13 novembre 1984
Encore une fois, Harry avait été puni à la place de son petit frère. Ce dernier avait visiblement brisé la vitre de la fenêtre d'un des salons préférés de leur père en jouant avec un souafle pour enfant, alors qu'il savait parfaitement qu'il était trop petit pour cela. Effrayé à l'idée d'être grondé, il avait dénoncé Harry tout en sachant que ce dernier était censé être privé de balai pour deux semaines à cause de sa récente colère contre lui en plus de sa fugue pour passer quelques jours chez Remus.
Alors que Harry sortait du bureau de son père, il tomba nez-à-nez avec son cadet. Sachant parfaitement que pour l'instant il n'avait qu'une envie, lui mettre son poing dans sa figure, il préféra se détourner de lui et se tenir au mur du couloir pour rejoindre sa chambre. Il devait absolument se faire soigner avant que Miller ne vienne pour ses cours de l'après-midi. Cependant il fut plus que contrarier en sentant son frère le suivre.
Très bien, il allait lui montrer à quel point il avait souffert par sa faute. Cela faisait plus de deux ans qu'il cachait tant bien que mal les maltraitances de son père aux yeux de Thomas, cependant si cela voulait dire qu'il continuerait de le balancer à sa place jusqu'à son départ en fin de mois de la famille, alors il préférait briser ses petites désillusions. De toute façon, il doutait que cela entache réellement l'admiration de Thomas à l'égard de James.
Il se rendit jusqu'à sa chambre au troisième étage, toujours suivit par Thomas et y appela Moby. L'elfe sembla perturbé en remarquant la présence du benjamin, cependant ce dernier ne semblait pas vouloir partir malgré les recommandations de l'elfe.
« Laisse donc ce crétin faire ce qu'il veut. On n'a pas le temps Moby, Miller arrive dans une demi-heure.
- Bien jeune maître. Si c'est ce que le jeune maître veut, alors Moby obéira. »
Moby chercha plusieurs potions et baumes dans la salle de bain avant de les poser sur le bureau de Harry. Pendant ce temps, Harry avait enlevé son t-shirt et ouvrait déjà le bouchon de la première fiole. Voyant ses difficultés, Moby pris délicatement la potion des doigts de son maître et l'aida à l'ouvrir. Harry la but cul-sec, une grimace de dégout tirant ses traits. Aussitôt, la douleur s'évapora petit à petit.
Il prit ensuite une autre potion pour stopper le saignement de ses plaies sur son dos. Enfin, il s'agenouilla dos à Moby pour être à sa hauteur. Ainsi, l'elfe n'aurait aucun mal à le badigeonner de baume cicatrisant. Bien que cela n'effaçait en rien les cicatrices, il l'aidait au moins à accélérer le processus de guérison. Pour effacer toutes ces marques, il faudrait faire appel à un médicomage, mais cela lui était hélas impossible.
Une fois soigné, Harry fixa finalement son regard sur son frère. Cela le perturbait beaucoup de sentir Thomas suivre chacun de ses gestes, l'hypnotisant complètement, si bien qu'il n'avait plus bougé depuis plus d'un quart d'heure. Harry se rapprocha de lui et afin de lui tapoter le dessus de la tête de son cadet comme à son habitude pour lui montrer qu'il ne lui en voulait plus, le féliciter, le remercier ou dans ce cas pour le sortir de ses pensées. Cependant Thomas crispa inconsciemment chaque muscle de son corps par anticipation. Harry stoppa donc son geste quelques centimètres avant de pourvoir le toucher et laissa finalement son bras retomber le long de son corps.
« Je suis privé de balai pour deux semaines de plus, donc jusqu'à la fin du mois.
- C'est tout ? » s'étonna Thomas. Habituellement il avait des devoirs ou des tours de terrain en plus.
« Oui c'est tout. » cracha ironiquement Harry. « Et dire que je voulais au moins voler une dernière fois avec toi avant mon départ. Et dire que ma dernière punition se levait demain. » soupira Harry.
« Comment ça ton départ ?! »
Harry se tendit. Il avait oublié qu'il n'avait encore rien dit à son frère quant au reniement et son prochain départ pour le manoir Black.
« J'ai été renié par James. Nous ne sommes plus de la même famille maintenant et dans quelques jours ou semaines, nous ne serons plus autorisés à se voir. Je partirai et nous nous reverrons certainement seulement à Poudlard dans quelques années. » énonça froidement Harry, essayant de contenir ses larmes.
« Pourquoi ?
- Parce que je t'ai blessé, parce que James préfère que tu sois l'héritier, parce que je ne veux pas que le nom de ma mère disparaisse, parce que je ne corresponds pas à ce que doit renvoyer un Potter. Parce que je suis un loup-garou. Parce que je suis dangereux. Parce que je ne suis pas digne de ce titre. »
Ne laissant pas même le temps à Thomas de répondre ou de le questionner d'avantage, Harry quitta la pièce au pas de course et rejoignit le salon dans lequel son professeur ne tarderait pas à le rejoindre. Il n'avait pas le droit de passer sa colère et sa frustration sur son petit frère. Il n'y était pour rien dans tout cela et il ne tenait pas à le quitter en mauvais termes. Il ne le supporterait pas.
Après avoir pris une grande inspiration, essuyé ses larmes et attendu que son rythme cardiaque diminue quelque peu, Harry poussa la porte du salon et s'installa dans l'un des fauteuils de la pièce tout en attrapant l'un des livres sur la table basse. Quelques minutes plus tard, Miller arriva dans le salon et ils se dirigèrent tous deux vers la bibliothèque où Harry s'assit sagement à son bureau.
XxXxXxXx
Lorsque Harry reçut son courrier du 25 Novembre 1984, il ne put empêcher une larme de couler le long de sa joue. Ça y était, c'était officiel. Il n'était plus un Potter, il venait de recevoir ses nouveaux passeports sorcier et moldu ainsi que son livret de famille et que quelques parchemins administratifs. Jusqu'à maintenant, il s'était senti chanceux de pouvoir rester chez James jusqu'à la date limite afin de pouvoir rester en contact avec son frère le plus longtemps possible. Mais là, tout de suite, il n'avait aucune envie que ce dernier ne le voie dans cet état de faiblesse. Si seulement il était resté dormir chez Remus cette nuit.
Thomas s'approcha doucement de son grand-frère et regarda par-dessus son épaule ce qui le chamboulait autant. Lorsqu'il vit son nouveau nom sur la missive, il ne put lui non plus retenir ses larmes de couler. Son frère lui avait appris la nouvelle quelques jours auparavant, pourtant cela restait toujours aussi dur pour lui de se dire que son frère ne l'était plus vraiment, que désormais il n'avait plus vraiment de lien de parenté.
Bien sûr son frère lui avait expliqué que ce n'était pas du tout parce qu'il avait envie de le quitter ou de partir du manoir. C'était seulement qu'il n'était pas vraiment apte à reprendre les rênes de la famille. Son père lui avait aussi dit que ce n'était pas parce qu'il n'aimait plus Harry, mais qu'il n'avait pas le choix à cause de certaines raisons qu'il était trop jeune pour comprendre, en plus de la lycanthropie de Harry.
En revanche ce qu'il avait beaucoup de mal à comprendre et accepter était que Harry devait aller vivre chez sa grand-mère et que par conséquent, il ne pourrait plus autant se voir. James disait que Walburga refusait de laisser Harry les voir. Bien sûr James ne lui avoua jamais que ce n'était pas la vieille femme qui avait décidé cela, mais bel et bien lui. Pour Thomas, la colère de Harry envers son père était tout aussi incompréhensible. Certes James avait tendance à être plus strict avec Harry qu'avec lui, mais c'était uniquement parce qu'il était l'héritier. Maintenant que le titre revenait à Thomas, son père allait aussi devenir plus rigide vis-à-vis de son éducation.
Les valises de Harry furent prêtes en moins d'une heure grâce à l'aide de Moby. Maintenant qu'il constatait de ses propres yeux la taille de sa penderie, il comprenait pourquoi son père était pressé de le mettre à la porte. Avait-il ne serait-ce que toucher la moitié de ses vêtements ? Alors que Harry hochait ou niait de la tête pour indiquer à Moby s'il devait jeter quelque chose ou non, Thomas observait quant à lui le magnifique plafond étoilé de la chambre de son frère.
« Je crois que je vais reprendre ta chambre, elle est plus grande, le lit est plus moelleux, il y a de plus grande fenêtre et le plafond est vraiment beau.
- Tu pourrais au moins faire semblant de pleurer mon départ, je suis vraiment blessé là. » s'insurgea dramatiquement Harry.
« Au lieu de faire ta diva, explique-moi pourquoi tu ne peux pas rester ici.
- Et bien un reniement, c'est comme recommencer à zéro. Vois ça un peu comme une renaissance. De toute façon, un Black qui ne vit pas avec et comme les Black, ce n'est pas un Black. Je dois donc faire le maximum pour me faire accepter au sein de la famille et de l'aristocratie pour me faire reconnaître comme l'héritier de la famille. »
Une fois sa valise terminée, les deux enfants rejoignirent Remus qui était entre temps rentré du travail pour les aider à déménager les affaires de Harry. Après tout, le monde n'allait pas cesser de tourner s'il prenait seulement une petite journée de congé. Une fois que Kreattur et Moby eurent envoyé les valises du nouvellement Black dans sa chambre au Square Grimmaurd, les deux garçons rejoignirent l'adulte dans le salon.
Harry se jeta dans les bras de Remus, lui offrant une dernière étreinte avant de se diriger vers la cheminée.
« Au final Lunard, tu n'auras vraiment servi à rien pendant ce déménagement. Tu aurais mieux fait de rester au travail. » cingla Harry tout en pénétrant dans l'âtre.
Alors qu'il prononçait le nom de sa destination, il entendit juste les protestations de son parrain et le rire moqueur de celui qu'il considérerait toujours comme son frère accompagner son départ. S'il ne s'était pas retourné une dernière fois, c'était qu'il ignorait s'il pouvait encore longtemps garder ses larmes pour lui. Il avait l'impression d'abandonner Thomas. A bout de nerf, Harry ne put empêcher une larme solitaire de lui échapper, cependant il la fit rapidement disparaître d'un revers de la manche.
Harry pris une grande inspiration et son masque de Sang-Pur repris sa place sur son visage au moment où il arriva à destination. Lorsqu'il sortit de la cheminée, il tomba nez-à-nez avec Walburga Black. La femme avait l'air horriblement vieille pour lui, bien qu'elle n'eût en réalité que cinquante-neuf ans. Sa posture était droite et stricte malgré qu'elle doive s'aider d'une canne. Ne voulant pas faire mauvaise impression, Harry s'inclina légèrement devant la sorcière.
Cette dernière le salua d'un simple signe de tête tout en lui donnant sa main. Harry s'en saisit et la baisa tout en se présentant.
« Harry Altaïr Orion Remus Black, enchantée de vous revoir, Lady Black.
- Appelle-moi grand-mère. Tu es un Black et pourtant tu t'appelles Harry, quelle honte. Nous utiliserons ton deuxième prénom désormais comme indiqué sur tes nouveaux papiers. Kreattur va te guider jusqu'à ta chambre, le repas est à douze heures tapantes. » commanda la sorcière avant de disparaître par une porte à l'autre bout du salon.
ATTENTION, J'UTILISERAI DESORMAIS LE NOM « ALTAÏR » ET NON PLUS « HARRY ».
Je trouvais juste que laisser le nom de Harry était en fait une assez grosse incohérence scénaristique, selon moi, lorsqu'on connait la tradition Black qui veut qu'ils aient tous des noms d'étoiles.
De plus, pour moi le reniement, dans le cas de Harry, se fait avec la création d'une nouvelle identité, donc on peut facilement imaginer que les Black ont sauté sur l'occasion pour rectifier cette erreur. La différence avec par exemple le reniment de Sirius ou Andromeda, c'est qu'on ne veut pas juste écarter l'individu, on veut vraiment faire comme si Harry n'avait jamais existé en tant que Potter.
Au final, Altaïr et Thomas n'avait pas perdu contact puisqu'ils s'écrivaient une ou deux lettres par semaine ce qui exaspérait au plus haut point leurs tuteurs respectifs. Ils avaient également gardé leur petite tradition qui était de se retrouver tous les dimanches chez Remus. Bien sûr, James n'avait pas été mis au courant que Harry se rendait aussi chez son meilleur ami ce jour-là. Sinon, il n'aurait jamais laissé Thomas s'y rendre.
Altaïr recevait un enseignement à domicile par l'un des professeurs les plus renommé du pays tous les matins pendant deux heures. Puis un professeur de langue prenait la relève et enseignait le latin au garçon pendant une heure tous les après-midis. Enfin, son enseignement était complété pendant deux heures en fin d'après-midi par Walburga et parfois même son beau-père, Arcturus qui était le Lord régnant de la famille.
Les deux sorciers lui apprenaient comment un Black devait se comporter, comment il devrait gérer les affaires plus tard ou encore les habitudes et secrets familiaux qu'il se devait de connaître. Bien que cela n'occupe qu'une petite partie de son programme à cause de son jeune âge. La suite de sa journée était consacrée à ses devoirs, ses lectures personnelles, quelques promenades dans le jardin, un peu de sport et beaucoup de temps passé en compagnie de Kreattur.
Le vieil elfe n'aimait pas vraiment Altaïr, mais le simple fait qu'il l'appelle « stupide jeune maître Altaïr » et non « stupide malhonnête et traître jeune maître Black » comme il le lui avait demandé prouvait qu'il ne le haïssait pas autant qu'il semblait vouloir le lui faire croire. Altaïr aimait bien passer du temps avec le vieil elfe grincheux. Cela lui rappelait ses souvenirs avec Moby et Borgy, même si les elfes des Potter étaient bien plus gentils et attentionnés.
Kreattur quant-à-lui préférait prendre soin de ses maîtres dans l'ombre, or ce garçon l'obligeait à cuisiner devant lui parce qu'il aimait piocher dans les casseroles pendant la cuisson des aliments ou bien il tenait absolument à l'aider lorsqu'il nettoyait sa chambre ou sa salle de bain.
Altaïr aimait bien vivre ici. Il n'avait pas besoin de vérifier chaque pièce avant d'y entrer pour savoir si oui ou non son père s'y trouvait. Il était libre d'agir comme il le souhaitait tant que cela ne dérangeait pas le silence du manoir ou cassait le mobilier ancestral de la demeure. De plus, il y avait ici des dizaines de portraits à qui parler, même si la plupart d'entre eux détestait être dérangé. Chez les Potter, les murs étaient recouverts de peinture et autre décoration, mais aucun portrait de famille n'était accroché. Alors qu'ici le passé et l'histoire de cette famille emplissait les murs des étages supérieurs.
Cependant ce manoir avait bel et bien quelques défauts. Il y avait tout d'abord les têtes d'elfes morts accrochés dans l'entrée, les vieilles tapisseries qui recouvraient les murs et enfin sa localisation. Bien que cela puisse paraitre pratique de vivre au plein cœur de Londres, non loin de King's Cross et du Chemin de Traverse, cela n'arrangeait en rien Altaïr. Lui qui adorait passer ses dimanches dans le jardin et les serres des Potter à s'occuper de ses plantes, ne pouvait aujourd'hui plus que planter quelques pousses dans le petit jardin du Square Grimmaurd.
Cependant il se réconfortait en se disant qu'au moins ici la salle de potion était correctement aménagée. Bien que pour l'instant il ne s'occupait que de créer des potions permettant de changer la couleur des cheveux ou des dents de sa grand-mère. Il n'était pas encore assez grand pour brasser des potions plus complexes. Cela se faisait toujours en compagnie d'Arcturus pour qui les règles de sécurité étaient très importantes.
En réalité, Altaïr n'avait pas vraiment le droit de pénétrer la salle de potion seul, même si c'était pour faire des potions sans risque. Mais Kreattur lui ouvrait parfois la porte discrètement et restait à ses côtés en s'agrippant à sa jambe afin de le faire transplaner rapidement en cas de pépins.
Il avait eu un peu de mal au départ à ralentir son rythme de vie. Ici il avait bien moins de devoir et de leçons que chez James. L'homme lui en avait toujours demandé de trop pour son âge, l'obligeant parfois à réciter encore et encore ses leçons jusqu'à l'épuisement afin de s'assurer qu'il est tout mémorisé. De plus il n'avait pas non plus à s'occuper de son petit-frère, ce qui lui retirait une bonne charge de dépense énergétique.
Dans l'ensemble, Altaïr était satisfait de sa nouvelle vie.
XxXxXxXx
17 juillet 1985.
Au fil des semaines passées chez les Black, Altaïr réalisa qu'Arcturus était si présent au Square Grimmaurd qu'il y vivait presque totalement désormais. Walburga avait un jour chuchoté à l'oreille de son petit-fils que c'était parce qu'il était complètement gaga de lui. Altaïr n'avait pas eu de mal à la croire puisque le vieux Lord lui offrait cadeau sur cadeau au grand mécontentement de sa tutrice.
De plus, il passait beaucoup de leur temps ensemble, Arcturus toujours présent dans un coin de la bibliothèque pendant ses temps d'études. Ou bien il lui proposait une partie d'échec après le dîner, une promenade sur le Chemin de Traverse pendant le week-end ou encore de concocter l'une de ces potions dont Walburga serait la cible si ce n'était Kreattur.
La sorcière répétait sans cesse que des deux, c'était Arcturus le gamin et Altaïr qui devait toujours le reprendre comme devrait le faire un adulte. Mais cela ne faisait qu'amuser le vieux bonhomme qui lui répondait souvent par un rire, des manières très peu aristocratique qui agaçait encore d'avantage Walburga.
Altaïr avait également découvert avec le temps pourquoi Arcturus, malgré son grand âge, continuait de se rendre au Magenmagot toutes les semaines alors qu'il ne semblait plus vraiment s'intéresser à la politique du pays. La raison était au final très enfantine, il souhaitait simplement faire tourner en bourrique Lucius Malefoy, le fils de son rival de toujours, Abraxas aujourd'hui décédé.
Cela amusait beaucoup Harry de voir le vieil homme se comporter comme un enfant lorsqu'il s'installait à ses côtés dans la bibliothèque et lui demander conseil sur quelle solution était la meilleure pour embêter le Malefoy. D'autres fois, Arcturus l'emmenait avec lui dans sa salle de potion, autorisant le garçon à touiller sa mixture ou jeter les ingrédients qu'il avait lui-même préalablement préparé. C'était les seuls moments où Altaïr avait le droit de s'approcher d'un livre contenant des recettes sensibles.
Le vieux politicien lui avait même écrit un petit livret regroupant des potions simples mais très utiles qu'il pourrait s'amuser à fabriquer. Altaïr avait donc décidé de réaliser toutes les potions de ce carnet et en était désormais à sa cinquième. Les effets de celles-ci ne lui donnaient que plus envie de découvrir les autres et les tester sur sa grand-mère.
Ce jour-là était une matinée comme celle-ci, Altaïr avait été autorisé par son arrière-grand-père à utiliser la salle de potion en cette journée quelque peu spécial. En effet, il s'agissait de la veille du 1er avril et lorsqu'il avait parlé de son plan pour faire tourner en bourrique Kreattur, le vieil homme avait immédiatement accepté.
C'est ainsi qu'il s'était retrouvé à occuper un petit coin du laboratoire d'Arcturus tandis que ce dernier travaillait sur l'un de ses nombreux projets de potion en cours sur le bureau central malgré son grand âge. Il parlait même d'améliorer la potion Tue-Loup afin qu'elle soit également accessible aux enfants et non uniquement aux lycanthropes adultes.
Soudain, Altaïr fut tiré de ses rêveries lorsqu'un cri lui parvint. Par réflexe, il se plaqua au sol et heureusement pour lui, son corps avait agi avant son cerveau car moins d'une demie seconde plus tard, une explosion s'échappa du chaudron fumant d'Arcturus. Sous ses yeux terrifiés, Altaïr assista impuissant à la mort tragique du vieil homme.
Ce dernier avait préféré se jeter sur lui pour le protéger avec son corps des projections dangereuses qui pourraient l'atteindre même à cette distance. Il avait attrapé Altaïr dans une étreinte forte, cependant pas assez rapidement pour lui éviter une brûlure sur son bras gauche, allant de son coude à son épaule.
Altaïr, encore sous le choc de la douleur qui se diffusait dans son membre, ne pensa pas immédiatement à se relever et quitter la pièce, ni même à se défaire de l'emprise du vieil homme qui s'était évanouit dans cette position. Bien mal lui en pris car moins d'une minute plus tard, il s'évanouissait à cause des vapeurs toxiques que dégageait toujours la substance visqueuse qui recouvrait désormais les murs de la pièce.
XxXxXxXx
Lorsqu'il reprit enfin conscience, ce fut pour ouvrir les yeux sur un plafond anormalement blanc, pas une seule tâche ne perturbait cette pureté dérangeante. Un toussotement à sa droite lui fit rediriger son regard sur la femme en uniforme d'infirmière à ses côtés.
« Bonjour Mr Black, est-ce que vous m'entendez ? » un simple hochement de la tête suffit à la satisfaire. « Parfait, j'aimerai vous faire passer quelques tests afin de m'assurer que vous allez parfaitement bien. » lui sourit gentiment la jeune femme.
Peu de temps plus tard et après avoir prouvé qu'il arrivait à bouger ses dix doigts, parler malgré sa gorge sèche ou encore à ressentir chaque parcelle de son corps, Altaïr put enfin s'adresser librement à la sorcière.
« Où est Arcturus ? » L'infirmière tressaillit. Elle adorait son métier, pourtant elle lui trouvait un horrible défaut, celui d'avoir le rôle d'annoncer les mauvaises nouvelles.
« Votre tuteur est décédé il y a dix heures suite à un accident de potion. Vous n'avez échappé que de peu à la mort Mr Black et cela fait donc dix heures que vous étiez dans un sommeil magique afin de pouvoir vous soigner correctement. Les vapeurs que vous avez inhalées ont toutes été purgées de votre organisme et vos plaies ont été soignées. Vous ne devriez qu'avoir que des cicatrices superficielles grâce à l'intervention rapide des médicomages. » Un léger silence s'installa. « Je suis désolée.
- Je me souviens maintenant. Comment avez-vous su si rapidement ?
- C'est votre elfe de maison qui vous a emmener ici Mr Black. » répondit doucement l'infirmière.
Pauvre enfant, elle aurait préféré qu'il ne se souvienne de rien, cela aurait été préférable pour lui.
Altaïr ne prononça plus un seul mot jusqu'à ce que l'infirmière ne prenne congé. Ses yeux fixaient les bandages qui recouvraient sa main gauche sans pour autant les voir réellement, son esprit était bien trop perdu pour cela. Ce fut finalement la fatigue et le sommeil qui le tirèrent de sa contemplation. Altaïr ne résista pas à l'appel de Morphée, il était bien trop épuisé aussi bien physiquement que psychologiquement pour cela.
Il fut cependant tiré de son sommeil quelques heures plus tard par un horrible cauchemar. Il revoyait les souvenirs de la mort de son arrière-grand-père dans les moindres détails. Les larmes dévalaient ses joues sans qu'il ne puisse les stopper, des sanglots déchirants s'échappèrent de sa gorge et ses épaules étaient secoués par les pleurs.
Il remarqua alors pour la première fois depuis son réveil que sa grand-mère était à ses côtés lorsqu'elle le serra dans une étreinte forte. Walburga n'aimait pas les câlins et autres gestes d'affection. C'était la première fois qu'elle s'autorisait à un contact aussi long et aimant envers Altaïr. Ce fut seulement lorsqu'il sentit les propres larmes de sa grand-mère humidifier son pyjama de malade qu'Altaïr réalisa qu'elle était aussi touchée par la mort du vieil homme que lui. Après tout, il s'agissait aussi de l'oncle de Walburga.
Les deux Black restèrent longtemps blottis l'un contre l'autre. Les larmes se tarirent, mais ils ne se lâchèrent pas. Ils avaient besoin de l'un et l'autre, ils avaient besoin de sentir qu'ils n'étaient pas seuls. Ils avaient besoin de s'assurer qu'Arcturus était le seul à les avoir quittés, qu'il y avait encore quelqu'un à leurs côtés.
XxXxXxXx
22 février 1985
Altaïr tenait fermement la main de sa grand-mère tandis qu'ils observaient le caveau familial dans lequel Arcturus reposait désormais.
Les autres membres de la famille et proches étant venus à l'enterrement était parti depuis plusieurs dizaines de minutes, mais la sorcière n'avait toujours pas bougé. Altaïr comprenait. Depuis qu'elle était toute petite, Walburga avait toujours été très proche de son oncle. En réalité, il n'avait pas vraiment changé puisque déjà à l'époque, c'était lui qui entraînait ses enfants et ses neveux dans les bêtises bien plus que l'inverse.
Ils avaient pourtant été en froid pendant la fin de son adolescence et ne s'était réconcilier avec Arcturus et son père, Pollux, qu'à la naissance d'Aquila, sa première fille. Walburga et Orion, son mari, n'avait jamais accepté que leurs parents respectifs signent un contrat de mariage entre eux afin de préserver la « pureté des Black ». Walburga appréciait son cousin et inversement, mais jamais ils n'avaient éprouvé plus que cela l'un pour l'autre. Leurs nuits de noces et celles qui suivirent pour assurer une descendance à la famille avait été des cauchemars éveillés pour eux.
Mais une fois réconcilié, il n'avait pas fallu longtemps à Arcturus et Walburga pour retrouver leur complicité. Puis à l'arrivée d'Altaïr dans la famille et l'emménagement de son oncle dans le manoir à ses côtés, elle s'était à nouveau attachée fortement à lui.
Le perdre seulement quelques mois après cela était très dur à surmonter pour elle et cela se voyait. Le décès de l'homme n'avait eu lieu que cinq jours plus tôt et pourtant, la santé de Walburga s'était déjà bien dégradée. Elle ne mangeait plus beaucoup, ne dormait pas non plus. Elle passait son temps à fixer le vague devant elle et les larmes coulaient parfois toutes seules le long de ses joues.
Altaïr ne la quittait jamais du regard depuis et si ce n'était pas lui, Kreattur prenait rapidement la relève. Walburga avait la soixantaine passée et si ce n'était pas très vieux pour un sorcier, les nombreux soucis de santé qu'elle accumulait depuis quelques années faisaient qu'elle risquait de faire une rechute à tout moment.
Walburga frotta finalement ses joues afin d'en essuyé les traces séchées de larmes qui y résidaient toujours avant d'attraper à nouveau la main de son petit-fils et de quitter le cimetière. Une fois sur le chemin de gravier amenant à une route un peu plus loin, Walburga sortit sa baguette dans le but de transplaner.
Elle fixa quelques instants son bout de bois, se rappelant du jour où elle était allée la chercher chez Ollivander en même temps que son cousin puisqu'ils avaient le même âge. Leurs parents étaient avec eux. Cela remontait à si loin, elle aimerait parfois retourner à cette époque où tout semblait si simple et merveilleux à ses yeux encore enfantins.
Walburga secoua finalement sa tête de gauche à droite et resserra sa prise sur sa baguette. Elle pensa fortement au Square Grimmaurd mais au dernier instant, les images des membres de sa famille apparurent devant ses yeux. Ses enfants n'étaient plus là, ses parents non plus, ni ses cousins, ses nièces ou ses tantes et oncles. Plus personne ne vivait là-bas. L'image d'eux tous, réunis sur le Chemin de Traverse réapparut alors dans son esprit et inconsciemment, son transplanage se déclencha.
Lorsqu'elle réalisa cela, Walburga tenta tant bien que mal de reprendre le contrôle du transplanage mais c'était trop tard, le pire était arrivé. Le cri de peur mêlé de douleur du petit garçon à ses côtés lui fit réaliser à quel point elle avait été égoïste. Elle avait eu tout faux, elle n'était pas seule. Elle avait un merveilleux petit-fils à ses côtés qui prenait soin d'elle et l'aimait certainement aussi fort qu'elle-même le chérissait.
« Je suis désolé Altaïr, je t'aime si fort. » lui cria-t-elle aussi fort que possible.
Elle en était certaine maintenant, son transplanage avait totalement foiré.
XxXxXxXx
3 août 1985
Altaïr se réveilla une nouvelle fois à Ste-Mangouste. La même infirmière que la fois précédente était à ses côtés et comme la fois précédente, elle lui expliqua la situation. Les souvenirs revenaient dans la mémoire d'Altaïr en même temps qu'elle lui contait les faits.
Il se souvenait de tout, de la prise de sa grand-mère sur sa main, de la douleur le tiraillant de part en part, de son épaule se désartibulant, d'atterrir en face de la boutique d'Ollivander, des derniers mots de sa grand-mère, du sang partout autour de lui et puis, plus rien.
L'infirmière finit par le quitter afin de le laisser reprendre doucement ses esprits. Mais à l'inverse de se calmer, ses esprits ne faisaient que s'échauffer. Les morts dansaient devant ses yeux. Fleamont et Euphemia, Lily, Arcturus et Walburga. Pourquoi était-il toujours le seul survivant ? Pourquoi n'avait-il pas le droit lui non plus de rejoindre ses proches perdus ? Pourquoi devait-il constamment survivre à tout cela et accumuler les traumatismes ?
Des larmes de rage, de tristesse, de désespoir, de colère, de culpabilité et de bien d'autres sentiments mêlés s'écoulaient le long de ses joues pour s'écraser sur ses poings serrés autour de ses draps. Autour de lui, sa magie faisait tournoyer encore et encore le mobilier de sa chambre. Les meubles et bibelots s'écrasaient sur les murs blancs de la chambre, brisant ses derniers en divers débris qui s'envolaient à leur tour.
Et au milieu du chaos se trouvait Altaïr sur son petit lit blanc, des infirmières lui criant de se calmer. Mais il n'entendait rien. Altaïr était bien trop perdu dans ses sombres pensées et souvenirs pour avoir conscience de ce qui se passait autour de lui.
Il fallut finalement qu'un médecin intervienne en lui jetant un sortilège de sommeil pour qu'enfin tout cesse. Le mobilier retomba sur le sol et le garçon s'effondra sur son lit.
La jeune infirmière qui s'était occupée de lui un peu plus tôt s'approcha de lui pour le coucher correctement sur son lit, le couvrir de ses draps et essuyer à l'aide d'un mouchoir ses joues et son nez. Elle planta dans son bras un seringue suite aux indications du médecin présent afin de lui injecter un peu de potion de sommeil-sans-rêve.
XxXxXxXx
20 août 1985
Quelques semaines plus tard seulement, Altaïr atterrit dans un nouveau manoir et pour la première fois depuis le décès de Lily, il fut élevé par un couple. Pourtant, il n'en fut pas aussi réjoui que ce qu'il aurait pu imaginer. Sa grande tante, Lucretia Prewett née Black, avait beau être une femme aimante et gentille, Altaïr ne réussit jamais à se confier pleinement à elle. Il avait peur, terriblement peur de se livrer, de faire confiance et d'aimer.
De plus, il avait participé pour la première fois de sa vie à une soirée mondaine et cela lui avait permis de prendre conscience de ce que les autres Sang-Purs pensaient de lui. Il était l'enfant maudit, celui qui sortait de nulle part à l'âge de sept ans, passait de tuteurs en tuteurs et n'apportait que la mort sur son passage. Les chuchotements et regards moqueurs des adultes et leurs enfants l'ennuyaient plus que ne le blessaient.
Il haïssait ses ragots, mais Altaïr savait aussi qu'il ne pourrait y remédier. Cela le remplissait de rancœur parfois lorsqu'il y repensait dans son lit le soir venu. Pourquoi toutes ces personnes ne pouvaient pas se rendre compte qu'Arcturus et Walburga était mort dans des accidents et non parce qu'il les avait maudits. Lui plus que quiconque n'avait aucune raison de leur vouloir du mal. Ou bien alors était-ce lui qui avait été maudit et serait condamné à perdre ses êtres chers sans pouvoir rien faire pour éviter cela
Heureusement, ces tuteurs actuels ne semblaient pas être au courant de ces rumeurs, ou alors ils les ignoraient intentionnellement. Cela permettait ainsi à Altaïr de vivre confortablement dans le manoir du vieux couples, perdus aux milieux des bois et éloignés de tout. Altaïr aimait cet endroit, la forêt entourait la demeure sur plusieurs dizaines de kilomètres ce qui lui permettait de pouvoir passer ses pleines lunes en plein air pour la première fois de sa courte vie. Lucretia avait accepté d'installer des barrières afin de l'empêcher de quitter les bois une fois qu'il y pénétrait. Ainsi il n'y avait aucun risque qu'il attaque le manoir pendant la nuit ou un village se situant plus loin.
Un autre point positif de son nouveau lieu de vie était les serres qui s'étendaient sur une quarantaine de mètres au fond du jardin. Les deux adultes n'étant plus en assez bonne forme physiquement pour s'en occuper, ils avaient donc abandonné l'endroit quelques années auparavant. Ainsi Altaïr avait pu prendre la relève et s'occuper de cet endroit à leur place.
Altaïr aimait tout particulièrement les après-midis passé à planter diverses petites graines dans des pots plus ou moins grands. Ignatus s'installait généralement dans une chaise longue à ses côtés et lisait son journal ou un livre quelconque, veillant tout de même sur son pupille et prêt à dégainer sa baguette au moindre danger. Cependant il n'eut jamais à en arriver là car ce n'était pas forcément le danger des plantes magiques qui attiraient Altaïr, mais plutôt le simple fait de s'occuper les mains en observant une toute nouvelle vie naître devant lui.
Dans ces moments, Ignatus ne pouvait empêcher un doux sourire de fleurir sur ses lèvres. Voir Altaïr s'occuper avec tant de passion et de délicatesse de ces pousses si petites et fragiles étaient vraiment attendrissant. Puis, une fois la tournée de ses pots terminée, Altaïr s'asseyait à même le sol à ses côtés pour se laver les mains dans une bassine d'eau claire. Après cela, le vieil homme laissait généralement sa lecture de côté et se penchait vers le garçon pour lui coiffer ses cheveux indisciplinés et nettoyer son visage souvent terreux. C'était le seul contact physique que lui accordait le garçon et Ignatus en profitait pleinement.
Souvent, c'était à ce moment-là que la conversation débutait. Altaïr posant des questions auxquelles son tuteur avait bien souvent la réponse. Ignatus quant à lui parlait de ses souvenirs de jeunesse puisqu'il avait remarqué que l'enfant aimait tout particulièrement cela. Se plonger dans une enfance joyeuse datant de près d'un siècle et se déroulant entourée de nombreux frères et sœurs, et de mœurs bien différentes.
Puis, lorsque l'heure du dîner approchait, les deux garçons se dirigeait lentement vers le manoir afin de se laver et s'habiller de façon plus conventionnelle pour partager leur repas avec Lucretia.
Altaïr se plaisait au manoir Prewett bien que Lucretia ne le mît pas à l'aise. Pourtant, il aurait dû se douter que son instinct ne lui soufflait pas de se méfier de cette femme sans raison. Il était un lycanthrope, jamais il ne pourrait faire confiance à quelqu'un de mauvais et malgré cela, la trahison lui fit plus mal que jamais.
C'était une matinée de février plus qu'ordinaire au manoir. Comme à son habitude, Altaïr se dirigea vers la bibliothèque afin d'y prendre un livre quelconque pour pouvoir le lire plus tard dans l'un des salons qu'occuperaient certainement également Ignatus. Cependant, il ne pénétra pas dans la pièce, préférant se figer sur le pas de la porte. A seulement quelques pas de lui résonnait la voix de Lucretia dans l'immense pièce, elle était visiblement en discussion avec l'une de ses amies proches et parlait de lui.
« J'ai peur Maria, tu as vu ce qui est arrivé à mon père, ma belle-sœur et les autres. Ce garçon est trop étrange, il m'effraie. Tu devrais voir son regard, il ne ressemble en rien à celui d'un enfant. »
Un léger silence s'installa entre les deux femmes, chacune se plongeant dans leurs pensées.
« Tu as essayé ce que je t'ai dit ? » demanda ladite Maria.
« Oui, je lui ai offert des plantes venimeuses mais il a réussi à les dompter ou alors Ignatus le protégeait. Et puis j'espérais qu'en se transformant dans la forêt sans ériger de barrière de sécurité, il attaque un village Moldu ou quelque chose comme ça et que les Aurors l'abattent à vue. Mais ce n'est jamais arrivé, il ne dépasse jamais la limite de la forêt. Même l'empoisonner à petite dose n'a pas marché, il a été malade une petite semaine puis plus rien. C'est comme si son organisme s'était habitué à la potion en quelques jours seulement. Je ne sais plus quoi faire Maria… J'ai peur que les rumeurs soient vraies, et si Ignatus et moi mourront à cause de lui ?
- Je ne sais pas Lucretia… Et Ignatus, qu'en pense-t-il ?
- Ce crétin a réussi à s'attacher à ce gamin. Tu devrais voir à quel point Altaïr a réussi à l'embobiner, il serait prêt à se plier en quatre pour satisfaire la moindre de ses demandes. Merlin soit loué, Altaïr n'est pas vraiment capricieux. J'ai peur qu'il s'y attache de trop avant que je n'arrive à m'en débarrasser.
- Je vais réfléchir à tout cela, je te le promets. La prochaine fois que je t'appellerai, j'aurai une solution à te proposer. » assura Maria d'un ton sûr avant de couper la discussion.
Lucretia laissa échapper un long soupir avant de se relever, époussetant sa longue robe des quelques cendres qui s'y étaient déposées. Cependant, elle se figea dans son mouvement lorsqu'elle aperçut dans l'encadrement de la porte le garçon qui l'effrayait tant. Si ce fut d'abord la surprise et la peur qui tirèrent ses traits, ces deux émotions furent rapidement remplacées par une colère féroce.
« Tu écoutes aux portes maintenant ! » s'exclama-t-elle d'un ton accusateur.
Pourtant c'était elle qui avait tenté de l'assassiner à trois reprises. Peut-être même qu'il y en avait encore davantage et qu'elle n'avait pas abordé ici. Pourquoi est-ce que c'est lui qui devrait être puni. Il n'avait rien fait de mal, c'est elle qui méritait de souffrir. Rien n'était de sa faute, tout était de la sienne. Cette confiance, cette compassion et cette générosité n'était qu'une façade pour mieux le trahir. Altaïr avait enfin pensé trouver sa place dans ce monde qui ne l'acceptait pas, mais encore une fois, il avait tout eu faux depuis le début. Tout cela n'avait été qu'une illusion.
Soudain, une haine féroce s'empara de son cœur et de son esprit. Elle envahit bientôt tout son être au fil des trahisons qui remontaient à la surface de sa mémoire. Aquila qui avait préféré la guerre à son enfant. Lily qui l'avait abandonné aux sortilèges de Voldemort. James qui ne lui avait jamais caché sa haine. Thomas qui lui avait fait porter le chapeau auprès de son père plusieurs dizaines voire centaine de fois. Les autres enfants de Sangs-Purs qui l'appelait le démon ou le monstre. Et enfin Lucretia qui lui plantait le plus empoisonné des couteaux dans le dos.
Son regard enragé ne quitta jamais celui de Lucretia alors que peu à peu, il perdait le contrôle de sa magie. Altaïr ne reprit contact avec son environnement qu'au moment où il remarqua des flammes puissantes se jeter sur la vieille sorcière et qui se propagèrent rapidement à l'ensemble de la pièce.
Paniqué à l'idée d'être la cause de cet incendie et de mourir ainsi, Altaïr tenta tant bien que mal de dévaler les escaliers le plus rapidement possible, ne remarquant pas que les flammes l'évitaient miraculeusement, comme si une barrière invisible se dressait autour de lui. Ce ne fut qu'une fois à l'extérieur de la demeure qu'il réalisa ne pas avoir prévenu Ignatus de l'incendie. Cependant il semblait impossible pour lui de retourner à l'intérieur de la demeure, les flammes destructrices ayant déjà envahi le hall d'entrée.
Il pensa d'abord à appeler leur elfe de maison pour faire transplaner le vieil homme jusqu'à l'extérieur. Cependant ce fut au moment de l'appeler qu'il se souvint que les Prewett n'en avait pas étant donné que Lucretia aimait cuisiner plus que tout au monde et Ignatus préférait faire le ménage lui-même afin d'occuper ses longues journées. Par dépit, il tenta d'appeler Kreattur ou encore Moby à l'aide, cependant aucun d'entre eux ne vint à son secours puisqu'il n'avait plus aucun lien magique avec eux.
Des larmes de désespoir s'écoulèrent le long de ses joues. Dans un geste purement instinctif, il tendit ses mains vers l'avant et cria de doute ses forces.
« Disparais ! Disparais ! Eteins-toi stupide feu. Ne lui fais de mal. Eteins-toi !! Je t'en supplie ! » s'écriait à corps perdu l'enfant.
Soudain, un jet d'eau gigantesque jaillit de ses mains et s'abattit sur les flammes. Un nuage épais de vapeur s'échappa de la demeure et il sembla que le feu et la forte concentration de magie avait finalement avertit les Aurors et autres secours magiques puisque déjà quelques bruits de transplanage se faisait entendre par ci par là.
Lorsqu'il les aperçut, le petit garçon accourut vers l'homme le plus proche. C'était un grand homme à l'allure effrayante et Altaïr se souvint l'voir déjà vu dans les journaux car il avait reçu un prix en l'honneur de ses nombreux sauvetages il y a quelques mois. Certainement était-il sur place pour vérifier que l'incendie n'était pas d'origine criminel. Cependant cela ne faisait aucune importance dans l'esprit du garçon.
« Monsieur, Ignatus il est dans la maison. Je… je ne l'ai pas vu sortir, il est vieux. Très vieux. Il m'a dit qu'il n'arrive plus à transplaner, il ne peut pas sortir. Il faut l'aider. Tout est de ma faute Monsieur, mais Ignatus il n'a rien fait. » éclata Altaïr en sanglot tout en s'accrochant à ses jambes, perdant toutes les notions de maintient que lui avait inculqué ses précédents tuteurs.
L'homme s'assura qu'un de ses collègues avaient entendu le garçon et donnait des ordres afin d'intervenir au plus vite. Puis il s'agenouilla face au garçon et tenta de lui faire reprendre son calme puisque pour l'instant, ses propos étaient incompréhensibles. Après plusieurs longues minutes que l'homme avait passé à faire faire des exercices de respirations à Altaïr, il décida qu'il était enfin assez calme pour instaurer la discussion.
« Je m'appelle Richard Bones, je suis un sauveteur de la brigade d'intervention des accidents magiques. On est tous là pour aider ton grand-père.
- Ce n'est pas mon grand-père. » rectifia par automatisme Altaïr.
« Très bien, on va sauver ton … ami, d'accord ? Mais pour nous aider, est-ce que tu pourrais répondre à mes questions ? » Altaïr hocha de la tête. « Comment t'appelles-tu mon grand ?
- Altaïr Orion Remus Black, héritier de la Noble et Ancienne famille des Black. » se présenta le garçon comme un automate.
Certainement que sa famille lui avait enseigné cette phrase par cœur se dit Richard. Cependant il ne se souvenait pas que les Black avait un enfant aussi jeune dans leur famille. C'est vrai qu'ils se faisaient plutôt discrets ces derniers temps et que lui-même ne se rendait plus dans les soirées mondaines depuis longtemps.
« Et quel âge as-tu ?
- J'ai dix ans. » Richard fut surpris, il lui aurait bien donné un ou deux ans de plus.
« Très bien Altaïr, qui est la personne que nous devons sauver ? Tu sais où elle se trouve ?
- C'est Ignatus Prewett, il est mon tuteur. Je crois qu'il est dans un salon. Il aime bien celui du deuxième étage et un autre au rez-de-chaussée. Il est très vieux, il est né le 13 janvier 1925. » Exposa le garçon qui essayait de donner le plus de détails possibles malgré son état de panique et de fatigue extrême dû à sa forte utilisation de magie accidentelle.
« D'accord, ça va nous aider à mieux le trouver. Tu sais ce qu'il s'est passé ? Et toi, comment es-tu sorti de là ? » L'enfant se crispa et baissa la tête avant de lui répondre.
« C'est de ma faute. Je… Lucretia a dit que je devais mourir, elle ne m'aimait pas. Elle, elle a même dit qu'elle avait empoisonné ma nourriture. J'étais en colère et je ne sais vraiment pas pourquoi Monsieur, mais des flammes ont tout brûlé. Il y en avait partout et… et elle criait si fort. » A ce moment, les larmes dévalaient le visage du garçon et des sanglots brisaient sa voix. « Elle disait que je devais mourir, que j'étais un monstre, mais je ne voulais pas faire ça. Je ne voulais pas tout brûler. »
L'enfant fondit une nouvelle fois en sanglot, sa respiration fut de plus en plus saccadée et bientôt ses propos ne fit plus aucun sens pour l'homme. N'étant habituellement pas celui qui s'occupait des témoins, Richard ne sut pas immédiatement comment réagir. Cependant il laissa rapidement place à son instinct. Il tenta tout d'abord de réconforter le garçon en lui montrant son soutient en plaçant sa paume sur son épaule. Mais en voyant sa main se rapprocher de lui, le garçon plaça ses bras devant son visage comme par automatisme.
« Je suis désolé, je ne voulais pas. Ne me punissez pas, pas tout de suite. Il faut sauver Ignatus. S'il vous plaît. Je suis désolé.
- Personne ici ne va te punir Altaïr. Ce que tu as fait s'appelle de la magie accidentelle. Tu sais ce qu'est un accident Altaïr.
- C'est quand on ne fait pas exprès. Il faut punir plus fort pour que je fasse plus attention monsieur.
- Non Altaïr, accident veut dire que tu n'y peux rien. Tu ne vas pas être puni et personne ici ne va le faire. Je vais m'en assurer, d'accord ? » Il attendit que l'enfant hoche de la tête avant de poursuivre. « Comment es-tu sorti d'ici Altaïr ?
- Je ne sais pas. Les flammes ne m'ont pas touché. Elle partait quand elle me voyait. J'ai couru vite et je me suis retrouvé dehors. C'est là que j'ai vu qu'Ignatus n'était pas là. J'ai tendu mes mains comme ça et un jet d'eau en ai sorti. » mima le garçon tout en calmant ses pleurs.
« Merci Altaïr. Tu as été très courageux. Viens avec moi, on va se diriger vers les deux dames là-bas, elles vont regarder si tout va bien dans ton corps, ok ?
- ok. » répondit simplement le garçon.
Cependant il n'eut même pas le temps de faire un seul pas que toute la fatigue et le stress accumulé pendant les dernières minutes se rappelèrent à lui. Altaïr s'évanouit et il échappa de peu à une rencontre avec le sentier de gravier grâce aux réflexes de Richard qui l'avait rattrapé à la dernière seconde. L'homme plaça le garçon dans ses bras et le porta jusqu'à la tente où se trouvait deux médicomages et son chef d'équipe. Il aurait l'occasion de faire son rapport dans la foulée.
