Vincent & Théodore "Théo" van Gogh
La vraie vie. Mais La passion van Gogh (film d'animation) est une pure beauté
Grand frère-petit frère
Van Gogh aimait pouvoir changer d'endroit à sa guise, voguer au gré des conseils ou de ses aspirations aux quatre coins de la France, comme il l'avait fait jadis à travers l'Europe. Il aimait cette liberté, et il aimait peindre, c'était toute sa vie. Mais parfois, il ne pouvait pas s'empêcher d'être rongé par une terrible solitude. Elle avait été comblée quelquefois, quand il avait logé à Paris avec son frère, quand il avait recueilli Sien et son enfant, quand il avait été en collocation avec Gauguin. Et maintenant, depuis qu'il vivait à Auvers-sur-Oise, et que le docteur Gachet, qui s'occupait de lui, était ce qu'il avait de plus proche d'un ami. Mais il éprouvait quand même un sentiment de malaise et de peine presque insurmontable, par moments.
"Hé, Vincent ? Est-ce que ça va ? Le docteur Gachet m'a dit que tu paraissais abattu, ces derniers jours."
Van Gogh redressa la tête et regarda son frère. Ce visage, ce sourire qu'il connaissait mieux que le sien, qui avait traversé les années et les tourmentes à ses côtés, ce visage-là lui donnait toujours du baume au coeur. D'ailleurs, comme s'il avait la même pensée, Théo sourit et s'approcha pour le serrer dans ses bras.
"Théo, je ne m'attendais pas à te voir arriver si tôt, souffla van Gogh en lui retournant l'étreinte avec bonheur. Je croyais que tu devais régler des choses au Havre avant de venir.
-Je les ai hâtées, rétorqua son frère en souriant. Ta dernière lettre m'a inquiété. Tu comptes vraiment devenir ermite ?
-Non, je ne sais pas pourquoi j'ai écrit ça, le rassura le peintre en le gratifiant d'une tape dans le bras. Viens t'assoir."
Les deux frères s'éloignèrent vers un muret couvert de mousse qui délimitait l'ancien jardin de la maison attenante. Ils se posèrent dessus et van Gogh murmura :
"J'espère que tes affaires au Havre n'ont pas été compromises à cause de moi. Je sais que c'est déjà assez difficile pour toi de vendre mes toiles, je...
-Non, Vincent, ne commence pas avec ça, le coupa son frère en lui frictionnant le bras. Même si les gens ne sont pas intéressés pour le moment, un jour, ils comprendront. Tu es un grand peintre, Vincent."
Van Gogh le regarda. Il était seul, certes... mais il avait tellement de chance d'avoir un frère comme lui.
