15 juillet 1986
Après avoir entendu son pupille sur ce qu'il avait écouté lors de la dernière réception et avoir pris conscience de ce que les aristocrates pensaient de lui, Cygnus avait décidé de remédier au moins à un défaut qui lui était reproché. Ainsi, il avait décidé d'organiser un bal .0*014ainsi il ne serait plus uniquement « celui qui se fait inviter ». Ou plutôt, il avait demandé à sa fille Narcissa d'organiser un bal à sa place puisque Cygnus n'avait aucune des compétences nécessaires pour faire cela.
C'est ainsi qu'Altaïr s'était retrouvé à devoir accueillir ses hôtes auprès des cheminées du hall d'entrée avec son tuteur, puis il devait les guider vers la salle de réception, leur donner une coupe de champagne et les laisser entre les mains d'autres convives déjà présents afin de retourner vers le hall.
Au départ cela l'avait amusé de découvrir que nombreux étaient ceux le pensant muet puisqu'il n'avait parlé qu'à trois enfants et deux ou trois adultes depuis qu'il venait aux réceptions avec Cygnus.
Ensuite, entendre certaine Lady louer sa politesse auprès de leurs consœurs lui avait fait plus de bien qu'il ne l'aurait imaginé. Altaïr se faisait rabaisser tous les jours par Cygnus si bien qu'il avait oublié ce que cela faisait de se faire complimenter. C'était très agréable.
Mais au bout de quelques allers et retours, cela devint ennuyant. Les mêmes salutations, les mêmes compliments, les mêmes indications, les mêmes discussions, les mêmes formules de politesses pour pouvoir s'éclipser et cela recommençait, encore et encore. C'était si ennuyeux.
Lorsque tous furent arrivés, Cygnus congédia rapidement son pupille en lui demandant de ne pas l'embarrasser comme la dernière fois. Bien sûr, Altaïr n'avait jamais rien fait pour l'embarrasser mais selon le vieil homme juste le fait de le voir parler à quelqu'un était gênant selon lui. Il avait suffisamment répéter au garçon qu'il était une honte pour les Blacks pour que ce dernier le comprenne tout seul.
Pourtant Altaïr savait que cette fois-ci cela ne serait pas possible. Il était l'un des hôtes de cette demeure donc simplement rester dans un coin et s'enfuir de la réception ne serait pas avantageux ni pour l'un, ni pour l'autre. Ce serait comme écrire sur son front qu'il n'avait aucune manière et sur celui de Cygnus qu'il l'avait horriblement mal éduqué.
Altaïr avait travaillé son sourire hypocrite pendant trois semaines ainsi que ses manières polies. Il allait être un hôte si parfait qu'en fin de soirée, seul Cygnus serait critiqué. Sa dernière discussion avec Inglebee, Nott et Zabini lui avait fait réaliser que s'il continuait sur cette voix, le jeune Black n'aurait aucun avenir. Il ne s'était fait aucun ami ou pas même une connaissance sérieuse. Certes il avait parlé à ces trois-là, mais il les avait surtout effrayés.
De toute façon, la menace d'une punition planait déjà au-dessus de sa tête, Cygnus lui l'avait promis puisqu'il s'était permis de ne pas finir ses devoirs afin de se préparer. Alors un peu plus ou un peu moins, cela ne changerait plus rien à son stade. Cela l'effrayait terriblement et son audace le surprenait lui-même, mais Altaïr savait très bien qu'il ne pourrait pas continuer ainsi.
Il avait commencé par parler courtoisement à Narcissa et Lucius ce qui les avaient beaucoup surpris puisqu'Altaïr ne cachait que rarement leur dédain envers eux. Cependant il trouvait cela trop effrayant de directement parler à des inconnus ou de s'incruster dans les groupes d'enfants, alors cela restait la meilleure solution à son problème.
Rapidement, Ludmilla Zabini s'approcha d'eux et Altaïr découvrit qu'il s'agissait d'une femme très douce et gentille, bien loin de sa réputation de veuve noire et de sorcière fourbe et vicieuse. Pour une fois, Altaïr remercia intérieurement Cygnus de l'obliger à lire toutes sortes de revues inintéressantes, dont celle de mode ou de presse people. Altaïr ne s'intéressait pas à tout cela mais cela semblait faire très plaisir à Lady Zabini de voir un jeune homme s'intéresser à ce thème contrairement à ses maris et ses enfants.
Rapidement, Lady Fleur Greengrass ainsi que Miranda et Maria Nott se rapprochèrent d'eux. Alors même que les trois amies discutaient dans les dos de Ludmilla et le sien, elles étaient tout sourire devant eux comme si de rien n'était. Bien sûr, Altaïr n'était pas censé avoir conscience de cela mais leur talent d'actrice l'impressionnait plus que ne le gênait. Après tout, il était lui aussi en train de trouver leur discussion inintéressante et pourtant, il leur offrait un sourire en coin.
Ce ne fut qu'une vingtaine de minutes plus tard qu'Altaïr parvint à quitter leur discussion lorsque Noah et Bacchus vinrent apporter quelques amuses-bouches à leurs mères. Cependant le jeune Black comprit rapidement que le but de la manœuvre était surtout de pouvoir le kidnapper et l'aider à se débarrasser des ladies. Bien que son masque soit parfait, il était évident pour les deux garçons qu'aucun enfant de leur âge ne puisse réellement être intéressé par la discussion de femmes adultes.
Altaïr les remercia discrètement une fois qu'ils furent éloignés et cela sembla amusé Noah et Bacchus. Les deux garçons, comme tous les autres invités, furent vraiment surpris du changement chez le jeune Altaïr. Cela ne faisait qu'un peu moins d'un mois depuis leur dernière rencontre et pourtant il avait vraiment changé du tout au tout.
Bien qu'il ne rigolait pas à gorge déployée, un léger sourire étirait constamment ses lèvres et ses conversations étaient agréables peu importe la personne face à lui. Altaïr était passé du statut de pire invité possible à un très bon hôte. C'était d'autant plus impressionnant au vu de son jeune âge. Il incarnait la perfection que tous attendaient venant du nouvel héritier Black.
Ce ne fut qu'un peu avant l'arrivée des desserts que le garçon montra ses premières traces de faiblesse. Son sourire se dissipait quelque peu par moment et ses mains trituraient nerveusement son pantalon sous la table. Heureusement qu'il était installé avec d'autres enfants et qu'ils n'étaient pas encore tous très attentifs à ce genre de signe. Discrètement, il claqua des doigts sous la table et quelques secondes plus tard, Betty apparaissait à ses côtés. C'était leur signal d'alarme.
« Jeune maître Altaïr, Betty est désolée de vous importuner, mais une urgence appel le jeune maître à la cuisine.
- Il n'y a pas de soucis Betty. Je reviens dans quelques instants, veuillez m'excuser. » signala Altaïr aux personnes autour de lui.
La petite elfe guida son maître jusqu'en dehors de la salle et une fois les larges portes refermées derrière lui, Altaïr courut jusqu'aux toilettes privés les plus proches afin de ne pas se faire prendre par surprise. Il se pencha sur une cuvette et vomis tout le contenu de son estomac. Et dire que pour une fois, il avait pu manger un repas de bonne qualité et rassasier sa faim.
Il fallut quelques temps au jeune Black pour retrouver ses esprits et calmer les palpitations de son cœur. Sa tête tournait et le sang circulant dans son corps lui martelait les tempes. Une lente douleur lui tiraillait le dos et les membres inférieurs tandis que des tremblements secouaient de plus en plus fortement ses mains.
« Moby, tu ne dois pas m'appeler jeune maître. Si Cygnus t'entend tu auras des problèmes.
- Mais si Moby appelle le jeune maître, jeune monsieur comme le veut maître Cygnus, alors vous serez la risée des autres sorciers. Les elfes doivent montrer du respect au jeune maître. »
Altaïr soupira, il savait d'avance qu'il ne gagnerait pas ce débat d'autant plus que Cygnus avait interdit aux elfes d'accéder à ses demandes si cela n'était pas pour une urgence.
« Apporte-moi les potions Betty, s'il te plaît.
- Mais si le jeune monsieur en reprend maintenant, il sera malade toute la nuit. Ce n'est pas bon pour le jeune monsieur d'en boire autant. »
Altaïr soupira, la fatigue, la douleur, la nausée, les tremblements et son mal de crâne le faisait perdre patience et il sentait la colère se rajouter à ce joli panel de sentiments et de ressentis. Betty était son elfe préférée au point qu'il la considérait comme sa meilleure amie. Sa seule amie. Mais elle voulait toujours le protéger de la moindre source de danger et c'est dans ces moments-là qu'elle commençait à l'agacer.
« Tu veux vraiment que je retourne dans cet état auprès de nos invités.
- Betty est sûre que si le jeune monsieur s'excuse et dit qu'il est malade, alors le jeune monsieur sera pardonné par les invités. »
Altaïr se releva enfin, bien qu'il peinait à ne pas tituber.
« Betty ! Donne-moi ces foutus potions ! » cria-t-il finalement. « Tu sais très bien que Cygnus va de toute façon me punir ce soir alors que je sois un peu plus malade ou pas, je ne sentirai pas la différence cette nuit. Mais maintenant, il y a des dizaines d'invités qui m'attendent à table et qui ne me rateront pas au tournant si je ne suis pas parfait.
- Le jeune monsieur est jeune, il sera pardonné. » s'entêta Betty.
« C'est la dernière fois que je pourrai participer à ce genre de chose, Cygnus me l'a dit il y a quelques jours. A partir de demain, je serai enfermé au manoir jusqu'à ce que je puisse aller à Poudlard. S'il me laisser au moins y aller. Je ne veux pas passer cette dernière soirée dans un lit parce que je suis malade. J'ai parlé à des gens Betty et ils m'ont répondu. Cygnus disait que je ne méritais pas le nom de Black, que je ne devais parler à personne et rester dans un coin. Mais toutes ces personnes m'ont reconnu comme l'héritier que je suis alors Betty, laisse-moi profiter une dernière fois de ce sentiment qu'enfin, je suis à ma place dans cette famille parce que ça ne m'arrivera plus. » s'égosilla le garçon dont des larmes de tristesse et de rage mêlées dévalaient ses joues.
Betty sembla frappée par les paroles si tristes de son jeune maître. Elle savait que le garçon n'avait jamais eu le droit de s'amuser pendant les précédentes réceptions auxquelles il avait participé, mais elle ignorait que c'était parce que son maître avait interdit cela à Altaïr. Elle avait pensé que ce garçon était juste trop introverti ou désintéressé pour se faire des amis ou discuter avec d'autres sorciers. Il ne lui avait jamais dit que ce n'était pas un choix.
Alors Betty fit apparaître dans ses petites mains squelettiques trois fioles et les tendit à Altaïr qui s'en empara avec précipitation. Rapidement, le garçon se calma, cessa de trembloter et ses membres se décrispèrent. La douleur et les nausées étaient parties.
Afin de se rafraichir, Altaïr s'approcha du lavabo et se passa un peu d'eau dans la figure. Cela lui fit un bien fou et lui libéra quelque peu l'esprit. Il s'essuya avec la serviette posée à côté du lavabo et s'observa dans le miroir. En croisant son regard anthracite, Altaïr se dit qu'il faisait vraiment pitié dans son état. Ses joues étaient creusées et son teint pâle à cause de ses nombreux séjour dans les cachots. Des cernes sombres creusaient son visage tandis que son corps s'amincissait à vue d'œil depuis son arrivée chez Cygnus.
« Peux-tu remettre les glamours, je ne veux pas être vu ainsi. »
Bien qu'elle rouspéta, Betty obéit. Elle disait sans cesse que si Altaïr apparaissait ainsi devant les Sang-Purs, alors ils feraient certainement quelque chose pour l'aider. Mais Altaïr n'aimait pas cette option, il ne savait même pas s'il avait envie d'être sauvé. Il voulait simplement pouvoir être dans son coin et éviter les problèmes ou d'attirer trop l'attention sur lui. Il voulait la paix.
Désormais prêt à braver une nouvelle fois la foule et les nombreuses discussions qui l'attendaient encore, Altaïr quitta finalement les toilettes et se dirigea vers la salle de réception. Cependant quelque chose le chiffonnait et il ne le sut qu'au moment où une respiration se fit entendre derrière lui.
Altaïr se retourna brusquement et découvrit un garçon qui bien qu'un peu plus petit en taille, avait le même âge que lui. Que faisait un invité ici et surtout, qu'avait-il entendu ou vu ? Altaïr ne pouvait pas se permettre à des rumeurs de quitter ce manoir ou sinon, Cygnus lui en ferrait voir de toutes les couleurs.
Son regard croisa celui du garçon et Altaïr reconnu aisément Caspar Flint, le fils cadet de la famille Flint. Heureusement qu'il ne s'agissait pas d'un membre d'une famille aussi puissante que les Nott ou les Greengrass. Il serait facile de faire taire un sorcier d'une famille de second plan comme les Flint.
« Qu'as-tu vu ?
- Je suis désolé, je me suis perdue et j'ai entendu des voix. Je voulais juste demander mon chemin. »
Altaïr le croyait, il n'avait pas l'air de savoir mentir.
« Ça ne répond pas à ma question.
- Depuis … depuis le passage sur une punition ou quelque chose du genre. » avoua honteusement Caspar.
Apparemment même s'il s'était perdu et était tombé sur Betty et Altaïr par inadvertance, il avait tout de même espionné intentionnellement pour être resté aussi longtemps derrière la porte à écouter leur discussion. Altaïr se rapprocha du jeune Flint et l'attrapa le col.
« Je te préviens, si j'entends la moindre rumeur quitter se manoir je me chargerai de te faire taire et si ce n'est pas moi, ce sera Cygnus. Crois-moi, tu n'as pas envie que ça arrive. Tu n'as pas envie que ta famille refasse faillite. Que tes proches disparaissent. Que tu te retrouvent dans l'incapacité de parler à tout jamais. Que des rumeurs à ton propos encore bien pire se propage. Tu n'as pas envie de mettre un Black en colère parce que ce sera terrible pour toi et ta famille, alors je compte sur toi pour la fermer. »
Le garçon hocha frénétiquement de la tête d'un air terrifié. Apparemment il n'avait encore jamais été menacé de mort et Altaïr l'envia pour ça. Lui aussi aimerait pouvoir être aussi terrifié par les quelques mots qu'il venait de dire, mais il recevait tant de menace par semaine que cela ne lui faisait plus rien. Seul les actions le terrifiaient encore, plus les paroles.
« Bien, je vais te raccompagne jusqu'à la salle de réception. » conclut Altaïr.
Le trajet se fit dans un silence des plus gênant, mais cela sembla ne déranger que Caspar, Altaïr portant son habituel masque d'indifférence. Ce ne fut qu'une fois devant les portes de la salle que le silence fut brisé.
« Motus et bouche-cousue, compris ?
- Oui, oui. » approuva rapidement Caspar.
Altaïr entrouvrit alors la porte pour les laisser passer et Caspar fut surpris de découvrir l'expression de cet enfant si terrifiant changer du tout au tout. Ses muscles se décrispèrent, ses yeux se plissèrent légèrement, sa bouche s'étira en un sourire très léger, son pas devint plus léger et son regard ne lançait plus des éclairs. C'était très étrange d'assister à tant de changement en si peu de temps et Caspar oublia bien vite sa peur. Altaïr Black était fascinant, il voulait le connaître encore davantage.
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Novembre 1987 (Altaïr à maintenant 10 ans)
Encore une fois, Altaïr s'était écroulé sur le tapis d'un quelconque salon du manoir de Cygnus après une punition. Cette fois-ci la cause était qu'il avait mal parlé à Lucius Malefoy en croisant ce dernier quelques instants plus tôt dans cette pièce. Apparemment ce dernier avait été présent pour affaire et en apercevant le garçon qui l'insupportait tant sur le chemin pour quitter le manoir, il n'avait pu retenir une pique.
A ce moment-là, peu importait à Altaïr que Cygnus était aux côtés du blond, il avait répondu comme par automatisme. En réalité cela faisait longtemps que plus rien ne l'atteignait vraiment ; les punitions de Cygnus, les surcharges de devoirs, les diners de famille insupportables auxquelles il réchappait la plupart du temps puisque Cygnus haïssait s'afficher auprès de lui en public. Même les piques de Malefoy, le meurtrier de ses grands-parents paternels, ne le touchait plus autant qu'avant. Il répondait parce qu'il savait que c'est ce qui était à faire.
La seule chose qui le gardait encore conscient de ses émotions étaient la peur qui le tétanisait à chaque fois que Cygnus levait sa baguette sur lui. Alors Altaïr savait qu'il allait crier, pleurer, supplier pour que tout cela cesse. Pourtant, il n'avait pas réussi à s'empêcher de se moquer de Lucius, il n'avait pas réussi à stopper ce stupide réflexe.
« Devoir provoquer un enfant de dix ans pour vous sentir supérieur, c'est pitoyable. Vous êtes tombé bien bas Lord Malefoy. »
Au moins avait-il gardé sa politesse malgré la moquerie. Lucius était le gendre favori de Cygnus. Le fils qu'il n'avait jamais eu et le mari de sa fille qu'il aimait le plus. Être affilié au Malefoy était pour lui le symbole de la réussite de sa vie alors toucher à cela devant ses yeux étaient la pire des idées qu'Altaïr n'avait jamais eu.
« Doloris ! »
C'était parti tout seul, certainement était-ce devenu un automatisme pour Cygnus, tout comme pour Altaïr quelques instants plus tôt.
Malefoy avait conscience que son beau-père était un homme violent et que très certainement Altaïr devait en voir de toutes les couleurs au manoir. Mais c'était bien la première fois qu'il assistait à une punition en direct et cela le répugna quelque peu de cette homme pour qui il éprouvait du respect.
Lucius ne détestait pas vraiment le mioche bien que l'inverse semble être le cas, cela l'amusait simplement de taquiner le garçon. Il n'avait pas pensé qu'une simple petite moquerie pourrait avoir de tel conséquence sur l'enfant.
« Flagrante ! Diffindo ! » Cygnus ne semblait pas prêt de s'arrêter, provoquant brûlure et coupure sur le corps du garçon.
« Cygnus, je pense qu'il a compris la leçon, mais je voudrais m'en assurer par moi-même. Puis-je m'en occuper ? »
Le vieil homme hocha sèchement de la tête avant de quitter finalement le salon. Altaïr était toujours au sol et tentait tant bien que mal de récupérer son souffle malgré la douleur. Lucius s'agenouilla à ses côtés et effectua divers mouvements de baguette au-dessus d'Altaïr. Petit à petit, ce dernier sentit ses plaies se refermer et la douleur disparaître.
« Ce n'est pas parfait et il faudra prendre des potions supplémentaires, mais ce sera suffisant pour l'instant.
- Merci. »
Lucius fut si surpris par ce simple mot qu'il se figea sur place. Cet enfant avait bien trop de haine ne lui pour pouvoir le remercier ou du moins c'est ce qu'il pensait jusqu'alors. Mais la mine renfrognée et la honte affichée sur son visage prouvait bien que le garçon avait bel et bien prononcé ce mot. Préférant ne pas accentuer le malaise d'Altaïr, Lucius se redressa et s'éloigna de quelques pas, permettant à l'enfant de se relever à son tour.
« Pourquoi me haïs-tu à ce point ? Je ne me souviens pas t'avoir déjà rencontré avant que tu n'emménages ici. »
Altaïr se crispa mais Lucius ne retira pas ses paroles. Il avait toujours eu du mal à comprendre les causes du comportement de cet enfant et le blond voyait enfin une ouverture pour entamer un rapprochement.
« Vous avez tué mes grands-parents. Je me souviendrai toujours de vos yeux derrière votre masque, vous sembliez si indifférent à leur mort. » lui reprocha sans honte Altaïr.
Lucius se crispa. Il n'avait jamais réalisé que la cause de cette rancœur à son égard puisse être si profonde et justifiée. Malefoy tenta de se souvenir de tous les vieillards qu'il avait tué pendant la guerre, mais aucun possédant un enfant avec cette apparence ne lui revint à l'esprit. Mais ces nuits de massacre était une chose qu'il n'aimait pas réaliser alors il était possible que Lucius n'ait pas jugé nécessaire de conserver ces souvenirs.
Il avait rejoint le Seigneur des Ténèbres dans sa jeunesse afin de faire profiter le mage noir de son argent et de son réseau politique. Cependant Lucius n'avait pas eu le choix de participer lui aussi au raid bien que cela le répugne au plus haut point. Il n'aimait pas tuer comme le faisait Bellatrix ou Aquila Black, les cousines démones comme on les appelait sur le champ de bataille.
Mais cela ne le répugnait pas non plus. Lucius voyait simplement le meurtre comme un moyen de satisfaire les envies de son maître et d'aider à sa cause. Cela faisait longtemps qu'il avait enterré la culpabilité et le regret, désormais il ne ressentait que de l'ennui en repensant aux cadavres qu'il avait laissés derrière lui.
Altaïr comprit très bien que sa déclaration ne touchait pas plus que cela l'adulte face à lui et cela l'agaça encore d'avantage. Apparemment la cause de sa haine à son égard n'était pas suffisante pour attirer ses excuses ou du regret en lui. Le garçon se dressa finalement devant le noble, lui fit de poli au revoir comme il le faisait toujours malgré sa haine envers lui et quitta la pièce pour rejoindre sa chambre. Là, des potions pour ses soins l'attendaient déjà.
Il avait oublié sa lecture sur la table basse du petit salon. Mais Altaïr n'avait aucune envie de quitter sa chambre et prendre le risque de retomber sur son tuteur.
Cette journée était si ennuyante.
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2 janvier 1988
Altaïr avait passé les réveillons de Noël et du nouvel an dans son cachot habituel. Cygnus l'y avait enfermé là il y a quelque temps si bien qu'il avait fini par y passer une nuit de pleine lune. Désormais, les blessures récoltées par son loup pendant celle-ci le tiraillait tellement qu'il n'arrivait même plus à se mouvoir pour attraper la nourriture que Betty lui donnait. Certainement que les plaies s'étaient infectées avec toute la saleté et poussière environnante.
Un « pop » sonore lui indiqua que la petite elfe de maison était apparue à ses côtés et ses plaintes lui faisaient comprendre qu'elle le suppliait de boire un peu d'eau. Mais Altaïr n'en avait pas la force ni la volonté. Il voulait simplement dormir, peut-être que cela ferait disparaître la douleur.
Petit à petit, il sentit la douleur dans ses membres s'atténuer à sa grande surprise. Il n'était pas endormi, il en était certain, alors pourquoi donc ne souffrait-il plus ? Altaïr ouvrit difficilement un œil et vit Betty penchée au-dessus de son corps en train de lui lancer divers sorts elfiques et lui appliquer un baume cicatrisant sur ses plaies.
« Arrête Betty, si Cygnus te vois tu vas te faire punir. »
Mais Betty n'obéit pas. Altaïr n'était pas à même de lui donner des ordres et rien ne l'obligeait à l'écouter. De plus les ordres de son maître était d'ignorer le garçon, c'est donc ce qu'elle allait faire en ignorant ses plaintes et ses ordres.
Soudain, un pas claquant derrière elle et le son d'une canne la fit se retourner avec frayeur. Devant elle se dressait son maître de toute sa hauteur et il ne semblait pas heureux, pas heureux du tout. Betty avait désobéit et elle allait recevoir une punition, mais cela ne la dérangeait pas car elle avait pu aider le jeune monsieur Black.
C'est avec un sourire tendre aux lèvres, le regard plein de bonté plongé dans celui désespéré d'Altaïr, que Betty accueillit le sortilège de la mort de son maître. Elle ne regrettait aucune de ses actions si ce n'était de ne pas pouvoir aider plus longtemps ce garçon qui était le seul sorcier à l'avoir considéré comme plus qu'un simple esclave.
Altaïr cria et tempêta pour éviter cela, ses blessures se rouvraient sous ses mouvements mais cela n'importait plus à ses yeux. Il devait aider Betty, il devait faire quelque chose pour la sauver après tout ce qu'elle avait fait pour lui. Mais c'était trop tard et Altaïr le savait déjà au fond de lui, rien ne pouvait soigner de ce sortilège.
Altaïr avait perdu la seule personne qui ne l'ignorait pas dans ce manoir. Même si ce n'était qu'un elfe, Betty était la seule qui osait lui adresser la parole et qui voulait bien répondre à ses questions. Betty avait toujours pris soin de lui en cachette, lui apportant un casse-croûte pendant la nuit lorsqu'il était privé de nourriture ou lui tendant discrètement le livre qui allait miraculeusement l'aider dans ses devoirs. Betty avait été sa seule amie dans ce manoir si austère.
Les larmes dévalaient ses joues, le regard posé sur le cadavre de le petite elfe de maison et ses membres tremblants d'un mélange d'effroi et de douleur. Cygnus lui lança un dernier regard noir avant de quitter les cachots, laissant le cadavre de son serviteur derrière lui.
Altaïr attrapa délicatement le corps de Betty entre ses bras douloureux et la serra contre lui alors que ses sanglots résonnaient dans la cave froide.
Il était encore une fois seul.
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26 janvier 1988
Altaïr observait depuis la fenêtre de sa chambre un petit surplomb de terre dans un coin du jardin de Cygnus, juste à la lisière des bois. C'est là qu'il avait enterré Betty pendant une journée où Cygnus s'était absenté du manoir.
Le jeune sorcier s'était assuré que le petit tas de terre n'était visible que depuis sa chambre car ainsi, son tuteur ne verrait pas qu'encore une fois il lui avait désobéit. Altaïr refusait d'abandonner le corps de l'elfe dans la forêt afin qu'il se fasse dévorer par une créature quelconque dans le but d'effacer les traces du crime. Bien que les elfes de maison soient considérés comme inférieur par les sorciers, le meurtres de ces derniers étaient punis par la loi et c'était bien l'une des seules faveurs que le Ministère accordait à ces petits êtres magiques.
Altaïr n'avait eu aucun mal à convaincre les autres elfes de lui confier le corps de Betty puisqu'eux aussi étaient répugnés à l'idée d'abandonner l'une des leurs dans un bois sombre autour du manoir. Bien qu'ils ne le montrent pas tous les jours, les elfes vivaient dans ce manoir comme les membres d'une même famille et la mort de l'un des leurs était un désastre pour eux.
Depuis, Altaïr passait chaque instant de son temps libre à observer le petit monticule de terre. Betty lui manquait beaucoup. Elle avait été la seule personne à lui adresser la parole ici et désormais, en dehors d'un simple « Maître Cygnus Black vous attend dans le salon » de la part d'un elfe et les cris de ce dernier, Altaïr n'avait plus aucun contact avec quiconque.
Il ne s'était pas rendu compte que Betty avait été aussi présente à ses côtés. Désormais seul le silence occupait ses journées.
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21 juin 1988.
Altaïr se préparait à passer une nouvelle nuit dans les cachots sombres du manoir lorsqu'il fut surpris par Cygnus. C'était la première fois que l'homme de regardait en plus d'un mois. Cependant, il ne semblait pas encore prêt à lui adresser la parole, se contentant de le suivre dans les couloirs sombres.
Une fois arrivée dans les cachots, Altaïr s'approcha de la troisième porte, là où se trouvait une cage métallique à l'intérieur de la petite pièce humide. Contrairement à ses précédents tuteurs, Cygnus ne l'avait pas autorisé à agrandir la pièce ou la nettoyer. Ce fut seulement lorsqu'il fut enfermé dans la cage et la porte verrouillée derrière lui que Cygnus s'adressa enfin à lui.
« Connais-tu le filtre lunaire ? »
A ces mots, les yeux d'Altaïr s'écarquillèrent. Evidemment qu'il connaissait ce filtre, tous les lycanthropes le connaissaient. Il symbolisait pour eux à la fois l'espérance d'une vie meilleure, mais aussi l'impossible et le fantasme.
Cygnus sortit alors d'une des poches de sa lourde robe une petite fiole contenant une substance épaisse dont la couleur argentée était parcourue de zébrures ambrées. Altaïr ne put quitter du regard cette substance qui paraissait magnifique à ses yeux malgré qu'il en connaisse la dangerosité.
Altaïr étant un lycanthrope depuis l'âge de deux ans, sa santé s'était rapidement dégradée, les cicatrices liées aux transformations s'étaient multipliées et son regard s'était peu à peu voilé de tristesse, de honte et de douleur. Avoir cette potion sous les yeux lui rappelait douloureusement qu'il existait peut-être une solution à certains de ces problèmes. Pourtant les risques que cela représentait le refroidirent rapidement. Sa main qui s'était alors tendu vers la fiole s'abaissa dans un geste brusque. Son regard remonta vers le visage de Cygnus et ce dernier ne semblait pas heureux de cette décision.
Le philtre lunaire était un breuvage extrêmement dangereux pour son buveur. Les rares lycanthropes ayant réussi à se le procurer et tenté de le consommer s'était vu mourir, perdre l'usage d'un ou de plusieurs membres ou encore devenir fou. Bien sûr, certains chanceux avaient réussi à surpasser tout cela et se portait aujourd'hui en excellente santé. Mais Altaïr n'oubliait pas que selon les ouvrages qu'il avait lu à ce sujet, sur la petite cinquantaine de loups-garous ayant tenté l'expérience sur les deux cents dernières années dans toutes l'Europe, seul sept d'entre eux avaient survécus et dont cinq regrettaient amèrement leur choix à cause d'effets secondaires bien pire que la mort.
« Dans cet état, tu n'es qu'une honte pour notre famille. Si l'on découvre que tu es un lycanthrope, que penses-tu qu'il va t'arriver ? Tu seras chassé de la Noblesse tout comme des centaines d'autres l'ont été. Mais si tu prends cette potion, ton statut de lycanthrope complet imposera le respect et la peur. Personne n'osera s'en prendre à toi de peur que tu te souviennes d'eux lors de tes transformations. Alors on va faire les choses autrement, bois cette potion ou tu ne quitteras pas ces cachots en vie. » ordonna froidement l'homme, levant de sa main droite sa baguette et visant en plein cœur Altaïr.
Considérant que si peu importe son choix, c'était la mort qui l'attendait, alors il préférait que cette dernière soit constructive. Prenant une grande inspiration, il attrapa la fiole d'une main et la déboucha de l'autre. Il ne prit pas le temps de réfléchir plus longtemps et l'avala cul sec jusqu'à la dernière goûte malgré le goût ignoble de la substance. Quelques minutes plus tard, il s'évanouit à même le sol.
De l'autre côté des barreaux, Cygnus l'observait se tordre de douleur et débuter sa transformation malgré son inconscience. Il ne quitta à aucune moment la forme évanouie du regard, espérant à chaque minute s'écoulant que la suivante verrait le réveil d'Altaïr avec le contrôle de son loup. Cependant il lui fallut attendre deux bonnes heures supplémentaires avant que le garçon esquisse son premier mouvement mais à sa plus grande détresse, ce ne fut pas à cause de la réussite de la potion mais à cause d'une douleur fulgurante qui tirait chacun des muscles de son visage et déchirait sa gorge en cris de détresse.
Les traits de Cygnus se déformèrent alors en une grimace colérique. Il avait payé cette foutue potion des centaines de Galions. De plus trouver un maître potionniste prêt à garder le secret de l'héritier de la famille Black, à mettre sa vie en danger et à sacrifier sept mois de son existence pour se consacrer à la confection d'une seule potion était extrêmement rare. Heureusement pour lui, grâce aux gobelins et leurs nombreuses connexions il avait fini par trouver un tel potionniste. Et tous ces efforts pour quels résultats ? Pour réaliser que ce foutu gamin était en train de tout faire foirer.
Le garçon, sous sa forme lupine, se tordit de douleur sur le sol pendant plus d'une heure supplémentaire. Bientôt ces gémissements furent accompagnés d'un saignement de nez, ou plutôt de museau. Ses griffes s'entaillèrent le haut de son crâne alors qu'il essayait visiblement de faire diminuer la douleur et la fièvre qui martelait son crâne.
Lorsqu'Altaïr reprit conscience, il fut surpris de ne pas reconnaître les lieux l'entourant. Ce n'était pas sa chambre, il ne sentait pas son tapis duveteux sous lui. A la place, il se tenait dans une grotte sombre qui semblait sans fin. Du bout des doigts, il voulut toucher le mur de pierre à sa droite, cependant il ne parvint jamais à achever son geste. Un grondement sourd s'élevait derrière lui et Altaïr le connaissait parfaitement, c'était le grognement d'un loup.
Parfaitement conscient qu'il ne pourrait fuir face à la rapidité impressionnante de l'animal, le garçon préféra se tourner doucement vers cette dernière en baissant légèrement la tête en signe de soumission. A cause de l'obscurité des lieux et du pelage ébène de l'animal, il ne put qu'apercevoir le regard rougeoyant de la bête et ses crocs acérés. Déglutissant difficilement, Altaïr tenta une approche pacifique en parlant doucement à la bête, cependant cela ne semblait pas fonctionner le moins du monde.
Comprenant que ses paroles ne faisaient qu'agacer davantage le loup sauvage, Altaïr se tut subitement et plongea son regard anthracite dans celui rubis de son opposant. Etrangement, il ne trouva pas cela étrange de rencontrer un loup aux yeux rouges, alors qu'ils étaient habituellement ambre. Il supposa que c'était à cause de la magie.
Prenant une grande inspiration, le garçon leva doucement une paume face à la tête de l'animal et se concentra pour y faire venir sa magie. Il n'y était jamais parvenu en étant conscient, cependant cela fonctionnerait peut-être dans son esprit, du moins l'espérait-il. Il savait ce qu'il avait à faire, c'était écrit dans de nombreux livres, cependant il était conscient que cela ne serait pas simple.
Son énervement face à cet humain trop audacieux ne faisait que croître au fil des minutes. Le loup était à la fois curieux de rencontrer son humain, c'était la première fois qu'il venait le rencontrer ici, mais aussi agacé de deviner pourquoi il était là. Son humain voulait le soumettre et il y arriverait. Un enfant n'avait pas les mêmes peurs qu'un adulte et par conséquent, sa naïveté et confiance infantile pourrait lui permettre de ne pas le craindre suffisamment. De plus, le garçon n'avait absolument rien à perdre puisque dans tous les cas, s'il échouait c'était la mort qui l'attendrait.
Alors que Altaïr tendait sa main face à la tête de la bête depuis deux longues minutes, cette dernière perdit patience et tenta de se jeter sur le garçon. Ce dernier réussi tant bien que mal à éviter les crocs de l'animal bien qu'il fut griffé sur une dizaine de centimètres sur son omoplate droite alors qu'il faisait dos à la bête pour tenter de s'en écarter. Bien qu'il fut dans son esprit, la douleur lui paraissait quant à elle incroyablement réaliste.
Remarquant que l'odeur du sang ne faisait qu'exister encore davantage le loup, Altaïr s'efforça de mettre de côté sa peur et sa douleur pour se concentrer de toutes ses forces sur sa magie. Au moment où le loup allait une nouvelle fois se jeter sur lui, un déclic se fit en lui et la magie s'échappa par vague de sa paume toujours tendue à plat face à la bête. Lorsque cette dernière entra en contact avec la fourrure sombre de l'animal, ce dernier s'écroula sur le sol humide en gémissant.
Altaïr quant à lui plaça un genou sur le museau de la bête et un autre juste à l'arrière de sa tête tout en veillant à ce que sa main reste en contact avec l'animal. Aussitôt, un autre type de bataille s'engagea, chacun essayant de tirer sur la magie de l'autre jusqu'à ce qu'il n'en reste plus une seule trace dans le corps de l'opposant.
Altaïr était déjà heureux de ne pas s'être fait dévorer tout cru, cependant il ne comptait pas non plus laisser le contrôle de son corps, de son esprit et de sa magie à son adversaire. Alors il puisa au plus profond de ses maigres ressources la force de vaincre le loup et après une rude bataille, il y parvint. Le loup était soumis, sans plus aucune trace de magie en lui et son esprit complètement vidé de son instinct animal. Altaïr lui avait tout volé et en quelque sorte, il s'en voulut.
Cependant ils savaient tous deux que désormais, le loup vivrait à travers lui, ressentirait ce qu'il toucherait, sentirait ce qu'il reniflerait et goutera ce qu'il mangerait. Le loup n'était plus cantonné à une nuit pas mois, mais à plusieurs petits moments de vie, bien que cela soit à travers un autre.
Altaïr reprit soudainement connaissance. Il fut surpris de remarquer que malgré que la nuit n'était pas achevé, il avait repris sa forme humaine. Cependant son soulagement ne fut que de courte durée. Bien que le loup ne soit désormais plus une menace, son corps allait devoir accepter la présence d'une nouvelle source de magie en lui et cela, il ne pouvait l'influencer, seulement espérer qu'il survive à cette nouvelle épreuve.
La douleur se fit de plus en plus grande, lui arrachant des cris de douleur brisant petit à petit sa voix et tordant ses membres dans des angles impressionnant. Cependant rien ne pourrait le soulager. Il se devait de supporter en attendant de découvrir s'il allait survivre à cette dernière épreuve.
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Lorsqu'il reprit connaissance, Altaïr était toujours allongé sur le sol froid de son cachot. Peu à peu, les derniers évènements lui revinrent en mémoire. Euphorique d'avoir réussi à surmonter son loup, il tenta de ses relever pour vérifier qu'il était en un seul morceau, cependant son corps se rappela rapidement à lui. Etouffant un nouveau gémissement de douleur, il retomba lourdement à même le sol. Chaque parcelle de son corps le faisait atrocement souffrir, ses muscles étaient horriblement courbaturés, la nouvelle cicatrice ornant son dos le tiraillait, son sang battait follement dans ses tempes et cela n'arrangeait en rien sa douloureuse migraine.
Altaïr appela difficilement le nom de Cygnus, espérant que l'homme allait l'aider. Cependant ce dernier se contenta de lui lancer un regard satisfait avant de disparaître. Ce fut seulement après plusieurs minutes d'effort intense qu'Altaïr réussit à parler suffisamment fort et distinctement pour appeler l'elfe de Cygnus. Bien qu'ayant habituellement pour ordre de l'ignorer, cette fois-ci le vieil elfe eut l'autorisation de l'aider.
L'elfe de maison lui apporta quelques potions de soin qu'il l'aida à avaler. Ils attendirent dans un silence pesant que ces dernières fassent enfin effet afin de pouvoir déplacer Altaïr des cachots vers sa chambre. Ce ne fut qu'une vingtaine de minutes plus tard que le garçon put enfin se redresser malgré la présence d'une légère douleur persistante dans ses membres. Cependant ce n'était rien comparé à la précédente. L'elfe agrippa son bras et les fit transplaner sur le lit de l'enfant. Le choc de l'atterrissage, bien qu'amortit par le matelas, vola un gémissement à Altaïr.
Le vieil elfe fit apparaître sur sa table de nuit un chocolat chaud accompagné de jus de citrouille, d'œuf et de bacon avant de disparaître. Finalement, peut-être qu'il s'inquiétait tout de même pour lui, songea Altaïr. Après plusieurs longues minutes, Altaïr se décida finalement à quitter son lit pour opter pour un bain chaud.
Il versa dans la baignoire deux doses de potion régénératrice et une pour détendre ses courbatures pour ensuite laisser couler de l'eau jusqu'à ce qu'elle soit bien pleine. A peine sa peau fut elle en contact avec l'eau médicinale que toutes ses crispations disparurent et un soupir de soulagement lui échappa. Finalement, il était si bien installé ici qu'il finit par s'endormir en position assise dans l'immense baignoire. Heureusement que divers sortilèges le protégeait de la noyade, le maintenait donc à flot et continuait à conserver l'eau à une température idéale.
Ce ne fut que près de trois heures plus tard qu'il sortit de son état de somnolence. L'esprit encore embrumé par la fatigue, il sortit de son bain et s'enroula dans le peignoir chaud laissé un peu plus tôt par un des elfes de la maison.
Trop épuisé pour raisonner d'avantage, Altaïr retourna dans sa chambre et s'effondra sur son lit pour plusieurs longues heures de sommeil bien méritées.
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Encore une fois, Altaïr se réveilla à cause de la douleur qui le transperçait de part en part. Depuis qu'il avait absorbé son loup, ses nuits étaient devenues très courte à cause de tous les changements physiques qui se déroulaient sur son corps. Les transformations étaient nombreuses et douloureuses.
Tout d'abord il commença par souffrir au niveau des yeux pendant plusieurs nuits et parfois même la journée, sa vision devenant de plus en plus nette et précise malgré l'obscurité constante de la pièce. Ce fut ensuite au tour de ses gencives de le faire souffrir, nuit après nuit il dut supporter la perte de chacune de ses dents pour laisser place à des plus pointues, tranchantes et puissantes.
Enfin il y avait ce problème de taille qui ne cessait d'augmenter d'un ou deux centimètres chaque nuit, lui donnant l'impression que sa peau et ses os étaient étirés dans tous les sens. Heureusement pour lui ce calvaire n'avait durée qu'une dizaine de jours, passant d'une taille légèrement supérieure à la moyenne de 1m42 à une taille exagérément grande pour son âge de 1m55. Apparemment un lycanthrope complet se devait d'être plus impressionnant que ses semblables dont la plupart étaient déjà plus grands que la majorité des sorciers. La preuve, son parrain dépassait d'une tête son père qui mesurait pourtant 1m80
Par la suite, il eut de nombreuses courbatures et douleurs musculaires. Un loup complet d'Amérique du Sud avait un jour écrit qu'il avait réussi à se mesurer en therme de force pure avec un vampire. Altaïr avait toujours été admiratif de cela. Bien qu'il eut toujours été plus forts que la moyenne comme tout lycanthrope, il savait aussi qu'un simple humain pourrait l'égaler s'il décidait de se mettre sérieusement à la musculation. Son corps devait donc se préparer à l'accroissement de sa puissance musculaire.
Sa dernière épreuve fut la pousse de nouveau ongles, plus épais et pointus que les précédents. Après un test, il put même couper sa peau avec seulement une légère pression de son index sur celle-ci. Il se fit la réflexion qu'il devrait faire attention à les couper régulièrement désormais.
C'est ainsi que près de trois semaines plus tard, Altaïr put enfin passer sa première nuit depuis longtemps dans un sommeil profond grâce à une potion de sommeil-sans-rêve et la fin de ses transformations physiques.
Le lendemain de sa première nuit complète, Altaïr se dirigea machinalement vers la salle de bain afin de faire sa première toilette depuis bien longtemps. Habituellement il se contentait de se laisser nettoyer par l'un des elfes de la maison tandis qu'il restait allongé, trop effrayé à l'idée qu'un de ses mouvements provoque une nouvelle source de douleur.
Lorsque son regard croisa son reflet dans le miroir, Altaïr ne put empêcher un petit cri de surprise de lui échapper ainsi que de laisser tomber par terre la serviette qu'il venait de prendre en main pour essuyer son visage humide. Il lui fallut une bonne dizaine de secondes avant de se remettre du choc.
Juste en face de lui, se tenait un garçon au cheveux noirs et au regard carmin. Comment se faisait-il que le miroir puisse renvoyer cette image de lui alors qu'il avait les cheveux châtains de son grand-père Fleamont et les mêmes yeux anthracites que sa mère bien que les siens furent cerclés d'ambre.
Cela ne pouvait être lui, c'était impossible. Soudain il fit la connexion entre l'amélioration de sa vue et la nouvelle teinte de ses iris. Mais pourquoi son loup avait-il dû avoir les yeux rouges et non ambre comme le reste des siens. Il devina également que le changement de la couleur de ses cheveux était également dû à l'absorption de cette magie lupine appartenant à une créature au pelage noir.
Le choc était rude pour Altaïr, lui qui était si fier de partager ses cheveux bruns avec son défunt papy qui l'avait protégé jusqu'à sa mort, ne possédait plus rien en commun avec lui. Si seulement il avait pu hériter de son grain de beauté sur la tempe ou encore de sa tâche de naissance sur la hanche. Si seulement cela n'avait pas uniquement été ses cheveux. De plus son regard gris était la seule chose qui pouvait lui rappeler sa mère dont il ne se souvenait plus. Soudain son reflet lui devint insupportable. Son poing s'abattit sur le miroir qui lui faisait face tandis qu'un cri de rage s'échappait de ses lèvres.
Rapidement, un autre poing rejoignit le premier et ses phalanges furent bientôt en sang, des morceaux de verres transperçaient sa peau fine et des éclats parcouraient le sol. Ne faisant pas cas de cela, Altaïr fit simplement demi-tour et rejoignit sa chambre, sur le chemin il marcha sur quelques débris de glace, cependant il n'y fit une nouvelle fois pas attention.
« Derry ! » l'elfe apparut devant lui en un pop sonore, cependant ce dernier n'eut même pas le temps de s'incliner devant son jeune maître que les ordres retentirent. « Je veux que tu nettoies la salle de bain. Apporte-moi une pince à épiler, du désinfectant, des compresses et de l'antiseptique. Et ensuite je veux que tu me coupes les cheveux. Je t'attends ici. » Ordonna-t-il en s'affalent sur le tapis onéreux de sa chambre, le tintant doucement de carmin.
Le jeune elfe s'exécuta rapidement et ne tarda pas à revenir auprès de son jeune maître. Ce dernier remarqua immédiatement les mains tâchées de sang du garçon et se précipita à ses côtés.
« Derry a nettoyé la salle de bain, alors Derry va maintenant soigner Altaïr Black Monsieur.
- Non Derry, je veux que tu coupes mes cheveux. J'ai besoin de m'occuper les mains, je vais me débrouiller tout seul. »
Bien qu'il était évident pour Altaïr que l'elfe de maison mourrait d'envie de lui venir en aide, ce dernier ne broncha pas et sortit une paire de ciseaux afin de couper ces cheveux selon les ordres que lui donnaient au fur à mesure son jeune maître. Altaïr commença par verser l'antiseptique en grande quantité sur ses blessures, puis il désinfecta soigneusement la pince à épiler avant de commencer à retirer les premiers morceaux de miroir de sa main droite. C'est dans ces moments-là qu'il était heureux d'être ambidextre.
Plus il avançait dans sa tâche et plus la douleur dominait sa colère. Puis il réalisa ce que représentait ces changements physiques pour lui et que surtout, ces derniers étaient définitifs. Une première larme coula le long de sa joue, venant se perdre dans le tapis duveteux, rapidement suivit d'une seconde, elle-même suivit par une autre et cela jusqu'à ce qu'il finisse par fondre en larmes. Derrière lui, l'elfe posa délicatement sa main squelettique sur son épaule.
Ici, personne n'aimait beaucoup le jeune Black, pourtant lui ne pouvait s'empêcher de penser qu'ils se ressemblaient beaucoup. Ils devaient obéir au maître, ne pas se faire remarquer et si c'était le cas, ils se faisaient punir. Pourtant Altaïr était un sorcier, alors pourquoi le maître le considérait-il comme un elfe, ça Derry ne pouvait pas le comprendre.
Sentir la main enfantine du garçon se resserrer autour de la sienne comme à une bouée de sauvetage fit comprendre à l'elfe qu'il avait bien agi. Ce simple geste semblait déjà faire si plaisir au garçon, qu'il ne put s'empêcher de l'entourer doucement de ses bras fins, lui offrant une étreinte réconfortante le temps de quelques instants. A cet instant, Altaïr ressemblait enfin à un garçon de son âge, plein de doute, de tristesse, d'incertitude et effrayé par ce monde trop grand pour lui.
Derry se promis alors de toujours soutenir son jeune maître. Peu importait si pour cela il devait trahir maître Cygnus dans son dos.
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NDA : Pendant l'écriture de ce chapitre j'ai réalisé que j'ai fait une petite erreur dans mon arbre généalogique des Blacks. J'ai dit que Orion et Walburga était cousin germain mais en fait ils sont cousins éloignés au premier degré. En gros, Orion n'est pas le fils de l'oncle de Walburga, mais le petit-fils du grand-oncle de Walburga donc ils sont cousins issus de germain si j'ai bien tout compris. Bon dans tous les cas ça ne change rien à mon histoire et ça reste de l'inceste. C'est juste un détail que je voulais corriger. Si jamais vous voulez mieux visualiser l'idée, j'ai mis une représentation de cette partie de l'arbre généalogique dans mon drive (cf : lien en fin de page ou sur mon profil)
