Rhine & Rowan Ellery
Le dernier jardin (trilogie de romans jeunesse)
Frère et sœur jumeaux
Rhine avait laissé bien des personnes derrière elle, dans ce monde qu'ils croyaient à l'agonie, pour revenir jusqu'à Rowan. Gabriel, pour qui elle éprouvait pourtant des sentiments... Deirdre, son adorable et fidèle petite servante... Linden qu'elle aimait aussi, et puis Cecily, sa jeune sœur épouse, même si, tous deux, ils n'avaient pas vraiment besoin d'elle. Mais Rhine était déterminée à retrouver son jumeau. Ça ne l'avait jamais freinée une seule fois dans sa course. Quand Linden et Cecily l'avaient sortie des entrailles du manoir et ses sous-sols morbides, elle ne s'était pas dirigée vers Gabriel à Manhattan, elle avait continué à chercher Rowan. Son coeur la poussait vers son jumeau, irrémédiablement. Elle l'aimait tellement, et il lui manquait tellement. Bien plus que n'importe qui lui avait déjà manqué, même leurs parents quand ils étaient morts. Parce que sans Rowan... elle n'était plus qu'une moitié d'un tout.
Rhine se vit au coeur d'un tourbillon immense, aussi puissant que l'ouragan qui lui avait laissé de multiples fractures et traumatismes quand elle avait tenté de s'enfuir du manoir pour retrouver son frère. Avec lui, le tourbillon emporta des morceaux du moulin du mini-golf sur lequel elle avait grimpé, les guppys holographiques de la piscine, les tuiles du manoir. Sauf que ce maelström était d'eau, et qu'elle sentait qu'elle se noyait et elle ne voulait pas mourir sans avoir retrouvé son frère.
"Rowan ! cria-t-elle malgré sa bouche pleine de liquide et ses cheveux blonds qui retombaient autour d'elle en longues mèches trempées."
Retombaient... Dans un sursaut, Rhine se réveilla. Elle chercha sa lampe de chevet, mais ne trouva que les mains de Rowan.
"Rhine, chut... Tu faisais un cauchemar.
-Rowan ? Comment... l'as-tu su ? Tu m'as entendue ?
-Je ne trouvais pas le sommeil non plus. Ces chambres sont trop... silencieuses. J'avais l'impression d'être à nouveau seul au monde."
Rhine cligna des yeux. Après ces mois sans son frère, elle avait l'impression que sa voix était comme une musique à ses oreilles. Elle n'osait pas encore tout à fait croire que c'était la réalité, qu'elle l'avait retrouvé. D'un geste, elle écarta les couvertures et l'invita à grimper avec elle dans le lit. Même s'ils avaient dix-huit ans, elle s'en moquait. Même si Rowan avait toujours été le moins tendre, elle s'en moquait. Il s'en moquait, lui aussi. Croire qu'elle était morte pendant tout ce temps avait creusé dans son coeur un creux béant qu'il n'est pas près de combler. Il l'embrassa sur le front.
"Tu ne disparaîtras plus, Rhine, n'est-ce pas ?
-Non, Rowan. Même un ouragan ne pourrait pas m'arracher à toi."
