13 mai 1990
Altaïr se réveilla le lendemain matin à 6h30 précise à cause de la voix déjà très énergique de l'infirmière lui intimant de se lever car bien qu'elle l'ait autorisé à rester une nuit dans son infirmerie, elle ne le laissera pas sécher ses cours alors qu'il était en état de les suivre. Du coin de l'œil, il aperçut les rideaux fermés de Wilson, ce dernier devait encore dormir et ne reprendrait certainement les cours que d'ici deux jours, peut-être trois.
Black se dirigea vers la salle de bain de l'infirmerie et après une douche rapide, il enfila les vêtements qu'avait dû lui apporter un elfe du château. Une fois prêt, il remercia l'infirmière et se dirigea vers la Grande Salle. Il n'avait aucune envie de faire face à ses amis, de devoir répondre à leurs questions ou encore de revoir cette lueur de déception dans leur regard. Cependant il valait mieux ne pas se torturer davantage en repoussant plus longtemps cet affrontement. C'est dans ces moments-là qu'il aurait aimé posséder le même courage que son parrain ou les Weasley, un courage de Gryffondor.
Lorsqu'il pénétra dans la Grande Salle, il n'y avait encore que peu d'élève assis aux différentes tables à cause de l'heure matinale. Altaïr ne put que remercier mentalement une nouvelle fois Pomfresh pour l'avoir réveillé aussi tôt. Cependant il découvrit rapidement que le peu d'élève présent n'était pas forcément une bénédiction pour lui car ainsi, les chuchotements se propageaient dans toutes les directions et se répercutaient sur les murs de pierre. De plus à chaque nouvel élève qui pénétrait dans la pièce, une nouvelle voix s'ajoutait aux messes basses et de nouveaux regards se posaient sur lui.
Pourtant Altaïr refusa de baisser la tête car malgré les dires de ses amis qui le considéraient comme un véritable Serdaigle, il avait été en partie éduqué par deux Maraudeurs et ils lui avaient transmis leur fierté et leur détermination. Il refusait de baisser la tête devant qui que ce soit, plus jamais il ne se soumettrait, même s'ils étaient une centaine à vouloir le faire tomber. De plus, sa fierté suffisait amplement à surpasser le malaise qui l'avait envahi. Il avait réussi à surmonter les critiques et coups de James Potter pendant toute son enfance, alors ce ne serait pas ces élèves de pacotilles qui allaient lui faire courber l'échine.
Il sortit finalement de ses pensées alors qu'il entamait son quatrième œuf au plat et son septième toast. Quelqu'un s'était assis à ses côtés et il n'eut pas besoin de lever le regard vers ce dernier pour le reconnaître. Après tout ils partageaient le même dortoir et son odeur s'était même légèrement imprégnée sur ses affaires.
« Au moins tu n'as pas perdu l'appétit. » S'amusa Caspar en observant avec un étrange mélange de fascination et de dégout son ami engloutir une nouvelle fois une quantité effrayante de nourriture.
« Je grandis plus vite que toi alors il me faut beaucoup d'énergie et de bons nutriments. » se contenta de répondre Altaïr en haussant des épaules.
Un silence gênant s'installa entre eux, aucun ne savant comment poursuivre la discussion ou s'il fallait même la poursuivre. Altaïr avait peur de se faire rejeter pour sa différence tandis que Caspar avait peur de paraître indiscret et de braquer son ami.
Ce fut finalement l'arrivée d'un groupe de Serpentard en face d'eux qui les sortis de cette situation gênante. Comprenant qu'il ne pourrait pas s'en sortir avant d'avoir donné quelques explications à ses amis, Altaïr se demanda s'il devait les rejoindre pour aller plus loin ou bien les laisser venir à lui. Finalement, il n'eut pas à faire de choix puisque les Serpentards s'installaient déjà en face de lui.
Cela provoqua un léger mouvement de recul au sein des Serdaigle et bientôt, quelques places se libérèrent autour d'eux, créant une sorte de No Man's Land que personne n'osait franchir. Les élèves des autres tables furent tout aussi curieux face à ce comportement peu habituel de ce petit groupe.
Après tout, c'était comme une règle tacite, en dehors des repas, les maisons pouvaient se mélanger autant qu'elles le souhaitaient, mais à table c'était chacun chez soi. Les seules exceptions acceptées étaient les petits frères ou sœurs qui avaient le droit de s'asseoir occasionnellement à la table de leurs aînés. Alors assister à une telle scène, d'autant plus lorsqu'elle provenait de la table des Serdaigle, était quelque chose de miraculeux et de quelque peu dérangeant.
Voyant le malaise grandissant de son ami, Bacchus fut le premier à briser le silence pour créer une barrière autour d'eux. Après tout, Altaïr n'aimerait certainement qu'une mauvaise langue entendent ce qu'ils avaient à dire répande des rumeurs derrière son dos.
« Il n'y a pas grand-chose à dire. » tenta d'esquiver le première année.
« Et moi je crois qu'au contraire, tu as beaucoup à nous dire. » contra Marcus d'un ton catégorique qui eut le don d'agacer Altaïr.
Certes il avait caché beaucoup de chose à ses amis et ne partageait que très peu ses émotions contrairement à eux qui, une fois dans l'intimité de leur salle commune ou d'un coin reculé du parc, osaient s'ouvrir à leurs proches. Cependant Altaïr ne leur avait jamais demandé de se rapprocher ou de s'ouvrir à lui, alors de quel droit osait-il lui imposer cette volonté de savoir tous ses secrets.
Mais d'un autre côté, Altaïr ne connaissait rien à l'amitié. Son seul ami avant Poudlard était Derry, son elfe de maison. Peut-être que c'était ça l'amitié, devoir peu à peu se livrer pour qu'en échange l'autre se confesse également. Pourtant, Derry ne savait pas grand-chose de lui et ne lui avait jamais rien demandé. Mais à cette pensée, Altaïr faillit se frapper le crâne, il était stupide. Bien sûr que son elfe ne lui avait rien demandé, il n'était pas sensé le faire et ne le ferait certainement jamais de peur de froisser son maître.
Perdu dans ses pensées, Altaïr ne remarqua les regards plus qu'insistants que lui lançaient ses amis. N'en pouvant plus de cette tension, ce fut Marcus qui craqua en premier ce qui sortit brutalement Altaïr de ses pensées.
« Par Merlin Black, tu vas nous répondre !
- Non.
- Quoi non ?
- Je ne vois pas en quoi ça vous regarde.
- En quoi ça nous regarde ? » s'insurgea Bacchus cette fois-ci. « Nous sommes tes amis Altaïr au cas où tu l'aurais oublié. Et entre amis on se soutient dans les moments difficiles, alors tu peux nous faire confiance. » Mimosa hocha de la tête à ses côtés pour soutenir ses paroles.
« Si c'est ça l'amitié, devoir divulguer tous ces secrets en échange d'un peu de confiance ou de soutient, je n'en ai pas besoin. » Cracha froidement Altaïr.
Finalement il avait bien raison, des humains ne pouvaient pas se soutenir seulement par loyauté ou altruisme. Il fallait une raison, il fallait qu'ils sachent s'il était quelqu'un de bien ou non, s'il valait la peine d'être soutenu, s'il n'allait pas les trahir parce qu'il était le seul à connaître des histoires sur eux.
Pourquoi ne pouvait-il pas penser comme lui ? Lui qui s'en fichait de tout cela. Lui pour qui les origines n'avaient aucune importance. Lui pour qui savoir si son ami n'était pas secrètement un con ne comptait pas. Lui qui n'avait pas besoin de connaître leurs secrets pour leur avoir laissé une place bien plus importante qu'il ne l'aurait pensé dans son quotidien. Lui qui ne connaissait au final que peu de choses d'eux et qui pourtant, pensait à eux comme des amis.
Mais d'un autre côté, Altaïr ne pouvait pas s'empêché de haïr sa réaction et surtout, la petite voix qui lui disait que ses amis avaient tous les droits de demander ça. En réalité, ce qui l'agaçait le plus dans cette situation fut qu'il était effrayé et pas qu'un peu. Il avait peur de ne pas réussir à s'arrêter s'il commençait à parler. Il avait peur d'être rejeté s'ils apprenaient pour son passé. S'ils découvraient qu'il était le fils d'Aquila Black, un lycanthrope ou encore qu'il avait été renié. S'ils venaient à soupçonner la fragilité de sa santé mentale ou encore ses pertes de contrôles qui pourraient un jour se retourner contre eux comme avec son frère.
Alors qu'il allait se lever pour quitter la table, il fut retenu par Caspar qui lui avait attrapé le bras. Altaïr aurait pu s'en défaire, mais le souhait-il vraiment ? Non, il avait espéré cette réaction, alors il se rassit en posant cette fois son regard sur son camarade de classe.
« Tu as raison, nous ne sommes pas encore assez proches pour être considérés comme des amis fiables, je suppose. Mais on ne voulait pas te contrarier, on veut juste pouvoir t'aider. Mais si tu n'as pas envie de parler, aucun d'entre nous ne te forcera parce qu'alors, ce ne serait plus de la sincérité mais un chantage. Ce n'est pas bien de demander une confidence en échange d'un peu d'amitié ou de confiance. Si tu penses que nous n'avons pas besoin de le savoir, ce n'est pas grave. Dis-moi juste une chose, est-ce que tu vas bien ? » demanda finalement Caspar, son regard transpirant de sincérité et d'inquiétude.
Altaïr fut soufflé par ce regard. Il ne se souvenait même pas de la dernière personne qui lui avait posé cette question. Bien sûr qu'il allait bien, il était un Black, il avait de bonne note, sa santé n'avait jamais été aussi satisfaisante, il venait de régler le cas d'un gêneur et ses amis n'allaient pas le quitter malgré son mutisme. Alors oui, tout allait. Pourtant, face au regard perçant de l'autre Serdaigle, il ne put qu'abdiquer. Il allait commencer par arrêter de se mentir à lui-même.
« Non Caspar, ça ne va pas. Ce n'ait jamais allé et ça n'ira jamais. Mais c'est bon, c'est ok. J'y suis habitué et je suis prêt, j'ai été élevé comme ça. En réalité, la situation n'est pas si mauvaise que ça, elle est juste un peu moins bonne qu'il y a quelques jours. Mais peu importe ce que je ressens ou ce qui m'arrive, ça n'a pas d'importance. » haussa-t-il des épaules.
Cette fois-ci, il était sincère. Certes, ce n'était pas la grande forme psychologiquement parlant, mais ce n'était pas la fin du monde. Dans quelques jours tout reviendrai à la normale, c'est juste qu'aujourd'hui été un jour encore un peu moins bon que les autres. Il avait l'habitude, ça vie était faite de bas, de temps en temps de bas encore plus bas et rarement, il y avait soudainement un haut. Alors ça irait, il en était certain. Il pourrait toujours se relever, parce qu'il avait forcément déjà vu pire.
Altaïr se réinstalla plus confortablement à leur côté et repris comme si de rien était son jus de citrouille en main. Rassuré d'avoir échappé au pire, les Serpentards se détendirent quelque peu et entamèrent eux aussi leur petit-déjeuner.
Le dernier à le quitter des yeux fut Caspar qui avait apparemment du mal à se remettre de la sincérité dont il avait fait preuve pour une fois. De plus, comment quelqu'un qui arrivait à avouer que non, il n'allait pas bien, pouvait continuer à garder autant d'appétit. Altaïr était décidemment un cas plus qu'intéressant à étudier pour le Serdaigle qu'il était.
Finalement, chacun reprit son repas et n'intervint plus dans la discussion de peur de froisser à nouveau le jeune héritier. Heureusement pour eux, ce silence pesant fut brisé quelques minutes plus tard par l'arrivée de deux têtes rousses qui embarquèrent Black en le tirant chacun par un bras un criant « Urgence ! Urgence ! » à tue-tête.
Ce fut sous les regards ébahis de ses amis qu'Altaïr s'enfouit en suivant les jumeaux Weasley, un très léger sourire au coin des lèvres et qui disparut bien vite. Cependant ils savaient qu'ils ne l'avaient pas rêvé, Altaïr avait souri.
Une fois en dehors de la Grande Salle, les jumeaux Weasley se précipitèrent derrière une alcôve et lâchèrent enfin leur otage et reprirent bruyamment leur souffle.
« Alors, que se passe-t-il ? » demanda curieusement Altaïr.
« Ah euh… en fait c'est juste que tu avais l'air un peu mal à l'aise…
- …Donc on s'est dit que tu voudrais peut-être t'enfuir.
- Mais si on s'est trompé…
- … tu peux y retourner…
- … il n'y a pas vraiment d'urgence. » termina Fred en prenant une teinte rouge pivoine.
Altaïr haussa finalement des épaules, si déjà il était là, autant rester avec eux. D'autant plus qu'ils avaient cours de sortilège en commun dans moins d'une trentaine de minutes. Ils se dirigèrent donc lentement vers la tour des Gryffondors dans un premier temps afin de récupérer les sacs des deux rouquins. Il passerait ensuite aux dortoirs d'Altaïr avant de rejoindre la salle de cours.
Sur le chemin George et Fred se plaignirent de Rogue qui leur avait rajouter deux devoirs supplémentaires pour le prochain cours qui seraient seulement dans trois jours. Autant dire mission impossible pour les deux Gryffondors qui avaient également pris du retard en métamorphose et histoire de la Magie.
« Je vous aiderai. »
Un léger silence s'installa. Habituellement, c'était Fred et George qui suppliaient leur ami de les aider et bien souvent ce dernier finissait par accepter, mais il rajoutait toujours une condition agaçante à la dernière minute.
« Pour vous remercier et parce que je n'ai pas pu vous aider hier matin. » se justifia Altaïr face au regard interrogateur et choqué de ses amis. « Rendez-vous à 16h cette après-midi sur la table près du rayon sur l'arithmancie. Elle est souvent vide à cette heure-là. » conclut-il en pénétrant dans la salle.
Ils avaient tellement traîné dans les couloirs qu'au final ils étaient dans les derniers à être arrivés et non en avance comme ils l'avaient d'abord pensé. Altaïr s'installa comme à son habitude sur la dernière rangée de la salle de classe là où l'attendait déjà Caspar. Ce dernier était déjà profondément endormi, la tête coincée entre ses bras et ne sembla même pas l'entendre arriver.
Ne voulant pas perdre une nouvelle fois des points à cause de son ami, Altaïr attrapa le livre le plus épais qu'il trouva dans son sac et l'abattit avec force sur la table, faisant résonner le son de l'impact dans un « PANG » sonore qui eut au moins le mérite de réveiller l'autre Serdaigle en sursaut. Satisfait de son méfait, il rangea calmement le livre dans son sac et fit comme s'il ne sentait pas le regard noir de l'autre le fusiller de part en part.
Le reste de la journée fut calme. Caspar agissait comme à son habitude et ne semblait pas accorder plus d'importance que cela à leur discussion du matin même. Ils étaient tous sur les nerfs à ce moment-là, donc continuer à se prendre la tête sur ce sujet ne serait pas productif. Autant oublier cela et repartir sur de bonnes bases et non une tension qui les rendrait mal à l'aise.
Comme promis, Altaïr attendit les deux jumeaux à la bibliothèque et commença à rassembler divers livres de potions en les attendant. Avec un timing parfait, Fred et George arrivèrent à la bibliothèque en même temps qu'il finissait de déposer les derniers ouvrages sur leur table. Soudain, les deux garçons devinrent pâles comme la mort en avisant la pile de lecture qui les attendait.
« Tenez, c'est la liste des chapitres qui vous aideront pour préparer votre devoir. Fred, tu commences avec celle-là, c'est pour l'analyse des effets des crochets de serpent en fonction qu'il soit solide ou en poudre. George tu prends cette liste, c'est pour l'exposée sur les propriétés liantes du mucus de Veracrasse.
- Et combien de temps sommes-nous sensés rester ici ? » déglutit difficilement Fred.
« Personnellement, je n'en aurai que pour une heure à votre place. Je vous laisse donc trois heures pour faire les deux sujets. Je les corrigerai et vous pourrez les recopier au propre ensuite pendant une heure, jusqu'à la fermeture de la bibliothèque. Ça veut donc dire que vous avez donc une heure trente par sujet chacun. »
Le ton utilisé indiquait clairement qu'aucune objection ne serait admise. C'était le problème avec Altaïr, il était bien trop investi dans chaque décision qu'il prenait. Fred et George savait que dès qu'il les aidait, leurs notes grimpaient en flèche alors que c'était bel et bien eux qui rédigeaient plus de quatre-vingt-quinze pourcents des parchemins. Pourtant, rien que les aider à mieux trouver leurs sources, à corriger leurs fautes et répondre à leurs nombreuses questions suffisaient déjà à faire progresser leurs notes d'Acceptable à Effort Exceptionnel la plupart du temps. Alors que tout le monde savait que Rogue ne donnait pas ce genre de notes à n'importe quel élève, encore plus quand il venait de Gryffondor.
Après un dernier soupir et regard noir d'Altaïr, les jumeaux s'installèrent à droite et gauche du Serdaigle afin qu'il puisse aisément zieuter sur leurs copies et sans que ses derniers ne puissent copier l'un sur l'autre. Pff, comme si c'était leur genre …
A leur plus grande surprise, même celle d'Altaïr, ils furent rapidement rejoints par Caspar qui ne sembla pas faire grand cas des deux rouquins déjà installés aux côtés de son ami.
« Caspar Flint. » se présenta-t-il simplement en sortant déjà ses livres et parchemins de son sac.
« Fred Weasley.
- George Weasley. » répondirent finalement les jumeaux après un petit moment d'hésitation.
Par la suite, Caspar ne fit plus attention aux jumeaux, trop absorbé par son essai de métamorphose. Il ne relevait la tête qu'en de rares occasions pour demander conseil à Altaïr qui était assis juste en face de lui. Fred et George observèrent du coin de l'œil l'étrange relation des deux Serdaigles. Leurs rapports semblaient assez froids et distants, pourtant ils travaillaient vraiment bien ensemble. Caspar n'avait qu'à lire l'extrait de texte qu'il ne comprenait pas pour que l'autre lui explique calmement en détail ce qu'avait voulu dire l'auteur par là. Pas de remerciements, cela ne semblait pas nécessaire entre eux.
De temps en temps, Altaïr n'avait qu'à tapoter du doigt une ligne du livre ou de son essai pour qu'aussitôt Caspar corrigeait son erreur d'orthographe ou rajoute quelque précision de plus. Ils semblaient étrangement sur la même longueur d'onde. Ne pouvant comprendre ces deux cerveaux bien trop Serdaigles pour eux, George et Fred se reconcentrèrent sur leurs propres livres, après tout ils ne comptaient pas rester ici jusqu'au lendemain.
Altaïr, de son côté, zieutait sur les trois devoirs de ses amis à la fois en plus de lire un ouvrage portant sur le sortilège du Patronus. Bien qu'ils ne l'expriment pas à voix haute, les trois étudiants étaient impressionnés par lui. Altaïr était ce qu'on appelait un génie, doué en tout et pouvant exécuter n'importe quelle tâche ou du moins c'était l'impression qu'il donnait.
Caspar savait quant à lui qu'il travaillait bien plus que quiconque puisqu'ils partageaient la même chambre. Il ne se souvenait plus du nombre de fois où ils se réveillaient en pleine nuit et voyaient encore une lumière s'échapper d'entre les rideaux du baldaquin de Altaïr, signe qu'il lisait encore. Ou encore les multiples nuits blanches qu'il avait passé sur une table de la salle commune, Caspar le retrouvant dans la même position que la veille au soir lorsqu'il l'avait quitté pour aller au lit.
De plus, Altaïr laissait parfois échapper que c'était son père ou ses tuteurs qui l'avaient toujours poussé à avoir des résultats au-dessus de la norme. Selon lui, il se devait de surpasser tout le monde et bien que ce fût égocentrique de penser cela, Caspar ne put empêcher un soupir de lui échapper en songeant qu'il n'avait malheureusement pas vraiment tort. Altaïr était dans un autre monde, à un niveau certainement inatteignable pour la plupart des élèves de Poudlard.
Après trois heures de travail intense, les jumeaux purent enfin faire une petite pause puisqu'Altaïr tenait à relire leurs parchemins. En attendant, Fred et George se déplacèrent pour être assis côte à côte et ne se génèrent pas pour voler le livre d'Altaïr pour ne feuilleter le contenu.
« Tu sais déjà en faire un ? » questionna George.
« Non, je suis incapable de faire ce type de magie. »
Il fallut quelques instants aux trois autres garçons pour se remettre du choc. Altaïr venait-il d'avouer qu'il était incapable de faire quelque chose, de magique qui plus est ?
« Pourquoi ? Mon père m'a dit que ce n'était pas si dur à faire si on est assez puissant magiquement parlant. Et si mon père peut en faire un, alors toi aussi. » s'exclama Caspar avant de rapidement baisser le ton face aux regards noirs combinés de Mrs Pince et d'Altaïr.
« Ce n'est pas la magie le problème. Il faut utiliser un souvenir heureux pour faire un Patronus. Je n'en ai pas encore d'assez fort pour faire ça. Je ne pense pas pouvoir y arriver.
- Et qu'est-ce qui te dis que tu n'auras jamais de grand bonheur ?
- Ma vision du monde m'en empêche. Je ne peux pas concevoir que quelque chose est entièrement positif. Peu importe ce qui nous arrive, il y a forcément au moins un impact négatif qui en découle. De plus, on va dire que j'ai une malformation de l'esprit depuis qu'un Legilimens a essayé de regarder mes souvenirs de force quand j'étais petit. Depuis, je garde en mémoire chaque chose que je vois, mais la contrepartie est que les émotions qui vont avec s'efface petit à petit, surtout les sentiments positifs. A cause de ça, je ne peux pas me concentrer assez sur des sentiments heureux pour faire un Patronus. »
C'était la première fois que Caspar et Altaïr débattait sur un sujet aussi personnel. Habituellement il ne faisait qu'éviter ce genre de question d'un haussement d'épaules. Peut-être était-ce la présence des deux rouquins qui le détendait quelque peu. En parlant d'eux, ils ne tardèrent pas à rejoindre la discussion.
« Pas même un anniversaire ou un Noël ?
- Ou la première fois que tu as volé sur un balai ?
- Ça avait bien fonctionné sur Charlie, notre frère, le truc du balai. Ou une sortie en famille ? » compléta George.
« Ou la première fois qui tu es allé sur le chemin de traverse ?
- Ou ton premier acte de magie ?
- Ou quand tu as reçu ta lettre de Poudlard ?
- Je crois que c'est bon. On a compris. » les stoppa Caspar. Ils rougirent et cela sembla beaucoup l'amuser.
« Je n'ai jamais fêté mon anniversaire. Ni Noël avant cette année. Enfin si, je le faisais quand j'étais tout petit mais mon père me reprenait mes cadeaux pour les revendre. » réfléchit Altaïr à voix haute. « Ah si, quand j'avais deux mois, je l'ai fêté avec ma famille, mais je ne m'en souviens pas, je l'ai juste vu sur une photo. »
Les trois autres garçons semblaient abasourdis par la nouvelle. Il était impossible pour eux d'imaginer un monde où Noël et leurs fêtes d'anniversaires n'existaient pas.
« Mon premier vol, je suis tombé et j'ai failli me fracturer le crâne si mon elfe de maison n'avait pas stoppé ma chute à quelques centimètres du sol. Le chemin de Traverse, c'était quand j'étais très petit avec mon parrain, je ne m'en souviens plus vraiment. Et mon premier acte de magie… » Un sourire sans joie apparut sur le visage d'Altaïr.
Il ne savait même pas ce qu'était son premier acte magique. Il ignorait si une transformation en lycanthrope était considéré comme un acte magique ou non. Si ce n'était pas le cas, alors c'était le jour où il avait fait voler un pot de fleur en plein dans le ventre de James alors qu'il essayait pour la première fois de lever la main sur lui. Non, ce n'était décidément pas son meilleur souvenir car bien que cela fut satisfaisant sur le coup, la punition qui avait suivi n'avait rien eu d'agréable.
« C'était quoi ensuite ?
- Laisse tomber. De toute façon la plupart des souvenirs de ce genre sont considérés comme trop faibles. Et un souvenir en famille ? » demanda Caspar.
« Famille ? Eh bien, j'ai de bon souvenir avec mon petit-frère, mais la plupart d'entre eux se terminaient mal pour moi au final, je suppose. J'ai déjà essayé en pensant à mon parrain, mais ça n'a pas suffi.
- Et ta mère ou ton père ? Aucun souvenir ? »
Aussitôt, un silence lourd s'abattit et Caspar compris aux visages anxieux des jumeaux qu'il n'avait peut-être pas abordé le meilleur des sujets. Il se souvint soudainement de l'aveux d'Altaïr pendant les vacances de Noël. Sa mère était à Azkaban. Ne sachant comment rattraper sa bourde, il tenta de trouver un autre souvenir heureux qui pourrait faire oublier ce sujet visiblement sensible. Cependant le regard persan d'Altaïr sur lui le rendait de plus en plus nerveux et l'empêchait de réfléchir correctement.
Finalement, Black cessa de le dévisager et reporta son attention sur les parchemins des jumeaux qu'il avait toujours en main. Maintenant qu'il y réfléchissait, Caspar réalisa qu'il ne savait absolument rien de son ami. Cela allait de sa date de naissance aux noms des membres de sa famille en passant par ses passions ou passe-temps. Avant aujourd'hui, il ne savait même pas qu'il avait un petit-frère.
Etonnement, ce fut Altaïr qui brisa le silence. Habituellement, il n'engageait pas la conversation, appréciant tout autant se murer dans le silence que d'écouter ses amis lui partager leurs opinions sur tel ou tel sujet.
« Ma mère a été enfermée à Azkaban le jour de mes un an. Je ne me souvenais pas d'elle avant de l'avoir rencontré pour la première fois à Noël. Je n'ai donc pas de bon souvenir avec elle ou alors je ne m'en souviens pas. »
Caspar et les jumeaux n'intervinrent pas. Visiblement Altaïr semblait hésiter à continuer ou non et ils ne voulaient pas le brusquer et le faire se renfermer sur lui-même.
« Elle était Mangemorte, elle a tué la mère de Wilson pendant la guerre. C'est mon parrain qui l'a arrêté sans le faire exprès. Il était amoureux d'elle, je pense. »
Un nouveau silence s'installa doucement autour d'eux. Comprenant que cette fois-ci, il n'irait pas plus loin, les jumeaux décidèrent de changer totalement de sujet et lui demandèrent ce qu'il pensait de leurs devoirs. Altaïr se reconcentra rapidement sur le sujet et indiqua à l'aide d'une plume rouge ce qu'ils devraient modifier, supprimer ou rajouter. Comme toujours, Fred avait un peu moins de rouge sur sa copie que son jumeau.
C'était l'une des rares différences entre les deux jumeaux, leurs niveaux scolaires étaient en tous points identiques, sauf en potion où Fred était légèrement meilleur et en métamorphose où c'était l'inverse, George le dominant cette fois légèrement.
De son côté, Caspar fixait pensivement son livre. Désormais, l'altercation entre Wilson et Altaïr prenait un peu plus de sens. Le préfet de Serdaigle devait certainement s'en être pris à lui depuis le début de l'année à Altaïr à cause de cela et avait dû cette fois-ci dépasser les bornes. Certainement avait-il insulté la Mangemorte ou quelque chose de semblable et son ami avait tout simplement pété les plombs. Après tout, cela faisait des mois qu'il rongeait son frein, essayant de ne pas répondre aux provocations de l'autre, il n'était en fait pas étonnant que son ami perde le contrôle et réponde à ce petit con de cinquième année.
Finalement, Caspar jugea que cela ne le concernait pas et reprit sa lecture. Altaïr venait de s'ouvrir à lui, ce n'était pas le moment de lui tirer les vers du nez et de l'agacer. Il se contenterait de rester à ses côtés
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1er juillet 1990
Pendant le mois de scolarité restant, Altaïr s'était peu à peu rapprocher des Weasley, de Diggory et de Zabini en public, discutant parfois avec eux en cours, dans les couloirs ou bien en faisant ses devoirs avec eux. Ainsi les rumeurs circulant sur lui depuis l'incident avec Wilson s'était peu à peu effacées jusqu'à disparaître presque entièrement. Certes on ne le critiquait plus ouvertement car « comment est-ce que des Poufsouffles et des Gryffondors pourraient devenir amis avec quelqu'un de mauvais ? », mais cela n'empêchait pas certains de ses camarades de le fuir ou le dévisager avec peur dès qu'il se retrouvait seul.
Un point positif était que sa menace envers Wilson avait semblé l'effrayé suffisamment pour qu'il ne parle de son petit secret à personne. De plus ce dernier l'évitait désormais comme la peste, lui retirant ainsi une bonne dose de stress du dos. Car même s'il ne l'avait pas réalisé auparavant, être constamment rabaissé par un élève plus âgé et influent que lui était mine de rien assez oppressant.
Enfin, le dernier point positif était le mauvais temps qui ne cessait de s'abattre sur le pays. Il n'avait pas encore le courage d'assumer devant ses amis ses cicatrices qui le recouvraient. Il n'avait pas envie d'avoir à répondre à des questions gênantes à ce sujet. Alors les pluies qui ne cessait de revenir tous les deux ou trois jours étaient une véritable aubaine pour lui.
Et lorsque les beaux jours revinrent, Dumbledore avait interdit l'accès au lac car une espèce invasive de poissons magiques avait infesté le lac. Donc le temps que des spécialistes travaillaient à les attraper et à les ramener dans leur milieu naturel, les élèves ne pourraient aller se baigner. Certes, Altaïr se demanda rapidement comment des poissons avaient-ils pu apparaître comme par magie du jour au lendemain par centaines. Puis il se dit que justement que cela devait être dû à la magie.
Lorsqu'enfin il put grimper dans le Poudlard Express qui le ramènerait auprès de sa famille, il décida de s'installer dans un wagon assez reculé en compagnie de ses amis Serpentards. Au bout d'un certain temps, il décida tout de même de passer une ou deux heures avec ses autres amis et c'est ainsi qu'il finit par créer quelques farces de dernières minutes avec les jumeaux et Lee. Puis à essayer de battre Noah aux échecs avec l'aide de Cédric, bien que toutes leurs tentatives soient veines.
Enfin, il passa un peu de temps avec Graham Montague, un première année comme lui mais à Serpentard, qui partageait son wagon avec une de ses camarades de Serdaigle, Lisa Ravera. Leur amitié était assez fraîche puisqu'elle ne datait que du mois de mai et était principalement scolaire, mais les trois premiers années s'entendaient plutôt bien. De plus cela faisait du bien à Altaïr d'avoir une porte de sortie lorsque ses autres amis devenaient trop bruyants puisque Lisa et Graham était assez silencieux et calme, comme lui.
Lorsqu'il remarqua qu'il ne restait plus qu'une heure de voyage avant d'arriver à la gare de King's Cross, Altaïr décida finalement de rejoindre son wagon initial puisque ses affaires s'y trouvaient toujours. La fin du trajet se passa dans la joie et la bonne humeur, chacun expliquant ses projets de vacances.
Marcus et Caspar partait avec leurs parents en France afin de visiter la capitale pendant quelques jours, puis ils iraient un peu plus dans le Sud afin d'y profiter du soleil et de la plage. De toute façon son père devait faire affaire par là-bas, donc autant emmener sa famille avec leur avait-il dit. Anastasia quant à elle partait toute seule retrouver une cousine en Russie qui venait de finir ses études à Durmstrang et qui l'avait invité à passer une dizaine de jours avec elle dans son tout nouvel appartement.
Bacchus, lui, prévoyait simplement de s'occuper de son cousin qu'il aimait tant pendant la presque totalité des vacances, Marylène qui ne vivait pas trop loin de chez lui, lui rendrait certainement visite de temps en temps.
Finalement, ils se promirent de se retrouver le 1er août pour faire leurs courses tous ensembles ainsi que d'essayer de se voir à d'autres occasions. Lorsque le train arriva à King's Cross, ils décidèrent de marcher ensemble jusqu'à l'autre bout de la gare, apparemment leurs familles avaient semblé penser qu'ils seraient dans le premier wagon, là où se trouvait tous les intellos et non le dernier. Altaïr quant à lui ne voyait juste pas son parrain mais connaissant la ponctualité de ce dernier, il ne serait donc pas étonnant qu'il doive attendre plusieurs longues minutes avant de le voir apparaître.
Cependant, il n'eut le temps de faire qu'une dizaine de pas avant qu'un corps s'écrasa sur son dos. Le rire roque lui indiqua immédiatement qu'il s'agissait de Remus. Lorsqu'Altaïr se tourna pour lui faire face et par la même occasion le jarreter de son dos, il remarqua enfin le petit garçon qui se tenait un peu en retrait. Il s'accroupit devant lui et avança lentement une main vers la tête couverte par une casquette du garçon afin de le saluer. Il vit parfaitement sa crispation et décida de ne pas aller au bout de son geste.
Derrière eux, ses amis étaient plutôt choqués. Altaïr détestait par-dessus tous les contacts physiques, même eux n'avaient pas vraiment le droit de le toucher en dehors des Weasley. Bien que leur cas soit en peut particulier, ses deux crétins n'avaient pas remarqué le malaise de ce dernier lorsqu'ils le prenaient par le bras. Finalement Altaïr s'était tout simplement habitué à ce contact-là.
Cependant, le plus étonnant pour eux fut lorsque Altaïr attrapa doucement le garçon qui devait être son petit-frère et le plaça sur ses épaules, provoquant un rire chez ce dernier, bien qu'il fit semblant de râler en disant ne plus être un bébé. Malgré qu'ils n'aient que deux ans d'écart, Thomas et lui montraient une différence de taille d'un peu plus de trente-cinq cm étant donné que le premier était particulièrement petit et l'autre particulièrement grand pour leurs âges.
C'était la première fois qu'ils voyaient Altaïr aussi détendu, même son regard ne semblait plus du tout dur à ce moment-là. Ils en auraient presque été jaloux de cette complicité entre les deux enfants et l'adulte.
« Alors c'est lui le fameux petit frère ? » demanda curieusement Caspar derrière lui ce qui le fit sursauter, il avait complètement oublié sa présence.
« Ouai, c'est lui. » Le ton d'Altaïr était affectueux et bien plus doux qu'à l'accoutumé.
Les Serpentards dévisagèrent quelques instants l'enfant avant de finalement se détourner d'eux pour rejoindre leurs propres familles après les avoir salués une dernière fois. Caspar mis quelques temps de plus à les quitter puisqu'Altaïr avait tenu à le présenter à son parrain avant qu'il ne parte.
« Remus, voici Caspar Flint, mon meilleur ami, on est dans la même maison. Caspar, voici mon parrain, Remus Lupin. »
Cela surpris quelques instants Caspar d'être qualifié de meilleur ami, mais il réalisa rapidement que lui aussi considérait l'autre Serdaigle comme tel depuis un certain temps. Cependant il était surpris que ce titre n'aille pas aux deux Gryffondors avec lesquelles ils semblaient un peu plus proches selon lui en tout cas. Caspar se repris rapidement et salua poliment l'adulte qui lui offrit un sourire chaleureux en échange. Visiblement il ne s'attendait pas vraiment à ce qu'Altaïr se fasse réellement des amis et il pouvait le comprendre, ce n'était pas son genre de se mêler aux foules ou de copiner à droite et à gauche.
Finalement, Caspar les quitta lorsqu'un peu plus loin, son frère l'interpella pour qu'ils puissent eux aussi rentrer à la maison.
« Il est bizarre. » commenta Remus, il n'avait pas manqué le regard perçant du garçon ou encore son expression quelque peu étrange lorsqu'il avait fixé Thomas. Comme s'il cherchait à découvrir un mystère.
« C'est un Serdaigle, on est tous un peu bizarre je crois.
- D'ailleurs, tu ne m'avais pas dit qu'il y avait aussi des Gryffondors et des Poufsouffles ? Par pitié dis-moi que ce n'était pas un mensonge ? » supplia Remus d'un air désespéré.
Comme pour lui répondre, Cédric et Noah lui firent signe un peu plus loin en lui souhaitant de bonnes vacances et quelques secondes plus tard Fred et George se présentait devant lui pour lui dire au revoir.
« Remus, je te présente tes deux plus grands fans. Fred, George, voici Remus Lupin, mais vous pouvez l'appeler Lunard. »
A ces mots, les yeux des jumeaux se mirent à pétiller dans un mélange de malice, de joie et de respect. Puis leur mère apparut de nulle part et les ramena par les oreilles avec elle là où ils avaient abandonné leurs valises pour pouvoir le rejoindre. Cependant les deux rouquins ne semblaient pas se soucier de perdre leurs oreilles puisqu'ils étaient bien trop occupés à se plaindre de ne pas avoir pu demander d'autographes à leur Dieu Lunard. Remus ne savait vraiment plus où se mettre tant le rouge lui montait aux joues.
Amusé par le comportement de ses amis, Altaïr attrapa le bras de son parrain, l'incitant à transplaner pour pouvoir rentrer à la maison.
