Les prochains jours furent brutaux. Remarquez, vous commencez à avoir l'habitude. Je pensais avoir enfin réchappé à mon destin de raté, mais mes tentatives de maîtrise en genjustu me rappelèrent bientôt que oh boy, je n'étais pas devenue une génie du jour au lendemain.

En effet, les entraînements de Kurenai étaient… wow. Juste, wow. Je m'entraînais avec une dénommée Yakumo, qui, malgré son statut d'apprentie-ninja, me dépassait déjà sur à peut près tout les points ?

Bon, certes, j'avais l'habitude. Devais-je vous rappeler que j'avais réussi à être la pire élève de l'académie, puis la pire élève d'Ibiki, puis celle que Kakashi-sensei voulait dégager de son équipe… bref, vous voyez le topo, j'étais très douée.

En parlant du dernier, on m'annonça que mon évaluation avait été très positive et que je pourrais rester ninja. Normal, j'avais menti à toutes les questions, sans exceptions. Ne sous-estimez pas mon masking, bande de plébéiens !

Oui, bon, j'exagérais.

Ce jour-là, je m'entraînais avec Lee et Gai qui nous poussait dans nos derniers retranchements physiques. Certes, j'étais ridicule en leur compagnie. Mais je progressais, et puis, au point où j'en étais niveau réputation…

L'entraînement était bien plus technique que j'aurais pu le penser. Et bien plus intelligent. Déjà, on ne faisait pas les même choses. Là où Lee travaillait ses techniques spéciales et l'ouverture des portes, personnellement, je travaillais plus ma vitesse, mon endurance et ma force. C'était Gai qui avait eût l'idée. Dans l'animé, Sakura avait une force de base exceptionnelle. Autant en profiter non ?

Mais bientôt, je inaperçue de mes limites. Je n'avais pas vraiment de techniques concernant le taijustu. Je n'avais pas encore maîtrisé le poing de Tsunade, donc celle-là ne comptait pas.

Oú était le problème ? Eh bien, la vitesse, la force etc. avaient tendance à s'améliorer avec le temps. Temps que je n'avais pas si je voulais passer les examens chuunins.

De ce fait, il fallait que je trouve des techniques relativement simple à exécuter avec mon taijustu. C'était pas gagné.

D'ailleurs, fondamentalement, qu'est-ce qu'étaient des techniques de taijustu ? Des sortes de technique d'arts martiaux ? Oui mais non, cela ne faisait aucun sens, le taijustu était un art martial en soi. Un art martial avec énormément de dérivés et utilisant l'énergie bleutée, mais un art martial en soi.

Je me souvins de mes cours de Shaolin. En parlant d'arts martiaux, pouvais-je intégrer des mouvements d'autres formes de combats dans mon taijustu.

Je venais d'avoir une idée stupide.

En effet, dans Naruto, se battre au corps à corps, pourquoi pas. Les ninjas étaient généralement surpuissants, donc affronter un tank ne devrait pas leur poser de problèmes. Mais je venais d'avoir l'idée que justement, des armes à feu dans Naruto gonflés au chakra, ce serait trop cool ! Bon, pas des vrais, hein, parce que je ne saurais pas comment les fabriquer. Mais à priori, balancer des petits projectiles à grande vitesse pour percer la peau de son adversaire pourrait être une idée de technique.

Idée de technique qu'il faudrait que j'abandonne vu que je ne maîtrisais pas le coup de poing de Tsunade.

En effet, pour balancer des explosifs à cette vitesse, fallait une sacrée maîtrise du chakra, et une sacré force. Donc, c'était mort pour l'instant.

Retour à la case départ. Néanmoins, je fis par de mon idée à Gai.

— Je vais te présenter à quelqu'un, m'avait-il répondu.

J'avais haussé un sourcil. Un nouveau professeur ?

Mais je n'eus pas la réponse, car je devais aller voir Kurenai, et j'étais en retard, comme d'habitude.

Sur le chemin, je tentais de réfléchir à une idée de technique, avant de croiser un stand à manga. Plus précisément, un titre attira mon oeil, à cause du fait que le protagoniste de la couverture accomplissait un high-kick.

Et ce fut à ce moment-là que la deuxième idée stupide traversa mon esprit. Et si je m'inspirais des shônens de combat ? Fort heureusement, j'en connaissais beaucoup, et beaucoup n'étaient pas réalistes pour un sou. Après, je n'avais certes pas de Ki, de nen ou autre mais j'avais du chakra. Et on pouvait tout faire avec.

(Dire que je voulais tester le kamehameha ou encore devenir une magical girl allait de soi. Mais c'était pas du taijustu, donc à mettre de côté pour l'instant.)

Bref. Mon professeur m'accueillit avec un genjustu où j'étais en train de me noyer dans de la lave.

Charmant.

Mais en vrai, cela résumait bien nos sessions. De fait, Kurenai-sensei n'y allait pas de mains morte. Elle ne croyait pas en mon potentiel, elle pensait simplement que je devais fournir plus d'effort que les autres. Du coup, elle s'acharnait sur moi comme un tigre sur sa proie. J'apprenais lentement, donc il me fallait plus d'exercices, plus de repos, plus d'explications. Du coup, contrairement aux autres genins, elle me poussait dans mes derniers retranchements. Et cela passait par des situations où je risquais sincèrement d'y laisser ma sanité mentale.

Vous ai-je dit que je détestais Kurenai en temps que prof ? Non ? Ben maintenant vous le savez. Je ne trouvais pas ses méthodes particulièrement efficaces.

Èvidemment, je fournissais un gros travail à côté.

Vous savez, je me rendais compte que si Kurenai avait perdu face à Itachi, c'était qu'elle était plus faible que lui. Cependant, ce que je n'avais pas prévu, c'était qu'elle était une virtuose dans son art. Pas juste moyenne ou même bonne, c'était une illusionniste exceptionnelle.

Ce qui me faisait flipper vu que, je le rappelle, je voulais battre Madara avec un doigt.

Ah, moi je le dis tout de suite, je comprenais totalement Naruto, enfin son comportement vis-à-vis de Sasuke, dans l'animé. Les Uchiha étaient des génies avec le cul bordés de nouille quand il s'agissait de pouvoir brut en termes genjustu.

Certes, ils payaient le prix fort. Mais s'ils ne le payaient pas, je pense sincèrement que les ninjas auraient abandonnés le genjutsu. Ils sont trop puissants comparé à d'autres.

Bon, j'exagérais sans doute un peu. Mais merde quoi !

Pour le genjustu aussi, je n'avais pas beaucoup de techniques. J'étais encore en train de maîtriser les bases, donc je pouvais me libérer des genjustus de masses, et lancer de petites illusions. Mais lesdites illusions étaient facilement repérable, et rien comparé à Yakumo.

Là-dessus, je ne pouvais compter que sur mes connaissances médicales. En fait, j'avais un but relativement simple. Je voulais parvenir à faire une illusion partielle. Comme je n'étais pas douée pour le genjustu, j'allais devoir être plus vicieuse pour les examens chuunins.

Du coup, je comptais lancer des petits genjustu bien vicieux. Genre, rendre aveugle mon adversaire pendant quelques secondes histoire de lui porter un coup. Ou encore faire des illusions réalistes, pour tromper mon adversaire. Pour un étrange raison, les illusions réalistes étaient rares dans l'animé. Sans doute parce que les Uchiha n'en n'avaient rien à faire.

J'appris aussi à combattre le genjustu… en lançant mon propre genjustu. Je ne le savais pas encore, mais quand deux illusionnistes se rencontraient, ils pouvaient se retrouver dans une bataille mentale où seul le meilleur illusionniste pouvait vaincre l'autre.

Évidemment, Yakumo était meilleure que moi, ce qui n'augurait rien de bon. Je ne savais pas exactement si elle était un génie ou pas, mais si ce n'était pas le cas, j'étais dans le caca.

Quoique. Dans tout les cas je devrais affronter des Uchiha dans ma vie. Quelle horreur.

— Tu sais c'est quoi ton problème, à part que tu te plains tout le temps ? me dit Kurenai alors que je me faisais, pour la cinquantième fois, rétamer par Yakumo.

Je ne pouvais même pas briser ses illusions, ce qui faisait que je perdais effectivement contre elle. C'était rageant. Malgré tout, je grognais une réponse.

— Hein ?

— C'est que tu n'as aucune confiance en toi, parce que tu te plains tout le temps.

Je la regardais d'un air torve. J'avais rien compris. Bon, certes, la confiance en soi, on ne me l'avait pas exactement encouragé. Mais en quoi le fait de me plaindre tout le temps avait un rapport.

Je me sentis, malgré moi, ulcérée par ses propos. Konoha entier m'avait répété que j'étais indigne de respirer de l'air. Et maintenant, on me faisait la leçon en disant que la raison de mes échecs n'avait rien à voir avec ma situation, mais juste que je ne croyais pas en moi. J'allais lui faire bouffer ses cheveux.

Cependant, je ne laissais rien paraître.

Après ces quelques jours, je commençais désormais à appréhender les examens chuunins. Non pas que je doutais y survivre, mais plutôt que j'enchaînais les échecs quand il s'agissait de dévier le canon. Bon, ok, j'avais sauvé Haku et je le visitais très souvent, mais quand même.

En parlant du loup, j'allais le voir peu après à la prison de Konoha.

Haku commençait peu à peu à s'ouvrir à moi, même si je sentais qu'une partie de cet intérêt n'était pas dénué de mauvaises intentions. Haku haissait Konoha. On lui avait pris la seule chose qu'il aimait, et désormais, on le maintenait seul. Et au fond, je ne pouvais pas le blâmer. Certes, d'un point de vue logique, j'étais innocente. Mais la haine n'était pas rationnelle, je le savais parfaitement. J'avais haï bien que sachant pertinemment que j'étais en tord.

Alors, je le voyais à travers ses gestes. Haku préparait son évasion. Il deviendrait probablement un danger pour Konoha à l'avenir.

Et je savais que j'allais le laisser filer. C'était triste, d'être ainsi usée comme ceci.

Au fond, je sentais que je ne pouvais pas me laisser faire, bien que la majeure partie de moi était résignée.

— Tu penses… me demanda Haku lors d'une visite. Que je pourrais un jour sortir d'ici ?

— A priori oui, mes supérieurs te font bien passer des tests non ?

Silence. Haku semblait en intense réflexion.

— Pour savoir si tu es une menace j'entends.

De nouveau, silence. Puis, il inspira à fond, et déclara :

— … Sakura, je ne les passerais pas, ces tests.

Hein ?

— Si tu comptes te saboter, je t'emplâtre.

— Je n'ai aucune raison de partir, rétorqua Haku. Je me retrouverais seul, c'est tout.

— Rien ne t'empêche de venir me voir, commençais-je, mais je fus interrompue par une question impromptue.

— Comment fais-tu, Sakura ?

La surprise m'étreignit avant que j'haussais un sourcil.

— Pardon ?

Haku énuméra avec ses mains en silence, avant de répondre.

— Tu n'es pas faite pour être ninja, lâcha t-il. Tu es trop gentille, et tu détestes l'injustice. Tout le monde le sait et te le fait payer, à leur manière. Tes propres coéquipiers sont du genre cachottiers, au point où ce ne sont pas tes amis, pas vraiment. Alors, je te le demande, quel est ton but ? Pourquoi continues-tu ?

Et PAN !

— Tu es bien gentil aussi, tu aurais pu me tuer, rétorquais-je. Je suis consciente de l'injustice que je subi, mais disons que ma simple existence est un problème pour eux, du coup je les envoie cordialement aller se faire tamponner. Je ne vais pas renoncer à ma vie pour des gens comme eux. Quand à mes coéquipiers, je l'ai bien deviné, oui. Même Naruto est… enfin bref. Oui, je sais.

— Non, tu ne sais pas à quel point, blanchi Haku. Sinon, tu ne viendras pas me voir avec cet air si innocent. Si tu savais, si tu savais…

Sa voix tremblait. Par contre, là j'avais perdu le fil.

— Ton sensei l'a fait exprès tu sais, me cracha Haku. Il a voulu te donner une leçon en tuant mon maître.

— Ta famille, corrigeais-je machinalement (je n'appréciais pas que Zabuza soit considéré autrement), avant que les mots de Haku percutèrent mon cerveau.

Il eut un blanc, avant que je ne bredouille :

— Je… cela ne me surprends pas. Est-ce pour cela que tu me détestes ?

— Toi et ton équipe, tu as causé la mort de l'être le plus cher au monde. Il est mort, parti. Parce que ton sensei a voulu t'enseigner la voie du ninja, voie que tu aurais dû connaître depuis longtemps… alors que penses-tu de mes sentiments envers toi, Sakura Haruno ?

Il eut une pause.

— Je ne passerais pas les tests, répéta Haku. Parce que si je sors, vous goûterez de ma colère. Tu es… dégoûtante.

Je me mis à fixer à Haku, les larmes me montant aux yeux.

— Paradoxalement, je devrais sans doute te remercier, murmura Haku. Après la mort de mon maître de vos mains, je ne voyais plus rien. J'avais l'impression d'être mort.

Je poussais un long, très long soupir. Et puis, à la grande surprise de mon interlocuteur, je murmurais :

— Pourquoi vous faites tous ceci ?

— Te faire quoi ?

— Tenter de me blesser, quand je sais pertinemment qu'à votre manière, vous faites cela pour moi. Je n'ai pas besoin d'être protégée.