3 novembre 1984
Harry n'eut pas vraiment le temps de se remettre correctement sur pied puisque James tenait à ce qu'il soit bel et bien présent pour ses cours du lendemain. C'est ainsi qu'il passa le reste de sa journée à ingurgiter potions sur potions malgré les cris de Moby qui le priait de faire attention aux doses recommandées. Cependant Harry avait besoin de récupérer et vite. Il ne voulait pas être vu dans son état.
Cependant, ces tremblements étaient autres choses. Grâce au livre que Miller lui avait fait lire pour leur première leçon un an plus tôt, Harry savait que son père n'avait pas le droit de lui faire ça. Moby avait dit que parfois, les Sang-purs utilisaient encore les punitions physiques comme les coups sur les doigts ou les gifles en cas de grosse bêtise. Il comprenait ainsi pourquoi James donnait des coups de ceinture par moment, c'était juste un prolongement de la punition.
Mais cette fois-ci, il était allé trop loin. C'était contre la loi. Les personnes utilisant le sortilège du Doloris était punies et enfermées à Azkaban. Mais que pouvait-il y faire du haut de ses sept ans ? Dans un mois, il quitterait le manoir. Il ne verrait plus jamais James. Il n'aurait plus jamais à supporter cela. Tout serait fini. Il avait juste un mois à tenir. Un tout petit mois.
Une fois de plus, il fixa ses mains qui tremblaient encore très légèrement alors même qu'il ne ressentait plus aucune douleur. Malheureusement, soigner ces derniers nécessitaient une potion particulière qu'il ne possédait pas. De plus, demander à Moby de s'en procurer une quelque part ne ferait qu'éveiller les soupçons. Après tout, pourquoi aurait-il besoin d'une potion conçue pour contrer une malédiction interdite. Personne ne la lui vendrait et pire, le Ministère pourrait s'en mêler.
Il espérait seulement ne pas devoir trop écrire aujourd'hui et que cela se concentrerait sur des matières orales.
La leçon du jour se passa bien et Harry fut heureux de constater qu'en gardant son esprit aussi occupé, il avait réussi à oublier ses sombres pensées et la douleur qui traversait par moment son dos au contact des frottements de sa chemise. Les potions contre la douleur commençaient peu à peu à perdre de son effet.
« Puis-je me rendre aux toilettes professeur ? » demanda timidement Harry qui savait pertinemment que l'adulte détestait être interrompu pendant l'un de ses monologues sur les traditions Sang-Purs.
L'homme fixa son regard sur le jeune garçon pendant plusieurs longues secondes qui parurent durer des heures à Harry. Finalement, l'homme reprit là où il en était sans porter attention à son intervention. Contrairement aux autres fois où il demandait pour aller aux toilettes, sa jambe ne trépignait pas sous la table, cela ne devait donc pas être très urgent. Il ne restait plus qu'une demi-heure avant la fin du cours, le garçon allait devoir se retenir.
Dépité, Harry reprit sa prise de note là où il l'avait laissé. Il devrait attendre pour demander d'autres potions à Moby. Pourtant, la tâche fut de plus en plus complexe pour lui. Dix minutes plus tard, ses mains tremblaient tant qu'il peinait à tenir son stylo sans devoir s'y agripper fortement. De plus, son écriture qu'il s'efforçait à garder fine et fluide devint rapidement saccadé et illisible, ressemblant de plus en plus à des pattes de mouches.
Apparemment les potions contre la douleur agissaient aussi sur les effets secondaires du Doloris bien que partiellement. C'est pourquoi depuis quelques minutes tout lui revenait en pleine face et Harry songea qu'il aurait dû suivre les conseils de Moby. Il aurait dû suivre les doses recommandées.
Miller dut remarquer son trouble et le carnage qui se déroulait sur son parchemin, puisqu'il l'autorisa finalement à aller aux toilettes. Harry sortit donc de la bibliothèque d'un pas qu'il voulait calme puis détalla vers les toilettes seulement trois portes à côté. Là, il appela Moby qui lui apporta ses potions d'un air suspicieux. Il allait encore dépasser les doses journalières qui lui étaient recommandées, mais il n'avait vraiment pas le choix cette fois-ci.
Lorsque le cours prit fin, Miller s'assit en face de son élève et plongea son regard dans le sien. Ils allaient aborder un sujet très sérieux et il voulait que Harry le comprenne.
« Harry, est-ce qu'il s'est passé quelque chose dernièrement ? »
L'enfant se figea. Visiblement il savait où son professeur voulait en venir. Son regard se porta sur ses mains qu'il cacha rapidement sous la table. Miller fut surpris de son comportement, il pensait bien plus aux blessures qu'il devait porter sur son dos étant donné qu'il frissonnait à chaque frottement de tissus dessus. Comme par magie, il avait cessé cela en revenant des toilettes. Miller n'était pas bête, il avait très bien compris la situation et cela le décevait grandement de James.
« James ne vous l'a pas encore dit ? »
Miller se figea, il ne s'attendait pas à cela. Le garçon s'était plutôt bien rattrapé et cela le contraria quelque peu. Il n'aurait pas dû lui apprendre à changer de discussion discrètement, d'autant plus qu'il était habituellement très mauvais à cela.
« Qu'aurait-il dû me dire ?
- Les leçons vont s'arrêter, je ne sais plus trop quand. Je pensais qu'il vous l'aurait déjà dit.
- Pourquoi ? » se figea le professeur.
Il avait conscience que James ne l'appréciait pas plus que cela étant donné qu'il lui avait enseigné pendant quelques temps dans son enfance et avait par conséquent occupé une bonne partie de son temps libre. Pourtant, il pensait que cet homme saurait au moins reconnaître qu'il faisait du bon travail pour son fils.
« Je ne sais pas. » Il mentait, c'était évident. « Mais j'espère que vous serez de nouveau mon tuteur, un jour. » Cette fois-ci il était sincère.
« Bien sûr Harry, tu pourras faire appel à moi quand tu le voudras. »
Miller était satisfait même si cet enfant était vraiment étrange. Aucun de ses élèves n'avaient jamais voulu reprendre contact avec lui, sauf pour James, et cela l'avait toujours déçu. Bien qu'il ne l'avait pas montrer, Miller avait apprécié beaucoup de ses élèves et cela l'avait toujours blessé que ces derniers coupent brutalement les ponts avec lui à leur arrivée à Poudlard. Bien que strict, il n'était pas un monstre et aurait au moins mérité une lettre de remerciement ou d'au revoir. Cependant, il ne se laisserait pas distraire par Harry.
« Harry, nous savons tous les deux que ce n'est pas ce que je voulais dire.
- Non, je ne vois pas. Est-ce que le cours est terminé professeur ? Je dois aller chez mon parrain.
- Non ce n'est pas fini. Si tu me dis ce qu'il se passe, je pourrai t'aider Harry. Je te promets que je ne te laisserai pas ici avec lui si tu me fais part de ce qu'il s'est passé.
- Ça ne servira à rien. Je veux juste partir professeur. »
Harry se replia sur lui-même, comme si cela allait le protéger de l'extérieur. Soudain, les portes de la bibliothèque s'ouvrirent pour laisser place à James. Miller grogna, avec sa présence ici, il n'aurait plus l'occasion de parler avec Harry. Un soupir passa la barrière des lèvres de Miller, espérant pouvoir bientôt aider ce garçon à se sortir de ce mauvais pas.
« Harry, je vais raccompagner Mr. Miller aujourd'hui, nous devons parler. Tu peux partir. »
Harry obéit sagement, rangea ses affaires en moins d'une minute et salua son professeur avant de partir.
« Je vous remercie d'avoir pris soin de l'éducation de mon fils, cependant j'aimerai mettre fin à notre contrat. Je voudrai que les leçons s'arrêtent dans deux semaines. Bien sûr je payerai les indemnités pour la rupture du contrat. »
Miller, sous le choc de la nouvelle ne put que hocher de la tête. Bien que Harry lui en avait parlé un peu plus tôt, il ne pensait pas qu'il ne lui restait que deux semaines avant de le quitter. Il pensait pourtant que son employeur était satisfait de son travail. De plus, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vu un étudiant aussi travailleur et sage que Harry, surtout à un âge aussi jeune. Il aurait aimé pouvoir le suivre jusqu'à son arrivée à Poudlard.
C'est avec amertume qu'il pénétra finalement dans la cheminée et rentra chez lui. En plus de perdre un très bon élève, il avait peur de savoir ce qu'allait devenir le garçon si c'était son père qui reprenait son éducation. Mais il ne pouvait pas agir, il avait déjà tenté mais sa demande auprès du ministère de l'Enfance s'était vu rejetée. James avait dû en entendre parler et se charger de faire disparaître cette dernière. Peut-être était-ce la raison de son renvoi.
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Même journée.
A peine Harry avait-il été libéré de son professeur qu'il décida de quitter le manoir Potter. Il ne voulait pas voire encore davantage James aujourd'hui et surtout, sa présence dans le manoir le terrifiait. De plus, il avait besoin de réponse, il voulait savoir pourquoi est-ce que Remus n'avait pas obtenu sa garde. Pourquoi il n'avait pas voulu de lui.
Harry décida de faire au plus rapide et demanda ainsi à Moby de le faire transplaner près de l'appartement de Remus à Londres dans le quartier de Tottenham. Contrairement au transplanage d'escorte sorcier, celui des elfes de maison n'était pas nocif pour les enfants, bien au contraire. Cependant escorter un individu leur demandait beaucoup d'effort, c'est pourquoi les sorciers évitaient de trop leur demander de les transporter.
Heureusement pour lui, Remus n'avait jamais jugé utile de lui reprendre la clé de son appartement qu'il avait confié quelques mois plus tôt à Harry malgré les trop nombreuses farces que Thomas et lui avaient préparé pour ses retours du travail. Après tout il ne tenait pas à ce qu'ils volent constamment celle de James et finissent par la perdre.
Ainsi Harry était arrivé là-bas vers 18h, ce qui lui laissait quelques heures pour acheter dans la boulangerie du coin de la rue toutes sortes de viennoiserie et sucreries. Après tout son ventre était bien plus semblable à un sac sans fond qu'à un estomac, il serait donc facile pour lui de manger en quasi non-stop jusqu'à l'arrivée de Remus. Surtout que manger l'aidait à gérer son angoisse.
Ce fut seulement aux alentours de minuit que Harry fut finalement sorti de sa lecture qu'il avait heureusement pensé à emporter avec lui. Il fut d'ailleurs surpris de remarquer que son parrain était en très charmante compagnie et que sa bouche n'était visiblement pas décidée à quitter celle de la demoiselle. Son esprit se reconnecta à la réalité qu'au moment où la jeune femme glissa une main parfaitement manucurée dans le pantalon de Lupin.
Ne voulant pas le déranger, il alla se cacher dans sa chambre sans être vu et enfonça son casque sur sa tête afin de ne pas entendre les deux adultes. Il savait très bien ce qu'ils allaient faire, James l'avait un jour fait dans le salon et heureusement, Thomas n'avait rien vu contrairement à lui. C'est dans ces moments-là qu'il bénissait ses bons réflexes qui lui avait permis de placer une main sur les yeux de Thomas.
Harry augmenta rapidement le volume à fond de son Discman. Malheureusement pour lui, ce dernier ne pouvait pas fonctionner au manoir à cause de la grande concentration de magie. Cependant Remus avait accepté qu'il le garde dans son appartement. Il finit par s'endormir, bercé par la musique résonnant dans ses oreilles.
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4 novembre 1984 (le lendemain)
Harry sembla se réveiller en premier puisqu'il ne trouva aucune trace de son parrain dans l'appartement. Ce n'était pas vraiment étonnant puisque ce dernier ne commençait pas avant 10h le jeudi et qu'il n'était que 7h pour le moment. Cependant, il voulait absolument lui parler et ne comptait donc pas partir en douce.
N'ayant pas pris de douche la veille puisqu'il avait dû effectuer une retraite stratégique dans sa chambre, Harry décida de la prendre le matin. Une fois dans la salle de bain, il remarqua divers produits de beauté qui lui firent comprendre que ce n'était pas juste une compagnie d'un soir comme son père le faisait. Cette femme était la petite-amie de Remus. Ils vivaient ensemble, ou presque. Du moins la jeune femme se sentait assez à l'aise pour laisser certaines de ses affaires chez son parrain.
Une fois sa douche prise, Harry décida d'obéir à son estomac qui criait famine. Ne sachant pas encore cuisiner à son jeune âge, il descendit dans la boulangerie juste en face de l'immeuble et acheta quelques croissants à la vendeuse. Il aurait préféré manger des œufs au plat ou du bacon grillé avec des toasts. Cependant Remus refusait qu'il utilise la gazinière et Harry ne comptait pas lui désobéir.
Une fois de retour dans l'appartement, il s'installa devant la télévision et regarda les dessins animés du matin. Cette fois-ci, c'était l'anime Cobra qui passait à l'écran. Harry l'aimait bien, il avait la classe avec son bras mécanique et son vaisseau spatial. Cependant, il s'agissait d'un épisode qu'il avait déjà vu, peut-être était-ce une rediffusion. Il décida donc de laisser la télévision allumée comme fond sonore, tandis qu'il prenait l'un de ses livres d'exercices Moldus dans sa chambre pour s'occuper. Il ne pouvait pas prendre un livre de potion ou de métamorphose s'il ne voulait pas risquer de se faire prendre par la Moldue présente dans l'appartement.
Ce ne fut qu'une vingtaine de minutes plus tard qu'il fut sorti de son visionnage. En effet, la femme s'était apparemment réveillée et poussa un cri de surprise en le voyant. Apparemment elle ne s'attendait pas à découvrir un enfant dans le salon de son petit-ami. Rapidement, Remus débarqua derrière elle, cherchant le danger du regard. Cependant il se radoucit rapidement en découvrant son filleul la bouche pleine et qui regardait la femme d'un air surpris. Puis, sa compagne se tourna vers lui et lui lança un regard noir.
« Tu aurais pu me prévenir que tu avais un fils quand même !
- Ce n'est pas mon fils Mélanie. » S'empressa de la détromper Remus.
« C'est mon parrain. » le soutint Harry.
C'est alors que Remus sembla réellement prendre conscience de la présence de son filleul sur son canapé. Mais qu'est-ce qu'il pouvait bien faire-là. N'était-il pas censé avoir cours aujourd'hui, en pleine semaine.
« J'ai fugué.
- Quoi ?! » s'exclamèrent les deux adultes en cœur.
« Enfin, ce n'est pas vraiment une fugue, j'ai dit à Thomas et Moby où j'allais. J'ai prévenu mon professeur que j'ai eu une urgence familiale aujourd'hui et c'est le chauffeur de James qui m'a emmené ici. »
Ce n'était pas vraiment un chauffeur, mais il se voyait mal dire à la jeune femme que c'était un elfe de maison qui l'avait fait transplaner de son manoir jusqu'à Tottenham Hale en seulement quelques secondes. La jeune femme semblait éberluer de savoir qu'un enfant de cet âge pouvait se comporter de façon aussi responsable dans son irresponsabilité.
Remus savait très bien pourquoi Harry était venu. James avait dû le mettre au courant de tout et Harry devait vouloir des réponses désormais. Cependant, il ne pouvait pas les lui fournir, pas maintenant. Il n'aurait pas le temps et il n'avait pas non plus envie de parler de cela devant Mélanie. Elle n'était pas au courant pour leur monde et il ne tenait à ce que cela soit le cas. De toute façon, ce n'était pas sérieux entre eux. Ils le savaient tous deux très bien puisqu'elle repartirait aux Etats-Unis dans moins d'un an, à la fin de ses études.
Harry sembla comprendre sa gêne puisqu'il n'aborda pas le sujet. A la place, il se détourna pour continuer d'écrire dans son cahier.
« Vous voulez des croissants ? Je suis allée en chercher à la boulangerie. Remus, tu pourrais me faire un chocolat chaud ? Le micro-ondes est trop haut pour moi.
- Oui oui bien sûr Harry. Tu veux un café Mélanie ?
- Oui je veux bien. Merci Remus. »
En attendant son café, la jeune femme alla s'asseoir sur le canapé à côté de Harry et observa quelques instants la télé à ses côtés. Il avait enfin délaissé son cahier d'exercice puisqu'un nouvel épisode de Cobra venait de commencer. Il n'avait pas vu celui-là contrairement au précédent.
« Tu es arrivée à quelle heure ? Nous ne t'avons pas entendu entrer. Tu aurais dû nous réveiller. » sourit la jeune femme.
« Je suis arrivée hier vers 18h. » Mélanie pâlit.
« Tu devais dormir alors quand nous sommes rentrés ? » demanda-t-elle nerveusement.
Remus arriva en même temps et son expression donnait l'impression qu'il avait croqué dans un citron. Cela amusa Harry qui continua sur un ton nonchalant tout en fixant à nouveau le petit écran.
« Non, j'étais sur le canapé. Mais je n'ai presque rien vu, je suis allée dans ma chambre. Ne vous en faites pas, j'ai mis mon casque donc je n'ai rien entendu non plus. »
Remus s'étouffa dans son café. Harry n'était pas sensé savoir ce genre de chose. Ce n'était qu'un enfant. A son âge, il était encore au stade où il demandait à ses parents pourquoi ils étaient tous nus dans leur lit ou pourquoi maman criait sur papa. Jamais un enfant ne devrait avoir à connaître ce genre de pratique. Mélanie elle devint rouge vif et s'enfonça dans le canapé comme pour disparaître.
« Ce n'est pas grave, James ramène souvent des femmes à la maison. Je dis juste à Thomas d'éviter de quitter notre étage pendant la nuit.
- Qui sont James et Thomas ? » demanda finalement Mélanie pour changer de sujet.
« James c'est mon père et Thomas c'est mon petit-frère. Il est trop mignon, je vais chercher une photo dans ma chambre ! » s'exclama-t-il en sautant du canapé.
Il revint quelques instants plus tard avec quelques photos Moldus en main et Mélanie s'empressa de les regarder. Elle s'étouffa presque de rire lorsqu'elle vit celle où Remus, Thomas et Harry portaient respectivement des oreilles de loup, de chat et de lapin. Ils étaient installés sur des chevaux d'un manège pour enfant et souriaient joyeusement au photographe, certainement un passant. Sur d'autres, ils mangeaient des crêpes ou nageaient à la plage, les deux garçons en combinaison, certainement pour éviter les coups de soleil.
« Ton frère semble très mignon.
- On vient passer la journée ici tous les dimanches, tu peux venir si tu veux. On regarde Dragon Ball.
- J'en serai ravi, merci. » lui sourit Mélanie. « Au fait, pourquoi es-tu parti de chez toi ?
- Je me suis disputé avec James et je voulais regarder la télé.
- Il t'a privé de télé ? »
Mélanie semblait quelque peu circonspecte. Elle se sentait mal à l'aise à l'idée de laisser un enfant devant la télé alors qu'il avait visiblement fait une bêtise. Elle voulait devenir institutrice et savait donc parfaitement à quelle point les punitions étaient importantes. Elle n'aimait pas les enfants gâtés.
« Pourquoi tu t'es disputé avec ton papa ?
- Il a dit qu'il ne voulait plus me voir, alors il va bientôt m'envoyer chez ma grand-mère. Je suis juste triste de ne plus voir mon frère. Alors je voulais regarder la télé pour me changer les idées. Tu te rends compte, on a trois salons, six chambres, cinq pièces vide, un grenier, deux salles à manger, une salle de bal et trois bureaux. Mais on n'a pas une seule télé, on a juste une grande bibliothèque. D'habitude on ne regarde que la télé le dimanche chez Remus.
- Tu vis dans une sorte de villa ?
- C'est quoi une villa ?
- C'est un manoir qui n'a pas été construit il y a longtemps. Une villa n'a pas autant d'histoire. » expliqua Remus tant bien que mal. Il ne voyait en réalité que cette différence entre ces deux mots. « Harry ne vit pas dans une villa mais un manoir familial. Son père en a hérité à la mort de ses parents. »
Cette fois-ci il s'était tourné vers Mélanie pour lui expliquer la situation.
Les deux adultes continuèrent à discuter quelques temps avant que Mélanie ne doive partir pour son université. Remus quant à lui ne pourrait guère rester plus longtemps à cause de son travail. Cependant Harry lui assura que cela ne le dérangeait pas de rester seul à l'appartement et qu'au moindre problème, il appellerait Moby pour l'aider.
Une fois certain que son filleul ne manquerait de rien pendant la journée, Remus put finalement partir travailler, laissant le garçon devant la télévision. Il n'aimait pas vraiment le laisser trop longtemps devant l'écran, cependant il n'avait pas vraiment d'autres jeux pour qu'un enfant seul s'occupe toute la journée.
Remus ne rentra que bien plus tard dans la soirée, Harry avait déjà mangé et avait même pris sa douche ce qui le ravit. Quant à lui, il avait mangé dans la demi-heure qui séparait son travail Moldu dans une librairie et celui dans un bar de l'Allée des Embrumes. Il n'y avait que là-bas que les sorciers acceptaient de l'embaucher.
Remus prit lui aussi une douche rapide avant de rejoindre son filleul. Il redoutait la confrontation et tentait de la repousser tant bien que mal. Cependant il ne pourrait pas y échapper et son comportement devait blesser un peu plus Harry. Il ne pouvait pas continuer d'essayer de l'éviter.
Remus alla se chercher une bière Moldue dans son frigo avant de rejoindre Harry dans le salon. Il allait bien avoir besoin de ça pour surmonter cette discussion puisqu'un alcool plus fort était proscrit devant un enfant. Sentant que le stress commençait à former une boule au creux de son ventre, Remus décapsula sa bière en but une gorger.
« Tu vas vraiment la boire ?
- Bien sûr, tu as peur que ça suffise à me faire oublier notre conversation demain matin ? »
Harry répondit par la négative, bien que son regard ne semblât pas très assuré. Pour l'instant, la seule référence d'adulte qui buvait de l'alcool était son père et cela ne se finissait jamais bien pour lui. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi Remus en buvait, après tout pour lui cela rendait simplement méchant.
« Je suppose que tu as beaucoup de questions ?
- Depuis quand es-tu au courant ? » Demanda et accusa en même temps Harry au bout de quelques secondes de réflexion.
« Eh bien, pour commencer on ne peut pas vraiment dire que j'ai réellement été consulté par James. Je n'arrive pas à accepter son comportement. Certes ça va permettre de refaire naître le nom Black étant donné que Walburga ou un quelconque autre Black ne risque plus d'avoir d'enfant, le titre d'héritier allait donc forcément te revenir. Mais même si le siège du Magenmagot allait être récupéré à ta majorité, le nom allait entièrement disparaître après leurs morts. Pourtant je pense toujours que ressusciter un nom qui n'est même pas le sien ne vaut pas la peine de sacrifier son fils, d'autant plus que personne ne se plaint vraiment de la disparition des Black, ce n'est pas vraiment la famille la plus appréciée tu vois. J'ai essayé de le faire changer d'avis, des centaines de fois même, mais je ne peux pas m'opposer à ses choix. J'ai même essayé de le convaincre de me confier ta garde, mais il est trop buté pour ne serait-ce que m'écouter. »
Lorsque Remus termina son monologue, un long silence s'installa dans la pièce. Les deux sorciers ne se quittèrent pas du regard, Harry tentant de savoir s'il était sincère et Remus essayant de transmettre toute sa bonne volonté à son filleul. Après quelques longues minutes sans le moindre signe de réaction, Harry finit enfin par sembler comprendre les paroles de son parrain puisqu'il se laissa enfin aller, maintenant certain que cet homme ne l'avait pas trahi.
Les premières larmes de soulagement, de joie, de tristesse, de stress et de bien d'autres sentiments compliqués commencèrent à envahir les yeux métalliques de l'enfant et ses joues encore un peu potelées par l'enfance. Il ne fallut que quelques secondes de plus à Harry pour sauter de son canapé, grimper sur les genoux de son oncle et enfuir son visage contre le torse de l'homme. Les deux garçons restèrent ainsi plusieurs minutes avant que Harry ne brise le silence.
« Est-ce que tu pourrais me parler de maman. Papa parle juste d'elle pour l'insulter, mais il ne m'a jamais dit pourquoi.
- Tu es sûr Harry ? Je n'étais pas vraiment proche d'elle à Poudlard et on était dans des camps opposés pendant la guerre.
- Oui, je veux savoir comment elle était, même si ce n'était pas une gentille personne. Tu pourrais aussi me parler de Lily ?
- Alors, par où commencer. Eh bien, Aquila est née le 31 janvier 1954. Elle était la fierté de ses parents, elle réussissait tout mieux que tout le monde et avant les autres. Elle était ce que les adultes appelaient un génie. D'après ce que Sirius me disait à l'époque, Walburga n'arrêtait pas de se plaindre auprès de lui parce que ça aurait été tellement mieux qu'Aquila soit un garçon et l'héritier à sa place. Même si c'était sa grande sœur, ils n'étaient pas très proches. Après tout, lorsqu'il venait d'avoir cinq ans elle entrait déjà à Poudlard.
Comme tous les Black, elle a été répartie à Serpentard, elle s'entendait d'ailleurs très bien avec sa cousine Bellatrix puisqu'elle n'avait que trois ans d'écart. Elles étaient toujours ensemble avec leur groupe d'amis sur les photos de Poudlard qu'elle envoyait à ses parents. Quand nous sommes entrés à Poudlard et que Sirius a été réparti à Gryffondor, elle s'est presque ruée sur lui pour le frapper, heureusement que son petit-ami de l'époque, Rabastan Lestrange, était là pour l'arrêter.
Plus tard dans l'année scolaire, James et Sirius leur avaient fait beaucoup de blagues à elle et ses amis, mais ne t'en fais, elle le leur renvoyait bien. Enfin ça, c'était jusqu'au jour où Aquila et James reçoivent chacun une beuglante d'Orion et Fleamont. C'est comme ça qu'ils ont appris en même temps que toute la Grande Salle qu'ils étaient fiancés depuis les deux ans de James et qu'ils avaient intérêt à se tenir à carreau dorénavant. Bien sûr, cela ne nous a pas pris beaucoup de temps avant qu'on ne recommence à se taper tous joyeusement dessus.
Mais nos années d'insouciance n'ont pas duré bien longtemps. A peine Aquila a-t-elle quitté Poudlard qu'elle s'est enrôlée auprès de Tu-Sais-Qui. Elle était l'une de ses plus fidèles servantes avec Bellatrix.
Le contrat avait été écrit avant que le Voldemort ne devienne une réelle menace pour le monde sorcier, alors Fleamont ne s'était pas douté un seul instant que ce mariage entre familles puissantes puisse être comme passer la corde au cou de son fils.
Cependant tout devint plus compliqué pendant notre quatrième année. Alors que jusqu'à maintenant James et Lily se haïssait, James se mit à trouver les remontrances de Lily bien plus séduisantes qu'agaçantes comme il le disait encore quelques mois plus tôt. Mais ce n'était pas réciproque et puis tout le monde savait que cette petite histoire d'amour ne pourrait de toute façon pas se poursuivre après notre cinquième année puisque le mariage entre Aquila et James était programmé pour l'été avant notre sixième année puisqu'il n'y a pas besoin d'être majeur chez les sorciers pour se marier.
Pourtant James n'a jamais abandonné l'idée de charmer la belle Evans, après tout sa future femme était elle aussi en couple avec Lestrange n2 depuis plus de cinq ans, bien qu'elle l'avait quitté pour faire bonne figure devant leurs familles. Et puis de toute façon ils s'étaient mis d'accord pour que leur mariage ne soit qu'une apparence, mais qu'après les deux héritiers voulus par le contrat de mariage nés, ils pourraient chacun faire sa vie amoureuse de son côté.
Lily était vraiment la femme parfaite pour tous les garçons de Poudlard, elle était aussi belle qu'un ange, gentille avec tout le monde et plus douées que tous les Sangs-Purs de notre âge. Je dois avouer que moi aussi j'aurai aimé avoir une petite-amie comme ça. Mais finalement elle avait elle aussi un défaut, elle était très rancunière et encore plus envers ceux qu'elle aimait. Elle était amie depuis son enfance avec Severus Snape, un Serpentard, certaines rumeurs disaient même qu'ils étaient sortis ensemble quelques mois.
Mais elle a fini par décider de couper les ponts avec lui après l'avoir insulté de Sang-de-Bourbe alors qu'on était en train de l'embêter. Tu sais j'ai beaucoup de regret Harry et l'un d'eux est de n'avoir jamais empêché James et Sirius d'être aussi horrible avec lui, il était peut-être un Serpentard mais il ne méritait pas toutes les misères qu'on lui a faites subir. S'il te plaît, ne devient jamais un harceleur quand tu seras à Poudlard. C'est vraiment horrible les conséquences que ça peut avoir sur la vie de la victime.
Enfin bref, Snape et Lily se sont disputés et comme ce dernier n'aimait pas du tout James elle s'en est rapprochée. Même si au début ses intentions n'étaient pas très louables, ils ont fini par tomber irrémédiablement amoureux l'un de l'autre en seulement quelques mois. Ils se sont alors promis que dès que James aurait donné ses deux enfants à Aquila, ils divorceraient et se remariaient ensemble.
Alors pour tenir sa promesse, James a proposé à Aquila, qui avait déjà fini ses études supérieures, d'essayer d'avoir leur premier enfant le plus rapidement possible après leur mariage. Ils se donnaient donc rendez-vous à Pré-au-Lard plusieurs fois par mois à la Tête de Sanglier. Et c'est comme ça qu'ils ont réussi à t'avoir en fin janvier.
Après ça ils ne se sont plus jamais revus. James n'a pas pu venir assister à ta naissance parce qu'il avait un match de Quidditch le lendemain et comme tu es né en pleine nuit, il ne pouvait pas louper trop d'heure de sommeil. En fait je crois qu'il n'était vraiment pas fait pour être père aussi jeune. Louper la naissance de son propre fils, quel boulet.
Mais maintenant je suis fier de pouvoir dire que c'est moi, ton parrain, qui tenait la main de ta mère pendant qu'elle accouchait et surtout, que c'est moi la première personne à avoir pu te tenir dans mes bras. Cela valait la peine de me prendre une rouste par McGonagall parce que je ne m'étais pas présenté pour commenter le match. Habituellement c'était le poste de Sirius, mais il était puni ce jour-là alors il avait été prévu que je le remplace. Il fut d'ailleurs puni deux semaines de plus parce qu'il s'était enfouit de Poudlard avec moi.
Tu sais lorsque James m'a annoncé que je serai ton parrain, j'ai d'abord été le plus heureux des hommes. Mais après j'en avais compris la raison et cela m'a déçu. Il voulait simplement que Sirius, son presque frère, devienne le parrain de son futur enfant avec Lily, alors il ne pouvait pas être le tien. Je ne sais pas ce qui l'a fait choisir entre Peter ou moi, mais je m'en fiche et je suis content qu'il m'ait choisi.
Quand Aquila a accouché, j'ai appris que ses propres parents étaient en France en ne pouvait donc pas l'accompagner. Alors j'ai pris mon courage à deux mains et je me suis rendue à Ste-Mangouste. Aquila avait l'air si perdue, si seule et si effrayée que je n'ai même pas osé démentir la sage-femme lorsqu'elle m'a appelé le père de l'enfant, Sirius ressemblait beaucoup trop à Aquila pour ne pas deviner qu'ils étaient frères et sœurs.
Même si James voulait déjà commencer à concevoir leur deuxième enfant, Aquila lui a rapidement dit d'aller joliment se faire voir parce qu'elle, elle n'arrivait pas à suivre le rythme. Elle voulait au moins un an de repos afin que son corps puisse récupérer.
Sirius et moi nous enfuyons le plus souvent possible en cachette pour prendre le Magicobus et rejoindre Aquila et toi. Mais nous ne pouvions pas te voir très souvent et je ne sais pas vraiment comment elle s'occupait de toi. Mais je pense que tu devais être heureux, en tout cas tu avais toujours l'air de beaucoup t'amuser sur les photos de toi qu'elle nous montrait.
Tu sais avant ta naissance, je ne l'ai jamais vraiment considéré comme une personne mais juste comme une Mangemorte sanguinaire qu'il fallait à tout prix enfermer à Azkaban. Pourtant lorsqu'elle te tenait dans ses bras, ça se voyait que même si tu n'étais pas vraiment dans ses plans et même si elle haïssait ton père, tu restais tout de même son fils et elle t'aimait profondément.
Alors on a enfin commencé à parler, parfois de Quidditch, parfois des cours, parfois de son travail d'herbologue ou juste des derniers ragots sur telle ou telle personne. Mais jamais de sujets sérieux. Elle savait que Sirius voulait devenir Auror et que moi-même je comptais m'enrôler dès ma sortie de Poudlard auprès de l'Ordre du Phœnix. Quant à nous, on savait que le soir venu, elle enfilait ses vêtements de Mangemorte, torturait et tuait des innocents. Alors on ne parlait pas de ça.
Tu étais vraiment adorable, même si Aquila se plaignait tout le temps que tu avais tout pris des Potter, que ce soient tes cheveux bruns et ton visage carré de Fleamont ou bien tes petites fossettes d'Euphemia. Votre seul point commun était vos yeux gris, cependant elle pensait que tu les perdrais rapidement comme tous les bébés.
Enfin bref, je ne lui ai parlé qu'une seule fois de ses actions de Mangemorte. C'était le jour de tes un an. Sirius et moi étions passés dans la matinée étant donné que c'était un dimanche, et comme nous n'étions plus à Poudlard, on pouvait te rendre visite autant de fois que nous le voulions.
Nous savions tous les trois qu'il y aurait un raid le soir même, les Aurors avaient réussi à récupérer quelques informations suite à la capture d'un Mangemort. Alors je lui ai demandé de rester à la maison ce soir-là, parce que c'était ton anniversaire. Mais la vraie raison était qu'avec le début de sa formation d'Auror, Sirius allait forcément être appelé pour défendre le Chemin de Traverse tout comme moi en tant que résistant et je ne voulais pas avoir à me dresser face à elle.
Le ton est rapidement monté entre nous et j'ai fini par lui dire tout simplement qu'elle devrait faire comme toutes les mères des deux camps et rester chez elle avec toi. Après tout c'est un peu comme une tradition ancestrale, l'homme va au combat et la femme s'occupe de ses enfants. Mais elle voulait être indépendante et refusait de perdre la face contre sa cousine Bellatrix qui continuait à servir leur foutu Maître malgré son mariage. Alors elle t'a embrassé sur le front, fourré dans les bras de sa mère qui était là pour l'occasion et est partie en claquant la porte.
Je ne l'ai pas revu de toute la journée malgré mes recherches et c'est seulement le soir même que je l'ai revu. Elle était sur le champ de bataille comme elle me l'avait dit. Je ne l'ai pas tout de suite reconnu, je pensais qu'il s'agissait de Bellatrix. Elles se ressemblaient tellement, les mêmes cheveux, les mêmes mouvements, les mêmes sortilèges et même leurs baguettes semblaient par moment identiques. C'est seulement lorsque je l'ai remis à un Auror pour retirer son masque que j'ai réalisé que ce n'était pas Bellatrix. J'ai d'abord pensé à la libérer pour l'aider à s'enfouir, mais d'autres Aurors l'avaient déjà prise en charge. Je suis le pire parrain possible, c'est moi qui ai envoyé Aquila à Azkaban. »
Remus serra un peu plus fort son filleul dans ses bras. Il semblait réellement regretter son geste et cela devait lui peser terriblement sur la conscience. Il lui fallut quelques temps avant qu'il ne puisse reprendre son histoire.
« Après ça, James a hérité de ta garde, mais il était allé aux Etats-Unis avec Lily pendant un an pour poursuivre leurs études, tu es donc allé vivre chez tes grands-parents Fleamont et Euphemia. Ils en étaient plus que ravis d'ailleurs, après tout ils rendaient parfois visite à Aquila pour te voir et ils t'adoraient déjà de tout leur cœur.
James, même de l'autre côté de l'océan, a pu entamer les procédures de divorce, après tout avoir une femme emprisonnée à vie équivalait à être marié à une défunte. Et c'est ainsi qu'en décembre 1978, Lily et James se marièrent à leur tour pendant leur rapide retour au pays pour les fêtes de fin d'année.
Un peu plus d'un mois plus tard, tes grands-parents sont décédés et James accepta enfin de s'occuper de toi sous mon insistance, celle de Sirius et celle de Lily. Au départ, Lily avait beaucoup de mal à trouver la bonne attitude avec toi. Mais elle a finalement réussi à te considérer comme son propre fils au bout de quelques mois. Peut-être que le fait d'être enceinte et de devoir rester toute la journée à la maison avec toi l'a bien aidé à se rapprocher de toi. C'est comme ça qu'est né Tom. Et après tu connais la suite, mais je peux te garantir que Lily t'aimait vraiment, et autant que Tom. D'accord ? »
Harry ne répondit pas pendant un long moment, si bien que Remus cru un instant qu'il avait réussi à l'endormir avec son baratin. Cependant il entendit parfait la réponse chuchotée de Harry.
« Non, c'est faux.
- Et comment est-ce que tu pourrais le savoir ? Ecoute un peu ton parrain pour une fois.
- Non, je m'en souviens… elle l'a dit. Elle me l'a dit.
- Tu t'en souviens ? » demanda Remus abasourdi. Comment pouvait-il encore avoir des souvenirs de cette époque alors qu'il ne devait même pas avoir quatre ans.
« Ce soir-là, il faisait vraiment moche dehors, il pleuvait vraiment beaucoup. Mais j'étais content parce que j'avais reçu un livre d'image sur les créatures magiques et un ours en peluche qui faisait plus de trois fois ma taille, pour fêter mon anniversaire. Je sais que le soir, j'avais pris Tommy sur mes genoux, pour lui montrer les images de mon livre.
Mais le troll lui avait fait tellement peur qu'il s'est mis à pleurer. Je n'avais pas le droit d'empêcher Tommy de dormir, du coup je l'ai rapidement reposé sur son lit en lui fourrant le plus de peluches possible dans les mains. J'étais sur le point d'atteindre mon lit quand Lily a ouvert la porte. Mais pendant qu'elle me disputait il y a eu un grand boom.
Lily s'est approchée de Tommy et a dessiné des cercles autour d'eux deux et puis elle disait des formules magiques bizarres. Mais elle n'a pas eu le temps de terminer, il y a eu un grand homme habillé tout en noir qui est rentré dans la pièce et il a parlé de plein de truc ennuyeux, je n'ai pas vraiment fait attention à ce qu'il disait, j'avais trop peur. Et puis Lily n'arrêtait pas de dire « pas mon fils, s'il vous plaît. » Mais pour moi elle n'a fait aucune prière.
Quand il m'a vu, il m'a lancé un sortilège rouge Endoloris. Je le connais bien ce sort-là. » marmonna Harry avant de reprendre un peu plus fort. « J'avais tellement mal, mais Lily n'a même pas bougé pour m'aider et quand l'homme lui a demandé quand est-ce qu'elle allait enfin se décider à aider son fils, elle a juste dit que peu importe à qu'elle point elle m'aimait, elle ne pouvait pas abandonner la protection de Tommy pour essayer de me venir en aide ou me sauver. Après ça, je crois qu'il a lancé un éclair vert, je ne me souviens plus trop du nom. Abada Kedada ?
- C'est Avada Kedavra. » Le rectifia Remus. « Mais tu n'as pas besoin de t'en souvenir de celui-là.
- D'accord. Après ça Lily est tombée au sol, Tu-Sais-Qui a lancé une autre fois le sort mais je me suis évanoui au moment où il allait toucher Tommy. Tu vois, elle ne m'aimait pas autant que lui. » conclut l'enfant en larmes.
Ne sachant comment réagir à cette aveux, Remus se contenta de le serrer plus fort contre son torse.
« Je me dois de te demander Harry, mais est-ce que tu as d'autres souvenirs de quand tu étais petit, c'est très rare ce genre de don tu sais.
- Et bien, je me souviens de la mort de papy et mamie et de ma morsure. Mais je n'ai pas envie d'en parler. Après j'ai quelques autres souvenirs, comme les yeux gris de maman, ils ne sont pas vraiment comme ceux que j'ai, mais un peu plus clairs. Il y a aussi la fois où je me suis brûlé la main en essayant de voler des brownies dans le four. Et puis il y a aussi une immense serre avec plein de fleurs et plantes bizarres, même si je ne me souviens plus vraiment où j'ai vu ça… » réfléchit à voix haute Harry.
« C'est le jardin d'Aquila, je te l'ai dit, elle était herbologue. C'est-à-dire qu'elle répertoriait des plantes, écrivaient des livres dessus et les cultivaient pour ensuite les vendre à des potionniste, des hôpitaux ou des apothicaires. C'est incroyable que tu te souviennes de tout ça Harry ! » s'exclama Remus, sincèrement impressionné par les capacités mémorielles de son filleul. Peut-être qu'il aurait plus tard un don pour L'Occlumancie ou la Legilimancie.
« Avant je ne me souvenais pas de ça ou de ma morsure, j'avais même oublié la nuit. Mais James a demandé à un vieux barbu de lire dans mon esprit. Je ne me souviens plus son nom, il était trop compliqué à retenir. C'est comme si tous mes souvenirs s'étaient recollés et défilaient devant mes yeux. » songea Harry.
Remus était quant à lui horrifié par ses propos. Un vieil homme barbu pratiquant la Legilimancie, cela ne pouvait être que Dumbledore. Cependant il n'arrivait toujours pas à croire qu'un homme comme lui avait pu se rabaisser à un tel niveau d'illégalité. Ce n'était pas pour rien que les magies de l'esprit étaient déjà très fortement réglementées sur les adultes, alors ne parlons même pas des dégâts que cela pouvait provoquer sur un enfant en plein développement.
Ils avaient eu de la chance que la seule conséquence de cet acte interdit et dangereux fut (seulement) de rappeler de mauvais souvenirs à Harry. Cela aurait pu lui provoquer plus d'un traumatisme, des symptômes de folies, une amnésie partielle ou totale ou même encore divers handicaps mentaux ou physique.
Remus était presque sur le point de se rendre chez son meilleur ami pour lui faire tâter de sa baguette. Comment pouvait-il être aussi irresponsable. La perte de sa femme ne justifiait en rien la torture sur un enfant.
Alors qu'il sentait sa magie bouillonner au fond de lui et ses mains se crisper sur l'accoudoir de son fauteuil, Remus fut soudainement sorti de ses pensées par la voix timide de Harry.
« Dis Lunard, c'est qui Sirius ? Pourquoi est-ce que je ne l'ai jamais rencontré ? » demanda innocemment Harry. Cependant il comprit qu'il n'aurait pas dû poser la question au vu de la crispation soudaine de Remus.
« C'est un traître. Il était le gardien du secret de Lily et James. Tant qu'il ne parlait pas, ils étaient en sécurité mais il les a vendus auprès de Tu-Sais-Qui. Maintenant il croupit à Azkaban pour sa trahison et ses crimes. »
Remus prit une profonde inspiration avant de poursuivre.
« A l'époque, on savait qu'il y avait un traître parmi nous mais je ne l'ai jamais suspecté. Je pensais qu'il s'agissait de Peter et maintenant j'ai tellement honte de moi. Peter et Lily sont morts, James est veuf et Thomas et toi n'avez plus de maman. Si seulement j'avais remarqué les messes-basses que se faisaient souvent Sirius et Aquila ou bien qu'ils s'étaient rapprochés beaucoup trop rapidement par rapport à leurs antécédents. Je n'aurai jamais dû suspecter Peter simplement parce qu'il était un peu moins démonstratif dans ses sentiments. Mais le plus dur, est de réaliser que même aujourd'hui, je n'arrive toujours pas à associer son nom à celui d'un traître. Il semblait si aimant envers Thomas et toi, jamais il n'aurait pu vous mettre en danger. Enfin c'est ce que je pensais. »
Une unique larme coula le long de la joue de Remus alors qu'il enfouissait son visage dans le cou de son filleul. Ce dernier se pressa encore davantage dans cette étreinte réconfortante. Finalement, les deux sorciers s'endormir dans le fauteuil au coin du feu, Harry confortablement installé sur les genoux de Remus tout en se racontant des petites anecdotes d'Aquila et Poudlard pour Remus et des frasques de Tommy au manoir Potter pour Harry.
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NDA : Je tenais juste à préciser que pour le passage sur la place de la femme et de la mère dans la société, je ne pense aucunement cela. C'est juste le courant de pensée dans les années 70, 80 (et encore aujourd'hui pour certains). Je ne défends aucunement ce point de vue puisque je me considère comme féministe (comme toutes les femmes devraient l'être). Mais pas au même point que certaines folles qui ne font que desservirent la cause, je vous rassure ;)
