. Il s'en saisit, entre le majeur et l'index et le ramène à hauteur de son visage. Le cœur battant sur un rythme de fin du monde, lentement, il écarte les doigts recouvrant toujours ses yeux.
Un morceau de papier. Un simple post-it. En le lisant, son palpitant trébuche dans sa course folle. Dans la même langue et la même écriture que la consigne qui accompagnait la clé USB, deux petits mots : « Found me ».
Une image très nette s'impose alors dans son esprit. Il n'y a qu'un seul endroit où il est sûr de le trouver. Sur un terrain de basket. Et de tout ceux sur lesquels il se sont affrontés, soit approximativement tout ceux de Tokyo, en cet instant, il sait exactement lequel. Celui où il se sont rencontrés, là où pour la toute première fois il l'avait défié, testé, et enragé. Celui où Kagami avait un jour réussit à le battre, sans personne d'autre que sa détermination sans faille pour l'aider. Celui qu'ils avaient tellement arpenté, qu'il en connaît chaque défaut, chaque trou et chaque bosse. En tout cas il l'espère... Parce qu'il n'a pas vraiment envie de courir dans toute la ville par ce froid. Tout en sachant pertinemment qu'il le ferait quand même, jusqu'à tomber sur lui si par malheur il avait tort…Maintenant qu'il sait qu'il va le voir, l'impatience noue ses tripes, autant que l'angoisse prend sa gorge en otage.
Sur le trajet, la nervosité s'empare entièrement de lui, contrôlant son corps en ébullition. Sa jambe bouge seule, agaçant sa voisine dans le métro. Mais il n'y prend pas garde, ne le remarque même pas. Il se mâchouille le pouce, à défaut de pouvoir en ronger l'ongle déjà dévoré il y a deux stations de ça, le regard dans le vague, d'autres images que celles de l'instant présent défilants sur ses rétines. Et si ce n'était pas Kagami qui l'attendait ? Mais une tout autre personne à laquelle il n'avait pas pensé une seule seconde ? Et si jours après jours, il avait emprunté à la réalité des éléments pour satisfaire ses désirs inavoués ? Et si… s'il avait tout simplement confondu son instinct infaillible avec une volonté tenace ? Pour taire son irrationnelle inquiétude, il ressort le petit mot de sa poche. La langue choisit ne peut le tromper, l'anglais suffit à le rassurer. Pourtant devant l'imminence de leur rencontre, son cœur s'emballe à nouveau. Parce que malgré la peur de l'inconnu qui le tourmente, il réalise qu'il à vraiment, vraiment, vraiment très envie de le voir…
Plus qu'une rue, et il y sera. Le terrain de street derrière chez Taïga. Bien qu'il ait marché vite jusqu'ici, il ralentit le pas en entendant le son familier des chaines du panier. Pour se laisser le temps d'observer discrètement son rival. Quand il l'aperçoit enfin, il subit un véritable carambolage mental, il en ressent presque physiquement l'impact, le corps ébranlé d'une secousse. Percuté de plein fouet par la réalité. Dans son esprit, tellement de choses se télescopent et se collisionnent qu'il ne peut toutes les saisir. Anciennes et nouvelles. Familières et étrangères. Un embouteillage tel qu'il n'arrive pas à définir qu'elle envie prédomine, le laissant juste planté là comme un con derrière le grillage. Il aimerait le frapper, pour l'avoir fait tourner en bourrique presqu'un mois entier. L'engueuler, pour évacuer toute sa frustration face à tout ce mystère. Et l'enlacer aussi, pour l'incroyable dévouement qu'il lui a témoigné. Le tout en même temps… De quoi le confusionner !
Il a beau avoir deviné depuis des jours, voir le tigre ici rend soudain la situation plus tangible, plus sérieuse, plus déstabilisante encore. Ne sachant toujours pas quelle attitude adopter, et pour feindre une sérénité toute relative, il enfonce ses mains dans ses poches et s'avance sur le cours, plus nerveux qu'il ne l'a jamais été face à quiconque. Concentré dans un duel imaginaire, Kagami ne le remarque pas immédiatement, il en profite pour le détailler de plus près. Il le découvre alors sous un nouveau jour, à travers le prisme d'un sentiment naissant, ou plutôt, qu'il a enfin réussit à nommer, sans savoir depuis quand exactement ce dernier l'habite. Puis le rouge finit par l'apercevoir, suspendu à l'arceau rouillé après un de ses sauts magistraux. Il se laisse tomber dans un atterrissage souple, et en retirant le casque greffé à ses oreilles, il lui adresse un immense sourire, lumineux, réchauffant tout son corps malgré le froid hivernal.
Pour palier son trouble, Aomine utilise la seule arme qu'il sait efficace contre Bakagami et lance les hostilités :
- « Et si j'avais ouvert les casiers le soir, au lieu du matin ? »
- « Toi ? La patience incarnée ?! » Raille son rival, amusé.
Il n'a pas tout à fait tort le bougre… Mais avant qu'il ne trouve quoi répliquer pour défendre son honneur, Kagami répond sérieusement à sa question.
- « Je... Je suppose que j'aurais finit par geler sur place. »
À cet aveu, un silence s'installe. Il fronce les sourcils, analysant ce qu'il implique, et en oubli la joute verbale qu'il avait pourtant débuté.
- « T'as compris quand ? » Demande alors Kagami, le regard rivé à ses baskets.
Surpris par le ton embarrassé de la question, il hésite à répondre « dès le premier jour ». Mais il n'a pas le cœur à lui mentir, même pour l'asticoter. Donc à la place il souffle :
- « Le dix… »
Kagami lui offre un nouveau sourire empreint de satisfaction, un brin victorieux, mais sans aucune once d'arrogance. Sa réponse à seulement l'air de le rendre sincèrement heureux, comme si c'était la bonne, celle qu'il attendait. Et ça le retourne complètement.
- « Ça m'arrange... Que tu ne m'ai pas grillé tout de suite je veux dire. »
- « Pourquoi ça ? » S'étonne-t-il.
- « Bin... Si t'avais capté le premier jour, j'avais peur que tu ne découvres pas le reste. »
Il ouvre la bouche, prêt à répliquer que cette idée est sacrément débile mais il la referme aussitôt. Baka vise juste une fois de plus, ce n'est pas entièrement faux. S'il avait soupçonné son rival dès le départ, il aurait certainement cru à une blague. Ou une espèce de piège. Alors qu'en le découvrant plus tard, il avait seulement voulu en savoir plus, pour comprendre, emporté par le tourbillon de la curiosité. Alors il ne dit rien. Lui donnant raison. Préférant l'interroger sur un truc qui le titille depuis des jours.
- « Et donc... Les Skittles ? Ils t'ont aidé pas vrai ? »
- Kagami rougis furieusement et glisse une main dans sa chevelure folle, n'osant toujours pas le regarder : « Yeah... Ça faisait un moment que j'y réfléchissais mais... Je leur ai demandé un coup de main. J'espère que tu ne m'en veux pas... Du coup je sais ce qu'ils t'ont offert, vu que c'est moi qui ai tout rangé… »
- Il reste interdit, ne retenant qu'une seule information dans tout ça… « Un moment ? »
Le tigre rougit de plus belle et cette réaction cutanée lui chatouille l'intestin. Bordel, il va falloir qu'il arrête si non lui aussi va s'y mettre !
- « Humm... Quelques temps oui. » Répond-il en haussant les épaules.
- « Alors... Tu ne traines pas avec moi que pour mon basket ? » Se moque-t-il.
Cette fois le fauve plante son regard de braise dans le sien, qu'un éclair de colère vient illuminer. Ce changement d'aura si soudain lui arrache un frisson et il dégluti, se préparant à subir ses foudres. Quel con il fait parfois ! Il n'aurait pas pu attendre un autre moment pour plaisanter ? Évidement que Kagami ne l'apprécie pas que pour son jeu ! Il en a eu exactement vingt-trois preuves jusqu'ici. Vingt-trois occasions de découvrir à quel point. Mais voilà, dès qu'il se sent un peu trop sensible face à lui, il ne peut pas s'empêcher de le foutre en rogne, un prêté pour un rendu ! Donnant donnant.
- « C'est ce que tu crois ? » Lâche son rival, blessé.
- « Non... Si... Peut-être ! Mais visiblement je me suis planté ! » Avoue-t-il en détournant les yeux, confus.
Mais un rire désabusé et inattendu attire son attention. Il a donc tout le loisir d'apercevoir les traits de Kagami se radoucir. Puis son vis-à-vis secoue la tête, et se rapproche de lui avec un rictus au coin des lèvres.
- « Aho... » Grogne le tigre en réprimande avant d'ajouter, narquois : « Je rêve ou Aomine Daïki vient-il d'admettre qu'il a eu tort ? »
- « Profites en, c'est Noël ! » Se défend-il, piqué dans son orgueil.
- « C'est vrai... À croire que les miracles existent. » Ironise Taïga en le fixant à présent.
Oui, ils existent. Puisqu'il en a un juste devant lui. Si proche qu'il n'aurait qu'à lever une main pour le toucher. Mais jamais de la vie il ne lui dira. À la place il soutient son regard pétillant de malice. Ce regard qui l'enrobe d'une douce et réconfortante chaleur, contrastant avec l'air frais picotant son visage comme un millier de fines aiguilles.
- « Justement, si tu es là c'est pour le dernier cadeaux non ? » S'enthousiasme Kagami.
- « Bin je t'ai trouvé il me semble. » Rétorque-t-il dédaigneux, faussement blasé.
Au sourire carnassier s'imprimant sur la face espiègle de Baka, il réalise le double sens de sa phrase. Une perle de sueur glacée coule alors dans son dos et le brasier du malaise l'envahit, incendiant ses joues. Et merde… À son plus grand soulagement, le dunkeur ne relève pas, se contentant de lui sourire encore, distrait.
- « Oui tu m'as trouvé. Je suppose que tu as mérité la dernière surprise... »
- « Honnêtement Bakagami, je me demande ce qui pourrait être au-dessus d'un voyage aux States… » Pense-t-il à haute voix, avant de compléter plus bas, presque dans un murmure : « J'avoue, t'as fait fort sur ce coup-là… »
- « Haha » Ricane le jeune homme gêné en se frottant la nuque. « Well… mieux je ne sais pas, à toi de voir... »
Daïki attend. Pensant que Kagami va se détourner de lui pour aller chercher un paquet ou quelque chose dans son sac de sport, mais il n'en fait rien. Suspendu à ses gestes, il ne bouge pas, ne dit rien. Il patiente, le cœur battant un peu plus vite lorsque les prunelles incandescentes de son père Noël reviennent s'arrimer aux siennes. Jamais il ne les a vu briller de la sorte. S'en est si troublant qu'il se fige, sans pouvoir détacher son regard de la flamme qu'il peut y voir danser.
- « Ferme les yeux. » Souffle Kagami d'une voix tremblante, hésitante. Contrastant radicalement avec l'expression de ses pupilles brûlantes de détermination.
Envouté autant par la voix basse et rauque qu'il reconnait à peine, que cette ferveur rutilante qu'il connait si bien, happant toute son attention, Daïki ne peut plus bouger. Rechignant à se détourner de sa contemplation, il tarde à obéir. Mais il finit par accéder à la requête du tigre, se doutant pourtant de la suite. Se surprenant même à l'attendre.
Les yeux clos, planté au milieu de leur terrain de basket préféré, Aomine a tous les autres sens en alerte. Il entend un bruissement feutré de vêtements. Kagami a dû bouger… Son parfum musqué venant délicieusement chatouiller ses narines lui confirme qu'il s'est rapproché de lui. Assez pour qu'il puisse sentir la chaleur de sa peau irradier son visage. L'envie d'ouvrir les yeux le dévore, son souffle s'est accéléré et s'échappe entre ses lèvres entrouvertes, impatientes. Et là, tandis que le temps s'étire, sous le regard de son tortionnaire qu'il imagine avide, il réalise l'ampleur de son désir.
À cet instant suspendu, ce qui le surprend plus que les lèvres de Kagami venant enfin effleurer les siennes, c'est de ne pas l'être. Alors il se demande si au fond de lui, il ne savait pas déjà, ne se languissait pas un peu ce qui est en train de se passer entre eux. Inconsciemment, ne l'avait-il pas depuis longtemps deviné ? Ce baiser, ne l'avait-il pas secrètement espéré ? Après tout, Kagami lui a offert plusieurs occasions de le voir ces dernières semaines. Et il n'en a saisie aucune. Comme pour laisser une chance à ce moment d'exister. D'être ce qu'il est.
Était-ce donc là le but de la manœuvre ? Lui faire comprendre au jour le jour et surtout par lui-même quelque chose que son ami n'osait dévoiler ? Il adore cette idée. Autant que la pression plus vive qu'exerce maintenant la bouche de ce dernier sur la sienne. Il aime ce baiser. Pourtant il n'y répond pas. Savourant seulement la chaleur et la saveur de Kagami. Dégustant cette timide tendresse qui ne lui ressemble tellement pas et qui le touche profondément. Se délectant de sa façon de l'apprivoiser. Il incline simplement la tête, l'autorisant par ce geste à approfondir le contact. Aomine se laisse approcher, il se laisse embrasser, comprenant toute l'importance de cet ultime cadeau. Celui que Taïga avait certainement eu le plus hâte de lui offrir. Celui pour lequel il avait déplacé des montagnes d'ingéniosité, pour être sûr d'avoir une chance de lui donner sans se faire rejeter. Celui pour lequel tous les autres n'était qu'un moyen de l'y préparer. Alors il l'accueil volontiers, naturellement, sereinement. Il le reçoit avec une extrême gratitude. Se surprenant maintenant à espérer que le temps s'arrête sur leurs lèvres ainsi scellées.
Malheureusement ce vœux-là n'est pas exaucé, et Taïga finit par se détacher de lui. Ses yeux rubis luisants le sondent, cherchant le moindre signe de répulsion. N'en trouvant aucun, ses joues se parent de couleurs qu'il doute venir du froid de décembre. Sa voix est rocailleuse d'émotion quand il souffle contre ses lèvres délaissées :
- « Merry Christmas Daïki… »
Il se sent rougir à son tour sous ce regard ardant. Son cœur tambourine à toute allure dans sa cage thoracique. Cherchant à s'enfuir. Au même rythme, des images défilent dans son esprit embrouillé. Tous les cadeaux de Taïga. Tellement équivoques maintenant, prenant un tout autre sens : celui de l'évidence. Et là devant lui, les bras ballants, il se sent affreusement con. Il a beau avoir deviné l'identité de son bienfaiteur, son mystérieux Santa, à aucun moment il n'a pensé à lui donner quoi que ce soit en retour. Ce n'est qu'ici face à lui, réchauffé par sa simple proximité qu'il réalise que tout est bien réel, authentique, loin du rêve qu'il vivait seul au quotidien. Que derrière chaque case, il y avait bel et bien Kagami. Que ce petit jeu n'en était pas un, et qu'il y avait vraiment mis tout son cœur. Honteux de son manque de discernement, de bienséance et de tact, il bafouille en se frottant l'arrière du crâne :
- « Je… désolé Taï. Je n'ai rien pour toi… »
Contre toute attente il voit le visage de Kagami s'illuminer. Sûrement son prénom qu'il a abrégé dans sa confusion, occultant les filtres de la raison et de la convenance, laissant libre cours à toute l'affection qu'il approuve pour ce gars, qu'il a pourtant l'impression de rencontrer pour la première fois.
- « Tu es venu. Et ça me suffit amplement. Mais … »
- « Mais ? » Demande-t-il, impatient de savoir comment il peut le remercier.
- « Mais si tu veux vraiment me faire plaisir… Il y aurait bien un truc… »
À ces mots, une folle lueur désintègre le voile embuant le regard de Kagami, ravivant les braises de témérité de ses prunelles d'une façon inquiétante. Suspicieux, et toujours embarrassé de son propre comportement, la panthère se renfrogne, méfiante :
- « Si tu crois que je vais t'offrir mon cul dès le premier jour tu rêves ! J'suis pas un mec facile… »
- Le tigre vire au cramoisie et rugit avec véhémence : « AHOMINE ! T'es qu'un sal pervers ! »
Il encaisse ce qui est censé être une insulte en balayant ses paroles d'un geste agacé, et Kagami soupir. Il se pince l'arête du nez pour retrouver son calme. Lorsqu'il y parvient il redresse son visage habillé d'un demi sourire et lui pose la dernière question à laquelle il aurait pu s'attendre :
- « Tu as prévu quoi après le diplôme ? »
- Il papillonne des yeux, surpris et après une brève réflexion il explique : « Je comptais m'inscrire à la fac du coin pour faire plaisir à mes parents, rater la première année par manque d'investissement personnel et rejoindre mon père à l'atelier pour prendre la relève. Ou passer le concours pour être flic. Je suis sûr que l'uniforme m'irait bien. »
Il voit distinctement l'étincelle d'intérêt passer dans le regard rêveur du fauve, mais ce dernier secoue la tête pour se ressaisir. Puis doucement, son sourire arrogant étire ses lèvres qu'il sait maintenant délicieuses. Celui que Taïga arbore quand il se croit plus malin que lui. Quand il s'apprête à lui sortir une pique des plus sarcastique ou bien après une vanne dont il est particulièrement fier.
- « Pourquoi j'ai l'impression que t'as mieux à me proposer… ? » Demande-t-il, pas dupe.
- « Well … Because I have ! » Jubile Bakagami en bombant le torse avant de lancer : « Tu te souviens du stage dont je t'ai parlé… »
- « Mouais… celui où Alex t'a eu une place cet été ? » Répond-il sans grand enthousiasme à ce souvenir.
- « Yeah exactly ! »
Sans prévenir, Santaïga se rapproche, comblant la maigre distance qu'ils avaient laissé entre eux et agrippe sa nuque pour poser son front contre le sien. Et il immerge ses volcans bouillonnants dans ses océans agités. Troublé par ce nouveau revirement, ce looping imprévu qui lui vrille les tripes, il ne peut qu'attendre la suite. Suspendu à ses lèvres, retenant son souffle déjà raccourci par leur intime et soudain contact.
- « Come with me… » Supplie Kagami dans un soupir presque inaudible.
- Il n'est pas certain de comprendre… Il se défait de sa prise d'un mouvement de recul et lance dégouté : « Quoi ? En vacances à L.A ? Pendant que tu seras en stage préparatoire pour la fac ? C'est pour ça les billets d'avion… Jouer les groupies ? »
- « Mais non Aho ! Viens faire le stage avec moi ! » s'exclame le tigre mi outré mi amusé par son laïus.
- « Mais… »
Saisissant son incompréhension, Kagami lui adresse un sourire rassurant. Doucement il s'approche à nouveau de lui, le regardant un peu par en dessous, s'assurant qu'il ne va pas le fuir au prochain pas. Quand bien même il en aurait envie, il ne pourrait pas. Complètement pétrifié par la proposition indécente qu'il vient d'entendre. La main chaude s'enroulant sur sa nuque le sort de sa détresse, et le pouce caressant la lisière de ses cheveux lui arrache un frisson. Toujours muet, il interroge son rival du regard.
- « Le stage de cet été c'est une porte d'entrée pour intégrer une fac avec une bourse sportive. Une façon de se faire repérer avant les autres. Et grâce à ses contacts dans la NBA, Alex m'a eu une place. » Explique patiemment Taïga.
Il hoche la tête pour signifier qu'il l'écoute, le cœur au bord des lèvres. Se concentrant sur les mots et le doigt effleurant sa peau.
- Alors le carmin poursuit : « Mais il existe une présélection pour ce stage. Au printemps. Dans plusieurs grandes villes du pays… »
Pas certain d'avoir bien saisit, il plonge dans le regard de braise. Cette pré-sélection, il est possible qu'il en ait vaguement entendu parler… Seulement le dossier d'inscription demandé l'avait complètement abattu, renvoyant son rêve au placard, enfouit sous une pile de carton, et il avait finit par prendre la poussière. Comme lui…
- « Jamais je n'aurais le niveau scolaire pour une bourse d'étude… Même si je passais miraculeusement la sélection ! » Proteste-t-il.
- « Tes notes on s'en branle Aho ! Ton dossier d'athlète les met tous à l'amande ! Tu serais fou de ne pas essayer ! » Réplique Taïga en resserrant sa main sur son cou pour appuyer ses propos. Puis d'un ton plus doux, presque coupable il avoue : « Ton dossier d'inscription est prêt de toute façon… il ne manque que l'autorisation parentale et un bon timbre… » Tente-t-il de plaisanter.
Sauf que cette tentative malhabile échoue. Ça ne le détend absolument pas ! Mais qu'a encore fait Kagami ?! Ok…Stop… S'en est trop, il veut descendre du manège. Ce tour là est beaucoup trop intense pour son cœur éprouvé. Un peu plus et l'organe malmené sort de sa poitrine pour démissionner sans préavis. Dossier d'inscription ou pas, il n'ira pas bien loin s'il crève là maintenant tout de suite. Désormais inquiet de son silence prolongé, le magouilleur de service le scrute, attendant une réponse, une réaction. Son esprit carbure à plein tube pour le satisfaire. Pourtant tout ce qu'il trouve à dire est inspiré d'une vision de ses parents…
- « Ils_ Ils ne voudront jamais. » Soupir-t-il, fataliste.
- Avec un rictus secret qui ne lui dit rien qui vaille, le comploteur réplique : « Qu'est-ce que t'en sais … tu leur as demandé ? »
- Il fronce les sourcils et marmonne : « Pas besoin… »
Taïga porte alors sa seconde main à sa nuque, l'obligeant par ce geste à le regarder dans les yeux. Devinant sûrement son bouleversement, pour l'empêcher de fuir encore, il raffermit sa prise. Mais son timbre est doux, caressant lorsqu'il l'implore :
- « Daïki please… Tu disais que tu n'avais rien pour moi. Et c'est tout ce que j'te demande. Fais signer l'autorisation à tes parents, et viens avec moi. »
L'émotion du tigre est palpable. Il entend sa voix se briser, il le voit fermer les yeux, et il le sent trembler quand il vient coller de nouveau son front au sien. Et soudain, sous le poids d'un Kagami au bord des larmes, il réalise… Il comprend qu'il est sacrément dans la merde. Il se sent déjà tellement reconnaissant pour les vingt-trois cadeaux que ce gars lui a fait. Mais si en plus il est capable de lui offrir la clé pour accéder à son rêve… il ne pourra tout simplement jamais rien lui refuser. Jamais. Et il ne peut décemment pas lui refuser ça. Une petite question toute simple à ses géniteurs… Ça le tétanise pourtant. Parce que pour l'instant, il ose à peine repenser à ce vieux machin poussiéreux sous la pile de carton. Il n'avait encore rien eu le temps d'imaginer de concret, de n'élaborer aucun plan pour atteindre son but, de ne faire aucune projection sur le long terme incluant le basket professionnel. Ça restait de l'ordre du théorique. Un doux rêve de gosse naïf vivant dans un monde utopique. Dans une bouteille, au dernier étage de la tour Eiffel, à compter les champs de « si » à ses pieds de fer. Mais la proposition de Taïga elle, semble être huit cases plus loin sur le chemin de la concrétisation, plus vivante et plus solide que le monument de métal dans son esprit. Et en même temps, d'une facilité bien trop alléchante pour être vraie…
Le cœur pulsant jusqu'à ses tempes, visiblement et heureusement pas encore décidé à abandonner son poste, il se risque à poser une question qui le taraude. Au-delà de tout le côté opérationnel et organisationnel de cette mission, il veut connaître les motivations de Kagami. En fait, il pense les avoir devinés… mais il a besoin de l'entendre de sa bouche. Pour y croire. Il s'accroche alors aux poignets encadrant toujours son visage, les cachant au reste de monde, se préparant ainsi tant bien que mal à la chute du haut des montagnes russes où il se trouve, puis tout bas il demande :
- « Pourquoi tu fais tout ça Taïga… ? »
- À l'entente de son prénom, il rouvre doucement des yeux embués pour lui répondre sur le ton de la confidence : « Because… I'll never let you drown Daïki… »
Ces mots … Ces mots qui résonnent dans sa tête pour s'insinuer dans tout son être, coulant jusqu'à son palpitant au bord de la crise, le faisant tressauter, vibrer, puis fondre complètement. Un nouvel avis de tempête trouble sa vision. Il peut en voir le reflet dans le miroir qu'est devenu le regard de Kagami.
Oh et puis merde … ! Depuis quand est-il du genre à avoir peur ? À reculer quand ça se complique ? Il aura bien le temps de flipper plus tard. Et puis, il est déjà sur le grand huit non ? … À cet instant, ses tripes ne lui hurlent qu'une seule chose, à lui en faire mal. Il laisse son cœur guider ses gestes, taire ses doutes, ses angoisses et ses craintes. Tout ce dont il a besoin maintenant, c'est de sentir encore les lèvres de Kagami sur les siennes. Alors il s'élance sur les rails, et les capture entre les siennes, l'entraînant avec lui dans ce looping infernal. Il l'embrasse avec la force de l'espoir que le tigre vient de raviver en lui. Pour sceller cette promesse qu'il est plus qu'heureux d'avoir bien interprété quand il a écouté le présent numéro dix.
Il entrouvre la bouche pour accueillir le gémissement de surprise et de satisfaction mêlées de Taïga. Épousant celle qui se fait plus curieuse, moins timide et moins chaste que la première fois. Doucement, ils se découvrent, prenant le temps d'explorer l'autre. Ils se rapprochent encore, jusqu'à ce que tous leurs corps se retrouvent au contact de l'autre. Des mains s'égarent, s'attardent quelque part, sur sa taille lui semble-t-il. Difficile à dire tant ses sens sont stimulés, tant son esprit est embrumé, et tant sa doudoune sur emplumée !
Jamais personne ne l'avait embrassé comme ça, avec tant de passion. Et jamais non plus il n'avait remarqué qu'on pouvait dire tant de chose sans aucun mot. Dans cet échange de plus en plus sulfureux, il peut ressentir toute l'adoration, la dévotion et le respect que Kagami lui porte. Cette déclaration silencieuse lui contracte violemment le ventre, fait pulser son sang dans ses veines d'une délicieuse façon, similaire et pourtant si différente de l'adrénaline coutumière qui le dévore pendant leur match. Le tigre embrasse vraiment bien. Il le dévore. Tellement qu'il en veut encore, il veut que ça dure, et surtout il veut lui rendre au moins un peu de tout ce que son rival lui a offert, volontairement et inconsciemment. Lui aussi, il veut lui dire sans dire, en espérant qu'il comprenne. Ses gestes dictés par la subite urgence de délivrer son message, il attrape fermement le col de Kagami pour l'attirer plus encore. Et il l'embrasse à son tour. Reprend les rênes de la danse de leurs lèvres, accélérant la cadence, y ajoutant sa langue. Du bout d'abord, il quémande un accès, caresse la bouche qui se retrousse en un sourire, accédant à sa demande. Puis il s'insinue dans la cavité chaude et douce, accueillante, enroule son membre buccal autour de celui qui vient à sa rencontre, joueur.
Kagami le sert alors dans ses bras, et son cœur s'affole un peu plus. Aomine s'applique à charger son étreinte de toute la gratitude, la reconnaissance et le besoin qu'il a du temps passé avec lui. En tant que rivaux, et aussi amis. Daïki déverse dans son baiser toute l'attraction, l'admiration, la passion qu'il éprouve pour lui : Taïga Kagami. La lumière qui a rendu ses couleurs à son monde, l'adversaire qu'il désespérait de trouver, le partenaire qu'il attendait.
Et voilà pour ce chapitre. C'est cette scène que j'ai imaginé en premier, et de laquelle découle toute l'histoire. J'y suis très attachée, et je ne pouvais plus la garder pour moi plus longtemps ^^
J'espère qu'elle vous a plu.
À très vite pour la fin des fins !
Setsuna: Un baiser... je compte ça en déclaration d'amour, sans compter tout le projet de Taïga... qui n'était finalement que ça ;) Bien joué. +1 pour toi !
