Chapitre 2 - La Traversée (Partie 4)
Même après l'arrivée de la vendeuse, il nous fallut un bon moment pour dénicher les rares uniformes à notre taille. Kathleen avait été un cauchemar. Sa taille de fourmi était impossible à trouver. Finalement c'était moi qui la lui avais trouvée, sous un meuble, sûrement oubliée là depuis des lustres. J'ai supposé que ça l'avait ravie, puisqu'elle me sauta au cou la demi-seconde qui a suivi. Ce qui lui avait valu quelques moutons de poussière de mes cheveux dans les siens, souvenir du sol inconnu au balai.
- Salut Kath.
Un garçon venait d'entrer. Il s'est approché et je me suis faite la réflexion qu'il était sûrement l'amoureux de toutes les filles de sa classe, au primaire. Ses cheveux noirs étaient mal raccourcis au niveau de la frange. Des mèches folles dansaient devant ses yeux sombres pleins de cils et battaient les flancs de son nez fin et pâle. Il avait les sourcils froncés et avait parlé sèchement.
- J'ai croisé Face-de-rat dehors. Il t'a pas embêtée, j'espère. Je lui ai promis deux baffes si c'était le cas.
Kathleen débarrassa ses cheveux de la poussière et la vue du garçon illumina son visage.
- Alice ! T'inquiète pas, Malany l'a envoyé promener.
Le garçon tourna la tête vers moi et son expression s'adoucit. Alice ? Le garçon était une fille ? C'est vrai qu'il avait un visage fin et des traits efféminés, maintenant que j'y regardais de plus près. Kathleen m'avait mis le doute et j'étais désormais incapable de lui donner un sexe. Je me retins de lui poser la question de peur de la (ou le?) vexer, et décidai d'attendre qu'on me le dise.
- Parfait. Mais il aura quand même ses cadeaux de remerciement s'il recommence.
Un sourire se matérialisa sur ses lèvres et l'androgyne secoua sa paume ouverte dans les airs.
- Tu parles d'Eli ? demandai-je. Vous vous connaissez déjà ?
- M'en parle pas. Le père de Face-de-rat est un des riches bienfaiteurs qui financent l'orphelinat. Il amène son fils à chaque fois qu'il vient. Peut-être qu'il espérait qu'il deviendrait ami avec les enfants. Manque de pot, c'est un crétin plein de suffisance et toujours des insultes au bord des lèvres. Tout le monde le déteste, à l'orphelinat. Mais pas autant que moi, je le déteste. J'espère qu'on ne sera pas dans la même Maison, lui et moi, parce qu'il risquerait de tomber malencontreusement dans une cheminée.
- L'orphelinat ?
La question m'avait échappé, mais la réponse était évidente. Alice et Kathleen venaient de l'orphelinat de Mr. Fox, et il les avait accompagnées faire leurs courses scolaires. Maintenant je regrettais d'avoir ouvert la bouche. J'allais dire un mot d'excuse et enchaîner sur un autre sujet quand Alice me rassura avec un sourire et se détourna.
- Bon, il me faut toujours une robe, moi. Rowe a récupéré la vieille robe de Slyha, donc elle en a profité pour continuer vers l'épicerie. Elle va nous prendre nos fournitures en même temps que les siennes pour aller plus vite. Monsieur Fox m'a dit de te prendre au passage et de les rejoindre dès qu'on a fini. Où sont les tailles première année ?
- Pas la peine de chercher, toutes les tailles sont là. Ça fait une demi-heure que je désespère Malany, avec ma taille de naine. On a dû tout sortir pour moi, lança Kathleen.
Je n'en croyais pas mes oreilles. Elle venait d'aligner plus de trois mots !
Dix minutes plus tard, Alice avait trouvé son uniforme et nous ressortions de l'arrière-boutique. Eli était là. Il avait fait ajuster sa robe depuis un moment déjà et la portait comme un trophée. Il discutait avec quelques copains. Sa tête dépassait celles des autres de dix bons centimètres. Sa silhouette était fine et ses courts cheveux noirs rasés en dégradé par dessous dans le style militaire. Je vis Alice pincer les lèvres :
- On lui parle pas, ok ?
Bien essayé. Eli nous avait repérées la seconde où nous sortions du couloir. Comme s'il nous attendait. J'espérais que Kathleen n'allait pas fondre après la remarque qu'il s'apprêtait à lancer. Mais c'est à moi qu'il s'adressa.
- Tu as trouvé la robe qui te plaisait, meuf ? Je te conseille de la dépoussiérer d'abord, autrement elle s'assortirait trop bien à tes cheveux.
J'avais oublié les moutons de poussière qui frimaient au sommet de mon crâne. L'arrivée d'Alice avait détourné mon attention. J'époussetai mes mèches blondes en pouffant dans ma barbe.
- Il y a un balai là, indiqua-t-il.
Je ne relevai pas. Je rigolai même à sa remarque. Silencieusement. Jusqu'à ce que j'entende les gloussements du troupeau. C'était moins drôle.
- Allez, ne fais pas cette tête, tu vas t'acheter le chariot de friandises, tu as dit. C'est une bonne idée, moi aussi, il me reste de quoi. On pourra partager une chocogrenouille, si vous voulez, rajouta-t-il avec un sourire en coin à l'intention de Kathleen et Alice. Je suis généreux, comme garçon. J'ai conscience que ça doit être dur de regarder votre copine s'empiffrer devant vous sans pouvoir rien vous acheter.
- Eli, t'exagères. C'est pas très sympa, souffla un de ses copains avec une tête de bichon bouclé.
Le reste du troupeau semblait aussi troublé par la dernière remarque. Se moquer d'une fille avec de la poussière dans les cheveux, OK, c'était drôle, mais ils avaient conscience qu'Eli devenait blessant. Il se tourna vers celui qui avait parlé.
- C'est bon, Apollo, ça part d'une bonne intention. Il n'y a pas de mal.
- Je ne mendie pas, face de rat. Garde tes chocogrenouilles et reste loin de Kathleen et moi.
Tourné, il ne vit pas Alice s'approcher et lui agripper l'épaule pour lui faire face. Dos au mur, même acculé, Eli semblait toujours avoir le dessus. Peut-être à cause de ses vingt centimètres de plus et de l'expression de défi qu'il affichait.
- Oups, Alice s'énerve. Pourquoi tu te rapproches, t'es amoureuse de moi ?
Alice l'empoignait par le col et avait tiré Eli pour coller son front contre le sien. A sa remarque, elle le lâcha comme s'il était empoisonné, et recula précipitamment.
Le bichon de tout à l'heure, Apollo, se plaça entre eux et s'adressa avec un regard d'excuse à Alice.
- Je suis désolé. Il aurait pas du te parler comme ça. Allez-y, toutes les trois, on va en parler avec Eli, et à l'avenir il évitera d'insulter les orphelines sur leur condition, crois-moi, prononça-t-il accompagné d'un clin d'œil séducteur.
- Je suis pas une fille, bordel ! hurla Alice.
Bon. Maintenant, j'étais fixée. C'était bien un garçon relativement efféminé et avec un nom de fille. Pas de bol. Apollo avait l'air perturbé d'avoir dragué un garçon et passa une main hésitante dans ses courtes boucles chocolat au lait.
- Pas une fille ? Alors pourquoi ta mère t'a appelé Alice ? C'était vraiment un cadeau empoisonné. Et si c'est le seul qu'elle t'aie jamais fait, toutes mes condoléances, ajouta Eli.
Je réalisai que j'avais fais une remarque similaire à propos de la mère de Kathleen quelques dizaines de minutes plus tôt. Je ne valais pas mieux que lui. Non. Il y avait une différence. Moi, ce n'était pas volontaire.
Alice avait explosé. Il s'élança vers Eli en poussant Apollo de son chemin. Face-de-rat évita le coup de poing qui lui était destiné et enfonça le sien dans les côtes de son adversaire.
- Je vais chercher Mr. Fox, s'écria Kathleen en courant vers la sortie.
Je revins à la réalité. Bien sûr qu'il fallait aller chercher quelqu'un pour les séparer. Alice était plié en deux et Eli lui envoya un genou sur le nez, mais l'autre répliqua par un coup au menton. Apollo essayait en vain de les éloigner l'un de l'autre. A l'arrivée de Mr. Fox, ils étaient tous les trois à terre en train de gesticuler, le nez en sang pour un, la lèvre éclatée pour l'autre. Le professeur Lettriminel le suivait. Il détailla les trois garçons et je pariais qu'il notait les visages des futurs élèves turbulents.
- Malany, je vais devoir rester un moment discuter avec Alice et les deux autres élèves, hésita-t-il en ma direction. Les bagarres ne sont pas tolérées à Poudlard, et j'ai peur que ça ne recommence. Si...
- Ne vous inquiétez-pas, professeur Lettriminel, je peux finir mes fournitures toute seule, comme une grande. Et je prendrai Kathleen avec moi, Mr. Fox n'a pas à s'inquiéter.
Ce dernier acquiesça et demanda à Kathleen de l'attendre chez Ollivander's quand elle aurait fini. Je sortis donc du magasin de vêtements en compagnie de Kathleen.
En passant devant l'affiche du mannequin aguicheur, un phénomène étrange se produisit. Mes épaules me semblèrent peser une tonne et une angoisse inattendue se mit à serrer ma poitrine. Qu'est-ce qui m'arrivait ? Je jetai un regard en biais vers Kathleen, et ce fut suffisant pour deviner que l'impression que je ressentais émanait d'elle. Quant à savoir pourquoi j'en faisais les frais moi aussi, je supposai que c'était un excès d'empathie de ma part. L'impression oppressante n'avait pas cessé, et un froid glacial s'insinua dans ma nuque. Je n'osais pas bouger de peur de me briser en une multitude d'éclats de givre.
J'éternuai avec toute la dignité d'un rat épileptique au milieu d'une piscine. Le mannequin prit un air désolé et tendit un mouchoir. J'aurais trouvé ça gentil, s'il s'agissait d'un vrai mouchoir et non un objet de l'affiche, aussi inaccessible qu'un nuage à une crevette. Et s'il n'avait pas pris la pose en s'agenouillant, cassant du coup toute la bienveillance qui avait pu précéder. Je reniflai et interrogeai Kathleen du regard. Il me fallut dix bonnes minutes de questions pleines de tact et un cran de morpion pour lui tirer les vers du nez.
- J'ai peur qu'on soit dans la même Maison, Alice, moi et Eli. Ce serait horrible. Ils se disputeraient tout le temps et Alice finirait par se faire renvoyer.
Ce n'était que ça. Je ne pensais pas que toutes ces histoires d'Eli l'angoisseraient à ce point. Enfin, elle et Alice connaissaient le crétin depuis leur enfance. Ils avaient presque grandi ensemble, en fait. Elle était mieux placée que moi pour analyser le problème. Mais il était hors de question que je la laisse ruminer une seconde de plus. Il n'y a rien de moins productif.
- Ça, lançai-je, ça m'étonnerait. Eli ne sera jamais dans la même Maison que vous. C'est un cas social, cette face de rat. Je parie ma blondeur qu'il finit a Serpentard. Tu crois pas ?
Elle fit la moue. Évidemment que j'avais raison. Et elle le savait. J'étais tentée de la rassurer en lui disant qu'on serait ensemble, dans la même Maison. Mais rien n'était moins sûr. Son caractère était totalement différent du mien. Quand je rebondissais avec une blague, elle se taisait et encaissait.
J'étais quasiment certaine d'être à Gryffondor.
Elle, par contre, je la voyais plus atterrir à Poufsouffle.
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Le Chemin de Traverse était beaucoup moins bondé que tout à l'heure. J'espérais avoir fini de tout trouver avant la fermeture des magasins. Je consultai ma liste de fournitures.
- Il nous reste juste la baguette, et un animal. J'aimerais bien m'acheter un hibou pour pouvoir envoyer des lettres à Will.
Je ne rajoutai volontairement pas « ...et mes parents. » de peur de la relancer sur Eli et la dispute de tout à l'heure. Elle avait l'air d'accord et nous entrâmes dans l'animalerie.
La première chose qui m'agressa fut le bruit. Ensuite l'odeur. Finalement mes yeux occultèrent mes autres sens et je pus apprécier le décor. Des cages abritant des animaux exotiques ou domestiques pendouillaient des poutres apparentes ou étaient empilées contre les murs. Je cherchai le coin hibou des yeux.
- Tu veux quoi, toi, comme animal ? demandai-je à Kathleen.
- Euh... En fait j'en veux pas.
- Comment ça, t'en veux pas ? m'étonnai-je.
Elle hésita, puis reprit sa tête de mandarine, rouge du front au menton. Et je compris. Débile de moi ! Je pariai qu'il lui restait à peine assez d'économies pour s'acheter sa baguette.
- J'ai une idée ! Tu choisis l'animal qui te plaît, et tu le prends... commençai-je.
- Mais...
- … et c'est moi qui te l'offre, achevai-je joyeusement. Cadeau d'anniversaire anticipé. Qu'est-ce que t'en dis, de mon génialissime plan venant de mon cerveau de surdouée ?
Elle hésitait. Elle avait l'intention de dire non, mais je devinais que ma proposition la tentait réellement. Je mis fin à son conflit intérieur en lui interdisant de refuser.
- C'est en novembre, mon anniversaire, sourit-elle, t'es un peu en avance.
Nous nous approchâmes des cages de hiboux. J'en voulais un en forme, solide. Le gris était pas mal. Un peu petit, difficile de lui faire porter les kilos de boutades que Will m'enverrait. Je portai mon regard sur son voisin, un blanc ébouriffé.
- Laisse tomber les piafs, Many. Libère moi de cet enfer et je serai un compagnon idéal.
La voix venait de derrière mon dos.
Je me tournai en pensant tomber nez à nez avec une femme.
Je me retrouvai devant un mur de cages renfermant des chats.
Je me retournai vivement et guettai le reste du magasin quasiment vide, m'attendant à croiser le regard de celle qui m'avait interpellée. Mais je savais que j'avais rêvé. Personne ne m'appelait Many, à part Will. Et Will était à des kilomètres de là, chez lui, à Cambridge.
- Tu ne regardes pas dans la bonne direction, dit la voix.
Elle venait du mur de cages de chats. Je les étudiai un par un. C'était impossible que la voix vienne d'un chat. Pourtant, on était dans une rue remplie de sorciers, entre un magasin de balais volants et une boutique de baguettes magiques, alors pourquoi une animalerie ne vendrait-elle pas des chats parlants ?
- Là.
Cette fois, j'en étais sûre. J'avais repéré la chatte qui m'avait parlé. Une jeune, toute maigre, celle avec un pelage isabelle, roux parsemé de touffes noires. Je l'avais vue retrousser ses babines. Elle me fixait avec un regard... de chat. Détaché. Supérieur. Ennuyé. Puis elle commença à se lécher la patte et je sentis l'irritation me gagner.
- Qu'est-ce que tu me veux, le chat ?
Elle posa lentement sa patte et se roula sur le dos, me dévoilant son ventre entièrement blanc. Pour se recoucher dans l'autre sens, vers moi. Elle bailla.
- Je réitère ma proposition. Quelqu'un m'a enfermée dans cette prison. Je souhaiterais m'en enfuir. Si tu m'aides, je promets de te conseiller à l'avenir, à condition de m'offrir le gîte et le couvert, bien entendu. Et l'autorisation de dormir sur ton lit. Ce sont mes conditions. Marché conclu ?
Quelques secondes me furent nécessaires pour me convaincre que je ne rêvais pas. Quelques minutes pour me reprendre et essayer de comprendre ce que le chat me disait.
- Non, m'étranglai-je. Non, je vais pas t'aider à... t'enfuir. J'ai pas vraiment besoin de conseils d'un chat. Je voulais acheter un hibou. D'ailleurs, pourquoi est-ce que je te parle? Les gens du magasin doivent me prendre pour une folle.
Je me retournai brièvement. Personne ne faisait attention à moi.
Le chat ricana. Je n'avais jamais entendu un chat rire auparavant. La sensation était relativement étrange.
- Personne ne t'écoute, chérie. Tu n'es pas le nombril du monde.
- Ça change rien à ma décision. Tes conditions sont ridicules. Trouve-toi un autre pigeon.
- Les pigeons laissent un arrière goût désagréable dans la gorge. Je m'en passerai.
Elle passa négligemment une langue rosée sur ses canines et détourna la tête avec panache.
- Pour ce qui est des conditions, elles sont en ma défaveur. Tu n'as qu'à m'acheter et je serai obligée de rester avec toi pour une durée indéterminée. Prisonnière, en quelque sorte. Moi qui ne vis que pour trouver la liberté. Je te l'offre. Ce n'est pas assez pour toi ?
- Pourquoi faire un échange d'une cage avec une chaîne à mon bras ? C'est exactement la même chose pour toi.
Effectivement, cette féline entourloupeuse me semblait aussi nette que le parquet de sous mon lit. Sa proposition ne collait pas. Elle n'y gagnerait rien, c'était évident. Il y avait clairement anguille sous roche. Plus frustrant encore, elle se payait ma tête sans sourciller. A supposer qu'un chat puisse avoir des sourcils. Ce qui était plus qu'incertain.
- Pas très maligne, hein ? Ou alors trop dorlotée pour voir la différence. Il est pourtant enfantin que le confort d'une chaîne, comme tu semble le percevoir, est fortement enviable quand on est confiné du matin au soir dans 60cm², sur du béton et entouré de créatures qui se prennent pour des félins mais qui en réalité ne sont que des porcs infâmes qui n'ont jamais appris que la toilette était un travail quotidien. Être au bout d'une chaîne est pénible mais supportable si le lit est douillet. Ce monde de cages est un enfer.
- Pourquoi moi ? Si c'est un échange si intéressant, demande à quelqu'un d'autre. Tu trouveras, crachai-je.
- Tu as besoin de moi. Tu ne le sais pas encore.
- Comment est-ce que tu saurais ça ?
Cet animal commençait à me peser sur les nerfs. Autant qu'il commençait à m'intriguer sérieusement. Elle fronça le nez de manière dédaigneuse.
- Je sais beaucoup de choses que les autres ignorent.
- Comme le fait que Will me surnomme Many, par exemple.
- Ce n'est qu'une pâle esquisse de mon savoir.
- Je suis désolée, c'est pas possible. Je dois m'acheter un hibou.
Je me trouvais des excuses. En réalité, ce chat mystérieux avait éveillé ma curiosité, et je ne repartirais pas du magasin sans.
- Ne me compare pas à ces piafs ignares, s'il te plaît. Je me sens diminuée.
Elle avait croisé ses pattes de devant et me fixait intensément, dans sa position de pacha.
- Tu as déjà décidé de me prendre. N'est-ce pas ?
Je me figeai. Soit je rêvais, soit je venais de dénicher un chat devin, télépathe et doué de parole. Ma décision était prise. Au pire, si elle décidait de trahir ses conditions et de s'enfuir en sortant du magasin, j'aurais toujours le souvenir d'en avoir vu un de mes propres yeux. J'appelai la vendeuse.
- Combien coûte ce chat ?
- Si vous voulez l'acheter, je serai ravie de m'en débarrasser. Il effrayait mes clients en donnant des coups de griffes à travers les barreaux. Je vous fais un prix cadeau. Deux mornilles.
Je payai et empoignai la cage.
- Many. Une dernière chose que tu dois savoir, reprit le chat.
Je lui jetai un regard interrogateur.
- Les chats ne parlent pas.
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