Comme j'ai pas trop modifié le chapitre 1, voici le 2. Je pense rajouter des anecdotes.

Faites-moi savoir si vous souhaitez que chaque future publication ait deux chapitres ou un seul.

Bonne lecture.


Chapitre 2 : Égarés dans le blizzard.

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours bossé pour le syndicat. J'ai pas tué tout de suite, oh non, mais j'ai été formé aux armes dès que j'ai pu en tenir une. Le beretta est devenu pour moi une seconde nature, une extension de mon bras. Je ne quitte jamais le bâtiment sans une arme. Si j'ai pas de flingue, j'ai un couteau, une corde, un fil de fer…

Après, je sais aussi me battre. Un artiste martial qui n'utilise que ses poings et ses jambes indique seulement qu'il ne tient pas d'armes, pas qu'il ne s'en sert pas. Si vous y réfléchissez bien, le sol sur lequel vous projetez votre adversaire est une arme. Pas de manière directe, mais vous transformez un objet de fonction publique en quelque chose de plus sombre.

Les dents sont une arme. Demandez à Kir, elle en sait quelque chose. Si vous voyez pas de quoi je parle, l'auteur m'autorise à briser le quatrième mur et vous conseille les mangas 58 et 59 de la série.

J'ai pas mal bossé en solo, la plupart du temps dans des quartiers de la drogue. Pas en temps que détective, franchement la loupe, très peu pour moi.

J'ai aussi fait office de garde du corps, mais étrangement les gens avaient tendance à s'adresser à moi pour les deals. Je n'ai rencontré le boss que longtemps après mon admission. Je me souviens plus de mon âge quand j'ai commencé à former les recrues.

Mais une chose était sûre, j'avais déjà assez de sang pour sur les mains pour pouvoir y remplir une piscine.


Quelque chose ne cesse de me pousser la tête. Je pense à un animal avant d'entendre le ronflement caractéristique du moteur de ma fidèle voiture. Puis on dirait aussi une voix, non ?

Si…

Une voix assez aigüe d'ailleurs…

Ah oui, le mioche…

J'avais oublié…

Je parviens difficilement à ouvrir les yeux. Je constate que c'est le marmot qui me poussait doucement la tête, et me secouait le bras. Je me redresse brusquement avec un spasme et brasse violemment l'air avec le bras. La seule raison pour laquelle il n'a pas perdu un œil était parce que je me suis souvenu à la dernière fraction de seconde qu'il le fallait intact pour le syndicat.

Le fun commencerait plus tard.

J'ai voulu lui demander ce qui s'était passé, mais la seule chose qui sort de ma bouche est un râle.

La tête tourne. Il me faut bien dix minutes supplémentaires pour me remettre. Je constate aussi que les vitres sont fendues. Et là je me rappelle.

Je crois avoir grogné sur le gosse, puis je suis sûr d'avoir loupé le virage. Une chance que la neige ait tout amorti. Sinon, il n'y aurait plus personne.

- On est où ? Me demanda le gamin d'une voix blanche. Vous me faites mal !

Je me rends compte que j'ai posé ma main gantée sur sa tête et que je la serre involontairement. Je le lâche aussitôt et me détourne pour fixer les lieux.

Les lieux. C'est une bonne question, ça. Sans lui répondre, je coupe le moteur de la voiture (j'avais pas été éjecté du siège conducteur) qui tourne toujours. Si elle tourne toujours, ça veut dire que j'ai perdu connaissance il y a deux heures grand max. J'avais fait le plein à donf avant la mission.

A donf… Voilà une drôle d'expression. Je pose ma tête sur le sommet du volant.

Tiens, c'est le mot « fond » à l'envers.

Je viens juste de percuter.

J'ai besoin de café.


Je suis étonné que ma voiture n'est pas explosée suite au choc de la chute. Là encore, je me dis que les allemands sont les pros de la mécanique. Et le blindage des vitres et de la carrosserie par l'Organisation m'a aussi sauvé la vie. Pour l'instant.

Je tente de pousser la porte du côté conducteur, mais elle a été quand même déformée par le choc et refuse de s'ouvrir.

Côté gauche. C'est parti !

Je flanque un coup de pied dans la porte côté passager et suis surpris de la voir de détacher du restant de la carrosserie. Pas étonnant vu le choc. Le môme sursaute et me jette des yeux ronds à faire pâlir un hibou de honte.

Je l'ignore.

Je parviens à m'extirper de la voiture je ne sais trop comment et me redresse, histoire de voir où j'ai atterri. Au milieu d'un ravin. La neige brille tellement que ma vue en est troublée.

Je fais le tour de la voiture, ignorant le gamin qui me fait signe de l'intérieur. Mais il faut quand même que je le ramène au QG. Un ordre est un ordre. Seulement dans ce coin...

Je continue de marcher autour de ma vieille voiture, qui me semble désormais incapable de faire la moindre borne dans cet état. En fait, elle a absorbé la plupart des chocs, ce qui fait que je suis encore là. Décidément, elle m'aura sauvé la mise un paquet de fois. Si elle était vivante, il n'y aurait jamais assez de mots sur cette terre pour lui dire 'Merci'.

Comme elle est à moitié sur le flanc droit, j'escalade l'amas de neige qui l'empêche de s'affaler complètement sur le côté. L'occasion de constater que mon genou gauche me fait mal. J'ai dû le cogner pendant la descente. Je toque à la vitre :

- Gamin. Tiens-toi à quelque chose – Tu vois la poignée ? Oui, celle de la porte. Sinon tu en as une autre en haut aussi. Tu la vois également ? Parfait. Accroche-toi bien. C'est bon ? Je vais remettre la voiture sur ses roues !

Hochement de tête. Bon, on dirait qu'à part chialer, ce mioche sait aussi se servir de sa tête. Pas trop quand même -je l'espère- car je ne tiens pas à me retrouver avec un deuxième Sherry sur les bras.

Assez palabré, je me place vers le milieu de la voiture, et pousse de tout mon poids. Comme je le pensais, l'amas de neige est assez haut pour que la Porsche rebascule sur ses roues sans trop d'efforts de ma part.

Bon, ça c'est fait.

Je regarde le ravin et me demande pourquoi on ne m'a pas arrêté et/ou trouvé. Peut-être qu'Ano Kata m'avait envoyé du renfort. Et le FBI ne serait jamais assez con pour me laisser filer.

Le mioche toque à la vitre. Je soupire et retourne vers lui.

Reste plus qu'à récupérer ce qu'on peut et trouver un abri. Parce que là, je ne donne pas deux jours de survie dans toute cette neige. Sans eau ni nourriture. Enfin, l'eau c'est aussi de la neige et je pourrais manger le gosse en cas de grosse faim. Mais je n'en suis pas là et j'espère vraiment ne jamais avoir à faire ça un jour.

- Elle marche pas la voiture ? Me demande le gamin, un air innocent plaqué sur le visage.

- Non.

Réponse un peu trop sèche de ma part, mais ça le fait sourire. Sans doute parce que c'est la première fois que je lui parle vraiment depuis l'accident.

- Désolé pour hier, marmonne-t-il. J'ai paniqué...

Même la plus grosse punition ne suffirait pas. Il a quand même déglingué ma Porsche. Les moqueries vont fuser au QG. Je devrais peut-être me calmer là-dessus. Après tout, ce n'est qu'un tas de ferraille.

- Pourquoi tu t'excuses ? Sifflais-je. Je t'ai quand même enle – Enfin, bref ! Tiens-moi ça !

Le gosse prend le portable que je lui tends, toujours à l'intérieur de ma voiture. Je déteste confier mes affaires, même à Vodka, mais là, je dois le poser pour trouver mon Beretta. Et vu l'état de mes poches, je suis pas sûr que l'appareil téléphonique y reste longtemps.

Finalement le flingue se montre, étant caché sous le siège passager. Je le récupère, cherche un éventuel chargeur, puis laisse tomber en constatant qu'il n'y en avait pas d'autre. Je reprends le portable et ordonne :

- Sors.

Le gosse s'exécute, mi-effrayé, mi-excité à l'idée d'être en terre inconnue. C'est vrai qu'être gosse de riche ne doit pas permettre de se promener un peu partout. Mais plutôt d'être coincé entre quatre murs et de faire ce qu'on ordonne. Rien que cette pensée m'énerve au plus haut point. Je n'arrive pas à mettre le doigt dessus avec précision, mais cela m'irrite.

Il frissonne au contact du froid. Je le tire de la voiture et constate qu'il n'avait pas de chaussures. Négligence de ma part. Pourtant, c'était l'une des premières règles que j'avais apprise. Lors d'un kidnapping, toujours prendre les chaussures. Cela laisse une marge de temps supplémentaire en pensant que la personne est simplement sortie. J'aurais pu le faire. Le temps que la nounou et les parents réagissent. J'aurais pu agripper la toute petite paire de chaussures devant l'entrée.

Faute de ça, je sens que je vais devoir le porter. Ça se confirme. Le froid lui mordant les pieds, il retourne sur le siège de la voiture. Je soupire et fais le tour jusqu'au coffre. Je le soulève, mais il n'y a rien que je puisse emmener et qui me sera utile. Je prends juste le gilet jaune, imposé depuis peu suite à une réglementation française trouvée excellente.

Stupides français…

Puis je m'approche ensuite du marmot et le soulève. À quatre ans, ça pèse trois fois rien ces choses là.

Il faut retrouver où je suis. Ensuite, j'aviserais.

Je me mets en marche, le gosse sur l'épaule. Je suis surpris qu'il se tienne autant tranquille, mais après tout, je suis le seul être humain dans les coins, donc c'est pas étonnant.

A une bonne distance de l'épave qu'était ma voiture, je sors mon flingue. Avec une pointe de regrets tout de même, je vise le morceau de moteur apparent au loin, puis tire. Avant ce geste je savais que je le regretterais. Là, c'est cent fois pire. Ma voiture explose brutalement et le gosse se crispe. Je me détourne pour éviter de regarder ce symbole de ma vie de tueur se faire réduire lentement en cendres.

Quelque chose hurle au fond de moi, mais je ne sais pas quoi.

Le gosse hurle aussi.

Je lui tapote gentiment le dos pour qu'il arrête d'exploser mes tympans et repense aux souvenirs que j'ai de cette voiture jusqu'à ce que le gosse se calme. J'arrête de lui frotter le dos avec un soupir.

Ano Kata avait dit vivant. Vivant et intact.

Qu'est-ce qu'il faut pas faire de nos jours.


Cette fois, je me mets réellement en marche. Il faut trouver une habitation, si petite qu'elle soit.